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vendredi 27 mars 2015

Fouad Siniora à la barre du Tribunal Spécial pour le Liban : faut-il regarder la vérité qu’il montre ou le doigt qui la montre? (Art.279)


Nul n’est au-dessus de son pays, avait coutume de dire Rafic Hariri. Encore moins, au-dessus de la critique. Il n’empêche que regarder le doigt, alors que le sage montre la lune, sachant que la célèbre maxime est connue de tous, disons sans ambages que cela relève du crétinisme. Depuis 40 ans, nous gémissons à longueur de journée et de colonne, de mur et de salon, qu’on tue les nôtres, dont deux présidents de la République, Bachir Gemayel et René Mouawad, sans que jamais personne n’ait été jugé. Et pour une fois, il est donné à ce peuple, cha3eb lebnen el3azim, d’assister en direct au jugement des assassins d’un de leurs anciens Premiers ministres, par une haute juridiction internationale que beaucoup de monde nous envie, on trouve toujours certains compatriotes déterminés à ne pas liker la page Facebook du Tribunal Spécial pour le Liban (1875 likes pour 4 millions d'habitants et 15 millions d'origine libanaise, la performance de la photo d'une potiche qui se prend pour le nombril du monde, et encore, habillée !), et d'autres compatriotes obstinés à regarder le doigt de celui qui leur montre la lune, à geindre encore, le plus sérieusement au monde, sur l’utilité du TSL, la politisation du TSL, le coût du TSL, la dominance de couleurs politiquement indésirables comme le rouge des robes et le bleu des écrans dans la salle d’audience du TSL, et à disserter en long, en large et de travers sur l'opération saoudienne « Tempête décisive », sur le mystère du crash de l'A320 et sur un tas d'autres sujets qui n'influenceront pas directement l'avenir du Liban.

Ceci dit, étant indépendant, je peux m’offrir le luxe de juger les dirigeants libanais à leur performance politique. J’ai beaucoup de choses à reprocher au 14-Mars, spécialement à Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire du Futur. A commencer par le blocage du projet de loi sur la nouvelle grille des salaires et le vote de la nouvelle loi de libéralisation des loyers anciens, deux décisions incohérentes, prises sans tenir compte des difficultés financières de la classe moyenne au Liban. Dans ce domaine, il faut avouer que le 8-Mars, notamment le Hezbollah, s’est montré plus sensible à ces problèmes sociaux. Mais, ce n’est pas le sujet du jour. Faisons la part des choses. Aujourd’hui, le débat concerne la justice dans notre pays. Toutes les jérémiades des hypocrites ne sauraient détourner l’attention des Libanais de la lune, ni éclipser le soleil de la vérité qui, comme le disait si bien Victor Hugo, fait tout voir et ne se laisse pas regarder.

Qu’il ait dit la vérité ou pas, n’a strictement aucune importance. Et pourtant, le témoignage de Fouad Siniora ces quatre derniers jours, a toutefois un grand intérêt. Inutile de vous perdre dans les palabres de dizaines d’heures d’audiences à La Haye. Devant le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL), Fouad Siniora a apporté un éclairage historique sur trois points précis qui devraient intéresses tout (com)patriote du pays du Cèdre.

1. Ce qu’on appelle le « système sécuritaire syro-libanais » (Ghazi Kenaan, Rostoum Ghazalé, Emile Lahoud, Jamil el-Saïyed, etc.), n’était qu’un « outil syrien » pour soumettre le « Liban souverain » au joug de la « dictature de la Syrie ». Rappelons que contrairement à ce qui s’est passé au cours du Printemps arabe tunisien, personne de cette clique n’a été jugé pour la répression sanglante des citoyens Libanais (notamment des Forces libanaises, des Kataeb et du Courant patriotique libre), pendant la période de Terreur syrienne entre le 13 octobre 1990 (début de l’occupation syrienne complète du Liban) et le 26 avril 2005 (retrait des troupes syriennes du Liban, après 29 ans d’occupation) ou pour les assassinats et tentatives d'assassinat commis entre 2004 et 2013 (de Marwan Hamadé à Mohammad Chatah), encore moins pour les crimes perpétués par les troupes syriennes pendant l'occupation du Liban entre 1976 et 2005. 

2. Le manitou du système sécuritaire syro-libanais était Bachar el-Assad. Il « tenait le Liban d’une main de fer », comme nous l’a confirmé Fouad Siniora, un témoin clé de cette sale période. Le dernier tyran des Assad est donc forcément impliqué dans l’attentat du 14 février 2005. Ce n’est qu’un secret de Polichinelle. Des preuves ? Comme par hasard, Bachar el-Assad a forcé son coreligionnaire alaouite, Ghazi Kenaan, l’ancien chef des services de renseignement au Liban pendant 20 ans (1982-2002), celui qui a créé un « puissant réseau d'influence, d'intimidation et de terreur » au pays du Cèdre, à se suicider quelques semaines seulement après son témoignage devant la commission de l’ONU qui enquêtait sur l’attentat du 14 février 2005. Et comme par hasard aussi, Imad Moughniyeh, le responsable des opérations du Hezbollah, « le partisan de la guerre clandestine et un théoricien de l'attentat à la voiture piégée et de la prise d'otages » (Wikipédia svp), l'homme le plus discret au monde, a trouvé la mort lui également, dans l'explosion de sa voiture à Damas, le 12 février 2008, un an avant la mise en route du tribunal international en charge de juger les assassins de Rafic Hariri. L’histoire ne dit pas si le premier s’est tiré deux balles dans la tête et si le second a lui même piégé sa voiture, mais il ne manquait plus que de faire croire aux niais, ceux qui regardent aujourd’hui le doigt de Fouad Siniora, que le crocodile syrien s'est suicidé parce qu’il avait perdu son hamster et le loup libanais s'est fait exploser parce qu'il avait un problème de prostate !

On apprend aussi du témoignage de l’ancien Premier ministre de la seconde Indépendance, que si le fondateur de cette dynastie tyrannique syrienne, Hafez, était un dictateur qui restait à l’écoute de ses interlocuteurs même s’il ne tenait pas compte de ce qu’on lui disait, le fils, est de surcroit, une véritable racaille, insultant et menaçant. En tout cas, même après le retrait syrien du Liban, Bachar el-Assad est demeuré le paramètre le plus influent de la météo politico-sécuritaire au pays du Cèdre. Pour rappel, actuellement, les leaders alaouites libanais, les Eid, père et fils, sont réfugiés chez le tyran de Damas, après leur inculpation dans le double attentat qui a ensanglanté la communauté sunnite de Tripoli en août 2013, dont le but était d'embraser le Nord du Liban. Actuellement aussi, Michel Samaha, une figure importante de la nébuleuse politico-sécuritaire syro-libanaise, croupit en prison, pas à cause de faits survenus pendant la période de répression syrienne (1990-2005), mais pour la possession en 2012 de 24 charges explosives, fournies par le régime syrien. Il devait commettre des attentats à caractère confessionnel au Liban, dont l’assassinat du patriarche maronite et de députés sunnites dans les régions sunnites du Nord, décidément, et les attribuer à des djihadistes sunnites libanais. Les ordres venaient de Bachar el-Assad dont l'objectif visait à déclencher une guerre confessionnelle entre les Libanais

3. Le Hezbollah aurait tenté d’assassiner Rafic Hariri à plusieurs reprises, selon un soi-disant aveu du défunt à son ministre, fin 2003, début 2004. Pourquoi ne l’a-t-on pas su avant ? Mystère. Y-a-il des preuves ? Aucune. Que vaut réellement cette information ? Pas grand-chose, évidemment, en dépit de la tempête médiatique qu’elle a déclenchée de part et d’autre. Cette révélation est périmée, disons dépassée, puisque le TSL a justement comme mission de juger cinq membres du Hezbollah de l’assassinat même de Rafic Hariri ! Il ne faudra peut-être pas l'oublier.

Par ailleurs, il serait inutile de s’attarder sur la stratégie de défense des avocats des cinq membres du Hezbollah qui a consisté à multiplier les sujets de diversion sur la dette publique du Liban, la création de Solidere, la privatisation du réseau téléphonique mobile, les entretiens avec Feltman (l’ambassadeur américain au Liban), la détention des quatre généraux (chargés des postes de sécurité), etc. Certes, cela relève du boulot de la défense, il n’empêche que le président de la Chambre de première instance, David Re, n’a pas cessé de demander au franco-libanais, maitre Antoine Korkmaz, avocat de Mustafa Badereddine, le principal accusé du Hezbollah, de formuler clairement ses hypothèses, au lieu de tourner autour du pot en multipliant les questions à l'infini, et d’avoir des documents pertinents à présenter à la barre à la place des « je crois », « je pense » et « de mémoire ».

Comme tout témoignage de ce genre, celui de Fouad Siniora ne comporte pas de révélations fracassantes. Il n’empêche que cette apparition à la barre du TSL revêt un caractère exceptionnel. Grâce au témoignage de l’ancien ministre des Finances de Rafic Hariri, les citoyens libanais ont enfin l’opportunité, d’une part, de reconstituer le climat politico-sécuritaire d’une époque sombre, après l’extension de l’occupation syrienne à la totalité des régions libanaises en 1990 (merci Bush père !), d’évaluer la nature des contraintes syriennes imposées continuellement à l’ancien Premier ministre de la reconstruction, Rafic Hariri, et de mesurer les menaces grandissantes qui pesaient sur lui, au fur et à mesure qu’il réussissait à reconstruire le Liban, qu’il devenait populaire et qu’il essayait d’affirmer la primauté de la souveraineté libanaise sur l’occupation syrienne.

Dans ce sillage, il convient de rappeler que la Terreur syrienne avait déjà atteint son zénith dès le mois d’avril de l’année 1994, avec la constitution de dossiers judiciaires par le système sécuritaire syro-libanais contre Samir Geagea, le chef du parti des Forces libanaises, le dernier des Mohicans du Cèdre à rejeter l’occupation syrienne du Liban. Mais à l’époque, personne n’avait bien compris que la répression qui frappait les opposants chrétiens de plein fouet, allait rapidement toucher les sunnites aussi de plein fouet. Toujours est-il, le gouvernement de Rafic Hariri était alors contraint d’emprisonner Samir Geagea au sous-sol du ministère de la Défense et de dissoudre le parti chrétien, les mesures furent annoncées par l'apprenti terroriste, Michel Samaha, ami personnel du terroriste en chef, Bachar el-Assad. Aujourd'hui, le premier croupit en prison près de Beyrouth, le second s'enterre dans son palais à Damas et Samir Geagea a retrouvé sa liberté. Eh oui, l’histoire peut se montrer impitoyable !

Enfin, terminons sur des anecdotes. Savoir si Rafic Hariri était affecté au plus profond de lui-même par les entretiens humiliants qu’il a eus avec Bachar el-Assad au point de pleurer un jour sur l’épaule de son ami de longue date, Fouad Siniora, franchement, c’est une préoccupation de poissons rouges. A ce propos, le dernier épisode du TSL a permis de découvrir des admirateurs de Rafic Hariri ici et là qui s’ignoraient jusqu’au témoignage de Fouad Siniora à La Haye et qui se sont réveillés offusquer par le récit de ce compagnon de route ingrat qui aurait eu le culot de montrer l’ancien Premier ministre sous un angle de « mollasson ». Breaking News, ça vient de tomber. Bachar el-Assad demande de témoigner d’urgence à La Haye. « Fouad Siniora ment. Quand je l’ai insulté et menacé, Rafic Hariri m’a semblé imperturbable ». Ah, le tyran de Damas vient de commettre l’erreur du milliardaire américain Robert Durst qui a avoué par inadvertance trois meurtres qu’il aurait commis, au cours du tournage d’un documentaire sur lui. Hitchcock avait bien raison, Le crime était « presque » parfait. Eh oui, il ne pouvait pas l’être complètement, même quand on a des troupes qui tiennent le pays d’une main de fer et qui ont tout fait avec les collabos du coin pour effacer les preuves de la scène du crime. Tenez, c’est encore ce qui sort du témoignage de Fouad Siniora devant le TSL. Un élément de plus qui prouve que Bachar el-Assad est directement impliqué dans l’assassinat de Rafic Hariri. Affaire à suive.

lundi 23 juin 2014

Désolé, mais Michel Aoun est inéligible ! Pas à cause du Hezbollah mais parce qu’il est impliqué dans 99,48 % des 969 jours de vacance du pouvoir au Liban. Épisode 1/3 (Art.235)


De même que « l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », comme le disait si bien l’humoriste français Pierre Desproges, je suis convaincu que l’on peut débattre de tout, mais pas avec tout le monde. Cet article est le premier d’une trilogie que je consacre au général Michel Aoun. J’aime les articles-trilogies qui me permettent d’attaquer un problème sous trois angles différents ou complémentaires. Je ne suis pas à mon premier essai. J’ai eu recours à ce procédé à plusieurs reprises dans le passé, notamment au sujet de l’élection présidentielle libanaise

C’est navrant d’en arriver là. Mais, quand des leaders dépassent les bornes, wou ma bé7isso 3a dammoun mennoun la 7aloun, il est du devoir des citoyens de leur fixer des limites. Avec cet énoncé irritant, beaucoup se doutent déjà où BB veut en venir. Mais, ce n’est pas aussi simple. Laissez-moi vous expliquez l’origine de cette réflexion, vous pourrez alors mieux suivre le cheminement de ma pensée.

Tout a commencé en regardant Michel Aoun le mardi de la semaine dernière. La veille de la 7e séance électorale, le candidat permanent à la présidence de la République libanaise since 1988 affirme que « la présidence pour les chrétiens n’est pas à mendier ». Bon, disons qu’il n’y a rien d’étonnant dans une telle déclaration, pour un populiste de la trempe du général. Pas le reste. Dans cette longue interview qu’il a accordée à OTV, la chaine du Courant patriotique libre où il était assuré de la docilité du journaliste, il ajoute avec un air solennel à faire rire tous ceux qui ont de la mémoire : « Tout le monde doit comprendre, des États-Unis, à la Russie, à nos voisins arabes et à nos confrères de l’intérieur : je ne mendie pas la présidence d’eux, je suis le plus fort grâce à ceux que je représente. » Parole de candidat consensuel, n’est-ce pas ? Lol ! La dernière fois que le général Michel Aoun a tenu des propos aussi grotesques et mégalomanes, presque mot à mot !, c’était quelque temps après sa désastreuse nomination comme Premier ministre intérimaire, le 22 septembre 1988, justement dans un contexte semblable à celui d’aujourd’hui, en pleine vacance de la présidence de la République libanaise. À l’époque aussi, pour le général, tout le monde devait comprendre, 3antariyett contre les mêmes États-Unis, bahwariyett contre les mêmes pays arabes, wa 7ouroub elgha tous azimuts, avant de prendre le premier tank en direction de l’ambassade de France, aux premiers grondements des Sukhoï syriens dans le ciel de Beyrouth au matin du 13 octobre 1990, trois-quarts d’heure seulement après l’entrée des troupes syriennes dans les régions chrétiennes libres, accompagnées de la milice du Hezbollah dans certaines zones, pour la première fois depuis l’occupation du Liban par la Syrie en 1976.

Ce rapprochement m’a amené à effectuer une recherche sur la vacance présidentielle dans l’histoire de la jeune République libanaise. Comme vous le verrez, c’est très instructif. Notre pays a connu quatre périodes de vacance au niveau de la magistrature suprême, avec celle que nous vivons actuellement. Nous avons été sans président, officiellement ou de facto, pendant 969 jours en 70 ans d’indépendance, soit près de 2,7 ans pour un compteur arrêté au 23 juin 2014. Eh bien, figurez-vous, mes chers compatriotes, que Michel Aoun est impliqué directement dans 3 des 4 périodes de vacance présidentielle, soit au total dans 964 jours de vacance qui représentent 99,48 % des jours de vacance du pouvoir que nous avons connue. Certes, il ne porte pas seul cette responsabilité, mais sa contribution à ce dysfonctionnement grave de notre démocratie est impressionnante. Voici les détails.

La première période de vacance présidentielle s’est déroulée à une époque où les institutions libanaises fonctionnaient correctement, au moins à ce niveau. Le jeudi 18 septembre 1952, Fouad Chehab, commandant de l’armée libanaise, est nommé comme Premier ministre intérimaire avec pour mission d’organiser des élections présidentielles de toute urgence. La mission fut accomplie avec succès grâce à l’élection de Camille Chamoun, le lundi d’après. C'est à peine croyable ! La vacance de la présidence de la République sous Fouad Chehab en 1952 n’a duré que 5 jours, sans aucune conséquence notable ni pour notre pays ni pour ses citoyens.

Pour la seconde période de vacance, ce n’est pas la peine de préciser les mois, encore moins les jours de la semaine. Juste pour info, le 22 septembre 1988, à la surprise générale, pour éviter à « choisir entre Mikhaël Daher et le chaos » -et Dieu sait qu’avec le recul, tous les « patriotes » ont eu tort d’ignorer les mises en garde de l’émissaire de Ronald Reagan (que beaucoup regrettent et pourtant !), il fallait incontestablement choisir Michaël Daher- le président sortant Amine Gemayel, nomma le commandant de l’armée libanaise, le général Michel Aoun, comme Premier ministre intérimaire avec pour mission d’organiser des élections présidentielles de toute urgence. Hélas, n’est pas Fouad Chehab qui veut, mais qui peut ! Michel Aoun ne s’est jamais occupé de ce qu’exigeaient de lui le devoir patriotique et la Constitution du Liban. Bien au contraire, tout était bon pour se dérober à sa mission et rester au pouvoir par tous les moyens, avec de très graves conséquences pour le Liban et le peuple libanais, notamment pour les communautés chrétiennes, qu’il prétend aujourd’hui défendre. Après une refonte de la Constitution et des prérogatives du « président maronite », deux guerres dévastatrices pour les « régions chrétiennes libres » et deux ans de désolation plus tard, il fut délogé de Baabda par les troupes syriennes du premier tyran des Assad. Non seulement, Michel Aoun n’a pas rempli sa mission, organiser l’élection d’un nouveau président, mais pire encore, il était officiellement sur le plan national et international en « rébellion » contre l’État libanais. Il n’a permis, ni à René Mouawad, élu président de la République libanaise le 5 novembre 1989, ni à son successeur, Elias Hraoui, élu après l’assassinat du premier le 24 novembre 1989, de s’installer à Baabda. La vacance de la « présidence à Baabda » sous Michel Aoun comme Premier ministre en 1988 a duré de facto 751 jours au total. Plus de 2 ans, le record.

La troisième période de vacance est intervenue à une époque où la nouvelle Constitution libanaise issue de l’accord de Taëf (1989) prévoit que le Conseil des ministres hérite des prérogatives présidentielles et qu'il revient au Premier ministre en exercice d’assurer l'expédition des affaires courantes du pays et la tenue de nouvelles élections présidentielles conjointement avec le président du Parlement. Mais, en novembre 2007, face au blocage des forces du 8 Mars -les troupes de Hassan Nasrallah, de Nabih Berri et de Michel Aoun, campaient place Riyad el-Solh au pied du Grand Sérail pour faire tomber le gouvernement libanais et Nabih Berri avait fermé les portes du Parlement à double tour !- on n’a pas réussi à accomplir convenablement cette tâche sous le gouvernement de Fouad Siniora. Il a fallu l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban par les miliciens du 8 Mars, du Hezbollah et du Parti National Syrien, et la grave menace de guerre civile qui planait à ce moment critique de notre histoire, pour dégager un consensus autour du commandant de l’armée libanaise de l’époque, Michel Sleiman, qui sera élu le 25 mai 2008. La vacance de la présidence en 2007 a duré 183 jours.

Quant à la quatrième période de vacance, elle vient juste de commencer, le 25 mai 2014. Une façon de parler ! Tout indique qu’elle ne sera pas de courte durée, un paramètre connu depuis la nomination de Tammam Salam en avril 2013, et qui prouve aujourd’hui, que Samir Geagea n'aurait pas dû exclure son parti, les Forces libanaises, du gouvernement de Tammam Salam, en février 2014, alors qu’il projetait se porter candidat à la présidence de la République. Comme en 2007, le Premier ministre en exercice, Tammam Salam, est censé expédier les affaires courantes et assurer de toute urgence, conjointement avec le président du Parlement, l’élection d’un président à la tête de la République libanaise, mais absolument pas, de gouverner comme si de rien n’était, comme il le fait actuellement et comme le souhaitent la pie, le caméléon, le renard et tant d’autres. Mais là aussi, comme en 2007, les forces du 8 Mars -les députés de Hassan Nasrallah, de Nabih Berri et de Michel Aoun- bloquent la situation, boycottent les séances électorales du Parlement et attendant un vent d’Est plus favorable. La vacance du pouvoir en 2014 dure depuis 30 jours.

Notre démocratie garantit à chaque citoyen le droit de penser ce qu’il veut de Michel Aoun, de Samir Geagea, d’Amine Gemayel, de Sleiman Frangié, de Boutros Harb, d'Henri Helou, de Dory Chamoun, de Carlos Eddé, d'Emile Rahmé, de Jean Obeid, de Ziad Baroud, de Riad Salamé, de Nadine Moussa et de Bakhos Baalbaki. On peut les adorer, les apprécier, les négliger, les mépriser ou les haïr. On peut émettre des hypothèses sur leurs choix politiques. On peut disserter et disséquer leurs alliances. Mais, nul ne peut contester les faits résumés dans le graphe inséré au début de cet article. De tous ces candidats déclarés ou potentiels à la présidence de la République libanaise, seul Michel Aoun est impliqué dans 99,48 % des 969 jours de vacance du pouvoir, en seulement 70 ans d’indépendance (1943-2014). Eh na3am !

Le général a sans doute une tonne d'excuses bidon à fournir. Mais dans ce contexte, je voudrais rappeler quand même quelque chose de fondamental. À force de se perdre dans les méandres et les impasses de la politique libanaise, on oublie parfois l’évidence. Le président de la République est le seul haut personnage de l’État qui prête serment au Liban. Ni le Premier ministre, ni le président de l’Assemblée, ni aucun des ministres ou des députés, ne le fait. Certes, ses prérogatives ont été limitées par l’accord de Taëf, il n’empêche que l’article 49 de la Constitution libanaise précise clairement que seul « le Président de la République (...) veille au respect de la Constitution ». C’est son devoir, comme on peut le lire dans l’article 50. « Avant de prendre possession de ses fonctions, le Président de la République prête serment de fidélité, devant le Parlement, à la Nation Libanaise et à la Constitution, dans les termes suivants: "Je jure par Dieu Tout-Puissant, d’observer la Constitution et les lois du Peuple libanais, de maintenir l’indépendance du Liban et l’intégrité du territoire". » Elle est là l’évidence ! Le fait que le « candidat Michel Aoun » soit impliqué aussi massivement dans la vacance du pouvoir, à hauteur de 99,48 %, ce qui constitue une violation grave de la Constitution, le rend tout simplement inapte pour « prêter serment de fidélité à la Constitution », pour « observer la Constitution » et pour « veiller au respect de la Constitution ». Il devrait donc être déclaré tout simplement inéligible par le Parlement libanais et considéré comme tel par le chef du 14 Mars, Saad Hariri. Assez de tergiversations !

mardi 11 mars 2014

L’hystérie contre Sleiman, la méfiance de Bassil des expatriés et la pétition de Siniora à l’ONU (Art.215)


A l’heure des lamentations récurrentes d’une partie des Libanais à propos de la performance du président américain Barack Obama, je me demande qui dans nos contrées est bien au courant de ce qui s’est passé d’important les 27 et 28 février 2014, du côté de ce pays en détresse nommé Liban ? Peu de gens, j’en suis sûr. Et pourtant, les infos auraient dû mobiliser les partisans du 14 Mars et de la société civile libanaise qui lui est proche. Il n’en est rien. A qui revient la faute n’a plus beaucoup d’importance. Ceux qui sont à l’origine de ces actions pertinentes, ainsi que ceux qui ont la charge d’informer les citoyens libanais, ont dû juger qu’il devrait en être ainsi. Soit.

En cette journée du 27 février, l’ancien Premier ministre libanais, Fouad Siniora, incontestablement « le plus intelligent d’entre nous », pour reprendre la formulation de Jacques Chirac sur Alain Juppé, a remis au coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban, Derek Plumbly, une pétition. Elle ne concerne ni la protection des ficus des trottoirs d’Achrafieh des excités du sécateur de la municipalité de Beyrouth, ni la mise en route d’urgence d’un plan national pour assurer aux générations futures l’eau au robinet à tous les étages, dans toutes les régions et en toute saison. Non hélas, double hélas. Néanmoins, la démarche était capitale pour tout citoyen libanais exaspéré par les palabres après chaque assassinat politique et soucieux un tant soit peu de l’Etat de droit au pays du Cèdre. La pétition est signée par 69 députés du bloc du courant du Futur de Saad Hariri, du Front de lutte nationale de Walid Joumblatt, des Kataeb d’Amine Gemayel, du parti des Forces libanaises de Samir Geagea et de divers parlementaires indépendants dont Boutros Harb. Elle est adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Les signataires réclament dans ce texte, le transfert de tous les dossiers d’assassinats politiques et des tentatives d’assassinats politiques commis récemment au Liban contre des personnalités de la Révolution du Cèdre, au Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) à La Haye au Pays-Bas. Cela va de la tentative d’assassinat de Marwan Hamadé en octobre 2004 à l’assassinat de Mohammad Chateh en décembre 2013, en passant par ceux de Pierre Gemayel en novembre 2006 et de Wissam el-Hassan en octobre 2012.

Certes, il s’agit d’une excellente initiative mais il y a deux bémols. Selon l'article premier du statut du TSL, il revient aux représentants de la République libanaise, signataires de l'accord judiciaire avec l'Organisation des Nations Unies, d’effectuer cette demande et non à une partie de ces autorités, au TSL la charge d’examiner le lien de connexité avec l’assassinat de Rafic Hariri, condition sine qua non pour valider ce transfert. Ainsi, une telle demande aurait dû être remise aussi au gouvernement de Tammam Salam ou à son successeur après les élections législatives. L’autre bémol, concerne l’incompréhensible léthargie de l’index des mains 14-marsistes dès qu’il s’agit de la page facebook du TSL. Elle me conforte dans l’idée que le Liban est un pays qui a plus d’attention de la part de la communauté internationale qu’il ne mérite réellement. En tout cas, les voies du militantisme libanais sont aussi impénétrables que celles du Seigneur. Mystère et boule de gomme. Tenez, by the way, le Tribunal Spécial pour le Liban vient de publier le 5e rapport annuel sur son activité. Il couvre la période allant du 1er mars 2013 au 28 février 2014, celle qui a connu l’ouverture du procès criminel contre les cinq membres du Hezbollah accusés de l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri.

Et puisque j’ai votre attention, je voudrais aussi revenir sur un tout autre événement qui n’est pas passé inaperçu, fort heureusement, c’est le discours prononcé par le président de la République lors de la conférence « Ma terre: un avenir prometteur » organisée par l’Université Saint-Esprit à Kaslik le 28 février 2014. Hélas -il y en a toujours avec moi- la polémique autour du triptyque mythologique « l’armée - le peuple - la résistance », a occulté le reste du discours présidentiel, qui méritait pourtant toute l’attention des citoyens libanais. En relisant ce texte, je trouve que ce discours de fin de mandat peut être considéré comme une feuille de route pour le prochain président de la République. Avis aux intéressés.

Commençons par nous faire plaisir, en reparlant de ce qui a mis la clique d’Ibrahim el-Amine, propagandiste en chef du quotidien al-Akhbar, au bord de l’hystérie. Dans ce discours, Michel Sleiman nous a gâté et gratifié en affirmant que « la terre, le peuple et les valeurs communes, constituent le triptyque en or permanent de la patrie, celui qui est indispensable pour lier son passé à son avenir », renvoyant du coup l’insertion du triptyque mythologique dans la déclaration gouvernementale aux calendes grecques. Afin de recommander son « envoi » et de s’assurer de la « réception » du message par son destinataire, Michel Sleiman a invité tout le monde, à « ne pas s’accrocher à des équations de bois rigides qui entravent son élaboration ». Formulation vague mais suffisamment cadrée pour provoquer un tollé dans les médias du Hezbollah et consorts. Ma yallé ta7ét bato sallé, bten3aro !

Pour donner à ce discours de fin de mandat la solennité d’un discours d’investiture, Michel Sleiman a rajouté que « la Déclaration de Baabda est devenue une des constances, au même titre que le pacte national ». Plus que la résistance des matériaux, c’est précisément ce qui a mis hors d’elle, toute la horde 8-marsiste. Rappelons que la fameuse Déclaration de Baabda a été adoptée le 11 juin 2012 par le Comité de dialogue national. Elle résulte d’un consensus. Yé3né bel mchabra7, tous les leaders libanais sans exception -Saad Hariri, Amine Gemayel et Samir Geagea, mais aussi Hassan Nasrallah, Walid Joumblatt, Nabih Berri et Michel Aoun- ont accepté :

- primo, de « se tenir à l’écart de la politique des axes et des conflits régionaux et internationaux et éviter les retombées des tensions et des crises régionales pour préserver les intérêts supérieurs du Liban, son unité nationale et la paix civile » ;
- secundo, de « veiller à maîtriser la situation à la frontière libano-syrienne (...), le pays ne pouvant servir de base ou de point de passage pour la contrebande d’armes et l’infiltration de combattants » ;
- et tertio, tenez-vous bien, de « respecter les résolutions internationales et notamment la résolution 1701 du Conseil de sécurité ».

Alors, vous comprenez mieux maintenant la nature de la crise hystérique contre Michel Sleiman, celle qui a agité les milieux politiques et les réseaux sociaux du 8 Mars (voir les deux photos publiées par le site Youkal) ? Le Hezbollah n’a pas tardé à publier un communiqué de presse le jour même, dans lequel il a affirmé « qu'avec tout le respect que nous portons pour le poste de la présidence de la République, nous pensons, suite au denier discours du président Sleiman, que le palais de Baabda exige des soins intensifs parce que son occupant actuel ne sait plus distinguer entre le bois et l'or ». Eh bien, faut pas s’énerver comme ça ! Qu’entend le Hezbollah par soumettre le palais présidentiel à des « soins intensifs » ? Mener une expédition punitive comme celle du 7 mai 2008 contre la girouette de Moukhtara ou informer le locataire de Baabda que son mandat ne pourra être prorogé sous aucun prétexte ? Qu’importe, de part et d’autre, le message a été reçu cinq sur cinq, sauf que le Hezbollah a oublié qu’il représente un parti politique dont la branche armée constitue une milice qui ne possède aucune légalité, condamnée par l’Histoire à disparaître, tôt ou tard, alors que « l’occupant actuel du palais de Baabda » est président de la République libanaise et commandant en chef des forces armées libanaises, jusqu’au 25 mai 2014. En tout cas, Michel Sleiman a aussitôt répondu via Twitter que « le palais de Baabda est tenu de reconnaître les décisions qui ont été prises à l'unanimité, comme la Déclaration de Baabda ». Eh oui, tweeter peut faire plus mal que de presser un citron sur une plaie.

Pour rappel, encore un, la résolution 1701, votée le 11 août 2006 du temps du gouvernement de Fouad Siniora, a mis un terme à la guerre désastreuse en cours « depuis l’attaque du Hezbollah en Israël le 12 juillet 2006 », pour reprendre les termes précis de l'ONU. Dans cette résolution clé, « le Conseil de sécurité (...) souligne qu’il importe que le Gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais (...) afin d’y exercer intégralement sa souveraineté... (avec) application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban ». Difficile d’être plus explicite : aucune « résistance » n’a droit de cité, la milice du Hezbollah et les milices palestiniennes doivent être dissous et désarmées.

Au cours de ce discours axé en grande partie sur les difficultés économiques actuelles du Liban, le président a souligné l’importance de « respecter les échéances électorales, présidentielle et législatives, et de mettre en œuvre des gouvernements efficaces », pour que le Liban puisse obtenir une aide financière de la communauté internationale, comme ça a été le cas récemment lors de la Conférence du Groupe de soutien au Liban à Paris. Il a rappelé que la société libanaise croule littéralement sous « le poids des réfugiés » -aussi bien syriens, avec plus d’un million de personnes, que palestiniens, avec plus d’un demi-million de personnes- dont le nombre au total représente aujourd’hui un tiers de la population du pays, « une proportion qui constitue une menace durable pour la terre et ses richesses, ainsi que pour l’équilibre démographique et communautaire, pour l’intégration sociale et pour la stabilité économique ». Oui, il faut prendre conscience que le Liban d'aujourd’hui court de grands périls ! Voilà pourquoi, il est important aux yeux du président « d’être strict dans l’application de la loi concernant l’appropriation immobilière des étrangers et le refus d’implantation des réfugiés palestiniens sur notre territoire ».

Par ailleurs, afin de raviver les liens entre la diaspora et la terre des ancêtres, Michel Sleiman recommande « d’accélérer les mécanismes de récupération de la nationalité libanaise » par les descendants de Libanais, de tout mettre en œuvre afin de « faire participer les expatriés aux élections législatives » et « de faire voter au plus vite une loi électorale afin de renouveler la classe politique ».

Enfin, le commandant en chef des forces armées a appelé à la tenue d’une table de dialogue aussitôt après le vote de confiance du gouvernement Tammam Salam afin de « discuter de la stratégie nationale de défense de notre terre, pour faire face au terrorisme criminel et pour le contrôle des armes répandues dans toutes les régions libanaises », tout en rappelant qu’il a lui-même présenté une vision à ce sujet qui vise « à regrouper les capacités nationales sous le commandement de l’Etat et sous son autorité, et à armer l’armée libanaise ».

Si la milice chiite s’est contentée d’une brève attaque virulente contre le président maronite, ce sont ses fidèles alliés maronites qui se sont chargés des détails et du zèle. Triste destin pour des leaders qui se targuent de défendre contre vents et marées « les droits des chrétiens » ! C’est par la voix de Gebran Bassil, le dauphin-gendre du général, sur la chaine sous perfusion, New TV, que l’allié stratégique du Hezbollah a répondu à Michel Sleiman. « Si l’équation (peuple-armée-résistance) est de bois, elle a quand même prévalu six ans. Elle serait aussi une description du règne de la présidence ». Il faut reconnaitre qu’au cours de ce mandat, le général et son gendre, ont eu de très mauvaises relations avec le palais de Baabda. Continuons, j’ai mieux pour vous.

« Personne ne peut éliminer la résistance, parce que c’est une résistance contre Israël, qui vise à libérer les territoires occupés et afin d’affronter toute attaque israélienne. Cette résistance est pour défendre le Liban. » El3ama wlo, wlé sté7é, même le Hezbollah n’ose plus aborder le sujet de la « résistance contre Israël » ! Le Hezbollah défend le Liban ? Avouez qu’il est difficile de faire plus « langue de bois ». Rappelons à l’amnésique par omission et par conviction, que Hassan Nasrallah est enlisé dans le « djihad » en Syrie depuis au moins un an et demi, les mains bien trempées dans le sang de la guerre civile syrienne, aux côtés du régime alaouite de Bachar el-Assad, à des centaines de kilomètres de la frontière de l’Etat hébreux. C’est au point qu’ils ne se donnent plus la peine tous les deux d’ailleurs, de répondre aux nombreux raids israéliens. La « résistance contre Israël », la mythologie antique !

Le dérapage de Gebran Bassil était encore plus flagrant sur le vote des expatriés. Lisez vous-mêmes la déclaration du gendre-zélé, le nouveau ministre libanais des Affaires étrangères. « Il n’est pas permis, aux expatriés (libanais) qui se trouvent dans des pays lointains, qui ne vivent pas la situation au Liban de participer à l’élection de tous les députés. Il faut leur réserver un certain nombre de députés qui les représentent ». Lointains de combien : 100, 1 000, 5 000 ou 10 000 km ? Qu’il est ridicule ce Gebran Bassil, on se croirait à l’époque de l’immigration libanaise vers le Brésil et l’Argentine à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Coucou, l’humanité a fait des progrès depuis : il y a des avions, il y a des chaines satellites, il y a internet, le Mont-Liban n’est plus sous occupation ottomane et Gilberte Zouein défend les droits de la femme libanaise dans un silence assourdissant ! Quoique, j’ai des doutes sur la nature du progrès pour ce dernier point. Mais bordel, est-ce qu’il existe un seul Libanais dans ce monde -« Libanais » c’est-à-dire détenteur de la nationalité libanaise, donc automatiquement inscrit sur les listes électorales, et non descendant de Libanais qui ne possèdent pas le passeport libanais- qui ne « vit pas la situation au Liban », ne se sent pas concerné par l’avenir de son pays et qui ne soit pas capable de choisir le député dans SA circonscription ? Foutaises. 

Pour faire bref, la participation des expatriés aux élections, comme la récupération de la nationalité libanaise par les « douze millions » de descendants de Libanais réclamée par le président Michel Sleiman, représentent deux des revendications les plus anciennes des chrétiens du Liban, notamment des maronites. Alors vous comprenez, ce n’est surement pas à deux arrivistes opportunistes de passage, comme Michel Aoun et Gebran Bassil, de marchander ces droits contre un bénéfice bassement électoral, et d’établir le degré d’attachement de tout Libanais au Liban. S’ils sont motivés par des calculs apothicaires électoraux, c’est leur problème et pas le nôtre. La réalité est bel et bien ailleurs. Le général et son gendre craignent au plus haut degré le vote indépendant des expatriés libanais. Etant à l’abri de la propagande syro-irano-hezbollahi-aouniste, ils désavoueront l’alliance contre-nature de Michel Aoun avec le Hezbollah, une organisation considérée par l’écrasante majorité des pays du monde arabe et occidental comme étant de nature terroriste, qui fait tout pour isoler le Liban de la scène internationale et le placer sur l’axe Syrie-Iran.