lundi 31 décembre 2012

Droit de vote des expatriés et acquisition de la nationalité libanaise. Dernier avis (Art.96)


Ça paraissait comme une échéance lointaine. Eh bien voilà, nous y sommes. Mes cher(e)s compatriotes, spécialement vous qui résidez à l’étranger, sachez que le lundi 31 décembre 2012 était le dernier jour pour déposer une demande d’inscription sur les listes électorales libanaises pour pouvoir -ça ne coûte rien de rêver !- voter dans les ambassades de vos lieux de résidence aux prochaines élections législatives. Celles-ci devraient se dérouler au printemps 2013.

Vous devez savoir également que cette inscription n’est valable que pour les élections 2013 et que dans un tel cas, il ne sera plus possible pour vous de voter au Liban. Donc il fallait que vous soyez certains où vous vous trouverez la veille de l'été de l'année prochaine, au début du mois de juin a priori. « Mais bien sûr, pourquoi faciliter la vie du citoyen libanais quand on peut le cuire à petit feu ! » Plus grave encore, une telle inscription ne vous garantira même pas la possibilité de voter tant que les modalités de la mise en œuvre de ce vote n’ont pas été déterminées par le gouvernement libanais, notamment par le ministre des Affaires Etrangères, Adnan Mansour (membre du parti Amal de Nabih Berri). Or, il est navrant de constater que rien n’est fait pour aller vraiment dans ce sens. Pire, tout est fait pour perpétuer cette tare de la démocratie libanaise ad vitam aeternam, l’obligation archaïque pour un Libanais de se rendre au pays pour voter.


Le principe de vote des Libanais de l’étranger, un droit que le peuple libanais attend depuis la première Indépendance en 1943, a été affirmé par le président de la République, Michel Sleiman dès le début de son mandat. Il a été adopté par le Parlement libanais en 2008, Loi électorale n°25 du 8 octobre, après les combats de rue déclenchés par la milice du Hezbollah et ses acolytes à Beyrouth et dans la région du Mont-Liban. Ce vote aurait dû, et pu, avoir lieu en 2009 déjà, mais le ministre libanais des Affaires Etrangères de l'époque, Faouzi Salloukh, appartenant au 8 Mars (ministre chiite du Hezbollah), a prétendu que le délai dont il disposait, 8 mois !, ne lui permettait pas de le concrétiser. Hélas, le gouvernement Siniora n'a pas su ni le persuader à s'y mettre au travail, ni le contraindre à y parvenir à rendre ce vote effectif. Le bon sens aurait voulu que le ministère profite du nouveau délai de 4 ans pour peaufiner les modalités de mise en œuvre de ce vote, surtout que la loi l'y oblige. Eh bien que dalle, la mauvaise intention du tandem chiite est tenace. Et comment ! Le successeur de Salloukh, Ali el-Chami, le ministre chiite de Nabih Berri dans le gouvernement de Saad Hariri, prétend dès 2010 -c'est un prévoyant SVP, il s'y prend avec 3 ans d'avance même- dans un rapport qui se veut sérieux, qu'il est impossible d'organiser un tel vote, comme si l'Egypte, la Libye ou la Tunisie, serait réticente à nous donner conseil en la matière ! Le successeur du remplaçant du successeur, Adan Mansour, depuis qu'il est à son poste, suite au coup d'Etat démocratico-milicien du Hezbollah il y a 2 ans, reprend les mêmes arguments du même tandem avec la même mauvaise foi.

Les Libanais du pays et de l'étranger doivent savoir que le ministère des Affaires Etrangères de leur bien-aimé Liban est dans le giron du tandem chiite, Hezbollah-Berri depuis la seconde Indépendance en 2005 ! Tous les ministres des Affaires étrangères de ce tandem qui s'y sont succèdés depuis le retrait des troupes syriennes d'occupation, avancent non sans gêne le même argument pour justifier la privation des Libanais de l'étranger de ce droit légitime, pourtant inscrit dans la loi aujourd'hui: « Vous êtes mes chers compatriotes expatriés pas motivés par le droit de vote à l'étranger » ! Heureusement que le ridicule ne tue pas, pour qu'on puisse en rire. Niaiserie quand tu nous tiens ! Adnan Mansour, qui ne s'est décidé à sortir de sa torpeur provoquée que sous la pression du président de la République, Michel Sleiman, a eu le culot de sous-entendre il y a quelques mois, que la mise en œuvre de ce vote pourrait couter cher aux finances du gouvernement, lol, alors que les Libanais de l'étranger ne montrent pas un réel intérêt pour en bénéficier. C'est tout simplement ignoble ! Il oublie de préciser à ses compatriotes, que les expatriés savent très bien que non seulement cette inscription ne leur garantirait pas le droit de voter, mais que dans un tel cas, ils risquent d'être rayés des listes électorales au Liban et que dans tous les cas, à cause de l'esprit tordu de son camp politique, ils doivent décider dès aujourd'hui où ils voteront, au pays ou à l'étranger.

Quant au coût, je sais un simple « lol » ne suffira sans doute pas. De l'aveu même du ministre, l'opération coûterait seulement 2,4 millions de dollars au ministère ! « Wlak ya dellé chou hal hadr ! » Quand on pense au gaspillage de l'argent publique, on a vraiment envie de vomir sur de tels arguments. Un exemple parlant, malgré le gouffre financier de l'Electricité du Liban, et le fait que dans certaines régions libanaises 78 % de l'électricité distribuée est volée, le ministre de l'Ernegie, Gebran Bassil, n'a pas trouvé mieux que de décider d'importer des bateaux générateurs. Il y a une expression pour cela, c'est « jeter son argent par les fenêtres ». Un autre exemple éloquent, alors que notre dette abyssale dépasse les 135 % du PIB, les grassouillets de la Nation, nos chers ministres et députés, se sont auto-octroyés, sans aucune contestation interne audible,  une conséquente augmentation de leur salaire mensuel de 4,3 millions de LL en septembre, soit près de 2 867 $, avec un effet rétroactif de plusieurs mois, ya Allah, que nos politiciens sont consciencieux !, en quelques minutes de débats, ce qui porte leur salaire à près de 8 700 $/mois, alors qu'il a fallu 5 mois de négociations tendus pour augmenter les salaires de base des travailleurs de 200 000 LL, l'équivalent de 133 $, passant aujourd'hui à près de 450 $/mois. Economisez votre salive honnêtes citoyens, payeurs de taxes, de salaires de base et d'augmentations de vos représentants, ne crachez sur rien et sur personne, vos « tfeh » ne serviraient à rien, on vous dira qu'il pleut ! Les urnes sont toujours beaucoup plus efficaces. Tout ça c'est sans parler du gaspillage légendaire du Conseil du Sud, l'organisation étatique contrôlée par le parti de l'Estèz Nabih Berri, auquel appartient l'actuel ministre libanais des Affaires Etrangères. Et voilà encore un exemple tout frais de gaspillage de l'argent publique aussi grotesque que pitoyable. Avant de s'envoler pour Londres pour passer le réveillon en famille, le Premier ministre libanais Nagib Mikati, s'est entretenu avec son ministre des Affaires Etrangères, Adnan Mansour, tenez-vous bien, sur « l'ouverture de 35 consulats honoraires à l'étranger » (As-Safir 31 décembre 2012)! Eh bien, mes chers ami(e)s, haydé méchklit el ba7bou7a, on ne s'est plus quoi faire de l'excédent budgétaire. Trente-cinq consulats honoraires à travers le monde, c'est vraiment ce qui manque aux expatriés ? Pathétique. Ce n'est pas tout. Pour justifier ce projet risible, Monsieur le Ministre a le culot d'avancer l'argument que « C'est spécialement dans le but de faciliter l'inscription et le vote aux élections législatives présentes ou futures ». Expatriés, soyez fiers d'être de nationalité libanaise, votre gouvernement pense à vous même si vous êtes au fin fond de l'Arizona ou en Sibérie ! Laughing out loud. Et pour revenir à nos moutons, tout cela n'a pas empêché le ministre libanais de réclamer 10 millions de dollars à son employeur pour réussir l'opération électorale à l'étranger ! Je vous laisse comprendre la logique du mode de calcul du ministre de l'Estèz.

A l’heure actuelle, et parti comme c’est parti, les modalités de la mise en œuvre de ce vote ne verront jamais le jour avant les élections de 2013. Ne vous inquiétez pas, on y travaille dur comme fer pour cela, tout le monde met son grain de sel ! Comment ? Par omission ! Aucune campagne officielle, du gouvernement libanais, du ministère des Affaires Etrangères et des ambassades libanaises, ou non-officielle, des partis politiques libanais toutes tendances confondues, n’a été lancée pour inciter les expatriés à s’inscrire dans les représentations nationales à l'étranger, lieux inhospitaliers au rendement médiocre, appréciation perso je l'avoue mais qui n'a rien de caricatural soyez-en sûrs. Bilan des courses, des chiffres qui frôlent le ridicule, quelques milliers selon le ministre des Affaires Etrangères, une honte, si on tient compte de l’immigration massive des Libanais, estimée à un million d'électeurs potentiels selon les dires d'un ministre incompétent à la tête d'un ministère qui n'est même pas fichu de fournir un chiffre précis dans ce domaine alors qu'il est en poste depuis un an et demi et que ce ministère est entre les mains du tandem chiite Hezbollah-Berri depuis l'année 2004. Et le comble du ridicule, c'est que le titre officiel du locataire du palais Bustros, est « wazir el kharigiyé wal moughtaribine », ministre des Affaires Etrangères et des Expatriés. On rit jaune, un jaune hezbollahien. Il faut reconnaitre par ailleurs, que le boycott du gouvernement par le 14 Mars, la veille des élections, et ces revendications chimériques avancées, et leur obsession paralytique de la chute de Bachar el-Assad, ne facilitent pas les choses. Mais bon, disons el 3ein bassira woul id assira ! 

 
Pour être complet, sachez aussi que le gouvernement Mikati prévoit, dans ses projets de loi électorale, d'affecter 6 à 10 députés pour les Libanais de l'étranger ! En d'autres termes, les gouvernants du 8 Mars, non seulement ne sont pas chaud pour accorder ce droit à leurs compatriotes, mais en plus, ils ne voudraient surtout pas que ces derniers puissent voter pour les candidats de leurs lieux de naissance au Liban. C'est particulièrement abject ! Comme tous les prétextes bidon avancés depuis 69 ans pour justifier l’inacceptable, les gouvernants du 8 Mars, et jusqu’à preuve du contraire, Estéz Nabih et Walid Bek compris, craignent le vote de ces Libanais qui de par leur éloignement physique et psychique du bourbier libanais, étant à l'abri du lavage de cerveau des médias partisans de la métropole, ne sont pas soumis aux pressions politicienne, féodale, clanique et communautaire. 

Toujours est-il, le Premier ministre Nagib Mikati et tous les ministres de son gouvernement, notamment ceux du Hezbollah, de Michel Aoun, de Nabih Berri et de Walid Joumblatt, seront tenus responsables devant le peuple libanais, de la privation honteuse des Libanais de l’étranger, encore une fois, d’un droit démocratique élémentaire dont bénéficient tous les citoyens du monde. Par ailleurs, je blâme avec une grande sévérité le 14 Mars, de ne pas s’être préoccupé de la question, comme il se doit, au point de ne pas dormir la nuit, comme dans l'affaire des otages libanais en Syrie. Je me demande encore comment a-t-on pu accepter la niaiserie de l'accord Doha et la réélection de l’increvable Estéz à la tête du Parlement, sans imposer cette revendication légitime et surtout sans garantir sa mise en œuvre dès les élections législatives de juin 2009. Je reproche également aux médias libanais, de n’avoir évoqué que rarement le problème entre 2009 et 2013. Quelle que soit la loi électorale qui sera adoptée pour 2013 et par la suite, le vote des Libanais de l’étranger à toutes les élections nationales, ne doit plus dépendre du bon vouloir des minus de la politique libanaise.

Et puisqu’on parle des problèmes qui fâchent, la facilitation de l’acquisition de la nationalité libanaise par les descendants de Libanais, un autre droit méprisé que l’on réclame en vain depuis l’indépendance, doit désormais figurer dans les programmes électoraux des partis politiques libanais. Là aussi, pour des considérations communautaires, l’équilibre démographique entre chrétiens et musulmans -cette descendance estimée à 12 millions, serait à dominante chrétienne, un chiffre imprécis qui confond les Libanais et les descendants de Libanais- certains de la classe politique libanaise, voudraient zapper ce droit ad vitam aeternam. Jusqu’à quand pourront-ils le faire sans être sanctionnés par les Libanais de la Mère-Patrie ?


On se demande si le vote des expatriés aux élections de 2013 ne serait-il pas ce vœu pieux, la énième et vaine étape dans la quête du Graal par les Libanais de l'étranger ! Nous n’allons pas tarder à le savoir. En attendant, tous mes vœux pour 2013 ! Je souhaite en particulier le « droit de vote » aux Libanais de l'étranger, la « nationalité libanaise » aux 12 millions lointains cousins descendants de Libanais, « santé et prospérité » à toutes et à tous, au Liban, sur Facebook et à travers le monde. 


[Revu et complété le 2 janvier 2013]