lundi 22 avril 2013

La propagande de Michael Young contre les Forces libanaises : des couleuvres difficiles à avaler (Art.136)


Michael Young est contre le projet de loi orthodoxe. Il n’est pas le seul. Michael Young ne semble pas porter les Forces libanaises (FL) et les Kataeb dans son cœur. C’est son droit. Michael Young est de mauvaise foi. Il est là le problème. Je ne répondrai pas en détail à son article publié le 19 avril sur le site Now Lebanon (14 Mars) : Played for fools. Geagea is in a tough spot (Pris pour des imbéciles. Geagea dans une situation difficile), Georges Melhem, du service de la communication du parti des FL, s’en est chargé avec pertinence et ironie : The Lebanese Forces Communication Department Responds to Michael Young’s article. J’aimerai seulement aborder quelques points où l’on prend Michael Young, de père américain et de mère libanaise, en flagrant délit de malhonnêteté par mensonge, le manquement déontologique le plus grave pour un journaliste qui prétend avoir l’esprit et la plume indépendants.

Passons tout d’abord mourour el kiram sur l’abus de superlatifs propres à la propagande et sur cette haine sous-jacente des Forces libanaises et de Samir Geagea, que certains ont du mal à contenir. Je cite : « They (the Lebanese Forces and the Kataeb) have been played for fools by Hezbollah, Parliament Speaker Nabih Berri, and Michel Aoun... What is most disturbing is that the LF, from the start, was dishonest about their intentions toward the Orthodox proposal... From a Christian perspective, Geagea has won nothing... The Christians are still paying a heavy price for the rivalry between Geagea and Aoun, as if one bout of communal self-destruction were not enough... As if we were not wise to the sly political calculations of the Lebanese Forces leader. » Toutes ces tournures ne doivent rien au hasard. Elles reflètent l’anti-forces-libanaisisme primaire de Michael Young. Mieux vaut ne pas s’attarder sur ces généralités vaseuses qui n’apportent rien au débat. Allons donc à l’essentiel dans l’intérêt de notre pays.

Dans toute action « militante », pour utiliser un mot politiquement correct, ou de « propagande », ta n2oula bel mchabra7, on retrouve une clé de voute et des piliers. Malgré le fait que l’article de Michael Young est décousu et contient des contradictions évidentes, il n’échappe pas à cette règle.

Commençons par les piliers sur lesquels Michael Young a bâti son article. Ces piliers, construits presque à l’identique, s’apparentent à un leitmotiv politique. Il s’agit d’une idée récurrente qui revient sans cesse. Michael Young, en bon Libanais qu’il est, veut nous l’imposer, beddo yécharébna yaha bel ma3él2a Allah wakilkoun! Lisez, vous comprendrez tout de suite. « They (the Lebanese Forces and the Kataeb) will have to admit that they ran into a trap, led to endorse a proposal (Orthodox) that would break March 14 apart and prevent it from winning a parliamentary majority... The Lebanese Forces and Kataeb are denying March 14 a victory through an attitude that may carry Lebanon into a destabilizing political void... Having been drawn out into a limb, the Lebanese Forces and Kataeb then decided to saw it off by declaring that they would not participate in elections held on the basis of the 1960 law... The parties' attitude will lead to a vacuum if no alternative election law can be agreed, the decision is astonishingly reckless... The stupidity of the Lebanese Forces and Kataeb is painful to watch. At a moment when the overriding necessity, in light of the Syrian conflict, was to gain a parliamentary majority for March 14, or at least prevent Hezbollah from doing so, the two parties preferred to pursue their own trifling agenda. » On ne peut pas être plus clair. Par ce leitmotiv, Michael Young veut détourner l’attention des lecteurs des revendications démocratiques légitimes défendues par les Forces libanaises et les Kataeb pour améliorer la mauvaise représentation chronique des électeurs libanais où un quartet d’hommes musulmans, Hariri-Joumblatt-Berri-Nasrallah, décide du ¾ du Parlement libanais, dont la moitié des députés chrétiens. Information que Michael Young ne juge pas utile de communiquer à ses lecteurs. Il n’en dit pas un mot, naturellement, obnubilé par débiter ses « stupidités ». Au passage, Michael Young ne peut point ignorer que ce qui a brisé le 14 Mars ce sont les coups de poignard de Walid Joumblatt depuis août 2009, dont le dernier en date, le 12 janvier 2011, a permis au Hezbollah de prendre les rênes du pouvoir de Saad Hariri. Il a bien raison, les stupidités sont « paintful to watch » !

La clé de voute est l’élément le plus important de l’édifice de Michael Young. Cet élément permet de comprendre le but principal de l’article du journaliste de Now Lebanon. « Since that law (1960) is one of the few means that March 14 has of gaining a majority in parliament ». Eh bien, là aussi, on ne peut pas être plus clair! Cette phrase clé n’a qu’un but, faire croire aux (é)lecteurs libanais que seule la loi de 1960 permettrait au 14 Mars de gagner les élections. Ainsi, Michael Young souhaite clairement que les prochaines élections législatives se déroulent sous la loi de 1960. Ce que le journaliste de Now Lebanon s’est bien gardé de préciser à ses lecteurs, c’est que par son soutien explicite à la loi de 1960, comme jadis toutes les forces politiques non chrétiennes, Courant du Futur compris (qui a toutefois assoupli sa position intransigeante du départ), il se retrouve avec Walid Joumblatt dans les derniers retranchements des défenseurs de cette loi d’un autre âge. Rappelons au passage aussi, que le Beik est le seul à s’être empressé de déposer les candidatures de son bloc politique aux élections législatives justement sous la loi archaïque de 1960, il y a quelques jours, le jour même où les Forces libanaises, ont proposé lors de la réunion des leaders chrétiens à Bkerké, de suspendre l’appui au projet de loi orthodoxe. Cela devrait permettre d’évaluer la sincérité des uns et des autres dans la volonté de trouver une alternative sérieuse à la loi de 1960. Une information que Michael Young a zappé, évidemment.

Outre le fait que les allégations électorales du journaliste du (Lebanese) Daily Star, ressemblent aux prévisions à la Michel Hayek, et peuvent se révéler aussi foireuses que celle de la fin du monde prévu par les Mayas, tout le monde l’a compris, Michael Young voudrait pousser les (é)lecteurs libanais à déduire deux choses:
1. En réclamant une loi électorale qui améliore la représentation des électeurs libanais, Samir Geagea pourrait être responsable de la déroute du 14 Mars aux prochaines élections législatives. Ce sont les piliers de l’article de Michael Young. C’est ce qu’on appelle en psychologie, le « conditionnement » des cobayes-lecteurs-libanais, pour les préparer à avaler des couleuvres.
2. Les prochaines élections législatives doivent se dérouler sous la loi de 1960, qui est la meilleure qui soit. C’est la clé de voute de l’article de Michael Young, les couleuvres de Michael Young, la finalité même de la propagande de Michael Young.

La propagande est selon le dictionnaire, « la diffusion d'idées auprès d'un large public, destinée à lui faire adopter certaines opinions politiques et à influencer ses choix électoraux et son comportement social ». C’est à cette manœuvre malhonnête et méprisable que s’est livrée Michael Young dans son dernier article. Rappelons en effet, que la loi de 1960 qui divise le Liban en de grandes circonscriptions, convient à tout le monde, sauf aux partis chrétiens. Elle permet aux partis musulmans de contrôler l’élection de la moitié des députés chrétiens, pas dans l’autre sens. Alors qu’un candidat chrétien dans la région d’Aley par exemple, ne peut pas être élu s’il n’est pas agréé par le Beik parce que les druzes, 52% du caza d’Aley, votent en bloc selon la direction indiquée par la girouette de Moukhtara, Michael Young trouve que, « The reality is that both Geagea and the Kataeb have tied themselves up in knots through their maneuvering, and the Lebanese in general as well as Christians in particular lose from their choices. » « Choices », c’est c’là oui ! Eh bien, on ne dirait pas que nous vivons dans le même pays Mister Young ! Pire, alors que les électeurs chrétiens des régions mixtes, du Sud, du Nord, de l’Est et même de Beyrouth, ne se donnent même plus la peine de se déplacer dans les bureaux de vote, le journaliste américain s’inquiète avec une naïveté surprenante, « How are Christians living in mixed districts to fare when two of their leading communal political parties are pursuing greater isolation? Did Geagea and the Gemayels think of them at all when they approved of the Orthodox proposal? » Geagea et les Gemayel, des « isolationnistes », le mot qui tient à cœur de Walid Joumblatt, n’est-ce pas ! Comment diable un journaliste peut-il ignorer que si on est arrivé là, c’est justement parce que les électeurs chrétiens des régions mixtes sentent au fil des élections, que leurs voix ne servent absolument à rien, tout est décidé  par le quartet musulman. Marhaba ta3éyoch Mister Young ! Il y a encore pire. Tout le monde sait que chiites, sunnites, druzes et chrétiens, « votent en bloc » et depuis des lustres aux seuls candidats de leur communauté et aux candidats des autres communautés uniquement s’ils sont alliés à leur communauté. Cette situation est si absurde qu’on peut dire que la loi de 1960, transforment les élections législatives en « désignations législatives ». Elle constitue un terrain d’épanouissement de l’esprit de la loi orthodoxe : elle perpétue la pratique du vote en bloc pour les seuls candidats de sa communauté et uniquement pour les « alliés de force » de sa communauté ! Voilà la triste réalité de notre démocratie. Elle a étrangement, et naturellement, échappé à Michael Young. Tout en soutenant cette loi archaïque, alors que Samir Geagea est déterminé à l’abolir, Michael Young a le culot de préciser, « How odd to hear Geagea speak about revitalizing the Lebanese state when he now backs a plan that will only further break up the state. » Il n’y a pas à dire, l’hypocrisie schizophrénique fait des miracles !

Eh bien, après la lecture de l’article polémique, on se demande pourquoi un journaliste aussi informé que Mister Young, n’a pas osé préciser que Saad Hariri et Walid Joumblatt sont toujours attachés à la loi de 1960, parce qu’ils craignent que si les électeurs chrétiens retrouvaient leur indépendance et si le vote était restreint aux électeurs de leur communauté respective, sunnites et druzes, ils risqueraient de perdre la moitié de leurs blocs parlementaires. Voilà une autre réalité amère, que Michael Young a zappé. Et tout ce que l’on dit en dehors de cela, n’est qu’un bordel de foutaises.

Aujourd’hui, ce qui semble choquer une partie des Libanais ce n'est pas la tare de notre système électoral et la violation à répétition de la démocratie libanaise, caractérisée par la mauvaise représentation parlementaire des électeurs libanais en général, chrétiens en particulier, mais la légalisation d'un code électoral des usages actuellement suivi scrupuleusement par les électeurs libanais, toutes communautés confondues, à toutes les élections : voter uniquement pour sa communauté et aux alliés de force de sa communauté, l'esprit de la loi orthodoxe, actuellement en cours. Pathétique. Faut-il vraiment rappeler qu’une loi électorale n’a pas vocation à faire gagner un homme, un parti ou un camp, encore moins à perpétuer une tare électorale, comme le souhaite Michael Young, mais à améliorer le plus possible la représentativité parlementaire, comme le réclame Samir Geagea précisément, et  comme le demandent les partis chrétiens réunis à Bkerké ? Etant américain, Michael Young le sait. Il n’aurait pas dû l’ignorer. C’est le but des élections au sens noble du terme. Rien ni personne n’est au-dessus de la démocratie.

Certes, la meilleure loi électorale, selon les normes démocratiques occidentales, se base sur la circonscription uninominale. Mais, quand je pense qu’on n’arrive même pas à diviser le Liban en 50 circonscriptions, projet proposé par les Forces libanaises et refusé par le quartet musulman à l’unanimité, je me dis qu’il n’y a pas de doute, nos élections ne sont que des mascarades démocratiques. Diviser le Liban en 128 circonscriptions, prête au sourire, cela relève de l’utopie. Tous les projets en discussion tournent autour du découpage électoral du pays du Cèdre en une trentaine de circonscriptions, bien en deçà du projet des FL. Par comparaison, la loi de 1960 divise le Liban en 26 circonscriptions seulement ! Tout est là, la messe est dite. Cette loi féodale par essence, convient à tout le monde sauf aux communautés chrétiennes. Certaines forces du pays, comme Walid Joumblatt, veulent garder leur poids politique au détriment des autres et plus grave encore, au détriment de la démocratie !