Le
6 octobre dernier un drone non
identifié est abattu dans l’espace aérien israélien. Quelques jours plus tard, Hassan
Nasrallah défraye la chronique en annonçant aux libanais et au monde que c’est bien
le Hezbollah qui a envoyé cet appareil dénommé Ayoub au-dessus de la « Palestine
occupée ». Israël qui n’était pas très chaud de communiquer sur le
sujet, et pour cause, confirma dans la foulée que l’appareil est de fabrication
iranienne et publia trois semaines plus tard des images de sa destruction.
REACTIONS.
L’examen des réactions à l’annonce de la nouvelle permet de distinguer deux camps :
d’un côté, les inquiets, de l’autre côté, les enthousiastes. Le secrétaire
général de l’ONU, Ban Ki-moon, estime que « cette provocation aurait pu engendrer une
escalade dangereuse et menacer sérieusement la stabilité du Liban ». Il a
demandé au gouvernement libanais et à l’armée libanaise de « prendre toutes les mesures nécessaires afin d’interdire au Hezbollah
d’acquérir des armes en violation de la résolution 1559 ». Un vœu pieux ! Le
président de la République, Michel
Sleiman, ancien commandant de l’armée libanaise pense que « L’envoi d’un drone au-dessus du territoire
de l’ennemi israélien montre à quel point nous avons besoin d’adopter une
stratégie défensive. Il montre aussi la nécessité de mettre en place un mécanisme
de prise de décision, conforme aux plans de l’armée et à ses besoins défensifs
ainsi qu’à l’intérêt national considéré, en toutes circonstances, de façon
exclusive ». De l’eau de source sauf que le Hezbollah ne veut point boire de
cette source ! L’ancien Premier ministre, Fouad
Siniora, incisif comme à l’accoutumée, considère que « C’est plus qu’un exploit technique et militaire. C’est une violation
de la résolution 1701 et un acte de provocation contre Israël ». Les leaders du 14 Mars, après 7 ans de
tergiversation, souhaitent « Etablir
un calendrier pour intégrer les armes du Hezbollah au sein de l’Etat
libanais ».
Parmi
les enthousiastes, on retrouve Michel
Aoun, qui considère que « L’envoi
du drone est une riposte du Hezbollah aux attaques israéliennes continuelles contre
les territoires libanais. Notre logique souveraine exige de nous de mettre un
terme aux violations israéliennes quotidiennes de la souveraineté du
Liban ». Répondre aux violations extérieures de la souveraineté libanaise
par des violations intérieures, qui de toute façon n’empêcheront jamais les
premières de se produire, c’est d’une logique implacable ! Du côté
des intéressés, les dirigeants du Hezbollah nagent entre le déni et le délire.
Pour Cheikh Naïm Kassem l’opération « introduit une nouvelle équation dans
l’équilibre de la terreur entre Israël et la Résistance ». Quant au député Nawaf Moussaoui, il estime que cela « aurait dû être proclamé une journée de
gloire ». Tenez, la dernière fois c’était à propos de l’invasion de
Beyrouth et du Mont-Liban par sa milice (7 mai 2008). Il conseille même aux
parties politiques « d’oublier leurs
divisions pour savourer cette victoire et relever la tête en signe de fierté
parce que l’une d’elles a réussi à plonger la tête israélienne dans la boue ».
Affligeant ! A défaut de frôler le delirium tremens, il frôle le ridicule.
EXPLOIT
NATIONAL. L’affaire Ayoub fut d’abord présentée comme un exploit sur le plan national. Hassan Nasrallah insista dans son discours
solennel, avec une fierté manifeste, sur le fait que l’appareil était « assemblé par des techniciens du
Hezbollah » -l’esprit Ikea faisant des émules même chez les fabricants
de la République islamique- et que « Les
Libanais devraient être fiers de cette opération ». Il voulait sans
doute que ses compatriotes oublient que cela ne change rien au fond du
problème, les pièces ont été envoyées par les mollahs d’Iran à une milice libanaise
et non à l’armée libanaise, ce qui constitue une violation flagrante de la
souveraineté nationale. Toujours est-il et malheureusement pour lui, sa tentative de « libaniser »
l’opération n’a duré que trois petites semaines seulement. Triste réalité
de la sujétion ! Le président de la commission de défense du Parlement
iranien, Esmaïl
Kossari, vient tout juste de déclarer à qui voudrait l’entendre que « son pays est en possession d’images
prises par le drone du Hezbollah de certaines zones interdites d’Israël ». Et pour s'assurer que tout le monde a bien compris le message du messager Ayoub, le porte-parole des Gardiens de la Révolution
iranienne, le général
Ramezan Sharif, s’est chargé deux jours plus tard de rappeler que « Le fait que nous ayons obtenu des
images très nombreuses des zones qui sont importantes pour nous est la preuve
que nous avons mené une mission réussie ». Noter bien le
« nous » ! Vaine tentative du chef du Hezbollah de vendre son
exploit aux libanais. Que l’opération soit commandée par les iraniens, on peut
encore l’accepter, mais on ne peut
éprouver que du mépris pour quiconque préfère transférer les clichés d’une
opération d’espionnage à un pays étranger au lieu de les remettre à l’armée de
son propre pays.
EXPLOIT
TECHNIQUE. L’affaire Ayoub fut aussi présentée comme un exploit sur le plan technique. Le chef du Hezbollah tint à
préciser à ses compatriotes que « le
drone a décollé des territoires libanais, avait traversé des centaines de
kilomètres au-dessus de la mer avant de franchir les lignes ennemies... et
avait survolé des installations sensibles et importantes sur des dizaines de
kilomètres jusqu'à ce que l'ennemi le repère près de Dimona ». Ce qui a échappé
aux gamers libanais et iraniens, c’est que l’exploit technique l’est beaucoup
moins sachant que même mon neveu de 16 ans est capable de faire voler un Parrot
avec son iPhone pour mater sa voisine et ses copines du même âge allongées sur
les transats autour de la piscine derrière la haie de buis ! Alors si le
sacré coquin envisage un jour de ne plus jouer au cache-cache avec ses voisines
consentantes et malicieuses, qui se laissent faire avec coquetterie, et décide
de développer son Parrot et de l’envoyer sur les terres de Canaan, le Hezbollah
pavoiserait beaucoup moins ! En tout cas, à supposer que l’exploit
technique du « parti d’Allah » est réel et que mes propos sont
caricaturaux, j’avoue qu’ils le sont un peu, celui-ci n’a strictement aucune
valeur sans les applications pratiques. Que
cherchait en réalité le Hezbollah dans cette opération de montage
iranien ? Telle est la question, tel est le problème, tel est le désastre.
EXPLOIT
STRATEGIQUE : LA VICTOIRE DIVINE 2. Pour y répondre zappons sur les
bahwariyét wél 3antariyét gratuites à la libanaise. On voudrait nous présenter
l’affaire Ayoub comme un exploit sur le
plan stratégique, quelque chose qui pourrait selon les auteurs changer la
donne de la confrontation avec l’ennemi israélien. Tel est le message du
Hezbollah aux libanais et au monde. Deux infos d’emblée : selon certains
experts, et malgré les déclarations tonitruantes hezbollahi-iraniennes, le
drone Ayoub n’a pas transmis de photographies et ne peut pas transporter plus
de 3 kg de charges explosives (ce qui est très faible pour provoquer des dégâts
sérieux en cas d’attaques-suicide). Cela n’a pas empêché le
secrétaire général du parti d’Allah d’affirmer que « cette opération est très importante dans l’histoire de la
révolution libanaise contre l’État sioniste ». Il a même ajouté « qu’il (le drone Ayoub) n’est pas le
premier que nous envoyons et ne sera pas le dernier... Nous pouvons parvenir à
toutes les zones en Israël ». Soit, nous prenons acte. Pour bien mesurer la gravité de ce prétendu
exploit stratégique et l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah, il faut établir
le film des événements en ayant en tête un résumé des faits et quelques
rappels utiles de circonstance.
Dans
ce film, il y a tout d’abord l’acteur
principal, un compatriote qui mène le jeu d’une cachette après le désastre qui
s’est abattu sur la population libanaise en juillet 2006. Nous avons ensuite
le producteur, un Etat religieux
extrémiste qui est mis au ban des Nations, l’Iran, et qui risque bien davantage
dans les mois et les années à venir pour ses recherches nucléaires. Enfin, sous
la casquette du metteur en scène, on
retrouve une milice armée, en toute illégalité, à l’idéologie religieuse et
extrémiste, ayant des liens nombrilistes avec le producteur. La filmographie de cette équipe libano-iranienne
est dominée par trois drames de grosses productions.
- « La Victoire divine 1 » (2006). Le pitch. Une action militaire en territoire israélien le 12 juillet 2006 dans le but de libérer trois prisonniers dont Samir Kantar, un libanais condamné pour avoir tué une fillette israélienne de quatre ans avec la crosse de son fusil devant son père lors d’une opération « palestinienne » en 1979, dégénère gravement. Pour conséquences, nous avons une riposte hystérique de Tsahal et un affrontement entre la milice libanaise et l’armée israélien pendant 33 jours, où ni le peuple libanais ni l’armée libanaise n’ont eu leur mot à dire. Le bilan, c’est un désastre qui est à l’origine d’un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de personnes terrorisées et des milliards de dollars de dégâts matériels. L’excuse s’est résumée à un laconique « si j’avais su » de la part de sayyed Hassan Nasrallah qui découvrait sans doute la brutalité israélienne après 24 ans de « résistance »! Le délire dans l’histoire c’est la proclamation unilatérale de « La victoire divine » alors que le Liban s’est retrouvé littéralement anéanti par cette guerre qu’il n’avait pas décidée.
- « Les Jours glorieux » (2008). Le pitch. C’est l’histoire de l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban en mai 2008, afin de faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora, de conserver un réseau de télécommunications créé en toute illégalité et de garder le contrôle sécuritaire sur l’aéroport de Beyrouth. Plusieurs jours de combats de rues et un bilan très lourd, une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de libanais terrorisés, une chaine de télé brûlée, des dégâts divers ainsi que des pertes économiques et touristiques importantes.
- « Les Fugitifs » (2005-2012). C’est un film en cours de tournage. Le pitch. L’histoire commence par l’assassinat d’un ex-Premier ministre du Liban et se termine par un autre assassinat, celui du chef des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, qui enquêtait d’ailleurs sur le premier assassinat. Il s’agit d’un film interactif, le scénario est continuellement en cours de réécriture. Pour l’instant, on est arrivé au moment où l'enquête menée par les renseignements des FSI, et poursuivie par des enquêteurs internationaux mandatés par l’Organisation des Nations-Unies, conduit le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) à accuser quatre membres du Hezbollah de l’assassinat de l’ex-Premier ministre. Alors qu’ils sont fugitifs, un des accusés, Hussein Hassan Oneissi, a été photographié sur les lieux de l’assassinat du chef des renseignements des FSI à Achrafieh. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises !
- « La Victoire divine 1 » (2006). Le pitch. Une action militaire en territoire israélien le 12 juillet 2006 dans le but de libérer trois prisonniers dont Samir Kantar, un libanais condamné pour avoir tué une fillette israélienne de quatre ans avec la crosse de son fusil devant son père lors d’une opération « palestinienne » en 1979, dégénère gravement. Pour conséquences, nous avons une riposte hystérique de Tsahal et un affrontement entre la milice libanaise et l’armée israélien pendant 33 jours, où ni le peuple libanais ni l’armée libanaise n’ont eu leur mot à dire. Le bilan, c’est un désastre qui est à l’origine d’un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de personnes terrorisées et des milliards de dollars de dégâts matériels. L’excuse s’est résumée à un laconique « si j’avais su » de la part de sayyed Hassan Nasrallah qui découvrait sans doute la brutalité israélienne après 24 ans de « résistance »! Le délire dans l’histoire c’est la proclamation unilatérale de « La victoire divine » alors que le Liban s’est retrouvé littéralement anéanti par cette guerre qu’il n’avait pas décidée.
- « Les Jours glorieux » (2008). Le pitch. C’est l’histoire de l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban en mai 2008, afin de faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora, de conserver un réseau de télécommunications créé en toute illégalité et de garder le contrôle sécuritaire sur l’aéroport de Beyrouth. Plusieurs jours de combats de rues et un bilan très lourd, une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de libanais terrorisés, une chaine de télé brûlée, des dégâts divers ainsi que des pertes économiques et touristiques importantes.
- « Les Fugitifs » (2005-2012). C’est un film en cours de tournage. Le pitch. L’histoire commence par l’assassinat d’un ex-Premier ministre du Liban et se termine par un autre assassinat, celui du chef des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, qui enquêtait d’ailleurs sur le premier assassinat. Il s’agit d’un film interactif, le scénario est continuellement en cours de réécriture. Pour l’instant, on est arrivé au moment où l'enquête menée par les renseignements des FSI, et poursuivie par des enquêteurs internationaux mandatés par l’Organisation des Nations-Unies, conduit le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) à accuser quatre membres du Hezbollah de l’assassinat de l’ex-Premier ministre. Alors qu’ils sont fugitifs, un des accusés, Hussein Hassan Oneissi, a été photographié sur les lieux de l’assassinat du chef des renseignements des FSI à Achrafieh. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises !
Comme projet de film,
on prépare « La Victoire divine 2 ». Pour le repérage,
producteur et metteur en scène, ont encore une fois choisi le pays du Cèdre.
Ils sont déjà en pré-production avancée du prochain drame. Le Hezbollah, le
metteur en scène, est à pied d’œuvre pour que la storyboard soit prête en temps
et en heure. Le directeur de production, la Force al-Qods, des spécialistes des pasdaran
iraniens, est déjà sur place pour peaufiner le scénario. Sont sûrs d’y
participer en tant que figurants :
le président de la République libanaise, le commandant de l’armée libanaise, le
gouvernement libanais, le ministre libanais de la Défense, le Parlement
libanais, le producteur libanais des
films du Hezbollah, Michel Aoun, et surtout la souveraineté libanaise ! Une
bande-annonce a été dévoilée aux 3,5
millions de spectateurs libanais le
6 octobre, c’était l’affaire du drone
Ayoub.
Le scénario. Le Hezbollah avec
l’aide des conseillers du corps d’élite des Gardiens de la Révolution iranienne, la Force al-Qods, décide
le 6 octobre 2012 de violer l’armistice signé entre l’Etat libanais et l’Etat
hébreux le 23 mars 1949, en envoyant un drone dans l’espace aérien israélien.
Dans quels buts ? Les producteurs de l’affaire Ayoub, ont été très clairs.
Esmail Kossari, du Parlement iranien, prévient « C'est pourquoi nous disons que si Israël veut mener la moindre action
contre nous, nous y répondrons sur le territoire de ce régime ». Ramezan Sharif, des
pasdaran iraniens, avertit « les
Israéliens doivent savoir que nous possédons les informations dont nous avons
besoin sur les zones nécessaires pour une situation particulière ». Léghiz ! Dans
les deux cas, notez bien cet infâme « nous » ! En d’autres
termes, le message hezbollahi-iranien se
résume ainsi : si le besoin se fait pressant, pour une raison
hezbollahienne ou iranienne, le Hezbollah pourrait se trouver dans l’obligation
d’envoyer des « drones suicidaires » chargés d’explosifs ou des
missiles ciblés à partir des coordonnées balistiques obtenues soi-disant
par le défunt Ayoub, sur les « installations sensibles et
importantes », comprendre par-là, des installations pétrolières, gazières,
militaires et nucléaires. Une légèreté terrifiante !
On
n’en est pas encore là. Mais on risque d’y être très rapidement. Tic-tac, tic-tac,
et plus le temps passe et plus les risques d’une déflagration transfrontalière
se précisent. Tôt ou tard le Hezbollah
est confronté à plusieurs épreuves décisives pour l’avenir de son
organisation. Que fera la milice chiite en cas d’attaque des installations
nucléaires iraniennes par les Etats-Unis ou par Israël, en cas de chute du
régime syrien, en cas de victoire du 14 Mars aux élections législatives de 2013
et à la présidentielle de 2014, en cas de serrement de l’étau judiciaire sur le
Hezbollah dans le dossier de l’assassinat de Rafic Hariri et dans d’autres
assassinats commis entre 2004 et 2012, en cas de vote par le prochain Parlement
libanais d’un calendrier de désarmement de sa branche armée comme l’ont
demandé courageusement les leaders du 14 Mars il y a quelques jours ? Je ne vois qu’une seule réponse : un
remake de « La Victoire divine », la guerre de juillet 2006, et dans une moindre mesure un remake des
« Jours glorieux », l’invasion de Beyrouth de mai 2008. Déclencher
une guerre est de tout temps, le meilleur moyen de contourner la démocratie et de rester au pouvoir !
EXPLOIT
STRATEGIQUE : LA DISSUASION. Le Hezbollah
tente désespérément, il faut le dire, et depuis toujours d’ailleurs, de « vendre » aux libanais l’idée que son arsenal sert non seulement à défendre le Liban mais aussi et surtout à dissuader les Israéliens
d’attaquer le pays. Le drone Ayoub s’inscrirait dans cette stratégie.
Foutaise ! La dissuasion repose
sur un principe simple : empêcher l’adversaire d’attaquer par peur des
représailles. Cet équilibre de la terreur, ne marche que si et seulement si les deux adversaires qui font face sont du même poids, si la menace mutuelle est du
même ordre et surtout si la capacité de l’agressé de répliquer massivement est
importante. Ceci n’a jamais été le cas entre le Hezbollah et Israël et ne le
sera jamais. Certes, le Hezbollah a
réussi à envoyer 6 000 missiles et roquettes sur Israël, mais cela n’a pas du
tout empêché l’armée israélienne de s’acharner sur le Liban et de détruire
ses infrastructures ! Un bilan succinct de « La Victoire divine
1 » est à ce sujet fort éloquent : 1/3 des projectiles lancés par
le Hezbollah, soit près de 2 000 pièces, n’ont pas traversé la frontière et
sont tombés en territoire libanais ; la « Résistance » n’en
parle jamais, c’est un peu comme le footballeur pas trop fier de marquer contre
son camp ; 9 000 raids aériens ; 175 000 projectiles déversés
; 1 800 bombes à sous-munitions contenant plus de 1,2 million de sous-munition
ont été larguées sur le Liban ; des bombes au phosphore ont été utilisées ;
1 500 morts dont 1 200 civils ; plus de
4 000 blessés ; 1 000 000 déplacés (750 000 au Liban et
250 000 à l’étranger) ; 5,5 milliards de dollars de dégâts matériels (infrastructures
et édifices) ; 3 milliards de dollars comme pertes touristiques ; 3,1
milliards de dollars comme pertes économiques (recul économique, investissements
manqués) ; 15 000 logements détruits complètement, 15 000
logements détruits partiellement, 30 000 logements touchés ; bombardements
des aéroports (Beyrouth, Klayat, Ryak), des ports (Beyrouth, Jounieh,
Tripoli...), des routes, des ponts (77), des bus de transport, des camions
(450), des centrales électriques, des stations-services, des dépôts de
carburants (80), des antennes (de télévision, de radio et de téléphone), des bases
militaires de l’armée libanaise, des stations radar, des usines (lait, gaz...),
des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, du QG de la FINUL ; une
catastrophe écologique, une marée noire (Jiyé), 15 000 tonnes de brut
déversées dans la Méditerranée, 150 km de littoral souillé, pollution
atmosphérique ; blocus aérien et naval, etc. Ainsi, il est parfaitement clair que la dissuasion et l’équilibre de la terreur est une mythologie
entretenue par le parti d’Allah pour camoufler l’insoutenable légèreté d’être
du Hezbollah dans sa stratégie avec Israël depuis le retrait des troupes israéliennes du Liban
le 25 mai 2000.
NOTA
BENE. L’affaire Ayoub ne peut pas être
déconnectée des déclarations du général Mohammad Ali Jaafari, chef des pasdaran
iraniens, le 16 septembre 2012. Pour la 1re fois depuis 1979, la
République islamique d’Iran reconnaît officiellement que des militaires iraniens, des membres de la Force
al-Qods, une unité d’élite des Gardiens de la Révolution, la milice
prétorienne du régime iranien, est
présente au Liban. Pour rappel, la Force al-Qods est chargée de toutes les opérations
extérieures des pasdaran, qu’elles soient officielles ou clandestines. Signalons
au passage, la visite secrète du général Qassem Souleimani, commandant de la Force
al-Qods, au Liban au début du mois de mars 2012. Quel hasard ! Bon, on n’est pas à une
violation près de la souveraineté libanaise dira le 8 Mars. L’affaire Ayoub rappelle aussi la longue
conférence télévisuelle d’Hassan Nasrallah en août 2010 sur « la piste israélienne »
dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, qui aurait
été négligée par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Une info qui fait tilt aujourd'hui ! Et si les clichés aériens de la scène du crime, présentés par le
chef du Hezbollah comme provenant de l’interception et le décodage des données
d’un drone israélienne qui survolait Beyrouth dans la matinée de la funeste
Saint Valentin de l’année 2005, n’étaient ni israéliens ni codés, mais provenaient d’un autre drone, d’un autre
Ayoub, voire du même Ayoub abattu il y a quelques semaines ? C’est
d’autant plus plausible qu’on sait que le Hezbollah possédait des drones à
l’époque, un des siens, dénommé Mirsad, a été détruit par l’armée israélienne le
7 août 2006 lors de la guerre de juillet.
POUR CONCLURE. Nul n’a le droit de mettre la vie de 3,5
millions de personnes en danger en connaissance de cause sous quelque prétexte
que ce soit. Aujourd’hui seul le Hezbollah le fait avec une légèreté
insoutenable. Tout le monde connait
la doctrine militaire israélienne, aussi bien au Liban, dans les
Territoires occupés et lors des guerres israélo-arabes. Elle repose sur 2
éléments clés : l’attaque massive et la
riposte disproportionnée. Du nombre des morts aux dégâts matériels, tous
les chiffres sont multipliés par 2, 3, 5 ou 10, voire par 17 ! La guerre
de juillet 2006 n’échappe pas à la règle. Le plus spectaculaire de tous est
incontestablement le coût de la guerre, notamment pour un pays comme le Liban.
Le conflit entre le Hezbollah et Israël durant l’été 2006 a couté entre 8,5 et
11,6 milliards de dollars au Liban. Sachant que le PIB (Produit Intérieur Brut)
du pays du Cèdre en 2006 était de 22,6 milliards de dollars, cela représentait
38 à 51 % du PIB libanais. De l’autre côté, la guerre a coûté 4,4
milliards de dollars à Israël (coût des opérations militaires ainsi que les
dégâts matériels, les pertes économiques et touristiques). Sachant que le PIB
de l’Etat hébreux en 2006 était de 140,2 milliards de dollars, cela
représentait seulement 3 % du PIB israélien. Et certains ont encore le culot de
parler de « victoire divine » !
La guerre de juillet
2006 a démontré le fiasco de la stratégie du Hezbollah pour briser la doctrine
militaire israélienne, pour protéger le Liban et pour dissuader Israël de l'attaquer, en dépit du
courage et du sacrifice dont les miliciens du parti chiite ont fait preuve. Pour éviter de rendre des comptes
devant le peuple libanais, le Hezbollah entretint la propagande sur la
préméditation de la riposte israélienne. Argument absurde à partir du moment où
toute armée sérieuse envisage toujours le pire. Pour faire oublier sa lourde responsabilité dans cette catastrophe
infligée à la population libanaise, le Hezbollah se réfugia derrière la lâcheté
d’un « Si j’avais su ». Argument
encore plus absurde, connaissant la brutalité historique de l’armée israélienne,
il aurait dû savoir. Pour empêcher ce peuple
de se poser des questions -les plus importantes étant, pourquoi doit-il
servir de chair à canon et jusqu’à quand sera-t-il pris en otage- le Hezbollah
se retourna contre l’Intérieur (campement dans le centre-ville et fermeture du
Parlement de décembre 2006 à mai 2008, suivis par l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban en mai 2008). Aujourd’hui,
le peuple libanais doit être pleinement conscient de ce que l’Iran et le Hezbollah
lui préparent en coulisse à travers l’affaire Ayoub : un remake de la
guerre de juillet 2006, « La Victoire divine 2 » ! Tout
n’est plus qu’une question d’opportunité, de nécessité et de timing. Eu égard à
l’affaire Ayoub et aux déclarations du Hezbollah, l’insoutenable légèreté
d’être du Hezbollah et des sympathisants du Hezbollah est non seulement
dangereuse, mais elle coûte très chère au Liban. Le peuple libanais est prévenu. Lui non plus ne pourra pas dire « Si j’avais su ». Il
aura l’occasion de changer de cap aux prochaines élections législatives du
printemps 2013, en espérant qu’il ne sera pas trop tard !
Mises à jour
- 25 nov. 2012
Vive protestation du président de la République libanaise, Michel Sleimane, adressée au président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, sur l'envoi du drone Ayoub et sur le fait que les infos recueillies ont été remises à l'Iran sans en avoir informé ni le Président de la République libanaise, ni le gouvernement libanais. Cette démarche fut considérée par Michel Sleimane comme « une ignorance des sentiments des libanais et de leur attachement à leur souveraineté nationale ».
- 9 janv. 2013
في موضوع طائرة أيوب قال سليمان: "عند مراجعة هذا الملف يتبين الكثير من النقاط لكنني كنت أفضل أن يبقى عمل المقاومة سرياً، وإذا أعلن فيجب على الأقل إطلاع رئيس الجمهورية قبل إعلانه إذا لم نقل قبل إطلاق الطائرة المذكورة. ولا أرى أن كان يجب على إيران الدولة الصديقة والشقيقة أن تعلن عن حصولها على الصور في حين أن رئيس الجمهورية اللبنانية لا علم لديه بالموضوع. أما في كل ما يخص إسرائيل فموقفي واضح ولا لبس فيه".
الأنباء 9 كانون الثاني 2013
Mises à jour
- 25 nov. 2012
Vive protestation du président de la République libanaise, Michel Sleimane, adressée au président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, sur l'envoi du drone Ayoub et sur le fait que les infos recueillies ont été remises à l'Iran sans en avoir informé ni le Président de la République libanaise, ni le gouvernement libanais. Cette démarche fut considérée par Michel Sleimane comme « une ignorance des sentiments des libanais et de leur attachement à leur souveraineté nationale ».
- 9 janv. 2013
في موضوع طائرة أيوب قال سليمان: "عند مراجعة هذا الملف يتبين الكثير من النقاط لكنني كنت أفضل أن يبقى عمل المقاومة سرياً، وإذا أعلن فيجب على الأقل إطلاع رئيس الجمهورية قبل إعلانه إذا لم نقل قبل إطلاق الطائرة المذكورة. ولا أرى أن كان يجب على إيران الدولة الصديقة والشقيقة أن تعلن عن حصولها على الصور في حين أن رئيس الجمهورية اللبنانية لا علم لديه بالموضوع. أما في كل ما يخص إسرائيل فموقفي واضح ولا لبس فيه".
الأنباء 9 كانون الثاني 2013