lundi 14 octobre 2013

Interview « surréaliste » de Bachar el-Assad au quotidien libanais pro-syrien al-Akhbar (Art.185)


Outre les niaiseries littéraires habituelles, qui pullulent dans la communication de ce régime et de ses vassaux syro-libanais, léghit 2art el7aké almou3tamada 3énid jabhit elsoumoud wal tasaddé wal mouména3a, deux choses étonnent dans cette interview accordée par Bachar el-Assad au quotidien libanais pro-syrien al-Akhbar.

La première concerne les armes chimiques.

الترسانة الكيميائية لا يأسف عليها... يراها سلاحا ردعيا فات زمانه... الكيميائي لا يستخدم إلا كرصاصة أخيرة... عن فوز منظمة حظر الأسلحة الكيميائية بجائز نوبل للسلام، علّق الأسد ممازحاً: هذه الجائزة كان يجب أن تكون لي

Bienvenue dans le monde surréaliste du dernier tyran des Assad. C'est c'ela oui, comme par hasard « arnab el joulén » (le lapin du Golan) ne s'est rendu compte que le million de litres d'armes chimiques de de la Syrie étaient caduques « face à l'arsenal nucléaire d'Israël », qu'au lendemain du massacre de 1 500 personnes de ses compatriotes, dont 400 enfants, attribué par son régime aux « terroristes sans frontières » qui sévissent en Syrie. Vu de près, voici une belle couleuvre difficile à avaler, et vu de loin, en voilà un superbe éléphant rose dans le ciel du Moyen-Orient !

Bachar el-Assad me rappelle le renard de La Fontaine
qui trouvait les raisins qu'il ne pouvait pas cueillir, « trop verts », 7amdine! Lol. Son humour n'y changera rien. Il tente encore désespérément de sauver sa face, plus que son régime qui est condamné à terme, et celle de Poutine, en faisant oublier qu'il a sacrifié son arsenal chimique accumulé sur plus de 40 ans, pas dans un acte spontané de bienfaisance désintéressé,
a3méll kheiriyé 2abel 3id el-ad7a boukra, mais tout simplement pour éviter les frappes occidentales franco-américaines et l'humiliation syro-russe de ne pas pouvoir y faire face si elles avaient eu lieu. En tout cas, ces allégations constituent une preuve de plus que le régime syrien était bel et bien derrière les attaques chimiques du 21 août 2013 à Damas.


L'autre point qui m'a étonné est encore plus surréaliste. Que je vous explique. On a d'une part, une longue interview, qui n'a pas été réalisée à la va-vite, heik 3alméché, au bord de la cuvette des toilettes d'un bunker, entre la pisse du raïss et une salve d'artillerie des apprentis djihadistes. En tout cas, c'est ce que veut faire croire le journal libanais pro-syrien al-Akhbar, mouvance du 8 Mars (dont l'esprit se résume au slogan des manifestations de rassemblement du 8 mars 2005 à Beyrouth, « Merci la Syrie des Assad »), dans une longue introduction où il nous explique en long et en large, autant que de travers, qu'il n'y a pas de « dispositions militaires exceptionnelles » entre le poste frontalier libanais de Masnaa et le palais présidentiel syrien de Damas et que le président syrien reçoit ses invités himself, sourire aux lèvres et assis sur le perron, et qu'il n'hésite pas à faire des blagues pipi-caca-prout, à condition de ne pas les répéter. Enfin, presque, BB caricature, mais pas sur les ordres de « ne pas rapporter ses blagues »! Al-Akhbar veut absolument nous expliquer, bel ma3él2a, que Bachar est particulièrement détendu et contrôle la situation. Voilà, tout cela pour vous dire, qu'à la lecture de cet article, on comprend que les deux protagonistes, l'interviewé et l'intervieweur, avaient tout leur temps pour aborder tous les aspects de la guerre civile en Syrie. Sauf qu'ils ne l'ont pas fait.

Vous saurez au paragraphe suivant de quoi il s'agit. Laissez-moi encore un peu de temps pour vous préparer le terrain. Donc, je continue. On a d'autre part, un interviewé qui s'affiche comme le président légitime de la Syrie, de sa population et de toutes ses communautés (notamment sunnite, maheik ?), confrontée aujourd'hui à une guerre djihadiste internationale, et qui, comme tout le monde le sait, se présentera
« démocratiquement », wallah lol, devant le peuple syrien, encore en 2014, pour renouveler simultanément son mandat présidentiel, ainsi que la confiance que celui-ci lui accorde depuis 13 ans. On a également, un intervieweur, Elie Chalhoub, un journaliste -chrétien comme son prénom le suppose, donc mentalement prédisposé à la « thèse protectionniste » du régime minoritaire alaouite- qui souhaite apparaître comme tous ses confrères je présume, non seulement professionnel mais aussi impartial, digne du quotidien qui l'emploie, en affirmant explicitement qu'il n'y avait « pas de tabou dans la discussion ». 

Eh bien figurez-vous, dans ce long interview, ni l'interviewé ni l'intervieweur, n'a dit un seul malheureux petit mot sur la présence de 2 500 000 de syriens (en chiffres pour mesurer l'ampleur du désastre!) réfugiés à l'étranger, dont 1 250 000 au Liban (un pays au bord de la faillite !), et 4 500 000 de syriens déplacés à l'intérieur de la Syrie. Wlé maa2oul ! Près d'un syrien sur trois a quitté son appartement, sa maison et ses terres, et ni Bachar el-Assad ni al-Akhbar ni Elie Chalhoub, n'a trouvé que ce sujet méritait un seul commentaire rafe3 3atab. Macha2allah, quel président responsable, quel quotidien impartial et quel journaliste pro, c'est impressionnant. Wlé rou7o b7acho jouwar woutommo 7alkoun ! Que le dernier tyran des Assad n'en parle pas de lui-même, et ne présente aucune idée comment il compte agir pour y faire face, c'est logique et prévisible, il ne le fera jamais de son propre gré sachant qu'il est le principal responsable de ce grand désastre et de ce drame humain. Mais, qu'un quotidien libanais d'information et qu'un journaliste libanais professionnel ne le fassent pas, alors que leur pays est au bord de la faillite et coule sous le poids des réfugiés syriens, c'est plutôt louche, et c'est la moindre des choses qu'on puisse dire. Eh oui, ceux qui se ressemblent s'assemblent et vice versa.