A peine vous concluez que le Liban a
atteint le fond de l’incompétence et que le pays du Cèdre ne peut désormais que
rebondir, un événement malheureux vient vous signifier combien vous êtes naïfs
et qu’il existe encore dans notre pays des profondeurs inexplorées par les
dirigeants libanais. Séjaan Azzi, le
ministre du Travail, vient de nous proposer une plongée dans les abîmes de l’absurde.
C’est un secret de Polichinelle, tout le
monde sait que le pays de Gibran Khalil Gibran est gangrené par la corruption. Rien,
absolument rien, n’est pas corruptible dans notre contrée d’Orient. Faisons un petit tour. Que des cas perso,
donc tous véridiques. Prévoyant, j’arrive un beau matin à 8h30 pour demander une fiche d’Etat civil. « Rja3 khédo boukra », comme ça sec. Demain ?
Hors de question, le document ne prend que deux minutes et cela me coutera un supplément de deux heures d’embouteillages pour un
aller-retour afin de la récupérer. Je sors du bureau et je rentre de nouveau, après avoir glissé un
petit billet entre les papiers demandés. Comment je connaissais le code de procédure ? J’ai vu
faire, j'avais encore la tétine dans la bouche. « Ahla
estez. Repose-toi, prend un café, rafraichis-toi, le temps que je te le prépare ». Un Lincoln, 5$, ça rend loquace. Au
passage, en arabe, le vouvoiement n’est pas courant. L’immobilier, l’héritage et la voiture, sont des domaines hautement
corruptibles. Je sais de quoi je parle, je l’ai vécu, dans trois dossiers. Lorsque
j’ai fait part de ma réprobation à un avocat en charge d’effectuer une démarche
administrative pour moi, il m’a répondu : « c’est très simple, toi en tant que citoyen, tu peux
éventuellement tu permettre de ne pas céder à ce chantage, tu n’as qu’une
affaire à régler ; mais moi, si je le fais, je serai traité comme un
pestiféré jusqu’à la fin de ma carrière ». Un jour j’arrive à 11h45
pour payer une facture, j’ai bien
dit, payer une facture. Les services ne ferment qu’à midi. Eh bien figurez-vous,
mon devoir de citoyen n’a pas pu s’exprimer que grâce à un billet vert. Hamilton m’a évité de revenir le
lendemain. Port et aéroport de Beyrouth,
haddiss bala haraj, au moins pour le premier. Un jour, j’ai
eu la malencontreuse idée de faire venir quelques affaires sans grande valeur
marchande par bateau. Je ne vous dis pas, c’était le parcours du combattant
pour les récupérer. Certains Libanais n’ont pas la moindre idée de ce qui se
passe dans cette zone extraterritoriale. Je le savais, on m’avait prévenu.
Mais, je ne rechigne que rarement devant une première expérience. En gros, j’avais
deux fois plus d’étapes à effectuer que de cartons à sortir. Certaines étapes
me paraissaient complétement farfelues. Ce n’est qu’à la sortie que j’avais
compris la raison d’être d’une telle organisation complexe. Dans ce système
hérité de l’époque ottomane, la multiplication
des étapes permet de multiplier les intermédiaires, et du coup, tout le monde
peut se faire graisser la patte. Ingénieux, hein ? La palme d’or de la
corruption la plus comique à laquelle j’ai été confrontée un jour, revient à un
douanier. Je me trouvais à l’aéroport de Beyrouth. N’ayant pas eu ma valise, je
suis retourné le lendemain pour la chercher. Je décroche une autorisation de la
Sureté générale pour rentrer dans l’enceinte de l’aéroport sans billet. Je récupère
ma valise et je m’apprête à sortir, en fredonnant « hob bladi biyejma3na, biyejma3na 3ala toul ». Tout va
bien dans le meilleur des mondes sauf que je suis seul, une proie facile vous
dira Cecil d’outre-tombe, il n’y avait aucun avion sur les pistes d'atterrissage à cet
instant de la journée. Un braconnier de la douane flaire la bonne affaire. Il me
demande de me mettre sur le côté. Vous n’allez me croire vous aussi, j’avais
oublié la clé du cadenas. Il était mort de rire quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle. Je
le voyais baver sur le Jackson qu’il
s’est projeté dans sa tête. 20$ tombés du ciel, enno kekh ? Ce sont trois chawarmas succulents chez le roi incontestable de cette spécialité libanaise, Joseph. « Je
suis obligé de forcer la valise » me dit-il, d'un air à moitié convaincu. J’ai beau lui expliqué
que le bagage qu’il a devant les yeux fut contrôlé dans deux aéroports
européens aux normes les plus stricts, Paris et Rome, où j’ai passé la journée, et qu’il peut lui même
l’examiner au scanner éventuellement. Rien à faire. « Quel scanner ? Il est à l’autre bout du bâtiment. »
Il se croyait à JFK ou à CDG. Commence alors un long interrogatoire tous azimuts. Il
voulait savoir qui j’étais, d’où je venais, où j’allais, ce que je faisais au
Liban, mon métier, mon état marital, ma pointure, j’en passe et des meilleures.
J’ai rapidement compris que la
multiplication des questions n’avait qu’un but, m’exaspérer et me pousser à
sortir ce Jackson (20$) ou un Hamilton (10$) au moins, pour abréger la
conversation. Quand j’ai compris son stratagème, j’ai décidé de ne rien lui
filer, pas même une pièce de 5 piastres. Lorsqu’il a fini par le comprendre, il
me regarda, me sourit et me dit texto : « leik, combien tu me donnes pour que je te laisse passer, heik
3al sari3 ? » Surpris, sourire narquois, je lui répondis : « Ecoute, je vais monter tout de suite
dans les bureaux d’Alitalia, pour réclamer un dédommagement de 50$. Dès que je
les aurai, je reviendrai te voir et on se les partage. Deal ? ».
D’un air dubitatif, il lâcha ma valise, hocha sa tête, me fit un signe de la main
pour déguerpir et me balança en riant : « el tabkha el taïbé, ma btettekal ella soukhné » (le bon
plat ne se mange que chaud). « Lé wlo, pas toujours, el ms2a3a wou el loubyé be zeit, se mangent froid », lui dis-je. Nous avons rit de bon cœur tous les deux. Heureusement que la pulsion de corruption n’étouffe pas ce sport national, la bonne humeur libanaise.
Aucun Libanais ou résident au Liban n’a pas une
histoire de ce genre. L’Etat libanais
est gangréné par la corruption. On imagine bien à quel point il est difficile
de la combattre. Elle peut se manifester à tous les niveaux sans exception. Au
point où nous en sommes, et d’après notre longue expérience en la matière, depuis
les bakhchich de la lointaine
domination ottomane, on peut admettre qu’un ministre d’Etat nous dise aujourd’hui
: mes chers compatriotes, vous m’en voyez désolé, je ne peux rien faire pour vous. Mais
de là, à légaliser la corruption au
Liban, au nom de la lutte contre la corruption, il fallait oser. Séjaan Azzi a
relevé le défi.
Dans sa
circulaire controversée datant du 28 juillet 2015, le ministre du Travail
précise : « Afin de garantir
l’intérêt public... et pour empêcher le citoyen de recourir à des intermédiaires...
on procédera à la création d’un fonds spécial qui sera financé d’une manière
facultative par les citoyens qui désirent accomplir leurs démarches
(administratives) le plus rapidement possible ». Ces démarches
concernent entre autres, la délivrance et le renouvellement des permis de
travail aux employés de maison et aux travailleurs du bâtiment. Précision
utile, au Liban, ce ne sont pas les employés qui effectuent les démarches mais
les employeurs. Remarquez au passage qu'il n'y a aucune indication sur les délais dans ce document juridique. Le ministre nous donne un peu plus de détails, qui n'ont pas de valeurs juridique et contraignante soit dit au passage, dans une conférence de presse improvisée. Désormais, qui souhaite accélérer
le traitement de son dossier au ministère du Travail, pour obtenir soi-disant en 24 à 48
heures ce qui normalement pourrait prendre 3 à 15 jours ou plus, devra s’acquitter de
50 000 LL (33 $). Les sommes
récoltées seront redistribuées aux fonctionnaires du ministère selon un
barème établi par le ministre du Travail, la quote-part du directeur général étant
le double de celle du concierge, pour les autres, l’intéressement se situe entre les
deux marges.
Séjaan Azzi est si fier de lui qu’il
n’hésite pas à parler « d’audace et
de courage ». Il se considère comme LE ministre qui veut « mettre
un terme à la corruption ». Pour mieux vendre son idée, il prétend
que « divers pays ont déjà pris des
circulaires de ce genre ». Ah bon, on aimerait bien savoir lesquels. En
tout cas, pas en Europe. Le ministre prévoit même qu’en cas de rejet de la part
de l’opinion publique et des médias, « je
leur dirais, moi j’ai tenté de faire face à la corruption ». Il y
croit vraiment. Pour être honnête et juste, disons que Séjaan Azzi n’a rien inventé, des démarches administratives à
deux vitesses existent à la Sureté générale, afin de permettre aux Libanais
aisés et pressés d’obtenir un nouveau passeport ou de renouveler un ancien document de voyage plus rapidement
que prévu. Bienvenue au Liban. Ainsi, qui veut faire le procès du ministre du
Travail, doit se retourner aussi sur cette pratique instaurée dans les années
90.
Je ne doute pas des bonnes intentions du
ministre des Kataeb. D’ailleurs, à l’écouter durant sa conférence de presse, on
est presque convaincu de la justesse de sa décision. Mais, plus je réfléchis
sur la question, plus je suis persuadé, que cette mesure conduira exactement à l'inverse de l'effet escompté. Pour convaincre les récalcitrants le ministre du Travail multipliera les arguments incongrus, à l’exception
de celui des passeports. Sur ce dernier point, il a entièrement raison, sauf qu’il
a omis de préciser que l’argent des passeports en sus est versé au Trésor public
et non distribué aux fonctionnaires de la Sureté générale. Nuance. Toujours
est-il que sur le fond, Séjaan Azzi
soulève une question fondamentale, auquel le gouvernement de Tammam Salam devra
y répondre : peut-on au sein de la République libanaise, instaurer des
démarches administratives à deux vitesses ? Pour tenter d’y répondre,
le mieux c’est d’examiner l’argumentation de l’affaire en cours. Pour le ministre
d’Etat, la différence entre une démarche administrative « normale »
et une « accélérée », se retrouve par exemple dans l’hôtellerie, entre une chambre « classique »
et une « suite », ainsi que dans les
transports, entre le « taxi » (client unique) et le
« service à la libanaise » (clients multiples), selon le principe, payer plus, pour être mieux servi. Apparemment, notre ministre du Travail n’a pas
l’air de comprendre que dans le premier cas, il s’agit d’un « service
public », demandé par un « citoyen », alors que dans les autres
cas, on a affaire à des « services privés », achetés par des
« clients ». Nuance. Il fallait sans doute commencer par expliquer
à Séjaan Azzi que la corruption désigne « l’acceptation
de dons illicites », mais aussi « l’incitation
à agir contre le devoir ». Il ne suffit pas de légaliser ces
« dons » pour se débarrasser de la corruption et faire oublier aux
Libanais, qu’un fonctionnaire a le
« devoir » de faire son travail consciencieusement et indépendamment
du citoyen qui le sollicite, mais aussi de traiter tous les citoyens à égalité
et sans aucune distinction. Tout fonctionnaire qui n’est pas capable de
remplir cette mission, n’a qu’à planter des patates dans la Bekaa et pêcher la
Sardine en Méditerranée. Les hôtels et les taxis n’ont pas de devoirs. Par
contre, l’Etat en a, mais ça semble échapper à certains de nos dirigeants. Dommage. Pour être juste envers les fonctionnaires libanais, il faut préciser que la grande majorité d'entre eux est honnête, ce n'est qu'une minorité qui prend les citoyens libanais en otage. La faute incombe aussi à certains nantis Libanais, prétentieux, sans foi ni loi, incapables d'accepter les délais administratives aussi courts soient-ils, car ils ont l'impression de tomber de leur piédestal. Hélas, ces corrupteurs jouissent d'une impunité totale au Liban.
Comme on le voit, la décision du ministre libanais du Travail, Séjaan Azzi, qui par
la nature de sa fonction engage dans la foulée, la responsabilité personnelle du président du
Conseil des ministres, Tammam Salam, est une fatwa pour légaliser et gérer la corruption structurelle au Liban. Elle est à la fois immorale, illégale et anticonstitutionnelle,
pour trois raisons. Primo, par cette mesure, Séjaan Azzi encourage la corruption, au lieu de la combattre. C’est
immoral. J’y reviendrai. Secundo, le
ministre du Travail n’a pas les prérogatives nécessaires pour créer une telle caisse. C’est
illégal. D’ailleurs, il reconnait lui-même que sa décision est « peut-être pas légale à 100 % ».
Tertio, une telle décision crée de facto,
une discrimination entre les Libanais, basée sur l’argent. C’est anticonstitutionnel.
Je ne m’avancerai pas trop en disant que le Conseil constitutionnel invalidera
le décret du 28 juillet, qui viole d’une part, le préambule de la Constitution, « Le Liban est une République
démocratique, parlementaire, fondée... sur la justice sociale et l’égalité dans
les droits et les obligations entre tous les citoyens, sans distinction ni
préférence » (paragraphe C), et d’autre part, son article 7, « Tous les libanais sont égaux devant
la loi. Ils jouissent également des droits civils et politiques et sont
également assujettis aux charges et devoirs publics, sans distinction
aucune. » Dans un pays normal,
où le Conseil constitutionnel joue pleinement son rôle, une telle ânerie
juridique n’a aucune chance de passer. Reste donc à savoir, si le Liban est
encore un pays normal. On le saura rapidement.
En pratique, la décision du ministre du
Travail institue des services administratifs à deux vitesses avec des conséquences
désastreuses. Dans un premier temps, les
fonctionnaires privilégieront les « bons clients », bons payeurs
(ce n’est plus la peine de parler de citoyens), qui les ont soudoyé, par rapport ceux qui ne l’ont pas fait, les
« mauvais clients », mauvais payeurs. Par la suite, il n’est pas
difficile d’imaginer que parmi ces derniers, ceux qui en ont les moyens,
mécontents du service rendu, seront
poussés petit à petit à emboiter le pas des premiers, avec sans doute l'encouragement de certains fonctionnaires intéressés. Le comble de l'absurde réside dans le fait que cette mesure ne fera absolument pas
disparaitre la corruption. Rapidement, les services seront saturés par les « demandes
accélérées ». Les délais rapides ne seront plus respectés. Alors, les bons
payeurs mécontents, qui voudront aller plus vite que la musique, reviendront à la vieille pratique,
le billet vert glissé entre les papiers. On voit bien, que contrairement aux arguments
avancés par Séjaan Azzi dans sa conférence de presse, le ministre du Travail
sera l’homme qui a superposé une corruption officielle à la corruption
officieuse, qui ne disparaitra jamais. Pas besoin d’être devin, pour prévoir
que ce qui se passera au ministère du Travail fera tâche d’huile là aussi. A long terme, dans tous les services de
l’Etat libanais, il existera deux procédures administratives, représentant
une double corruption, officielle et officieuse. L’image de l’Etat libanais
sortira plus détériorer que jamais. Et comme
d’habitude ce sont les classes moyenne et pauvre qui trinqueront.
Rien à dire, cette décision est indigne de
l’Etat libanais. Mais, il faut bien
davantage pour déstabiliser le ministre du Travail. Il se montre sûr de
lui, en affirmant que quiconque recevra de l’argent sans remettre un reçu à l'intéressé, est
un fonctionnaire corrompu. Idem pour celui qui retardera volontairement une
démarche classique au profit de la démarche accéléré. Il affirme aussi que toute personne qui paye plus de 50 000
LL pour accélérer davantage le traitement de son dossier, est un citoyen corrupteur.
Séjaan Azzi est même déterminé à
renvoyer les corrompus et les corrupteurs devant les tribunaux.
Tayib, ya ma3alé el wazir, puisque vous avez les moyens de le faire, pourquoi ne pas poursuivre ces corrompus et ces corrupteurs officieux sans instaurer une corruption officielle ? Et puisqu’on y est, si les fonctionnaires du ministère du Travail sont capables d’accélérer les démarches administratives des citoyens libanais, pourquoi ils ne le font pas sans les bakhchich ? On aimerait bien savoir. Je ne comprends pas, si tous les problèmes de corruption au Liban peuvent se résoudre avec le paiement de 50 000 LL (33$) par démarche administrative, pourquoi ne pas instaurer une tarification unique et un raccourcissement général des délais pour TOUS les citoyens sans distinction et dans toutes les administrations d’Antioche et de tout l’Orient ? Toute cette histoire est absurde.
Tayib, ya ma3alé el wazir, puisque vous avez les moyens de le faire, pourquoi ne pas poursuivre ces corrompus et ces corrupteurs officieux sans instaurer une corruption officielle ? Et puisqu’on y est, si les fonctionnaires du ministère du Travail sont capables d’accélérer les démarches administratives des citoyens libanais, pourquoi ils ne le font pas sans les bakhchich ? On aimerait bien savoir. Je ne comprends pas, si tous les problèmes de corruption au Liban peuvent se résoudre avec le paiement de 50 000 LL (33$) par démarche administrative, pourquoi ne pas instaurer une tarification unique et un raccourcissement général des délais pour TOUS les citoyens sans distinction et dans toutes les administrations d’Antioche et de tout l’Orient ? Toute cette histoire est absurde.
En moins de deux semaines, Séjaan Azzi (ministre du Travail) est donc
le 3e ministre que je fais tomber de son piédestal, après Mohammad Machnouk (ministre de l’Environnement)
et Wael Abou Faour (ministre de la
Santé). Il n’y était pas, je sais, comme les deux autres d’ailleurs, comme Gebran Bassil (ministre des Affaires
étrangères) et Nouhad Machnouk
(ministre de l’Intérieur), que j’ai déjà épinglés dans le passé. Sincèrement, je crois que tous ces ministres aimeraient bien faire, mais ne savent pas s'y prendre et n'y arrivent pas. Il faut les aider en leur montrant le chemin, et surtout, en relevant leurs erreurs. A vrai dire, je
m’inquiète un peu car à ce rythme, dès la fin de l’année, les Libanais n’auront
plus de ministres en exercice à la hauteur de leurs espoirs. Déjà que nous
sommes sans président de la République et encombrés par 128 parlementaires
sclérosés. Il est temps de sonner le tocsin : les Libanais compétents, toutes tendances politiques et appartenances communautaires confondues, ont vraiment le devoir de s'impliquer en politique.
OUI au
traitement accéléré de toutes les démarches administratives au Liban pour tous
les citoyens sans aucune discrimination. NON
à l’instauration des démarches administratives à deux tarifications et à
deux vitesses. Pour lutter contre la
corruption, il faut des mesures de bon sens. En premier lieu, le gouvernement et ses ministres doivent établir
au plus vite des délais standards pour l’accomplissement de toutes les démarches
administratives libanaises et imposer leur respect par les fonctionnaires
libanais. Ceux-ci devraient être affichés à l'entrée des ministères. Le non-respect de ces délais doit entrainer des sanctions
financières contre les fonctionnaires défaillants. Une retenue de salaire par
exemple. C’est exactement le contraire de ce que propose le ministre du
Travail. C’est bien une telle mesure qui sera audacieuse et courageuse. Mais, il ne faut pas rêver, pour mettre en œuvre cette mesure choc, tous les partis politiques libanais doivent donner leur feu vert, pour qu’aucun fonctionnaire corrompu et citoyen corrupteur ne se sente au-dessus de la loi.
Il faut aussi multiplier les contrôles secrets dans tous les services publics de l’Etat libanais et viser aussi bien les corrompus que les corrupteurs. Il convient également de faire la chasse aux emplois (pseudo)fictifs dans les administrations libanaises (ah si, ça existe!), les doubles emplois (public-privé, eh oui, ça existe!) et l’absentéisme (n'en parlons pas!), ainsi qu’à la léthargie administrative. On pourra ensuite revoir les tarifications et augmenter les salaires de la fonction publique pour mieux motiver les fonctionnaires honnêtes. Dans tous les cas de figure, il est indispensable de simplifier toutes les démarches administratives au Liban (obsolètes pour la plupart, figées depuis l’époque ottomane et du mandat français, ou presque), de moderniser les administrations publiques (à quoi s’attendre d’un pays dont les jugements de ses tribunaux sont encore manuscrits !) et de développer les démarches électroniques. Eh oui, c’est un point capital : moins il y a d’intermédiaires et de contacts entre les Libanais et les fonctionnaires, moins il y aura de corruption au Liban. Elémentaire.
Il faut aussi multiplier les contrôles secrets dans tous les services publics de l’Etat libanais et viser aussi bien les corrompus que les corrupteurs. Il convient également de faire la chasse aux emplois (pseudo)fictifs dans les administrations libanaises (ah si, ça existe!), les doubles emplois (public-privé, eh oui, ça existe!) et l’absentéisme (n'en parlons pas!), ainsi qu’à la léthargie administrative. On pourra ensuite revoir les tarifications et augmenter les salaires de la fonction publique pour mieux motiver les fonctionnaires honnêtes. Dans tous les cas de figure, il est indispensable de simplifier toutes les démarches administratives au Liban (obsolètes pour la plupart, figées depuis l’époque ottomane et du mandat français, ou presque), de moderniser les administrations publiques (à quoi s’attendre d’un pays dont les jugements de ses tribunaux sont encore manuscrits !) et de développer les démarches électroniques. Eh oui, c’est un point capital : moins il y a d’intermédiaires et de contacts entre les Libanais et les fonctionnaires, moins il y aura de corruption au Liban. Elémentaire.
Post-Scriptum (mardi, 11 août 2015)
Aux dernières nouvelles du jour, le
ministre du Travail a affirmée « qu’il ne cédera pas au chantage des gens
malveillants », en précisant, « ma politique n'est pas décidée par
une personne via Twitter ou Facebook, et des groupes sur les réseaux sociaux
qui mènent une campagne organisée contre ce sujet, comme s'ils étaient au
service des corrompus au lieu de se ranger du côté de ceux qui luttent contre
la corruption. » Mais voyons, nous sommes des citoyens malveillants et tapageurs, au service des corrompus, et lui, c'est un justicier bienveillant et incompris, qui lutte contre la corruption ! Gonflé le mec. Pas de doute, Séjaan Azzi ne semble
toujours pas saisir l’étendue de sa bévue. Il n’empêche que pour se protéger du
ridicule qui le couvre heure après heure depuis l'éclatement de cette polémique, et afin de sauver sa face éclaboussée par ce scandale, il a fini quand même par suspendre la mise en œuvre
de sa circulaire ridicule et a décidé de demander l’avis du Conseil d’Etat et
du Comité de la législation et des consultations du ministère de la Justice. Il aurait dû commencer par là ! Enfin, disons
pour rester politiquement correct, qu’il ne s’attendait sans doute pas au tollé que susciterait une telle hérésie,
qui dans tous les cas, ne passera pas le tamis du Conseil constitutionnel.