lundi 28 mai 2012

Quelques « évidences démocratiques » à l’heure des confusions ! (Art.63)


Des affrontements armés entre pro et anti-régime syrien à Tripoli (sunnites vs alaouites), la voiture de deux cheikhs sunnites criblés par des centaines de balles sur un barrage de l’armée libanaise dans la région du Akkar, démantèlement précipité du barrage en question, des pèlerins chiites enlevés en Syrie, un rassemblement aouniste « de soutien » à l’armée libanaise place Sassine (entre guillemets pour ceux qui ne l’ont pas remarqué !), un mécanicien chrétien tué en pleine journée par des individus chrétiens agissant en toute confiance lors d’une expédition punitive douteuse à Beyrouth, l’armée libanaise cible de tirs d’un groupe armé à Ras-Beyrouth, un citoyen de Bcharré abattu sur un barrage de l’armée libanaise à Madfoun, des routes coupées par des pneus et des poubelles brûlés, dont celle menant au seul aéroport du Liban, en signe de protestation, etc.

Avec la multiplication des incidents ces derniers jours, c’est la confusion générale. On dénonce, on crache, on vocifère et pourtant on passe à côté de l’essentiel ! Il est primordial pour les politiciens et les journalistes libanais en ces temps difficiles de rappeler les évidences d’une DEMOCRATIE digne de ce nom.

1. Aucun sujet n’est tabou et aucun homme ou institution ne peut être à l’abri de la critique politique (armée libanaise, président de la République, patriarche maronite, Hassan Nasrallah, girouette Joumblatt, BB himself...).

2. Nul n’est censé échapper à la justice (individus, leaders politiques, ministres, députés, officiers...), si l’on veut garder la paix civile et la confiance du peuple libanais dans ce pays et ses institutions.

3. Tout le malheur de ces derniers jours réside dans la prolifération des armes au sein de la société libanaise. Aucune distinction ne doit être faite entre les armes du Hezbollah et les « autres », car toute arme qui n’est pas entre les mains des forces armées est par essence illégale. Ce constat de bon sens doit être légalisé par le prochain Parlement et inscrit dans la Constitution, en attendant la dissolution effective de toutes les milices libanaises et non libanaises conformément à l’Accord de Taëf et aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

4. L’armée nationale d’un pays est normalement soumise au pouvoir politique et non l’inverse.

5. Il est d’usage pour les militaires de nos jours dans une démocratie mûre, de ne pas se mêler de politique, ni pendant leur carrière militaire, ni à la retraite. La politique revient à la société civile de préférence!

6. La défense d’un pays revient exclusivement aux forces armées. Il n’y a aucune exception à cette règle dans le monde entier.

7. Il n’est plus acceptable que l’autorité de l’Etat ne s’exerce pleinement que sur une partie du Liban, entre Ras-Beyrouth et Madfoun !

8. La souveraineté nationale d’un pays est comme une campagne, on ne la partage pas, encore moins avec des milices et des groupes armés aux idéologies extrémistes. 

9. Rien ne peut justifier les attaques des forces armées par des groupes armés.

10. Rien ne peut justifier la mort d’individus désarmés, qu’ils soient civils ou religieux, par les forces armées.

11. Le gouvernement Mikati et la majorité parlementaire du 8M sont responsables de la politique générale, aussi bien sur le plan social que sécuritaire.

12. L’objectif de l’opposition parlementaire du 14M de « faire tomber le gouvernement » est aussi ridicule que creux car tout est vanité et poursuite de vent avant les élections législatives du printemps 2013 et en dehors d’un programme politique audacieux, des engagements ambitieux et des objectifs clairs !

13. Focus sur les législatives avant que ça ne soit trop tard. Sinon, le 14M risque de se faire renvoyer avec perte et fracas. Ce jour-là, les cris, les pleurs et les grincements de dents n’y changeront rien... Pas même les pneus brûlés !