dimanche 7 décembre 2014

@JN_Qalamon, @JN_Dimashq, @JnDar3a_2, @S_H_MM : comment se fait-il que les comptes Twitter de Jabhat al-Nosra fonctionnent comme si de rien n’était ? (Art.258)


Avec l’échec d’une énième phase de négociations, qui devait conduire à la libération d’une certaine Joumana Hamid, un nouveau militaire libanais a été exécuté vendredi par une rafale de Kalachnikov dans la tête, par les terroristes du Front al-Nosra. Ces derniers prétendent défendre « ahel al-sounna », les musulmans sunnites au Liban comme en Syrie, dans la ville de Tripoli, à la prison de Roumieh et par-delà les montagnes du Qalamoun. On sait que ces allégations sont secondaires pour l’organisation syrienne. Non seulement tuer des détenus est une violation grave de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, mais les ignares devraient savoir qu’il est strictement interdit dans l’islam de tuer les captifs. Leurs principaux objectifs au Liban sont liés à l’intervention de la milice chiite du Hezbollah aux côtés du régime alaouite de Bachar el-Assad et au maintien de leur emprise sur la ville sunnite de Ersal. Indépendamment de la justesse de la première revendication de ce groupe terroriste, à savoir le retrait de la milice chiite du Hezbollah de la Syrie, cet acte n’en demeure pas moins pour autant, infâme et odieux. Certes, l’enlisement criminel du Hezbollah aux côtés du dernier tyran de Damas dans la guerre civile syrienne, est révoltant. Mais, rien, absolument rien, ne pourra justifier les actes terroristes d’al-Nosra au Liban, les attentats-suicide et les exécutions sommaires, lâches et barbares, de militaires libanais que l’organisation détient, encore moins la prise en otage actuelle, de la ville libanaise de Ersal, qui a eu la bonté d’héberger les leurs.

A propos de Ersal, depuis l’enlèvement des militaires libanais par Jabhat al-Nosra au milieu de l’été, et le groupe terroriste réclame la libération de Joumana Hamid. Dernièrement, le 28 novembre, l’organisation terroriste donna même 8 heures au gouvernement libanais pour libérer leur chouchoute. En vain. Mais alors, pourquoi diable le gouvernement obtus de Tammam Salam n’a pas répondu favorablement aux barbus ? Est-ce par misogynie ? Ah, c’est un peu plus compliqué que cela. Joumana Hamid est une libanaise sunnite de 32 ans, originaire de Ersal, qui vivait jusqu’au déclenchement de la révolution syrienne de divers trafics entre le Liban et la Syrie, comme celui des cuivres. On dit que c’est une femme de caractère et qu’elle s’est faite une petite fortune, ce qui lui a permis de goûter au luxe des nouvelles voitures. Après la mort de son frère dans la guerre syrienne aux côtés des rebelles lors de combats avec le Hezbollah, elle s’est radicalisée petit à petit, au point de se spécialiser dans l’import-export de voitures piégées. Et alors qu’elle se trouvait au volant de l’une d’elle, et s’apprêtait à la livrer à un kamikaze qui se croit en transit terrestre vers le Paradis, elle sera arrêtée en février 2014 sur un barrage militaire dans la région de Ersal, grâce aux services de renseignement de l’armée libanaise. Soupçonnée d’être impliquée dans plusieurs attentats terroristes qui ont ensanglanté le Liban, elle risque la peine de mort. Et justement, il parait qu’Abbas Ibrahim, le directeur général de la Sûreté générale, aurait prévenu Jabhat al-Nosra, que si Ali Bazzal est assassiné, Joumana Hamid sera exécutée par la Justice libanaise. Mais bon sang, dans quelle galère se trouve notre pauvre Liban ! Dans ce sillage, rappelons que les autorités libanaises ont récemment arrêté Soja Doulaïmi, l’ex-femme de l’usurpateur du califat, Abou Bakr el-Baghdadi, et l’épouse du terroriste hybride Daech-Nosra, el-bandou2 Abou Ali el-Chichani. Eh bien, au moins sur le plan terroriste, les quotas féminins sont respectés au Liban.

Le meurtre gratuit d’Ali Bazzal, un sergent des forces libanaises de sécurité intérieure de confession chiite, par ces extrémistes sunnites syriens -qui a entrainé en représailles, l’assassinat par des inconnus d’un Libanais de confession sunnite- aussi triste soit-il, doit renforcer la détermination du gouvernement libanais de Tammam Salam sur deux plans : d’une part, à lutter de pied ferme contre le terrorisme du front syrienne d’al-Nosra au Liban, qui s’autorise à qualifier l’armée libanaise de « milice » et à exécuter les soldats libanais innocents comme des criminels dans une double violation des droits de l’homme et de l’islam, et d’autre part, à contenir le terrorisme du Hezbollah libanais en Syrie, qui combat la communauté sunnite syrienne et nourrit par conséquent, la haine et la cruauté de l’organisation syrienne à l’égard des militaires libanais rendus complices par la force des choses. Ce dernier point exige comme on le sait, le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière syro-libanaise et sa contrôle d’une main de fer, dans les deux sens. Pour l’instant, le gouvernement libanais ne le fait que partiellement et dans un seul sens. La milice chiite continue sa libre-circulation entre le Liban et la Syrie. Les dernières batailles de ce weekend font état d’une douzaine de miliciens tués dans « l’accomplissement de leur devoir djihadiste », un euphémisme pour éviter de dire à la communauté chiite libanaise, que ces jeunes compatriotes sont morts en tentant de sauver la tyrannie des Assad et sur ordre du Guide suprême de la République islamique d’Iran.

Il serait donc illusoire d’espérer mettre fin aux actes terroristes des « djihadistes sunnites syriens » sur le territoire libanais, tant que les « djihadistes chiites libanais » s’autorisent des actes terroristes sur le territoire syrien. Baddo yekoun el wa7ad me3mé el alb, pour ne pas voir l’évidence d’une telle équation. La tragédie d’Ali Bazzal, suivie de l’assassinat primitif d’un jeune sunnite, nous apporte une nouvelle preuve que le Hezbollah est responsable indirectement du sort des militaires libanais kidnappés par les deux organisations terroristes syriennes, Daech et al-Nosra.

Pour ce qui de la lutte contre al-Nosra justement, il y a beaucoup à dire. Sur ce point, on ne peut qu’être en colère, très en colère. Jabhat al-Nosra est un groupe djihadiste, essentiellement syrien, même s’il intègre dans ses rangs beaucoup de djihadistes étrangers. Il ne s’est imposé dans la guerre civile syrienne qu’après les libérations par le dernier tyran des Assad des islamistes emprisonnés par le régime alaouite lors de mascarades amnisties. Assad junior est le digne héritier d’Assad senior ! Par son allégeance à l’organisation terroriste al-Qaeda, le groupe est parfois désigné sous le sigle AQAL (al-Qaeda au Levant). Il souhaite imposer à la société syrienne une charia stricte, rejetant la démocratie qui serait « la religion des impies ». Il a bénéficié des largesses de ressortissants islamistes du Koweït et des Emirats. Il contrôle même certains puits de pétrole actuellement.

Ses méthodes opératoires, qui englobent notamment le recours aux attentats-suicide et aux exécutions sommaires, ont poussé le Conseil de sécurité de l’ONU et la plupart des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et même la Turquie, à placer Jabhat al-Nosra sur la liste des organisations terroristes. Le 11 juillet 2014, son chef, al-Joulani, a annoncé ses intentions de créer un Emirat islamique au Levant. Trois semaines plus tard, le 2 août 2014, en coordination avec l’autre organisation terroriste « l’Etat islamique », al-Nosra attaque lâchement et par surprise, des positions de l’armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure dans la Bekaa, entrainant la mort d’une vingtaine de militaires libanais et le kidnapping d’une trentaine par les deux organisations terroristes. A ce jour, deux militaires libanais ont été exécutés par les terroristes de Daech (par décapitation, le 30 août et le 6 septembre), et deux autres par Jabhat al-Nosra (par balles, le 19 septembre et le 5 décembre).

Et voici ce qui me rend fou de rage. Comment se fait-il que le compte Twitter d’al-Nosra « @JN_Qalamon », qui a revendiqué l’exécution du militaire libanais, fonctionne encore au surlendemain de cet acte de barbarie, plus de 36 heures après les faits ? Comment se fait-il que le rajout d’un simple sous-tiret à « JNQalamon » ou le changement d’emplacement des lettres « JN », permet à cette organisation terroriste d’avoir pignon sur les réseaux sociaux de nouveau, comme si elle avait un casier criminel vierge et comme si elle n’avait pas tué plusieurs militaires libanais auparavant et exécuté un soldat libanais sommairement le 19 septembre, ce qui constitue un crime de guerre ? Comment se fait-il que 20 jours après son ouverture, le 17 novembre, « @JN_Qalamon », le nouveau compte de l’organisation terroriste de Jabhat al-Nosra fonctionne comme si de rien n’était ? Comment se fait-il que le compte terroriste « @JN_Qalamon » ait pu tweeter à 28 reprises, dont la menace de mort contre le policier libanais, Ali Bazzal, le 28 novembre, et l’exécution proprement dite le 5 décembre, sans s’en inquiéter pour autant ? Comment se fait-il que tous les comptes islamistes de Jabhat el-Nosra fonctionnent et sont connectés entre eux, sans la moindre difficulté : @JN_Qalamon, @JN_Dimashq, @JN_Hama, @JnHoms, @JnHalab, @Idlib_JN, @Latakia_JN, @Deirzoor_Jn, @JnDar3a_2, @S_H_MM ? 


Certes, la traque des terroristes sur les réseaux sociaux n’est pas une mince affaire. Ce qui est valable pour Twitter, l’est aussi pour Facebook et YouTube bien entendu. Il suffit d’ajouter une lettre ou un signe aux identifiants, pour créer de nouveaux comptes de propagande. Mais, dans cette bataille, on oublie un détail capital. La fermeture d’un compte de réseaux sociaux, implique la perte de tous les abonnés à ce compte. Eh oui, un compte de propagande tout seul, ne sert à rien, c’est autant crier sa rage devant le miroir de sa salle de bain ou pisser dans un violon. Il ne suffit pas d’en ouvrir un, il faut avoir des réseaux de relais de la propagande. Tout môme ayant grandi dans la nature comme moi le sait : une araignée met des jours avant de reconstruire la toile qu’on a saccagée. Ceci étant, comment se fait-il que le compte-mère de Jabhat al-Nosra, @S_H_MM, soit en activité interrompue depuis le 28 août 2014, qu’il ait pu envoyer 1 369 tweets à ses 24 302 abonnés, sans la moindre inquiétude pour l’instant, alors que l’organisation terroriste peut être poursuivie pour crimes de guerre pour l’exécution sommaire des militaires libanais ? Compter sur l’hiver pour transformer les terroristes d’al-Nosra et de Daech, reclus dans la haute montagne de l’Anti-Liban, en stalagmites, est loin d’être une bonne stratégie pour libérer nos militaires kidnappés et expulsés les intrus djihadistes du territoire libanais. Il est temps qu’une cellule spécialisée libanaise traque plus efficacement ces terroristes sur le réseau Twitter. Fermer les comptes des réseaux sociaux des organisations terroristes telles que Daech / Etat islamique et Jabhat al-Nosra, fait partie de la guerre, qu’il faut mener en collaboration avec les puissances arabes et occidentales, et gagner à tout prix. Le même raisonnement peut s'appliquer au régime alaouite de Bachar el-Assad et à la milice chiite du Hezbollah. Mais là, c'est une autre affaire et c'est beaucoup plus compliqué à réaliser.

samedi 22 novembre 2014

Dernière ruse de Nabih Berri pour éviter l’élection de Michel Aoun ou de Samir Geagea comme président de la République libanaise (Art.255)


El-Estèz, Nabih Berri, prétend en cette triste journée du 22 novembre, où les festivités pour la 71e commémoration de l’Indépendance ont été annulées à cause de la vacance « notre candidat est connu ». résidentielle, « qu’un nouveau président de la République peut être élu sous 36 heures si les Maronites se mettent d’accord ». J’adore ! A part les hypocrites de haut rang, tout le monde sait que le blocage de l’élection présidentielle au Liban vient des « Chiites ». Tout le monde, mais c’est sans compter sur ejtihadd el-estèz Nabih. Selon le prisme du président du Parlement libanais, since 1992, ça serait la faute des « Maronites ». C’est malin sans doute, mais c’est de la part d’un vieux renard faiblard en fin de règne.

Passons sur le fait que cette élection concerne indirectement tous les Libanais et pas seulement les Maronites du pays du Cèdre. De la part du plus confessionnel des communautaires, une telle déclaration n’est point étonnante. Ya dawlet el ra2iss, mais ces « Maronites » sont d’accord, bordel ! Samir Geagea est le candidat unique déclaré du 14 Mars depuis plus de six mois. Michel Aoun est soi-disant le candidat unique du 8 Mars. Implicitement puis explicitement, enfin, d’après les déclarations des uns et des autres, il l’est aujourd’hui. Tous les députés du 14 Mars se sont rendus à toutes les séances électorales depuis le 25 mai. Une douzaine de séances au total, boycottées toutes, à part la première, par les députés du 8 Mars. Elément nouveau, et de taille, Michel Aoun a proposé il y a quelques jours, de participer à la prochaine séance électorale, si et seulement si, le choix se limiterait à deux noms : Samir Geagea et Michel Aoun.

Certes, on peut avoir des réserves sur cette initiative du Général. Ne serait-ce que d’un point de vue démocratique. Mais bon, vu le merdier dans lequel nous pataugeons, et pas qu’en politique, nous ne pouvons plus se payer le luxe de l’exigence démocratique. Il faut absolument débloquer la situation au lieu d’attendre passivement, preuve suprême de l’immaturité politique, l'évolution des négociations sur le dossier nucléaire iranien, la suite de l’interminable guerre civile en Syrie et la nouvelle "décoration Halloween" de la Maison Blanche dans deux ans. Cette proposition a le mérite, à condition que son initiateur soit sincère - je crois qu'il l'est- et qu’elle soit prise au sérieux par la classe politique libanaise -ce qui n'est pas le cas et c'est bien dommage!- de pouvoir débloquer la situation. La preuve, ce n’est pas par hasard, que le vieux renard a cherché par la déclaration d’aujourd’hui, à torpiller l’initiative du général Michel Aoun.

Si je me montre quelque peu enthousiaste, c’est parce que je suis certain que cette initiative allait conduire, à placer le tandem chiite, Hassan Nasrallah et Nabih Berri, au pied du mur de l’hypocrisie. Les leaders de la communauté chiite libanaise n’auraient jamais joué le jeu démocratique, selon les règles fixées par la Constitution libanaise, en participant à une élection présidentielle au suffrage parlementaire, s’il y avait ne serait-ce qu’une chance infinitésimale que l’un des deux leaders forts de la communauté chrétienne soit élu comme président de la République libanaise.

Heureusement, j’ai une myriade d’articles pas très tendres avec le Général, qui me protègent des accusations de complaisance avec Michel Aoun. La vérité doit être dite aux Libanais, au moins en cette journée symbolique. Le tandem chiite, Hezbollah-Amal, ne veut pas, sous aucun prétexte et dans n'importe quel contexte, d’un chrétien fort à la tête de l’Etat libanais. Il n’est pas seul dans cette campagne. Les druzes non plus. Walid Joumblatt fait tout son possible pour bloquer l’arrivée d’un chrétien fort à la haute magistrature. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la mascarade du leader druze qui tente depuis des mois, en vain, de commercialiser auprès de Saad Hariri, le leader de la communauté sunnite libanaise, la candidature de l’insipide Henri Helou. Désolé de rappeler aussi dans le contexte historique du témoignage poignant du martyr-vivant du 14 Mars devant le Tribunal Spécial pour le Liban, que c’est dans ce cadre aussi qu’il faut placer le « choix paradoxal et inexpliqué » de Marwan Hamadé -homme politique druze et proche collaborateur pendant longtemps de Walid Joumblatt- de ne pas voter pour le candidat Samir Geagea, lors de la 1re séance électorale au Parlement libanais.

Qu’importe ce qui sépare Samir Geagea de Michel Aoun -c’est secondaire étant donné le verrouillage de l’élection présidentielle libanaise par les partis politiques chiites et druzes- Hassan Nasrallah et Nabih Berri, ainsi que Walid Joumblatt, cherchent à empêcher à tout prix l’élection d’un de ces deux hommes de caractère, comme président de la République libanaise. Pour Samir Geagea, c’est une évidence qu’il n’est pas besoin de développer. Pour Michel Aoun, la situation est aussi d’une clarté éblouissante.

Le Hezbollah n’en veut pas du Général
. Pendant de longs mois, la milice chiite disait, « notre candidat est connu ». Lol, comprendre par-là, on n’en a pas pour l’instant, et ce n’est surement pas Michel Aoun. Si le Hezb voulait Michel Aoun, il aurait fait exactement ce qu’a fait le 14 Mars il y a belle lurette, en adoptant la candidature de Samir Geagea, bien avant l’expiration du mandat de Michel Sleiman et en osant se présenter aux séances électorales parlementaires. Or, Hassan Nasrallah n’a adopté la candidature de Michel Aoun pour son retour au palais présidentiel de Baabda que très tardivement, après cinq mois de vacance présidentielle et plus d’une douzaine de séances électorales, lorsqu’il s’est assuré de l’improbabilité d’un tel événement.

Le 2e élément qui prouve que le chef du Hezbollah est hypocrite dans ce dossier, vient de Michel Aoun lui-même. Eh oui ! La proposition d'Aoun, annoncée il y a deux jours, de limiter les candidatures à l’élection présidentielle aux noms de Michel Aoun et de Samir Geagea, vise à couper l’herbe sous les pieds du duo chiite, Nasrallah-Berri et de la girouette druze, Joumblatt. Eh oui, du côté du 14 Mars, il n’y a qu’un candidat, depuis plus de 6 mois, c’est Samir Geagea. Donc l’initiative du Général s’adresse essentiellement à ses alliés hypocrites. J’adore. Pour une fois, Michel Aoun me fait bien sourire. En effet, il craint d'aller aux séances électorales parlementaires et d’être poignardé par « ses amis » du 8 Mars, le trio Nasrallah-Berri-Joumblatt, et spécialement par le Hezbollah, les guillemets s’imposent bien entendu. Et ce n’est pas Voltaire qui lui aurait conseillé le contraire. Ni Rafic Hariri d'ailleurs. Eh oui, le Général doit bien se dire en ce moment, « mon Dieu, gardez-moi de mes amis ; de mes ennemis, je m'en charge ».

Par conséquent, il est grand temps que Michel Aoun et ses députés, ainsi que les militants et les sympathisants chrétiens du Courant patriotique libre, se rendent compte qu’ils ne gagneront rien de leur positionnement contre-nature au sein du 8 Mars, notamment de leur alliance avec la milice chiite du Hezbollah. Non seulement ils n’ont rien gagné depuis 2006, mais ils furent contraints durant les huit dernières années à défendre l’indéfendable. Le Hezbollah n'a pas voulu se montrer reconnaissant avec Michel Aoun. Au Général d’en prendre acte.

mercredi 5 novembre 2014

Nouveau record pour Michel Aoun : il est aujourd’hui impliqué dans 99,55 % des 1104 jours de vacance du pouvoir au Liban (Art.251)


Non, on ne peut plus continuer comme ça. Je vous dois ce coming out. J’avoue que j’ai tout tenté pour devenir « aouniste ». Mais, je n’y suis pas arrivé. Depuis 1984 que je m’efforce de croire en cet homme, en vain. Depuis trente ans j’essaie de regarder et d’écouter le général au cours de ses innombrables conférences de presse et de ses mémorables crises de nerfs. Sans succès. Je l'ai suivi au cours de ses guerres foireuses, pendant son exil doré, à son retour louche et depuis son positionnement contre-nature. Sans succès. J’ai essayé de le regarder en coupant le son. Sans succès. J’ai essayé de l’écouter sans le regarder. Sans succès. J'ai essayé de le lire ou de le sentir. Sans succès. La seule méthode qui semble donner un soupçon de résultat pour l’instant, gardons-nous de tout enthousiasme juvénile ou herbacé débordant, c’est celle de ne pas l'écouter et de ne pas le regarder. Besm el2abb wal eben wal rou7 elqodoss ! Mais qu'est-ce qui peut bien se passer au juste dans la tête de cet homme en ce matin du 5 novembre où la République libanaise se retrouve à un tournant historique où elle risque pour la première fois de son existence, le vide législatif ?

Jamais de mémoire d’homme, nulle part ailleurs et avec personne d’autre, l’hypocrisie politique n’a atteint une telle perfection et une telle ampleur qu’avec Michel Aoun, au Liban et en ce moment. Tous les leaders libanais sans exception sont peut-être en deçà des espérances du peuple libanais. J’ai aucun mal à le concevoir. Il est difficile aussi d’être pour la prorogation du mandat du Parlement libanais. Je le comprends parfaitement, cela va sans dire. Des députés qui ne sont pas capables en près de 5 ans et demi -il ne faut pas oublier qu’ils sont là depuis 2009 quand même!- de mettre un terme à la loi électoralo-féodale de 1960, de voter une nouvelle loi électorale moderne (la circonscription électorale uninominale par exemple ou même le tirage au sort dans les listes électorales comme je l'ai déjà prôné dans le passé !) et d’organiser des élections législatives à la suite, sont des incapables qui doivent être éconduits aujourd’hui plutôt que demain. Seul fait d’armes remarquable de ce Parlement chétif c’est de s’être autoprorogé de 17 mois en juin 2013, sur une proposition de loi présentée par celui qui pense que « les droits de l’homme et l’environnement sont des suppositoires inventés par l’Occident », Nicolas Fattouche, te7milit zahlé pour les intimes. Ah pardon, j’ai oublié un autre fait d’armes du Parlement libanais, le vote de la libéralisation des loyers anciens au Liban lors du sprint législatif du poisson d’avril en 2014, qui conduira à terme, si cette loi est appliquée (trois articles doivent être revus par les autoprorogés représentants du peuple, à moins qu'ils ne se ressaisissent et n'abolissent cette loi stupide), à l’expulsion de la classe moyenne ainsi que des natifs de Beyrouth de leur ville (autour d’un million de personnes sont concernées au Liban), et au sacrifice de la capitale libanaise sur l’autel du capitalisme sauvage et des promoteurs sans scrupules. Aux Beyrouthins et Beyrouthines qui résisteront, le vacarme des chantiers sans fin !

Ceci dit, peut-on mettre tout le monde dans le même sac ? Sûrement pas. Avec toutes les données politiques à notre disposition, nous pouvons établir sans difficulté le classement des responsabilités des uns et des autres concernant la situation politique pourrie que nous vivons actuellement. Dans cette entreprise, le Hezbollah est évidemment hors concours. Une milice armée jusqu’aux dents, illégale, dont l'existence même est en violation de l'accord de Taëf (et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU), qui appelle à l'établissement d'un « Etat islamique » au Liban (dans un livre édité à sept reprises entre 2002 et 2010, mar7aba Daech), qui ne répond pour les questions stratégiques qu’au Guide suprême de la République islamique d’Iran (wali el faqih, selon ses propres aveux), qui est accusée de l'assassinat d'un ancien Premier ministre du Liban (Rafic Hariri, procès en cours), et qui a jeté tout un pays et son peuple dans la guerre civile syrienne (aux côtés de la dynastie tyrannique des Assad), se trouve de facto et de loin, en haut du classement. Pour le reste, les choses sont également d’une clarté éblouissante.

S’il y a prorogation du mandat du Parlement libanais, c’est parce qu’il n’y aura pas d’élections législatives. Et s’il n’y aura pas d’élections législatives, c’est parce qu’il n’y a pas eu de nouvelle loi électorale. Et s’il n’y a pas eu de nouvelle loi électorale, c’est parce qu’il n’y a pas d’entente sur le prochain président de la République. Et s’il n’y a pas d’entente sur le prochain président de la République, c’est parce qu’un homme, Michel Aoun (un mortel comme les autres, et plus que les autres vu son âge), et son allié islamiste chiite, Hassan Nasrallah (un autre mortel comme les autres en dépit de son jeune âge, son turban noir et son titre de sayyed qui en font de lui un soi-disant descendant de Mahomet), ne veulent pas jouer le jeu démocratique. C’est aussi simple que ça. Et tout aussi consternant.

Voilà plus de 250 articles que je combats le populisme avec des faits, quand certains combattent les faits avec du populisme. Chacun sa stratégie. Michel Aoun est un populiste depuis qu’il est entré dans la sphère publique il y a trente ans. Sa performance politique récente n’étonne pas ceux qui le connaissent bien et depuis longtemps. Il y a quelques mois, j’ai écrit un article sur la vacance présidentielle libanaise. Le présent article est un complément d’enquête où les données que j’avais mentionnées sont mises à jour. Pour résumer, sachez que le Liban a connu quatre périodes de vacance présidentielle : sous Fouad Chehab (5 jours en 1952), sous Michel Aoun (la2 mich smiyo lal général, c'est le général lui-même ; 751 jours entre 1988-1990), sous Fouad Siniora (183 jours entre 2007-2008) et sous Tammam Salam (165 jours en 2014). Ainsi, al-joumhouriyat al-loubnaniyat a été sans président de la République, officiellement ou de facto, 1 104 jours au total, en 70 ans d’Indépendance. Wlak aya joumhouriyé, aya mozz, aya ballout !

Comme le montrent des données historiques reportées dans l'illustration du début de l’article, on retrouve le nom du général dans toutes les périodes de vacance du pouvoir au Liban, à l’exception du trou ridicule de 5 jours à l’époque du général Fouad Chehab en 1952. Une simple soustraction fait apparaitre que Michel Aoun est le seul dirigeant politique libanais impliqué dans 1 099 des 1 104 jours de vacance du pouvoir que nous avons connus en 70 ans d’existence de la jeune République libanaise (compteur arrêté au 5 novembre 2014), dont les 2/3 datent de 1988-1990, l'époque où le général était Premier ministre et qu'il a tout fait pour ne pas tenir des élections présidentielles comme l'exigeait sa mission et pour ne pas céder le pouvoir par la suite aux présidents élus (René Mouawad et Elias Hraoui). Soit en tout et pour tout, plus de TROIS ANS de vacance présidentielle, eh na3am. Malgré ce triste record, le général, et certains hypocrites soi-disant démocrates qui se cachent derrière leurs doigts, ont encore le culot de palabrer sur la « constitutionnalité » de la prorogation du mandat parlementaire. C’est hallucinant. Et du haut de ces 81 ans -wou 3ala 7afitt 2abro, b3id el charr 3anno be kel el a7well, mais vu son âge, les Libanais auraient espéré plus de sagesse que d'enfantillage avec les années !- le revoilà depuis plus de cinq mois, avec l’aide de son allié Hassan Nasrallah, il bloque l’élection présidentielle car il n’est pas fichu de s’imposer dans son propre camp - l'histoire écrira qu'il est demeuré le candidat indésirable des forces pro-syriennes et pro-iraniennes du 8 Mars - et de se rendre au Parlement libanais afin de livrer la bataille démocratique de la présidence de la République libanaise, selon la Constitution libanaise, et non en se basant sur des considérations et des interprétations personnelles, au 4e âge s’il vous plaît, contre son pire cauchemar de toujours, Samir Geagea, le candidat désiré du camp des forces souverainistes du 14 Mars.

La 7awla wala qowata ella bellah ! Pour libérer la République libanaise du chantage politique infantile du général, Michel Aoun doit être déclaré inéligible par ces collègues, une fois pour toutes, car il est impliqué dans 99,55 % des vacances du pouvoir au Liban, ce qui représente une violation très grave de la Constitution libanaise, et pose un problème éthique et moral quant à son élection, la sama7 Allah. Indépendamment de nos divisions politiques et des programmes électoraux des uns et des autres, comment élire quelqu’un qui détient ce triste record sachant que tout président fraichement élu de par les articles 49 et 50 de la Constitution de la République libanaise « prête serment de fidélité à la Constitution, promet d'observer la Constitution et s'engage à veiller au respect de la Constitution »? Impossible. On ne pourra pas faire confiance à cet homme. Ainsi, il est grand temps de considérer qu'il existe une incompatibilité entre Michel Aoun et la Constitution libanaise. Le général doit donc être déclaré inapte à devenir le 13e président de la République libanaise, et cet article considéré comme 3élm wou khabar. Et qu'on en finisse, basta cosi.

vendredi 24 octobre 2014

Que risque le député Nicolas Fattouche après l'agression d'une employée du Palais de justice: le châtiment brésilien, ukrainien, autrichien ou libanais? (Art.248)


QUESTION POUR UN CHAMPION (ou une championne bien entendu, soyez concentrés, l'énoncé est long) 

Que risque Nicolas Fattouche, "député  grec-catholique" de Zahlé (since 1992, hélas), "docteur en droit" (lol), "respecté pour son érudition juridique" (là, je suis mdr), "ancien ministre d'Etat aux Affaires parlementaires et ancien ministre du Tourisme" (tu parles, un sinistre oui), "qui s'est fait souvent connaitre pour ses volte-faces"  (bel mchabra7, heidé besammouwa kharyané, comme lors de la prorogation du mandat d'Emile Lahoud en 2004, l'opposant farouche est devenu favorable en quelques jours), "impliqué dans des dossiers de corruption" (enfin Wikipédia dit quelque chose de sensé), extracteur de pierre à ses heures perdues (vive la cohérence de carrière), multimillionnaire et pas loin d'être demi-milliardaire en dollars svp (grâce à l'Etat libanais pour service rendu à la défiguration du paysage libanais), grassement indemnisé après l'arrêt de ses kessarett (eh kesssss ékhet el satlané, wlé 3a chou 3taïtou plusieurs centaines de millions de dollars, ma3'2oul ), et qui s'est permis d'agresser une employée du Palais de justice à Baabda il y a quelques jours parce qu'elle n'a pas reconnu sa tronche de cake et l'a fait patienter quelques minutes dans son bureau, un crime de lèse-majesté selon le Code féodal de l'énergumène en question? Hett ta nchouf, que risque-t-il au pays du Cèdre ? 

QCM (réponse multiple, sans pénalité en cas d'erreur) 

1. Le châtiment brésilien: être attaché en haut d'un poteau électrique, comme cet élu municipal.  
2. Le châtiment ukrainien: être jeté au fond d'une benne à ordures, comme ce député.  
3. Le châtiment autrichien: être sélectionné comme partenaire du travesti Conchita Wurst, victoire de l'Eurovision, pour jouer un remake oriental de Basic Instinct.  
4. Le châtiment libanais: voir son mandat parlementaire prorogé d'un mandat entier de quatre ans.

ACHTUNG

La question est de savoir ce qu'il risque et non ce qu'il mérite. Hahaha, sinon ça serait trop facile, wa ektada el tawdi7.
 
INDICE
 
Nicolas Fattouche est l'auteur du projet de loi portant sur la prorogation du mandat du Parlement libanais du 20 juin 2013 au 20 novembre 2014. 

REPONSE
 
Dans la malheureuse tentative du zozo de Zahlé hier pour redorer son blason, il y a un moment qui a retenu mon attention plus que les autres. C'est lorsque Nicolas Fattouche sort l'argument à cinq piastres de tout coupable qui ne s'ignore pas : "je ne l'ai pas frappée car les Zahliotes sont connus pour respecter les femmes". Raté mon vieux. 

Ma défunte mère, paix à son âme, avait coutume de me prévenir, ntebeh ya bb, fi ness metel ba3ed el ichya, bet7ottoun 3al raff, bterja3 betlé2iyoun bein el sramé (il y a des gens qui sont comme certains objets, tu as beau les mettre sur l'étagère, tu les retrouves toujours entre les chaussures). Eh oui, Nicolas Fattouche a beau être docteur en droit, ancien ministre et député de la nation depuis des décennies, il se comporte encore à 71 ans comme une racaille. Il a cherché à impressionner les quelques journalistes présents lors de sa conférence de presse hier en martelant "je suis le ministre, le député, le docteur, l'avocat, le professeur d'université et le législateur". Wlak tozz !  En tout cas, c'est à croire qu'au Liban, ce n'est pas incompatible avec le fait d'être une racaille. 

A défaut de mobilisation des Libanais, à l'instar des Brésiliens et des Ukrainiens, et comme Conchita Wurst a décliné ma proposition indécente, le zozo de Zahlé ne risque que le châtiment libanais, au moins pour l'instant. Tout un symbole de cette dérive grave vers l'impunité qu'on observe au Liban. Enfin, à moins que Manal Daou, la fonctionnaire terrorisée par ce féodal des temps modernes, maintenant qu'elle est rassurée par le ministre de la Justice, Achraf Rifi, ne trouve le courage et ne se décide à porter plainte contre son agresseur. En tout cas, une enquête ministérielle est en cours, malgré l'immunité du "député". 

Dans tous les cas, il y a peu d'espoir de voir cette immunité levée par un Parlement qui ne parvient pas à se réunir depuis cinq mois, ne serait que pour élire un président de la République. Sachez aussi que Nicolas Fattouche vient d'être radié du tableau de l'Ordre des avocats au Liban. C'est une bonne nouvelle en soi sauf qu'on apprend qu'il l'a été pour faute déontologique -la violation du secret professionnel, en révélant lors de sa conférence de presse que le jour de l'incident, il était chargé par l'épouse du député Michel Pharaon de porter plainte contre son mari pour adultère- et non pour abus de pouvoir et agression physique d'un représentant de l'Etat libanais dans l'exercice de ses fonctions par un membre de l'Ordre des avocats au sein du palais de Justice. Nuance et de taille. En somme et pour l'instant, le zozo de Zahlé cumule l'immunité et l'impunité.

AVERTISSEMENT

Si certains parlementaires libanais protestent à juste titre et à juste raison contre leur assimilation avec Nicolas Fattouche, nos valeureux élus, censés nous représenter, devraient commencer par rejeter cette nouvelle proposition déposée par le zozo de Zahlé himself, le 14 août 2014, visant à proroger le mandat du Parlement libanais, le sien du coup, jusqu'au 20 juin 2017. 

Et de grâce, avant que je n'oublie, si nos valeureux députés sont déterminés à proroger leur mandat malgré une performance médiocre depuis 2009, il faut reconnaitre que nous n'avons plus le choix d'ailleurs, qu'ils choisissent n'importe qui pour cette besogne, mais pas une racaille qui pense que "les droits de l'homme et l'environnement sont des suppositoires inventés par l'Occident". Te7milit za7lé doit sans doute confondre les droits de l'homme et certains hommes de droit. Lahh ya n2oula ma tlakhbitt! 

Toujours est-il que n'importe qui ferait l'affaire. Nawaf el Moussaoui el semmewé, Okab Sakr le fantôme du Parlement, Nayla Tuéni l'invisible ou même Gilberte Zouein la présidente de la commission parlementaire de la Femme, qui serait d'après une source bien informée qui veut garder l'anonymat, aphone en apprenant l'agression féodale et sexiste de Manal Daou. Cetaines mauvaises langues disent que ceci n'a rien avoir avec cette affaire, car de toute façon, peu d'électeurs ont eu la chance de connaitre le timbre de sa voix.

lundi 13 octobre 2014

Quand cheikh Naïm Kassem, qui appelle à fonder un « Etat islamique » au Liban, s’inquiète pour « Jounieh » (Art.247)


Cheikh Naïm Kassem est sans aucun doute un homme intelligent. Ce n’est pas par hasard qu’il est le numéro deux du ‪‎Hezbollah‬. Mais, et ce n’est pas de sa faute, il porte un turban blanc, ce qui signifie qu’il ne descend pas de Mahomet, le Prophète de l’islam. Par conséquent, il est un homme faillible. Ceci dit, on sait que l’habit ne fait pas le moine. La preuve, le turban noir de sayyed Hassan Nasrallah, qui signifie le contraire, ne met pas celui qui le porte, à l’abri des erreurs stratégiques. Toujours est-il que cheikh ‪‎Naïm Kassem‬ nous a récemment gâté avec deux déclarations édifiantes qui confirment que l’homme est bel et bien faillible.

Avec tout ce qui se passe au Moyen-Orient, la première information dont je vous ferai part, est insignifiante pour beaucoup de gens. Mais, elle résume bien l’anomalie que constitue le Hezbollah au Liban. Après l’arrestation de deux citoyens qui ont agressé un des gendarmes libanais stationnés à Chebaa la semaine dernière, des miliciens du Hezbollah ont encerclé le commissariat du village pour protester contre l’agissement des représentants de l’Etat libanais. Enfin, c’est comme ça qu’il faut le (com)prendre ! Il a fallu de nombreux contacts et l’intervention de l’armée libanaise pour mettre un terme à ce délire. Sur ce, et comme si pour les Libanais, à chaque jour ne suffisait pas sa peine, cheikh Naïm Kassem profite de l’occasion pour envoyer un message subliminal aux autorités libanaises : « Les gendarmes à Chebaa sont les invités de la Résistance (autodésignation du Hezbollah). Nous les protégerons avec les cils de nos yeux ». Notez bien le choix du mot, « invités ». Eza heik, baleha ya cheikh, erte7 wou raïyi7. Une telle déclaration a de quoi sortir n’importe quel gouvernement souverain de ses gonds. Mais pas le gouvernement libanais. Et pour cause !

Cette histoire scandaleuse m’a tout de suite rappelé la tragédie du lieutenant Samer Hanna. Nous sommes le 28 août 2008. Alors que des soldats s’entraînent sur les hauteurs d’Iqlim el-Touffah au Liban-Sud, à Tallet Soujod, un hélicoptère qui porte clairement les couleurs de l’armée libanaise, est pris pour cible par des miliciens du Hezbollah. Bien qu’il ne s’agisse pas de la première mission d’entrainement dans la région, l’hélicoptère est abattu. Une fois au sol, les miliciens du Hezbollah encerclent l’appareil et interdisent à des éléments de l’armée libanaise dans la région de s’y approcher. Le lieutenant Samer Hanna, alors âgé de 26 ans, est touché à la tête. Il meurt des suites de sa blessure. L’assassin, Moustafa el-Mokaddam, appartenait au Hezbollah. Il fut emprisonné pendant quelques mois puis relâché dans la nature contre une caution de 6 666 $ et 66 cents. Il s’est payé le luxe de ne pas répondre à plusieurs convocations du tribunal militaire. Par la suite, le général Michel Aoun, ancien commandant de l’armée libanaise (entre 1984 et 1990) et allié de la milice chiite (depuis 2006), s’est ingénié pour minimiser l’incident. Dans un premier temps, il a souhaité savoir qui avait donné l’ordre à l’hélicoptère de l’armée libanaise de se rendre dans une région contrôlée par la milice chiite, sans l’en informer au préalable. Dans un deuxième temps, il a considéré la mort de Samer Hanna comme relevant de la fatalité. Quant à la position du Hezbollah, elle a été résumée magistralement devant le tribunal militaire par un membre du Comité de liaison et de coordination entre le Hezbollah et l’armée libanaise pour la région du Sud-Liban, Mohammad Ali Khalifa : « L’armée libanaise n’était pas autorisée d’atterrir à Soujod à cause de la présence dans la région de centres appartenant à la Résistance ». Wlak, ya3ich el cha3eb wel jaiych wel mouqewamé, ya3ich !

Le temps passe et voilà qu’on apprend au début du mois d’août de cette année, que l’assassin du lieutenant libanais est mort quelque part entre jurd Ersal et la Syrie, « dans l’accomplissement de son devoir djihadiste », comme on a coutume de dire au sein de la milice chiite. En apprenant la mort de l’assassin de son fils, la mère de Samer Hanna a déclaré : « J’ai perdu ce qu’il y a de plus cher à mon cœur (...) En l’absence d’une justice sur Terre, la justice du Ciel a été plus forte ! » Et puisqu’on est y est, sachez que le membre du Hezbollah qui a tenté d’assassiner le député Boutros Harb le 5 juillet 2012, Mahmoud Hayek, un homme qui n’a jamais été inquiété par la justice terrestre du Liban, avait lui aussi été emporté par la « justice divine » de la mère de Samer Hanna, deux mois auparavant. Et dans la foulée, rappelons aux amnésiques par conviction et par omission, que cinq membres du Hezbollah, élevés au rang de « saints » par sayyed Hassan Nasrallah, sont recherchés par le Tribunal Spécial pour le Liban, dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri.

Pour la deuxième déclaration fracassante de cheikh Naïm Kassem, là, je vous préviens, vous allez adorer. Mardi 7 octobre, une info-dynamite fait le tour des médias et des réseaux sociaux du 8 Mars. Une « source libanaise bien informée » - notez bien cette formulation à la mode de la miss de l’OLJ, qui n’a rien inventé, il faut le reconnaitre- a rapporté au quotidien libanais al-Safir, que Bechara Raï, le 77e patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, a déclaré devant un « cercle restreint » -ah la chance que nous avons eue!- que « si on interrogeait les chrétiens du Liban sur ce qui se passe aujourd’hui, ils répondraient tous que sans le Hezbollah, Daech serait arrivé à Jounieh ». Du pain bénit pour la milice chiite et pour son allié chrétien, Michel Aoun, sauf que le lendemain, Bkerké dément l’information au quotidien al-Moustaqbal et la qualifie de « faillite morale ».

J’ai rapporté les deux infos précédentes avec le statut suivant : « Ô ‘source anonyme’, que de crimes sont commis en ton nom au Liban ! » J’ai rajouté dans un des commentaires : « On sait très bien qui est à l’origine de ce genre de rumeur. C’est quelqu'un qui pense -et surtout fait croire- que la milice du Hezbollah protège le Liban et les régions chrétiennes, et veut se donner du crédit sur le dos du patriarche maronite (...) Il fait référence à la sinistre déclaration d’Abou Ayad, à l’époque du délire palestinien, quand la libération de Jérusalem devait passer par Ouyoun el-Simane et par Jounieh (la "capitale du réduit chrétien" pour reprendre la terminologie occidentale pendant la guerre civile libanaise). Le propagandiste veut conditionner les Chrétiens du Liban afin d’accepter l’alliance des minorités avec la milice chiite libanaise, le régime alaouite syrien et le régime iranien des mollahs. Il veut aussi justifier l’enlisement du Hezbollah en Syrie, faire oublier que cette intervention aux côtés de Bachar el-Assad motive Daech et al-Nosra à agir au Liban et que le Hezbollah se trouve dans l’incapacité de contrer l’action des organisations terroristes. Notre propagandiste veut également faire diversion pour faire oublier aux Libanais que seul le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière syro-libanaise et son contrôle d’une main de fer, dans les deux sens, permettra de protéger le Liban en général, les chrétiens en particulier, et Jounieh tout spécialement, puisqu’il y tient ! »

Eh bien, je ne croyais pas si bien dire. Comme par hasard, cheikh Naïm Kassem, déclare deux jours plus tard, le vendredi 10 octobre, texto : « Sans le Hezbollah, Daech aurait achevé son émirat à la frontière orientale du Liban et installé des barrages de contrôle à Jounieh, Beyrouth, Saïda et dans toutes les régions du Liban ». Haram cheikh Naïm Kassem, Jounieh l’empêche de dormir ! Faire croire que la milice chiite peut faire mieux que l’armée libanaise, ou qu’elle est même complémentaire de l’armée libanaise, relève de cette propagande avec laquelle les miliciens du Hezbollah gavent les Libanais depuis 1982, pour s’imposer comme les Gardiens de la Révolution islamique au Liban, c’est-à-dire, une organisation paramilitaire qui évolue en parallèle avec l’armée nationale et qui ne répond à aucune autorité libanaise, mais seulement au Wali al-faqih, Ali Khamenei, le Guide suprême de la République islamique d’Iran. D’ailleurs, cheikh Naïm Kassem le mentionne noir sur blanc dans son livre Le Hezbollah. La voie, l’expérience, l’avenir : « L’engagement du Hezbollah dans wilayat al-faqih représente un anneau de cette chaine et s’inscrit dans le cadre de l’islam et de l’application de ses jugements selon l’orientation et les règles fixées par wali al-faqih (...) Nous appelons à fonder un Etat islamique et nous encourageons les autres à l’accepter en tant que source de bonheur pour l’être humain. »

Ahhhhhhh BB, comme tu es mauvaise langue et de mauvaise foi, il y a Etat islamique et Etat islamique, voyons ! C’est très gentil de la part de Naïm Kassem de s'intéresser à l'épanouissement de ses compatriotes, mais « son bonheur » ne nous intéresse pas. Le Hezbollah appelle clairement à fonder un Etat islamique (chiite) dans ce livre publié en juin 2010 et qui est à sa 7e édition svp, puis vient disserter sur l’émirat (sunnite) de Daech qui serait déjà à Jounieh si la milice chiite n’était pas allée en Syrie, blablabla et patati patata. C'est quand même hallucinant ! Il y a pire encore. Pendant ce temps, le député chrétien maronite de Jounieh justement, Michel Aoun, ne trouve rien à redire, à part maintenir son alliance avec ceux qui appellent à fonder cet Etat islamique au Liban, bloquer l’élection du président de la République libanaise et ne pas rater une seule occasion pour défendre l’indéfendable. Des loups sont rentrés dans la bergerie il y a belle lurette, et certains comme le Général, continuent à regarder de l’autre côté de la barrière, comme si de rien n'était. A bon entendeur chrétien de Jounieh, salut !