Malgré tous les avantages qu’ils ont,
directs et indirects, et en dépit du fait que les hommes politiques libanais ne
brillent pas par leur haut rendement, certains politiciens se sont permis de ne
pas payer leurs factures électriques pendant des mois, voire des années. Ces
privilégiés, qui n'incluent pas que des politiques, et qui se croyaient au-dessus des lois et des citoyens, devaient à
l’EDL la coquète somme de 600 000 dollars. On n’a eu vent de l’affaire que
lorsqu’un brave juge avait ordonné des coupures électriques concernant les
fautifs. Le comble dans ce scandale c’est cet effort déployé par EDL, ainsi que
par les politiciens et même les médias, qui a consisté à, soit ignorer l’affaire
soit entourer le scandale public de tant de confidentialité, ce qui s’est avéré,
le moins qu’on puisse dire, être louche. Dans le cafouillage qui a accompagné
l’affaire (liste ancienne/récente, ils ont payé/ils n’ont pas payé, etc.), deux
noms se sont illustrés par leur défense maladroite, Mohammad Kabbani, député
(Futur), et Farès Souaid, ex-député (indépendant/14-Mars). Morale de l’histoire :
la transparence permet d’assainir la vie publique au pays du Cèdre, alors que le
secret est source de rumeurs. (Art.311)
11.
L’accélération du traitement des démarches administratives contre le paiement d’une
taxe
C’était l’idée du ministre du travail,
Séjaan Azzi (Kataeb). Elle était séduisante. Payer plus, pour être mieux servi,
est une pratique courante et justifiée. Sauf qu’il y avait un bémol. Cette
logique concerne des services privés. Dans le domaine public, il en est
autrement, surtout que l’argent récolté ne devait pas aller dans les caisses de
l’Etat, mais devait alimenter les comptes personnels des fonctionnaires du
ministère du Travail. La décision du ministre libanais du Travail, était immorale
(elle encourageait la corruption), illégale (le ministre n’avait pas les
prérogatives nécessaires pour créer une telle caisse) et anticonstitutionnelle
(une telle décision créerait de facto, une discrimination entre les Libanais,
basée sur l’argent). Le pire, c’est qu’elle ne pouvait ni combattre la
corruption, mais l’encourager au contraire, ni lutter contre la léthargie
structurelle des administrations libanaises, puisque le système aurait été vite
saturé. Et pendant ce temps, les Libanais attendent toujours le développement
des démarches électroniques, qui coupera l’herbe sous les pieds des
corruptibles. (Art.303)
10. La
défense acharnée de Nadim Koteich de la candidature de Sleimane Frangié
Dans ce but, le journaliste s’est montré prêt
à tout, y compris à trafiquer la réalité : selon ses dires les Libanais
devraient comprendre que les Chrétiens refuseraient l’ingérence musulmane dans
l’élection présidentielle, le blocage de la présidentielle serait purement
maronite et les Chiites libano-iraniens seraient des spectateurs, Samir Geagea
voulait marcher dans la candidature de Michel Aoun depuis longtemps, Saad
Hariri revit avec le parti des Forces libanaises ce que son père avait vécu
avec la tutelle syrienne (qui l'empêchait de ratisser large en dehors de la
communauté sunnite de Beyrouth), Geagea est responsable de l’ankylose du
14-Mars, Hariri serait un leader libanais alors que Geagea n’est qu’un leader
chrétien. L’aveuglement de Nadim Koteich, n’en est
pas un en réalité. Employé du Futur, le journaliste a tenté d’une manière abjecte
de détourner l’attention des Libanais du fait que quelques
politiciens musulmans autour du duo Joumblatt-Hariri, préparent une cuisine
infecte qu'une grande partie du peuple libanais, aussi bien dans la rue
chrétienne que dans la rue sunnite, ne parvient pas à digérer, notamment dans
les rangs du camp du 14-Mars : un « deal » politicien 8-Mars/14-Mars
contraire aux intérêts des Libanais (j’y reviendrai dans un autre point) et un
renoncement aux principes du rassemblement historique islamo-chrétien du 14 mars 2005, en mettant à la
tête de l’Etat celui qui s’est montré à l’époque comme un « chef de gang menaçant », de l’aveu même du parrain de
cette initiative délirante, la girouette de Moukhtara, Walid Joumblatt, aveu fait librement et sous serment svp,
devant le Tribunal Spécial pour le Liban, le 6 mai 2015. (Art.325)
9. L’élévation
de Samir Kuntar au rang héroïque et de martyr
Si les yeux d'une partie des
Moyen-Orientaux le pleurent, à chaudes larmes, ceux d'une autre partie, restent
secs et froids. « L’héroïsme » de cet homme a commencé à 17 ans en
1979 sur une plage d’Israël, par une attaque d’origine palestinienne ayant
provoqué la mort de plusieurs civils, dont un père et une fillette de 4 ans, et
s’est terminé en Syrie en 2015, aux côtés de la tyrannie des Assad, en
qualifiant les rebelles syriens « d’éléments
israéliens les plus laids de ce monde », et en prétendant que les
vaincre équivalait à « une défaite
des Sionistes ». Condamné à cinq peines de prison à vie et 47 ans
supplémentaires, l’homme n’a retrouvé la liberté que grâce à l’opération du
Hezbollah, « al wa3éd el sadeq » (la
promesse sincère), qui est à l’origine de la guerre de Juillet (2006), où l’hystérie
militaire israélienne a provoqué 1 600 morts (2/3 de civils), un million
de déplacés et l’équivalent de 50 % du PIB du Liban en dégâts matériels et pertes
économiques (4 % du PIB d'Israël côté israélien). Quoi qu’il en soit, Samir Kuntar restera dans
l’histoire comme un « criminel » pour les Israéliens, ainsi que pour la majorité des Syriens, et pour les Libanais, un « martyr » pour les uns et « the
six billion dollar man » pour les autres. (Art.327)
8. Le
vote du « bazar des nécessités » en pleine vacance présidentielle
Si le quorum pour valider l’élection
présidentielle est sujet à débat, la Constitution libanaise est très claire sur
un point. Dans les conditions actuelles de vacance présidentielle, depuis le 25
mai 2014 svp, les représentants du peuple ne peuvent se réunir QUE pour élire
le 13e président de la République libanaise. La fatwa grotesque de la «
nécessité de légiférer » (techri3 el daroura), ou sa variante, « légiférer d’une manière exceptionnelle »
(techri3 el estesné2é), n’existe nulle part, ni dans la Constitution, ni
dans la jurisprudence. C’est une invention de la part de certains politiciens incapables
de gérer normalement la vie démocratique au Liban, pour se donner bonne
conscience au cours de la violation de la Constitution. Le « bazar des
nécessités » a reçu l’approbation générale, sans réserve des partis
politiques musulmans (Futur, Parti socialiste, Amal, Hezbollah), sous
conditions pour les partis chrétiens (Forces libanaises et Courant patriotique
libre) d’inclure l’acquisition de la nationalité libanaise (par les descendants
de Libanais) et une nouvelle loi électorale, à une seule exception (le parti des
Kataeb). Les parlementaires ont fini par voter tout et n’importe quoi, enfin
beaucoup de projets de lois qui n’ont absolument rien d’urgent, et ils se sont
contentés de palabrer, 2art 7aké, pour
la 7e année consécutive, sur la loi électorale. (Art.318)
7. La
condamnation de Michel Samaha à 4 ans et demi de prison
Les charges qui pesaient sur cet ancien
ministre du 8-Mars étaient lourdes. Il a été reconnu coupable d’avoir projeté « mener des actions terroristes au Liban et
d'appartenir à un groupe armé ». Et pourtant, malgré le fait qu’il a été
pris en flagrant délit (possession de dizaines de charges explosives fournies
par le régime syrien) et ses propres aveux (commettre des attentats contre des
rassemblements sociaux, religieux et politiques sunnites au Liban), il n’a été condamné qu’à 4 ans et demi de
prison. Toujours est-il que grâce aux services de renseignements libanais des
Forces de sécurité intérieure d'Achraf Rifi et de Wissam el-Hassan, le projet terroriste syro-libanais a capoté.
Cela a permis aux Libanais d’éviter de replonger dans la guerre
confessionnelle, islamo-chrétienne et sunnito-chiite, « comme le souhaite Bachar (el-Assad) », selon les propos aveux du livreur de TNT. (Art.288)
6. Le
phénomène Tol3et re7etkoum
J’y ai consacré quatre articles, tellement
il y avait de l’espoir sur ce mouvement populaire et tellement cet avorton de
révolte a déçu. Né avec la crise des déchets, le mouvement Tol3et re7etkoum, n’a pas su mettre à profit l’élan populaire dont
il fut l’objet. Pire encore, il a galvaudé en un temps record son image en se
montrant aussi immature et irresponsable que certains hommes politiques qu’ils
combattaient. Sur le sujet des déchets, il n’a pas su voir ni l’urgence ni l’ampleur
de la catastrophe à venir, avec son obstination concernant le maintien de la fermeture
de la décharge de Naamé. La dérive politicienne a donné le coup de grâce au
mouvement en faisant ressortir la confusion de ses dirigeants : exiger la
démission du gouvernement Tammam Salam en pleine vacance présidentielle et en
pleine paralysie parlementaire, réclamer des législatives sans évoquer la loi
électorale, ignorer l’élection présidentielle et le blocage en cours,
s’attaquer à tous les politiciens en évitant le leader du Hezbollah, etc. Le
mouvement a oscillé entre le populisme et la langue de bois, entre l’arrogance
et l’amateurisme. En recourant à la violence et en s’attaquant aux sièges du
pouvoir libanais (du gouvernement et du Parlement), le mouvement a fini par perdre
toute légitimité. Il faut dire que les activistes de Tol3et re7etkoum avaient oublié le b.a.-ba de l’activisme : qui n’est pas satisfait d’une situation doit « agir » dans le
respect des lois en vigueur, tous les jours de l’année et non durant
les vacances estivales. (Art.306)(Art.307)(Art.308)(Art.309)
5.
L’exportation des déchets
Encore un exemple qui démontre l’amateurisme
de certains responsables libanais. L’exportation des déchets a été proposée dès le début
de la crise en juillet 2015. Elle fut abandonnée par la suite. Après plus de
cinq mois d’humiliation des Libanais, par l’amoncellement des ordures sous
leurs fenêtres et 160 jours d’imprégnation de leurs bronches pulmonaires par
les résidus cancérigènes issus de l’incinération sauvage des déchets, avec et sans l'approbation des municipalités, voilà que
le gouvernement de Tammam Salam y revient, comme si de rien n’était. Il décide le 21 décembre 2015, à la hâte, à la dérobée et sans véritables discussions, comme le Parlement dans le cas de la libéralisation des loyers anciens le 1er avril 2014, la veille des fêtes de fin d'année, en pleine félicité des commémorations des naissances de Mahomet de La Mecque et de Jésus de Nazareth, et pendant que le peuple libanais prépare son réveillon du nouvel an, l'attribution du marché de l'exportation des déchets à deux sociétés, l'une anglaise et l'autre hollandaise, avec des contrats qui ne sont pas rassurants et qui comportent plusieurs zones d'ombre et divers points inquiétants. Étrange toute cette opacité sur un dossier du domaine public qui a pourri la vie des Libanais la moitié de l'année écoulée ? Tout cela laisse à penser que ni le Liban, qui engage sa responsabilité selon les contrats conclus, ni ces sociétés qui exécuteront ces contrats, ne sauront respecter les normes internationales strictes en matière d'exportation de déchets. En tout cas, il faut
être bien déconnecté de la réalité, pour imaginer la moitié d’un quart de seconde
que les sociétés spécialisées en la matière, vont se donner beaucoup
de peine pour récupérer des ordures ménagères du Moyen-Orient s'il vous plaît, afin de produire de l'électricité. Au passage, sachez que cette solution utopiste nous coutera chère, plus de 250 $/tonne, beaucoup plus chère que celle appliquée autrefois par
Sukleen, et même, celles des appels d'offres annulés par le gouvernement il y a tout juste quatre mois parce qu'ils étaient considérés hors de prix. Et pourtant, les solutions simples existent et sont
à la portée de tous, qu’ils soient gouvernants, parlementaires ou
dirigeants municipaux, qui peuvent s'ils le veulent, remédier à la crise ou au
moins, en atténuer les méfaits sur la santé des gens et sur l'environnement,
avec peu de moyens, comme je l'ai démontré dans mon article 317, en se basant
sur l’exemple d’un village suisse du canton des Grisons. C’est la volonté
politique qui fait défaut. Reste à savoir si c’est par ignorance ou par
intéressement ? On le saura rapidement. (Art.317)(Art.322)
4.
L’entrée en vigueur de la libéralisation des loyers anciens
Alors que le Liban traverse depuis
quelques années la pire période de son histoire sur le plan économique, où sa
dette publique a grimpé à 67 milliards de dollars (60 000 à 100 000
$/foyer de 4 à 6 personnes, sachant que le salaire minimum libanais n’est que
de 450 $/mois et qu’un abonnement électrique privé peut couter 150 $/mois !),
et devient l’un des pays les plus chers au monde, les représentants du peuple
n’ont pas trouvé de moment plus opportun que celui-là pour voter la « libéralisation
des loyers anciens », qui entrainera une augmentation de loyer de près de 1 000 $/mois en 5 ans, pour un appartement de 100 m² à Beyrouth, avec l’approbation unanime de la classe politique (une loi accueillie
avec enthousiasme par des politiciens du Courant du Futur, comme Samir Jisr et Robert Ghanem, et du Courant patriotique libre, comme Neemtallah Abi Nasr et Ghassan Moukheibir), sans se donner
la peine d’établir la moindre esquisse d’un plan général d’une véritable politique du
logement. Pire encore, trois articles de cette loi, votée à la hâte et à la
dérobée, et en bloc svp, sans aucune discussion au Parlement, ont été invalidés par le Conseil
constitutionnel dont celui portant sur la création d’une Caisse pour venir en
aide aux Libanais démunis. Pire encore et toujours, alors que le Comité de la législation
et des consultations du ministère de la Justice, a jugé que la loi amputée est
inapplicable, les locataires anciens sont abandonnés au bon vouloir des juges
en attendant une nouvelle version de la loi. Et pourtant, les conséquences sociales sont
désastreuses. Telle qu’elle est, la loi de libéralisation des loyers anciens
conduira à l’expulsion des natifs de Beyrouth et de la classe moyenne de la
capitale libanaise, à la ségrégation sociale et spatiale des Libanais, à la
destruction du parc immobilier ancien et à une spéculation immobilière sauvage
qui rendra Beyrouth inaccessible à la majorité des Libanais, même ceux qui ne
sont pas concernés directement par cette loi. (Art.280)(Art.256)
3. Le
boycott de l’élection présidentielle, l’autoprorogation du mandat parlementaire
et la paralysie du gouvernement
La vacance présidentielle dure depuis
le 25 mai 2014. A l’exception de la première tentative pour élire le 13e président de la République, le 23 avril 2014, les 32 séances électorales qui
ont suivi, ont toutes été boycottées par les députés du Hezbollah et du Courant
patriotique libre. Le premier bloqueur, soutenu par l'Iran, ne veut pas d'un
nouveau président tant que le duo chiite est enlisé dans la guerre civile
syrienne et parce que la République islamique veut garder cette carte pour les
jours difficiles. Le second bloqueur ne fait que profiter de cette manne
politique tant qu'il est ignoré par ses adversaires. Du côté du Parlement, on a
prétendu que la sécurité au Liban ne permettait pas d’organiser des élections
législatives en juin 2013. Et comme la couleuvre était difficile à avaler, on a
fait croire ensuite qu’il fallait du temps pour élaborer et voter une loi électorale moderne. Bilan des courses, les députés libanais élus en 2009, ont procédé
à une autoprorogation parlementaire de leur mandat, d’un mandat entier svp (quatre ans) jusqu’en juin 2017, salaires compris malgré le faible rendement législatif. Le problème c’est que six ans de palabres sur la loi
électorale, et un peu moins de trois ans après la prorogation pour absence de
consensus sur une nouvelle loi électorale, nous sommes au point mort, toujours
avec la loi électorale archaïque de 1960, sachant qu’on se trouve à un an et
demi seulement des prochaines législatives. Pour ce qui est du gouvernement, il y a
un fait qui résume bien l’efficacité du pouvoir exécutif libanais, la crise des
déchets. Cinq mois de tractations politiciennes, n’ont toujours pas permis de
mettre un terme à l’un des scandales les plus honteux de l’histoire du Liban.
Bienvenue dans la République bananière libanaise. (Art.289)(Art.304)(Art.322)
2. La candidature
de Sleimane Frangié
La candidature du beik de Zgharta est
rédhibitoire pour deux raisons principales, l’une en rapport avec la
personnalité de l’intéressé et l’autre avec le contenu du « deal ». Le fait que
Frangié se considère comme « l’ami et le frère » de Bachar el-Assad et comme
formant « une seule personne » avec Hassan Nasrallah, pose un problème éthique.
Pas seulement en rapport avec la guerre civile syrienne et ses 250 000 morts ! Voyons un peu, les défenseurs
du deal au sein du 14-Mars (Futur et indépendants), ne peuvent pas pleurer les martyrs du 14-Mars à chaque
anniversaire (en réclamant que justice soit rendue dans les assassinats de Rafic Hariri à Mohammad Chatah, en passant par Wissam el-Hassan, Pierre Gemayel, Gebrane Tuéni, Georges
Haoui et Samir Kassir ; sans oublier les martyrs-vivants, de May Chidiac à
Elias el-Murr), ET continuer à accuser Assad/Hezb
de leurs assassinats (en se comportant avec eux comme s’ils les avaient bel et bien assassiné) ET marcher dans la candidature de Frangié (le
candidat proAssad/proHezb par excellence). Une des trois attitudes doit cesser afin
de donner de la cohérence aux choix politiques des défenseurs de Frangié au
sein du 14-Mars. On ne peut pas avoir les trois ingrédients dans la même sauce
politique, c'est inconsistant. Quant au contenu du deal, cela pose un problème de
souveraineté nationale. Selon cet arrangement politicien au contour flou, Joumblatt
et Hariri donneraient la présidence de la République à un proHezb/proAssad
notoire, Frangié, en échange et selon un avis personnel, Nasrallah et Berri, seraient
supposés marcher dans la loi électorale de 1960, ou une loi apparentée, qui a
la grande faveur des premiers. Le 1re volet du deal pose un problème
éthique comme on l’a vu précédemment. Le second volet pose un problème démocratique
puisque la loi électorale de 1960 ne permet pas d’obtenir une bonne représentativité
parlementaire comme la circonscription uninominale par exemple. Ainsi, il est clair que Saad Hariri s'est fait flouer par l'enthousiasme débordant de certains de son entourage pour un projet mort-né, condamné à périr. (Art.323)(Art.326)
1. La
fermeture de la décharge de Naamé et le non-renouvellement du contrat de
Sukleen
Comment ne pas mettre ce point au top des
douze flops de 2015 ? Suivez-moi un peu : le gouvernement libanais,
sous la pression de quelques centaines de personnes des environs de Naamé, du beik de
Moukhtara et de militants écolos, a procédé le 17 juillet 2015 à la fermeture définitive
de la décharge qui reçoit près de 3 000 tonnes de déchets ménagers par
jour de Beyrouth et du Mont-Liban (avant l’arrivée massive des réfugiés
syriens), alors qu’aucun plan B de gestion des ordures n’était encore mis en œuvre.
Pire encore, le gouvernement libanais, des leaders politiques et des activistes,
n’ont pas voulu se rendre à l’évidence que même si un plan B est établi au jour
J, il ne peut pas être pleinement mis en œuvre avant J+1/2 ans. Et de ce fait,
la réouverture de la décharge de Naamé et la prorogation du contrat de Sukleen
étaient incontournables si on voulait éviter l’amoncellement des ordures
ménagères dans les rues. Pire encore et toujours, dans le « bazar des
nécessités » voté le 12 novembre, figurent des projets de lois portant sur
« la création de deux Conseils de développement pour les régions de
Baalbek-Hermel et de Akkar-Nord ». A l’époque, on les a mis à l’ordre du
jour afin d’amener les responsables politiques de Baalbek et du Akkar, qui sont bien identifiés par tous, à
accepter la création de deux décharges temporaires dans ces deux régions. Et voilà que quelques semaines après le vote parlementaire, le gouvernement décrète que la
seule solution à la crise des déchets repose sur l’idée délirante de l’exportation
des ordures. Alors, pourquoi a-t-on créé ces Conseils de développement en
toute urgence ? Impuissance, cafouillage, négligence, amateurisme,
tergiversations, magouilles, intéressement, qu’importe, plus de cinq après son
déclenchement, nous commencerons l’année 2016 comme nous l’avons vécu en grande partie et nous l'avons terminé aussi, avec
la crise des déchets. Pire encore, toujours et
plus que jamais, même si l'exportation des déchets se
concrétise, cette idée délirante ne concernera pas les 500 000 000
de kilos de déchets qui putréfient déjà à l'air libre et dans la
nature, un peu partout à Beyrouth et dans le Mont-Liban, depuis ce sinistre 17 juillet. Que prévoit le gouvernement de Tammam Salam et le chargé du dossier des ordures, Akram Chehayeb (député depuis 1991), pour solder ce compte et en finir avec cette catastrophe écologique ? Rien de tangible, absolument rien, alors que nous sommes au milieu du 6e mois de la crise. Et pour cause, il faut une décharge ! Et comme si de rien n'était, certains dirigeants s'obstinent à fuir la réalité et à vendre la chimère de l'exportation aux Libanais comme une panacée, alors qu'on retourne inéluctablement à la case de départ : le Liban a besoin de traiter ses déchets sur place et tout de suite. Cela dit, le peuple libanais et les réfugiés syriens sont en partie responsables
de ce désastre, puisque c'est bien nous les résidents de Beyrouth et du Mont-Liban qui produisons ces déchets et qu’avec
beaucoup d’efforts nous pourrons parvenir à ZÉRO poubelle, comme je l'ai détaillé dans l'article 317. Pour ce qui est des
politiciens, des gouvernants, des parlementaires et des dirigeants municipaux,
s’il leur reste une once de dignité après cette crise des déchets, beaucoup d’entre eux -enfin, pas tous, fort heureusement!- suivraient cet adage
libanais à la lettre : keno berou7o
bettoumo 7aloun, ils iraient s’enterrer.
(Art.300)(Art.316)(Art.317)
Millésime 2015
Des millions de vœux en 2014 et pourtant à l’arrivée, 2015 fut l’un des millésimes les plus médiocres pour le Liban. Pour nous consoler, il nous restera ce drapeau, le plus beau du monde, le testament de Gibran Khalil Gibran, « Vous avez votre Liban, j’ai le mien », et une ferme détermination à défendre notre Liban, le pays du Cèdre où coulaient jadis le lait et le miel, l'inventeur de l’alphabet, un lieu de refuge et d’hospitalité, un territoire de concorde islamo-chrétienne, le terroir du tabboulé, du chawarma, du hoummous, des baklawa et de l’arak, la contrée de l'humour arabo-méditerranéen, l'héritier de prestigieuses civilisations, toujours à la croisée des chemins entre l'Orient et l'Occident, et à dénoncer leur Liban, le pays des flops, des factures impayées, de la corruption institutionnelle, du traficotage des faits, de l’héroïsme détourné, du bazar des nécessités, des peines édulcorées, de l’activisme amateur, des solutions bidon, du libéralisme sauvage, de la politique politicienne, des deals douteux, des décisions irresponsables, et j'en passe et des meilleures.