mercredi 6 avril 2011

A propos de la liaison entre le peuple libanais et le Hezbollah: dès le départ, c'était un mariage forcé ! (Art.7)


Commençons par le commencement, là où nous aurions dû tourner à gauche et nous ne l'avons pas fait!

Au moment de l'entrée en vigueur de l'accord de Taëf, en septembre 1990, et la fuite du général Aoun juste après, le Hezbollah menait une guerre intérieure fratricide contre la milice Amal de Nabih Berri, qui souhaitait à l'époque le désarmer. Et oui, les temps changent! Cette longue guerre qui avait commencé en avril 1988, au Sud-Liban puis s'est étendue à Beyrouth avant de revenir au Sud, n'a pris fin qu'en novembre 1990, sous la pression conjointe de l'Iran et de la Syrie. La population chiite, comme la population chrétienne, a donc payé elle aussi un prix élevé des guerres fratricides: plusieurs centaines de morts et des milliers de personnes blessées. Ainsi à la fin de l'année 1990, rien ne distinguait le Hezbollah des autres milices, pas même son auto-proclamation d'être une "résistance", car celle-ci  était aussi bien "libanaise" pour les Forces libanaises & les Kataeb, que "nationale" pour les partis de gauche (Georges Haoui, Walid Joumblatt, Nabih Berri…) et "islamique" pour le Hezbollah. En tout cas, quand on a commencé à parler de l'application de l'accord de Taëf et du désarmement des milices entre 1990-1991, cela n'excluait pas le Hezbollah qui répondait parfaitement aux critères! Mais, l'occupant syrien en a décidé autrement. Toujours est-il, qu'après la dissolution des autres milices libanaises, Elias Hraoui et Rafic Hariri, ont lancé une nouvelle tentative timide pour évoquer les armes du Hezbollah entre 1993-1994 (Farès Bouaiz a essayé d'introduire à l'époque ce qu'il a appellé une "harmonisation" entre le Hezbollah et l'Etat), mais le régime sécuritaire syro-libanais leur a vite fait comprendre que le sujet était hors du débat politique. Sur ce point, les temps ne changent pas!


17 ans après, il résulte de ce petit exposé, que le mariage de cette milice armée avec le peuple libanais peut aujourd'hui être qualifié de "mariage forcé". Il n'aurait pas pu avoir lieu que sous la menace du tuteur syrien de la mariée et à cause de la faiblesse de celle-ci (notamment du camp chrétien suite aux guerres de Michel Aoun). Etant un "mariage forcé" dès le départ, il est assurément nulle, maintenant que le peuple libanais s'est émancipé. Et on peut considérer que tout ce qui a été construit entre 1990 et 2011 autour de cette "résistance", notamment la trinité du peuple/armée/Hezbollah, est issu d'un viol, fruit d'une relation sans consentement mutuel libre, obtenu par la force. Il est donc nul et non avenu.