jeudi 6 juillet 2017

A l'adresse des insomniaques qui ont hâte de voir les réfugiés syriens du Liban rentrer en Syrie (Art.445)


Opération "Figuiers de Barbarie"
Grâce à la plantation de 187 500 figuiers de Barbarie
le long des 375 km de la frontière entre le Liban et la Syrie,
nous serons le seul pays au monde et de l’histoire qui assure
la sécurité de ses frontières d’une manière écologique 
La mort de quatre ressortissants syriens dans des circonstances obscures, au cours et à la suite d'une opération de l'armée libanaise à Ersal est regrettable, quelque soit la gravité de ce qu'on leur reprochait et qui avait conduit à leur arrestation. Les "conditions climatiques" n'expliquent pas tout. Une enquête indépendante devrait être menée en toute impartialité pour mettre toute la lumière sur cet incident mortel. Il y va de la réputation de l'Etat libanais en général et de l'armée libanaise en particulier.

Néanmoins, à ce stade, il y a quand même quelques certitudes:

 1  Mourir au cours d'une arrestation ou d'une détention, arrive dans tous les pays du monde, y compris dans ceux où règne un état de droit comme la France et les Etats-Unis. Dans un contexte de guerre et de terrorisme, le chaos et l'extrême vigilance peuvent très facilement conduire à la paranoïa et à la bavure. 

Cela étant dit, toute généralisation à partir de cas isolés et partant d'informations sommaires qui se propagent à la vitesse des clics sur les réseaux sociaux, est par essence stupide. La campagne de certains pour faire passer l'armée libanaise toute entière pour des bruts et des barbares est abjecte. Aussi abjecte que celle qui voudraient faire passer tous les réfugiés syriens pour de dangereux et potentiels terroristes

 2  Ce qui pose problème dans cette affaire soulevée par des militants libanais des droits de l'homme c'est évidemment ce taux de mortalité élevé. Il n'est pas normal. Il va falloir l'expliquer pour connaître le pourquoi du comment. Il faut bien savoir s'il y a eu un abus de pouvoir, un usage excessif et disproportionné de la force, de la résistance de la part des personnes arrêtées, des menaces contre les forces de l'ordre, de la légitime défense du côté des forces armées libanaises, et j'en passe et des meilleures.

 3  Pour mieux cerner la situation, il faut rappeler le contexte. Le Liban se retrouve plongé directement et indirectement dans la guerre syrienne, de son plein gré et malgré lui.
. D'une part, par l'implication massive du Hezbollah libanais en Syrie aux côtés du régime de Bachar el-Assad. De nos jours, on entend dire que la milice chiite a rapatrié ses troupes, sauf que le mal est fait et rien ne permet de confirmer ce retrait.
. Et d'autre part, par l'afflux massif de ressortissants syriens vers le Liban, qui accueille plus de 1,5 million de réfugiés et de déplacés syriens. Cette présence prolongée est à l'origine de tensions et de problèmes dans tous les domaines (économie, travail, logement, tourisme, électricité, eau, écologie, etc.).

 4  Depuis peu de temps, on entend dire aussi que les réfugiés syriens peuvent rentrer chez eux. Parfait sauf que rien ne garantit leur sécurité pour l'instant. Ces dires traduisent surtout la volonté de Bachar el-Assad de faire croire que la guerre civile syrienne est finie. Ce qui est loin d'être le cas. Pire encore, rien ne garantit que le régime terroriste de Damas ne va pas obliger les revenants, de confession sunnite dans la majorité des cas, à s'enrouler dans une armée syrienne, dominée par la communauté alaouite, afin de contribuer activement à l'effort de guerre d'un régime fasciste condamné par l'histoire à disparaitre.

 5  Un retour des réfugiés et des déplacés syriens dans leur pays, qui est une nécessité vitale pour le Liban, ne peut se faire pour autant dans de bonnes conditions que si, et seulement si :
. d'un côté, le retour se réalise sous l'égide exclusive de l'ONU,
. et d'un autre côté, ce retour se fait vers des zones en territoire syrien, frontalières du Liban, de la Jordanie et de la Turquie, et sécurisées par la communauté internationale.
Il y va de la sécurité de ces personnes, mais aussi de l'efficacité de l'opération. Sinon, ceux qui sont partis par la porte, reviendront par la fenêtre.
Tout ce qui en dehors de ça, comme la soi-disant "fermeté de l'Etat libanais" exigée par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est non seulement inefficace, mais constitue également des balivernes et des propos populistes proférés dans la perspective des élections législatives

 6  Depuis le début de la guerre civile syrienne, plusieurs attentats terroristes ont ensanglanté le Liban. Des Syriens et des Libanais y étaient impliqués. Au cours de l'opération militaire menée vendredi dernier dans des camps syriens situés dans cette région libanaise frontalière de la Syrie, Ersal, cinq kamikazes se sont faits exploser, tuant et blessant huit personnes. Cette pratique collective rappelle ce qui s'est passé à Qaa il y a quelque temps où huit ressortissants syriens se sont faits sauter. A plusieurs reprises, l'armée libanaise et les forces libanaises de sécurité intérieure ont été la cible des organisations terroristes à dominante syrienne, Daech/Etat islamique et Al-Nosra/Fateh el-Cham. Plusieurs dizaines de militaires libanais ont été kidnappés et certains exécutés sommairement, par décapitation ou par balle. Si rien ne peut expliquer le traitement dégradant des individus au cours de leur arrestation, encore moins leur torture ou leur mort en détention, personne ne peut justifier les attentats-suicides et les exécutions barbares. La sécurité des gens, Libanais et Syriens, est un droit fondamental, mais elle ne doit absolument pas se faire au détriment des droits de l'homme au Liban.

 7  Des voix libanaises s'élèvent depuis longtemps pour expliquer directement ou indirectement par une contorsion intellectuelle malhonnête à visée sécuritaire, qu'il faut en finir une fois pour toutes avec les terroristes syriens infiltrés dans les camps de réfugiés de la région d'Ersal. Affirmatif, rien à ajouter. Mais quand on y pense un peu plus et d'une manière impartiale, on s'aperçoit que la logique de l'efficacité exige de ceux que le dossier des réfugiés syriens empêche de dormir la nuit, ces insomniaques partisans du régime alaouite syrien et de la milice chiite libanaise comme par hasard, notamment Gebran Bassil, le ministre chrétien libanais des Affaires étrangères, de réclamer de leurs alliés Bachar el-Assad et Hassan Nasrallah, à la fois la création de zones sécurisées en territoire syrien et la fermeture hermétique de la frontière syro-libanaise dans les deux sens.

 8  Sans zones sécurisées en territoire syrien et sans retour des déplacés sous l'égide de l'ONU, les Syriens du Liban n'iront nulle part, n'en déplaise à Naïm Qassem, Gebran Bassil et consorts. A moins de les contraindre et de les forcer à le faire, ce qui est contraire au droit international. Alors au lieu de palabrer dans les meetings et sur les réseaux sociaux, les insomniaques feraient mieux de faire jouer leurs bonnes relations avec le régime syrien de Bachar el-Assad pour parvenir au plus vite à ces objectifs. 

 9  Quant à la fermeture de la frontière syro-libanaise, le Liban n'a pas pas réussi à le faire depuis le retrait des troupes d'occupation syriennes, le 26 avril 2005. Sur ce point, les leaders libanais anti-régimes, comme les leaders libanais pro-régimes sont fautifs. Que les ex-14-Mars et les ex-8-Mars gouvernent seuls ou ensemble, les deux camps libanais n'ont pas été fichus d'étendre la souveraineté de l'Etat libanais à la frontière syro-libanaise. Et pourtant, j'avais proposé il y a un peu plus d'un an, suite à la condamnation de Michel Samaha, un pro-régime notoire, à 13 ans de travaux forcés, le déclenchement de « l'opération Figuiers de Barbarie » afin de détacher le Liban de la Syrie, en éloignant notre pays de la guerre civile qui ravage notre voisin. Grâce à la plantation de 187 500 figuiers de Barbarie le long des 375 km de la frontière entre le Liban et la Syrie, nous pourrons enfin tracer cette maudite frontière passoire et la sécuriser dans les deux sens à moindre frais. Nous deviendrons alors, les premiers producteurs de sobbeïr au monde et nous serons ainsi, le seul pays de l’histoire qui assure la sécurité de ses frontières d’une manière écologique. Soyons réalistes, exigeons l'impossible.