Le souvenir est sépia, très sépia, au point que j'ai oublié la
plupart des détails, mais pas l'essentiel. Il y a longtemps déjà, un
français, probablement un écrivain, peut être même un réalisateur, je ne
me souviens plus, décida de tester son entourage
–amis, relations, connaissances, collègues et collaborateurs- en les
appelant un par un et en leur présentant le scénario suivant: "je viens de commettre un meurtre et j'ai besoin d'aide pour échapper à la police,
un abri pour la nuit, un peu d'argent, une voiture et passer quelques
coups de fil". Il fut alors surpris par les réactions. Une bonne partie
de son entourage s'est défilée. Rare sont ceux qui lui ont promis la
pleine coopération. Certains se sont engagés à lui passer un peu
d'argent et rien d'autre. Mais ce qui l'a étonné le plus, c'est surtout
que personne de cet entourage n'a mis en doute son histoire, qui
prouvait en fait, et là résidait la grande déception pour lui, qu'il
était capable de commettre un meurtre aux yeux de son entourage!
Certaines allégations font carrément bondir. Non, non et non, il n'y a pas eu de consensus autour du Hezbollah au Liban! Pas encore, heureusement! Et il n'y aura jamais, heureusement encore! Faut-il rappeler que divers partis chrétiens, qui composent le 14 Mars aujourd'hui, Forces Libanaises, Kataeb, Ahrar et Ketlé, ont été et le sont toujours, hostiles à ce qu'une milice armée, à l'idéologie fascisante impose ses choix politico-militaires sur le peuple libanais?
En attendant la publication des divers actes d'accusation concernant l'implication des membres du Hezbollah dans l'assassinat de notre ex-PM Rafic Hariri et d'autres personnalités libanaises, il est légitime de se poser la question suivante: est-ce que ce parti extrémiste était capable d'utiliser sa puissance militaire -pour assassiner des personnalités libanaises- dans un but politique? Afin d'aider nos compatriotes à y répondre, il est intéressant de dresser la liste des antécédents du Hezbollah, les situations où il a utilisé effectivement ses armes dans un but politique. Cette liste englobe à la fois l'utilisation directe et indirecte. J'ai commencé et j'ai terminé par les 2 événements les plus significatifs de l'histoire du "parti des armes".
- La guerre interchiite Amal-Hezbollah (mai 1988- nov. 1990). Plus d'un millier de morts à cause de la lutte d'influence entre les 2 milices chiites durant la guerre civile pour contrôler Beyrouth, le Sud-Liban et la vallée de la Bekaa! Cette guerre fratricide a pris fin après l'entrée en vigueur de l'Accord de Taëf… donc le Hezbollah était bel et bien impliqué dans la guerre civile et aurait dû être désarmé au début des années 90 comme toutes les autres milices!
- Les enlèvements et les attentats contre des cibles étrangères notamment américaines et françaises sur le territoire libanais et à l'étranger (années 80). Il est communément admis que les actions les plus spectaculaires du Hezbollah restent les attentats-suicides d'octobre 1983 contre les QG des marines américains et des parachutistes français (plus de 300 soldats tués dans leur sommeil!), que Robert Fisk a désigné par le "massacre le plus professionnel jamais perpétré au Liban" (voir Liban, nation martyre – Robert Fisk – A&R Editions 2007). Les plus célèbres otages occidentaux détenus par le Hezbollah dans les années 80 sont Terry Anderson (directeur de l'AP), Marcel Fontaine et Marcel Carton (diplomates), Michel Seurat (chercheur, mort en captivité) et Jean-Paul Kaufmann (journaliste). Au total, plusieurs dizaines d'occidentaux furent concernées.
- La stérilisation du paysage politique chiite: aucune diversité politique depuis 1982!
- Le refus de déposer les armes comme toutes les autres milices libanaises selon l'Accord de Taëf (début des années 90).
- Le lancement d'opérations militaires contre l'ennemi israélien sans l'avis du gouvernement libanais (année 90).
- La guerre de Juillet 2006. Plus d'un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de libanais terrorisés, des milliards de dégâts matériels et de pertes économiques… Et tt ça pour libérer 3 prisonniers libanais en Israël dont Samir Kantar, condamné pour avoir mené une opération à l'initiative "palestinienne" en 1979, pour des objectifs palestiniens, et d'avoir tué une fillette israélienne de 4 ans avec la crosse de son fusil devant son père (qu'on le veuille ou pas c'est la version adoptée par toute la presse occidentale!). Le tout sans avoir demander l'avis de qui que ce soit (à part évidement Wali El-Fakih) avec comme seul "Winograde" du côté libanais, un aveu de Hassan Nasrallah, sans aucune conséquence judiciaire, qu'il a sous-estimé la brutalité de l'armée israélienne! Merci pour la découverte.
- Les atteintes répétées aux libertés au Liban. Cela va de l'entrave à la libre circulation des libanais sur leur territoire (l'affaire Sanine-Laqlouq, Ouyoun El-Simane, Lassa, route de l'aéroport de Beyrouth entre autres) à l'interdiction de vendre et de consommer l'alcool à Nabatiyé, aux affaires Green Days (juin 2011), World Press Photo (mai 2011), Placebo, Gad El-Maleh, Francis Ford Coppola, Patrick Bruel, etc.
- L'occupation armée du centre-ville pendant 1 an et demi (2006-2007). Paralysie économique.
- La fermeture du parlement en concertation avec Nabih Berri pendant 2 ans (2006-2008).
- La tentative de Hassan Nasrallah d'imposer une ligne rouge à l'armée libanaise dans sa guerre contre le terrorisme à Nahr El-Bared (en 2007).
- L'interdiction à l'armée libanaise de s'entraîner dans certaines régions libanaises.
- L'assassinat de Samer Hanna (août 2008). Ses assassins sont en liberté et n'ont toujours pas été jugés.
- L'évaporation de Joseph Sader dans la zone de l'aéroport de Beyrouth (fév. 2009), dont on est toujours sans nouvelle.
- Les tentatives désespérés de dynamiter les enquêtes sur les assassinats politiques au Liban (depuis le 14 février 2005) et d'entraver la marche de la justice internationale concernant ces assassinats (le Tribunal Spécial pour le Liban).
- La persécution des partisans d'Ahmad El-Assaad et du Cheikh Mohammad Hajj Hassan au Sud-Liban (surtout en période électorale!).
- L'expulsion de Sayed Ali El-Amine de Tyr (obligé de s'installer dans l'ex "réduit chrétien"!).
- Le dynamitage systématique de la table de dialogue pour adopter une stratégie de défense pour le Liban (2006-2010).
- Les ingérences dans les affaires intérieures de pays étrangers mettant en danger les relations du Liban avec les pays correspondants et surtout l'installation paisible des citoyens libanais dans ces pays (Egypte, Bahrein 2009-2011).
- L'orchestration d'agressions populaires contre la FINUL au Sud-Liban (2006-2010).
- Les accrochages de Borj Abi-Haidar (août 2010).
- La parade milicienne à l'aéroport de Beyrouth pour récupérer un hors-la-loi (sept 2010).
- La nuit blanche des chemises noires pour changer la majorité parlementaire par la force et faire tomber le gouvernement Hariri (janvier 2011).
- La vacance au niveau de l'exécutive pendant 5 mois (janvier-juin 2011).
- L'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban (7 mai 2008 et les jours suivants). Bilan: une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de personnes terrorisées, une chaine de TV brûlée… Evènement qualifié par Hassan Nasrallah comme étant "un jour glorieux"!
Bien avant que le couperet du Tribunal Spécial pour le Liban ne tombe, cette liste qui est loin d'être exhaustive nous interpelle déjà. Et si nous recevons ce week-end un coup de fil de Hassan Nasrallah en personne (moi je préfère être appelé par Naïm Qassem!), qui teste ses compatriotes comme l'écrivain français, mettrons-nous en doute la véracité du scénario du meurtre de Rafic Hariri ou de Wissam Eid, pour ne citer que ces 2 martyrs? Serions-nous prêts à lui venir en aide pour échapper à la Justice internationale? Chacun y répondra selon son intime conviction. Personnellement, c'est NON pour les 2 questions!
PS: Nous devons maintenir le gouvernement Mikati, le 8 Mars, le Hezbollah et Michel Aoun sous pression, qu'ils soient au Grand Sérail, au comptoir d'une pharmacie, au 7e sous-sol d'un parking de banlieue, sur la Côte d'Azur ou à l'ABC… jusqu'aux prochaines élections législatives!
Certaines allégations font carrément bondir. Non, non et non, il n'y a pas eu de consensus autour du Hezbollah au Liban! Pas encore, heureusement! Et il n'y aura jamais, heureusement encore! Faut-il rappeler que divers partis chrétiens, qui composent le 14 Mars aujourd'hui, Forces Libanaises, Kataeb, Ahrar et Ketlé, ont été et le sont toujours, hostiles à ce qu'une milice armée, à l'idéologie fascisante impose ses choix politico-militaires sur le peuple libanais?
En attendant la publication des divers actes d'accusation concernant l'implication des membres du Hezbollah dans l'assassinat de notre ex-PM Rafic Hariri et d'autres personnalités libanaises, il est légitime de se poser la question suivante: est-ce que ce parti extrémiste était capable d'utiliser sa puissance militaire -pour assassiner des personnalités libanaises- dans un but politique? Afin d'aider nos compatriotes à y répondre, il est intéressant de dresser la liste des antécédents du Hezbollah, les situations où il a utilisé effectivement ses armes dans un but politique. Cette liste englobe à la fois l'utilisation directe et indirecte. J'ai commencé et j'ai terminé par les 2 événements les plus significatifs de l'histoire du "parti des armes".
- La guerre interchiite Amal-Hezbollah (mai 1988- nov. 1990). Plus d'un millier de morts à cause de la lutte d'influence entre les 2 milices chiites durant la guerre civile pour contrôler Beyrouth, le Sud-Liban et la vallée de la Bekaa! Cette guerre fratricide a pris fin après l'entrée en vigueur de l'Accord de Taëf… donc le Hezbollah était bel et bien impliqué dans la guerre civile et aurait dû être désarmé au début des années 90 comme toutes les autres milices!
- Les enlèvements et les attentats contre des cibles étrangères notamment américaines et françaises sur le territoire libanais et à l'étranger (années 80). Il est communément admis que les actions les plus spectaculaires du Hezbollah restent les attentats-suicides d'octobre 1983 contre les QG des marines américains et des parachutistes français (plus de 300 soldats tués dans leur sommeil!), que Robert Fisk a désigné par le "massacre le plus professionnel jamais perpétré au Liban" (voir Liban, nation martyre – Robert Fisk – A&R Editions 2007). Les plus célèbres otages occidentaux détenus par le Hezbollah dans les années 80 sont Terry Anderson (directeur de l'AP), Marcel Fontaine et Marcel Carton (diplomates), Michel Seurat (chercheur, mort en captivité) et Jean-Paul Kaufmann (journaliste). Au total, plusieurs dizaines d'occidentaux furent concernées.
- La stérilisation du paysage politique chiite: aucune diversité politique depuis 1982!
- Le refus de déposer les armes comme toutes les autres milices libanaises selon l'Accord de Taëf (début des années 90).
- Le lancement d'opérations militaires contre l'ennemi israélien sans l'avis du gouvernement libanais (année 90).
- La guerre de Juillet 2006. Plus d'un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de libanais terrorisés, des milliards de dégâts matériels et de pertes économiques… Et tt ça pour libérer 3 prisonniers libanais en Israël dont Samir Kantar, condamné pour avoir mené une opération à l'initiative "palestinienne" en 1979, pour des objectifs palestiniens, et d'avoir tué une fillette israélienne de 4 ans avec la crosse de son fusil devant son père (qu'on le veuille ou pas c'est la version adoptée par toute la presse occidentale!). Le tout sans avoir demander l'avis de qui que ce soit (à part évidement Wali El-Fakih) avec comme seul "Winograde" du côté libanais, un aveu de Hassan Nasrallah, sans aucune conséquence judiciaire, qu'il a sous-estimé la brutalité de l'armée israélienne! Merci pour la découverte.
- Les atteintes répétées aux libertés au Liban. Cela va de l'entrave à la libre circulation des libanais sur leur territoire (l'affaire Sanine-Laqlouq, Ouyoun El-Simane, Lassa, route de l'aéroport de Beyrouth entre autres) à l'interdiction de vendre et de consommer l'alcool à Nabatiyé, aux affaires Green Days (juin 2011), World Press Photo (mai 2011), Placebo, Gad El-Maleh, Francis Ford Coppola, Patrick Bruel, etc.
- L'occupation armée du centre-ville pendant 1 an et demi (2006-2007). Paralysie économique.
- La fermeture du parlement en concertation avec Nabih Berri pendant 2 ans (2006-2008).
- La tentative de Hassan Nasrallah d'imposer une ligne rouge à l'armée libanaise dans sa guerre contre le terrorisme à Nahr El-Bared (en 2007).
- L'interdiction à l'armée libanaise de s'entraîner dans certaines régions libanaises.
- L'assassinat de Samer Hanna (août 2008). Ses assassins sont en liberté et n'ont toujours pas été jugés.
- L'évaporation de Joseph Sader dans la zone de l'aéroport de Beyrouth (fév. 2009), dont on est toujours sans nouvelle.
- Les tentatives désespérés de dynamiter les enquêtes sur les assassinats politiques au Liban (depuis le 14 février 2005) et d'entraver la marche de la justice internationale concernant ces assassinats (le Tribunal Spécial pour le Liban).
- La persécution des partisans d'Ahmad El-Assaad et du Cheikh Mohammad Hajj Hassan au Sud-Liban (surtout en période électorale!).
- L'expulsion de Sayed Ali El-Amine de Tyr (obligé de s'installer dans l'ex "réduit chrétien"!).
- Le dynamitage systématique de la table de dialogue pour adopter une stratégie de défense pour le Liban (2006-2010).
- Les ingérences dans les affaires intérieures de pays étrangers mettant en danger les relations du Liban avec les pays correspondants et surtout l'installation paisible des citoyens libanais dans ces pays (Egypte, Bahrein 2009-2011).
- L'orchestration d'agressions populaires contre la FINUL au Sud-Liban (2006-2010).
- Les accrochages de Borj Abi-Haidar (août 2010).
- La parade milicienne à l'aéroport de Beyrouth pour récupérer un hors-la-loi (sept 2010).
- La nuit blanche des chemises noires pour changer la majorité parlementaire par la force et faire tomber le gouvernement Hariri (janvier 2011).
- La vacance au niveau de l'exécutive pendant 5 mois (janvier-juin 2011).
- L'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban (7 mai 2008 et les jours suivants). Bilan: une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de personnes terrorisées, une chaine de TV brûlée… Evènement qualifié par Hassan Nasrallah comme étant "un jour glorieux"!
Bien avant que le couperet du Tribunal Spécial pour le Liban ne tombe, cette liste qui est loin d'être exhaustive nous interpelle déjà. Et si nous recevons ce week-end un coup de fil de Hassan Nasrallah en personne (moi je préfère être appelé par Naïm Qassem!), qui teste ses compatriotes comme l'écrivain français, mettrons-nous en doute la véracité du scénario du meurtre de Rafic Hariri ou de Wissam Eid, pour ne citer que ces 2 martyrs? Serions-nous prêts à lui venir en aide pour échapper à la Justice internationale? Chacun y répondra selon son intime conviction. Personnellement, c'est NON pour les 2 questions!
PS: Nous devons maintenir le gouvernement Mikati, le 8 Mars, le Hezbollah et Michel Aoun sous pression, qu'ils soient au Grand Sérail, au comptoir d'une pharmacie, au 7e sous-sol d'un parking de banlieue, sur la Côte d'Azur ou à l'ABC… jusqu'aux prochaines élections législatives!