lundi 23 décembre 2013

Si seulement Fairuz, Ziad Rahbani, Majida el-Roumi et John Travolta savaient ce que Hassan Nasrallah pense d’eux (Art.201)


Une beauté éblouissante, doublée d’une voix exceptionnelle. Toute résistance est vaine. S’il faut les résumer en un mot, elles sont toutes les deux divinement sublimes. Alors, bon Dieu, quand on a la chance d’avoir la beauté du diable et une voix en or, pourquoi s’immiscer dans les méandres de la politique ? Allez savoir ! Eh bien, c’est ce que nous essayerons de faire.

La dernière polémique déclenchée par Ziad Rahbani soulève une question qui n’est ni banale ni nouvelle, et n’est point spécifique de notre pays du Cèdre. Est-ce qu’une personne, auteur de croûtes ou grande icône, artiste académique ou de boulevard, écrivain ou troubadour, peut-elle afficher ses opinions politiques sans précaution ni contrainte ? La réponse est évidemment oui. En tout cas, tout artiste comme tout citoyen est libre non seulement de ses opinions, mais aussi de décider de les faire connaitre. Tout cela est valable pour un pays normal, sauf que le Liban n’a jamais été un pays qui respire la normalité.

Dans une interview accordée par Ziad Rahbani au site al-Ahed, un satellite du Hezbollah -il fallait lire l’orientation biaisée des questions !- l’auteur d’une demi-douzaine de pièces de théâtre populaires dans les années 70 et 80, prétend que « Fairuz aime beaucoup sayyed Hassan ». Il a beau donné l’impression d’être bourré-shooté 36h sur 24, une impression qu’il entretient savamment et qui lui sert de plan marketing, Ziad Rahbani connaissait très bien et d’avance la portée d’une telle provocation : il profitait du fait qu’il est le fils de ce patrimoine culturel du Liban, pour se permettre de dire que sa mère soutient le Hezbollah comme lui. Même à 57 berges, on est content d’être le fils d’une maman célèbre ! On peut lui reprocher ce comportement malicieux et puéril, mais enfin, c’était son droit. Il revient à l’intéressée de confirmer, d’infirmer ou d’ignorer la polémique.

Et pourtant, l’allégation n’est pas banale. Admettons comme hypothèse de travail que Fairuz voue une certaine admiration pour sayyed Hassan Nasrallah. Il est évident qu’elle n’est pas la seule au Liban. Oublions le soutien massif de la communauté chiite à la milice chiite de ce leader chiite. Pour diverses raisons allant de la naïveté à la sunnitophobie, en passant par l’opportunisme et la convergence d’intérêts, il faut reconnaitre que le Hezb ratisse bien au-delà de sa communauté. Rappelons que le gouvernement démissionnaire actuel n’a vu le jour que grâce à une entourloupe politique concoctée par Hassan Nasrallah avec Walid Joumblatt (musulman druze), Najib Mikati (musulman sunnite), Nabih Berri (musulman chiite) et Michel Aoun (chrétien maronite), un quatuor d’union nationale contre les forces du 14 Mars, qui n’a jamais caché son admiration pour ce leader chiite. Rappelons aussi que Michel Aoun voue une admiration sans borne pour le Hezb au point de signer un pacte d’alliance inattendu avec son chef, poussant une frange des sympathisants chrétiens du général, soi-disant souverainistes, à témoigner d’une grande admiration saugrenue au sayyed, sachant que ce dernier n’a jamais coupé son cordon ombilical avec le wali el-fakih iranien.

Rappelons également, puisqu’on y est et pour rester dans le monde artistique, une interview aussi choquante que les on-dit de Zizou, le bobo-bad-boy des Rahbani. Si l’admiration de Fairuz à Hassan Nasrallah découle de propos invérifiables rapportés par son fils, celle de Majida el-Roumi est attestée par les images et le son. Le jour de l’an de l’année 2009, cette grande dame de la chanson, une autre icône libanaise, chrétienne également, déclare « qu’elle serait honorée de rencontrer sayyed Hassan Nasrallah ». D’accord, pas de quoi casser trois pattes à un canard. La suite, si ! Au cas où elle serait amenée à le rencontrer, Majida el-Roumi affirme que « je le saluerai pour le sentiment qu’il nous a donné, le jour où il a brisé l’idée qu’Israël était invincible ». S'adressant à lui directement et avec une grande solennité qui faisait trembler sa voix, elle rajoute : « Je te remercie d’avoir rendu la victoire plus proche que jamais. Tu as remonté le moral de tous les Arabes partout. C’est un honneur pour nous, que ça soit un compatriote qui ait permis d’y parvenir (...) La force que tu as entre les mains nous permet d’être un grand pays, un exemple pour d’autres pays. » Je ne veux pas être méchant avec une si belle femme dont les propos paraissent plutôt naïfs que très réfléchis, il n’empêche, mais bordel, sur quelle planète vit-elle ? Je veux bien admettre qu’elle ait pu zapper le déclenchement de cette guerre par le Hezb, mais elle devrait quand même savoir que cette « victoire » qui l’a rend si fière, a coûté aux Libanais 1 500 morts, et l’équivalent de 50 % de leur PIB de 2006, et que depuis, Hassan Nasrallah ne voit plus beaucoup la lumière sereine d’Allah, et risque sérieusement le SAD, Seasonal Affective Disorder, la fameuse dépression saisonnière, le blues de l’hiver, et une grave carence en vitamine D, alors qu’elle n’a couté aux Israéliens que 170 morts et 3 % de leur PIB, et que Tzipi Livni, l’ancienne ministre israélienne des Affaires étrangères de l’époque, a un moral d'acier et fait le plein de vitamine D en bronzant en bikini quand bon lui semble, dès que la météo le permet, sur les plages de Tel-Aviv ! Alors franchement ma chère Majida, il faudrait que tu revoies sérieusement tes critères de la victoire. Et puis, comment peux-tu tenir des propos aussi niais que « la force que tu as entre les mains est un exemple pour d’autres pays » ? Mais voyons, Français et Américains  ne rêvent que de voir un jour des milices parader sur les Champs-Elysées et sur la Fifth Avenue ! J’étais effaré en remarquant que ces propos ont été tenus moins de 8 mois après la mini guerre civile déclenchée par la milice du chef qu’elle admire dans les rues de Beyrouth et une partie du Mont-Liban. Wlé maa2oul heidé !

Revenons à nos moutons. Comme on le voit, la polémique autour du positionnement de Fairuz, ou de Majida-el Roumi, dépasse largement la simple liberté d’expression. Je pense que l’admiration déplacée de ces deux icônes pour le chef du Hezbollah pose deux problèmes majeurs.

1. Le premier est d’ordre général et se résume à la question suivante : peut-on soutenir le Hezbollah et admirer son chef, Hassan Nasrallah, comme si de rien n’était ? Sans la moindre hésitation, certainement pas ! Cette question s’adresse non seulement à Fairuz et à Majida el-Roumi, mais aussi à Ziad Rahbani, au cousin de Ziad, Ghassan (artiste et candidat aouniste malheureux aux dernières élections législatives pour le siège orthodoxe dans le Metn), à ma concierge Leila, à Michel Aoun et aux milliers de chrétiens partisans du général. Qui zappe la lourde responsabilité de la milice chiite dans le désastre de la guerre du 12 juillet 2006 et la tragédie du 7 mai 2008 est rattrapé par au moins trois réalités rédhibitoires qui rendent toute admiration du Hezbollah caduque : le « djihadisme » répugnant du Hezb en Syrie aux côtés du régime fasciste de Bachar el-Assad (le terme est utilisé par Nasrallah himself), le « terrorisme » abject du Hezb tel qu’il est vu par l’écrasante majorité des pays arabes et occidentaux (rappelons l’inscription de la milice chiite par l’Europe sur la liste des organisations terroristes en juillet dernier), et les « accusations d’assassinat » odieuses du Hezb comme l’a révélé l’enquête du Tribunal Spécial pour le Liban (nous sommes à J-24 de la première audience du TSL).

2. Le second problème est d’ordre spécifique et se résume à une autre question : est-ce que ces admirateurs et ces admiratrices connaissent réellement la nature de celui et de ceux qu’ils admirent ? Là aussi, sans la moindre hésitation, je doute fort bien ! A quel point doit-on être aveuglés par l’admiration, pour zapper les trois tares originelles du Hezbollah et ignorer qu’il s’agit d’une organisation religieuse chiite à tendance fasciste, qui n’a rien à envier aux salafistes sunnites et aux Frères musulmans, soumise au Guide suprême de la République islamique d’Iran, dont le projet vise à l’établissement d’une République islamique chiite au Liban pour résoudre le bordel communautaire de ce pays (cf. livre de cheikh Naïm Qassem, n°2 de la milice, « Hezbollah: la voie, l'expérience, l'avenir », dernière édition en mai 2009)? Sans doute beaucoup. Mais il y a pire. En réfléchissant à ces propos, je me suis demandé si l’admiration de ces belles âmes et des cousins Rahbani pour Hassan Nasrallah était réciproque après tout. J’étais abasourdi par ma découverte. Alors là, je n’aimerai pas être à leur place, je serai couvert de honte !

« Ecouter des chansons est haram car les chansons sont une façon de rendre une nation molle... Allah a établi un schéma pour que la société ne soit pas molle. Les gens du disco, de John Travolta et de je ne sais quoi d’autre. Tu le vois makhlou3, sa coiffure, sa tenue, sa démarche dans la rue, sa façon de s’assoir, de manger et de parler, tout est influencé (par cette manière d’être). Cet état conduit à la mollesse. Dieu tout-puissant a interdit de chanter afin que l’être humain garde une personnalité équilibrée et raisonnable (...) Oui, il y a des chants révolutionnaires qui sont halal parce qu’ils ne rendent pas l’être humain mou... Il y a deux types d’hymnes révolutionnaires... Il ne suffit pas de parler d’Allah, de Mahomet, de l’islam, de la résistance, du Sud (Liban) et d’Israël pour que la chanson devienne révolutionnaire (...) Une seule règle s’applique aux chants répandus : tout hymne ou toute chanson, où l’on parle d’Allah, de Mahomet, de l’islam et du Sud (Liban), qui est semblable à ceux qu’on retrouve chez les gens immoraux et de la débauche, et qui provoque l’euphorie, est haram. La norme étant qu’indépendamment du contenu culturel, intellectuel et politique, la chanson qui provoque l’euphorie, et dont l’esprit est retrouvé habituellement chez les gens immoraux, est haram. »

Hal makhlou2 el makhlou3, John Travolta, comme on le voit ici dans Saturday Night Fever. Excellent ! On dirait que Sayyed parle d’un personnage d’une pièce de Ziad Rahbani. En tout cas, non, nous ne sommes pas au Moyen-Age. Ce sont les propos contemporains de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, la personne que Fairuz, Majida el-Roumi, Ziad Rahbani, Ghassan son cousin, Leila ma concierge, une majorité de chiites et des milliers de chrétiens aounistes admirent ! Yé3né belmchabra7, ya mou7ébbine el sayyed, ya sitt Fayrouz wou ya sitt Majida, ya cha3eb lebnan el 3azim, et vous les fans des fanatiques, jusqu’à preuve du contraire, qui devrait être apportée par Nasrallah himself, la fatwa de sayyed Hassan, demeure valide : toutes les œuvres musicales, de Fairuz, de Majida el-Roumi, des cousins Rahbani, de Wadi3 el-Safi, de Farid el-Atrache, d'Oum Kalthoum, de Ragheb Alama, d'Elissa, de May Hariri, de Najwa Karam, de George Wassouf, de Haifa, de Nawal al-Zoghbi, d'Amal Hijazi, mais aussi celles de Gainsbourg, de Laurent Pagny, de Brassens, de Zazie, de U2, de Coldplay, de Pink Floyd, de Madonna, de Lady Gaga, ainsi que celles de tous les autres makhlou3ine de leurs races, darbé tfek ra2bétoun fakk, sont haram ! Hallucinant.

Au fait, je pense qu’il serait très intéressant de savoir ce que sayyed Hassan Nasrallah pense réellement de la personnalité de Ziad Rahbani et de son travail, pour qu'on rigole un bon coup ! Awélkoun, serait-il un makhlou3 à la John Travolta, un mollasson, un immoral, un débauché ou tout simplement un artiste talentueux ? Je serais bien curieux de savoir si sayyed Hassan serait capable d’écouter plus de trois minutes de « bel nesbé la boukra chou ? », une des célèbres pièces de théâtre de Ziad, lui l’artiste qui ne rate aucun discours du chef du Hezbollah ! En tout cas, Ziad Rahbani n’a jamais caché son athéisme. Il donne l’impression de fumer les joints trois par trois, depuis qu’il est sevré, et que son verre est comme le réservoir de la flamme du soldat inconnu, jamais vide. Ses pièces seraient qualifiées sans la moindre hésitation de « subversives » par tout esprit totalitaire qui se respecte. Bref, vous l’avez compris, Ziad Rahbani a tout pour déplaire au sayyed Hassan Nasrallah. Mais bon, à chacun son syndrome de Stockholm.

Cette séquence n’est pas sans rappeler un autre passage d’anthologie. « Un kamikaze est un homme apaisé, souriant, heureux, qui entame sa vraie vie... (Il est dans l’état de) quelqu'un qui quitterait un sauna, après y avoir passé des heures, chaud, fatigué et assoiffé, pour rejoindre une pièce confortable et calme, où l'attendraient belles paroles, cocktails et musique classique ». Non, ce n’est pas la profession de foi d’al-Qaeda, de Da3ich ou de Jabhat el-Nosra, ce sont les propos du chef du Hezbollah que tout ce beau monde admire.

Les fans des fanatiques, les partisans chrétiens de Michel Aoun pour être précis, vous assureront que tout cela relève de la diabolisation, ce sont des histoires anciennes, la milice chiite a changé, elle sait faire la part des choses, blablabla, patati, patata. C’est c’là oui ! Ces gens feignent d’ignorer qu’il n’a pas fallu longtemps pour que le Hezbollah comprenne une évidence tactique qui s'impose au Liban, le pays des 18 communautés, celle des athées comprise : pour conquérir l’Etat libanais et dominer sa population, il faut un tant soit peu dissimuler ses objectifs islamistes. C’est ce qu’ils font depuis un certain temps. Mais il est quand même difficile de rester cool et zen face à certains Libanais, ces « gens de la débauche et de l’immoralité », hal « makhlou3ine » el lebnéniyé. « L'ère maintenant est l’ère de la résistance. Le visage du Liban maintenant est le visage résistant. Avant l’avènement de la Résistance (autodésignation du Hezbollah), nous regardions la carte internationale, politique et géographique, mais nous ne voyions pas le Liban à cause de sa petite superficie et parce qu’il n’avait pas de rôle. Il était suiveur. C’était un espace de transactions, de boîtes de nuit, de services, de commissions et de blanchiment d’argent. C’était le Liban. Mais maintenant, il faut créer un nouveau Liban, qui soit en harmonie avec l’existence d’une Résistance (la milice chiite). »

Si, si, ces propos ont été tenus il y a à peine six semaines, le 12 novembre 2013 précisément, par un certain Mohammad Raad, membre imminent de la milice chiite, chef du Bloc de la fidélité à la Résistance, le groupe du Hezbollah au Parlement, le pouvoir législateur de l’Etat libanais. Je suis désolé d’être cru, mais tant qu’on se voile la face et qu’on n’appelle pas un chat un chat, on ne peut que rentrer dans les murs. Qu’il y ait des Libanais chiites qui acceptent sans broncher tous les propos fascistes du Hezbollah, constitue déjà un énorme souci pour le Liban tout entier, toutes communautés confondues. Mais j’avoue que cela reste encore du domaine du compréhensible, l’identification communautaire explique beaucoup de choses. Y a-t-il un espoir de voir la communauté chiite lâchée le Hezbollah un jour ? Peut-être, sans doute, sauf qu’on n’est pas demain la veille et qu’il s’agit d’une autre histoire.

Mais ce qui est surréaliste et absurde aujourd’hui, c’est de trouver des Libanais chrétiens qui admirent dans un mélange de naïveté, d’opportuniste, d’intérêts politiciens et de sunnitophobie, une organisation capable de tenir des propos aussi infâmes que ceux de Hassan Nasrallah, de Naïm Qassem et de Mohammad Raad, et qui constitue une des plus graves menaces pour l’identité libanaise de tous les temps ! Hélas, à cause des choix erronés des forces du 8 Mars, de Hassan Nasrallah à Michel Aoun, en passant par Nabih Berri et Walid Joumblatt, notre Liban est un pays qui ne respire pas la santé de nos jours. Allez, bonne chance pour tous ceux qui veulent faire une virée en enfer. La nature a non seulement horreur du vide, mais encore plus, de la connerie humaine. Mes chers compatriotes, vive la République, vive le Liban et vive Charles Darwin. Wlak, qu’est-ce que vous croyez, que les Mayas se sont évaporés ? Enno « pschitt », et il n’y avait plus personne après ? Moi, comme des milliers de Libanais, j’ai rendez-vous avec l’Histoire à La Haye le 16 janvier 2014 à 9h30. Tout le reste, en politique comme dans la vie, n’est que « vanité et poursuite de vent ». Au moins pour le moment.


Post-Scriptum

Il m’est impossible de ne pas dire deux mots sur le reste de l’interview de Ziad Rahbani. Ça vaut vraiment la peine de s’y arrêter quelques instants. Autant j’apprécie l'artiste qui détient incontestablement un grand talent et qui est très doué pour les formules sarcastiques, autant j'ai toujours trouvé l'homme à côté de la plaque en politique, un « double zéro à côté du zéro », pour reprendre une formule peu connue de Samir Geagea, le président du parti des Forces libanaises, le « dérangé » selon l’artiste.

Et puisqu'il se permet d'insulter un tas de monde sans retenue, que l'artiste me pardonne de rappeler quelques faits de l'histoire ancienne. Tout le monde a commis des erreurs durant cette sale guerre, le « camp chrétien », le « camp musulman » et Ziad Rahbani compris. Ce dernier avait choisi de rejoindre les Libanais pro-palestinien qui soutenaient à l’époque ceux qui considéraient que « la libération de Tel-Aviv passe par Jounieh », le « chef-lieu du réduit chrétien » du Mont-Liban durant la guerre civile libanaise. Je vous l’ai déjà dit, à chacun son syndrome de Stockholm. L’ironie de l’histoire, c’est que le Liban revit aujourd’hui avec la milice libanaise de Hassan Nasrallah, un remake encore plus tragique de ce qu’il a vécu avec la milice palestinienne de Yasser Arafat. La seule différence c’est que la libération de Tel-Aviv passe de nos jours non seulement par Beyrouth, Tripoli, Koraytim, Saïda, Bickfaya, Baabda et Meerab, mais aussi par Damas, Deraa, Qousseir, Homs, Edlib et Alep. Quelle honte !

Toujours est-il, limitons-nous à l'interview du site al-Ahed. On apprend pêle-mêle que Ziad Rahbani ne rate pas une seule conférence de presse du Sayyed au point de constituer ses propres archives de l'ensemble des discours de Hassan Nasrallah ; pour l’artiste, le Hezb ne peut pas avoir tué Rafic Hariri car il a une morale qui lui interdit de tuer les gens (et comment expliquer que Bakhos Baalbaki est mort de rire, hein ?) ; par contre, Wissam el-Hassan en était bien capable, « biya3mil rabba » ; Ziad préfère Emile Lahoud à Michel Sleiman (wlak mabrouk fih !); Geagea est un takfiriste ; Siniora est un abruti ; le Futur est perdu, il n’a aucune vision politique et ne comprend que le langage de l’argent et des comptes ; s’il était à la place du régime syrien, il aurait fait la même chose (nous sommes à 125 000 morts, 7 millions de déplacés et réfugiés, dont 1,3 million au Liban !); la guerre en Syrie se réglera dans les six prochains mois ; l’Occident soutient les takfiristes ; le rôle russe dans la région est parfait ; le fils de Fairuz est inquiet pour la présence chiite au Moyen-Orient, pas pour celle des chrétiens ; Israël est un cancer ; le pompon de l'interview étant son constat sur le printemps arabe, « bala rabi3 bala ballout »

La petite histoire ne dit pas si Ziad Rahbani était sous l’emprise d’une substance hallucinogène ou s’il souffrait toujours de cette haine de soi, de l'autre et de cet éternel syndrome de Stockholm. Dans tous les cas, s’il est un roi du sarcasme, il n’est pas moins un roi des éléphants roses qui encombrent l’espace aérien libanais. Rou7 ya akbar fayil bel charq el awsat ! « Ebnik 7mar ya Souraya! Zakké el sabé houwé, bass 7mar. » Wlak ya Ziad, chou baddak bel siyésé, wallah mich rekbé ma3ak, min zamén wou jéh !