Eh
oui, les drones Ayoub se suivent et se ressemblent ! Il y a deux jours, Israël
a annoncé avoir abattu un drone par un chasseur F-16 au large des côtes
israéliennes. Sept mois après Ayoub I, voilà donc l’affaire Ayoub II. Etant
donné le fiasco de l’opération, le drone ayant été intercepté au-dessus de la
mer à 5 milles nautiques des côtes de Haifa (plus de 9 km!), le Hezbollah a
évidemment démenti l’information. Il n’y avait pas de quoi pavoiser cette
fois-ci ! La FINUL, larguée comme à l’accoutumée et comme pour Ayoub I, n’a
rien vu et n’a rien entendu.
Pour
ceux qui ont raté le 1er épisode, petit rappel. Le 6 octobre dernier un drone
non identifié est abattu dans l’espace aérien israélien. Quelques jours plus tard,
Hassan Nasrallah défraye la chronique en annonçant aux Libanais et au monde que
c’est bien le Hezbollah qui a envoyé cet appareil dénommé Ayoub au-dessus de la
« Palestine occupée » et que celui-ci
ne sera pas le dernier. L’affaire
Ayoub fut présentée comme un exploit sur le plan national, sur le plan
technique et sur le plan stratégique, alors qu’il n’en était rien comme je l’ai
détaillé dans l’article « Ya sabrak ya Ayoub, face à l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah et des sympathisants du Hezbollah (Art.83) ». La prétendue « milice d’Allah » tente désespérément et depuis toujours, de vendre aux Libanais l’idée que son arsenal sert non
seulement à défendre le Liban mais aussi et surtout à dissuader les Israéliens
d’attaquer le pays. Les drones Ayoub s’inscrivent dans cette stratégie.
Foutaise, évidemment !
En
tout cas, on a appris par la suite de l’affaire Ayoub I, au cours du mois de
novembre 2012 et de janvier 2013, que le président libanais Michel Sleiman a adressé une
vive protestation à son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour l’envoi de ce drone en Israël à
partir du Liban. Il était irrité par le fait
que la milice chiite ne s’était pas donné la peine de l’informer. En effet, elle
n’avait pas prévenu ni le gouvernement libanais, ni le ministre de la Défense, ni le
commandant de l’armée libanaise, ni personne de l’Etat libanais ! Pire, la
milice chiite n’a même pas jugé utile de transmettre les informations
recueillies par le drone à l’état-major de l’armée libanaise, par manque de confiance
sans doute. Elle s’est limitée de les envoyer à la République islamique d’Iran,
de l’aveu même des Iraniens. Michel Sleiman considéra l’attitude du Hezbollah
comme « une ignorance des sentiments des
Libanais et de leur attachement à leur souveraineté nationale ». Et comment !
On ne peut éprouver que du mépris pour quiconque préfère transférer les clichés
d’une opération d’espionnage à un pays étranger au lieu de les remettre à
l’armée de son propre pays.
Pas
besoin d’être un nase devin comme Michel Hayek, pour prédire l’avenir. D’ailleurs,
le Haaretz affirme que selon des
sources de l’armée israélienne, la milice libanaise dispose d’une dizaine de
drones déjà. Aujourd’hui, le peuple libanais doit savoir que cette mascarade
continuera. Il doit être pleinement conscient de ce que l’Iran et le Hezbollah
lui préparent en coulisse à travers les affaires Ayoub : un remake de la guerre
de juillet 2006, « La Victoire divine 2 »
! La première nous a coûté la moitié de notre PIB, 3 % côté israélien,
celle-là risque d’emporter la totalité de notre économie ou ce qui en reste. C’est
une question de timing, de bon timing, selon le bon vouloir du Wali el-Fakih,
le Guide suprême de la République islamique d’Iran, ayatollah Ali Khamenei.
Ainsi,
les Ayoub se suivront et se ressembleront, jusqu’à « La Victoire divine 2 », le funeste remake de la guerre
de juillet de 2006 tant que l'Etat libanais ne se décidera pas à mettre un
terme à cet Etat dans l'Etat! Plus que jamais la souveraineté libanaise est
violée de l'intérieur avant même de l'être de l'extérieur par nos voisins. En
intervenant à sa guise en Israël (en juillet 2006, comme en octobre 2012 et en
avril 2013) et en Syrie (en combattant aux côtés du régime alaouite, opérations
confirmées et reconnues depuis plusieurs mois), mais aussi sur le sol européen
comme ce fut le cas en Bulgarie (attentat contre un bus transportant des
touristes israéliens en juillet dernier), et ailleurs dans le monde, le
Hezbollah met en danger le Liban tout entier, la population libanaise dans son
ensemble, la communauté chiite comprise.
Qui
osera mettre un terme à l’Etat dans l’Etat et de quelles façons? Telles
sont les questions aujourd’hui. Le reste n’est que palabres. C’est regrettable
de constater que 38 ans après, on se pose encore et toujours la même question. En
1975, ce fut les Kataeb, les Ahrar, Horass el-Arz et Tanzim. Ils se sont opposés à l’Etat
palestinien installé dans l’Etat libanais. Ils étaient obligés de le faire par
les armes, hélas. Malgré 7 ans de guerre entre 1975 et 1982, l’intervention
nuisible de l'armée syrienne du 1er tyran des Assad, la puissance de feu de l’armée israélienne et
l’invasion de 1982 (soit dit au passage, Tsahal fut accueillie avec le sourire
et le riz par la population chiite du Sud, tellement celle-ci était excédée par
les agissements des fédayins !), les guerres des camps entre la milice de Nabih
Berri et les milices palestiniennes, les camps palestiniens sont toujours là,
450 000 réfugiés palestiniens s’y entassent, les armes aussi. L’armée
libanaise n’a pas droit de cité, l’Etat libanais non plus. Ta2ahab ! Makanak rawwi7.
Alors
je répète, qui osera mettre un terme à l’Etat du Hezbollah dans l’Etat du Liban et
de quelles façons ? En 2006, Michel Aoun ne s’est pas contenté de signer un
« pacs politique » avec Hassan Nasrallah. Depuis, il a eu maintes
fois l’occasion de renouveler le blanc-seing qu’il a accordé à la
milice chiite. Wou fi bélad 2art el 7aké,
on se demande si le 14 Mars veut bien le faire, en proposant un programme clair
et concret dans ce sens, ou souhaite-t-il continuer à palabrer et attendre les
miracles de l'au-delà de nos frontières, de l’Est, comme du Sud ? Il ne
faut pas se leurrer, personne ne fera le boulot à notre place. Le Parlement
libanais et les députés de la nation sont souverains, pas le Hezbollah et ses
miliciens. Le 14 Mars ferait bien de s’en souvenir, la veille des élections, au
lieu d’avoir comme seule préoccupation du moment de griller le temps pour que ces
dernières aient lieu sous l’archaïque loi électorale de 1960 et espérer revenir
au pouvoir grâce à une girouette ! Pirouette pathétique.