mardi 17 mai 2011

Le facteur de l'Histoire ne sonne pas toujours deux fois ! (Art.14)


A propos de 4 événements récents:
- la position de Samir Geagea sur la situation en Syrie;
- la lettre d'un activiste syrien à Samir Geagea;
- la déclaration de solidarité de 140 personnalités (au Liban) avec le peuple syrien;
- et la menace de la "Révolution syrienne" de poursuive le président Michel Sleiman devant la Cour pénale Internationale!

Il y a quelques jours, une lettre a circulé sur internet. Elle a même été publiée sur le site du parti des Forces Libanaises. Elle est adressée par un citoyen-activiste syrien, Oussama A. Moussa, à Samir Geagea pour le féliciter d'avoir brisé le triste silence des forces du 14 Mars concernant la situation humanitaire en Syrie. Oussama Moussa rappelle au passage que Samir Geagea est le seul au Liban à avoir déposé les armes volontairement, à avoir été emprisonné à tort et injustement, d'avoir annoncé que "Samir Geagea de la guerre est mort en prison" et d'avoir présenté des excuses au peuple libanais. Il incite les chrétiens arabes à ne pas rester en marge des intifada qui secouent les pays de la région, à s'unir aux musulmans et surtout à devenir les acteurs de ce changement et non les victimes. Il termine sa lettre en saluant ce "grand" leader chrétien et ce courant souverainiste au Liban, qui était en premier ligne dans cette confrontation avec le régime syrien et dans cette lutte commune pour la liberté en Syrie et au Liban.

A ce stade je me suis dit, non nous ne sommes pas dans un roman politique à l'eau de rose, nous sommes tout simplement en Orient, berceau des grandes civilisations, des religions et surtout du sentimentalisme! Toujours est-il, les réactions suscitées par cette lettre ont été de 2 ordres: enthousiasme ou méfiance.

Quelques jours plus tard, 140 personnalités au Liban ont fait une déclaration de solidarité avec le peuple syrien. Ils ont même décidé par la suite d'organiser une réunion dans ce sens au Bristol. Soit!

Aujourd'hui, on apprend toujours via internet, parce que le président Michel Sleiman a ordonné la remise aux autorités syriennes des 3 soldats syriens qui se sont réfugiés au Liban, la "Révolution syrienne" menace le président libanais de le poursuivre devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour complicité de meurtre des soldats et du peuple syriens… Alors là, il n'y a aucun doute nous sommes toujours en Orient!

C'est vrai rien ne permet d'authentifier la lettre de l'activiste syrien, il y a de quoi être sceptique et elle arrive avec pas mal de retard au destinataire. Par ailleurs, il paraît normal que 140 personnalités au Liban se solidarisent avec le peuple syrien pour des raisons humanitaires et même politiques. Il est également normal que la Révolution syrienne refuse la remise des 3 "déserteurs" aux autorités syriennes. Personnellement, je n'aurai pas conseillé à Michel Sleiman de remettre ces 3 soldats aux autorités syriennes. Mais de là à sauter sur l'occasion pour brandir la menace de poursuivre le président libanais devant la CPI pour complicité de meurtre (des soldats et du peuple syriens… ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère!), reflète un certain amateurisme et une arrogance qui déçoivent énormément... au moins de la part des personnes qui ont rédigé cette déclaration!

Encore une fois, un changement de régime en Syrie, inévitable pour l'Histoire, est une occasion en or d'établir des relations "normales" entre le Liban et la Syrie. Le changement de régime en Syrie est une question de temps. Hélas, Bachar El-Assad a encore de beaux jours devant lui! Désolé, nous ne sommes pour rien! Je suis de ceux qui pensent que la normalisation avec le peuple syrien, devrait commencer dès aujourd'hui. Toutes les initiatives qui contribuent à paver la voie dans ce sens sont évidemment les bienvenues. Des positions comme celles de Samir Geagea ou des 140 personnalités et d'authentiques lettres comme celle de l'activiste syrien en font parties. Par contre, les menaces de la Révolution syrienne, qui constituent une offense envers le président de la République et une atteinte à la souveraineté libanaise, ne sont pas les bienvenues car elles ne feront que raviver les mauvais souvenirs du peuple libanais.

Nous, citoyens des 2 côtés de l'Anti-Liban, devons impérativement saisir les bonnes occasions pour rapprocher les 2 peuples car le facteur de l'Histoire ne sonne pas toujours deux fois! Par ses menaces la Révolution syrienne ne nous facilite pas la tâche.

Certes, ça ne sera ni évident ni facile! D'autant plus que nous n'allons pas effacer l'ardoise des doléances et renvoyer les différends entre les 2 pays aux calendes grecques! Voilà pourquoi dans l'article "Lettre du 'frère' Liban à la 'sœur' Syrie", j'ai demandé aux candidats potentiels pour le nouveau régime en Syrie –donc à la Révolution syrienne entre autres- de se prononcer dès aujourd'hui sur tous les points litigieux entre le Liban et la Syrie. Qu'importe si nous sommes dans une relation de famille, de couple ou de voisinage, nous avons 375 km de frontière commune et cela est suffisant pour se pencher sérieusement sur les problèmes en suspens.

Faute de bonne volonté et de coopération sincère de la part du régime des Assad, la liste des problèmes en suspens s'est allongée au fil des années:
- le tracé des frontières encore et toujours… pour l'instant, remercions Google Earth de l'avoir effectué!
- le sort des libanais disparus ou détenus en Syrie;
- les poursuites judiciaires syriennes bidon contre une trentaine de personnalités libanaises;
- le devenir des suspects syriens qui pourraient être poursuivis par le Tribunal Spécial pour le Liban;
- les excuses pour ce que la dictature syrienne a fait subir au peuple libanais au nom de la République arabe syrienne;
- la dissolution du Haut-Conseil syro-libanais;
- la révision de la centaine d'accords bilatéraux signés du temps de l'occupation syrienne;
- la coupure du cordon ombilical qui relie encore certaines fractions libanaises à certaines fractions syriennes;
- l'ingérence encore et toujours de la Syrie dans les affaires politiques du Liban.

En tout cas, c'est aux journalistes, libanais et syriens, arabes et occidentaux, qu'il incombe d'interpeller les leaders de l'opposition syrienne sur ces points litigieux. Marcel Ghanem a raté une belle occasion dans ce sens (le 12 mai 2011). Les 140 personnalités, peut être aussi! Il est plus qu'évident, cela va dans l'intérêt des 2 pays et surtout des 2 peuples! L'avenir des relations entre le Liban et la Syrie dépend des attitudes des uns et des autres dès à présent. La Révolution syrienne doit se prononcer clairement sur les points litigieux entre le Liban et la Syrie. Le peuple libanais est tout ouïe. Avis aux intéressés!

Réf.

Lettre du "frère" Liban à la "sœur" Syrie
par Bakhos Baalbaki, vendredi 22 avril 2011

من مواطن سوري الى سمير جعجع ... مع التحية 
أسامة أدور موسى – كاتب صحافي وناشط حقوقي سوري – 15 ايار 2011

بيانان من الثورة السورية
وردنا من مصدر مقرب من مكتب رئاسة الجمهورية اللبنانية ، بأن العماد ميشيل سليمان بصدد التوقيع على قرار يقضي بتسليم الجنود السوريين الثلاثة الذين لجئوا الى الاراضي اللبنانية هربا من أحداث تلكلخ يوم أمس للسلطات السورية مما يعني حكماً بالإعدام عليهم
لذلك فإننا نحمل السلطات اللبنانية كامل المسؤولية الاخلاقية و القانونية عن مثل هذا العمل و كذلك عن سلامة أي لاجئ اليها من المواطنين السوريين اللذين احتموا بها هربا من المجازر و الإجرام الغير مسبوق الذي تقوم به السلطات السورية
و نناشد جميع المنظمات الحقوقية و الإنسانية في العالم الضغط على الحكومة اللبنانية بعدم تسليم اي مواطن سوري للسلطات السورية لما يشكل ذلك من خطر حقيقي على حياتهم
ستقوم المعارضة السورية بتقديم شكوى ضده رسميا امام محكمة الجنايات الدولية للمساهمة في قتل الجنود والشعب السوري