Et
voilà, j’ai bien fini par trouver 150 minutes pour écouter les enregistrements compromettants sur Okab Sakr diffusés par
Akhbar-OTV, lire les trois articles d'al-Akhbar sur le sujet et visionner la conférence de presse tenue par le député
libanais devant la Sublime Porte de la merveilleuse ville d’Istanbul.
Ouf ! Et certains se demandent encore pourquoi on n’avance pas dans ce
pays. Palabres, ché3r, littérature, tézrik, complots, tézwir, falsifications,
ékél khara, mensonges, sea, sex and sun, tout a sa place au pays du hommos, à
l’exception, entre autres, du bon sens et de l’intérêt national ! Allez
savoir pourquoi, les éléments nécessaires pour faire du Liban un pays digne de
ce nom, manquent toujours et cruellement dans notre contrée, chez certains compatriotes, à cause de certains compatriotes. Ne me demandez pas
non plus, pourquoi bien avant les clarifications apportées par Okab Sakr, je
sentais que l’affaire en question n’était qu’une supercherie à 5 piastres,
syriennes de surcroît, assadiennes précisément, une monnaie qui n'aura plus cours prochainement, bientôt, bien tard, qu'importe. Le curriculum vitae peu reluisant
de ce journal bas de gamme et la mauvaise foi de cette chaine partisane ? Sans doute ! J’avais
déjà conclu mon article du 2 décembre « Koker fuck yourself ! Photoshop au service de la mythologie iranienne » avec ironie et sarcasme : « Une dernière chose, ne craignez plus
rien, ce qui relevait des phénomènes inexpliqués autrefois, Photoshop et les
apparentés de la grande famille Adobe peuvent très bien les expliquer de nos
jours. Enfin, presque ! Ah, vous pensez à Okab Sakr sans doute, un député de la
nation perdu de vue depuis plusieurs années et retrouvé il y a trois jours dans
le roman-sonore du quotidien libanais al-Akhbar dans le rôle de standardiste
chez Hariri’s Weapons Manufacturing
Company, pour prendre les commandes d’armement des rebelles syriens ? «
Wlak ya Bakhos, on a convenu d’un petit article, le truc qui fait sourire un
dimanche matin, pour accompagner un double expresso wou bass! » Tayeb bassita.
Yalla, à la prochaine. »
Je ne pensais pas
que la prochaine fois serait si proche. Ce matin, un double expresso ne suffira
sans doute pas ! A ce rythme, je vais devoir me consacrer à plein temps au
Liban et facturer mes articles au gouvernement libanais pour service rendu à la nation ! Doublez
le double et allons-y. Un journal partisan jusqu’à la dernière lettre de la
dernière colonne de la dernière page, jusqu’au dernier numéro de sa parution, publie
le 29 novembre, la transcription de plusieurs conversations téléphoniques qui
auraient eu lieu entre le député Okab Sakr et des rebelles syriens. L’affaire
Okab Sakr est née. Quelques heures plus tard, une chaine de télévision, à la
couleur politique éclatante, OTV, celle du Courant Patriotique Libre, décide de
passer les enregistrements dans son journal de 20h. L’affaire Okab Sakr prend
de l’ampleur.
SAKR GATE. Passons
d’abord sur les commentaires grotesques des médias syriens et de leurs pendants
libanais, Akhbar-OTV, sur « les preuves de l’implication d’Okab
Skar dans le jeu des armes et de sang en Syrie... le député de la nation serait noyé dans le jeu de sang jusqu'au cou ». C’est c’là oui,
et pourquoi ne pas nommer le premier et le dernier tyran des Assad au prix
Nobel de la Paix pour l’ensemble des œuvres de la famille Assad réalisées au
Liban comme en Syrie ! Minable. Passons ensuite sur le fait que le retard dans
la réponse du député libanais aux révélations d’al-Akhbar, ne se justifie que par le temps nécessaire aux techniciens okabiens
pour retravailler et falsifier les « enregistrements d’al-Akhbar »,
déjà douteux, toujours dans l’esprit « Adobe mon amour, comme tu peux
rendre bien des services sans distinction de race et de couleur politique ! »
Pathétique. C'est vrai qu'Okab Sakr a attendu une semaine pour tenir sa conférence de presse (6 décembre) et pour répondre en détail à ses détracteurs, mais il faut bien rappeler, que les révélations d'Akhbar-OTV se sont étalées sur trois jours, c'est-à-dire, jusqu'au samedi soir 1er novembre, et que rien n'indiquer que le lundi 3 ou mardi 4, il n'y aurait pas d'autres « révélations »! Passons
enfin sur la stratégie de la ruse que
le jeune député libanais aurait soi-disant employée pour piéger ses adversaires
! Il aurait glissé par exemple « on nous
a pris la main dans le sac », pour prouver la stupidité de ses adversaires, il aurait contacté lui-même des amis de la New TV et de la Futur TV, afin de
voir si al-Akhbar possédait d’autres révélations, pour mieux les piéger et
mieux les ridiculiser ultérieurement et d'autres déclarations par-ci par-là. Très cher Okab, nous aurions pu être amis
pour 36 raisons, bass ma3lé, ne le prend pas mal, il n’y a rien de personnel, ce
n’est pas une bonne stratégie, surtout sur le plan électoral, notamment après
deux ans de black-out médiatique !
LE PITCH. L'affaire Okab Sakr serait la preuve par le
son que Saad Hariri, l’ancien Premier ministre libanais, fournit des armes aux
rebelles syriens. Au cours de la « Sakr Gate », qui a tout l’air d’une
vaste offensive médiatique menée tambour battant par certains médias syriens et
libanais, 8 Mars et apparentés, Akhbar-OTV-NewTV-TéléArabeSyrienne-Akhbariya-Dounnia-Sana, on apprend entre autres, qu’un prétendu
chef rebelle syrien, du nom d’Abou al-Naamann, a réclamé des armes au député
libanais, qui aurait accepté de lui en fournir. Il y a eu d’autres
allégations qui seront abordées plus loin. De l’autre côté du Bosphore, au
cours d’une conférence de presse tenue le 6 décembre par le principal concerné,
on apprend que l’échange a bel et bien eu lieu et qu’il provient de séquences enregistrées sur son ordinateur
personnel (500 minutes au total) et volées
dans des conditions que le député libanais n’a pas souhaité détailler (où,
quand et comment). Ces échanges se sont
déroulés il y a 7 mois alors qu’une dizaine de pèlerins libanais (qui feraient
partie du Hezbollah ?), étaient
pris en otage par des groupuscules rebelles en Syrie. Un détails que les pros d'al-Akhbar et OTV n'ont pas jugé utile d'en parler ! Toujours est-il, en signe de bonne volonté à l’égard de la milice chiite, et
parce qu’il est en bons termes avec les rebelles sunnites, Saad
Hariri, le sunnite, s’était proposé
d’intervenir pour aider à la libération des otages chiites. Une équation aux
nombreux paramètres communautaires ? Eh oui, bienvenue au Moyen-Orient.
LES ENREGISTREMENTS. Le 1er échange téléphonique est
tendu par moment, il oscille entre le dialogue de sourds et le vaudeville.
D’emblée, le député libanais convient avec son « obscur »
interlocuteur -ne pas perdre d’esprit
que rien ne prouvait que ce prétendu Abou el-Naamann était un rebelle et
qu’il détenait les otages libanais !- que les ravisseurs enverraient des
preuves que les otages seraient vivants et en bonne santé (le syrien propose « une vidéo avec les otages
portant le journal du jour », un amateur de films américains le
Naamann !). Assez rapidement, celui
qui se présente comme étant le porte-parole des trois groupuscules armés qui
détiennent les otages, réclame effectivement des armes. D’abord implicitement.
« On n’a pas d’autres demandes que du fer ! ». Il y revient à plusieurs reprises. Devant l’incompréhension
manifestée par le député, le rebelle devient plus explicite. « Nous voulons un peu d’armes pour résister et en finir avec ce
fils de chien qui a détruit nos maisons ». Okab Sakr lui fait savoir
qu’il ne peut pas y répondre favorablement. Imperturbable, Abou el-Naamann fixe
alors la base du deal, « Si tu me
procures du fer, je livrerai ton groupe ». Le libanais lui précise que
tout ce qu’il lui était possible de faire c’est de lui « apporter un soutien au niveau international, une assistance
humanitaire, médicale et financière, assurer la reconstruction éventuellement,
mais des armes je ne peux pas ». Abou el-Naamann essaye un autre moyen,
en titillant la fierté du député libanais : « Enno ma féhmna, walao, Okab Sakr avec ses relations
internationales, des contacts avec cheikh Saad, avec Qatar et l’Arabie
saoudite, et vous n’êtes pas capable de nous procurer quelques pièces
d’armes ? » Et si c'était un piège ? Devant l’opposition du député, il est d’une grande
fermeté : « Tout est une
question de fer ! Donnant donnant. A part ça, rien. »
A la demande d’Okab
Sakr, il finit par énumérer ses besoins de « fer » (300 RPG,
250 000 cartouches, etc.). Il sera même convenu de la procédure à suivre
pour la livraison des armes (où, comment, qui sera présent, etc.). Relisez la dernière phrase et notez bien ce détail. Accablant diront les inquisiteurs ! Il a été présenté
par al-Akhbar et OTV comme la preuve absolue qui condamne sans appel le tandem Okab Sakr /
Saad Hariri. On allume le bûcher ? Mollo les zozos ! La malhonnêteté du journal d'Ibrahim el-Amine et de la chaine de Michel Aoun, leur a fait oublier que lors
de ces négociations pour libérer les otages libanais, non seulement qu’il
fallait s’assurer de l’identité réelle de tous ces prétendus ravisseurs qui
frappaient à la porte du richissime Saad Hariri afin d’écarter les fripouilles-profiteurs
en tous genres, les faux-rebelles et les vrais-chabiha, Abou el-Naamann n’était pas le seul prétendu ravisseur, mais en plus, il a été
convenu entre Sakr et le commandement central des rebelles syriens de localiser
les groupuscules armés, afin que l’Armée Syrienne Libre (ASL) procède à une opération commandos pour
les libérer ! Et pour les localiser, il fallait évidement rentrer dans le jeu. Mais ça c’est un détail de l’histoire qu'al-Akhbar et OTV n’ont pas jugé
utile de communiquer à leurs lecteurs-téléspectateurs parce qu’il n’arrangeait pas leurs
affaires. Au passage, je voudrais rappeler aux jeunes rédacteurs et techniciens du journal et de la chaine,
un événement qu’ils auraient dû étudier au cours de leur cursus universitaire,
celui où Michel Aoun s’est présenté sur al-Manar, la chaine du Hezbollah, pour
exposer une photo prise lors des émeutes aounistes du 23 janvier 2007, d’un milicien qui
serait du parti des Forces libanaises, brandissant un fusil en direction d’un
groupe de soldats de l’armée libanaise. Il s’est avéré plus tard, que la photo
Aoun-Manar était falsifiée, l’homme en question étant un milicien du Hezbollah rajouté par les faussaires, avec l'ancienne croix des FL sur son T-shirt, pour impliquer le parti de Samir
Geagea ! A propos, je regrette le défoulement d’Okab Sakr sur Michel Aoun,
« cheikh el-kézzébine », accusé d’être à l’origine des falsifications, alors qu’il
a pris toutes les précautions pour éviter de heurter la sensibilité du chef du
Hezbollah: « Toute cette campagne porte
atteinte à Hassan Nasrallah et entamerait sa crédibilité ! » Okab Sakr devait savoir que la
gentillesse et les amabilités en politique ne mènent nulle part.
Dans
un 2e enregistrement
version Akhbar-OTV avec un dénommé Abou-Rachad, le prétendu responsable des approvisionnemnts en armes à Hama, il est question « d’augmenter les quantités
livrées ». Dans la version Okab Sakr, il s’agit de lait, de
couvertures et de tentes, envoyés à la population syrienne par Saad Hariri et
Bandar Ben Sultan ! Plus loin dans une séquence tragi-comique, on détaille
même les demandes, des fusils-mitrailleurs et 40 000 balles pour libérer 4
otages, soit 10 000 balles par otage ! Le plus grotesque de tous,
c’est l’attribution d’une voix à Saad Hariri par Akhbar-OTV, expertisée
par Jamil el-Sayyed himself, lol !, avec un petit doute quand même de certains experts anonymes bien
entendu, faut bien faire sérieux !, qui s’est avérée être sans l’ombre d’un doute celle de l’un des porte-paroles
de l’ASL, en tout cas ressemblant à la voix de tout le monde sauf à celle de Saad Hariri ! En réalité, dans cet enregistrement Okab Sakr
exposait à l’ASL la demande de rançon inacceptable de ces groupuscules rebelles
contre la libération des otages. Les falsificateurs, l’ont transformé en « Okab Sakr exposant la commande
d’armement à Saad Hariri pour alimenter la guerre contre le régime
syrien ».
Le 3e enregistrement est présenté comme étant aussi accablant que le premier, alors qu’il est après un examen attentif le plus ridicule. Et pour mieux vous en rendre compte, je vais vous le détailler. Il est question d'un échange téléphonique secondaire dans l'échange téléphonique principal ! Okab Sakr appelle un certain Louay Almokdad, mais très rapidement après les « Allô » habituels, le député libanais met le porte-parole de l’ASL en attente, a priori sur Skype, pour conduire une conversation téléphonique via un téléphone cellulaire probablement, avec un « Monsieur X ». Dans cette conversation secondaire le député libanais est parfaitement audible mais pas son interlocuteur, et par un montage malin, les faussaires laissent celui qui écoute cet enregistrement conclure, qu’il s’agissait sans l’ombre d’un doute de Saad Hariri à l’autre bout de la ligne. Le député libanais, dit à Monsieur X : « Ça va se résoudre, on suit l’affaire. Je sais que tu n’as pas dormi, moi non plus. Non, ça va se régler inchallah, c’est sûr. Je te mets au courant. » Il raccroche et reprend la conversation avec le syrien. Louay Almokdad demande alors : « C’était qui, cheikh Saad ? », Okab Sakr lui répond : « Le président Hariri est affolé, il veut en finir par tout moyen, il faut que ça soit réglée. » La suite, il est question de « munition à moyen portée ». Louay interroge le manitou d’Istanbul : « La moindre des choses, as-tu mis cheikh Saad au courant ? » Okab Sakr : « Oui je l’ai mis au courant, crois-moi il ne dort pas, il suit l’affaire seconde par seconde, il veut qu’elle soit réglée par tout moyen, il me l’a dit précisément qu’il faut que ça soit réglée, il n’y a aucune place à l’échec. » Le syrien de l’ASL interrompe le député libanais : « Okab, il y a un problème. Ce qui les inquiète mon frère c’est que la région peut tomber, et si la région tombe, toutes les régions avoisinantes tomberont comme un domino. Pigé ? » Okab Sakr lui répond : « J’ai bien compris. Mais je te dis j’ai parlé avec le Premier ministre, qui dit qu’il faut que nous la réglons. Nous ne sommes pas rentrés dans les détails, nous ne le voulons pas. Nous avons une cause que nous voulons régler, qu’on en finisse et que ça se termine. » Dans la version « Okab Sakr », le règlement concerne l’affaire des otages chiites, tout simplement, et que même si Saad Hariri accepterait de verser de l’argent, cet argent n’est qu’une rançon pour la libération des otages, il n’est nullement question de munitions et de bataille !
Et après les enregistrements falsifiés, c’était le tour des « enregistrements imaginaires » ! Jamil el-Sayyed, cet ancien responsable sécuritaire chiite durant la période de terreur syrienne au Liban (1990-2005), prétend que les médias du 8 Mars, sont en possession d’autres enregistrements où il est question que « les concernés fourniraient aux rebelles syriens des missiles sol-air, et que les fournisseurs libanais les ont prévenu que chaque missile devrait abattre un avion du régime sinon, ils n’auront pas un autre pour le remplacer ». Mais dans un élan miséricordieux, le front syro-libanais contre Saad Hariri n’a pas jugé utile de le diffuser... à moins qu'il ne soit en cours de montage !
PLACE A LA FICTION LITTERAIRE. Et après les enregistrements imaginaires, place à la fiction littéraire. Il faut savoir que toutes ces « révélations » n’auraient jamais vu le jour, sans un homme, qu’il convient d’appeler « Monsieur Mystère Akhbar-OTV » ou pour faire simple, disons Monsieur MAO. La source du journal al-Akhbar et de la chaine OTV serait un proche collaborateur du député libanais, qui « travaillait dans un des trois Centres des Opérations créés en Turquie pour soutenir la Révolution syrienne et dirigés par une vingtaine de syriens et de libanais ». Monsieur MAO a décidé de révéler l’affaire car « Abou el-Sakr, nom de guerre du député auprès des rebelles, aurait ruiné la révolution par ses actions folles et hystériques. » Aujourd’hui, il craint pour sa sécurité car « il est actuellement recherché par Okab Sakr. »
Le 3e enregistrement est présenté comme étant aussi accablant que le premier, alors qu’il est après un examen attentif le plus ridicule. Et pour mieux vous en rendre compte, je vais vous le détailler. Il est question d'un échange téléphonique secondaire dans l'échange téléphonique principal ! Okab Sakr appelle un certain Louay Almokdad, mais très rapidement après les « Allô » habituels, le député libanais met le porte-parole de l’ASL en attente, a priori sur Skype, pour conduire une conversation téléphonique via un téléphone cellulaire probablement, avec un « Monsieur X ». Dans cette conversation secondaire le député libanais est parfaitement audible mais pas son interlocuteur, et par un montage malin, les faussaires laissent celui qui écoute cet enregistrement conclure, qu’il s’agissait sans l’ombre d’un doute de Saad Hariri à l’autre bout de la ligne. Le député libanais, dit à Monsieur X : « Ça va se résoudre, on suit l’affaire. Je sais que tu n’as pas dormi, moi non plus. Non, ça va se régler inchallah, c’est sûr. Je te mets au courant. » Il raccroche et reprend la conversation avec le syrien. Louay Almokdad demande alors : « C’était qui, cheikh Saad ? », Okab Sakr lui répond : « Le président Hariri est affolé, il veut en finir par tout moyen, il faut que ça soit réglée. » La suite, il est question de « munition à moyen portée ». Louay interroge le manitou d’Istanbul : « La moindre des choses, as-tu mis cheikh Saad au courant ? » Okab Sakr : « Oui je l’ai mis au courant, crois-moi il ne dort pas, il suit l’affaire seconde par seconde, il veut qu’elle soit réglée par tout moyen, il me l’a dit précisément qu’il faut que ça soit réglée, il n’y a aucune place à l’échec. » Le syrien de l’ASL interrompe le député libanais : « Okab, il y a un problème. Ce qui les inquiète mon frère c’est que la région peut tomber, et si la région tombe, toutes les régions avoisinantes tomberont comme un domino. Pigé ? » Okab Sakr lui répond : « J’ai bien compris. Mais je te dis j’ai parlé avec le Premier ministre, qui dit qu’il faut que nous la réglons. Nous ne sommes pas rentrés dans les détails, nous ne le voulons pas. Nous avons une cause que nous voulons régler, qu’on en finisse et que ça se termine. » Dans la version « Okab Sakr », le règlement concerne l’affaire des otages chiites, tout simplement, et que même si Saad Hariri accepterait de verser de l’argent, cet argent n’est qu’une rançon pour la libération des otages, il n’est nullement question de munitions et de bataille !
Et après les enregistrements falsifiés, c’était le tour des « enregistrements imaginaires » ! Jamil el-Sayyed, cet ancien responsable sécuritaire chiite durant la période de terreur syrienne au Liban (1990-2005), prétend que les médias du 8 Mars, sont en possession d’autres enregistrements où il est question que « les concernés fourniraient aux rebelles syriens des missiles sol-air, et que les fournisseurs libanais les ont prévenu que chaque missile devrait abattre un avion du régime sinon, ils n’auront pas un autre pour le remplacer ». Mais dans un élan miséricordieux, le front syro-libanais contre Saad Hariri n’a pas jugé utile de le diffuser... à moins qu'il ne soit en cours de montage !
PLACE A LA FICTION LITTERAIRE. Et après les enregistrements imaginaires, place à la fiction littéraire. Il faut savoir que toutes ces « révélations » n’auraient jamais vu le jour, sans un homme, qu’il convient d’appeler « Monsieur Mystère Akhbar-OTV » ou pour faire simple, disons Monsieur MAO. La source du journal al-Akhbar et de la chaine OTV serait un proche collaborateur du député libanais, qui « travaillait dans un des trois Centres des Opérations créés en Turquie pour soutenir la Révolution syrienne et dirigés par une vingtaine de syriens et de libanais ». Monsieur MAO a décidé de révéler l’affaire car « Abou el-Sakr, nom de guerre du député auprès des rebelles, aurait ruiné la révolution par ses actions folles et hystériques. » Aujourd’hui, il craint pour sa sécurité car « il est actuellement recherché par Okab Sakr. »
Monsieur MAO raconte avec moult détails tout ce
qu’il a sur le cœur. Et dans les détails il est intarissable. Des histoires d’Abou
el-Fadal, Abou el-Nour, Abou el-Bara2 et Abou el-Sakr comme naguère, celles d’Abou
3ammar et Abou Ayad ou comme celles d’Abou Zouz et Abou André ! On apprend
de Monsieur MAO, « qu’un Centre des
Opérations syro-libanais fut créé à Achrafieh en 2011, qu’un autre fut installé
dans le Nord du Liban, tous deux reliés aux centres turques, et qu’une villa de Faqra servirait de point de
chute pour les responsables syriens de l’opposition qui sont de passage au
Liban et pour distribuer l’argent aux rebelles. » Marquons une pause pour faire un jeu ! Question pour un champion: alors, de quelle
villa à Faqra s’agit-il ? La première personne qui devine et qui arrive à la
villa en question, avec une copie du présent article, gagnera 1000$, avec une
kalachnikov et 250 balles russes! Allez, la pause est finie. On apprend aussi par Monsieur MAO « qu’Okab Sakr est l’homme de confiance
du Qatar, de l’Arabie saoudite et de la Turquie ; que non seulement il
arme les rebelles mais qu’il veille aussi
sur le bon déroulement des opérations militaires en Syrie, il les conduirait
même ! » Okab Sakr mérite bien son surnom, le manitou d'Istanbul, hein ?
On apprend également de Monsieur MAO, « que le député libanais déteste le régime d'Assad mais n’aime pas le peuple syrien ; qu’il veut envoyer des armes partout, se
souciant peu de la vie des gens ; qu’il
est impliqué dans certains attentats contre des civils syriens ; qu’il a envoyé, plus d’une fois, des gens à la mort, parce qu’il doutait d’eux
ou pour des différends personnels ; qu’il s'est vengé de certains combattants, avec qui il avait des différends,
en les plaçant sur les premières lignes de front ; qu’il a même
retardé l’arrivée des secours de 3h pour évacuer un rebelle blessé avec qui il
avait eu un problème ! » On apprend par ailleurs, « qu’il existe des relations
étroites entre Okab Sakr et le kidnappeur des pèlerins libanais, un dénommé
Abou Ibrahim -encore un Abou, les Abou font toujours sérieux dans ce genre de récit!- qui reçoit 50 000 $/mois du député
libanais ; que ce dernier distribue de l’argent sans aucune
distinction entre les assassins, les mercenaires et les opposants ; qu’il a refusé à plusieurs reprises d’octroyer
des aides financières aux blessés et aux réfugiés sous prétexte que ces
derniers n’avaient qu’à s’adresser aux organisations humanitaires ; et
enfin, que le général Wissam el-Hassan est intervenu à plusieurs reprises pour
libérer des syriens impliqués dans le trafic d’armes. »
Waouh me diriez-vous ! Et tout cela sans AUCUNE PREUVE à l’appui évidemment, même falsifiée.
Allez, un conseil gratos de Bakhos Baalbaki himself aux écrivains d’al-Akhbar
et d’OTV : il faut toujours veiller à ce que la fiction reste toujours plausible,
sinon le lecteur-électeur n’accroche pas ! Yalla, bassita, la prochaine
fois.
CONCLUSION. L’affaire Okab Sakr
est close, jusqu’à nouvel ordre. Une plainte judiciaire est en cours au Liban,
on en saura plus un jour. En attendant, tout semble indiquer que Sakr gate n’est qu’une offensive
grotesque syro-libanaise de faire croire que Saad Hariri arme les rebelles syriens.
Donc, il ne fait aucun doute que les
révélations d’al-Akhbar et d'OTV sont un un coup monté de toutes pièces. Et comment ! Selon le
député libanais, il y a quelques semaines, Wafic Safa, le responsable de la sécurité de la milice du
Hezbollah, a contacté le nouveau chef des Renseignements libanais, le
général Ossam, pour l'informer qu’« on »
était en possession d’enregistrements compromettants contre Saad Hariri et Okab
Sakr, et qu’on aimerait en parler pour éviter la discorde. Louche ! Flash-back. Début d'automne 2012, comme par hasard, le nom d'Okab Sakr commençait à apparaitre dans la presse internationale (The Guardian, Time), étant le manitou d'Istanbul. Même source, même fuite ! Bon, il est possible que le député de Zahlé n’a pas dit la vérité, toute la
vérité, rien que la vérité. Tous ces cafouillages camouflés en ruses, le
confirment. Cependant, si les enregistrements parlent d'armes, ils n'apportent aucune preuve que des livraisons ont bien eu lieu ! Un détail qui n'a pas échappé aux faussaires. Alors, pour combler cette lacune les littéraires d'al-Akhbar et d'OTV, ont brodé autour de ces enregistrements -somme toute mineurs quant à l'importance de leur contenu, même falsifié- des histoires mythologiques sur Saad Hariri, Okab Sakr et la Révolution syrienne. Il faut dire qu'Adobe rend bien des services mais ne fait pas tout quand même !
Toujours est-il, cette offensive
syro-libanaise contre Saad Hariri a pour nom de code « ERASE ALL »! Elle
est destinée, par le biais de la confusion et de la diversion, à faire oublier
aux libanais un ensemble d’éléments. J’en vois dix.
1. Faire oublier que
Bachar el-Assad est un tyran qui massacre son peuple depuis 20 mois, avec
ou sans les salafistes, indépendamment du fait que les Syriens portent
des drapeaux blancs (au début de la Révolution) ou des armes à la main
(aujourd’hui). Il est responsable de la destruction de son pays et de la mort
de 40 000 personnes pour l’instant. Il sera poursuivi, tôt ou tard, à la
fois par le peuple syrien, par une instance internationale et par l’Histoire,
de son vivant ou à titre post-mortem, pour crimes contre l’humanité et crimes
de guerre.
2. Faire oublier l’implication
sérieuse de la milice chiite libanaise du Hezbollah en Syrie, attestée par le cortège de « martyrs », au côté du régime
alaouite des Assad pour écraser les rebelles sunnites de l’Armée syrienne libre. C’est tout ce que retiendra l’histoire,
et rien d’autre.
3. Faire oublier l’arrestation
de Michel Samaha par les Services de renseignement libanais des Forces
de sécurité intérieure (FSI). Cet ancien ministre libanais du 8 Mars, un « livreur
de colis piégés », projetait à la demande personnelle de Bachar
el-Assad, assassiner un certain nombre de personnalités libanaises, dont le patriarche
maronite Bechara Rai, et mettre cela sur le dos des salafistes, pour créer une discorde islamo-chrétienne au Liban. Cette offensive intervient la veille de la publication de l’acte d’accusation le
concernant.
4. Faire oublier que
Jamil el-Sayyed est le « deuxième homme » dans la voiture de Michel
Samaha,
qui transportait les explosifs envoyés par Bachar el-Assad personnellement, d’après
les aveux de l’ancien ministre, pour faire « exploser » le Liban (« heik baddo Bachar... c'est ce que veut Bachar »).
5. Faire oublier les
questions soulevées après l’assassinat du général Wissam el-Hassan, chef des
Renseignements des FSI en plein cœur de Beyrouth, à savoir qui contrôle
l’aéroport de Beyrouth et les télécommunications au Liban.
6. Faire oublier que
le gouvernement Mikati est supposé arrêter les 4 membres du Hezbollah poursuivis par le
Tribunal Spécial pour le Liban, pour l’assassinat de l’ancien Premier ministre
du Liban, Rafic Hariri, et l’ouverture imminente du procès le 23 mars 2012.
7. Faire oublier la
concorde nationale au Liban en déclenchant une discorde entre les sunnites
d’une part et les chiites et les alaouites d’autre part, pour « soulager »
le régime syrien. Le scénario satanique initial était le suivant : faire
croire d’une part, que Saad Hariri, un leader sunnite, a fait kidnapper les
otages libanais chiites par les rebelles sunnites (hypothèse relayée dans
la presse syro-libanaise du 8 Mars et par les « ulémas », une instance sunnite-chiite, sous l’influence du Hezbollah !); et faire
croire d’autre part, qu’Okab Sakr, le député chiite, a fait envoyer des
Tripolitains sunnites se faire massacrer par les Syriens alaouites (14 Libanais
sunnites de Tripoli venant combattre aux côtés des rebelles syriens, ont été
tués par l’armée syrienne à Tell Kalakh en Syrie le 30 novembre). Et comme conséquences
prévisibles, ce fut l’embrasement de Tripoli (les accrochages entre sunnites,
anti-régime syrien, et alaouites, pro-régime syrien, ont fait plus d’une
dizaine de morts pour l’instant). La situation est explosive. Place à la discorde, bienvenue au Liban !
8. Faire oublier
la revendication légitime du 14 Mars pour la démission du gouvernement Mikati après l’énième assassinat
visant ce camp, alors que les suspects sont toujours les mêmes !
9. Faire oublier que
l’éloignement de Saad Hariri et d’Okab Sakr de leur pays, n’est ni pour des motifs touristiques ni pour soutenir les rebelles syriens, mais uniquement pour des
raisons de sécurité.
Après les projets d'assassinat de Saad Hariri et de Samy Gemayel, les tentatives d’assassinat de Samir Geagea et de Boutros
Harb, et l’assassinat du général Wissam el-Hassan, il ne fait pas bon de vivre
au Liban pour les personnalités du 14 Mars.
10. Neuf objectifs dans un seul but : compromettre le retour politique de Saad Hariri la veille des élections législatives du printemps 2013 et surtout de griller l'avenir politique d'Okab Sakr, ou au moins le ternir, la principale personnalité chiite libanaise opposant farouche à la milice chiite du Hezbollah ! A défaut de l'assassiner physiquement, on voudrait l'assassiner politiquement. C'est ignoble.
10. Neuf objectifs dans un seul but : compromettre le retour politique de Saad Hariri la veille des élections législatives du printemps 2013 et surtout de griller l'avenir politique d'Okab Sakr, ou au moins le ternir, la principale personnalité chiite libanaise opposant farouche à la milice chiite du Hezbollah ! A défaut de l'assassiner physiquement, on voudrait l'assassiner politiquement. C'est ignoble.
Je suis sidéré par le
comportement des faussaires-fossoyeurs-transfrontaliers-syro-libanais et de certains
médias sans scrupule, sans vergogne et sans déontologie du 8 Mars, fermant les yeux sur des
violations graves de la souveraineté libanaise par le régime syrien et par le
Hezbollah, trouvant des contournements infâmes aux assassinats odieux qui
frappent le 14 Mars depuis sept ans, et dépensant
une énergie folle pour falsifier des faits, au lieu de faire leur boulot honnêtement et d’œuvrer avec patriotisme dans l’intérêt de
leurs pays respectifs et de leurs compatriotes !