Contrairement
à la locution populaire, il existe des politiciens qui ne font que dans la
dentelle ! Walid Joumblatt en fait partie. Son initiative exposée lors de
sa conférence de presse du 26 novembre se base sur trois points essentiels : l’importance
du dialogue, la référence à l’Etat et la neutralité du Liban. Qui connait bien le Bek sait que son initiative n’a pas pour vocation de sortir le Liban de la crise,
mais alors pas du tout. Le chef druze s’est contenté d’exposer
des généralités politiques creuses et sans aucun intérêt réel, contradictoires et schizophréniques, et ceci dans
un but bien déterminé. En réalité, cette soi-disant initiative s’est fixé trois
objectifs : justifier pourquoi
Walid Bey reste au gouvernement (il l'a répété à plusieurs reprises, il y reste alors que le 14 Mars réclame la démission
de Nagib Mikati), légitimer ses bonnes
relations avec le Hezbollah (contre vents et marées et en dépit de quelques critiques en trompe-l’œil) et ne pas rompre les liens avec le 14 Mars (à la veille des
prochaines élections législatives d'où certaines généralités pro-14 marsiennes, en trompe l’œil aussi). Le
reste n’est que de la broderie politique de salon, un grotesque trompe-l’œil sauf sur Wissam el-Hassan où il a tenu des propos inquiétants. En voici quelques fils
conducteurs.
1. Défense du gouvernement Mikati. Il est admirable de voir comment le Beg se présente, calmement, comme un centriste (avec l'increvable Nabih Berri !), reniant d'être du 8 Mars, et l’air de rien, donnant des conseils et faisant des remontrances aux uns et aux autres, comme si de rien n’était, et surtout comme si ce n’était pas lui et ses députés qui ont permis au Hezbollah de réussir leur coup d’Etat démocratico-milicien le 12 janvier 2011, avec l'aide de Michel Aoun, de Nabih Berri et de Nagib Mikati, et comme si ce n’était pas lui et lui seul qui permet au gouvernement de Nagib Mikati de rester au pouvoir.
2. Initiative S-S (Syrie-Arabie saoudite). Il ne cesse de revenir dessus. Alors revenons-y. Cette initiative a été lancée par l’Arabie saoudite et la Syrie au cours de l’été 2010, à l’imminence de la publication de l’acte d’accusation par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) où tout le monde s’attendait à ce que des membres du « Hezbollah chiite » soient mis en examen dans l’assassinat du « sunnite Rafic Hariri » (l’acte d’accusation ne fut publié qu’un an plus tard). De gros moyens furent déployés pour amortir l’onde de choc d’une telle accusation. S-S fut une des erreurs notoires du 14 Mars, notamment de Saad Hariri, qui croyait naïvement que la « gentillesse politique » conduirait le Hezbollah à accepter l’acte d’accusation ! Mais l’échec de cette médiation revient exclusivement au Hezbollah et à Bachar el-Assad. Quelques jours seulement après la visite historique à Beyrouth du roi d’Arabie saoudite et du président syrien, à bord du même avion SVP !, le 30 juillet 2010, Hassan Nassrallah organise une longue conférence de presse, plus de 2 heures !, pour exposer la « piste israélienne » dans l’assassinat de Rafic Hariri. Le message du tandem Hezbollah-Syrie était clair et net : la « piste israélienne » et rien d’autre. Voilà pourquoi cette tentative de calmer les esprits est restée stérile. Que le Bek cesse de broder autour de l'initiative S-S. L’ironie de l’histoire, c’est que jusqu’à ce jour, le TSL n’a pas reçu les documents exposés au public par Hassan Nasrallah le 9 août 2010. J’y reviendrai plus loin.
3. Démission du gouvernement. Non Walid Bek, il ne faut pas un consensus national pour cela. Il faut arrêter de se cacher derrière son doigt et assumer ses choix. Il n’y aura pas de vide constitutionnel et pas le moindre problème administratif si Mikati démissionne puisque la Constitution prévoit l’expédition des affaires courantes par le gouvernement démissionnaire, jusqu’aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu dans quelques mois seulement. Ma3lé, basta !
4. Révolution en Syrie. Oui le 14 Mars a misé sur la chute rapide de Bachar el-Assad. C’est ce que je dénonce depuis le 15 mars 2011. Mais il faut peut-être se rappeler que pendant ce temps-là lui, la girouette de Moukhtara misait sur le contraire ! Ceci explique pourquoi il est resté en bon terme avec le dernier tyran des Assad, se rendant à trois reprises à Damas depuis le déclenchement de la Révolution syrienne, jusqu’à ce que le compteur des morts soit passé à cinq chiffres. Ma3lé kamén. Quant à sa diatribe contre les grandes puissances, la solution est aussi entre les mains des syriens eux-mêmes. La stratégie irresponsable des rebelles, basée essentiellement sur la guérilla, a montré son échec (40 000 morts en 20 mois d’affrontement !). Face à la barbarie du régime syrien, il revient aux rebelles de changer de stratégie. L’islamisation de la guerre en Syrie n’a rien à voir avec l’inaction occidentale. Arrêtons cette mauvaise habitude arabe, qui consiste à mettre toujours les problèmes sur les autres et attendre des miracles d’ailleurs.
5. « Projet occidentalo-israélien ». Le Bek a battu le record national du délire ! Non, non et 1000 fois non, il n’y a pas de « projet occidentalo-israélien » pour pousser la région à une guerre confessionnelle entre les sunnites et les chiites (« qu’on voit en Irak, qu’on voit les débuts en Syrie, et qui peut affecter le Liban »). Pas la peine de mettre toujours la faute sur les autres, ma3lé, doud el khall ménno wou fi. Il est le mieux placé pour le savoir !
1. Défense du gouvernement Mikati. Il est admirable de voir comment le Beg se présente, calmement, comme un centriste (avec l'increvable Nabih Berri !), reniant d'être du 8 Mars, et l’air de rien, donnant des conseils et faisant des remontrances aux uns et aux autres, comme si de rien n’était, et surtout comme si ce n’était pas lui et ses députés qui ont permis au Hezbollah de réussir leur coup d’Etat démocratico-milicien le 12 janvier 2011, avec l'aide de Michel Aoun, de Nabih Berri et de Nagib Mikati, et comme si ce n’était pas lui et lui seul qui permet au gouvernement de Nagib Mikati de rester au pouvoir.
2. Initiative S-S (Syrie-Arabie saoudite). Il ne cesse de revenir dessus. Alors revenons-y. Cette initiative a été lancée par l’Arabie saoudite et la Syrie au cours de l’été 2010, à l’imminence de la publication de l’acte d’accusation par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) où tout le monde s’attendait à ce que des membres du « Hezbollah chiite » soient mis en examen dans l’assassinat du « sunnite Rafic Hariri » (l’acte d’accusation ne fut publié qu’un an plus tard). De gros moyens furent déployés pour amortir l’onde de choc d’une telle accusation. S-S fut une des erreurs notoires du 14 Mars, notamment de Saad Hariri, qui croyait naïvement que la « gentillesse politique » conduirait le Hezbollah à accepter l’acte d’accusation ! Mais l’échec de cette médiation revient exclusivement au Hezbollah et à Bachar el-Assad. Quelques jours seulement après la visite historique à Beyrouth du roi d’Arabie saoudite et du président syrien, à bord du même avion SVP !, le 30 juillet 2010, Hassan Nassrallah organise une longue conférence de presse, plus de 2 heures !, pour exposer la « piste israélienne » dans l’assassinat de Rafic Hariri. Le message du tandem Hezbollah-Syrie était clair et net : la « piste israélienne » et rien d’autre. Voilà pourquoi cette tentative de calmer les esprits est restée stérile. Que le Bek cesse de broder autour de l'initiative S-S. L’ironie de l’histoire, c’est que jusqu’à ce jour, le TSL n’a pas reçu les documents exposés au public par Hassan Nasrallah le 9 août 2010. J’y reviendrai plus loin.
3. Démission du gouvernement. Non Walid Bek, il ne faut pas un consensus national pour cela. Il faut arrêter de se cacher derrière son doigt et assumer ses choix. Il n’y aura pas de vide constitutionnel et pas le moindre problème administratif si Mikati démissionne puisque la Constitution prévoit l’expédition des affaires courantes par le gouvernement démissionnaire, jusqu’aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu dans quelques mois seulement. Ma3lé, basta !
4. Révolution en Syrie. Oui le 14 Mars a misé sur la chute rapide de Bachar el-Assad. C’est ce que je dénonce depuis le 15 mars 2011. Mais il faut peut-être se rappeler que pendant ce temps-là lui, la girouette de Moukhtara misait sur le contraire ! Ceci explique pourquoi il est resté en bon terme avec le dernier tyran des Assad, se rendant à trois reprises à Damas depuis le déclenchement de la Révolution syrienne, jusqu’à ce que le compteur des morts soit passé à cinq chiffres. Ma3lé kamén. Quant à sa diatribe contre les grandes puissances, la solution est aussi entre les mains des syriens eux-mêmes. La stratégie irresponsable des rebelles, basée essentiellement sur la guérilla, a montré son échec (40 000 morts en 20 mois d’affrontement !). Face à la barbarie du régime syrien, il revient aux rebelles de changer de stratégie. L’islamisation de la guerre en Syrie n’a rien à voir avec l’inaction occidentale. Arrêtons cette mauvaise habitude arabe, qui consiste à mettre toujours les problèmes sur les autres et attendre des miracles d’ailleurs.
5. « Projet occidentalo-israélien ». Le Bek a battu le record national du délire ! Non, non et 1000 fois non, il n’y a pas de « projet occidentalo-israélien » pour pousser la région à une guerre confessionnelle entre les sunnites et les chiites (« qu’on voit en Irak, qu’on voit les débuts en Syrie, et qui peut affecter le Liban »). Pas la peine de mettre toujours la faute sur les autres, ma3lé, doud el khall ménno wou fi. Il est le mieux placé pour le savoir !
6. L’acte d’accusation
du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Le Beg se demande « s’il est nécessaire qu'à tout moment, en tout lieu et de tout temps, de
revenir sur l'acte d'accusation... de rappeler quotidiennement ce sujet. » Il a même le culot de prétendre « qu'on entend de certains leaders politiques, tous les jours, matin et soir, des accusations généralistes ». On croit rêver ! On en parle tous les jours des accusations généralistes ? Mais justement c’est ce qu’on peut
reprocher au 14 Mars, c’est d’en parler peu, très peu, pas assez en tous cas, alors qu'il y a mort d'homme, d'un homme, puis un autre, et un autre et encore un autre, tous du même camp, le 14 Mars, des grands hommes de la Patrie, de Rafic Hariri à Gebran Tuéni, de Pierre Gemayel à Wissam el-Hassan. Il est clair, comme l'eau de source, que tout
ce qui concerne le TSL dépasse la capacité de compréhension de la girouette de
Moukhtara, lui qui s’est rendu moins de 40 jours après l’assassinat de son
père, Kamal Joumblatt par les Syriens en 1977, chez le premier tyran des
Assad pour établir une alliance avec la Syrie qui a duré jusqu’à 2011, avec une
parenthèse entre 2004 et 2008.
En
tout cas, oui il faut revenir incessamment sur l'acte d'accusation du TSL et cela pour au moins trois raisons essentielles, n’en déplaise aux Bek & Co. D’abord,
parce que l’assassinat politique ne cessera au Liban que si et seulement si la
justice est rendue. Et ce n’est pas avec l’amnésie, la banalisation et tébwiss
el lé7é, qu’on rendra la justice dans ce pays. Ensuite, parce que les quatre accusés du
TSL sont des membres du Hezbollah, de l'aveu même de Hassan Nasrallah, et non des pauvres nases désœuvrés qui s’ennuyaient
dans une cage d’escalier en sirotant une bière chaude et qui pour briser leur
ennui ont décidé un beau matin du 14 février 2005 de faire exploser la voiture
de l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, avec l’équivalent de 2000
kg de TNT achetés au rabais la veille au marché du dimanche au bord du fleuve de Beyrouth ! Enfin,
parce que Walid Bey oublie un peu vite, qu’il fait partie d’un gouvernement qui a l'obligation juridique d'arrêter ces quatre accusés et de les remettre à la plus haute juridiction internationale
pour être jugés au mois de mars 2013; un gouvernement qui ne fait rien,
absolument rien, dans ce sens.
Et
voilà que le Bek revient sur l’hypothèse israélienne dans l’assassinat de Rafic
Hariri. Niaiserie quand tu nous tiens ! Après l’affaire Ayoub, il
est claire, disons plus que probable au moins, sauf aux endoctrinés au biberon, que les
images présentées par Hassan Nasrallah lors de cette fameuse conférence, ne
seraient ni codées, ni interceptées par le Hezb, ni provenant d’un drone israélien,
mais proviendraient d’un drone appartenant au Hezbollah. D’ailleurs, malgré la
solennité de la mise en scène de la conférence du mois d’aout 2010, la milice libanaise
n’a jamais remis quoi que ce soit au TSL.
Quant
à ses conseils et à sa métaphore déplacée, qu’il ne faut pas trop s’en faire, de toute façon, dans la vie
il y a une « autre justice... hors des tribunaux » et « qu’un
jour le cadavre de l'adversaire passera (devant nous) sur le fleuve », ma3lé
yésma7élna fiya, nous, nous ne voulons pas de cadavre et pas de fleuve, nous voulons simplement la justice du TSL, terrestre et légale,
loin de toute vengeance ou de je-ne-sais-quoi d’autre, et de rien d’autre.
7. On fait la guerre
à l’Iran au Liban.
Drôle de façon de voir les choses. Comme si la violation de la souveraineté
libanaise par la République islamique d’Iran avec l’affaire Ayoub remontait à l’époque
achéménide et comme si la protestation de Michel Sleimane à ce sujet il y
a deux jours n’était qu’un vœu pieux. A l’heure actuelle, c’est surtout l’Iran qui
utilise le Liban dans sa confrontation avec les pays arabes et les pays
occidentaux et non l'inverse.
8. Assassinat de
Wissam el-Hassan. Là, Walid Joumblatt a battu le record national
de la désinformation et de l’ambiguïté. Le Bey « demande à la justice libanaise
de publier l'acte d'accusation concernant l'assassinat du général Wissam
el-Hassan, et contre l'accusé Michel Samaha. » Notez bien cette confusion
extraordinaire. Alors qu'il s’agit de deux affaires bien distinctes, Walid
Bey tente de les confondre ! Nous réclamons tous un acte d'accusation dans l'assassinat de Wissam
el-Hassan, mais pour accuser qui au juste ? Comment
publier un acte d'accusation, alors que l'enquête criminelle ne fait que
commencer ? Il a fallu plus de six ans d’enquête, de procédure et d’entraves, à
la plus haute juridiction internationale pour que l’acte d’accusation
concernant l’assassinat de Rafic Hariri puisse enfin être publié, alors j’aimerai
bien savoir « comment » le Beg peut demander à la justice libanaise,
soumise à toutes sortes de pression et aux moyens limités, de publier un acte d’accusation
concernant l’assassinat de Wissam el-Hassan en moins de six semaines ? Plus
important que le « comment » c’est le « pourquoi » ? Pour avoir la
réponse, il suffit d’écouter 4 minutes de plus ! Le Beg déclare vers la
fin de sa conférence de presse, « Dès le premier instant, j’ai accusé le
régime syrien... Je refuse l’accusation interne ». Toutes mes
félicitations au peuple libanais, Walid Joumblatt vient d’inventer pour vous, la
justice à la demande. Schizophrénie mon amour, comme tu peux être bien commode !
Il est clair et net que le chef de Moukhtara souhaite mettre l’assassinat du chef
des services de renseignement des FSI, Wissam el-Hassan, sur le dos du régime
syrien via Michel Samaha.
Comme je l’ai déjà dit dans le passé, cette fixation sur le régime syrien a d’énormes avantages, notamment celui de permettre à Walid Joumblatt de rester en bonne entente avec le Hezbollah et surtout de fuir la réalité libanaise. Cette mascarade a aussi pour but d’éviter à la population libanaise de se poser les vraies questions sur cet assassinat politico-mafieux particulièrement odieux. Une enquête sérieuse doit être menée, loin des pressions politiques, celle du Bek en tête, sinon nous tuerions Wissam el-Hassan une deuxième fois.
Comme je l’ai déjà dit dans le passé, cette fixation sur le régime syrien a d’énormes avantages, notamment celui de permettre à Walid Joumblatt de rester en bonne entente avec le Hezbollah et surtout de fuir la réalité libanaise. Cette mascarade a aussi pour but d’éviter à la population libanaise de se poser les vraies questions sur cet assassinat politico-mafieux particulièrement odieux. Une enquête sérieuse doit être menée, loin des pressions politiques, celle du Bek en tête, sinon nous tuerions Wissam el-Hassan une deuxième fois.
Réf.
Pourquoi Wissam el-Hassan a été tué moins de 24h après son arrivée à l’aéroport de Beyrouth ? (Art.80) par Bakhos
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