mardi 9 juillet 2013

Des voitures piégées aux baklawas morbides, le Liban est fatigué de la haine ! (Art.163)


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Une voiture piégée à Dahiyé dans le fief du Hezbollah et contre le Hezbollah, des Grad partent de Ballouné, d’autres explosent à Chiyah, des combats de rue sans fin à Tripoli comme à Beyrouth entre milices et bandes armées, des francs-tireurs à Jabal Mohsen, des attaques contre l’armée libanaise à Arsal et à Saïda, des salafistes sans vergogne à Saïda comme à Tripoli, une bastonnade mortelle devant l’ambassade d’Iran à Beyrouth, des accusations de traitrise, des calomnies à tout va, des insultes qui fusent sous pression, une agressivité verbale sans égale, des distributions de baklawas morbides à la mort de Gebran Tuéni et à la prise de la ville de Qousseir par des sympathisants du Hezb, quatre suspects dans l’assassinat d’un ancien Premier ministre déposent leurs vacances d’été en toute quiétude, l’hégémonie d’un parti théocratique sur l’avenir d'un pays tout entier, j’en passe et des meilleures. Ne l’oublions jamais, la haine prend au Liban mille et une formes. Parfois, elle est bien déguisée, d’autrefois, elle est vulgaire. Des fois, elle est plus bête que méchante, et d’autres fois, elle est terrifiante et meurtrière. Elle sème la terreur dans le cœur des gens, quand elle ne récolte pas la vie des paisibles citoyens, comme aujourd'hui à Dahiyé.
 

Comme un couteau dans une plaie, les images de la violence de ce mardi, l’explosion d’une voiture piégée sur un parking de la banlieue sud de Beyrouth, faisant 53 blessés, comme celles qui l’ont précédé à Saïda, à Tripoli, à Arsal et à Beyrouth, mais aussi comme celles de Qousseir et de Homs en Syrie où le Liban est impliqué malgré lui par la volonté du Hezbollah, comme celles en cours de montage par les terroristes de tout poil, me remuent au plus profond de moi. Elles me rappellent avec agacement et une grande colère, que 38 ans après ce funeste 13 avril 1975, la guerre civile au Liban continue de plus belle, comme si de rien n’était, comme si certains acteurs, des grands connaisseurs pourtant, n’avaient rien appris de la tragédie libanaise.

El yom, khedo 3a ta7alil ! Moi, je n’en ai aucune envie. Heik, une envie d'être bref. Ecrasé par la chaleur et par l’écœurement, je suis plus préoccupé par la pastèque que je viens d’acheter. Sera-t-elle sucrée ou pas ? Rez2alla 3a iyam « 3al sekkin ya battikh » que j'entendais quand j'étais petit, insouciant, au bon vieux temps d'avant la guerre ! Comme souvent depuis que j’ai dépassé les 125 cm, je regrette d’être né dans ce pays nommé Liban. J’aurai préféré même ne pas savoir où il se situe sur la carte. Késs ékhta malla balad, c’est fatiguant d’être Libanais ! J'en ai ras-le-bol d'avoir à expliquer incessamment à mes amis étrangers, le pourquoi du comment au pays du Cèdre. Et je l'explique très bien, ma3lé, contrairement à la niaiserie chauvine qui exploite à outrance la boutade de l'historien français Henri Laurens : « Si vous avez compris quelque chose au Liban, c'est qu'on vous l'a mal expliqué ». Foutaises. Bass, c’est épuisant à la longue. Aujourd'hui, l'explication est élémentaire comme à l'accoutumée. Certes, aucun pays ne peut empêcher les actes terroristes sur son sol. Mais, une chose est sûre et certaine: el balad yallé 7doudo wou siyadto séydé, bé3allem el ness 3alerhébb ! Eh oui, l’attentat odieux de la banlieue sud de Beyrouth, que rien ne peut justifier, nous rappelle, pour la énième fois, que le pays qui ne contrôle pas ses frontières, privatise sa souveraineté et ne cherche pas à étendre cette dernière sur tout son territoire, sera toujours le théâtre de tragédies. Seul l’Etat libanais, intransigeant sur sa souveraineté, et une politique étrangère effectivement neutre, peuvent garantir la sécurité de tous les citoyens et résidents du Liban, quelles qu'elles soient leurs tendances politiques.

Si le cœur de certains au Liban et dans ce monde -il serait fastidieux d'en dresser une liste complète, et il y en a partout- est rempli de haine, leur esprit animé par un totalitarisme, et leur vie dominée par un insatiable désir de revanche et de vengeance, mon cœur est rempli de fraternité, mon esprit animé par la liberté et ma vie dominée par un insatiable désir de justice. Il en est de même pour un grand nombre de Libanais et citoyens de ce monde, fort heureusement. Malgré la douleur de chaque tragédie, on ne peut pas se laisser guider par un instinct primaire et primitif. Seule la raison, permet d’échapper à la folie des hommes. Comme le disait si bien Gandhi : « Le monde est fatigué de la haine ». Le Liban, ainsi que le Moyen-Orient, tout particulièrement.