Il est de tradition dans
les tribus africaines que les éminents d’un village se retrouvent sous
un arbre, un baobab en général, pour aborder les problèmes de la
communauté. Ces assemblées obéissent à un rituel précis. Elles sont
caractérisées par un long échange de paroles, mais grâce à la
personnalité du chef de tribu et le respect absolu d’un certain code des
usages, tous les problèmes abordés trouvent en général des solutions.
Pas nécessairement les meilleures mais des solutions ; pas forcément les
plus efficaces mais des solutions ; pas obligatoirement les plus
adaptées mais des solutions ! L’arbre à palabres est né en Afrique. Il est parfaitement adapté à l’organisation tribale de certaines sociétés du continent.
Au pays du Cèdre, la théorie aurait exigé, sur le plan romanesque, que l’arbre à palabres soit au moins un Cedrus libani. Mais au pays de la discorde, des fazlakét et des béda3 en tous genres, il n’en est rien. Ni Baobab d’Afrique, ni Cèdre du Liban, ni peuplier d’Italie, ni platane d’Orient, mais une table en aggloméré mélaminée, en MDF ou en contreplaqué, tout sauf du bois massif, tout conforme à la laideur ambiante! Combien même les éminents politiques auraient accepté de se réunir sous les branches d’une espèce végétale, et parce qu’aucun arbre dans ce pays n’échappe à la « culture de la mutilation écologique collective », ceci rend une telle réunion cuite d’avance.
Rien n’est de nature à rassurer ce peuple sur l’issue des discussions qui auront lieu aujourd’hui entre les politiciens libanais du premier rang ! Là où les tribus africaines trouvent des solutions à leurs problèmes, les communautés libanaises se perdent en palabres, en échanges interminables, en délibérations stériles ! Tourner en rond est devenu depuis un bail le sport favori des politiciens libanais ! Comment espérer quoique ce soit de ce dialogue, alors que le chef des tribus libanaises, le président de la République, est amputé de tous prérogatives, l’empêchant même de jouer à l’épouvantail ! Quant aux protagonistes, 137 œuvres inspirées de la Comédie humaine de Balzac ne suffiraient sans doute pas à décrire le « jeu » du monde politique libanais ! Aujourd’hui le 8M se trouve subitement féru de dialogue ! Il est vrai que le vernis « démocratique » du coup d’Etat du 12 janvier 2011 -décidé par Bachar El-Assad et Hassan Nasrallah, avec le consentement de Michel Aoun et de Nabih Berri, et la complicité de Nagib Mikati et de Walid Joumblatt- a séché depuis longtemps. Mikati & Co, ont pu emménager sans entrave dans le Grand Sérail et les divers ministères. Quant au 14M qui se présente en ordre dispersé autour de la table en agglo, en dépit des déclarations et des apparences, il présente un « mémorandum de sauvetage du Liban » qui soi-disant dresse un état des lieux et propose des moyens pour sortir de la crise. L'initiative qui engage courant du Futur, Forces libanaises, Kataëb et indépendants, se base principalement sur la démission du gouvernement. Et bien, il ne faut pas avoir peur du ridicule ! Quant au personnage n’appartenant ni au 8M ni au 14M, sauf leur respect, leur présence autour de la table en agglo relève du folklore politique quand ce n’est pas du musée de cire !
Jamais le Liban n’a été aussi largué sur le plan démocratique, même pas à l’époque de la Moutasarifiyé ! Pourquoi une table de dialogue, alors que nous avons une Constitution démocratique qui a depuis des lustres remplacé le code des usages tribo-féodaux et un Parlement qui fait office d’arbre à palabres ? Mystère ! Nos grassouillets de la Nation sont si pris là-dedans qu’il ne viendrait pas à leur esprit de rappeler une telle évidence ! Quel besoin de palabrer bordel de foutaises, alors que les certitudes sautent aux yeux, à condition de les ouvrir tout de même :
1. Toute négociation avec le Hezbollah ne mènera nulle part pour la simple raison que le parti chiite n'a nullement l'intention de déposer les armes ! Même si l’armée libanaise dispose de 60 000 missiles, de 200 avions de chasses, de 500 tanks et de tout ce qu'on peut trouver sur le marché de l'armement, il ne le fera pas parce son modèle c'est la République islamique d'Iran où l'équivalent du Hezbollah ce sont les Pasdaran, les gardiens de la Révolution islamique, une milice qui évolue parallèlement et indépendamment de l'armée iranienne depuis 1979 ! Alors on peut attendre, on peut rêver, on peut palabrer, mais rien ne se produira.
2. L'Etat libanais n'a pas à apporter des garanties spécifiques à qui que ce soit encore moins une vocation à protéger une milice qui n'a pas hésité à utiliser ses armes contre de paisibles citoyens. Il est souverain ! Et la souveraineté ne se partage pas.
3. Le Hezbollah ne peut pas protéger le Liban. Croire le contraire relève de la pure mythologie ! La guerre de Juillet 2006 en est la meilleure preuve. Un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de gens terrorisés et des milliards de dollars de dégâts. Ce fut un désastre !
A partir de ce constat que faut-il faire ? Nul besoin de tirer des plans sur la comète ! Il convient tout simplement de laisser la démocratie suivre son cours. Le 8M et les apparentés qui sont au pouvoir gouvernent et le 14M et les apparentés s’opposent, en attendant les élections législatives du printemps 2013. Le peuple libanais aura ainsi l’occasion dans un an de juger l’équipe sortante et de choisir à qui donner les rênes du pouvoir législatif et exécutif en conséquence. D’ici là, NON et mille fois NON à la table de dialogue ni hier, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais. Quant au point qui obsède la population depuis 2005, jusqu’à paralyser le pays, les armes du Hezbollah, jamais la voie n’a été aussi évidente pour les libanais. Toutes les milices, le Hezbollah, les salafistes et les milices palestiniennes, doivent être dissouts conformément aux dispositions de l’Accord de Taëf et aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui sont claires comme l’eau de roche (lire le Post scriptum).
Pour l’opposition libanaise, tout est vanité et poursuite de vent en dehors des prochaines élections législatives du printemps 2013 ! Je rajoute pour la énième fois, que tout est vanité et poursuite de vent pour le 14M en dehors d’un programme politique audacieux, des engagements ambitieux et des objectifs clairs ! Sur les armes précisément, il ne sera pas possible pour le 14M de gagner l’opinion publique libanaise sur cette question s’il n’est pas en mesure de lui présenter un moyen concret de parvenir à assainir la société libanaise des armes illégales. Le minimum serait de s’engager à faire voter une loi qui interdirait le port d’armes au Liban, sans aucune exception, en dehors des forces armées libanaises.
En tout cas, pour revenir à l’initiative du 14M, faut-il rappeler aux éminences grises de ce mouvement que la démission du gouvernement Mikati dépend de 3 hommes : en théorie de Bachar El-Assad et de Hassan Nasrallah, mais en pratique du seul Walid Joumblatt, que toute la classe politique et médiatique ménage, à l’exception de Michel Aoun et de Bakhos Baalbaki ! Le 14M peut s’obstiner à ne pas vouloir regarder la réalité en face, il n’empêche que le Bek est celui qui permet aujourd’hui au Hezbollah de rester au pouvoir ! L’initiative du 14M est creuse et inadaptée, dans sa forme et dans son contenu. Elle me semble inutile, irréalisable et déconnectée de la réalité, faisant l’impasse sur UN grand principe démocratique : le Parlement reste le seul lieu de dialogue, notamment quand ce dernier porte sur les problèmes de « souveraineté » ! Ras-le-bol du dédoublement de tout dans ce pays : de la monnaie, des factures, des langues (qu’elles soient vivantes ou mauvaises !), ainsi que des « armées » et même des « parlements » !
Les Forces libanaises s’honorent en ne participant pas à un dialogue factice. Que le 8M accepte l’invitation de Michel Sleimane était prévisible. Palabrer pour passer le temps, faute de mieux, est une stratégie en soi, soit ! Par contre, le courant du Futur et les Kataeb commettent une erreur politique en acceptant d’y participer. Faut-il rappeler à ces 2 partis, que ce gouvernement a pris avec une légèreté consternante la tentative d’assassinat d’un des piliers de la révolution du Cèdre, Samir Geagea (refuser le renvoi du dossier au Conseil judiciaire ; interdire aux FSI l'accès aux données des télécommunications). Une position de principe de ne pas participer aurait inspiré considération et respect par rapport à une participation stérile qui ne présente aucun intérêt pour le peuple libanais. Leur participation rallonge l’espérance de vie d’une « béd3a », qui n’a aucune valeur constitutionnelle et qui n’a conduit à rien de tangible en 6 ans de pratique et des dizaines de mascarades télévisuelles ! Enfin, il ne faut pas oublier, cette béd3a fut créée par Estèz Nabih Berri ! C’est pour dire... ça veut tout dire.
POST SCRIPTUM
Accord de Taëf (adopté par le Parlement libanais le 5 novembre 1989)
« Souveraineté de l'État libanais sur l'ensemble de son territoire.
Suite à l'accord des parties libanaises afin d'instaurer un Etat fort et efficace fondé sur l'entente nationale, le gouvernement d'union nationale élaborera un plan détaillé de sécurité qui durera un an et dont le but est d'étendre progressivement la souveraineté de l'Etat libanais sur tout le territoire national. Ce plan dans ses grandes lignes prévoira :
1- La proclamation de la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non, et la remise de leurs armes à l'Etat libanais dans un délai de 6 mois délai qui entre en vigueur après la ratification du document d'Entente Nationale, l'élection du président de la République, la formation du gouvernement d'Entente Nationale, et l'adoption des réformes politiques par la voie constitutionnelle. »
Résolution 1559 (adoptée par le Conseil de sécurité le 2 sept. 2004)
« Le Conseil de sécurité,
1. Demande à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du Gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire libanais;
3. Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées;
4. Soutient l’extension du contrôle exercé par le Gouvernement libanais à l’ensemble du territoire du pays… »
Résolution 1701 (adoptée par le Conseil de sécurité le 11 août 2006)
« Le Conseil de sécurité,
3. Souligne qu’il importe que le Gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et aux dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du Gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du Gouvernement libanais;
8. … Application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban;
14. Demande au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe… »
Mémorandum du 14 Mars (remis au président de la République le 9 juin 2012 - OLJ 11.6)
Après avoir salué « le sens des responsabilités du président »... le document du 14 Mars souligne la nécessité d’un plan national de sauvetage et s’adresse à toutes les composantes du 8 Mars pour proposer une initiative qui comprend en priorité « l’engagement de tous en faveur de la paix civile et de la stabilité au plan de la sécurité, pour empêcher le pays de glisser vers le chaos ou vers une guerre interne ». « Cet engagement est primordial, quelles que soient les divergences politiques internes », indique le 14 Mars qui juge tout aussi nécessaire que « chaque partie tienne compte des appréhensions de l’autre et comprenne ses sentiments de frustration ou de peur en raison de la tendance de l’autre à la domination »... Le texte propose « un plan de salut général pour régler le dossier des armes sous toutes leurs formes, suivant des mécanismes déterminés et un calendrier programme qui assureront le maintien des capacités militaires actuelles, mais dans le cadre de l’État et notamment de l’armée ». Le 14 Mars appelle ensuite à « la formation d’un gouvernement de sauvetage, neutre et non sectaire », en énumérant « tous les défauts » de l’équipe actuelle. Le mémorandum met l’accent sur l’unité de l’État, sur le fait qu’Israël est « l’ennemi » et sur l’engagement de l’opposition en faveur de la cause palestinienne. Il appelle ensuite « tous ceux qui croient en ces principes et ces objectifs à les consigner dans le cadre d’une déclaration nationale », et réaffirme son attachement aux résolutions adoptées lors des séances précédentes de dialogue, notamment en ce qui concerne le Tribunal spécial pour le Liban, les armes des Palestiniens en dehors des camps et la délimitation de la frontière avec la Syrie.
Au pays du Cèdre, la théorie aurait exigé, sur le plan romanesque, que l’arbre à palabres soit au moins un Cedrus libani. Mais au pays de la discorde, des fazlakét et des béda3 en tous genres, il n’en est rien. Ni Baobab d’Afrique, ni Cèdre du Liban, ni peuplier d’Italie, ni platane d’Orient, mais une table en aggloméré mélaminée, en MDF ou en contreplaqué, tout sauf du bois massif, tout conforme à la laideur ambiante! Combien même les éminents politiques auraient accepté de se réunir sous les branches d’une espèce végétale, et parce qu’aucun arbre dans ce pays n’échappe à la « culture de la mutilation écologique collective », ceci rend une telle réunion cuite d’avance.
Rien n’est de nature à rassurer ce peuple sur l’issue des discussions qui auront lieu aujourd’hui entre les politiciens libanais du premier rang ! Là où les tribus africaines trouvent des solutions à leurs problèmes, les communautés libanaises se perdent en palabres, en échanges interminables, en délibérations stériles ! Tourner en rond est devenu depuis un bail le sport favori des politiciens libanais ! Comment espérer quoique ce soit de ce dialogue, alors que le chef des tribus libanaises, le président de la République, est amputé de tous prérogatives, l’empêchant même de jouer à l’épouvantail ! Quant aux protagonistes, 137 œuvres inspirées de la Comédie humaine de Balzac ne suffiraient sans doute pas à décrire le « jeu » du monde politique libanais ! Aujourd’hui le 8M se trouve subitement féru de dialogue ! Il est vrai que le vernis « démocratique » du coup d’Etat du 12 janvier 2011 -décidé par Bachar El-Assad et Hassan Nasrallah, avec le consentement de Michel Aoun et de Nabih Berri, et la complicité de Nagib Mikati et de Walid Joumblatt- a séché depuis longtemps. Mikati & Co, ont pu emménager sans entrave dans le Grand Sérail et les divers ministères. Quant au 14M qui se présente en ordre dispersé autour de la table en agglo, en dépit des déclarations et des apparences, il présente un « mémorandum de sauvetage du Liban » qui soi-disant dresse un état des lieux et propose des moyens pour sortir de la crise. L'initiative qui engage courant du Futur, Forces libanaises, Kataëb et indépendants, se base principalement sur la démission du gouvernement. Et bien, il ne faut pas avoir peur du ridicule ! Quant au personnage n’appartenant ni au 8M ni au 14M, sauf leur respect, leur présence autour de la table en agglo relève du folklore politique quand ce n’est pas du musée de cire !
Jamais le Liban n’a été aussi largué sur le plan démocratique, même pas à l’époque de la Moutasarifiyé ! Pourquoi une table de dialogue, alors que nous avons une Constitution démocratique qui a depuis des lustres remplacé le code des usages tribo-féodaux et un Parlement qui fait office d’arbre à palabres ? Mystère ! Nos grassouillets de la Nation sont si pris là-dedans qu’il ne viendrait pas à leur esprit de rappeler une telle évidence ! Quel besoin de palabrer bordel de foutaises, alors que les certitudes sautent aux yeux, à condition de les ouvrir tout de même :
1. Toute négociation avec le Hezbollah ne mènera nulle part pour la simple raison que le parti chiite n'a nullement l'intention de déposer les armes ! Même si l’armée libanaise dispose de 60 000 missiles, de 200 avions de chasses, de 500 tanks et de tout ce qu'on peut trouver sur le marché de l'armement, il ne le fera pas parce son modèle c'est la République islamique d'Iran où l'équivalent du Hezbollah ce sont les Pasdaran, les gardiens de la Révolution islamique, une milice qui évolue parallèlement et indépendamment de l'armée iranienne depuis 1979 ! Alors on peut attendre, on peut rêver, on peut palabrer, mais rien ne se produira.
2. L'Etat libanais n'a pas à apporter des garanties spécifiques à qui que ce soit encore moins une vocation à protéger une milice qui n'a pas hésité à utiliser ses armes contre de paisibles citoyens. Il est souverain ! Et la souveraineté ne se partage pas.
3. Le Hezbollah ne peut pas protéger le Liban. Croire le contraire relève de la pure mythologie ! La guerre de Juillet 2006 en est la meilleure preuve. Un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de gens terrorisés et des milliards de dollars de dégâts. Ce fut un désastre !
A partir de ce constat que faut-il faire ? Nul besoin de tirer des plans sur la comète ! Il convient tout simplement de laisser la démocratie suivre son cours. Le 8M et les apparentés qui sont au pouvoir gouvernent et le 14M et les apparentés s’opposent, en attendant les élections législatives du printemps 2013. Le peuple libanais aura ainsi l’occasion dans un an de juger l’équipe sortante et de choisir à qui donner les rênes du pouvoir législatif et exécutif en conséquence. D’ici là, NON et mille fois NON à la table de dialogue ni hier, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais. Quant au point qui obsède la population depuis 2005, jusqu’à paralyser le pays, les armes du Hezbollah, jamais la voie n’a été aussi évidente pour les libanais. Toutes les milices, le Hezbollah, les salafistes et les milices palestiniennes, doivent être dissouts conformément aux dispositions de l’Accord de Taëf et aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui sont claires comme l’eau de roche (lire le Post scriptum).
Pour l’opposition libanaise, tout est vanité et poursuite de vent en dehors des prochaines élections législatives du printemps 2013 ! Je rajoute pour la énième fois, que tout est vanité et poursuite de vent pour le 14M en dehors d’un programme politique audacieux, des engagements ambitieux et des objectifs clairs ! Sur les armes précisément, il ne sera pas possible pour le 14M de gagner l’opinion publique libanaise sur cette question s’il n’est pas en mesure de lui présenter un moyen concret de parvenir à assainir la société libanaise des armes illégales. Le minimum serait de s’engager à faire voter une loi qui interdirait le port d’armes au Liban, sans aucune exception, en dehors des forces armées libanaises.
En tout cas, pour revenir à l’initiative du 14M, faut-il rappeler aux éminences grises de ce mouvement que la démission du gouvernement Mikati dépend de 3 hommes : en théorie de Bachar El-Assad et de Hassan Nasrallah, mais en pratique du seul Walid Joumblatt, que toute la classe politique et médiatique ménage, à l’exception de Michel Aoun et de Bakhos Baalbaki ! Le 14M peut s’obstiner à ne pas vouloir regarder la réalité en face, il n’empêche que le Bek est celui qui permet aujourd’hui au Hezbollah de rester au pouvoir ! L’initiative du 14M est creuse et inadaptée, dans sa forme et dans son contenu. Elle me semble inutile, irréalisable et déconnectée de la réalité, faisant l’impasse sur UN grand principe démocratique : le Parlement reste le seul lieu de dialogue, notamment quand ce dernier porte sur les problèmes de « souveraineté » ! Ras-le-bol du dédoublement de tout dans ce pays : de la monnaie, des factures, des langues (qu’elles soient vivantes ou mauvaises !), ainsi que des « armées » et même des « parlements » !
Les Forces libanaises s’honorent en ne participant pas à un dialogue factice. Que le 8M accepte l’invitation de Michel Sleimane était prévisible. Palabrer pour passer le temps, faute de mieux, est une stratégie en soi, soit ! Par contre, le courant du Futur et les Kataeb commettent une erreur politique en acceptant d’y participer. Faut-il rappeler à ces 2 partis, que ce gouvernement a pris avec une légèreté consternante la tentative d’assassinat d’un des piliers de la révolution du Cèdre, Samir Geagea (refuser le renvoi du dossier au Conseil judiciaire ; interdire aux FSI l'accès aux données des télécommunications). Une position de principe de ne pas participer aurait inspiré considération et respect par rapport à une participation stérile qui ne présente aucun intérêt pour le peuple libanais. Leur participation rallonge l’espérance de vie d’une « béd3a », qui n’a aucune valeur constitutionnelle et qui n’a conduit à rien de tangible en 6 ans de pratique et des dizaines de mascarades télévisuelles ! Enfin, il ne faut pas oublier, cette béd3a fut créée par Estèz Nabih Berri ! C’est pour dire... ça veut tout dire.
POST SCRIPTUM
Accord de Taëf (adopté par le Parlement libanais le 5 novembre 1989)
« Souveraineté de l'État libanais sur l'ensemble de son territoire.
Suite à l'accord des parties libanaises afin d'instaurer un Etat fort et efficace fondé sur l'entente nationale, le gouvernement d'union nationale élaborera un plan détaillé de sécurité qui durera un an et dont le but est d'étendre progressivement la souveraineté de l'Etat libanais sur tout le territoire national. Ce plan dans ses grandes lignes prévoira :
1- La proclamation de la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non, et la remise de leurs armes à l'Etat libanais dans un délai de 6 mois délai qui entre en vigueur après la ratification du document d'Entente Nationale, l'élection du président de la République, la formation du gouvernement d'Entente Nationale, et l'adoption des réformes politiques par la voie constitutionnelle. »
Résolution 1559 (adoptée par le Conseil de sécurité le 2 sept. 2004)
« Le Conseil de sécurité,
1. Demande à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du Gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire libanais;
3. Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées;
4. Soutient l’extension du contrôle exercé par le Gouvernement libanais à l’ensemble du territoire du pays… »
Résolution 1701 (adoptée par le Conseil de sécurité le 11 août 2006)
« Le Conseil de sécurité,
3. Souligne qu’il importe que le Gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et aux dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du Gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du Gouvernement libanais;
8. … Application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban;
14. Demande au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe… »
Mémorandum du 14 Mars (remis au président de la République le 9 juin 2012 - OLJ 11.6)
Après avoir salué « le sens des responsabilités du président »... le document du 14 Mars souligne la nécessité d’un plan national de sauvetage et s’adresse à toutes les composantes du 8 Mars pour proposer une initiative qui comprend en priorité « l’engagement de tous en faveur de la paix civile et de la stabilité au plan de la sécurité, pour empêcher le pays de glisser vers le chaos ou vers une guerre interne ». « Cet engagement est primordial, quelles que soient les divergences politiques internes », indique le 14 Mars qui juge tout aussi nécessaire que « chaque partie tienne compte des appréhensions de l’autre et comprenne ses sentiments de frustration ou de peur en raison de la tendance de l’autre à la domination »... Le texte propose « un plan de salut général pour régler le dossier des armes sous toutes leurs formes, suivant des mécanismes déterminés et un calendrier programme qui assureront le maintien des capacités militaires actuelles, mais dans le cadre de l’État et notamment de l’armée ». Le 14 Mars appelle ensuite à « la formation d’un gouvernement de sauvetage, neutre et non sectaire », en énumérant « tous les défauts » de l’équipe actuelle. Le mémorandum met l’accent sur l’unité de l’État, sur le fait qu’Israël est « l’ennemi » et sur l’engagement de l’opposition en faveur de la cause palestinienne. Il appelle ensuite « tous ceux qui croient en ces principes et ces objectifs à les consigner dans le cadre d’une déclaration nationale », et réaffirme son attachement aux résolutions adoptées lors des séances précédentes de dialogue, notamment en ce qui concerne le Tribunal spécial pour le Liban, les armes des Palestiniens en dehors des camps et la délimitation de la frontière avec la Syrie.