Opération "Figuiers de Barbarie" Grâce à la plantation de 187 500 figuiers de Barbarie le long des 375 km de la frontière entre le Liban et la Syrie, nous serons le seul pays au monde et de l’histoire qui assure la sécurité de ses frontières d’une manière écologique |
Néanmoins,
à ce stade, il y a quand même quelques certitudes:
1 Mourir au cours d'une arrestation ou d'une détention, arrive dans
tous les pays du monde, y compris dans ceux où règne un état de
droit comme la France et les Etats-Unis. Dans un contexte de guerre
et de terrorisme, le chaos et l'extrême vigilance peuvent très
facilement conduire à la paranoïa et à la bavure.
2 Ce qui pose problème dans cette affaire soulevée par des
militants libanais des droits de l'homme c'est évidemment ce taux
de mortalité élevé. Il n'est pas normal. Il va falloir
l'expliquer pour connaître le pourquoi du comment. Il faut bien savoir s'il y a eu un abus de pouvoir, un
usage excessif et disproportionné de la force, de la résistance de
la part des personnes arrêtées, des menaces contre les forces de
l'ordre, de la légitime défense du côté des forces armées
libanaises, et j'en passe et des meilleures.
3 Pour mieux cerner la situation, il faut rappeler le contexte. Le
Liban se retrouve plongé directement et indirectement dans la guerre
syrienne, de son plein gré et malgré lui.
.
D'une part, par l'implication massive du Hezbollah libanais en
Syrie aux côtés du régime de Bachar el-Assad. De nos jours, on
entend dire que la milice chiite a rapatrié ses troupes, sauf que le
mal est fait et rien ne permet de confirmer ce retrait.
.
Et d'autre part, par l'afflux massif de ressortissants syriens
vers le Liban, qui accueille plus de 1,5 million de réfugiés et
de déplacés syriens. Cette présence prolongée est à l'origine de
tensions et de problèmes dans tous les domaines (économie, travail, logement, tourisme, électricité, eau, écologie, etc.).
4 Depuis peu de temps, on entend dire aussi que les réfugiés syriens peuvent rentrer chez eux. Parfait sauf que rien ne garantit leur sécurité
pour l'instant. Ces dires traduisent surtout la volonté de Bachar
el-Assad de faire croire que la guerre civile syrienne est finie. Ce
qui est loin d'être le cas. Pire encore, rien ne garantit que le
régime terroriste de Damas ne va pas obliger les revenants, de
confession sunnite dans la majorité des cas, à s'enrouler dans une
armée syrienne, dominée par la communauté alaouite, afin de
contribuer activement à l'effort de guerre d'un régime fasciste
condamné par l'histoire à disparaitre.
5 Un retour des réfugiés et des déplacés syriens dans leur pays,
qui est une nécessité vitale pour le Liban, ne peut se faire
pour autant dans de bonnes conditions que si, et seulement si
:
.
d'un côté, le retour se réalise sous l'égide exclusive de
l'ONU,
.
et d'un autre côté, ce retour se fait vers des zones en
territoire syrien, frontalières du Liban, de la Jordanie et de
la Turquie, et sécurisées par la communauté internationale.
Il
y va de la sécurité de ces personnes, mais aussi de l'efficacité
de l'opération. Sinon, ceux qui sont partis par la porte, reviendront par la fenêtre.
Tout ce qui en dehors de ça, comme la soi-disant "fermeté de l'Etat libanais" exigée par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est non seulement inefficace, mais constitue également des balivernes et des propos populistes proférés dans la perspective des élections législatives.
6 Depuis le début de la guerre civile syrienne, plusieurs attentats
terroristes ont ensanglanté le Liban. Des Syriens et des Libanais y
étaient impliqués. Au cours de l'opération
militaire menée vendredi dernier dans des camps syriens situés
dans cette région libanaise frontalière de la Syrie, Ersal, cinq
kamikazes se sont faits exploser, tuant et blessant huit
personnes. Cette pratique collective rappelle ce qui s'est passé à Qaa il y a quelque temps où huit ressortissants syriens se sont faits sauter. A plusieurs reprises, l'armée libanaise et les forces
libanaises de sécurité intérieure ont été la cible des
organisations terroristes à dominante syrienne, Daech/Etat islamique
et Al-Nosra/Fateh el-Cham. Plusieurs
dizaines de militaires libanais ont été kidnappés et certains
exécutés sommairement, par décapitation ou par balle.
Si rien ne peut expliquer le traitement dégradant des individus au
cours de leur arrestation, encore moins leur torture ou leur mort en
détention, personne ne peut justifier les attentats-suicides et les
exécutions barbares. La sécurité des gens, Libanais et Syriens,
est un droit fondamental, mais elle ne doit absolument pas se faire
au détriment des droits de l'homme au Liban.
7 Des voix libanaises s'élèvent depuis longtemps pour
expliquer directement ou indirectement par une contorsion
intellectuelle malhonnête à visée sécuritaire, qu'il faut en
finir une fois pour toutes avec les terroristes syriens infiltrés
dans les camps de réfugiés de la région d'Ersal. Affirmatif,
rien à ajouter. Mais quand on y pense un peu plus et d'une manière
impartiale, on s'aperçoit que la logique de l'efficacité exige
de ceux que le dossier des réfugiés syriens empêche de dormir la
nuit, ces insomniaques partisans du régime alaouite syrien et de la
milice chiite libanaise comme par hasard, notamment Gebran Bassil,
le ministre chrétien libanais des Affaires étrangères, de
réclamer de leurs alliés Bachar el-Assad et Hassan Nasrallah, à la
fois la création de zones sécurisées en territoire syrien et la
fermeture hermétique de la frontière syro-libanaise dans les deux
sens.
8 Sans zones sécurisées en territoire syrien et sans retour des
déplacés sous l'égide de l'ONU, les Syriens du Liban n'iront nulle
part, n'en déplaise à Naïm Qassem, Gebran Bassil et consorts.
A moins de les contraindre et de les forcer à le faire, ce qui est
contraire au droit international. Alors au lieu de palabrer dans les meetings et sur les réseaux sociaux, les insomniaques feraient mieux de faire jouer leurs bonnes relations avec le régime syrien de Bachar el-Assad pour parvenir au plus vite à ces objectifs.
9 Quant à la fermeture de la frontière syro-libanaise, le Liban
n'a pas pas réussi à le faire depuis le retrait des troupes d'occupation syriennes, le 26 avril 2005. Sur ce point, les leaders libanais anti-régimes, comme les leaders libanais pro-régimes sont fautifs. Que
les ex-14-Mars et les ex-8-Mars gouvernent seuls ou ensemble, les deux
camps libanais n'ont pas été fichus d'étendre la souveraineté de
l'Etat libanais à la frontière syro-libanaise. Et pourtant,
j'avais proposé il y a un peu plus d'un an, suite à la condamnation
de Michel Samaha, un pro-régime notoire, à 13 ans de travaux forcés, le déclenchement de
« l'opération Figuiers de Barbarie » afin de
détacher le Liban de la Syrie, en éloignant notre pays de la guerre
civile qui ravage notre voisin. Grâce à la plantation de 187 500
figuiers de Barbarie le long des 375 km de la frontière entre le
Liban et la Syrie, nous pourrons enfin tracer cette maudite
frontière passoire et la sécuriser dans les deux sens à moindre
frais. Nous deviendrons alors, les premiers producteurs de sobbeïr
au monde et nous serons ainsi, le seul pays de l’histoire qui
assure la sécurité de ses frontières d’une manière écologique.
Soyons réalistes, exigeons l'impossible.