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jeudi 12 décembre 2013

Quand Annahar, le journal de Gebrane Tuéni, zappe l’essentiel de l’interview de Michel Aoun à MTV (Art.198)


Comme si les Libanais n’avaient pas assez d’ennuis. Seraient-ils maintenant condamnés à lire toute la presse tous les jours pour se faire une idée, afin d’éviter l’alternative de se taper 1h 46min et 36s de palabres et juger par eux-mêmes ? La question se pose aujourd’hui. Je l’ai relu trois fois pour m’assurer. Le journaliste d’Annahar, en charge de rédiger un résumé de ce qui s’est dit lors de l’apparition de Michel Aoun sur la chaine MTV en début de semaine, qu’il en soit remercié, a jugé pour une raison disons gentiment « mystérieuse », de ne pas mettre les lecteurs du principal quotidien libanais de langue arabe, le journal de Gebrane Tuéni dont on commémore aujourd’hui même l’assassinat odieux il y a huit ans, au courant de deux passages clés de la dernière interview du général.

00:27:20-00:28:00 / Michel Aoun est pour le maintien des armes du Hezbollah sans limite dans le temps

Aucun libanais ne doit rater ce petit passage de 40 secondes sous aucun prétexte. Ni à cause de la lenteur de la connexion, ni à cause du gel des circuits neuronaux par la tempête Alexa, ni à cause de quoi que ce soit d’autre. A la 27e minute et 20e seconde, Walid Abboud pose à Michel Aoun une question qui lui était adressée par un internaute libanais : « Si vous êtes élu président (de la République), que feriez-vous des armes du Hezbollah ? » La réponse de GMA est un cas d’école, qu’il faudrait enseigner dans toutes les facs libanaises de Sciences Po de l’AUB, l’USJ, la LAU, wlak même de l’ABC aussi. Je n’ai jamais, au grand jamais, vu et entendu Michel Aoun aussi embarrassé par une question ! Impressionnant. Jugez vous-même, c’est un régal à voir et à écouter, que je vais tenter de traduire le plus fidèlement possible, mot à mot, pour mes amis qui ne comprennent pas le libanais. Voici sa réponse, texto : « Elles resteront avec la Résistance (autodésignation de la milice chiite). Jusqu’à l’arrivée de la solution de la question moyen-orientale à nous. Celle-ci n’est pas liée par une décision... elle est liée à une décision de chez nous. Mais, ceci jusqu’à... En phase finale, après la solution de la question entre Israël et les Palestiniens. Parce que celle-ci arrivera à la fin des solutions qui commencent maintenant entre les Américains et les Russes. A ce moment-là, on sera dans une situation de paix au Proche-Orient. » Hein, vous avez la tête comme une citrouille ? Normal, moi aussi. Des paroles d'un homme d'Etat, n'est-ce pas ? Candidat permanent à la présidence de la République, since 1984 ! Après vérification, il semble que la vidéo de MTV sur Youtube n’a subi aucun montage, ni coupe, ni piratage des rushes, ni aucun brushing, c’est brut de brut. Bon, on l’aime ou ne l’aime pas, le général a sa propre façon d’exprimer sa pensée stratégique, alors svp un peu de respect, je vous demande d'arrêter de rire aux éclats !

Bassita, nous avons compris où il voulait en venir. Oui, tout le monde sait que Michel Aoun a signé un Pacs avec Hassan Nasrallah le 6 février 2006. Oui, tout le monde s’est rendu compte aussi que le général ne rate pas une seule occasion pour prouver que son alliance avec le Hezbollah n’est pas folklorique. Mais, c’est indéniablement la première fois depuis huit ans que GMA lie clairement le devenir des armes de la milice chiite aux problèmes du Moyen-Orient. Et croyez-moi, ce n’est ni une mince affaire ni une bourde.

« La7atta wousoul 7al elqadiyé elchareq awsatiyé la2elna », wlé maa2oul! Cette déclaration est particulièrement grave car dans la tête du général, la « solution des problèmes du Moyen-Orient » suppose d’abord, qu’on ait trouvé une solution au « problème syrien », il faudrait donc mettre fin à la guerre civile syrienne ; suppose ensuite, qu’on ait trouvé une solution au « problème israélien », à défaut de foutre Israël à la mer (comme le souhaite jabhit el moumena3a, 8 Mars), il faudrait donc se mettre d’accord sur cette foutue stratégie de défense du Liban (sur la table de dialogue since 2006 quand même) ; et suppose enfin, qu’on ait trouvé une solution au « problème palestinien », il faudrait donc rapatrier les 500 000 réfugiés des camps palestiniens du Liban dans le nouvel état de Palestine qui verra le jour un de ces jours. Et jusqu'à ce qu'on ait trouvé des solutions à tous ces problèmes du Moyen-Orient, les armes de la milice chiite continueront à être braquées contre l'Etat libanais et sa population, comme lors de la tragédie du 7 mai 2008 et contre la démocratie libanaise, comme lors du coup de force du 12 janvier 2011.

Inutile de vous dire que tout cela se réalisera quand les poules auront des dents et lorsque Bakhos Baalbaki sera président. Au train où vont les choses, ni les réfugiés syriens ne sont prêts à rentrer chez eux en 2014, ni notre stratégie de défense ne sera établie en 2020, ni nos hôtes palestiniens ne plieront bagages en 2026 ! Bilan des courses, Michel Aoun est donc pour le maintien des armes illégales de la milice du Hezbollah ad vitam aeternam, sans aucune limite dans le temps. Si je veux rester dans mon hommage à Molière, les Tartuffe iraniens du foot, je dirais que ce semblant d’ouverture du général Michel Aoun ces derniers mois -en direction de Saad Hariri, du courant du Futur et de l'Arabie saoudite- relève des fourberies de Scapin, plus que d’autres choses. Ce passage de l’interview de MTV constitue une information capitale que les médias du Liban auraient dû porter à la connaissance du peuple libanais.

1:33:45-1:37:00 / Michel Aoun a toujours des objections sur le Tribunal Spécial pour le Liban

Oui, tout le monde sait que Aoun s’est méfié du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) dès le départ. Oui, tout le monde se souvient aussi que Aoun considérait la veille des élections législatives de 2009, que le TSL « heidé tabkhit ba7ess », un plat de graviers. Mais, c’est incontestablement la première fois que Michel Aoun tire sur le TSL à un mois du début du procès des assassins de Rafic Hariri. Hallucinant.

Son offensive contre le TSL lundi soir, commence par ce constat à côté de la plaque : « Ça fait huit ans (que le TSL a commencé), mais il n’a pas encore tenu une audience. » Quel brouillon ! D’abord, le TSL n’a pas commencé il y a huit ans, c’est l’enquête qui a démarré en 2005. Ensuite, le TSL, la plus haute juridiction internationale, contrairement à ses alliés du Hezbollah et du régime syrien de Bachar el-Assad, ne fabrique pas les preuves sur commande, mais les cherche, et cela prend du temps ya général ya 3einé, surtout que le régime sécuritaire syro-libanais à l’époque de l’assassinat, a tout fait pour effacer une partie des preuves de la scène du crime devant le Saint-Georges. Enfin, pour info, la ma3louméto el 3ammé lal général, la première audience du TSL est fixée pour le 13 janvier 2014, soit dans 32 jours exactement. Alors, au lieu de continuer à tirer sur le TSL, il ferait mieux de cocher les jours qui nous séparent de ce rendez-vous historique avec la justice, dans le calendrier de sa cuisine.

S’en suit une offensive éclair, sous des prétextes bidon, contre l’obligation du Liban d’assurer 49 % des frais de fonctionnement du TSL. A la question de Walid Abboud de savoir « est-ce vous êtes contre le paiement du Liban de sa part pour financer le TSL ou contre la manière dont celui-ci s’est fait ? », Aoun assure qu’il est « contre les deux, car nous ne sommes pas obligés de payer une seule piastre, mais c’est à l’ONU, qui a décidé sans l’accord du Parlement, de le faire. » Se rendant compte qu’il vient de commettre une bourde, il essaie de se rattraper en commettant une encore plus grande avec « je ne suis pas contre le tribunal, je suis absolument contre le paiement... car celui-ci n’est pas passé par les organes légaux libanais. » Et le gouvernement libanais, c'est un organe génital peut être ? Et la fermeture du Parlement par le trio infernal du 8 Mars -Hassan Nasrallah, Michel Aoun et Nabih Berri- pendant un an et demi (déc. 2006-mai 2008), justement, pour empêcher la création du Tribunal Spécial pour le Liban, est légal peut être ? Que des foutaises mon général !

Depuis huit ans, le 8 Mars fait tout ce qui est possible et imaginable pour entraver l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri et discréditer le Tribunal Spécial pour le Liban, après avoir échoué à saboter sa création. Dernière tentative en date, il y a seulement quelques jours, l’offensive de la chaine de télé, al-Jadeed (NewTV), malgré sa mésaventure devant les locaux de la douane où ses reporters se sont fait tabasser, relance le brouillage des esprits des Libanais, avec l’éléphant rose sur la possible implication de Wissam el-Hassan dans l’assassinat de son patron, Rafic Hariri. C’est c’là oui, et Wissam el-Hassan fut assassiné à son tour par la suite pour un trafic de tulipes à l’aéroport de Beyrouth! Ou mieux, il a regretté son acte comme Judas jadis, et aurait organisé lui-même son assassinat par une voiture piégée en plein cœur d’Achrafieh le 19 octobre 2012! Foutaises. 

Soyons magnanimes, aidons ces amnésiques à retrouver la mémoire. En 2005, le chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure était chargé de la sécurité de Rafic Hariri. Il n’était pas dans le convoi de l’ancien Premier ministre pour des raisons professionnelles. Cette absence a soulevé quelques questions, écartées rapidement par l’enquête. Il n’a jamais été suspecté de quoi que ce soit. Au grand dam de la coalition du 8 Mars et du dernier tyran des Assad, il a joué un rôle déterminant dans la progression fulgurante de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri le 14 février 2005 (la piste des télécommunications qui a conduit à l’accusation des cinq membres du Hezbollah par le TSL en 2011), dans le démantèlement des réseaux libanais d’espionnage au profit d’Israël (dont celui de Fayèz Karam, un proche collaborateur du général Michel Aoun) et dans le dévoilement du projet d’attentats à caractère confessionnel que Michel Samaha, un ancien ministre du 8 Mars, devait commettre au Liban à la demande personnelle de Bachar el-Assad.

En ce jour de triste mémoire, il convient également de rappeler aux amnésiques par conviction et par omission, dont fait partie le général Michel Aoun, que le Tribunal Spécial pour le Liban est le fruit d’un accord établi entre l’Organisation des Nations Unies et la République libanaise. Il a été créé à la demande du gouvernement libanais de Fouad Siniora, en application des résolutions 1664 et 1757 du Conseil de sécurité, datant du 29 mars 2006 et du 30 mai 2007. L’article premier du statut du TSL stipule que « Le Tribunal spécial a compétence à l’égard des personnes responsables de l’attentat du 14 février 2005 (...) S’il estime que d’autres attentats terroristes survenus au Liban entre le 1er octobre 2004 et le 12 décembre 2005 ou à toute autre date ultérieure décidée par les parties avec l’assentiment du Conseil de sécurité ont (...) un lien de connexité avec l’attentat du 14 février 2005 et sont de nature et de gravité similaires, le Tribunal aura également compétence à l’égard des personnes qui en sont responsables. »

Yé3né, bel mchabra7, ya général ya ghaeiyyor 3a masale7 elmasi7iyé, les assassinats de Gebrane Tuéni (12 décembre 2005) et de Pierre Gemayel (21 novembre 2006), entre autres, relèvent également de la compétence du Tribunal Spécial pour le Liban. Yé3né, bala laf wou dawarann, ya général ya ghaeiyyor 3al 2awaninn el lebnéniyé, mettre des bâtons dans les roues du TSL, est une violation des lois internationales et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, dont une votée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies (qui autorise le Conseil à recourir à des mesures militaires ou non militaires « pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales »), ainsi que des engagements pris par la République libanaise. Ces entraves ya général, sous diverses raisons aussi hypocrites que bidon, n'ont qu’un but, celui d’empêcher les Libanais non seulement de savoir qui a tué leur ancien Premier ministre, mais aussi qui a assassiné deux de leurs brillants représentants. C'est donc tout simplement inadmissible.

Encore une fois, le général Michel Aoun nous confirme que dans l’erreur, il y est et il est déterminé à y rester. Dans cette interview, il repousse les limites de l’inadmissible encore plus loin, en soutenant le maintien des armes du Hezbollah sans limite dans le temps et en s’attaquant au Tribunal Spécial pour le Liban à quelques semaines de sa première audience. Cela coïncide aussi avec une offensive soutenue du 8 Mars contre le TSL et la commémoration de l’assassinat de Gebrane Tuéni, qui a donné l’occasion aux partisans de son allié de distribuer des baklawas aux passants à l'annonce se sa mort il y a huit ans. Le reste de l’interview de GMA à MTV n’est que palabres au pays des palabres, 2art 7aké fi bilad 2art el7aké ! Quiconque s’est limité à la lecture d’Annahar du mardi 10 décembre, pour s’informer de ce que Michel Aoun a dit à Walid Abboud lundi soir, est passé à côté de ces deux infos essentielles. Dommage. Etant donné la teneur de ces deux passages, ce zapping est pour le moins inquiétant. Il pose le problème de l’information au Liban. On n’a jamais eu autant de moyens de s’informer et pourtant, les Libanais sont encore mal informés.

dimanche 5 février 2012

Steven Spielberg, Lara Fabian ou MTV : encore, toujours et plus que jamais ce prétexte d'Israël ! (Art.53)


Lara Fabian avait choisi de se produire au Liban à l'occasion de la Saint Valentin, la fête des amoureux et cette 1re bonne occasion de relancer la consommation après les fêtes de fin d'année. Mais sa venue au pays du Cèdre n'était pas du goût de tout le monde, notamment d'un mystérieux groupe qui mène une "Campagne pour boycotter les supporters d'Israël au Liban". Celui-ci affirme, que d'après "ses recherches", SVP c'est très sérieux!, il semblerait qu'elle ne soit pas neutre à l'égard d'Israël, ce qui justifierait l'appel à son boycott. Dans les faits, c'est plus que sérieux, la chanteuse belge a reçu des menaces. C'est ce qui l'a poussé à annuler ses concerts et à adresser une "lettre d'Amour" aux libanais.

Ceux qui ont appelé au boycott, et ils avaient le droit de l'exprimer en toute démocratie, ne pouvaient pas ignorer que ce genre d'appel, assorti de menaces à en croire l'artiste, dans un pays comme le Liban, au sujet d'Israël, conduit automatiquement ou presque à l'annulation de l'événement visé, sans s'enquiquiner par une quelconque démarche judiciaire ou même administrative. Et ça, c'est pas démocratique.

Oui on peut reprocher à Lara Fabian d'avoir participé au 60e anniversaire de la création d'Israël à Paris, et d'avoir exprimé son attachement à l'Etat hébreux par un retentissant "je t'aime Israël", sans en dire un seul mot aux millions de palestiniens qui au même moment fêtaient le 60e anniversaire d'Al-Nakba (La catastrophe). Mais peut-on sérieusement appeler à son boycott pour cela ou parce qu'elle a chanté en hébreu et fait un duo avec la chanteuse israélienne Noa lors de ce fameux concert de plein air qui s'est déroulé le 25 mai 2008 dans les jardins du Trocadéro? Ces boycotteurs à la mémoire sélective auraient mieux fait de s'inquiéter de l'attitude de Nicolas Sarkozy ce jour-là, qui s'est rendu à ce concert en compagnie de Tzipi Livni -la ministre israélienne des Affaires étrangères et au cœur de pierre- qui avait même souligné par l'intermédiaire de Rama Yade -la secrétaire d'Etat française aux Droits de l'Homme- "le lien indéfectible" qui unit la France à Israël et que moins de deux semaines après, le 7 juin précisément, le président français était reçu en grande pompe à Beyrouth! A propos de ce dernier, je ne peux pas m'empêcher de penser aussi à ce meeting électoral organisé par Nicolas Sarkozy en 2007 avec les ressortissants franco-libanais au ministère français de l'Intérieur, où le candidat Sarkozy avait exprimé à plusieurs reprises qu’il est "un ami d'Israël". Rappelons également pour être juste, qu'au printemps 2008, a eu lieu à Paris le Salon du livre, et cette année-là Israël était l'invité d'honneur, que l'appel au boycott des écrivains, organisations et pays arabes, dont le Liban (nous étions sous gouvernement Siniora!), n'a pas eu l'ombre d'un effet et que ce salon a non seulement eu lieu, il a même été inauguré par le président israélien Shimon Pérès et qu'une fois de plus on a eu la magnifique démonstration que seuls les absents ont toujours tort.

Le boycott d'Israël est un mode d'action qui a été mis en œuvre par la Ligue arabe en 1951 à travers le Bureau du boycott. Il existe officiellement et officieusement 4 niveaux de boycott: ça va de l'interdiction de tout échange direct avec Israël (le boycott primaire) à l'interdiction de toute relation avec des entreprises dont les dirigeants seraient des "soutiens d'Israël" (le boycott quaternaire). Cela a plus ou moins bien fonctionné jusqu'à la fin des années 70 et s'est dégradé progressivement ensuite. Aujourd'hui même l'Arabie saoudite mit fin théoriquement à son programme de boycott en 2005, excepté pour le boycott primaire, pour respecter les règles de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, et surtout éviter des représailles des États-Unis et de certains pays européens, comme la France et l'Allemagne, dont les législations interdisent le boycott arbitraire de pays amis non décidé par l'ONU. Eh oui, on a changé d'époque. Et comment! Tenez que pensent par exemple nos boyscouts de boycotteurs d'Esfandiar Rahim Mashaïe, le conseiller du président iranien et chef de son cabinet, qui a accompagné Ahmadinejad lors de sa dernière visite au Liban et qui a déclaré un jour, il n'y a pas si longtemps que ça : "Aujourd'hui, l'Iran est ami avec les peuples américain et israélien. Aucun pays au monde n'est notre ennemi".

Le boycott de Lara Fabian peut être considéré comme un boycott quaternaire (et encore, la chanteuse belge est présumée "soutien d'Israël"!), un niveau d'action qui n'est plus vraiment en usage sauf au Liban, en Syrie et en Iran! Wlak niyyél albna, quel beau destin relie les 3 pays!

Au-delà de l'affaire Lara Fabian, ce qui me dérange dans le boycott culturel d'Israël ce sont deux choses principalement. D'une part, le fait que c'est toujours la culture au Liban qui en pâtit et non celle d'Israël. D'autre part, c'est l'incohérence et l'inconsistance de ce mode d'action, avec ce qui se passe dans la réalité au niveau politique et commercial.

Comment peut-on encore feindre d'ignorer les contacts diplomatiques et commerciaux, discrets ou 3ala 3aynak ya téjir, directes et bilatéraux entre d'un côté Israël et de l'autre côté, la Palestine, la Turquie, la Syrie (en passant par le Golan), l'Egypte, la Jordanie, le Qatar, le Bahreïn, Oman, la Tunisie et le Maroc? Sur le plan diplomatique, rien ne se fait plus en cachette, et je ne donnerai qu'une image pour le montrer ô combien frappante celle de l'émir du Qatar Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani serrant la main de Tzipi Livni, encore elle, actuellement chef du Kadima, le parti d'Ariel Sharon, info que la chaine qatarie Al-Jazeera n'a évidemment pas jugé utile de diffuser. Sur le plan commercial je ne donnerai aussi qu'une info, liée à la précédente, ô combien parlante, celle des Qatariens et des Israéliens discutant de l'exportation de gaz naturel liquide du Qatar à Israël.

Et comme si le Qatar faisait cavalier seul! Un petit détour par la Turquie d'Erdogan est fort intéressant. Faut-il rappeler à ces boycotteurs amnésiques que la Turquie et Israël ont signé deux accords de coopération militaire et d'échanges de haute technologie, que Tsahal est autorisé à utiliser l'espace aérien et maritime turc pour ses entraînements militaires et que les échanges commerciaux entre les 2 pays s'élèvent, tenez-vous bien, à 3,1 milliard $ (par comparaison les échanges entre la France et la Turquie sont seulement de 3,2 milliards $!)? La Turquie est le 9e client d'Israël et son 10e fournisseur (toujours par comparaison, la France est le 10e client d'Israël et son 12e fournisseur). Bref, ce ne sont pas les gesticulations théâtrales d'Erdogan après l'incident de la flottille humanitaire turque au large de Gaza (mai 2010) ou l'accueil folklorique des opposants syriens sur le sol turc (mars 2011) qui feront oublier que la Turquie est une plaque tournante pour diffuser les produits israéliens sur les marchés arabes. C'est ce qui explique l'importance des échanges commerciaux entre les deux pays.

Encore quelques incongruités pour montrer le ridicule de l'action de ce groupe de militants. Doit-on préciser à ces boycotteurs naïfs que la République islamique d'Iran n'a pas hésité une seconde à acheter des armes américaines en passant par Israël quand elle s'est sentie en mauvaise posture face à l'armée irakienne en 1986 (le scandale de l'Irangate), que Sobhi Al-Toufayli l'ex Hassan Nasrallah vient tout juste d'avouer, il y a quelques jours sur la chaine libanaise MTV, qu'il aurait entendu de certains milieux proches du Hezbollah que le choix d'une alliance avec Israël face à l'Oumma sunnite pourrait être envisageable, que les réserves iraniennes de change sont en monnaie de Satan, dollar américain (le FMI les estime à près de 100 milliards $... plus de 10% du PIB!), le plus fidèle "soutien d'Israël" de tous les temps, que les composantes électroniques qui équipent les ordinateurs de leur groupe de boycott, du Hezbollah et même du régime iranien, sont peut être fabriquées dans les usines israéliennes d'Intel, que marbre iranien, arak libanais et cosmétiques syriens sont retrouvés sur les marchés israéliens sans mention d’origine par l'intermédiaire de la Turquie et de la Grèce (d'après la Chambre de commerce France-Israël), que le diamant poli, un produit israélien phare, se retrouve sur les marchés arabes et que Dubaï joue même le rôle d’intermédiaire pour le réexporter vers l’Iran (sans étiquette d’origine), que des logiciels israéliens de surveillance d'Internet sont vendus à l'Iran (via le Danemark pour le reconditionnement… info de l'agence Bloomberg), qu'Israël a contribué à la construction des îles Palmiers à Dubaï par l'intermédiaire d'une société italienne (révélation récente de Haaretz), et cætera, etcétéra, etc.

Et à peine on a fini avec l'artiste belge, on s'est attaqué à MTV. Après un sketch de mauvais goût, voilà que maintenant on appelle au boycott de la chaine libanaise sous prétexte qu'elle serait "au service du sionisme". Il est évident que certains préfèrent que la MTV nous serve à longueur de journée les clips de Julia Boutros, dont les affinités pour le Hezbollah et l'Armée du tyran de Damas sont flagrantes.

Pour revenir à l'affaire Lara Fabian précisément, une dernière chose, et non des moindres. Est-il vrai, comme certains l'affirment à l'étranger, que le gouvernement libanais aurait été interpellé pour faire pression auprès des producteurs pour annuler les concerts? On n'en saura rien. Mais il est plus que probable qu'il n'a rien fait pour les rassurer si leur artiste se produisait malgré tout aux dates prévues. Ce qui est fort regrettable. Le gouvernement Mikati ne peut pas ignorer que le Hezbollah et ses acolytes souhaitent placer officiellement le Liban dans l'orbite de la République islamique d'Iran, et cela consiste en pratique à le détacher progressivement de son environnement arabe et à l'isoler de la communauté internationale. Interdire officiellement ou de facto, les manifestations artistiques et littéraires internationales de se produire dans notre pays, va dans ce sens. Les affaires Patrick Bruel, Gad Elmaleh (2009), Anne Frank (2009), Placebo (2010), Armin Van Buuren (2011), World Press Photo (2011), Steven Spielberg (2011) et Lara Fabian (2012), sont dans toutes les mémoires. J'aurai bien aimé que le gouvernement Mikati envoie deux signaux forts, d'une part, à ses concitoyens pour les assurer que dans notre pays il ne suffit pas de crier fort pour imposer sa loi et d'autre part, aux artistes internationaux pour les rassurer qu'ils pourront toujours se produire au pays du Cèdre en toute sécurité. Mais hélas, au grand hélas, je ne me fais pas d'illusion. Quant à l'affaire de la MTV, c'est nous qui disons à ce gouvernement, tantôt fantoche, tantôt fantôme, et à ces boycotteurs de pacotille, que dans notre Liban, il ne suffit pas de vociférer hystériquement pour avoir raison.

Que les boyscouts de boycotteurs aillent jouer dans le premier bac à sable qu'ils trouvent. Vivement 2013 pour qu'on en finisse avec ce gouvernement miteux de Mikati, à condition que le 14 Mars se réveille à temps de sa longue somnolence.


Nota Bene

Les places des deux concerts qui auraient dû avoir lieu au Casino du Liban étaient vendues entre 200$ et 500$. Hallucinant. Une sélection par l'argent qui n'est pas digne de celle qui chante "Humana", car la majorité de ses fans au Liban ne pouvait pas s'offrir le rêve de la voir sur scène. Il semble que des artistes internationalement connus comme David Guetta ne demande pas autant... En voilà une bonne blague, comme si le Guetta peut être considéré comme un "artiste" tout court. Même Les Guignols de l'Info n'y croit plus! En tout cas, loi du marché ou pas, les prix étaient exorbitants et c'est bien regrettable. On peut voir U2 au Stade de France, au prix d'un Guetta au Biel (moins de 100$), sachant qu'un concert du groupe irlandais mobilise 1 Boeing, 16 bus, 75 semi-remorques, 250 techniciens et 500 tonnes de matériels.

Carte BDS 

Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) est une campagne de boycott d'Israël lancée par la société civile palestinienne et altermondialiste en 2005. Ex. Par la carte d'adhésion ci-dessus, le boycotteur demande aux autorités médicales, au cas où il tomberait malade, de veiller à ce qu'aucun équipement technique utilisé dans le traitement n'ait été, développé en Israël, entièrement ou en partie!



[Article publié le 7 février 2012 sur Middle East Transparent] http://www.metransparent.com/spip.php?page=article&id_article=17588&var_lang=fr&lang=fr