Cheikh Naïm Kassem est sans aucun doute un homme intelligent. Ce n’est pas par hasard qu’il est le numéro deux du Hezbollah.
Mais, et ce n’est pas de sa faute, il porte un turban blanc, ce qui
signifie qu’il ne descend pas de Mahomet, le Prophète de l’islam. Par
conséquent, il est un homme faillible. Ceci dit, on sait que l’habit ne
fait pas le moine. La preuve, le turban noir de sayyed Hassan Nasrallah, qui signifie le contraire, ne met pas celui qui le porte, à l’abri des erreurs stratégiques. Toujours est-il que cheikh Naïm Kassem nous a récemment gâté avec deux déclarations édifiantes qui confirment que l’homme est bel et bien faillible.
Cette histoire
scandaleuse m’a tout de suite rappelé la
tragédie du lieutenant Samer Hanna. Nous sommes le 28 août 2008. Alors que
des soldats s’entraînent sur les hauteurs d’Iqlim el-Touffah au Liban-Sud, à
Tallet Soujod, un hélicoptère qui porte
clairement les couleurs de l’armée libanaise, est pris pour cible par des
miliciens du Hezbollah. Bien qu’il ne s’agisse pas de la première mission
d’entrainement dans la région, l’hélicoptère est abattu. Une fois au sol, les
miliciens du Hezbollah encerclent l’appareil et interdisent à des éléments de
l’armée libanaise dans la région de s’y approcher. Le lieutenant Samer Hanna, alors âgé de 26 ans, est touché à la
tête. Il meurt des suites de sa blessure. L’assassin, Moustafa el-Mokaddam, appartenait au Hezbollah. Il fut
emprisonné pendant quelques mois puis relâché
dans la nature contre une caution de 6 666 $ et 66 cents. Il s’est
payé le luxe de ne pas répondre à plusieurs convocations du tribunal militaire.
Par la suite, le général Michel Aoun, ancien
commandant de l’armée libanaise (entre 1984 et 1990) et allié de la milice
chiite (depuis 2006), s’est ingénié pour
minimiser l’incident. Dans un premier temps, il a souhaité savoir qui avait
donné l’ordre à l’hélicoptère de l’armée libanaise de se rendre dans une région
contrôlée par la milice chiite, sans l’en informer au préalable. Dans un
deuxième temps, il a considéré la mort de Samer Hanna comme relevant de la
fatalité. Quant à la position du
Hezbollah, elle a été résumée magistralement devant le tribunal militaire par un membre du Comité de liaison et de
coordination entre le Hezbollah et l’armée libanaise pour la région du
Sud-Liban, Mohammad Ali Khalifa : « L’armée
libanaise n’était pas autorisée d’atterrir à Soujod à cause de la présence dans
la région de centres appartenant à la Résistance ». Wlak, ya3ich el cha3eb wel jaiych wel mouqewamé, ya3ich !
Le temps passe et voilà qu’on apprend au début du mois d’août de cette année, que l’assassin du lieutenant libanais est mort
quelque part entre jurd Ersal et la
Syrie, « dans l’accomplissement
de son devoir djihadiste », comme on a coutume de dire au sein de la
milice chiite. En apprenant la mort
de l’assassin de son fils, la mère de
Samer Hanna a déclaré : « J’ai
perdu ce qu’il y a de plus cher à mon cœur (...) En l’absence d’une justice sur Terre, la justice du Ciel a été plus
forte ! » Et puisqu’on est y est, sachez que le membre du
Hezbollah qui a tenté d’assassiner le député Boutros Harb le 5 juillet 2012, Mahmoud Hayek, un homme qui n’a jamais été inquiété
par la justice terrestre du Liban, avait lui aussi été emporté par la
« justice divine » de la mère de Samer Hanna, deux mois auparavant. Et
dans la foulée, rappelons aux amnésiques par conviction et par omission, que
cinq membres du Hezbollah, élevés au rang de « saints » par sayyed Hassan Nasrallah, sont recherchés par le Tribunal Spécial pour le
Liban, dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri.
Pour la deuxième déclaration fracassante de cheikh Naïm Kassem, là, je vous préviens, vous allez adorer. Mardi 7 octobre, une info-dynamite fait le tour des médias et des réseaux sociaux du 8 Mars. Une « source libanaise bien informée » - notez bien cette formulation à la mode de la miss de l’OLJ, qui n’a rien inventé, il faut le reconnaitre- a rapporté au quotidien libanais al-Safir, que Bechara Raï, le 77e patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, a déclaré devant un « cercle restreint » -ah la chance que nous avons eue!- que « si on interrogeait les chrétiens du Liban sur ce qui se passe aujourd’hui, ils répondraient tous que sans le Hezbollah, Daech serait arrivé à Jounieh ». Du pain bénit pour la milice chiite et pour son allié chrétien, Michel Aoun, sauf que le lendemain, Bkerké dément l’information au quotidien al-Moustaqbal et la qualifie de « faillite morale ».
Pour la deuxième déclaration fracassante de cheikh Naïm Kassem, là, je vous préviens, vous allez adorer. Mardi 7 octobre, une info-dynamite fait le tour des médias et des réseaux sociaux du 8 Mars. Une « source libanaise bien informée » - notez bien cette formulation à la mode de la miss de l’OLJ, qui n’a rien inventé, il faut le reconnaitre- a rapporté au quotidien libanais al-Safir, que Bechara Raï, le 77e patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, a déclaré devant un « cercle restreint » -ah la chance que nous avons eue!- que « si on interrogeait les chrétiens du Liban sur ce qui se passe aujourd’hui, ils répondraient tous que sans le Hezbollah, Daech serait arrivé à Jounieh ». Du pain bénit pour la milice chiite et pour son allié chrétien, Michel Aoun, sauf que le lendemain, Bkerké dément l’information au quotidien al-Moustaqbal et la qualifie de « faillite morale ».
J’ai rapporté les deux
infos précédentes avec le statut suivant : « Ô ‘source anonyme’, que
de crimes sont commis en ton nom au Liban ! » J’ai rajouté dans un des
commentaires : « On sait très bien qui est à l’origine de ce
genre de rumeur. C’est quelqu'un qui pense -et surtout fait croire- que la milice du Hezbollah protège
le Liban et les régions chrétiennes, et veut se donner du crédit sur le dos
du patriarche maronite (...) Il fait
référence à la sinistre déclaration d’Abou Ayad, à l’époque du délire
palestinien, quand la libération de Jérusalem devait passer par Ouyoun
el-Simane et par Jounieh (la "capitale du réduit chrétien" pour reprendre la terminologie occidentale pendant la guerre civile libanaise). Le propagandiste veut conditionner les Chrétiens du Liban afin d’accepter l’alliance des minorités
avec la milice chiite libanaise, le régime alaouite syrien et le régime iranien des mollahs. Il veut aussi justifier l’enlisement du Hezbollah en Syrie, faire oublier que
cette intervention aux côtés de Bachar el-Assad motive Daech et al-Nosra à agir au Liban
et que le Hezbollah se trouve dans
l’incapacité de contrer l’action des organisations terroristes. Notre propagandiste veut également faire diversion pour faire oublier aux Libanais que seul le déploiement
de l’armée libanaise le long de la frontière syro-libanaise et son contrôle
d’une main de fer, dans les deux sens, permettra de protéger le Liban en
général, les chrétiens en particulier, et Jounieh tout spécialement, puisqu’il
y tient ! »
Eh bien, je ne croyais pas si
bien dire. Comme par hasard, cheikh Naïm
Kassem, déclare deux jours plus tard, le vendredi 10 octobre, texto : « Sans le Hezbollah, Daech aurait achevé
son émirat à la frontière orientale du Liban et installé des barrages de
contrôle à Jounieh, Beyrouth, Saïda et dans toutes les régions du Liban ».
Haram cheikh Naïm Kassem, Jounieh l’empêche de dormir ! Faire croire que la milice chiite peut
faire mieux que l’armée libanaise, ou qu’elle est même complémentaire de
l’armée libanaise, relève de cette propagande avec laquelle les miliciens du
Hezbollah gavent les Libanais depuis 1982, pour s’imposer comme les Gardiens de
la Révolution islamique au Liban, c’est-à-dire, une organisation paramilitaire qui
évolue en parallèle avec l’armée nationale et qui ne répond à aucune autorité
libanaise, mais seulement au Wali al-faqih, Ali Khamenei, le Guide suprême de
la République islamique d’Iran. D’ailleurs,
cheikh Naïm Kassem le mentionne noir
sur blanc dans son livre Le Hezbollah. La
voie, l’expérience, l’avenir :
« L’engagement du Hezbollah dans wilayat al-faqih représente un anneau de
cette chaine et s’inscrit dans le cadre de l’islam et de l’application de ses
jugements selon l’orientation et les
règles fixées par wali al-faqih (...) Nous
appelons à fonder un Etat islamique et nous encourageons les autres à
l’accepter en tant que source de bonheur pour l’être humain. »
Ahhhhhhh BB, comme tu es mauvaise langue et de mauvaise
foi, il y a Etat islamique et Etat
islamique, voyons ! C’est très gentil de la part de Naïm Kassem
de s'intéresser à l'épanouissement de ses compatriotes, mais « son bonheur » ne nous intéresse pas. Le Hezbollah
appelle clairement à fonder un Etat islamique (chiite) dans ce livre publié en juin 2010 et qui est à sa 7e édition svp, puis
vient disserter sur l’émirat (sunnite) de Daech qui serait déjà à Jounieh si la
milice chiite n’était pas allée en Syrie, blablabla et patati patata. C'est quand même hallucinant ! Il y a pire encore. Pendant ce temps, le député chrétien
maronite de Jounieh justement, Michel Aoun, ne trouve rien à redire, à part maintenir son
alliance avec ceux qui appellent à fonder cet Etat islamique au Liban,
bloquer l’élection du président de la République libanaise et ne pas rater une
seule occasion pour défendre l’indéfendable. Des loups sont rentrés dans la bergerie il y a belle lurette, et certains comme le Général, continuent à regarder de
l’autre côté de la barrière, comme si de rien n'était. A bon entendeur chrétien de Jounieh, salut !