Le président de la République française, Emmanuel Macron, et sa femme Brigitte, recevant Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, en compagnie de sa femme Lara et de son fils ainé Houssam. Paris, samedi 18 novembre 2017 Preuve de la "sale ambiance" qui a caractérisé cette rencontre 😋 et de tout le sarcasme qu'elle m'inspire Photo : Bestimage / Stéphane Lemouton (via le site Pure People)dddd:) |
I Hariri à Paris, oui mais pourquoi faire ?
Si on se base sur le communiqué de presse annonçant la nouvelle mercredi et le peu d'informations qui circulent depuis, tout ce qu'on peut dire pour l'instant c'est que « le président de la République (française) a invité le Premier ministre libanais et sa famille en France ». Quand? Ce samedi. Pour
Partant de là, les spéculations vont bon train. Un pic d'éléphants roses est prévu ce weekend dans les cieux de Paris et de Beyrouth. La seule certitude à part l'invitation elle-même se trouve dans le communiqué de l'Elysée. La décision a été prise « après s'être entretenu avec le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane et le Premier ministre libanais Saad Hariri ». De ce fait, on peut constater d'emblée que l'invitation française arrange bien les affaires des trois protagonistes concernés. Emmanuel Macron trouve son compte car l'initiative diplomatique replace la France en cœur des conflits du Moyen-Orient et lui offre une chance de jouer un rôle de « pouvoir tampon » entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Pour Saad Hariri c'est le moment de taire les mauvaises langues en apportant la preuve irréfutable qu'il est libre de ses mouvements. Quant à MBS, c'est une occasion en or pour lui d'en finir une fois pour toutes avec la théorie du complot concoctée dans une officine du Hezbollah et diffusée par ses alliés, sur la rétention du Premier ministre libanais en Arabie saoudite.
Le séjour de Saad Hariri à Paris n'a rien d'extraordinaire en temps normal, puisque tout le monde sait qu'il possède des propriétés dans la capitale française. Néanmoins, ce séjour en particulier revêt un caractère spécial. Il permettra au chef du Courant du Futur d'atteindre trois objectifs politiques :
. Primo, de prouver que sa démission en tant que Premier ministre se déroulera en trois actes. On peut d'ores et déjà dire, elle a été annoncée de Ryad, elle est confirmée de Paris et elle sera officialisée à Beyrouth. Personne n'osera accuser Macron d'être téléguidé par MBS, hein? Eh oui, il va falloir que les autruches se rendent à l'évidence : la démission a été prise en toute liberté, qu'importe les détails et n'en déplaise aux détracteurs de Saad Hariri, elle est irréversible, si rien ne change concrètement au Liban.
. Secundo, qu'il y a bel et bien des menaces qui pèsent sur sa vie, sinon il serait retourné directement au Liban comme il l'avait promis lors de son apparition médiatique et ses tweets.
. Tertio, de marquer un but. A ce stade de la confrontation, le score est sans appel : Hariri 3 vs. Aoun 0. Le premier but a été marqué le 4 novembre avec la démission surprise du Premier ministre, le second le 12 novembre lors de son interview libre et le troisième le 15 novembre à l'annonce inattendue de sa prochaine venue en France.
II Les raisons profondes d'une crise politique inédite
En annonçant sa démission, Saad Hariri a mis un terme au « deal politique » ayant conduit à l'élection de Michel Aoun il y a un peu plus d'un an. Le Premier ministre a motivé sa décision par les « risques sécuritaires » qu'il encourt à Beyrouth, « l'anomalie du Hezbollah » au Liban et les « ingérences iraniennes » au Moyen-Orient, directes ou via ce dernier. Le chef du Hezbollah et le chef du Courant patriotique libre, ainsi que le président de la République, n'ont rien voulu entendre ni rien voulu voir. Ils ont plutôt mis toute leur énergie pour élaborer et propager une théorie du complot autour de la « rétention » de Saad Hariri par l'Arabie saoudite et de « l'irrecevabilité » d'une démission annoncée de l'étranger. Magnifique manœuvre de diversion et de propagande pour diminuer la portée de ce séisme politique, de la part de ceux qui sont à l'origine d'une vacance du pouvoir présidentielle qui a duré 888 jours et du boycott de 44 séances électorales (2014-2016).
On le sait de tout temps et c'est valable en tous lieux, quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. Pour bien comprendre les raisons profondes à l'origine de cette crise politique sans précédent, il faudra replonger dans l'interview accordée par Saad Hariri à Paula Yacoubian le 12 novembre, plutôt que de gaspiller encore son énergie sur des futilités, savoir par exemple pourquoi le Premier ministre ne portait pas son Apple watch lors de son apparition sur la Futur TV. Une évidence, elle était confisquée par MBS à sa descente d'avion à Riyad, mais voyons !
Sur la forme, l'interview a été réalisée par une femme talentueuse, trop belle pour être vraie!, mais qui semble sortir de la même école de journalisme que Léa Salamé, où l'on semble apprendre que pour réaliser une bonne interview, il faut absolument défendre le diable et interrompre constamment son interlocuteur, même pour sortir des âneries du genre « moi je suis incapable de convaincre quiconque que vous n'êtes pas prisonnier en Arabie saoudite, que vous n'êtes pas pris en otage ou en résidence surveillée ». Wallah, eh bien ma jolie, si tu avais passé moins de temps devant ton miroir pour parcourir les réseaux sociaux, tu te serais facilement rendu que ce que tu dis n'est que foutaises. La jeune journaliste était si agaçante, qu'au bout de neuf minutes seulement, Saad Hariri était obligé de lui dire: « Ya Paula, ton problème est que tu m'interrompes tout le temps ! »
Sur le fond, trois choses m'ont frappé en regardant la vidéo en replay.
. Primo, le décalage entre ce que j'ai vu et ce que j'ai lu! Il faut dire que toutes les chaines libanaises, à part Futur TV (chaine de Hariri) et MTV (chaine indépendante, tendance 14-Mars), ont refusé de transmettre ce moment politique historique. Et ça vous disserte après sur la liberté et la démocratie! On y retrouve Al-Manar (Hezbollah/Hassan Nasrallah) et OTV (Courant patriotique libre/Gebran Bassil) bien sûr, et même Télé Liban (télé d'Etat), qui a décidé que les Libanais n'avaient pas à regarder leur Premier ministre, afin de respecter les positions du président de la République. En somme, d'après ce que j'ai lu et ce que j'ai vu, il clair que la majorité des Libanais, notamment du camp du 8-Mars, ont écrit et disserté à propos de quelque chose qu'ils n'ont jamais regardé. Fascinant!
. Secundo, la sérénité de Saad Hariri, un élément de plus, qui démonte complètement la théorie bidon sur sa détention.
. Tertio, le sens des responsabilités du Premier ministre et son amour pour le Liban et non pour le pouvoir comme d'autres, au point d'être très ému en évoquant l'attachement de certains leaders étrangers au Liban qui dépasse celui de certains Libanais à leur propre pays, qui font incontestablement de lui un homme d'Etat, contrairement à d'autres.
En réfléchissant bien sur ces trois éléments, j'ai compris que la défense du Premier ministre par certains Tartuffe de la souveraineté libanaise, cachait en réalité, un mépris irrationnel pour les Hariri, père et fils, et surtout, pour l'Arabie saoudite.
III Les motivations sécuritaires de la démission
Sur les motivations de la démission, le Premier ministre précise, « j'ai voulu provoqué un choc positif pour que les Libanais sachent à quel point nous sommes en danger (…) ce qui se passe sur le plan régional représente un danger pour le Liban, surtout que nous nous mettons dans des situations qui exposent le pays à des sanctions économiques (américaines et arabes) ». Plus loin il explique, « Pourquoi il y a des menaces de sanctions, c'est parce qu'il y a un groupe libanais qui mène des actions (en Syrie, au Yémen, etc.)... Si nous nous alignons sur certains axes, que deviendront les 300 à 400 milles Libanais qui vivent dans les pays du Golfe? » Il ajoutera en plus : « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes pour la distanciation et constater dans le même temps qu'un groupe libanais se trouve au Yémen et dans d'autres endroits (Hezbollah / Syrie), et être entrainé vers des relations avec le régime syrien (durant tout l'été, on a fait pression sur Saad Hariri pour renouer le contact avec Assad ; c'est une pique aussi à Gebran Bassil qui a rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères récemment). Je ne franchirai pas ce pas. » Et
tout ce que le ministre libanais des Affaires étrangères a trouvé à dire le jour de la démission du chef du gouvernement libanais, c'est de sous-entendre que celle-ci pourrait être liée au « recul de Daech ».
L'autre aspect qui a motivé la démission du Premier ministre, totalement zappée ou sous-estimé par une grande partie des leaders politiques au Liban, ainsi que par des journalistes libanais et des correspondants libanais de médias étrangers, c'est la sécurité personnelle de Saad Hariri. Il en a parlé lors de sa démission et il reviendra sur le sujet à plusieurs reprises pendant son interview. « Il y a des menaces sécuritaires sur ma personne... Je dis aux Libanais: oui il est peut être préférable que je revienne au Liban, mais il y avait un danger et il fallait que je prenne certaines dispositions... Je ne peux pas parler de certains points (sensibles)... A mon retour, nous en parlerons avec franchise avec le président ». Pas suffisant pour que certains daignent
laisser la lumière de la vérité éclairer leurs rétines et leurs esprits. « Qu'il revienne au Liban pour exprimer son opinion librement » a rétorqué Gebran Bassil. Celui qui ne juge pas utile de dénoncer les violations de la Constitution libanaise par le Hezbollah et de commenter l'aveu récent du président iranien sur la violation de la souveraineté libanaise par l'Iran, ajoutera même le lendemain, « c'est une affaire de libertés, de conventions internationales, en rapport avec l'immunité des responsables internationaux et la souveraineté de l'Etat libanais ».
Permettez-moi de développer un peu plus cet aspect, car pour moi il révèle un degré d'hypocrisie, de malhonnêteté ou d'abrutissement, au choix, jamais atteint dans notre pays, d'une frange de la population, des journalistes et des hommes politiques.
Alors que le Premier ministre libanais a expliqué avec gravité sa situation personnelle, « Je suis toujours menacé, le régime syrien ne veut pas de moi... De nombreuses parties ne veulent pas de Saad Hariri... Je dois mettre en place un filet de sécurité et étudier ma situation sécuritaire pour m'assurer que je ne suis pas infiltré... Je travaille pour augmenter le personnel affecté à ma sécurité. A cet égard, nous en parlerons avec Che3bit el-Maaloumett (les renseignements des Forces de sécurité intérieure). Il y aura des réunions de travail avec la sécurité spéciale et l'armée (libanaise) pour que je revienne au Liban... », le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a l'audace de sortir à Rome, où il était en tournée pour faire la promotion du point de vue de son beau-père de président, « Il
n'est pas normal que le chef de notre gouvernement soit dans une situation pas claire... Il n'y aucune raison pour qu'il ne revienne pas au Liban ». Non mais, il est désespérant !
Mais comment en vouloir au chef du CPL quand Paula Yacoubian elle-même, qui croit dure comme fer qu'un bon journaliste se doit de ne pas écouter les réponses de son interlocuteur, a le culot elle aussi, après des propos aussi graves, d'enchainer comme si de rien n'était, pour reparler de l'ânerie de la rétention, au lieu de creuser la question de la menace sécuritaire qui pèse sur le fils de Rafic Hariri (mort dans l'attentat terroriste du 14 février 2005 et dont les tueurs présumés sont des membres du Hezbollah, élevés par ce parti-milice au rang de « saints »), au pays qui a connu une quinzaine d'assassinats politiques depuis 2005 et dont certains politiciens et journalistes, comme Marwan Hamadé, Elias el-Murr et May Chidiac, portent encore les séquelles : « Vous vous exprimez avec des dates ouvertes, alors que tout retard concernant le retour (au Liban), est un élément de plus à ajouter à ce qu'on dit déjà, que vous n'êtes pas libre de vos mouvements. » Quelle perspicacité ! Saad Hariri lui rétorque sèchement: « Je suis libre dans le royaume. Si je veux voyager demain, je peux le faire. J'ai une famille et j'ai le droit de la protéger. » Avec une désinvolture affligeante, la journaliste continue et aggrave son cas : « Votre famille est avec vous? » Saad Hariri est obligé de lui rappeler : « J'ai vu ce qui m'est arrivé lorsque mon père a été tué. Je ne veux pas que mes enfants vivent la même chose. Vous devez me permettre de m'octroyer le temps nécessaire pour me protéger... C'est une question de jours. » Et face à l'insistance lourde de cette autruche, qui reviendra encore et encore sur le même point, Saad Hariri rajoutera un peu plus loin: « Je reviendrai au Liban, point à la ligne. Vous voulez que je rentre tout de suite? Je le ferai demain. Si vous ne voulez pas que je m'organise sur le plan sécuritaire pour protéger ma vie, et vous voulez vous débarrasser de moi, je reviens, pas de problème! »
Je ne sais combien de Libanais, y compris le ministre des Affaires étrangères, ou même de journalistes libanais, alimentant la presse locale et étrangère (mes salutations spéciales au Figaro, Libération et Le Monde, France 24 et j'en passe et des meilleures!), ont regardé cette séquence. Mais une chose est sûre et certaine, pas beaucoup, et c'est très inquiétant pour la façon dont sont informés les gens dans le monde. Qui a écouté ce passage grave et a continué à broder autour d'une théorie du complot rachitique et bidon ou à pleurnicher sur la soi-disant privation de liberté du Premier ministre libanais, pour des raisons politiciens misérables, est un digne descendant, soit des autruches, soit des crocodiles, et il peut en être fier.
IV Michel Aoun, le grand perdant de cette crise politique
Tout le monde se serait passé de cette démission, Michel Aoun en tête, qui est incontestablement le grand perdant de cette crise politique. Alors que son accession au pouvoir était inespérée, en un an, il a dilapidé tout le capital d'estime et de sympathie qu'il avait chez une frange de la population libanaise. Depuis son interview désastreuse du 30 octobre, qui selon moi fait partie des éléments déclencheurs de la démission de Saad Hariri et où il s'est exprimé comme un petit chef de partie et non comme un grand président de la République, il ne fait rien pour circonscrire la crise. Ses dernières déclarations l'ont magistralement prouvé. « Toute position ou mesure qu'il (Saad Hariri) a pu prendre ou qui lui sont imputées (...) sont le résultat de la situation ambiguë et trouble qu'il est en train de vivre en Arabie saoudite, et ne peuvent pas être prises en considération. » Bon, il inventera autre chose quand Saad Hariri sera à Paris ou à Beyrouth et tiendra les mêmes propos. Le président de la République est au diapason du chef du Hezbollah. « La démission déclarée est illégale, non constitutionnelle, illégitime, et n'a aucune valeur, car elle a été obtenue sous la contrainte (…) nous ne sommes donc pas face à une démission, nous ne reconnaissons pas cette démission. » C'est à peu de chose près ce qu'a dit Gebran Bassil, ministre libanais des Affaires étrangères, chef du CPL, allié du Hezbollah et gendre du président. « Les conditions de la démission du Premier ministre ne sont pas réunies », il a oublié de rajouter, peu importe si elle est faite de Ryad, de Paris ou de Beyrouth. Michel Aoun, Hassan Nasrallah et Gebran Bassil ne sont pas conscients de la gravité de la situation au Liban et des menaces qui pèsent sur les Libanais du fait de l'anomalie du Hezbollah au Liban et des ingérences iraniens au Moyen-Orient.
Et pourtant, si Saad Hariri s'est montré très déterminé, il a aussi pris beaucoup de précautions pour éviter d'entrer en conflit avec le président de la République. « Le président Aoun est la personne la plus attachée à la Constitution... Il a raison, je dois venir le voir pour lui présenter ma démission... Nos relations sont excellentes. » Cela ne l'a pas empêché de lui faire comprendre qu'ils ne peuvent plus continuer comme avant tous les deux. « Mais je me demande: au cours de cette expérience qui a duré dix mois, est-ce qu'il y a eu vraiment une distanciation (par rapport aux problèmes régionaux, notamment en Syrie)? La réponse est non. » Voilà pourquoi le Premier ministre démissionnaire propose: « Un dialogue doit être engagé concernant l'arsenal du Hezbollah. C'est au président de la République d'en décider... Il doit concerner aussi les ingérences régionales du Hezbollah. » C'est la feuille de route pour sortir de la crise. De son côté, Saad Hariri se dit « prêt à faire des sacrifices pour les Libanais, mais ça sera sous conditions. Il revient aux autres aussi d'en faire... La distanciation (par rapport aux problèmes régionaux) signifie la distanciation, point à la ligne. » Il s'engage à revenir à Beyrouth « pour prendre toutes les mesures constitutionnelles en ce qui concerne ma démission... Après nous engagerons des discussions avec toutes les parties... Pour revenir sur la démission, il faut respecter la distanciation. » On ne peut pas être plus clair.
V Le président de la République dispose de trois options sur la table
Si certains compatriotes insistent sur la soi-disant détention de Saad Hariri et sur l'impérative nécessité qu'il revienne pour qu'il puisse soi-disant s'exprimer librement, c'est en réalité pour humilier le Premier ministre libanais et rendre son retour immédiat impossible, afin de détruire le dernier rempart contre l'hégémonie hezbollahi-iranienne au Liban. Saad Hariri ne doit pas céder. La campagne « tanbizz 3al kel », de Ryad, de Paris ou de Beyrouth, qu'importe, que j'ai lancée pour soutenir la démission de Saad Hariri, doit continuer jusqu'à la réalisation de son principal objectif : amorcer le processus qui mettra fin à l'anomalie du Hezbollah au Liban.
La balle est dans le camp du président de la République. Il doit assumer ses responsabilités. A 84 ans, Michel Aoun a une chance inouïe, et c'est la dernière de sa vie, pour résoudre cette grave crise politique, redorer son blason et protéger le Liban du bras de fer qui s'engage entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Il a trois options sur son bureau. A travers la crise politique actuelle, Saad Hariri offre, propose et invite Michel Aoun à entrer dans l'Histoire de trois manières :
→ Par la grande porte
C'est l'option la plus difficile. Il devra pour cela se rendre dans l'église Mar Mikhael et bruler le « Document d'entente » qu'il a signé en 2006 avec Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, une organisation considérée de nos jours comme terroriste par la majorité des pays arabes et occidentaux, dont ceux du Golfe et de l'Union européenne, ainsi que les Etats-Unis. Trêve de plaisanterie. Personne ne demande au commandant en chef des forces armées libanaises de faire respecter par la force, la Constitution libanaise, les résolutions de l'ONU et la volonté de la moitié du peuple libanais, dissoudre la milice chiite et la désarmer. On lui demande tout simplement de la respecter lui-même ! Pour cela, en tant que président de la République, le locataire de Baabda doit se distancier de ce que Michel Aoun, chef du CPL a fait, à tort ou à raison qu'importe, et traduire cela sur tous les plans. En un mot, il doit prendre ses distances avec le Hezbollah et cesser de défendre une anomalie constitutionnelle à chaque fois que l'occasion se présente.
→ Par la fenêtre
C'est l'option de confort. Elle pourra constituer une sortie de crise honorable pour tout le monde, kelloun ye3né kelloun, satisfaire le peuple libanais et redonner à la présidence de la République libanais, poste chrétien d'après le Pacte national, toute sa splendeur.
. Dans un premier temps, en vertu de ses pouvoirs en tant que président de la République et de l'article 53 de la Constitution libanaise, Michel Aoun refuse la démission de Saad Hariri, pas pour l'ennuyer mais pour préserver les prérogatives du Conseil des ministres.
. Dans un second temps, le président demande au Conseil des ministres de dissoudre l'Assemblée nationale, dans l'intérêt de la patrie et en vertu de l'article 55 de la Constitution. La dissolution aura comme objectif de rendre toute autre option, un rafistolage à la libanaise, inenvisageable.
. Dans un troisième temps, le gouvernement organise des élections législatives anticipées dans moins de trois mois, comme l'exige l'article 25 de la Constitution.
Si Michel Aoun suit ce plan, le 17 février 2018 au plus tard, les Libanais auront un nouveau Parlement, qui déterminera qui sera le prochain Premier ministre, la composition du nouveau gouvernement et l'orientation de la nouvelle politique générale du Liban. A défaut, ana honn wou ento honn, il n'y aura pas d'élections législatives avant l'expiration de la deuxième autoprorogation parlementaire, le 20 juin 2018. Nous continuerons à dépendre de députés élus en 2009 ! Encore une fois, si la classe politique libanaise décide de sortir de la crise actuelle par la formation d'un nouveau gouvernement dans les prochains jours, c'est un signe de mauvais augure. Préparez-vous à une troisième autoprorogation.
→ Par la trappe
C'est l'option la plus facile et c'est la plus périlleuse pour le Liban. La politique de l'autruche, comme si de rien n'était et comme à l'accoutumée.