Si on ne peut pas faire d’omelette sans
casser des œufs, on peut faire une manif sans incidents. Celle du 14 mars 2005
en est la preuve. Un million de personnes place des Martyrs et pas une vitre
cassée, grâce au civisme des citoyens et des partis politiques. Certes, l’usage de la force contre les manifestants au cours des deux
dernières manifestations à Beyrouth, est déplorable. Mais, les choses sont beaucoup
plus compliquées que ce que voudraient faire croire les activistes de Tol3et re7etkom (Vous puez / You stink), le mouvement pop de
l’été 2015. Parler de 5e colonne, al-mounddassine,
pour expliquer les dérapages graves de ce weekend est l’astuce la plus simple
pour fuir ses propres responsabilités et noyer celles des autres. Perte de contrôle des événements, dérive de
certains activistes, radicalisation progressive ou révélation d’un agenda
caché, qu’importe, une chose est sûre, les dirigeants de Tol3et re7etkom se sont montrés incapables de mener d’une manière
responsable ce mouvement de masse. Désolé, mais tout n’est pas la faute du
Hezbollah et des éléments indisciplinés qui se sont glissés dans ces
manifestations pacifiques. C’est trop facile. Les activistes de Tol3et re7etkom
doivent assumer leurs erreurs. Il faut oser dénoncer leurs délires. Cela passe
par ce flash-back très instructif d'un mois d'activisme tous azimuts.
Flash-Back sur le mouvement Tol3et
Re7etkom
Dimanche
26 juillet,
le bulletin d’un mystérieux mouvement qui se fait appeler « Vous
puez », en référence aux dirigeants libanais, parle de déchets, uniquement
de déchets. Les signataires refusent d’utiliser les carrières comme « terrains d’enfouissement des
ordures », et lance « un
appel au peuple libanais » pour manifester le 28 juillet. Le jour
même, un des activistes du mouvement annonce dans un commentaire « qu’ils feront face à toutes sortes de
corruption et de corrupteurs » et « qu’ils
sont prêts à assurer une grande partie des coûts du transport ». Un
instant, c’est un peu curieux d’avoir autant d’argent pour un mouvement
spontané qui vient de voir le jour ! Lundi
27 juillet, le bulletin de Tol3et
re7etkom, réclame « le tri à la
source, le ramassage et l’exportation, avec le traitement (des ordures) dans
chaque caza ». La manifestation du mardi 28 juillet se déroule sans incident notoire. Mardi 1er août, on parle encore de
déchets, mais aussi de « demander
des comptes à tous ceux qui sont à l’origine de la crise », et
tenez-vous bien, « d’effectuer une
enquête transparente sur l’argent pillé tout au long du passé », une
référence sournoise à la période Rafic Hariri. Ah, merci pour le précieux indice pour savoir
à qui nous avons affaire. Jeudi 6 août,
des tracts sont imprimés et distribués, où il est question de refuser « les commissions et les transactions »
dans le dossier des déchets (sans apporter la moindre preuve qu’elles existent)
et un appel pour manifester le 8 août et « dire
à la classe politique, vous puez », signés par « des citoyens non-partisans et non-confessionnels ». Soit,
disons, qu’il y a tout pour rassembler les Libanais autour d’une cause juste.
Le bulletin du vendredi 7 août
élargit l’angle d’attaque puisqu’il est soudain question « d’une corruption de la classe
politique qui a battu tous les records ». Bienvenue dans le populisme
et la confusion du genre. La manif du samedi
8 août se déroule sans incident majeur. Dimanche 9 août, le mouvement réclame à la fois « la démission du ministre de
l’Environnement, des appels d’offres et pas de partage du marché, ainsi que des comptes à
ceux qui ont pillé l’argent public », encore une référence sournoise aux
Hariri, père et fils. Décidément, on est sur la bonne piste.
Le mercredi 12 août marquera un tournant pour ce mouvement populaire. Sous le slogan « les transactions ne passeront pas », on apprend « qu’étant donné que le pouvoir politique persiste à ignorer nos revendications et à diluer la crise dans une tentative de gagner les transactions et les commissions au détriment de nos vies, nous voyons que tous les choix et les moyens de lutte pacifique sont désormais ouverts devant les citoyens, mais cette fois, notre choix ne se limitera pas à manifester, notre action sera douloureuse et inattendue pour ce pouvoir corrompu ». Des menaces en bonne et due forme ! Savoir si c’est une dérive ou la mise en œuvre d’un agenda caché, n’a pas beaucoup d’importance, le résultat étant le même. Ce qui avait l’air d’être un mouvement spontané d’exaspération, devient un mouvement subversif prémédité. Mardi 18 août, le mouvement accuse le pouvoir politique de « fuite en avant », allez comprendre comment, et lance un appel à manifester le lendemain devant le Grand Sérail à Beyrouth. Mercredi 19 août, quelques heures avant la manif, les activistes accusent le Conseil du Développement et de la Reconstruction, un organisme d’Etat, d’être « le Conseil du vol et de l’insouciance », dénoncent le dépôt des ordures dans certaines zones à Beyrouth, sans préciser où il fallait les mettre en attendant une solution durable, et menacent encore le gouvernement avec « Notre réponse viendra ». La manifestation du 19 s’est déroulée dans un chaos indescriptible, avec dès le départ une volonté flagrante et irresponsable des organisateurs de franchir les cordons de sécurité qui protègent le siège du gouvernement de la République libanaise. Ce jour-là, il y avait beaucoup de Libanais exaspérés par la situation générale, qui ont répondu sincèrement à l’appel des activistes de Tol3et re7etkom. Mais, à côté et en tête, il n’y avait pas de casseurs, aucun, que des bobos imprégnés par des récits d’un temps révolu, qui voulaient jouer aux révolutionnaires, aux soixante-huitards et aux cheguevaristes pour être précis, mais pas de printaniers arabes svp, ce n’est pas assez classe.
Aucune leçon n’étant tirée, aussitôt Tol3et re7etkom appelle à manifester de nouveau le samedi 22 août place de l’Etoile à Beyrouth. Là aussi, dès le départ, il y avait une volonté flagrante et irresponsable des activistes du mouvement de franchir les cordons de sécurité qui protègent le siège de l’Assemblée nationale de la République libanaise. Comme le prouvent les affiches apposées sur les bus affectés au transport des manifestants par ce soi-disant mouvement spontané, « Votre temps est compté », une référence claire aux ministres du gouvernement libanais. Un 2e point de non-retour est franchi ce jour-là à 17h15 quand le mouvement publie lui-même sur sa propre page Facebook, la photo d’une pancarte travaillée et flambant neuve, brandie par des manifestants : « Certaines ordures ne devraient pas être recyclées ». On y voit des sacs-poubelles de toutes les couleurs, surmontés de la tête des différents dirigeants libanais. On y retrouve Tammam Salam, Saad Hariri, Samir Geagea, Achraf Rifi, Amine Gemayel, Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, Nabih Berri et Michel Aoun. Tout le monde y figure à l’exception de Hassan Nasrallah. Malgré 655 commentaires dont l’écrasante majorité en rapport avec cette absence remarquée qui ne passe pas inaperçue, une couleuvre difficile à avaler et qui reste à travers la gorge de beaucoup de manifestants désabusés, les activistes de Tol3et re7etkom n’ont pas jugé utile d’apporter le moindre éclaircissement. Silence radio, politique de l’autruche. Et ça veut critiquer les dirigeants politiques !
Comme si de rien n’était, le dimanche 23 août à 4h07 du matin, le mouvement appel de nouveau sur Facebook à manifester en fin de journée. Dans ce bulletin, les activistes décrètent « un sit-in ouvert, place Riyad el-Solh (à Beyrouth)... jusqu’à la libération de tous les détenus (aucune condamnation des actes de vandalisme infâmes de la veille), le jugement de ceux qui ont donné l’ordre aux militaires de tirer sur les manifestants pacifiques (rien sur les attaques odieuses des forces de l’ordre) et le jugement du ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk (aucun mot sur les tentatives irresponsables de franchir avec une violence inouïe les cordons de sécurité) ». Et comme s’ils ne s’étaient pas montrés pas assez enfantins et irresponsables jusqu’à maintenant, les activistes mégalomanes ont le culot de déclarer que « lorsque tous ces objectifs seront atteints, nous sortirons de la rue, pour revenir et réclamer précisément au moins la démission du gouvernement, avec sa transformation en un gouvernement expédiant les affaires courantes, et la tenue d’élections législatives, selon des conditions qui seront établies après notre retrait de la rue ». Hey, il faut arrêter de fumer de la mauvaise moquette les gars ! Aucune mention n’est faite de l’élection présidentielle soit dit au passage, ce qui doit vous donner une idée encore plus précise sur le penchant politique de ces révolutionnaires de pacotille. La manifestation a eu lieu avec son cortège de violence, sous des slogans comme « Le peuple veut la chute du régime » et « Le peuple veut la démission du gouvernement ». Après le passage de Tol3et re7etkom, le centre-ville ressemblait à un champ de bataille.
Le mercredi 12 août marquera un tournant pour ce mouvement populaire. Sous le slogan « les transactions ne passeront pas », on apprend « qu’étant donné que le pouvoir politique persiste à ignorer nos revendications et à diluer la crise dans une tentative de gagner les transactions et les commissions au détriment de nos vies, nous voyons que tous les choix et les moyens de lutte pacifique sont désormais ouverts devant les citoyens, mais cette fois, notre choix ne se limitera pas à manifester, notre action sera douloureuse et inattendue pour ce pouvoir corrompu ». Des menaces en bonne et due forme ! Savoir si c’est une dérive ou la mise en œuvre d’un agenda caché, n’a pas beaucoup d’importance, le résultat étant le même. Ce qui avait l’air d’être un mouvement spontané d’exaspération, devient un mouvement subversif prémédité. Mardi 18 août, le mouvement accuse le pouvoir politique de « fuite en avant », allez comprendre comment, et lance un appel à manifester le lendemain devant le Grand Sérail à Beyrouth. Mercredi 19 août, quelques heures avant la manif, les activistes accusent le Conseil du Développement et de la Reconstruction, un organisme d’Etat, d’être « le Conseil du vol et de l’insouciance », dénoncent le dépôt des ordures dans certaines zones à Beyrouth, sans préciser où il fallait les mettre en attendant une solution durable, et menacent encore le gouvernement avec « Notre réponse viendra ». La manifestation du 19 s’est déroulée dans un chaos indescriptible, avec dès le départ une volonté flagrante et irresponsable des organisateurs de franchir les cordons de sécurité qui protègent le siège du gouvernement de la République libanaise. Ce jour-là, il y avait beaucoup de Libanais exaspérés par la situation générale, qui ont répondu sincèrement à l’appel des activistes de Tol3et re7etkom. Mais, à côté et en tête, il n’y avait pas de casseurs, aucun, que des bobos imprégnés par des récits d’un temps révolu, qui voulaient jouer aux révolutionnaires, aux soixante-huitards et aux cheguevaristes pour être précis, mais pas de printaniers arabes svp, ce n’est pas assez classe.
Aucune leçon n’étant tirée, aussitôt Tol3et re7etkom appelle à manifester de nouveau le samedi 22 août place de l’Etoile à Beyrouth. Là aussi, dès le départ, il y avait une volonté flagrante et irresponsable des activistes du mouvement de franchir les cordons de sécurité qui protègent le siège de l’Assemblée nationale de la République libanaise. Comme le prouvent les affiches apposées sur les bus affectés au transport des manifestants par ce soi-disant mouvement spontané, « Votre temps est compté », une référence claire aux ministres du gouvernement libanais. Un 2e point de non-retour est franchi ce jour-là à 17h15 quand le mouvement publie lui-même sur sa propre page Facebook, la photo d’une pancarte travaillée et flambant neuve, brandie par des manifestants : « Certaines ordures ne devraient pas être recyclées ». On y voit des sacs-poubelles de toutes les couleurs, surmontés de la tête des différents dirigeants libanais. On y retrouve Tammam Salam, Saad Hariri, Samir Geagea, Achraf Rifi, Amine Gemayel, Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, Nabih Berri et Michel Aoun. Tout le monde y figure à l’exception de Hassan Nasrallah. Malgré 655 commentaires dont l’écrasante majorité en rapport avec cette absence remarquée qui ne passe pas inaperçue, une couleuvre difficile à avaler et qui reste à travers la gorge de beaucoup de manifestants désabusés, les activistes de Tol3et re7etkom n’ont pas jugé utile d’apporter le moindre éclaircissement. Silence radio, politique de l’autruche. Et ça veut critiquer les dirigeants politiques !
Comme si de rien n’était, le dimanche 23 août à 4h07 du matin, le mouvement appel de nouveau sur Facebook à manifester en fin de journée. Dans ce bulletin, les activistes décrètent « un sit-in ouvert, place Riyad el-Solh (à Beyrouth)... jusqu’à la libération de tous les détenus (aucune condamnation des actes de vandalisme infâmes de la veille), le jugement de ceux qui ont donné l’ordre aux militaires de tirer sur les manifestants pacifiques (rien sur les attaques odieuses des forces de l’ordre) et le jugement du ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk (aucun mot sur les tentatives irresponsables de franchir avec une violence inouïe les cordons de sécurité) ». Et comme s’ils ne s’étaient pas montrés pas assez enfantins et irresponsables jusqu’à maintenant, les activistes mégalomanes ont le culot de déclarer que « lorsque tous ces objectifs seront atteints, nous sortirons de la rue, pour revenir et réclamer précisément au moins la démission du gouvernement, avec sa transformation en un gouvernement expédiant les affaires courantes, et la tenue d’élections législatives, selon des conditions qui seront établies après notre retrait de la rue ». Hey, il faut arrêter de fumer de la mauvaise moquette les gars ! Aucune mention n’est faite de l’élection présidentielle soit dit au passage, ce qui doit vous donner une idée encore plus précise sur le penchant politique de ces révolutionnaires de pacotille. La manifestation a eu lieu avec son cortège de violence, sous des slogans comme « Le peuple veut la chute du régime » et « Le peuple veut la démission du gouvernement ». Après le passage de Tol3et re7etkom, le centre-ville ressemblait à un champ de bataille.
Tol3et Re7etkom : entre populisme et langue de bois
Il est
clair à la lecture de cette chronologie accablante que la volonté de durcir les
protestations était palpables manif après manif, à la fois chez les
manifestants softs de Tol3et re7etkom,
mais aussi chez les hards de ce mouvement et chez les parasites de tout poil
qui ont pris le train en marche. Les forces de sécurité ne sont intervenues
qu’après un harcèlement incessant dont elles ont été victimes et une volonté
affichée clairement, par les hards et les parasites de Tol3et re7etkom, de forcer
les cordons sécuritaires qui protègent les sièges du Conseil des ministres et
de l’Assemblée nationale. Les choses se sont aggravées avec le déchainement
d’une horde de casseurs, certains portaient des armes blanches, dont les
tatouages ne laissaient guère de doute quant à leur appartenance politico-religieuse,
le duo chiite, le Hezbollah (Hassan
Nasrallah) et Amal (Nabih Berri). Comme ils n’étaient pas masqués, certains
ont été identifiés. Etant donné que ces partis tiennent bien leurs militants, tout
laisse à penser que l’action était concertée et qu’il y a eu feu vert. Il y
avait aussi de nombreux Syriens et des Palestiniens parmi les fauteurs de troubles.
Les forces de l’ordre ont été attaquées avec des bouteilles en verre et en plastique, des pierres, des
barricades et des pétards. Rien n’a été épargné dans le saccage prémédité du
centre-ville de Beyrouth : les vitrines, les voitures, les mobiliers urbains,
les feux de signalisation, les bacs à fleurs et les arbres. Des murs ont été
tagués, des couteaux brandis, des pneus brûlés et lancés vers les forces de
l’ordre, des véhicules incendiés et des cocktails Molotov jetés sur les représentants de l'Etat. C’est dans ce
contexte de vandalisme délibéré que les forces de l’ordre ont décidé pour
contenir cette violence inouïe depuis l’invasion de Beyrouth par les miliciens
du Hezbollah le 7 mai 2008, de lancer les jets d’eau et les gaz lacrymogènes,
et de recourir aux balles en caoutchouc et à des tirs en l’air quand la gravité
de la situation l’exigeait. C’est grâce aux interventions des Forces de
sécurité intérieure et de l’armée libanaise, que la situation a été maitrisée,
les casseurs ont été refoulés du centre-ville et que plusieurs dizaines d’entre
eux ont été arrêtés.
Alors que le weekend fut particulièrement violent et les auteurs étaient bien identifiés, tout ce que les activistes ont trouvé à dire c’est de balancer une accusation populiste vaseuse qui ne les engage en rien, « les partis politiques avec leurs hooligans ont tenté de kidnapper le mouvement ». C’est c’là, les partis politiques. Alors, adeptes de la langue de bois et ça veut être révolutionnaires ! Il est clair que Tol3et re7etkom voulait éviter d’accuser les éléments chiites du Hezbollah et d’Amal. Ceci ne les a pas empêcher d’organiser une conférence de presse le lundi 24 août, pour asséner les crétineries des jours précédents et en rajouter de nouvelles, des plus hallucinantes, « demander des comptes au ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk... arrêter immédiatement et sans plus tarder les éléments qui ont tiré (sur les fauteurs de trouble) », et tenez-vous bien, « considérer le Parlement autoprorogé comme illégal ». Tiens, tiens, une revendication aouniste de longue date ! Non mais franchement, pourquoi s’encombrer encore avec les sages du Conseil constitutionnel, quand on a les énergumènes de Tol3et re7etkom ? Mardi 25 août, dans une schizophrénie stupéfiante, les activistes préviennent leurs 140 000 likeurs que « la révolution contre les corrompus se poursuit... jusqu’à la réalisation de toutes les revendications et le jugement général de tous ceux qui nous ont volé, nous ont tué et nous ont vendu pour leurs propres intérêts ». Non mais qui ça ? Qui vous a volé, tué et vendu au juste ? Allez, encore une couche de populisme et de langue de bois. Pas de doute, ça va de mal en pis chez ces gars.
Alors que le weekend fut particulièrement violent et les auteurs étaient bien identifiés, tout ce que les activistes ont trouvé à dire c’est de balancer une accusation populiste vaseuse qui ne les engage en rien, « les partis politiques avec leurs hooligans ont tenté de kidnapper le mouvement ». C’est c’là, les partis politiques. Alors, adeptes de la langue de bois et ça veut être révolutionnaires ! Il est clair que Tol3et re7etkom voulait éviter d’accuser les éléments chiites du Hezbollah et d’Amal. Ceci ne les a pas empêcher d’organiser une conférence de presse le lundi 24 août, pour asséner les crétineries des jours précédents et en rajouter de nouvelles, des plus hallucinantes, « demander des comptes au ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk... arrêter immédiatement et sans plus tarder les éléments qui ont tiré (sur les fauteurs de trouble) », et tenez-vous bien, « considérer le Parlement autoprorogé comme illégal ». Tiens, tiens, une revendication aouniste de longue date ! Non mais franchement, pourquoi s’encombrer encore avec les sages du Conseil constitutionnel, quand on a les énergumènes de Tol3et re7etkom ? Mardi 25 août, dans une schizophrénie stupéfiante, les activistes préviennent leurs 140 000 likeurs que « la révolution contre les corrompus se poursuit... jusqu’à la réalisation de toutes les revendications et le jugement général de tous ceux qui nous ont volé, nous ont tué et nous ont vendu pour leurs propres intérêts ». Non mais qui ça ? Qui vous a volé, tué et vendu au juste ? Allez, encore une couche de populisme et de langue de bois. Pas de doute, ça va de mal en pis chez ces gars.
Tol3et re7etkom perd en crédibilité et Tammam Salam ne
tombera pas
Il est évident que dans un mouvement
hétéroclite comme Tol3et re7etkom, il
existe diverses tendances. Il est clair aussi, que certains activistes de ce
mouvement ont orienté la contestation dans un sens bien déterminé et hautement
politisé, sous l’hypocrite camouflage d’être apolitique. Il est non moins clair
également, que certains opportunistes ont saisi la situation pour parasiter le
mouvement populaire. Toujours est-il qu’avec un peu de recul, il en ressort trois certitudes.
Primo,
Tol3et re7etkom a perdu une grande
part de sa crédibilité. A moins d’un miracle, d’un sursaut et de quelques
éclaircissements, le mouvement s’essoufflera tôt ou tard à la manière du
soutien massif et éphémère à Jackie Chamoun. Pour regagner en crédibilité, il
va falloir que les activistes abandonnent ces amalgames à cinq piastres et la langue de bois, et prouvent par les actes qu’ils ne sont ni
pro-Hezbollah ni pro-Aoun. Le mouvement devra par exemple s’expliquer pourquoi
Hassan Nasrallah ne figurait pas sur la pancarte déplacée brandie à Beyrouth le
samedi 22 août et pourquoi ils n’ont pas jugé utile de répondre aux 655
commentaires des Libanais qui leur ont posé la question sur leur page Facebook.
Elément isolé et 5e colonne, sont des arguments d'hypocrites à l’adresse de quelques naïfs. Le mouvement devra aussi identifier, dénoncer et condamner sans
ambages, les casseurs qui s’infiltrent dans ses manifestations. Ces torses nus
et tatoués, ne sont pas venus de Jounieh et de Saïda, mais bel et bien de zones
sous l’influence du Hezbollah et d’Amal. Le mouvement devra également, revenir
sur sa réclamation irresponsable de la démission du gouvernement de Tammam
Salam et sur ses propos puérils concernant l’illégalité du Parlement, et se
contenter de déchets, uniquement des déchets. Et s’ils veulent passer au-delà
du sujet des ordures, ils devraient se rendre devant les résidences de Hassan
Nasrallah et de Michel Aoun, les deux responsables du blocage de la vie
démocratique et économique au Liban.
Secundo, le gouvernement de Tammam Salam ne tombera pas -oubliez, forget, nsou el ma3dou3- encore moins sous la
pression d’une rue inféodée par le camp du 8 Mars. Aucune partie de l’échiquier
loco-régional n’en a intérêt, le Hezbollah en tête. Tout ce qui se passe autour
du mouvement Tol3et re7etkom, en dehors de la sincérité de certains, n’est
qu’enfantillages et manœuvres politiciennes.
Les messages croisés de la classe politique via Tol3et Re7etkom
Tertio, par les manœuvres de parasitage du
mouvement Tol3et re7etkom, le duo chiite,
Hassan Nasrallah et Nabih Berri, l’allié chrétien, Michel Aoun, et le leader
druze, Walid Joumblatt, (s')adressent plusieurs
messages croisés et règlent leurs comptes les uns avec les autres. J’en ai
intercepté quatre.
1. Message
de Hassan Nasrallah à Saad Hariri. Ce message consiste à maintenir une épée
de Damoclès au-dessus de la tête du Premier ministre, Tammam Salam, afin de
signifier à Saad Hariri, le chef sunnite du 14-Mars, qu’à défaut de déterminer
les orientations politiques de ce gouvernement, le parti chiite a la capacité
de paralyser totalement l’Etat libanais. Tammam Salam serait donc appelé à s’en
souvenir dans l’exercice de ses fonctions.
2. Message
de Nabih Berri à Michel Aoun et Samir Geagea. Le leader chiite veut absolument
faire comprendre aux leaders chrétiens, tous deux candidats à l'élection présidentielle, qu’il faut oublier leur « Déclaration
des intentions » et leur entente sur le boycott de toute séance législative
qui ne comporte pas dans son ordre du jour une nouvelle loi électorale et une
loi pour l’acquisition de la nationalité libanaise par les descendants de
Libanais. El-Estez leur signifie ainsi, que s’ils n’acceptent pas sans condition le principe
de la « législation d’exception », qui est d'ailleurs une hérésie constitutionnelle, il y aura le chaos.
3. Message
de Michel Aoun à Saad Hariri et Hassan Nasrallah. Dans ce message à
son ennemi sunnite comme à son allié chiite, le leader chrétien veut signifier
son mécontentement concernant la prorogation du mandat du commandant de l’armée
libanaise Jean Kahwaji, au détriment de la nomination du général Chamel
Roukouz, son gendre, une opération qui n’a pas pu se faire sans un feu vert tacite
du Hezbollah. Le leader chrétien voulait aussi signifier sa rage aux
intéressés, malgré toutes les gesticulations et mises en scène au cours des
réunions du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, n’arrive
pas à prendre le dessus sur le Premier ministre, Tammam Salam. Enfin, Michel
Aoun cherche à se rattraper après le fiasco retentissant de ses manifestations rachitiques
du 12 août dernier.
4. Message
de Walid Joumblatt à Tammam Salam. C’est le dernier de la série, le plus
important et le plus révoltant. Le leader druze continue d’une manière
irresponsable à faire pression, via Tol3et
re7etkom, pour éviter la réouverture de la décharge de Naamé,
temporairement évidemment, en attendant de mettre en œuvre, une solution
durable, quitte à laisser le Liban croulé sous les ordures. Les premiers
sacs-poubelles auraient dû atterrir au palais de Moukhara plutôt qu’au Grand
Sérail. Et s’il fallait défoncer un cordon de sécurité, c’était plutôt celui du
Beik. Mais, Oscar gardait bien les lieux, Tol3et
re7etkom n’en a pas voulu comme par hasard, et il en fut autrement.
Pour la réouverture immédiate de la décharge de Naamé et sa
protection par l’armée libanaise
Peu de chose différencie « Tol3et re7etkom
» (Vous puez) de « Tol3et re7ethom » (Ils puent). Les « Vous puez » puent à leur tour. Il fallait y prêter
attention. La langue d’al-Moutanabbi est impitoyable, il suffit de modifier une
seule lettre et l’accusation se retourne contre ses auteurs. Pour revenir aux
choses sérieuses, les déchets, à l’origine de ce mouvement subversif, le Premier ministre doit déclarer l'état d'urgence et ordonner la réouverture
immédiate de la décharge de Naamé, jusqu’à nouvel ordre, que ça plaise ou
non à Walid Joumblatt, et charger Sukleen de nettoyer le Liban des monticules d’ordures qui se sont
accumulées en cinq semaines. Assez d’enfantillages et d’amateurisme, et de ménagement de la chèvre et du choux, le gouvernement libanais doit faire protéger ce site
par l’armée libanaise, contre quiconque voudrait sa fermeture définitive dans l'immédiat, en attendant la mise en œuvre d’un plan durable pour
la gestion des déchets, qui doit être établi dans le calme et non dans la précipitation. D'où la nécessité absolue de prolonger le contrat de Sukleen jusqu'à l'élaboration d'un plan B.
Réf.