mardi 5 juin 2018

Derrière le « décret secret » de naturalisation, la volonté libanaise de prendre part au business de la reconstruction de la Syrie et la détermination syrienne de coloniser le Liban (Art.535)


Pendant que la « rebelle » Paula Yacoubian savoure pour le 13e jour consécutif son acte héroïque, en votant Nadine Labaki lors de la prorogation du mandat de Nabih Berri à la tête du Parlement libanais (1992-2022 et au-delà inchallah!), c'est encore lui qui a soulevé cette grave atteinte à l'honneur du Liban et des Libanais, ainsi qu'à notre Constitution et aux lois en vigueur dans notre pays, par nos propres dirigeants.


 I  Tout a commencé avec la « résidence à vie » accordée par les députés libanais via l'article 49


C'était il y a quelques mois. Samy Gemayel avait dénoncé le vote à la hâte et en pleine effervescence électorale, d'une disposition bénie par toute la classe politique ou presque, notamment par les deux Courants (patriotique libre et du Futur), qui permet d'octroyer une « résidence à vie » à tout acheteur étranger d'un appartement au Liban, d'une valeur de 500 000 $ à Beyrouth et de 333 000 $ en dehors. Le député du Metn voyait dans l'article 49 de la nouvelle loi de finances, une façon déguisée d'implanter une frange des Syriens réfugiés  au Liban, la classe aisée. J'ai dénoncé à mon tour cette disposition qui ouvre grand les portes du Liban au blanchiment d'argent et à la spéculation immobilière, ce qui se répercutera forcément d'une manière négative sur la vie des Libanais, notamment ceux des classes moyennes, déjà pleinement frappées par la cherté de la vie au Liban. Le Conseil constitutionnel fut saisi et l'article en question est finalement invalidé.

 II  La naturalisation au Liban, une affaire controversée depuis toujours : le décret de 1994


A peine l'affaire est réglée, une autre est venue la remplacer. Elle est beaucoup plus grave. Et c'est à Samy et Nadim Gemayel, les députés des Kataeb, qu'est revenue la tâche de dénoncer le nouveau scandale, la signature en catimini d'un décret de naturalisation controversé le 11 mai 2018, portant le numéro 2942.

Dans la plupart des pays démocratiques, comme la France par exemple, les conditions d'attribution de la nationalité sont claires, donc connues de tous, et le décret de naturalisation est publié dans le Journal officiel, pour être justement connu de tous. Pas au Liban, où la naturalisation se fait à la dérobée.

On explique l'opacité libanaise dans les conditions d'attribution de la nationalité libanaise par le désir de préserver l'équilibre communautaire islamo-chrétien. Fixer des critères précis c'est prendre le risque de naturaliser massivement des ressortissants de telle ou telle confession ou nationalité, une démarche qui peut conduire à un déséquilibre démographique entre les 17 communautés libanaises. Soit, mais c'est encore pire sans critères comme le prouve la naturalisation massive de 1994, réalisée alors que le Liban était sous occupation syrienne. Elias Hraoui était président de la République, Rafic Hariri Premier ministre et l'inamovible Nabih Berri, président du Parlement.

Un rapport ministériel de 2006 estime, parce qu'on n'a toujours pas les chiffres exacts!, le nombre d'étrangers naturalisés à l'époque à près de 160 000 personnes. Du fait des mariages et des naissances, ce sont en réalité plus de 200 000 personnes, pour une population de 3,4 millions à l'époque. On dit qu'ils étaient 2/3 musulmans et 1/3 chrétiens. Oublions le déséquilibre communautaire, c'est comme si Emmanuel Macron naturalisait en une seule vague, 3 999 999 Mamoudou Gassama, soit presque la moitié des étrangers non-européens qui vivent en France. Aux Etats-Unis, il faudrait que Donald Trump naturalise d'un coup de stylo, 19 des 46 millions d'étrangers nés en dehors des Etats-Unis. Ce qui a posé problème dans le décret de 1994 c'est d'abord son caractère massif, dans un pays où la concorde communautaire ne tient qu'à un fil!

Mais le plus grave dans le décret de 1994 est ailleurs. Pour le comprendre, il faut revenir à une info récente passée totalement inaperçue, noyée dans les fêtes de fin d'année, le recensement des « réfugiés palestiniens » au Liban. Au total, on n'a trouvé que 174 422 Palestiniens au Liban. Et on est parti disserter un bon moment sur l'exagération des chiffres et les peurs infondées. C'est trois fois moins que les estimations les plus alarmistes! Très joli, sauf qu'on a oublié de préciser que le recensement ne concerne que les « réfugiés palestiniens » dans les dits « camps palestiniens » et aux alentours, les Palestiniens installés loin de ces « villes » n'y figuraient pas.

Et encore, si on n'avait oublier que ça. Les valeureux enquêteurs Libanais et Palestiniens, ainsi que le Premier ministre Saad Hariri lui-même qui a repris leur chiffre, ont oublié d'informer la presse en général et les Libanais en particulier que 469 331 personnes sont enregistrés au Liban auprès de l’UNRWA en tant que « réfugiés palestiniens », que 71 747 Palestiniens svp ont été naturalisés en 1994, ce qui constitue de facto une implantation des réfugiés palestiniens au Liban, le désir le plus profond de l'Etat d'Israël et une violation flagrante de la Constitution libanaise. Chapeau à toute l'équipe, beau travail les gars ! Le chiffre du recensement a été contesté par de nombreuses sources libanaises et palestiniennes.

Pour revenir au décret de 1994, une autre majorité des naturalisées de l'époque était de nationalité syrienne. On parle de 66 000 personnes qui ne se rappellent de leur double nationalité qu'au moment des élections.

Toujours est-il qu'un recours en invalidation déposé par la Ligue maronite a conduit le Conseil d'Etat à l’ouverture d’une enquête sur une dizaine de milliers de naturalisations douteuses.

 III  La naturalisation au Liban, une cuisine top secret : le décret de 2018


Le problème principale des naturalisations au Liban réside dans l'opacité concernant, non seulement les conditions d'attribution de la nationalité libanaise, mais aussi le contenu des décrets de naturalisation. C'est à peine croyable, mais à ce jour, on ne connait ni le nom des personnes naturalisées le 11 mai 2018 (des noms circulent), ni même leur nombre exact (on parle de plusieurs centaines).

Circulez il n'y a rien à voir, nous ont expliqué, entre autres, Ziad Baroud et Nadim Koteich, qui ne semblent même pas déranger par le caractère secret de la naturalisation Aoun-Hariri-Machnouk. Et alors ? Comme par hasard, le premier est proche du Courant patriotique libre, le second, du Courant du Futur, les deux partis politiques qui sont pleinement impliqués dans ce nouveau scandale. Finalement, ce sont les cousins Gemayel qui ont permis de mettre au grand jour cette faille inadmissible dans les usages politiques au Liban : l'impossibilité, même pour des élus de la nation!, de connaître les noms des personnes naturalisées au Liban à travers les canaux officiels! Non, vous ne rêvez pas, bienvenue au Liban, le pays de toutes les magouilles.

Le président de la République, Michel Aoun, argue que ce n'est pas à lui de le faire, alors qu'il est l'origine même du décret. Le Premier ministre, Saad Hariri, est aux abonnés absents sur ce sujet, alors qu'il a co-signé le décret. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk (Futur), co-signataire du décret, ainsi que le président de la République, ont le culot de se réfugier derrière la protection des données personnelles. Incroyable, mais vrai. Ainsi, selon les responsables libanais, obtenir le décret qui mentionne les noms des personnes naturalisées dans des conditions douteuses, est une info d'ordre privée, seules les personnes concernées peuvent le faire. Bienvenue dans l'univers surréaliste libanais.

Pour mesurer le degré de gravité de la question, il faut savoir que sans la publication du « décret secret » dans le Journal officiel, la marge de manœuvre de ceux qui voudraient contester auprès du Conseil constitutionnel et du Conseil d'Etat certaines naturalisations douteuses signées par le trio Aoun-Hariri-Machnouk, ont une marge de manœuvre très étroite.

A droite, la lettre envoyée par le député des Kataeb, Samy Gemayel, au président de la République, Michel Aoun, lui demandant une copie du décret de naturalisation qu'il a signé le 11 mai 2018. A gauche, la fin de non-recevoir de la présidence qui invoque la protection des données personnelles, envoyant Samy Gemayel se faire voir chez le ministère de l'Intérieur, qui l'envoie à son tour se faire voir chez les Grecs. Bienvenue dans l'univers surréaliste libanais.

 IV  La faute politique de Aoun est plus grande que celle des co-signataires du décret, Hariri et Machnouk


Alors qu'une mère libanaise mariée à un ressortissant étranger, ne peut toujours pas transmettre la nationalité libanaise à ses enfants, comme le fait un homme libanais marié à une ressortissante étrangère, le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur auraient décidé d'octroyer la nationalité libanaise à un ensemble de ressortissants palestiniens, ce qui constitue une violation de la Constitution libanaise, comme en 1994, qui interdit explicitement toute forme d'implantation des réfugiés palestiniens au Liban. Plus grave encore, Aoun, Hariri et Machnouk, auraient décidé d'offrir la nationalité libanaise à un ensemble de personnalités et de riches hommes d'affaires syriens. On parle des familles de Samer Faouz, Abdel Kader Sabra, Farouk Joud, Hani Mourtada, Samer Youssef et Moufid Karamé, des gens qui font partie du cercle rapproché du régime terroriste de Bachar el-Assad.

Et encore, n'étant pas sûrs des noms, le plus grave est ailleurs. Après l'éclatement du scandale posé par ces noms, Aoun, Hariri et Machnouk, se comportent comme des retraités de la vie politique libanaise, sans aucune responsabilité, des touristes, des visiteurs, des observateurs, des spectateurs, enfin, tout ce que vous voulez, sauf comme le pouvoir exécutif qui est à l'origine même du scandale et qui doit rendre des comptes devant le peuple libanais.

Le président de la République, Michel Aoun, demande une enquête APRÈS avoir signé le décret de naturalisation et non AVANT, comprenne qui pourra. 

Concentrons-nous sur le cas le plus grave, celui de Michel Aoun. Enfin, je ne sais pas si le cas de Saad Hariri n'est pas plus grave, mais bon, restons sur le cas de celui qui communique sur le sujet, plutôt que sur le cas de celui qui a décidé de garder le silence. Le président de la République réclame de la part du chef de la Sûreté générale de mener une « enquête » approfondie sur les personnes naturalisées et demande à ceux qui détiennent des « informations » sur ces dernières de les faire parvenir aux autorités, sachant qu'il refuse de transmettre à Samy Gemayel une copie du décret qu'il a lui-même signé où figurent les noms des personnes naturalisées. Il est fascinant le président fort, n'est-ce pas?

Houston, we have a problem. De deux choses l'une : soit aucune enquête n'a été menée AVANT l'attribution de la nationalité libanaise et le président de la République a signé à l'aveugle le décret de naturalisation ; soit Michel Aoun a signé en connaissance de cause, mais n'a pas prévu le scandale, il se trouve maintenant dans un sacré merdier et ne sait plus comment s'en tirer. La première option pose un problème de compétence, la seconde, de conscience.

Ce qui est valable pour Aoun, l'est aussi pour Hariri et Machnouk. Mais, la faute politique de Michel Aoun est plus grande que celle des co-signataires du décret, parce que la naturalisation est une prérogative exclusive du président de la République et que Michel Aoun est le seul haut personnage de l'Etat a juré devant Dieu et le peuple libanais, de protéger la Constitution de la République libanaise. Il n'empêche que Hariri et Machnouk ne font pas de la figuration, ils sont pleinement responsables par leurs signatures.

Ceci nous conduit à deux réflexions.

. La première concerne l'erreur de calcul de Samir Geagea et de Saad Hariri d'avoir soutenu l'arrivée de Michel Aoun à la présidence de la République, sans le contraindre à mettre fin à son alliance avec le Hezbollah et à sa bonne entente avec le régime syrien.

. La deuxième concerne précisément la prérogative de la naturalisation. La faute de Michel Aoun est impardonnable puisque son décret concernerait la naturalisation de Palestiniens en violation de la Constitution libanaise et de Syriens proches de Bachar el-Assad, dont l'envoyé spécial, Michel Samaha, qui croupit toujours dans les geôles libanaises pour avoir tenté de replonger le Liban dans la guerre confessionnelle, nous rappelle justement le caractère terroriste de son régime. Etant donné l'ampleur du scandale soulevé aujourd'hui, cette prérogative du « président chrétien » finira tôt ou tard par tomber. Il est clair qu'elle passera un jour au Conseil des ministres. Michel Aoun aura donc contribué, encore une fois, comme en 1988-1990, à l'affaiblissement du poste présidentiel. Le journaliste Nadim Koteich qui en veut aux réseaux sociaux d'avoir amplifié le problème, a pourtant survolé la question dans sa dernière vidéo. D'autres n'en pensent pas moins. Chapeau mon général!

 V  Circonstances aggravantes pour Aoun-Machnouk-Hariri


Et encore, si les Libanais devaient se contenter de cela! Elément aggravant, certains Syriens naturalisés auraient appris la nouvelle dans la presse. Ils ont fait savoir clairement qu'ils n'avaient rien demandé. C'est le cas de Hani Mourtada, un ancien ministre syrien, et beaucoup de noms cités précédemment, qu'ils ont tenu à affirmer qu'ils sont fiers de leur nationalité syrienne. Qu'ils l'aient demandé ou pas, qu'ils l'aient obtenu ou pas, qu'importe, c'est à croire que la demande de naturalisation de certains a été déposée par un tiers! Nooon? Siiiii. Par qui : Fadia el-Chérré'a, Ali Mamelouk, Duraide Lahham ou Bachar el-Assad? Si vous ne savez pas, vous pouvez appelez un ami, ou un ennemi, Michel Samaha, par exemple.

Gebrane Bassil, ministre des Affaires étrangères svp, l'homme qui se prend pour Don Quichotte de la République libanaise, le gendre de Michel Aoun qui veut faire croire qu'il n'était au courant de rien, demande lui aussi "une enquête sérieuse et rapide" APRÈS la naturalisation et non avant.

Il ne fait pas de doute que parmi les heureux bénéficiaires, la majorité des personnes ont droit à la nationalité libanaise et la méritent. Mais beaucoup de questions inquiètent les Libanais aujourd'hui. Pourquoi le ministre de la Justice, un proche de Michel Aoun, a tenu en pleine tempête à faire savoir que d'autres décrets de naturalisation suivront? Pourquoi dans tous les milieux du CPL et du Futur, de Chamel Roukouz à Ziad Baroud, de Gebrane Bassil à Alain Aoun, de Nouhad Machnouk à Nadim Koteich, il y a cette détermination à minimiser l'affaire et à étouffer le scandale, alors qu'ils tenaient le discours inverse il n'y a pas si longtemps que ça ? En somme, pourquoi la naturalisation tout court, pourquoi maintenant, pourquoi avoir caché les noms de personnes indésirables parmi les noms des personnes méritantes, et surtout, pourquoi le recours à des « décrets secrets » s'ils n'avaient vraiment rien à cacher ?

Chamel Roukouz, l'autre gendre de Michel Aoun qui a pris son siège dans le Kesrouane, trouve que tout "ce tintouin autour du décret de naturalisation n'a aucun sens, les cas sont individuels et les raisons sont humanitaires". Ayons donc une pensée et une prière pour tous ces fidèles du régime de Bachar el-Assad, qui attendent dans les couloirs de la naturalisation au Liban!

 VI  Pourquoi ils auraient recouru à un « décret secret », s'ils n'avaient rien à cacher? Les raisons d'une naturalisation non assumée


Parlons peu, parlons bien. Il est plus que probable que le « secret » de la démarche d'Aoun-Hariri-Machnouk soit lié à la présence de noms « indésirables » parmi les naturalisés, des proches de la tyrannie des Assad qui font honte au Liban. Dans un tel cas de figure, la demande de naturalisation de ces ressortissants syriens et leur naturalisation par le trio libanais viseraient des objectifs différents :

• Du coté syrien, la demande de naturalisation a comme premier objectif de mettre à l'abri d'éventuelles sanctions internationales des proches du régime syrien. Elle s'inscrit dans le vaste projet insidieux de Bachar el-Assad de colonisation du Liban, via de riches hommes d'affaires syriens (le biais économique) et des réfugiés syriens (le biais démographique). Elle complète des mesures légales prises récemment en Syrie pour exproprier de facto des Syriens réfugiés au Liban s'ils ne sont pas en mesure de se rendre en Syrie rapidement pour enregistrer leurs biens immobiliers. De ce fait, ils ne leur donnent en réalité comme choix que de rester au pays du Cèdre loin de la tyrannie qu'ils ont fuit, ce qui permettra au régime alaouite syrien de réussir à la fois le nettoyage ethnique de la Syrie (en éliminant une frange importante de la communauté sunnite) et la colonisation massive du Liban (par des ressortissants syriens). Par ailleurs, force est de constater que cette demande s'accompagne d'un retour en force au Parlement libanais, des grandes figures libanaises de la période d'occupation syrienne du Liban, Jamil el-Sayyed en tête.

• Du coté libanais, c'est le "business as usual" qui prime. Et ce ne sont pas les signes qui manquent pour le prouver. Le coup d'envoi a été donné avec le salon « Rebuild Syria » organisé à Beyrouth les 27-28 octobre 2017, sous le haut parrainage de son Excellence, le ministre libanais des Affaires étrangères. « Que la reconstruction de la Syrie soit la reconstruction de la Syrie et du Liban » avait déclaré Gebrane Bassil à l'ouverture du salon. « Les Libanais ont devancé l'Etat sur la question de la reconstruction de la Syrie qui constitue une grande opportunité (...) et qui nécessite des réformes structurelles », avait déclaré le même Gebrane Bassil à la fermeture du salon. Des réformes et des décrets secrets peut-être? Comme par hasard, le même jour où le chef du Courant patriotique libre s'emballait pour la reconstruction de la Syrie, le chef du Courant du Futur et Premier ministre, Saad Hariri, a jugé que c'est le moment le plus opportun de l'Histoire afin d'envoyer un nouvel ambassadeur à Damas pour présenter ses lettres de créances à Bachar el-Assad, faisant du pays du Cèdre le premier pays au monde à effectuer une telle démarche. Quelques mois plus tard, il y a eu l'affaire de l'article 49 et de l'octroie de la « résidence à vie » évoquée dans l'intro, votée par toute la classe politique à l'exception des Kataeb et défendue notamment par le CPL et le Futur. Aujourd'hui, c'est le scandale du décret-secret de naturalisation signé par le président de la République, Michel Aoun, le Premier ministre, Saad Hariri, et le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk.


 VII  Qui tient à garder le décret de naturalisation secret, est soit un traitre à la nation, soit un idiot utile de Bachar el-Assad


La naturalisation de personnalités proches de Bachar el-Assad est sans doute le sésame pour de nombreux Libanais, politiciens et hommes d'affaires, qui bavent devant le juteux projet de reconstruction de la Syrie, pour prendre part à un marché évalué à 300 milliards de dollars, qui se fera après le sacrifice de 500 000 Syriens pour rien. Pour l'heure, ce n'est qu'une hypothèse. Elle ne sera confirmée ou infirmée que si et seulement si, le décret de naturalisation originel est rendu public, sans intervention ultérieure de la part du pouvoir exécutif. On nous dira que ce n'est pas forcément mauvais et que c'est même très bénéfique pour l'économie libanaise qui a beaucoup souffert de l'afflux massif de réfugiés syriens. Pour vous les rapaces et pour votre Liban, pas pour nous les gens de principes et pour notre Liban.

Lier la participation libanaise au projet de reconstruction de la Syrie, à la naturalisation de proches du régime syrien, une tyrannie qui oeuvre clairement pour le nettoyage ethnique en Syrie et la colonisation du Liban, relève de l'abomination. Qui le fait en connaissance de cause mérite d'être jugé sur le champ pour « haute trahison ». Qui ne le fait pas en connaissance de cause, mais le rend possible, est un « idiot utile » de Bachar el-Assad, qui mérite d'être déchu de ses fonctions. Quiconque ne se prononce pas sur la publication immédiate du « décret secret », sans tergiversation et prétexte bidon, et son nettoyage de tout individu lié de près ou de loin à la tyrannie criminelle des Assad, est soit dans l'une, soit dans l'autre catégorie.