dimanche 28 avril 2013

Un vent anti-démocratique à décorner les bœufs ! Walid Joumblatt et les cocus du 14 Mars (Art.138)


Non seulement il a retiré la majorité parlementaire au 14 Mars, le 12 janvier 2011, obligeant le Premier ministre Saad Hariri à remettre les rênes du pouvoir au parti chiite dont quatre membres sont accusés par le Tribunal Spécial pour le Liban de l’assassinat de son père, Rafic Hariri, et à s’exiler.

Non seulement il est resté dans le gouvernement de Najib Mikati et a gardé de solides liens avec la milice du Hezbollah après l’assassinat de Wissam el-Hassan le 19 octobre 2012, malgré l’appel du 14 Mars à la démission du gouvernement.

Non seulement il a tout fait depuis un an et demi pour saboter toute entente sur un projet de loi électorale juste et moderne qui privilégie la petite circonscription et la proportionnelle et améliore la représentativité parlementaire des électeurs libanais, notamment chrétiens.

Non seulement il a déposé les candidatures de son parti sur la base de la loi de 1960 le jour même où les partis chrétiens suspendaient leur soutien au projet de loi orthodoxe, afin d’imposer un état de fait, et rendre les discussions sur une nouvelle loi électorale inutiles et stériles.

Eh voilà que nous apprenons que Walid Joumblatt vient de saisir le Conseil constitutionnel d’un recours en invalidation de la loi votée par le Parlement libanais il y a un peu plus d’une semaine qui suspend jusqu’au 19 mai le délai électoral. Rappelons que cette suspension d’un mois a comme seul objectif de donner du temps aux partis politiques sincères, ce qui exclut d’emblée l’opportuniste de Moukhtara, pour trouver un compromis sur une nouvelle loi électorale et en finir une fois pour toutes avec l’archaïque loi de 1960. Parmi les signataires de cette demande, on retrouve sans surprise le bloc de Walid Joumblatt, Ghazi Aridi, Akram Chehayeb, Nehmé Tohmé, Élie Aoun, Alaëddine Terro et Waël Bou Faour, mais aussi Farid Makari, Ahmad Karamé et... Marwan Hamadé. D’accord ! En tout cas, le Conseil constitutionnel se réunira dès demain pour examiner le recours du Beik. Il dispose d’un délai d’un mois pour statuer.

Les signataires se sont mobilisés soi-disant « pour préserver la vie démocratique et constitutionnelle dans le pays et non pas pour défendre une loi électorale déterminée ». Foutaise ! Bande d’hypocrites classe AAA, vous prenez les Libanais pour des abrutis ! Voilà par exemple ce que pense cet esprit socialiste progressiste de la petite circonscription, « Ce n’est pas opportun pour les habitants de la Montagne (il fait allusion à la seule communauté druze, bien entendu!) et pour le PSP (Parti Socialiste Progressiste) ». Quant à la proportionnelle, « Je n’en veux pas, quelle que soit sa forme, parce qu’elle me prend pour cible ». En fait, le Beik craint dans toute réforme électorale que son hégémonie sur la vie politique libanaise, ne soit réduite en peau de chagrin. Toute loi électorale, autre que celle de 1960, dégonflerait son bloc parlementaire, en lui faisant perdre les députés non-druzes et en ouvrant la communauté druze à la concurrence interne. La bonne représentativité des électeurs libanais, notamment chrétiens, il n’en a cure.

Rappelons par ailleurs, que la loi de 1960 qui divise le Liban en 26 grandes circonscriptions, convient à tout le monde, sauf aux électeurs chrétiens. Elle permet aux partis musulmans de contrôler l’élection du 3/4 du Parlement libanais, dont la moitié des députés chrétiens, pas dans l’autre sens. Tenez par exemple, un candidat chrétien d’Aley, n’a aucune chance d’être élu s’il n’est pas agréé par le Beik parce que les druzes, 52% du caza d’Aley, votent en bloc selon la direction indiquée par la girouette de Moukhtara.

Alors, vous comprenez mieux maintenant les raisons de la précipitation de l’opportuniste chef du bloc du Front de lutte nationale pour saisir le Conseil constitutionnel. Il a un triple objectif :
- éviter d’arriver au vote du Parlement sur le projet de loi orthodoxe, son cauchemar absolu ;
- saboter toute possibilité d’entente sur une nouvelle loi électorale, sa vive crainte ;
- garder la loi électorale en vigueur, la loi de 1960, ad vitam aeternam, son souhait profond.

Si aucune loi électorale n’est adoptée dans les prochaines semaines par la sous-commission électorale, Nabih Berri est censée convoquer le Parlement souverain du Liban le 15 mai, pour que les 128 députés de la nation se prononcent sur le seul projet de loi électorale qui a été accepté par la majorité des membres de cette sous-commission, le projet de loi orthodoxe. Il pourrait naturellement ne pas le faire et violer une nouvelle fois la démocratie libanaise, rendant ipso facto la loi électorale actuelle, celle de 1960, applicable aux prochaines élections législatives. Il n’en est pas à sa première violation en 21 ans de règne. Et ne vous inquiétez pas, cela n’empêchera pas celui qui a fermé l’Assemblée nationale pendant un an et demi pour des raisons opportunistes, de dormir sur ses deux oreilles.

Que dire de plus, si ce n’est qu’en pleine saison du Printemps arabe, il y a un vent anti-démocratique à décorner les bœufs qui souffle au Liban actuellement ! Il ne revient pas au 14 Mars cocufié par Walid Joumblatt -et qui ne semble en tirer aucune leçon apparemment de la mésaventure qu’il a eu avec lui entre 2005 et 2013- de se plier aux desiderata du Beik. Mais c’est à cet homme versatile et opportuniste de supplier les leaders du 14 Mars d’accepter de le reprendre dans les rangs du 14 Mars et sous les conditions du 14 Mars. Hélas, on observe que c’est exactement l’inverse qui se produit en ce moment. Walid Joumblatt est le sable mouvant, et tout ce qui est bâti sur du sable mouvant s’écroulera. Saad Hariri est bien placé pour le savoir. Si les armes du Hezbollah posent un problème à la souveraineté nationale, les turpitudes de Walid Joumblatt posent un énorme problème à la démocratie du Liban. Il est temps que les Libanais et leurs leaders en tirent les conséquences qui s’imposent. La première étant de se débarrasser de cette loi féodale d’un autre âge, la loi électorale de 1960, une loi rejetée fermement par les partis politiques chrétiens, et mollement par les partis politiques sunnites et chiites, mais rejetée quand même ! Seul le leader druze Walid Joumblatt lui reste fermement attacher. Comme celle-ci lui donne un poids électoral sans commune mesure avec la réalité, il se permet de tenir les deux camps politiques, 14 Mars et le 8 Mars, par les cornes. Et au-delà, il tient notre démocratie en otage. Et pendant ce temps, le vent souffle, un vent anti-démocratique à décorner les bœufs et les cocus aussi !  


Mise à jour 29.4.2013

L'obstacle aujourd'hui pour doter le Liban d'une loi électorale moderne, et en finir avec la loi féodale de 1960, porte un nom: Walid Joumblatt! Eh oui, ce n'est ni Geagea, ni Hariri, ni Gemayel, ni Berri, ni Aoun, ni Nasrallah, ni personne d'autre. Notre démocratie est prise en otage. 

علمت صحيفة “النهار” ان رد نواب “جبهة النضال الوطني” على الرئيس نبيه بري في شأن الطرح الانتخابي الذي قدمه لرئيسها النائب وليد جنبلاط في اجتماعهما الاخير في عين التينة سيكون سلبياً، وقد وصلت أصداؤه الى مقر الرئاسة الثانية أمس من خلال بعض اشارات الرفض، وسيتأكد هذا الجواب اليوم عند استقبال بري الوزير وائل ابو فاعور

وفي المعلومات ان مشروع بري يقوم على المختلط في قسمين: 55 الى 60 في المئة اكثري شرط ان يكون اقتراع الناخب بصوت واحد (one man one vote)
ويبقى 40 الى 45 في المئة للنسب

samedi 27 avril 2013

Les drones Ayoub se suivront et se ressembleront jusqu’à « La Victoire divine 2 » (Art.137)


Eh oui, les drones Ayoub se suivent et se ressemblent ! Il y a deux jours, Israël a annoncé avoir abattu un drone par un chasseur F-16 au large des côtes israéliennes. Sept mois après Ayoub I, voilà donc l’affaire Ayoub II. Etant donné le fiasco de l’opération, le drone ayant été intercepté au-dessus de la mer à 5 milles nautiques des côtes de Haifa (plus de 9 km!), le Hezbollah a évidemment démenti l’information. Il n’y avait pas de quoi pavoiser cette fois-ci ! La FINUL, larguée comme à l’accoutumée et comme pour Ayoub I, n’a rien vu et n’a rien entendu.

Pour ceux qui ont raté le 1er épisode, petit rappel. Le 6 octobre dernier un drone non identifié est abattu dans l’espace aérien israélien. Quelques jours plus tard, Hassan Nasrallah défraye la chronique en annonçant aux Libanais et au monde que c’est bien le Hezbollah qui a envoyé cet appareil dénommé Ayoub au-dessus de la « Palestine occupée » et que celui-ci ne sera pas le dernier. L’affaire Ayoub fut présentée comme un exploit sur le plan national, sur le plan technique et sur le plan stratégique, alors qu’il n’en était rien comme je l’ai détaillé dans l’article « Ya sabrak ya Ayoub, face à l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah et des sympathisants du Hezbollah (Art.83) ». La prétendue « milice d’Allah » tente désespérément et depuis toujours, de vendre aux Libanais l’idée que son arsenal sert non seulement à défendre le Liban mais aussi et surtout à dissuader les Israéliens d’attaquer le pays. Les drones Ayoub s’inscrivent dans cette stratégie. Foutaise, évidemment !

En tout cas, on a appris par la suite de l’affaire Ayoub I, au cours du mois de novembre 2012 et de janvier 2013, que le président libanais Michel Sleiman a adressé une vive protestation à son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour l’envoi de ce drone en Israël à partir du Liban. Il était irrité par le fait  que la milice chiite ne s’était pas donné la peine de l’informer. En effet, elle n’avait pas prévenu ni le gouvernement libanais, ni le ministre de la Défense, ni le commandant de l’armée libanaise, ni personne de l’Etat libanais ! Pire, la milice chiite n’a même pas jugé utile de transmettre les informations recueillies par le drone à l’état-major de l’armée libanaise, par manque de confiance sans doute. Elle s’est limitée de les envoyer à la République islamique d’Iran, de l’aveu même des Iraniens. Michel Sleiman considéra l’attitude du Hezbollah comme « une ignorance des sentiments des Libanais et de leur attachement à leur souveraineté nationale ». Et comment ! On ne peut éprouver que du mépris pour quiconque préfère transférer les clichés d’une opération d’espionnage à un pays étranger au lieu de les remettre à l’armée de son propre pays.

Pas besoin d’être un nase devin comme Michel Hayek, pour prédire l’avenir. D’ailleurs, le Haaretz affirme que selon des sources de l’armée israélienne, la milice libanaise dispose d’une dizaine de drones déjà. Aujourd’hui, le peuple libanais doit savoir que cette mascarade continuera. Il doit être pleinement conscient de ce que l’Iran et le Hezbollah lui préparent en coulisse à travers les affaires Ayoub : un remake de la guerre de juillet 2006, « La Victoire divine 2 » ! La première nous a coûté la moitié de notre PIB, 3 % côté israélien, celle-là risque d’emporter la totalité de notre économie ou ce qui en reste. C’est une question de timing, de bon timing, selon le bon vouloir du Wali el-Fakih, le Guide suprême de la République islamique d’Iran, ayatollah Ali Khamenei.

Ainsi, les Ayoub se suivront et se ressembleront, jusqu’à « La Victoire divine 2 », le funeste remake de la guerre de juillet de 2006 tant que l'Etat libanais ne se décidera pas à mettre un terme à cet Etat dans l'Etat! Plus que jamais la souveraineté libanaise est violée de l'intérieur avant même de l'être de l'extérieur par nos voisins. En intervenant à sa guise en Israël (en juillet 2006, comme en octobre 2012 et en avril 2013) et en Syrie (en combattant aux côtés du régime alaouite, opérations confirmées et reconnues depuis plusieurs mois), mais aussi sur le sol européen comme ce fut le cas en Bulgarie (attentat contre un bus transportant des touristes israéliens en juillet dernier), et ailleurs dans le monde, le Hezbollah met en danger le Liban tout entier, la population libanaise dans son ensemble, la communauté chiite comprise.

Qui osera mettre un terme à l’Etat dans l’Etat et de quelles façons? Telles sont les questions aujourd’hui. Le reste n’est que palabres. C’est regrettable de constater que 38 ans après, on se pose encore et toujours la même question. En 1975, ce fut les Kataeb, les Ahrar, Horass el-Arz et Tanzim. Ils se sont opposés à l’Etat palestinien installé dans l’Etat libanais. Ils étaient obligés de le faire par les armes, hélas. Malgré 7 ans de guerre entre 1975 et 1982, l’intervention nuisible de l'armée syrienne du 1er tyran des Assad, la puissance de feu de l’armée israélienne et l’invasion de 1982 (soit dit au passage, Tsahal fut accueillie avec le sourire et le riz par la population chiite du Sud, tellement celle-ci était excédée par les agissements des fédayins !), les guerres des camps entre la milice de Nabih Berri et les milices palestiniennes, les camps palestiniens sont toujours là, 450 000 réfugiés palestiniens s’y entassent, les armes aussi. L’armée libanaise n’a pas droit de cité, l’Etat libanais non plus. Ta2ahab ! Makanak rawwi7.

Alors je répète, qui osera mettre un terme à l’Etat du Hezbollah dans l’Etat du Liban et de quelles façons ? En 2006, Michel Aoun ne s’est pas contenté de signer un « pacs politique » avec Hassan Nasrallah. Depuis, il a eu maintes fois l’occasion de renouveler le blanc-seing qu’il a accordé à la milice chiite. Wou fi bélad 2art el 7aké, on se demande si le 14 Mars veut bien le faire, en proposant un programme clair et concret dans ce sens, ou souhaite-t-il continuer à palabrer et attendre les miracles de l'au-delà de nos frontières, de l’Est, comme du Sud ? Il ne faut pas se leurrer, personne ne fera le boulot à notre place. Le Parlement libanais et les députés de la nation sont souverains, pas le Hezbollah et ses miliciens. Le 14 Mars ferait bien de s’en souvenir, la veille des élections, au lieu d’avoir comme seule préoccupation du moment de griller le temps pour que ces dernières aient lieu sous l’archaïque loi électorale de 1960 et espérer revenir au pouvoir grâce à une girouette ! Pirouette pathétique.

lundi 22 avril 2013

La propagande de Michael Young contre les Forces libanaises : des couleuvres difficiles à avaler (Art.136)


Michael Young est contre le projet de loi orthodoxe. Il n’est pas le seul. Michael Young ne semble pas porter les Forces libanaises (FL) et les Kataeb dans son cœur. C’est son droit. Michael Young est de mauvaise foi. Il est là le problème. Je ne répondrai pas en détail à son article publié le 19 avril sur le site Now Lebanon (14 Mars) : Played for fools. Geagea is in a tough spot (Pris pour des imbéciles. Geagea dans une situation difficile), Georges Melhem, du service de la communication du parti des FL, s’en est chargé avec pertinence et ironie : The Lebanese Forces Communication Department Responds to Michael Young’s article. J’aimerai seulement aborder quelques points où l’on prend Michael Young, de père américain et de mère libanaise, en flagrant délit de malhonnêteté par mensonge, le manquement déontologique le plus grave pour un journaliste qui prétend avoir l’esprit et la plume indépendants.

Passons tout d’abord mourour el kiram sur l’abus de superlatifs propres à la propagande et sur cette haine sous-jacente des Forces libanaises et de Samir Geagea, que certains ont du mal à contenir. Je cite : « They (the Lebanese Forces and the Kataeb) have been played for fools by Hezbollah, Parliament Speaker Nabih Berri, and Michel Aoun... What is most disturbing is that the LF, from the start, was dishonest about their intentions toward the Orthodox proposal... From a Christian perspective, Geagea has won nothing... The Christians are still paying a heavy price for the rivalry between Geagea and Aoun, as if one bout of communal self-destruction were not enough... As if we were not wise to the sly political calculations of the Lebanese Forces leader. » Toutes ces tournures ne doivent rien au hasard. Elles reflètent l’anti-forces-libanaisisme primaire de Michael Young. Mieux vaut ne pas s’attarder sur ces généralités vaseuses qui n’apportent rien au débat. Allons donc à l’essentiel dans l’intérêt de notre pays.

Dans toute action « militante », pour utiliser un mot politiquement correct, ou de « propagande », ta n2oula bel mchabra7, on retrouve une clé de voute et des piliers. Malgré le fait que l’article de Michael Young est décousu et contient des contradictions évidentes, il n’échappe pas à cette règle.

Commençons par les piliers sur lesquels Michael Young a bâti son article. Ces piliers, construits presque à l’identique, s’apparentent à un leitmotiv politique. Il s’agit d’une idée récurrente qui revient sans cesse. Michael Young, en bon Libanais qu’il est, veut nous l’imposer, beddo yécharébna yaha bel ma3él2a Allah wakilkoun! Lisez, vous comprendrez tout de suite. « They (the Lebanese Forces and the Kataeb) will have to admit that they ran into a trap, led to endorse a proposal (Orthodox) that would break March 14 apart and prevent it from winning a parliamentary majority... The Lebanese Forces and Kataeb are denying March 14 a victory through an attitude that may carry Lebanon into a destabilizing political void... Having been drawn out into a limb, the Lebanese Forces and Kataeb then decided to saw it off by declaring that they would not participate in elections held on the basis of the 1960 law... The parties' attitude will lead to a vacuum if no alternative election law can be agreed, the decision is astonishingly reckless... The stupidity of the Lebanese Forces and Kataeb is painful to watch. At a moment when the overriding necessity, in light of the Syrian conflict, was to gain a parliamentary majority for March 14, or at least prevent Hezbollah from doing so, the two parties preferred to pursue their own trifling agenda. » On ne peut pas être plus clair. Par ce leitmotiv, Michael Young veut détourner l’attention des lecteurs des revendications démocratiques légitimes défendues par les Forces libanaises et les Kataeb pour améliorer la mauvaise représentation chronique des électeurs libanais où un quartet d’hommes musulmans, Hariri-Joumblatt-Berri-Nasrallah, décide du ¾ du Parlement libanais, dont la moitié des députés chrétiens. Information que Michael Young ne juge pas utile de communiquer à ses lecteurs. Il n’en dit pas un mot, naturellement, obnubilé par débiter ses « stupidités ». Au passage, Michael Young ne peut point ignorer que ce qui a brisé le 14 Mars ce sont les coups de poignard de Walid Joumblatt depuis août 2009, dont le dernier en date, le 12 janvier 2011, a permis au Hezbollah de prendre les rênes du pouvoir de Saad Hariri. Il a bien raison, les stupidités sont « paintful to watch » !

La clé de voute est l’élément le plus important de l’édifice de Michael Young. Cet élément permet de comprendre le but principal de l’article du journaliste de Now Lebanon. « Since that law (1960) is one of the few means that March 14 has of gaining a majority in parliament ». Eh bien, là aussi, on ne peut pas être plus clair! Cette phrase clé n’a qu’un but, faire croire aux (é)lecteurs libanais que seule la loi de 1960 permettrait au 14 Mars de gagner les élections. Ainsi, Michael Young souhaite clairement que les prochaines élections législatives se déroulent sous la loi de 1960. Ce que le journaliste de Now Lebanon s’est bien gardé de préciser à ses lecteurs, c’est que par son soutien explicite à la loi de 1960, comme jadis toutes les forces politiques non chrétiennes, Courant du Futur compris (qui a toutefois assoupli sa position intransigeante du départ), il se retrouve avec Walid Joumblatt dans les derniers retranchements des défenseurs de cette loi d’un autre âge. Rappelons au passage aussi, que le Beik est le seul à s’être empressé de déposer les candidatures de son bloc politique aux élections législatives justement sous la loi archaïque de 1960, il y a quelques jours, le jour même où les Forces libanaises, ont proposé lors de la réunion des leaders chrétiens à Bkerké, de suspendre l’appui au projet de loi orthodoxe. Cela devrait permettre d’évaluer la sincérité des uns et des autres dans la volonté de trouver une alternative sérieuse à la loi de 1960. Une information que Michael Young a zappé, évidemment.

Outre le fait que les allégations électorales du journaliste du (Lebanese) Daily Star, ressemblent aux prévisions à la Michel Hayek, et peuvent se révéler aussi foireuses que celle de la fin du monde prévu par les Mayas, tout le monde l’a compris, Michael Young voudrait pousser les (é)lecteurs libanais à déduire deux choses:
1. En réclamant une loi électorale qui améliore la représentation des électeurs libanais, Samir Geagea pourrait être responsable de la déroute du 14 Mars aux prochaines élections législatives. Ce sont les piliers de l’article de Michael Young. C’est ce qu’on appelle en psychologie, le « conditionnement » des cobayes-lecteurs-libanais, pour les préparer à avaler des couleuvres.
2. Les prochaines élections législatives doivent se dérouler sous la loi de 1960, qui est la meilleure qui soit. C’est la clé de voute de l’article de Michael Young, les couleuvres de Michael Young, la finalité même de la propagande de Michael Young.

La propagande est selon le dictionnaire, « la diffusion d'idées auprès d'un large public, destinée à lui faire adopter certaines opinions politiques et à influencer ses choix électoraux et son comportement social ». C’est à cette manœuvre malhonnête et méprisable que s’est livrée Michael Young dans son dernier article. Rappelons en effet, que la loi de 1960 qui divise le Liban en de grandes circonscriptions, convient à tout le monde, sauf aux partis chrétiens. Elle permet aux partis musulmans de contrôler l’élection de la moitié des députés chrétiens, pas dans l’autre sens. Alors qu’un candidat chrétien dans la région d’Aley par exemple, ne peut pas être élu s’il n’est pas agréé par le Beik parce que les druzes, 52% du caza d’Aley, votent en bloc selon la direction indiquée par la girouette de Moukhtara, Michael Young trouve que, « The reality is that both Geagea and the Kataeb have tied themselves up in knots through their maneuvering, and the Lebanese in general as well as Christians in particular lose from their choices. » « Choices », c’est c’là oui ! Eh bien, on ne dirait pas que nous vivons dans le même pays Mister Young ! Pire, alors que les électeurs chrétiens des régions mixtes, du Sud, du Nord, de l’Est et même de Beyrouth, ne se donnent même plus la peine de se déplacer dans les bureaux de vote, le journaliste américain s’inquiète avec une naïveté surprenante, « How are Christians living in mixed districts to fare when two of their leading communal political parties are pursuing greater isolation? Did Geagea and the Gemayels think of them at all when they approved of the Orthodox proposal? » Geagea et les Gemayel, des « isolationnistes », le mot qui tient à cœur de Walid Joumblatt, n’est-ce pas ! Comment diable un journaliste peut-il ignorer que si on est arrivé là, c’est justement parce que les électeurs chrétiens des régions mixtes sentent au fil des élections, que leurs voix ne servent absolument à rien, tout est décidé  par le quartet musulman. Marhaba ta3éyoch Mister Young ! Il y a encore pire. Tout le monde sait que chiites, sunnites, druzes et chrétiens, « votent en bloc » et depuis des lustres aux seuls candidats de leur communauté et aux candidats des autres communautés uniquement s’ils sont alliés à leur communauté. Cette situation est si absurde qu’on peut dire que la loi de 1960, transforment les élections législatives en « désignations législatives ». Elle constitue un terrain d’épanouissement de l’esprit de la loi orthodoxe : elle perpétue la pratique du vote en bloc pour les seuls candidats de sa communauté et uniquement pour les « alliés de force » de sa communauté ! Voilà la triste réalité de notre démocratie. Elle a étrangement, et naturellement, échappé à Michael Young. Tout en soutenant cette loi archaïque, alors que Samir Geagea est déterminé à l’abolir, Michael Young a le culot de préciser, « How odd to hear Geagea speak about revitalizing the Lebanese state when he now backs a plan that will only further break up the state. » Il n’y a pas à dire, l’hypocrisie schizophrénique fait des miracles !

Eh bien, après la lecture de l’article polémique, on se demande pourquoi un journaliste aussi informé que Mister Young, n’a pas osé préciser que Saad Hariri et Walid Joumblatt sont toujours attachés à la loi de 1960, parce qu’ils craignent que si les électeurs chrétiens retrouvaient leur indépendance et si le vote était restreint aux électeurs de leur communauté respective, sunnites et druzes, ils risqueraient de perdre la moitié de leurs blocs parlementaires. Voilà une autre réalité amère, que Michael Young a zappé. Et tout ce que l’on dit en dehors de cela, n’est qu’un bordel de foutaises.

Aujourd’hui, ce qui semble choquer une partie des Libanais ce n'est pas la tare de notre système électoral et la violation à répétition de la démocratie libanaise, caractérisée par la mauvaise représentation parlementaire des électeurs libanais en général, chrétiens en particulier, mais la légalisation d'un code électoral des usages actuellement suivi scrupuleusement par les électeurs libanais, toutes communautés confondues, à toutes les élections : voter uniquement pour sa communauté et aux alliés de force de sa communauté, l'esprit de la loi orthodoxe, actuellement en cours. Pathétique. Faut-il vraiment rappeler qu’une loi électorale n’a pas vocation à faire gagner un homme, un parti ou un camp, encore moins à perpétuer une tare électorale, comme le souhaite Michael Young, mais à améliorer le plus possible la représentativité parlementaire, comme le réclame Samir Geagea précisément, et  comme le demandent les partis chrétiens réunis à Bkerké ? Etant américain, Michael Young le sait. Il n’aurait pas dû l’ignorer. C’est le but des élections au sens noble du terme. Rien ni personne n’est au-dessus de la démocratie.

Certes, la meilleure loi électorale, selon les normes démocratiques occidentales, se base sur la circonscription uninominale. Mais, quand je pense qu’on n’arrive même pas à diviser le Liban en 50 circonscriptions, projet proposé par les Forces libanaises et refusé par le quartet musulman à l’unanimité, je me dis qu’il n’y a pas de doute, nos élections ne sont que des mascarades démocratiques. Diviser le Liban en 128 circonscriptions, prête au sourire, cela relève de l’utopie. Tous les projets en discussion tournent autour du découpage électoral du pays du Cèdre en une trentaine de circonscriptions, bien en deçà du projet des FL. Par comparaison, la loi de 1960 divise le Liban en 26 circonscriptions seulement ! Tout est là, la messe est dite. Cette loi féodale par essence, convient à tout le monde sauf aux communautés chrétiennes. Certaines forces du pays, comme Walid Joumblatt, veulent garder leur poids politique au détriment des autres et plus grave encore, au détriment de la démocratie !

samedi 13 avril 2013

La leçon de démocratie qui domine les leçons de guerre (Art.134)


13 avril 1975 - 13 avril 2013: 38 ans de guerre, sous toutes les formes ! La guerre libanaise, au singulier comme au pluriel, est censée nous avoir appris beaucoup de choses. Loin des considérations mielleuses à l’orientale, du genre « tout le monde il beau, tout le monde il est gentil », nous étions des anges et c’était la guerre des autres chez nous, pêle-mêle, j’en vois pas mal de ces leçons de guerre.

« Le Liban est plus qu’un pays, le Liban est un message » (Jean-Paul II), et il le restera ; le Liban est unique puisqu’il est parmi les très rares pays du monde où musulmans et chrétiens cohabitent tant bien que mal, à égalité et depuis des lustres ; la cohabitation inter-religieuse n’est pas un long fleuve tranquille ; les esprits libanais sont communautaires jusqu’à la moelle ; la lutte de pouvoir est féroce ; tout est un rapport de force ; tout le monde fonctionne par intérêt ; la naïveté conduit à des catastrophes ; NUL NE PEUT IGNORER LES REVENDICATIONS DE L'AUTRE sans conséquences malheureuses ; nul ne peut éliminer tous ses adversaires ; la guerre n’est pas une solution ; les armes tuent ; toutes les guerres finissent mal ; la patrie n’est pas plus reconnaissante du sacrifice de ses enfants que les gens ; les guerres du Liban ne sont pas encore terminées ; la terreur a ses limites ; personne n’est éternelle ; « personne n’est plus grand que son pays » (Rafic Hariri) ; le 14 mars 2005 est une date à usage unique ; les assassinats politiques sont infâmes ; « la vérité est comme le soleil, elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder » (Victor Hugo) ; l’amnésie est tout aussi commode que la schizophrénie ; le Liban sans ses politiciens ne seraient pas forcément dans un meilleur état ; les hommes politiques sont à l’image du peuple ; nous ne connaîtrons pas de paix civile sans entamer une révolution religieuse contre le Front des soutanes unies ; l’attente passive est le plus mauvais des plans d’action ; les miracles n’arrivent jamais ; compter sur les pays étrangers c’est bâtir des châteaux en Espagne ; il faut retrousser ses manches pour construire l’avenir ; tôt ou tard les élections ont lieu ; et justement, à propos, seules les élections législatives bouleverseront la donne libanaise. Alors parlons-en.

4 hommes musulmans -Saad Hariri, Walid Joumblatt, Nabih Berri et Hassan Nasrallah- choisissent pratiquement les 3/4 des 128 parlementaires libanais, dont la moitié des députés chrétiens, et on prétend avoir une démocratie saine.

44% des électeurs d’Aley sont chrétiens (et 52% sont druzes), ce caza de plus de 100 000 habitants n'étant qu'un exemple parmi d'autres, mais n'arrivent pas à faire élire un seul député les représentant qui ne soit pas agréé par la girouette de Moukhtara, et on prétend organiser des élections libres.

96%, ou presque, des électeurs de chaque communauté libanaise votent en bloc uniquement aux candidats de leur communauté et à ceux qui sont associés à la leur, et on feint d'ignorer que le corps électoral libanais est malade de communautarisme.

100% des Libanais qui souhaitent se marier dans leur pays sont obligés de le faire religieusement -c'est à peine si une minorité ose demander timidement le mariage civil facultatif, et une infime minorité dont je fais partie, réclame haut et fort le mariage civil obligatoire- et on espère naïvement déconfessionnaliser les esprits un jour et en finir avec le vote en bloc des communautés libanaises.

Vous le voyez bien, cher(e)s ami(e)s et cher(e)s compatriotes, notre démocratie malsaine est caractérisée par des élections biaisées, à cause du communautarisme ambiant, dans un pays où l'on ne fait rien, absolument rien, pour déconfessionnaliser les esprits. Voilà pourquoi j’ai écrit : les guerres du Liban ne sont pas encore terminées. Et puisqu'il en est ainsi, et tant que le mariage civil n'est pas rendue obligatoire et l'état civil libanais relève du Front des soutanes unies, les esprits sont et resteront communautaires. Tout homme politique responsable doit prendre note de ce constat. Alors que faire à partir de là ?

Il est déplacé de parler d'élections législatives avec la loi électorale actuelle. En effet, sous la loi de 1960, il serait judicieux d’évoquer les « désignations législatives ». Cette loi en vigueur convient parfaitement aux communautés musulmanes -sunnite, chiite et druze- mais absolument pas aux communautés chrétiennes, comme on l'a vu précédemment. L'ironie de l'histoire, c'est que la loi de 1960 permet au communautarisme libanais de s'épanouir. La meilleure ! La preuve étant le « vote en bloc » des électeurs libanais, toutes communautés confondues, constaté à chaque élection.

Les opposants au « vote intracommunautaire » ne se rendent pas compte, inconsciemment pour certains, consciemment pour d'autres, sincèrement pour les premiers, hypocritement pour les seconds, que l'esprit de la « loi orthodoxe », voter uniquement pour sa propre communauté, est déjà appliquée de facto et depuis des lustres, grâce à la « loi de 1960 ». Ya 3ein! Pire, comme le vote des électeurs est étendu aux "alliés" de sa communauté, cela oblige les candidats qui ne font pas partie de la communauté, et qui voudraient se faire élire, de s'allier ou disons-le franchement de demander obédience à la communauté dominante. On peut donc dire que la loi de 1960 permet à celui qui domine démographiquement de dominer politiquement, sa propre communauté et les autres communautés de la circonscription. Bonjour l'expression démocratique, la diversité politique et la représentativité parlementaire! Ma cha2a Allah.

Aujourd'hui, ce qui nécessaire et pressant c'est plutôt d'en finir avec l'archaïque loi électorale de 1960, que de s'opposer au "projet" de loi électorale du Rassemblement orthodoxe, qui a été retiré des discussions par les partis politiques chrétiens lors de la dernière réunion de Bkerké, en signe de bonne volonté, afin de lui trouver une alternative sérieuse, et vérifier la sincérité de tous les acteurs. Le plus grave pour le Liban et sa vie politique, ce n'est pas de faire voter une loi électorale qui "légalise" le vote intracommunautaire, qui n'est rien d'autre qu'une sorte de fédéralisme du vote -on est vraiment loin des arguties de la terreur intellectuelle à laquelle sont soumis les défenseurs de cette loi- mais de perpétuer cette violation répétitive de notre démocratie, par la loi de 1960: la mauvaise représentation parlementaire des électeurs libanais, notamment chrétiens.

Toute violation de la démocratie au Liban et de la volonté de sa population dans ses différentes composantes, est une guerre contre les Libanais, une prorogation de la guerre du 13 avril 1975, une guerre en gestation. C’est LA principale leçon de démocratie qui domine les leçons des guerres libanaises. Quiconque s’oppose au projet de loi orthodoxe et au vote intracommunautaire, doit doublement s’engager dans :
1. L'abolition définitive de la loi de 1960 par le vote d'une nouvelle loi électorale juste, équitable et démocratique, qui améliorera la représentativité parlementaire.
2. La déconfessionnalisation effective des esprits libanais, par le vote du mariage civil obligatoire entre autres, seule à même de corriger réellement et pour longtemps la tare de la démocratie du pays du Cèdre.
Et tout ce qui est en dehors de ces deux points n’est que arét 7aké fi bélad arét el 7aké... des palabres au pays des palabres !