vendredi 24 octobre 2014

Que risque le député Nicolas Fattouche après l'agression d'une employée du Palais de justice: le châtiment brésilien, ukrainien, autrichien ou libanais? (Art.248)


QUESTION POUR UN CHAMPION (ou une championne bien entendu, soyez concentrés, l'énoncé est long) 

Que risque Nicolas Fattouche, "député  grec-catholique" de Zahlé (since 1992, hélas), "docteur en droit" (lol), "respecté pour son érudition juridique" (là, je suis mdr), "ancien ministre d'Etat aux Affaires parlementaires et ancien ministre du Tourisme" (tu parles, un sinistre oui), "qui s'est fait souvent connaitre pour ses volte-faces"  (bel mchabra7, heidé besammouwa kharyané, comme lors de la prorogation du mandat d'Emile Lahoud en 2004, l'opposant farouche est devenu favorable en quelques jours), "impliqué dans des dossiers de corruption" (enfin Wikipédia dit quelque chose de sensé), extracteur de pierre à ses heures perdues (vive la cohérence de carrière), multimillionnaire et pas loin d'être demi-milliardaire en dollars svp (grâce à l'Etat libanais pour service rendu à la défiguration du paysage libanais), grassement indemnisé après l'arrêt de ses kessarett (eh kesssss ékhet el satlané, wlé 3a chou 3taïtou plusieurs centaines de millions de dollars, ma3'2oul ), et qui s'est permis d'agresser une employée du Palais de justice à Baabda il y a quelques jours parce qu'elle n'a pas reconnu sa tronche de cake et l'a fait patienter quelques minutes dans son bureau, un crime de lèse-majesté selon le Code féodal de l'énergumène en question? Hett ta nchouf, que risque-t-il au pays du Cèdre ? 

QCM (réponse multiple, sans pénalité en cas d'erreur) 

1. Le châtiment brésilien: être attaché en haut d'un poteau électrique, comme cet élu municipal.  
2. Le châtiment ukrainien: être jeté au fond d'une benne à ordures, comme ce député.  
3. Le châtiment autrichien: être sélectionné comme partenaire du travesti Conchita Wurst, victoire de l'Eurovision, pour jouer un remake oriental de Basic Instinct.  
4. Le châtiment libanais: voir son mandat parlementaire prorogé d'un mandat entier de quatre ans.

ACHTUNG

La question est de savoir ce qu'il risque et non ce qu'il mérite. Hahaha, sinon ça serait trop facile, wa ektada el tawdi7.
 
INDICE
 
Nicolas Fattouche est l'auteur du projet de loi portant sur la prorogation du mandat du Parlement libanais du 20 juin 2013 au 20 novembre 2014. 

REPONSE
 
Dans la malheureuse tentative du zozo de Zahlé hier pour redorer son blason, il y a un moment qui a retenu mon attention plus que les autres. C'est lorsque Nicolas Fattouche sort l'argument à cinq piastres de tout coupable qui ne s'ignore pas : "je ne l'ai pas frappée car les Zahliotes sont connus pour respecter les femmes". Raté mon vieux. 

Ma défunte mère, paix à son âme, avait coutume de me prévenir, ntebeh ya bb, fi ness metel ba3ed el ichya, bet7ottoun 3al raff, bterja3 betlé2iyoun bein el sramé (il y a des gens qui sont comme certains objets, tu as beau les mettre sur l'étagère, tu les retrouves toujours entre les chaussures). Eh oui, Nicolas Fattouche a beau être docteur en droit, ancien ministre et député de la nation depuis des décennies, il se comporte encore à 71 ans comme une racaille. Il a cherché à impressionner les quelques journalistes présents lors de sa conférence de presse hier en martelant "je suis le ministre, le député, le docteur, l'avocat, le professeur d'université et le législateur". Wlak tozz !  En tout cas, c'est à croire qu'au Liban, ce n'est pas incompatible avec le fait d'être une racaille. 

A défaut de mobilisation des Libanais, à l'instar des Brésiliens et des Ukrainiens, et comme Conchita Wurst a décliné ma proposition indécente, le zozo de Zahlé ne risque que le châtiment libanais, au moins pour l'instant. Tout un symbole de cette dérive grave vers l'impunité qu'on observe au Liban. Enfin, à moins que Manal Daou, la fonctionnaire terrorisée par ce féodal des temps modernes, maintenant qu'elle est rassurée par le ministre de la Justice, Achraf Rifi, ne trouve le courage et ne se décide à porter plainte contre son agresseur. En tout cas, une enquête ministérielle est en cours, malgré l'immunité du "député". 

Dans tous les cas, il y a peu d'espoir de voir cette immunité levée par un Parlement qui ne parvient pas à se réunir depuis cinq mois, ne serait que pour élire un président de la République. Sachez aussi que Nicolas Fattouche vient d'être radié du tableau de l'Ordre des avocats au Liban. C'est une bonne nouvelle en soi sauf qu'on apprend qu'il l'a été pour faute déontologique -la violation du secret professionnel, en révélant lors de sa conférence de presse que le jour de l'incident, il était chargé par l'épouse du député Michel Pharaon de porter plainte contre son mari pour adultère- et non pour abus de pouvoir et agression physique d'un représentant de l'Etat libanais dans l'exercice de ses fonctions par un membre de l'Ordre des avocats au sein du palais de Justice. Nuance et de taille. En somme et pour l'instant, le zozo de Zahlé cumule l'immunité et l'impunité.

AVERTISSEMENT

Si certains parlementaires libanais protestent à juste titre et à juste raison contre leur assimilation avec Nicolas Fattouche, nos valeureux élus, censés nous représenter, devraient commencer par rejeter cette nouvelle proposition déposée par le zozo de Zahlé himself, le 14 août 2014, visant à proroger le mandat du Parlement libanais, le sien du coup, jusqu'au 20 juin 2017. 

Et de grâce, avant que je n'oublie, si nos valeureux députés sont déterminés à proroger leur mandat malgré une performance médiocre depuis 2009, il faut reconnaitre que nous n'avons plus le choix d'ailleurs, qu'ils choisissent n'importe qui pour cette besogne, mais pas une racaille qui pense que "les droits de l'homme et l'environnement sont des suppositoires inventés par l'Occident". Te7milit za7lé doit sans doute confondre les droits de l'homme et certains hommes de droit. Lahh ya n2oula ma tlakhbitt! 

Toujours est-il que n'importe qui ferait l'affaire. Nawaf el Moussaoui el semmewé, Okab Sakr le fantôme du Parlement, Nayla Tuéni l'invisible ou même Gilberte Zouein la présidente de la commission parlementaire de la Femme, qui serait d'après une source bien informée qui veut garder l'anonymat, aphone en apprenant l'agression féodale et sexiste de Manal Daou. Cetaines mauvaises langues disent que ceci n'a rien avoir avec cette affaire, car de toute façon, peu d'électeurs ont eu la chance de connaitre le timbre de sa voix.