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mardi 25 juin 2013

Après les succès de « Cheikh Assir fait du vélo », « Cheikh Assir fait du ski » et « Cheikh Assir fait des embouteillages », voici donc « Cheikh Assir va-t-en guerre » (Art.159)


Ces quatre épisodes, en moins de deux ans, résument bien la courte vie médiatique de la graine de star de Saïda, cheikh Ahmad el-Assir. Ils donnent même une idée assez précise de la descente en enfer de cet homme, qui est passé en peu de temps, du chouchou des médias à un hors-la-loi.

Le phénomène Assir est apparu, disons grosso modo, il y a à peu près deux ans. Dans «Cheikh Assir fait du vélo », les Libanais découvrent alors un homme qui se présente jovial, souriant, sympathique, moderne, fan de smartphones, décontracté, faisant du vélo, jouant au foot, organisant des séances collectives de coupe de cheveux (si, si!), bref, tout pour faire oublier que l’habit faisait le moine, même chez un salafiste. Et pourtant, il fallait y voir dès le départ, une raison suffisante pour s’en méfier comme de la peste. En tout cas, c’était pour le décor.

Sur le fond, le religieux sunnite n’a pas hésité à hausser le ton face au Hezbollah, ce qui a séduit, hélas, mille fois hélas, plus d’un opposant à la milice chiite. Depuis sa naissance médiatique, le cheikh Assir a menacé de s’opposer par les armes au Hezbollah. Il faut dire que taper sur la corde communautaire, permet de trouver des mélomanes de la discorde sunnite-chiite. Mais, personne ne voulait le prendre au sérieux. Quand je l’ai mis dans le même panier que le religieux chiite, chef de la milice du Hezbollah, moi aussi, on ne m’a pas pris au sérieux. Pour se faire une place au soleil, l’homme a mis à son profit deux éléments :
1. Le coup de force de la milice chiite de Hassan Nasrallah
, qui a, bélaylé wou dou7aha,
renverser le gouvernement de Saad Hariri, utilisant sa puissance milicienne pour concocter avec Nabih Berri, Michel Aoun, Najib Mikati et Walid Joumblatt, un franc « coup d’Etat » et pousser même le Premier ministre "sunnite" à l’exil, pour des raisons de sécurité.
2. La mollesse et l’impuissance du camp du 14 Mars dans son opposition à l’hégémonie croissante et la puissance du Hezbollah, qui se sont illustrées merveilleusement bien, avec les événements tragiques du 7 mai 2008, qui, au lieu de conduire au désarmement de cette milice, se sont terminés par l’honorable et honteux accord de Doha, une couleuvre que beaucoup de Libanais, même les plus modérés, moi compris, ont eu du mal à avaler.

Dans «Cheikh Assir fait du ski », l’homme commence à apparaitre moins sympathique que durant le 1er épisode de la série. Profitant de « 3id mawlad el Nabaoui el-Charif » (la naissance du prophète Mahomet), le cheikh de Saïda décide de se rendre à Ouyoun el-Simane, à la tête d’une délégation de 350 hommes svp, pour soi-disant découvrir les joies de la neige, tout en récitant la sourate d’ouverture du Coran, la Fatiha, sur les Terres "maronites" de Kfarzébian. « Nous avons évité un nouveau bus de Aïn el-Remmaneh », rétorqua le populiste maronite Michel Aoun. Là aussi, taper sur la corde sunnite-maronite, peut trouver des mélomanes de la discorde dans les deux communautés ! Encore une fois, certains ont fermé les yeux sur cette provocation manifeste, qui s’inscrivait pourtant dans un coup marketing très bien étudié. Le cheikh salafiste mettait à profit l’éloignement forcé du « leader » de la communauté sunnite, Saad Hariri, pour lancer sa campagne électorale, et grignoter, avec beaucoup de difficultés il faut l'avouer, quelques points de popularité au sein de la communauté sunnite au détriment du courant du Futur, la veille, a-t-on cru naïvement, des élections législatives.

Dans «Cheikh Assir fait des embouteillages », les choses commencent à se gâter sérieusement. En signe de solidarité avec des familles d'islamistes, cheikh Ahmad el-Assir, a paralysé le centre-ville de Beyrouth pendant quelques heures pour réclamer « une amnistie générale » et la libération immédiate, et non le jugement, des détenus de Nahr el-Bared. Rappelons que la bataille de Nahr el-Bared a opposé entre le 20 mai et le 2 septembre 2007, l’armée libanaise à un groupe islamiste, Fateh el-Islam, après l’installation de ce groupe de 200 terroristes envoyés par le dernier tyran des Assad dans ce camp palestinien situé près de Tripoli. Malgré l’évacuation de la population civile palestinienne, le bilan humain est très lourd, 427 morts, dont 163 militaires libanais.

Enfin, nous avons assisté ces deux derniers jours à « Cheikh Assir va-t-en guerre ». Dans cet épisode, le salafiste de Saïda, apparait sous son vrai visage, un extrémiste pur et dur, le pendant sunnite de Hassan Nasrallah, le chef de la milice du Hezbollah. L’épisode commence par l’arrestation de miliciens salafistes sur un barrage de l’armée libanaise, puis l’assassinat odieux de trois militaires du barrage par la bande à Assir, et se termine par l’anéantissement du groupe terroriste de cheikh Assir par l’armée libanaise et la mort de 16 militaires.  

Il est impossible de dissocier l’armée libanaise de l’Etat libanais. Notre armée constitue un des piliers de l’Etat libanais (le pouvoir militaire), au même titre que le gouvernement libanais (le pouvoir exécutif), le Parlement libanais (le pouvoir législatif), les Forces de sécurité intérieure (le pouvoir sécuritaire), la justice libanaise (le pouvoir judiciaire), le président de la République libanaise (le garant de la Constitution) et le peuple libanais (le pouvoir populaire). Toute attaque contre l’un de ces piliers, les pouvoirs de l’Etat libanais, doit être considérée comme une attaque contre l’édifice de l’Etat libanais tout entier. C’était sur le plan théorique !

Côté pratique, il faut savoir qu'après plusieurs tentatives pour faire évacuer certains appartements autour de sa mosquée, occupés par des miliciens des Brigades de la résistance (affiliées au Hezbollah), en vain, le 23 juin 2013, Ahmad el-Assir a donné l’ordre à ses miliciens de se déployer à Saïda et ses environs pour faire plier le pouvoir militaire de l’Etat libanais. Il protestait contre l’arrestation de certains de ses miliciens et le maintien des appartements hezbollahi autour de sa mosquée. L’attaque des miliciens de Ahmad el-Assir contre l’Etat libanais, représenté par son armée, a conduit à la mort de 16 militaires, et à des dizaines de blessés militaires et civils. Le 23 juin 2013, Ahmad el-Assir a commis l’irréparable, en s’attaquant à l'Etat libanais, représenté par son armée. Et de ce fait, il ne bénéficie aujourd’hui d’aucune circonstance atténuante. Il doit être jugé pour les actes odieux qu’il a commis lui et ses hommes.

Ceci dit, le dernier épisode du feuilleton de Ahmad el-Assir, n’est pas sans me rappeler celui du « Jour glorieux » de Hassan Nasrallah ! Aujourd’hui, nous avons eu Ahmad el-Assir, un va-t-en guerre, contre l’armée libanaise, l’un des piliers de l’édifice de l’Etat libanais, comme naguère nous avions eu Hassan Nasrallah, un va-t-en guerre contre le gouvernement libanais, l’un des piliers de l’édifice de l’Etat libanais. Quand on y pense, le parallélisme est saisissant. 


Lors de ce « Jour glorieux », comme l’a baptisé le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah a donné l’ordre à ses miliciens de se déployer dans Beyrouth et une partie du Mont-Liban, d’encercler le Grand Sérail, siège du gouvernement libanais, ainsi que les résidences de deux grands leaders libanais à Beyrouth, Saad Hariri (chef de la communauté sunnite) et Walid Joumblatt (chef de la communauté druze). Le 7 mai 2008, Hassan Nasrallah avait décidé de faire plier le pouvoir exécutif de l’Etat libanais. Il protestait contre deux décisions prises par le gouvernement légitime et souverain de l’Etat libanais : démettre de ses fonctions le responsable de la sécurité à l’aéroport de Beyrouth (un proche du Hezbollah) et enquêter sur le réseau de communication illégal du Hezbollah au Liban. Pour être honnête -surtout en ce moment où l’armée libanaise est accusée de suivre la politique des deux poids, deux mesures- rappelons que pour des raisons de politique intérieure, le gouvernement de Fouad Siniora, n’a pas donné l’ordre politique au pouvoir militaire, de faire face à la menace du Hezbollah en ce début du mois de mai 2008. L’attaque des miliciens du Hezbollah contre l’Etat libanais, représenté par son gouvernement, a conduit à la mort d’une centaine de civils, des centaines de blessés et des milliers de personnes terrorisés. Le 7 mai 2008, Hassan Nasrallah a commis l’irréparable, en s’attaquant à l'Etat libanais, représenté par son gouvernement et sa population civile. Et de ce fait, il ne bénéficie d’aucune circonstance atténuante. Il aurait dû être jugé pour les actes odieux qu’il a commis lui et ses hommes.

Avec l’établissement de ce parallélisme entre les événements du 23 juin 2013 et du 7 mai 2008, j’ai trois regrets à formuler et à partager avec vous.

1. Je regrette que certains compatriotes ne considèrent pas toute attaque contre l’un des piliers de l’Etat libanais comme une attaque contre l’édifice tout entier de l’Etat libanais. Non, désolé, la fin ne justifie pas les moyens. Ni le 7 mai 2008, ni le 23 juin 2013. Ni hier, ni aujourd’hui. Ni contre les civils, ni contre les militaires. Ni contre le gouvernement libanais, ni contre l’armée libanaise, ni contre le peuple libanais. 

2. Je regrette que la mort des militaires libanais, ne soit pas ressentie avec une grande douleur, par tout le peuple libanais. L’indifférence de certains compatriotes, est particulièrement choquante. La sensibilisation discriminatoire d’autres compatriotes chrétiens, touchés uniquement par la mort des militaires de leur communauté, l’est tout autant. Non, désolé, la fin ne justifie pas les moyens. Aujourd’hui, je pense à ceux qui sont tombés à Saïda sous les balles traitres d’Ahmad el-Assir, mais aussi au lieutenant Samer Hanna, abattu de sang-froid le 28 août 2008 par un milicien du Hezbollah, dans le but d’empêcher l’armée nationale de s’entrainer dans le Sud-Liban. 

3. Je regrette que la mort de civils libanais, ne soit pas pleurée par tout le peuple libanais, et autant que les militaires libanais, tout simplement parce que ces civils sont considérés faire partie de « l’autre camp ». Non, désolé, la fin ne justifie pas les moyens. Ce n’est pas parce qu’on est contre Fouad Siniora et le 14 Mars, qu’on doit fermer les yeux sur l’infamie de ce qui s’est réellement passé le 7 mai 2008, pire encore, lui trouver des justifications ignobles. Aujourd’hui, je repense aux innocents qui sont tombés sous les balles traitres du Hezbollah lors de ce fameux « Jour glorieux des jours de la Résistance », un jour de honte de notre histoire, mais aussi à l’activiste Hachem Salman, un Libanais chiite abattu de sang-froid le 9 juin 2013 par un milicien du Hezbollah, dans le but d’empêcher l’émergence au sein de la communauté chiite d’une opposition à son mouvement. 

والسؤال إليوم هو، هل يللي صار بعبرا رح يكون عبرة مع حزب الله أو أحداث عابرة ؟

Des affrontements encore ! Hier, aujourd’hui ou demain. Beyrouth, Tripoli, Saïda ou Ersal. Rifaat Eid, Ahmad el-Assir ou Hassan Nasrallah. Des blessés et des morts, civils et militaires, ça ne s’arrêtera jamais ! Et pour cause, on s’attaque aux symptômes, par-ci, par-là, mais jamais à la maladie : la violation de la souveraineté libanaise à longueur de journée et à longueur d’année. Les forces politiques patriotiques au Liban doivent s'engager devant le peuple libanais, à faire voter la loi suivante:
Art.1 Tout milicien encore en activité au Liban, 20 ans après la dissolution des milices libanaises, qu'il soit hezbollahi, nationaliste-syrien, palestinien, salafiste ou gorille de politique, dispose de 6 mois pour échanger son arme contre un pistolet à eau.
Art.2 Au-delà des 6 mois, toute arme qui n'est pas entre les mains des forces armées libanaises sera confisquée. Son détenteur sera poursuivi devant les tribunaux.

Ahmad el-Assir vs. Hassan Nasrallah, ce sont : deux gestes, une même défiance ; deux théocraties, un même extrémisme ; deux armes, une même violation ; deux menaces, un même traitement. Je suis effaré de constater que certains compatriotes ne peuvent toujours pas se montrer capables d’être un tant soit peu plus mûrs, après 38 ans de guerre, en apportant un soutien sans réserve à l’Etat libanais, pour le rétablissement de la souveraineté nationale sur l’ensemble de son territoire, et un soutien sans condition à nos forces armées, pour la dissolution de toutes les milices armées, conformément à la Constitution libanaise, l’accord de Taëf, et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, 1559 et 1701.

وبكل الاحوال، بتبقى فرودية الماي هيي الحل

lundi 11 juin 2012

Table de dialogue du 8 Mars et initiative du 14 Mars : bienvenue au « pays des palabres » ! (Art.64)


Il est de tradition dans les tribus africaines que les éminents d’un village se retrouvent sous un arbre, un baobab en général, pour aborder les problèmes de la communauté. Ces assemblées obéissent à un rituel précis. Elles sont caractérisées par un long échange de paroles, mais grâce à la personnalité du chef de tribu et le respect absolu d’un certain code des usages, tous les problèmes abordés trouvent en général des solutions. Pas nécessairement les meilleures mais des solutions ; pas forcément les plus efficaces mais des solutions ; pas obligatoirement les plus adaptées mais des solutions ! L’arbre à palabres est né en Afrique. Il est parfaitement adapté à l’organisation tribale de certaines sociétés du continent.

Au pays du Cèdre, la théorie aurait exigé, sur le plan romanesque, que l’arbre à palabres soit au moins un Cedrus libani. Mais au pays de la discorde, des fazlakét et des béda3 en tous genres, il n’en est rien. Ni Baobab d’Afrique, ni Cèdre du Liban, ni peuplier d’Italie, ni platane d’Orient, mais une table en aggloméré mélaminée, en MDF ou en contreplaqué, tout sauf du bois massif, tout conforme à la laideur ambiante! Combien même les éminents politiques auraient accepté de se réunir sous les branches d’une espèce végétale, et parce qu’aucun arbre dans ce pays n’échappe à la « culture de la mutilation écologique collective », ceci rend une telle réunion cuite d’avance.

Rien n’est de nature à rassurer ce peuple sur l’issue des discussions qui auront lieu aujourd’hui entre les politiciens libanais du premier rang ! Là où les tribus africaines trouvent des solutions à leurs problèmes, les communautés libanaises se perdent en palabres, en échanges interminables, en délibérations stériles ! Tourner en rond est devenu depuis un bail le sport favori des politiciens libanais ! Comment espérer quoique ce soit de ce dialogue, alors que le chef des tribus libanaises, le président de la République, est amputé de tous prérogatives, l’empêchant même de jouer à l’épouvantail ! Quant aux protagonistes, 137 œuvres inspirées de la Comédie humaine de Balzac ne suffiraient sans doute pas à décrire le « jeu » du monde politique libanais ! Aujourd’hui le 8M se trouve subitement féru de dialogue ! Il est vrai que le vernis « démocratique » du coup d’Etat du 12 janvier 2011 -décidé par Bachar El-Assad et Hassan Nasrallah, avec le consentement  de Michel Aoun et de Nabih Berri, et la complicité de Nagib Mikati et de Walid Joumblatt- a séché depuis longtemps. Mikati & Co, ont pu emménager sans entrave dans le Grand Sérail et les divers ministères. Quant au 14M qui se présente en ordre dispersé autour de la table en agglo, en dépit des déclarations et des apparences, il présente un « mémorandum de sauvetage du Liban » qui soi-disant dresse un état des lieux et propose des moyens pour sortir de la crise. L'initiative qui engage courant du Futur, Forces libanaises, Kataëb et indépendants, se base principalement sur la démission du gouvernement. Et bien, il ne faut pas avoir peur du ridicule ! Quant au personnage n’appartenant  ni au 8M ni au 14M, sauf leur respect, leur présence autour de la table en agglo relève du folklore politique quand ce n’est pas du musée de cire !

Jamais le Liban n’a été aussi largué sur le plan démocratique, même pas à l’époque de la Moutasarifiyé ! Pourquoi une table de dialogue, alors que nous avons une Constitution démocratique qui a depuis des lustres remplacé le code des usages tribo-féodaux et un Parlement qui fait office d’arbre à palabres ? Mystère ! Nos grassouillets de la Nation sont si pris là-dedans qu’il ne viendrait pas à leur esprit de rappeler une telle évidence ! Quel besoin de palabrer bordel de foutaises, alors que les certitudes sautent aux yeux, à condition de les ouvrir tout de même :
1. Toute négociation avec le Hezbollah ne mènera nulle part pour la simple raison que le parti chiite n'a nullement l'intention de déposer les armes ! Même si l’armée libanaise dispose de 60 000 missiles, de 200 avions de chasses, de 500 tanks et de tout ce qu'on peut trouver sur le marché de l'armement, il ne le fera pas parce son modèle c'est la République islamique d'Iran où l'équivalent du Hezbollah ce sont les Pasdaran, les gardiens de la Révolution islamique, une milice qui évolue parallèlement et indépendamment de l'armée iranienne depuis 1979 ! Alors on peut attendre, on peut rêver, on peut palabrer, mais rien ne se produira.
2. L'Etat libanais n'a pas à apporter des garanties spécifiques à qui que ce soit encore moins une vocation à protéger une milice qui n'a pas hésité à utiliser ses armes contre de paisibles citoyens. Il est souverain ! Et la souveraineté ne se partage pas.
3. Le Hezbollah ne peut pas protéger le Liban. Croire le contraire relève de la pure mythologie ! La guerre de Juillet 2006 en est la meilleure preuve. Un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de gens terrorisés et des milliards de dollars de dégâts. Ce fut un désastre !

A partir de ce constat que faut-il faire ? Nul besoin de tirer des plans sur la comète ! Il convient tout simplement de laisser la démocratie suivre son cours. Le 8M et les apparentés qui sont au pouvoir gouvernent et le 14M et les apparentés s’opposent, en attendant les élections législatives du printemps 2013. Le peuple libanais aura ainsi l’occasion dans un an de juger l’équipe sortante et de choisir à qui donner les rênes du pouvoir législatif et exécutif en conséquence.  D’ici là, NON et mille fois NON à la table de dialogue ni hier, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais. Quant au point qui obsède la population depuis 2005, jusqu’à paralyser le pays, les armes du Hezbollah, jamais la voie n’a été aussi évidente pour les libanais. Toutes les milices, le Hezbollah, les salafistes et les milices palestiniennes, doivent être dissouts conformément aux dispositions de l’Accord de Taëf et aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui sont claires comme l’eau de roche (lire le Post scriptum).

Pour l’opposition libanaise, tout est vanité et poursuite de vent en dehors des prochaines élections législatives du printemps 2013 ! Je rajoute pour la énième fois, que tout est vanité et poursuite de vent pour le 14M en dehors d’un programme politique audacieux, des engagements ambitieux et des objectifs clairs ! Sur les armes précisément, il ne sera pas possible pour le 14M de gagner l’opinion publique libanaise sur cette question s’il n’est pas en mesure de lui présenter un moyen concret de parvenir à assainir la société libanaise des armes illégales. Le minimum serait de s’engager à faire voter une loi qui interdirait le port d’armes au Liban, sans aucune exception, en dehors des forces armées libanaises.

En tout cas, pour revenir à l’initiative du 14M, faut-il rappeler aux éminences grises de ce mouvement que la démission du gouvernement Mikati dépend de 3 hommes : en théorie de Bachar El-Assad et de Hassan Nasrallah, mais en pratique du seul Walid Joumblatt, que toute la classe politique et médiatique ménage, à l’exception de Michel Aoun et de Bakhos Baalbaki ! Le 14M peut s’obstiner à ne pas vouloir regarder la réalité en face, il n’empêche que le Bek est celui qui permet aujourd’hui au Hezbollah de rester au pouvoir ! L’initiative du 14M est creuse et inadaptée, dans sa forme et dans son contenu. Elle me semble inutile, irréalisable et déconnectée de la réalité, faisant l’impasse sur UN grand principe démocratique : le Parlement reste le seul lieu de dialogue, notamment quand ce dernier porte sur les problèmes de « souveraineté » ! Ras-le-bol du dédoublement de tout dans ce pays : de la monnaie, des factures, des langues (qu’elles soient vivantes ou mauvaises !), ainsi que des « armées » et même des « parlements » !

Les Forces libanaises s’honorent en ne participant pas à un dialogue factice. Que le 8M accepte l’invitation de Michel Sleimane était prévisible. Palabrer pour passer le temps, faute de mieux, est une stratégie en soi, soit !  Par contre, le courant du Futur et les Kataeb commettent une erreur politique en acceptant d’y participer. Faut-il rappeler à ces 2 partis, que ce gouvernement a pris avec une légèreté consternante la tentative d’assassinat d’un des piliers de la révolution du Cèdre, Samir Geagea (refuser le renvoi du dossier au Conseil judiciaire ; interdire aux FSI l'accès aux données des télécommunications). Une position de principe de ne pas participer aurait inspiré considération et respect par rapport à une participation stérile qui ne présente aucun intérêt pour le peuple libanais. Leur participation rallonge l’espérance de vie d’une « béd3a », qui n’a aucune valeur constitutionnelle et qui n’a conduit à rien de tangible en 6 ans de pratique et des dizaines de mascarades télévisuelles ! Enfin, il ne faut pas oublier, cette béd3a fut créée par Estèz Nabih Berri ! C’est pour dire... ça veut tout dire.



POST SCRIPTUM

Accord de Taëf (adopté par le Parlement libanais le 5 novembre 1989)
« Souveraineté de l'État libanais sur l'ensemble de son territoire.
Suite à l'accord des parties libanaises afin d'instaurer un Etat fort et efficace fondé sur l'entente nationale, le gouvernement d'union nationale élaborera un plan détaillé de sécurité qui durera un an et dont le but est d'étendre progressivement la souveraineté de l'Etat libanais sur tout le territoire national. Ce plan dans ses grandes lignes prévoira :
1- La proclamation de la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non, et la remise de leurs armes à l'Etat libanais dans un délai de 6 mois délai qui entre en vigueur après la ratification du document d'Entente Nationale, l'élection du président de la République, la formation du gouvernement d'Entente Nationale, et l'adoption des réformes politiques par la voie constitutionnelle. »

Résolution 1559 (adoptée par le Conseil de sécurité le 2 sept. 2004)
« Le Conseil de sécurité,
1. Demande à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du Gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire libanais;
3. Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées;
4. Soutient l’extension du contrôle exercé par le Gouvernement libanais à l’ensemble du territoire du pays… »

Résolution 1701 (adoptée par le Conseil de sécurité le 11 août 2006)
« Le Conseil de sécurité,
3. Souligne qu’il importe que le Gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et aux dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du Gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du Gouvernement libanais;
8. … Application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban;
14. Demande au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe… »

Mémorandum du 14 Mars (remis au président de la République le 9 juin 2012 - OLJ 11.6)
Après avoir salué « le sens des responsabilités du président »... le document du 14 Mars souligne la nécessité d’un plan national de sauvetage et s’adresse à toutes les composantes du 8 Mars pour proposer une initiative qui comprend en priorité « l’engagement de tous en faveur de la paix civile et de la stabilité au plan de la sécurité, pour empêcher le pays de glisser vers le chaos ou vers une guerre interne ». « Cet engagement est primordial, quelles que soient les divergences politiques internes », indique le 14 Mars qui juge tout aussi nécessaire que « chaque partie tienne compte des appréhensions de l’autre et comprenne ses sentiments de frustration ou de peur en raison de la tendance de l’autre à la domination »... Le texte propose « un plan de salut général pour régler le dossier des armes sous toutes leurs formes, suivant des mécanismes déterminés et un calendrier programme qui assureront le maintien des capacités militaires actuelles, mais dans le cadre de l’État et notamment de l’armée ». Le 14 Mars appelle ensuite à « la formation d’un gouvernement de sauvetage, neutre et non sectaire », en énumérant « tous les défauts » de l’équipe actuelle. Le mémorandum met l’accent sur l’unité de l’État, sur le fait qu’Israël est « l’ennemi » et sur l’engagement de l’opposition en faveur de la cause palestinienne. Il appelle ensuite « tous ceux qui croient en ces principes et ces objectifs à les consigner dans le cadre d’une déclaration nationale », et réaffirme son attachement aux résolutions adoptées lors des séances précédentes de dialogue, notamment en ce qui concerne le Tribunal spécial pour le Liban, les armes des Palestiniens en dehors des camps et la délimitation de la frontière avec la Syrie.

lundi 28 mai 2012

Quelques « évidences démocratiques » à l’heure des confusions ! (Art.63)


Des affrontements armés entre pro et anti-régime syrien à Tripoli (sunnites vs alaouites), la voiture de deux cheikhs sunnites criblés par des centaines de balles sur un barrage de l’armée libanaise dans la région du Akkar, démantèlement précipité du barrage en question, des pèlerins chiites enlevés en Syrie, un rassemblement aouniste « de soutien » à l’armée libanaise place Sassine (entre guillemets pour ceux qui ne l’ont pas remarqué !), un mécanicien chrétien tué en pleine journée par des individus chrétiens agissant en toute confiance lors d’une expédition punitive douteuse à Beyrouth, l’armée libanaise cible de tirs d’un groupe armé à Ras-Beyrouth, un citoyen de Bcharré abattu sur un barrage de l’armée libanaise à Madfoun, des routes coupées par des pneus et des poubelles brûlés, dont celle menant au seul aéroport du Liban, en signe de protestation, etc.

Avec la multiplication des incidents ces derniers jours, c’est la confusion générale. On dénonce, on crache, on vocifère et pourtant on passe à côté de l’essentiel ! Il est primordial pour les politiciens et les journalistes libanais en ces temps difficiles de rappeler les évidences d’une DEMOCRATIE digne de ce nom.

1. Aucun sujet n’est tabou et aucun homme ou institution ne peut être à l’abri de la critique politique (armée libanaise, président de la République, patriarche maronite, Hassan Nasrallah, girouette Joumblatt, BB himself...).

2. Nul n’est censé échapper à la justice (individus, leaders politiques, ministres, députés, officiers...), si l’on veut garder la paix civile et la confiance du peuple libanais dans ce pays et ses institutions.

3. Tout le malheur de ces derniers jours réside dans la prolifération des armes au sein de la société libanaise. Aucune distinction ne doit être faite entre les armes du Hezbollah et les « autres », car toute arme qui n’est pas entre les mains des forces armées est par essence illégale. Ce constat de bon sens doit être légalisé par le prochain Parlement et inscrit dans la Constitution, en attendant la dissolution effective de toutes les milices libanaises et non libanaises conformément à l’Accord de Taëf et aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

4. L’armée nationale d’un pays est normalement soumise au pouvoir politique et non l’inverse.

5. Il est d’usage pour les militaires de nos jours dans une démocratie mûre, de ne pas se mêler de politique, ni pendant leur carrière militaire, ni à la retraite. La politique revient à la société civile de préférence!

6. La défense d’un pays revient exclusivement aux forces armées. Il n’y a aucune exception à cette règle dans le monde entier.

7. Il n’est plus acceptable que l’autorité de l’Etat ne s’exerce pleinement que sur une partie du Liban, entre Ras-Beyrouth et Madfoun !

8. La souveraineté nationale d’un pays est comme une campagne, on ne la partage pas, encore moins avec des milices et des groupes armés aux idéologies extrémistes. 

9. Rien ne peut justifier les attaques des forces armées par des groupes armés.

10. Rien ne peut justifier la mort d’individus désarmés, qu’ils soient civils ou religieux, par les forces armées.

11. Le gouvernement Mikati et la majorité parlementaire du 8M sont responsables de la politique générale, aussi bien sur le plan social que sécuritaire.

12. L’objectif de l’opposition parlementaire du 14M de « faire tomber le gouvernement » est aussi ridicule que creux car tout est vanité et poursuite de vent avant les élections législatives du printemps 2013 et en dehors d’un programme politique audacieux, des engagements ambitieux et des objectifs clairs !

13. Focus sur les législatives avant que ça ne soit trop tard. Sinon, le 14M risque de se faire renvoyer avec perte et fracas. Ce jour-là, les cris, les pleurs et les grincements de dents n’y changeront rien... Pas même les pneus brûlés !

dimanche 11 septembre 2011

Nul n'est au-dessus de la sacro-sainte démocratie ! (Art.34)


Ils en rêvaient, il l'a fait! Eux, on ne peut rien leur reprocher. Mais lui, qu'est ce qu'on en fait bon Dieu! Faut-il accueillir Béchara Raï avec des oranges sanguines et du jaune d'œuf ? La question se pose sérieusement après les récents démêlés médiatiques du patriarche maronite avec le peuple libanais.

S'attendrir sur "le pauvre Assad qui ne peut pas faire de miracles" le lendemain même où le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a accusé le régime syrien d'être coupable de "crimes contre l'humanité", le dictateur syrien ne pouvait pas rêver de mieux. Et partant du principe, quand on dépasse les bornes (surtout de la connerie!) il n'y a plus de limites, Béchara Raï décida de se surpasser à Paris. Lier le désarmement de la milice chiite au retour des réfugiés palestiniens en Palestine et douter toujours du Tribunal Spécial pour le Liban, alors que le Hezbollah est accusé par la plus haute juridiction internationale de l'assassinat de Rafic Hariri et soupçonné de 3 autres assassinats ou tentatives d'assassinats (Marwan Hamadé, Georges Haoui, Elias El-Murr), Hassan Nasrallah lui aussi ne pouvait pas espérer mieux!

On ne peut qu'être dubitatif devant les prouesses funestes du patriarche maronite. Jamais un homme public, qu'il soit religieux, politicien ou pantin, n'a dilapidé en si peu de temps l'énorme capital de sympathie et de respect dont il disposait à son avènement! Palme d'or incontestée. Béchara Raï nous donne toutes les raisons du monde de l'accueillir à l'aéroport avec des oranges sanguines et du jaune d'œuf. Mais nous ne le ferons pas, non seulement par respect à son vénérable prédécesseur mais surtout à cause de notre attachement à la démocratie.

La démocratie est un système politique fondé sur la liberté et l'égalité de chacun. De ce fait, le patriarche Raï comme tout citoyen de ce pays a le droit de se mêler de politique et de dire ce qu'il pense aussi abjecte que cela puisse paraître. Il faudrait peut être l'empêcher de s'exprimer dorénavant diraient certains, mais au nom de quoi nous le ferons alors que des crapauds de toutes espèces et leurs têtards coassent et pullulent dans la mare politique libanaise! Ceci étant, nous autres citoyens avons aussi le droit de réagir avec véhémence à ses propos et en toute liberté. Autrefois, on risquait l'excommunication de l'Eglise. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, c'est la sacro-sainte démocratie. Dieu merci!

Quoi qu'il en soit, la sacralisation des hommes et des institutions est malsaine car anti-démocratique. Si personne n'est au-dessus de la loi, il est temps d'admettre –ça serait un signe de maturité politique- que nul n'est au-dessus de la démocratie. Ni les dignitaires religieux, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, ni le patriarche, ni le mufti, ni le sayyed, ni le cheikh, ni Bkerké, ni Dar El-Fatwa, ni le président de la République, ni le Premier ministre, ni le président du Parlement, ni le chef de l'armée, ni l'armée toute entière, ni les services de renseignement, ni les Forces de sécurité intérieure, ni les Forces libanaises, ni Michel Hayek, ni Bakhos Baalbaki… En tout cas, nous sommes sur la bonne voie, la preuve: rappelons-nous la sociologie du Hezbollah, cette milice extrémiste enrobée par le vernis de la résistance islamique, qui était pendant longtemps un sujet tabou imposé à tout le monde et qui n'est aujourd'hui qu'un sujet "serpillière" pour un grand nombre de libanais!

Et nous resterons sur la bonne voie, tant qu'on évitera la violence des débordements, comme ce fut le cas le 5 nov. 1989, où un groupe endoctriné et fanatisé par le général Aoun, a agressé physiquement le patriarche Mar Nasrallah Boutros Sfeir à Bkerké. Quelques heures auparavant, cette "force tranquille", pour reprendre le slogan de campagne de François Mitterrand qui lui sied si bien, avait prononcé comme à l'accoutumée un discours d'une grande sagesse et qui mérite d'être remémoré en plein scandale Rai:

"Ô bien-aimés. Nous connaissons notre devoir... L'épreuve est grande sans doute, mais pour cela il faut unir les cœurs... Le Liban restera le pays de la liberté, de la souveraineté, de l'indépendance complète et entière… Le canon, s'il a sa place maintenant (Aoun était enlisé dans la guerre et la rébellion), viendra un temps où il n'aura aucune place. Il sera remplacé par le dialogue et la concorde." Devant une foule excitée qui exprima son mécontentement bruyamment, il rajouta: "C'est votre avis et nous l'accueillons bien. Mais alors que vous êtes épris de liberté et de démocratie, laissez à l'autre le droit d'exprimer son avis… Personne ne nous dictera une opinion!"

C'était le 76e patriarche de notre communauté, un homme qui était digne de son titre: Patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient ! Nous suivrons ses conseils, nous laisserons à cet Autre le droit d'exprimer son avis et nous ne dicterons pas notre opinion à Bkerké. Mais nous aimerions obtenir tout de même des explications sur les dernières prises de position controversées du patriarche Raï au sujet des armes du Hezbollah et de la dictature syrienne. S'expliquer devant ceux qu'on est censés représenter, les chrétiens du Liban et de tout l'Orient en général et les maronites en particulier, et rendre des comptes, constituent les piliers de tout environnement démocratique sain. C'est même un devoir. Lui, qui est si friand de caméras, bavard, narcissique, j'en passe et des meilleurs, ferait bien dès son retour dans notre patriarcat, de faire une apparition télévisuelle pour une bonne explication en famille. Faute de mieux, nous prendrons acte de son positionnement dans le camp du 8 Mars: il nous forcera ainsi, à être les brebis galeuses du berger égaré !


Post-Scriptum

1. Dans cette tourmente, quitte à offenser certains personnes, il convient de se poser une question à double volet! Et si Béchara Raï disait tout haut ce que beaucoup de chrétiens, libanais et syriens, pas seulement aounistes, pensaient tout bas ? Et si finalement nous n'étions que des politiciens et des intellectuels à débattre avec beaucoup de passion dans les médias alors que sur le terrain les communautés chrétiennes du Liban et de Syrie sont complètement ailleurs? Si oui, il y a nécessité absolue à en connaître les raisons.

2. Puisque nous savons exactement ce que nous reprochons à Béchara Raï, évitons tout de même de le prendre pour un bouc émissaire, pire, un punching-ball ! Le patriarche Raï n'est pas responsable ni de la chute du gouvernement Hariri (au passage, qui a osé dire ses quatre vérités au responsable de ce volte-face de janvier dernier!?), ni du maintien de Bachar El-Assad en Syrie, ni de l'hégémonie du Hezbollah sur le Liban, ni de la chimère armée-peuple-résistance (c'est un gouvernement à dominance 14 Mars qui l'a créé!), ni de la 1re défaite dans la bataille de l'électricité (soi-disant on a gagné… sans doute par une illusion d'optique!), ni de notre incapacité à utiliser le TSL à notre avantage, ni de l'éloignement de Saad Hariri de la scène libanaise, ni de la léthargie et le manque d'inspiration du 14 Mars, ni de notre impuissance à gêner le gouvernement Mikati, ni, ni et ni!
Notre mal a pour origine le Hezbollah et son enracinement dans la communauté chiite!
Notre problème c'est Michel Aoun et son enracinement dans la communauté chrétienne!
Notre souci c'est Walid Joumblatt, une girouette sur qui on ne pourra jamais compter-on a tendance à l'oublier!- et son enracinement dans la communauté druze!
Et notre salut viendra seulement des urnes ! Nous devons mettre toutes nos forces sur ce qui nous ramènera au pouvoir, les élections législatives! Hasard du calendrier, le 23 septembre se tiendra sous l'égide du patriarche maronite une réunion interchrétienne pour discuter de la loi électorale! C'est une autre occasion pour Béchara Raï de se rattraper. Mais j'y crois pas. Entre nous, je me méfie d'un patriarche qui se rase tous les matins!

mercredi 31 août 2011

Assassinat de Samer Hanna. Pourquoi l'application de la loi dans ce pays s'arrête toujours aux pieds des miliciens du Hezbollah ? (Art.30)


"Le capitaine Samer Hanna avait 26 ans quand il avait été tué, il y a trois ans (28 août 2008), à Tallet Sojod au Liban-Sud, dans la région d’Iqlim el-Touffah, lorsque son hélicoptère a été attaqué par des membres du Hezbollah. L’hélicoptère effectuait une mission d’entraînement lorsqu’il a été touché par des coups de feu, l’obligeant à atterrir à Tallet Sojod.

Samer Hanna était accompagné de l’officier Mahmoud Abboud, pris en otage mais rapidement relâché.
Le jour de l’assassinat, il ne s’agissait pas de la première mission de l’appareil dans cette région. Et l’hélicoptère portait clairement les couleurs de l’armée libanaise.

Lors de l’incident, les miliciens du Hezbollah s’étaient déployés sur les lieux, interdisant l’accès à l’armée. À l’époque, des sources du parti chiite avaient indiqué que l’hélicoptère a été abattu parce qu’il avait « dépassé les lignes rouges établies par le Hezbollah, qui avait mis en garde le ministère de la Défense et le commandement de l’armée à ce sujet, les appelant à les respecter, la région étant très délicate pour la Résistance ».

Un individu avait été arrêté dans l’affaire. Il s’agissait du milicien du Hezbollah, Moustapha Hassan Moukaddem, qui avait été relâché quelques mois après son arrestation contre une caution de dix millions de livres libanaises."

Extrait de l'article: Troisième commémoration de l’assassinat du capitaine Samer Hanna par des militants du Hezbollah, L'Orient-Le-Jour 29 août 2011
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/719861/Troisieme_commemoration_de_l%27assassinat_du_capitaine_Samer_Hanna_par_des_militants_du_Hezbollah.html


Nota Bene

Le tueur de Samer Hanna s'est payé le luxe de dédaigner 2 convocations pour comparution immédiate devant le tribunal militaire! Sans la moindre conséquence bien entendu.
Je ne peux m'empêcher de penser à ces officiers, chrétiens (désolé d'être obligé de le préciser!), qui croupissent en prison après les événements de Mar Mikhael et les sévères mises en garde du Hezbollah (parti exclusivement chiite) à l'armée libanaise pour qu'elle sanctionne lourdement ceux qui ont tiré sur les fauteurs de trouble (encore désolé de préciser de confession chiite)!
Et aujourd'hui encore rien à changer, 2 poids 2 mesures… On poursuit un député de la Nation, Khaled Daher, pour s'être exprimé librement, dans un pays soi-disant démocratique, sur le comportement de certains officiers de l’armée!
Alors nous aimerons bien savoir pourquoi l'application de la loi dans ce pays s'arrête toujours aux pieds des miliciens du Hezbollah? Et jusqu'à quand va-t-on empêcher le peuple libanais de traiter cette situation pathologique?  

lundi 1 août 2011

La souveraineté est comme un(e) conjoint(e), on ne le(la) partage pas… normalement ! (Art.25)


En feuilletant la presse du jour, je suis tombé comme souvent d'ailleurs, sur plus d'un titre qui auraient dû à mon avis stopper notre monde de tourner. L'intolérable barbarie de Bachar El-Assad s'étale en 1re page de tous les journaux, dans l'indifférence et une impuissance déconcertante de la communauté internationale. Je laisse à d'autres militants engagés le soin de dénoncer ce silence honteux pour m'arrêter sur un autre détail qui m'a interpellé sur la 4e page de L'Orient-Le-Jour: "Le Hezbollah insiste : Nous garderons nos armes jusqu’à ce qu’Israël rende les siennes". Hasard du calendrier, nous sommes le 1er août, le Jour de l'armée libanaise.

J'ai tout de suite pensé à la "souveraineté", cette autorité suprême de tout État autonome et indépendant. Dans une démocratie, celle-ci est exercée par les représentants élus du peuple au nom de tous les citoyens. On a coutume de dire que la souveraineté nationale est inaliénable. Moi je préfère recourir à une métaphore beaucoup plus parlante: la souveraineté est comme un(e) conjoint(e), on ne le(la) partage pas… normalement, sûrement pas de son plein gré et encore moins pour longtemps! C'est la nature humaine… c'est la nature des pays.

Sur le plan militaire et sécuritaire, la souveraineté libanaise est assurée contre vents et marées et à travers les tempêtes par l'armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure. Or nul ne peut contester le fait que l'autorité suprême de notre armée et nos FSI est aujourd'hui partagée avec le Hezbollah, une milice qui évolue en parallèle avec ces institutions nationales et qui échappe à tout contrôle démocratique des institutions sécuritaires, du gouvernement et du peuple! On parle sans cesse du génie libanais, nous avons ici le comble de ce qu'il peut produire!

Nonobstant le fait que le 7 juin 2009, le peuple libanais lors de ces élections-référendum a exprimé son rejet du "projet" du Hezbollah pour le Liban et que le 13 mars 2011 ce même peuple a annoncé dans cette manifestation-référendum son divorce avec le parti des armes, le Hezbollah insiste "nous garderons nos armes jusqu'à ce qu'Israël rende les siennes"… Traduction en latin: ad vitam aeternam! Un autre hasard du calendrier, toujours dans L'Orient-Le-Jour: "Fête de l'armée : Sleiman renouvelle son appel au dialogue"! Déconnecté notre président? Je ne dirais pas autant. Pas parce que la mésaventure de Zeid Hamdan est toute fraîche dans ma mémoire, mais plus parce que notre président avait une excuse: il n'avait pas encore lu le titre de l'OLJ!

A trop vouloir imposer au peuple libanais son idéologie extrémiste et sa vision étriquée du monde, le Hezbollah pousse le 14 Mars à la radicalisation. L'avantage de cette situation c'est qu'aujourd'hui plus que jamais tout devient claire comme l'eau de roche. Partant de ce constat, au lieu du dialogue, le président Sleiman et les forces politiques dans l'opposition, notamment le 14 Mars, devraient appeler à des élections législatives anticipées pour 2 raisons évidentes:
- une raison démocratique : la chute d'un gouvernement dans n'importe quel pays démocratique entraîne des élections législatives anticipées et non de nouvelles consultations parlementaires;
- et surtout une raison morale: un gouvernement "hezbollahi" ne peut pas représenter les libanais sachant que des membres de ce parti sont inculpés par la plus haute juridiction internationale (le Tribunal Spécial pour le Liban) d'avoir assassiné leur ex-PM Rafic Hariri!

En refermant le journal ce 1er août, je me suis souvenu du lieutenant Samer Hanna, ce pilote de l'armée libanaise abattu il y a 3 ans déjà par un membre du Hezbollah au Sud-Liban car il avait enfreint l'interdiction faite par cette milice à l'armée libanaise de s'entraîner dans certaines régions du territoire national. Son assassin est non seulement en liberté, mais s'est payé le luxe de dédaigner 2 convocations du tribunal militaire! Hélas, ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qu'il n'y a pas que l'armement qui fait défaut à l'armée libanaise! Il y a bien plus grave que cela. Notre armée chérie ne retrouvera sa dignité bafouée que le jour où elle n'aura plus à partager la souveraineté avec la milice du Hezbollah!

samedi 23 juillet 2011

Le Hezbollah et la poitrine du peuple libanais! De la mythologie à la réalité (Art.24)


Le souvenir est sépia, très sépia, au point que j'ai oublié la plupart des détails, mais pas l'essentiel. Il y a longtemps déjà, un français, probablement un écrivain, peut être même un réalisateur, je ne me souviens plus, décida de tester son entourage –amis, relations, connaissances, collègues et collaborateurs- en les appelant un par un et en leur présentant le scénario suivant: "je viens de commettre un meurtre et j'ai besoin d'aide pour échapper à la police, un abri pour la nuit, un peu d'argent, une voiture et passer quelques coups de fil". Il fut alors surpris par les réactions. Une bonne partie de son entourage s'est défilée. Rare sont ceux qui lui ont promis la pleine coopération. Certains se sont engagés à lui passer un peu d'argent et rien d'autre. Mais ce qui l'a étonné le plus, c'est surtout que personne de cet entourage n'a mis en doute son histoire, qui prouvait en fait, et là résidait la grande déception pour lui, qu'il était capable de commettre un meurtre aux yeux de son entourage!

Certaines allégations font carrément bondir. Non, non et non, il n'y a pas eu de consensus autour du Hezbollah au Liban! Pas encore, heureusement! Et il n'y aura jamais, heureusement encore! Faut-il rappeler que divers partis chrétiens, qui composent le 14 Mars aujourd'hui, Forces Libanaises, Kataeb, Ahrar et Ketlé, ont été et le sont toujours, hostiles à ce qu'une milice armée, à l'idéologie fascisante impose ses choix politico-militaires sur le peuple libanais?

En attendant la publication des divers actes d'accusation concernant l'implication des membres du Hezbollah dans l'assassinat de notre ex-PM Rafic Hariri et d'autres personnalités libanaises, il est légitime de se poser la question suivante: est-ce que ce parti extrémiste était capable d'utiliser sa puissance militaire -pour assassiner des personnalités libanaises- dans un but politique? Afin d'aider nos compatriotes à y répondre, il est intéressant de dresser la liste des antécédents du Hezbollah, les situations où il a utilisé effectivement ses armes dans un but politique. Cette liste englobe à la fois l'utilisation directe et indirecte. J'ai commencé et j'ai terminé par les 2 événements les plus significatifs de l'histoire du "parti des armes".

- La guerre interchiite Amal-Hezbollah (mai 1988- nov. 1990). Plus d'un millier de morts à cause de la lutte d'influence entre les 2 milices chiites durant la guerre civile pour contrôler Beyrouth, le Sud-Liban et la vallée de la Bekaa! Cette guerre fratricide a pris fin après l'entrée en vigueur de l'Accord de Taëf… donc le Hezbollah était bel et bien impliqué dans la guerre civile et aurait dû être désarmé au début des années 90 comme toutes les autres milices!
- Les enlèvements et les attentats contre des cibles étrangères notamment américaines et françaises sur le territoire libanais et à l'étranger (années 80). Il est communément admis que les actions les plus spectaculaires du Hezbollah restent les attentats-suicides d'octobre 1983 contre les QG des marines américains et des parachutistes français (plus de 300 soldats tués dans leur sommeil!), que Robert Fisk a désigné par le "massacre le plus professionnel jamais perpétré au Liban" (voir Liban, nation martyre – Robert Fisk – A&R Editions 2007). Les plus célèbres otages occidentaux détenus par le Hezbollah dans les années 80 sont Terry Anderson (directeur de l'AP), Marcel Fontaine et Marcel Carton (diplomates), Michel Seurat (chercheur, mort en captivité) et Jean-Paul Kaufmann (journaliste). Au total, plusieurs dizaines d'occidentaux furent concernées.
- La stérilisation du paysage politique chiite: aucune diversité politique depuis 1982!
- Le refus de déposer les armes comme toutes les autres milices libanaises selon l'Accord de Taëf (début des années 90).
- Le lancement d'opérations militaires contre l'ennemi israélien sans l'avis du gouvernement libanais (année 90).
- La guerre de Juillet 2006. Plus d'un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de libanais terrorisés, des milliards de dégâts matériels et de pertes économiques… Et tt ça pour libérer 3 prisonniers libanais en Israël dont Samir Kantar, condamné pour avoir mené une opération à l'initiative "palestinienne" en 1979, pour des objectifs palestiniens, et d'avoir tué une fillette israélienne de 4 ans avec la crosse de son fusil devant son père (qu'on le veuille ou pas c'est la version adoptée par toute la presse occidentale!). Le tout sans avoir demander l'avis de qui que ce soit (à part évidement Wali El-Fakih) avec comme seul "Winograde" du côté libanais, un aveu de Hassan Nasrallah, sans aucune conséquence judiciaire, qu'il a sous-estimé la brutalité de l'armée israélienne! Merci pour la découverte.
- Les atteintes répétées aux libertés au Liban. Cela va de l'entrave à la libre circulation des libanais sur leur territoire (l'affaire Sanine-Laqlouq, Ouyoun El-Simane, Lassa, route de l'aéroport de Beyrouth entre autres) à l'interdiction de vendre et de consommer l'alcool à Nabatiyé, aux affaires Green Days (juin 2011), World Press Photo (mai 2011), Placebo, Gad El-Maleh, Francis Ford Coppola, Patrick Bruel, etc.
- L'occupation armée du centre-ville pendant 1 an et demi (2006-2007). Paralysie économique.
- La fermeture du parlement en concertation avec Nabih Berri pendant 2 ans (2006-2008).
- La tentative de Hassan Nasrallah d'imposer une ligne rouge à l'armée libanaise dans sa guerre contre le terrorisme à Nahr El-Bared (en 2007).
- L'interdiction à l'armée libanaise de s'entraîner dans certaines régions libanaises.
- L'assassinat de Samer Hanna (août 2008). Ses assassins sont en liberté et n'ont toujours pas été jugés.
- L'évaporation de Joseph Sader dans la zone de l'aéroport de Beyrouth (fév. 2009), dont on est toujours sans nouvelle.
- Les tentatives désespérés de dynamiter les enquêtes sur les assassinats politiques au Liban (depuis le 14 février 2005) et d'entraver la marche de la justice internationale concernant ces assassinats (le Tribunal Spécial pour le Liban).
- La persécution des partisans d'Ahmad El-Assaad et du Cheikh Mohammad Hajj Hassan au Sud-Liban (surtout en période électorale!).
- L'expulsion de Sayed Ali El-Amine de Tyr (obligé de s'installer dans l'ex "réduit chrétien"!).
- Le dynamitage systématique de la table de dialogue pour adopter une stratégie de défense pour le Liban (2006-2010).
- Les ingérences dans les affaires intérieures de pays étrangers mettant en danger les relations du Liban avec les pays correspondants et surtout l'installation paisible des citoyens libanais dans ces pays (Egypte, Bahrein 2009-2011).
- L'orchestration d'agressions populaires contre la FINUL au Sud-Liban (2006-2010).
- Les accrochages de Borj Abi-Haidar (août 2010).
- La parade milicienne à l'aéroport de Beyrouth pour récupérer un hors-la-loi (sept 2010).
- La nuit blanche des chemises noires pour changer la majorité parlementaire par la force et faire tomber le gouvernement Hariri (janvier 2011).
- La vacance au niveau de l'exécutive pendant 5 mois (janvier-juin 2011).
- L'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban (7 mai 2008 et les jours suivants). Bilan: une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de personnes terrorisées, une chaine de TV brûlée… Evènement qualifié par Hassan Nasrallah comme étant "un jour glorieux"!

Bien avant que le couperet du Tribunal Spécial pour le Liban ne tombe, cette liste qui est loin d'être exhaustive nous interpelle déjà. Et si nous recevons ce week-end un coup de fil de Hassan Nasrallah en personne (moi je préfère être appelé par Naïm Qassem!), qui teste ses compatriotes comme l'écrivain français, mettrons-nous en doute la véracité du scénario du meurtre de Rafic Hariri ou de Wissam Eid, pour ne citer que ces 2 martyrs? Serions-nous prêts à lui venir en aide pour échapper à la Justice internationale? Chacun y répondra selon son intime conviction. Personnellement, c'est NON pour les 2 questions!


PS: Nous devons maintenir le gouvernement Mikati, le 8 Mars, le Hezbollah et Michel Aoun sous pression, qu'ils soient au Grand Sérail, au comptoir d'une pharmacie, au 7e sous-sol d'un parking de banlieue, sur la Côte d'Azur ou à l'ABC… jusqu'aux prochaines élections législatives!