A l'occasion du 3e anniversaire de l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban par les milices du 8 Mars.
Quelques jours après le lancement de la Révolution du Cèdre 2.0, qui s'est fixée comme objectif le rétablissement de la souveraineté au Liban, Cheikh Naïm Qassem, qui est de loin le meilleur de tous parmi les leaders du 8 Mars, est apparu pour expliquer au peuple libanais que rien de ce qui s'est déroulé le 13 mars 2011 ne justifiait un quelconque commentaire.
Certes, il s'agit d'une fausse assurance mais il faut reconnaître que pour bien fonctionner, la Révolution du Cèdre 2.0 demande la mise en œuvre de Communication 2.0, par toutes les composantes du 14 Mars, dirigeants, médias et sympathisants, dont les principales caractéristiques sont:
- Ce n'est plus un vague "non aux armes" que nous devons crier matin midi et soir, sous-entendant celles du Hezbollah, mais un clair "non aux armes du Hezbollah"!
- On ne devrait plus préciser qu'il existe d'un côté les armes de la "Résistance" et de l'autre côté les armes du Hezbollah. Ce n'est pas à nous de prouver cette donne mais au Hezbollah de se démener nuit et jour pour convaincre les gens qu'il en est ainsi.
- Dans le même sens, par pitié ne parlons plus des armes dirigées contre les poitrines des paisibles libanais et des armes dirigées contre l'ennemi israélien. A partir du moment où les porteurs de ces armes sont les mêmes, cette distinction est sans aucune importance. Mieux vaut désormais s'abstenir d'y faire référence.
- Le Hezbollah était une milice, et il l'est toujours! Mais que faut-il de plus que les 2 ans et demi de guerre à Beyrouth et au Sud-Liban contre la milice Amal (1988-1990 / un millier de morts) et l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban (mai 2008 / une centaine de morts)! Même Mohammad Jawad Khalifé l'a admis dans une note de Wikileaks alors que certains 14 Marsiens n'osent même pas prononcer le mot encore!
- Nous n'avons pas à justifier pourquoi le slogan "Le Liban en premier" est juste mais c'est aux forces du 8 Mars de tenter de montrer le contraire.
- De grâce, arrêtons aussi de montrer sans cesse des signes de faiblesse. NON nous n'allons pas examiner l'acte d'accusation pour vérifier je-ne-sais-quoi pour je-ne-sais-quelle-raison. Il faut le dire haut et fort, notre confiance dans le TSL (Tribunal Spécial pour le Liban), la plus haute juridiction internationale, est absolue. C'est encore aux accusés de se débrouiller seuls face à leurs juges et à leurs accusations. Nous n'avons pas à les accompagner et leur assurer un soutien psychologique!
- Osons affirmer haut et fort que OUI nous souhaitons désarmer le Hezbollah, pas seulement parce que les Accords de Taëf et les résolutions 1559 et 1701 l'exigent, pas seulement parce que le Hezbollah utilise sa puissance militaire à tort et à travers depuis sa création, mais surtout parce qu'au Liban il y a désormais un ETAT avec des institutions officielles! Quand aurions-nous au Liban ce magnifique coup de gueule du négociateur palestinien en chef Saëb Erakat suite aux magouilles médiatiques d'Al-Jazeera?
- Enfin, il est peut être temps d'arrêter d'envoyer des fleurs à nos adversaires et de contribuer involontairement au "culte démesuré" du Hezbollah: ces éloges gratuits à sa gloire! Les combattants du parti de Dieu n'ont pas été plus courageux –certes, ils l'étaient, mais pas plus!- que ceux des Kataeb au Holiday Inn en 1975 ou à Zahlé en 1981, que Moussa El-Sadre chez Kadhafi en 1978, que ceux de la gauche libanaise face à Tsahal en juin 1982 et Kamel El-Assaad au parlement libanais en août 1982, que ceux des Forces libanaises à Bhamdoun et à Souk El-Gharb en septembre 1983. Non et 10 fois non, pas plus courageux que les soldats de la 8e brigade sur le front de Souk El-Gharb de 1983 à 1989 et sûrement pas plus que les braves soldats de l'armée libanaise le 13 octobre 1990 face à l'armée syrienne. Non et 100 non, pas plus courageux que Samir Geagea en 1994, pas plus que le Patriarche Sfeir en 2000, pas plus que Rafic Hariri en 2004, pas plus que Sayyed Ali El-Amine ou Fouad Siniora en 2006, pas plus que le soldat "inconnu" de Nahr El-Bared en 2007, pas plus que le citoyen "inconnu" de Beyrouth et du Liban lors de l'invasion des milices du 8 Mars en 2008, pas plus qu'Ahmad El-Assaad la veille des élections en mai 2009 et pas plus que Saad Hariri lors de la visite de Bachar El-Assad en décembre 2009. Non et 1 000 fois non, pas plus courageux que la population libanaise face au régime sécuritaire syro-libanais du 13 octobre 1990 au 26 avril 2005. Non et 10 000 fois non, pas plus courageux que le peuple libanais à l'aube du 14 mars 2005 face aux 25 000 soldats syriens d'occupation. Non et 100 000 fois non, pas plus que Kamal Joumblatt, Bachir Gemayel, Hassan Khaled, Ramzi Irani, Marwan Hamadé, Samir Kassir, Gibran Tuéni, May Chidiac, Pierre Gemayel, Wissam Eid et Samer Hanna, pour ne citer que quelques uns de nos courageux martyrs.
Arrêtons donc ces précautions toujours en usage au moment où le Hezbollah vient de déclencher une offensive de grande envergure pour le contrôle de l'Etat libanais en douceur! Sortons de cette torpeur dans laquelle nous sommes plongés depuis le 14 mars 2011. L'attente passive n'a jamais constitué un bon plan d'action. Si nous voulons que la Révolution du Cèdre 2.0 réussisse, celle-ci exige -au moins!- une nouvelle politique médiatique: Communication 2.0. Nous devons redescendre le Hezbollah de ce piédestal où on l'a posé alors que d'emblée, on n'aurait pas dû l'installer! Nous ne sommes motivés ni par la haine, ni par la vengeance, nous souhaitons simplement vivre dans un Etat normal, comme tous les pays du monde!