dimanche 7 décembre 2014

@JN_Qalamon, @JN_Dimashq, @JnDar3a_2, @S_H_MM : comment se fait-il que les comptes Twitter de Jabhat al-Nosra fonctionnent comme si de rien n’était ? (Art.258)


Avec l’échec d’une énième phase de négociations, qui devait conduire à la libération d’une certaine Joumana Hamid, un nouveau militaire libanais a été exécuté vendredi par une rafale de Kalachnikov dans la tête, par les terroristes du Front al-Nosra. Ces derniers prétendent défendre « ahel al-sounna », les musulmans sunnites au Liban comme en Syrie, dans la ville de Tripoli, à la prison de Roumieh et par-delà les montagnes du Qalamoun. On sait que ces allégations sont secondaires pour l’organisation syrienne. Non seulement tuer des détenus est une violation grave de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, mais les ignares devraient savoir qu’il est strictement interdit dans l’islam de tuer les captifs. Leurs principaux objectifs au Liban sont liés à l’intervention de la milice chiite du Hezbollah aux côtés du régime alaouite de Bachar el-Assad et au maintien de leur emprise sur la ville sunnite de Ersal. Indépendamment de la justesse de la première revendication de ce groupe terroriste, à savoir le retrait de la milice chiite du Hezbollah de la Syrie, cet acte n’en demeure pas moins pour autant, infâme et odieux. Certes, l’enlisement criminel du Hezbollah aux côtés du dernier tyran de Damas dans la guerre civile syrienne, est révoltant. Mais, rien, absolument rien, ne pourra justifier les actes terroristes d’al-Nosra au Liban, les attentats-suicide et les exécutions sommaires, lâches et barbares, de militaires libanais que l’organisation détient, encore moins la prise en otage actuelle, de la ville libanaise de Ersal, qui a eu la bonté d’héberger les leurs.

A propos de Ersal, depuis l’enlèvement des militaires libanais par Jabhat al-Nosra au milieu de l’été, et le groupe terroriste réclame la libération de Joumana Hamid. Dernièrement, le 28 novembre, l’organisation terroriste donna même 8 heures au gouvernement libanais pour libérer leur chouchoute. En vain. Mais alors, pourquoi diable le gouvernement obtus de Tammam Salam n’a pas répondu favorablement aux barbus ? Est-ce par misogynie ? Ah, c’est un peu plus compliqué que cela. Joumana Hamid est une libanaise sunnite de 32 ans, originaire de Ersal, qui vivait jusqu’au déclenchement de la révolution syrienne de divers trafics entre le Liban et la Syrie, comme celui des cuivres. On dit que c’est une femme de caractère et qu’elle s’est faite une petite fortune, ce qui lui a permis de goûter au luxe des nouvelles voitures. Après la mort de son frère dans la guerre syrienne aux côtés des rebelles lors de combats avec le Hezbollah, elle s’est radicalisée petit à petit, au point de se spécialiser dans l’import-export de voitures piégées. Et alors qu’elle se trouvait au volant de l’une d’elle, et s’apprêtait à la livrer à un kamikaze qui se croit en transit terrestre vers le Paradis, elle sera arrêtée en février 2014 sur un barrage militaire dans la région de Ersal, grâce aux services de renseignement de l’armée libanaise. Soupçonnée d’être impliquée dans plusieurs attentats terroristes qui ont ensanglanté le Liban, elle risque la peine de mort. Et justement, il parait qu’Abbas Ibrahim, le directeur général de la Sûreté générale, aurait prévenu Jabhat al-Nosra, que si Ali Bazzal est assassiné, Joumana Hamid sera exécutée par la Justice libanaise. Mais bon sang, dans quelle galère se trouve notre pauvre Liban ! Dans ce sillage, rappelons que les autorités libanaises ont récemment arrêté Soja Doulaïmi, l’ex-femme de l’usurpateur du califat, Abou Bakr el-Baghdadi, et l’épouse du terroriste hybride Daech-Nosra, el-bandou2 Abou Ali el-Chichani. Eh bien, au moins sur le plan terroriste, les quotas féminins sont respectés au Liban.

Le meurtre gratuit d’Ali Bazzal, un sergent des forces libanaises de sécurité intérieure de confession chiite, par ces extrémistes sunnites syriens -qui a entrainé en représailles, l’assassinat par des inconnus d’un Libanais de confession sunnite- aussi triste soit-il, doit renforcer la détermination du gouvernement libanais de Tammam Salam sur deux plans : d’une part, à lutter de pied ferme contre le terrorisme du front syrienne d’al-Nosra au Liban, qui s’autorise à qualifier l’armée libanaise de « milice » et à exécuter les soldats libanais innocents comme des criminels dans une double violation des droits de l’homme et de l’islam, et d’autre part, à contenir le terrorisme du Hezbollah libanais en Syrie, qui combat la communauté sunnite syrienne et nourrit par conséquent, la haine et la cruauté de l’organisation syrienne à l’égard des militaires libanais rendus complices par la force des choses. Ce dernier point exige comme on le sait, le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière syro-libanaise et sa contrôle d’une main de fer, dans les deux sens. Pour l’instant, le gouvernement libanais ne le fait que partiellement et dans un seul sens. La milice chiite continue sa libre-circulation entre le Liban et la Syrie. Les dernières batailles de ce weekend font état d’une douzaine de miliciens tués dans « l’accomplissement de leur devoir djihadiste », un euphémisme pour éviter de dire à la communauté chiite libanaise, que ces jeunes compatriotes sont morts en tentant de sauver la tyrannie des Assad et sur ordre du Guide suprême de la République islamique d’Iran.

Il serait donc illusoire d’espérer mettre fin aux actes terroristes des « djihadistes sunnites syriens » sur le territoire libanais, tant que les « djihadistes chiites libanais » s’autorisent des actes terroristes sur le territoire syrien. Baddo yekoun el wa7ad me3mé el alb, pour ne pas voir l’évidence d’une telle équation. La tragédie d’Ali Bazzal, suivie de l’assassinat primitif d’un jeune sunnite, nous apporte une nouvelle preuve que le Hezbollah est responsable indirectement du sort des militaires libanais kidnappés par les deux organisations terroristes syriennes, Daech et al-Nosra.

Pour ce qui de la lutte contre al-Nosra justement, il y a beaucoup à dire. Sur ce point, on ne peut qu’être en colère, très en colère. Jabhat al-Nosra est un groupe djihadiste, essentiellement syrien, même s’il intègre dans ses rangs beaucoup de djihadistes étrangers. Il ne s’est imposé dans la guerre civile syrienne qu’après les libérations par le dernier tyran des Assad des islamistes emprisonnés par le régime alaouite lors de mascarades amnisties. Assad junior est le digne héritier d’Assad senior ! Par son allégeance à l’organisation terroriste al-Qaeda, le groupe est parfois désigné sous le sigle AQAL (al-Qaeda au Levant). Il souhaite imposer à la société syrienne une charia stricte, rejetant la démocratie qui serait « la religion des impies ». Il a bénéficié des largesses de ressortissants islamistes du Koweït et des Emirats. Il contrôle même certains puits de pétrole actuellement.

Ses méthodes opératoires, qui englobent notamment le recours aux attentats-suicide et aux exécutions sommaires, ont poussé le Conseil de sécurité de l’ONU et la plupart des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et même la Turquie, à placer Jabhat al-Nosra sur la liste des organisations terroristes. Le 11 juillet 2014, son chef, al-Joulani, a annoncé ses intentions de créer un Emirat islamique au Levant. Trois semaines plus tard, le 2 août 2014, en coordination avec l’autre organisation terroriste « l’Etat islamique », al-Nosra attaque lâchement et par surprise, des positions de l’armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure dans la Bekaa, entrainant la mort d’une vingtaine de militaires libanais et le kidnapping d’une trentaine par les deux organisations terroristes. A ce jour, deux militaires libanais ont été exécutés par les terroristes de Daech (par décapitation, le 30 août et le 6 septembre), et deux autres par Jabhat al-Nosra (par balles, le 19 septembre et le 5 décembre).

Et voici ce qui me rend fou de rage. Comment se fait-il que le compte Twitter d’al-Nosra « @JN_Qalamon », qui a revendiqué l’exécution du militaire libanais, fonctionne encore au surlendemain de cet acte de barbarie, plus de 36 heures après les faits ? Comment se fait-il que le rajout d’un simple sous-tiret à « JNQalamon » ou le changement d’emplacement des lettres « JN », permet à cette organisation terroriste d’avoir pignon sur les réseaux sociaux de nouveau, comme si elle avait un casier criminel vierge et comme si elle n’avait pas tué plusieurs militaires libanais auparavant et exécuté un soldat libanais sommairement le 19 septembre, ce qui constitue un crime de guerre ? Comment se fait-il que 20 jours après son ouverture, le 17 novembre, « @JN_Qalamon », le nouveau compte de l’organisation terroriste de Jabhat al-Nosra fonctionne comme si de rien n’était ? Comment se fait-il que le compte terroriste « @JN_Qalamon » ait pu tweeter à 28 reprises, dont la menace de mort contre le policier libanais, Ali Bazzal, le 28 novembre, et l’exécution proprement dite le 5 décembre, sans s’en inquiéter pour autant ? Comment se fait-il que tous les comptes islamistes de Jabhat el-Nosra fonctionnent et sont connectés entre eux, sans la moindre difficulté : @JN_Qalamon, @JN_Dimashq, @JN_Hama, @JnHoms, @JnHalab, @Idlib_JN, @Latakia_JN, @Deirzoor_Jn, @JnDar3a_2, @S_H_MM ? 


Certes, la traque des terroristes sur les réseaux sociaux n’est pas une mince affaire. Ce qui est valable pour Twitter, l’est aussi pour Facebook et YouTube bien entendu. Il suffit d’ajouter une lettre ou un signe aux identifiants, pour créer de nouveaux comptes de propagande. Mais, dans cette bataille, on oublie un détail capital. La fermeture d’un compte de réseaux sociaux, implique la perte de tous les abonnés à ce compte. Eh oui, un compte de propagande tout seul, ne sert à rien, c’est autant crier sa rage devant le miroir de sa salle de bain ou pisser dans un violon. Il ne suffit pas d’en ouvrir un, il faut avoir des réseaux de relais de la propagande. Tout môme ayant grandi dans la nature comme moi le sait : une araignée met des jours avant de reconstruire la toile qu’on a saccagée. Ceci étant, comment se fait-il que le compte-mère de Jabhat al-Nosra, @S_H_MM, soit en activité interrompue depuis le 28 août 2014, qu’il ait pu envoyer 1 369 tweets à ses 24 302 abonnés, sans la moindre inquiétude pour l’instant, alors que l’organisation terroriste peut être poursuivie pour crimes de guerre pour l’exécution sommaire des militaires libanais ? Compter sur l’hiver pour transformer les terroristes d’al-Nosra et de Daech, reclus dans la haute montagne de l’Anti-Liban, en stalagmites, est loin d’être une bonne stratégie pour libérer nos militaires kidnappés et expulsés les intrus djihadistes du territoire libanais. Il est temps qu’une cellule spécialisée libanaise traque plus efficacement ces terroristes sur le réseau Twitter. Fermer les comptes des réseaux sociaux des organisations terroristes telles que Daech / Etat islamique et Jabhat al-Nosra, fait partie de la guerre, qu’il faut mener en collaboration avec les puissances arabes et occidentales, et gagner à tout prix. Le même raisonnement peut s'appliquer au régime alaouite de Bachar el-Assad et à la milice chiite du Hezbollah. Mais là, c'est une autre affaire et c'est beaucoup plus compliqué à réaliser.