lundi 26 septembre 2011

Il faut que quelqu'un le dise quand même ! (Art.38)


Ce n'était pas facile pour moi de me taire pendant tout ce temps. J'ai même hésité à en parler. A chaque fois que je la voyais, elle m'exaspérait au plus haut point. Je savais qu'une note sur elle avant le jour J ne serait pas comprise. Pire, elle pourrait être considérée comme mal venue. Même là, après l'avoir rédigé, 2 jours après le jour J, je me suis posé beaucoup de questions avant de cliquer sur le bouton "Publier". Mais il faut bien que quelqu'un le fasse! Alors je me sacrifie. Et puis enfin, on n'a pas le droit à la complaisance au moment où il devient de plus en plus clair que l'avenir du Liban se décidera lors des prochaines élections législatives.

La cérémonie organisée en hommage aux "martyrs de la Résistance libanaise" a été un franc succès. Certains aounistes corrodés par la haine des Forces Libanaises (FL), ont espéré que les aléas climatiques pouvaient servir leur "cause". C'était oublié un peu vite, trop vite, que nos martyrs sont bénis des dieux.

On a eu droit à un décor sobre mais d'une très grande élégance. Des bouquets de fleurs de la blancheur immaculée de l'âme de nos martyrs à la chorale enchantée, des couleurs harmonieuses de l'ensemble aux écrans où défilaient sur un fond bleu les noms des 15 000 martyrs des FL, tout était ravissant!

L'entrée triomphale -il n'y a pas d'autres mots!- du cardinal Mar Nasrallah Boutros Sfeir était sans doute le moment le plus fort de la cérémonie, un moment de communion absolue partagé par toute la foule, Hakim en premier! Il a eu droit à une ovation exceptionnelle largement méritée. On a beaucoup parlé de l'importance symbolique de la participation du patriarche Sfeir aux côtés de la Résistance libanaise, mais celle-ci n'a pris toute son ampleur que seulement quand le patriarche Rai décida de se rendre le jour même au Sud-Liban pour saluer la "résistance" d'Alma El-Chaeb en précisant devant son comité d'accueil que "sans elle nous ne serions pas aujourd'hui ici parmi vous". Quel triste contraste!

Le discours de Samir Geagea est comme d'habitude un millésime qui marquera l'histoire du Proche-Orient. Alors que certains isolationnistes septuagénaires frileux aux curriculum vitae peu reluisants essayent de cantonner les chrétiens d'Orient, du Liban et de Syrie, dans un rôle de complices d'assassinats politiques et de crimes contre l'humanité, protecteurs de milices et de tyrans, sunnitophobes et alliés de mollahs, j'en passe et des meilleurs, par la seule force des mots Samir Geagea a réussi à briser toutes les chaines de la peur. Il a libéré les chrétiens d'Orient du repli communautaire où voulaient les placer le général Aoun et le patriarche Rai. Il les a replacé au cœur de l'Histoire, sur le front de la liberté et de la démocratie.

Mais comme on dit au Liban "كل عرس إله قرص". Le hic, l'os, le bémol… c'est l'affiche! Pour simplifier et pour rester dans le politiquement correct, disons que toute la mise en scène autour d'Abdo Yaghi ne fait pas l'unanimité! Désolé. Après de nombreuses vérifications, je me suis rendu compte que je ne suis pas seul à ne pas avoir été séduit et même à l'avoir trouvé tout simplement horripilante! Elle n'est pas à la hauteur escomptée. Pire, elle nuit à l'image des FL! Je résume: le fond est d'une grande tristesse, le travail artistique est ringard, l'homme est répulsif et cerise sur le gâteau, le slogan est insaisissable, compliqué et immémorable.

Cette affiche est non sans me rappeler celle du 14 Mars appelant les sympathisants au rassemblement place des Martyrs le 13 mars 2011. Encore un cas d'école! Bien que l'idée soit bonne –drapeau libanais dont le blanc représente une "foule"- les créateurs se sont contentés de "dupliquer" un personnage laid, au lieu de choisir une photo de foule de n'importe quel rassemblement des années précédentes et de la retoucher sous Photoshop. Et comble de l'absurde, on a jugé inutile d'intégrer des femmes dans la photo! Voyons, pourquoi faire! Si, si, regardez de près l'affiche: un homme laid cloné à l'infini, aucune femme et un slogan insipide. Berk, triple berk.

Ces 2 affiches me font penser à certaines campagnes publicitaires réussies du courant aouniste la veille des élections 2009. Et c'est précisément ce point qui m'a poussé à rédiger cette note. Si ces 2 créations "publicitaires" ont déçu un grand nombre de sympathisants du 14 Mars et des FL, comment pouvaient-elles séduire une population neutre? Il est donc souhaitable dans l'intérêt du 14 Mars et du parti des FL en général, et de tous les gens qui y croient et qui mettent toute leur confiance dans ces instances en particulier, que ceux qui ont travaillé sur ces affiches prennent le large la veille des élections législatives de 2013. Merci d'avance.