jeudi 31 août 2017

Encore ce triomphalisme insolent du Hezbollah en août 2017, comme en mai 2008 et en juillet 2006, et toujours des béni-oui-oui pour l'applaudir (Art.460)


Même pas peur du ridicule, la suite. « Nous avons mené des raids aériens qui ont créé un cratère et détruit un petit pont, afin d'empêcher le convoi (de centaines de jihadistes de Daech évacués du Liban) de progresser vers l'Est (de la Syrie)... Si nous pouvons frapper l'Etat islamique ou nous sommes en mesure de le faire sans nuire aux civils, nous le ferons. » C'est ce qu'a déclaré hier, le colonel Ryan Dillon, le porte-parole de la Coalition internationale. Il y a 96% de chances que ça soit un avion américain. Comme c'est enquiquinant. Après les bus climatisés pour que les jihadistes ne souffrent pas trop de la chaleur accablante du désert syrien, les glaces à l'eau de rose pour relever la romance, la cellule psychologique spécialement dépêchée par Hassan Nasrallah pour atténuer le traumatisme du déracinement, les rasoirs Gillette distribués par Bachar el-Assad dans les bus pour que les affreux énergumènes se fassent tout beau, il va falloir qu'on leur trouve des chambres d'hôtel dans la région en attendant une éclaircie. Bon, pour tuer l'ennui, Asma el-Assad, une autre serpent de la Genèse comme Claire Underwood, grrrrrrr, profitera peut-être pour leur faire une visite guidée de la vieille ville de Palmyre. Le régime pourra même les déradicaliser et les réintégrer dans l'armée syrienne et réussir l'exploit de recycler ces jihadistes jetables. Trêve de plaisanteries, allons dans le vif du sujet.


Flashback. Fin juillet, le Hezbollah mène dans la précipitation, une opération milicienne que j'ai appelée « Anti-Liban 1 » sur le versant ouest de la magnifique chaine de montagnes de l'Est du Liban, pour couper l'herbe sous les rangers de la troupe. Quelque semaines plus tard, l'armée libanaise lance une opération militaire sur le versant ouest de l'Anti-Liban (Liban), baptisée « Fajr el-Jouroud », en faisant fi des désespérantes tentatives du Hezbollah pour établir une coordination officielle avec une opération milicienne déclenchée quelques heures plus tard à la hâte côté syrien, par la milice chiite libanaise et le régime alaouite syrien, qu'on peut appeler « Anti-Liban 2 ».

On nous dit que c'est dans l'intérêt du Liban, et patati et patata, et patatipatali et patatatipatala, blablabla. Ouf, si vous y arrivez, chapeau! Cette tragédie en trois actes qui s'est déroulée sur le mont Anti-Liban, quelle appellation ironique!, posent à certains Libanais dont je fais partie, trois problèmes majeurs.

. Le premier concerne le théâtre des opérations. Tout ou presque se déroule au Liban et pourtant, les dirigeants de l'Etat libanais sont aux abonnés absents ou presque. Pas de réunion de crise, pas de mobilisation générale, pas d'état de guerre, pas de déclaration saisissante, rien, que dalle. Tout ce qui semble les intéresser c'est l'application stricte du Code de la route aux bus de Daech.

. Le second concerne les cinq protagonistes. Ils sont tous considérés comme des entités terroristes (officiellement ou officieusement), par l'écrasante majorité des pays du monde, (pays arabes, européens et occidentaux notamment), à l'exception de l'armée libanaise, qui a le respect du monde entier. Voilà pourquoi les manigances de Hassan Nasrallah depuis des mois pour forcer la coordination-coopération entre le Liban et la Syrie étaient un vœu pieux et grotesque.

Gebran Bassil, ministre libanais des Affaires
étrangères et chef du Courant patriotique libre,
allié du Hezbollah depuis le 6 février 2006,
à deux jours d'intervalle svp !
. Le troisième concerne l'épilogue. Il renferme une fin heureuse et trois fins malheureuses. D'une part, le territoire contrôlé par Daech et Nosra est libéré. D'autre part, on apprend que les militaires kidnappés en août 2014 sont morts. Pire encore, ils auraient été tués en février 2015. Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, l'a affirmé à trois reprises. La dernière fois, il a précisé que l'Etat libanais était même « en possession de photos des corps des militaires enlevés ». Il faut croire que le général tient à faire passer le message! Et pourtant, cela ne semble offusquer personne de l'échiquier politique et d'une partie de la société civile à l'indignation sélective: les dirigeants libanais ont décidé de prolonger le calvaire des familles des militaires de deux ans et demi. Et alors? Faut pas faire un drame! Plus grave encore, les terroristes de Daech et Nosra, sont repartis sains et saufs comme si de rien n'était, grâce au bon vouloir de Hassan Nasrallah et à la bienveillance de Bachar el-Assad, toujours dans l'indifférence générale des dirigeants libanais et d'une partie de la société civile, alors que les jihadistes sont responsables des attaques des positions de l'armée libanaise et des forces de sécurité intérieure dans la Bekaa en août 2014 (au cours desquelles, une trentaine de militaires ont été kidnappés et plusieurs dizaines tués et blessés), ainsi que de la décapitation et de l'exécution par balle de quatre militaires libanais en captivité (2014) et de l'exécution de huit autres dans des conditions non encore élucidées (2015).

Et dire que certains compatriotes ne savent plus quoi inventer pour défendre l'immonde et dédouaner les dirigeants de l'Etat libanais et du Hezbollah. « Ah mais tout s'est déroulé en Syrie! » Mais voyons, les jihadistes de Daech et Nosra n'étaient en réalité que des randonneurs adeptes du camping sauvage qui s'étaient égarés dans l'Anti-Liban peut être. Et les attaques, les enlèvements, les décapitations, les exécutions, les combats, les morts et les blessés, ils ont tous eu lieu en Syrie peut être aussi, allez savoir ! Pathétique. En tout cas, de deux choses l'une: soit l'Etat voulait arrêter ces criminels et les juger, mais ils sont filés clandestinement en Syrie, avec les guides de montagne du Hezb ; soit ils sont passés au vu et au su de tout le monde. Le premier cas pose le problème chronique du contrôle de la frontière syro-libanaise hermétiquement et dans les deux sens. Le deuxième pose le problème de la complicité des dirigeants de l'Etat libanais avec le Hezbollah.

*

Cela fait des semaines que je l'écris dans mes articles, le Hezbollah s'est lancé depuis cet été dans une recherche désespérée d'une « victoire ». Il lui en faut une, c'est vital. La communauté chiite libanaise en générale et les miliciens du Hezbollah en particulier ont été très éprouvés par les six années de guerre en Syrie. Ils ont perdu près de 2 000 combattants chiites dans une guerre civile enlisée, dans un pays voisin, pour sauver la tyrannie alaouite des Assad et s'embrouiller pour le reste du siècle avec les communautés sunnites arabes, par la faute d'Ali Khameneï, le guide suprême de la République islamique d'Iran, le seul à même de se prononcer sur les questions stratégiques de l'Internationale Chiite, à laquelle adhère le Hezbollah.

Qu'importe que « sa victoire » soit fausse. La « victoire divine » de juillet 2006 nous a couté plus de 1 200 morts et l'équivalent de 50% de notre PIB, contre 4% côté israélien, afin de libérer Samir Kuntar, un ressortissant libanais auteur d'une attaque terroriste palestinienne sur le territoire israélien commise en 1979 et du meurtre d'une fillette israélienne de quatre ans, tête écrasée avec la crosse d'un fusil devant son père, pour qu'il aille finir ses jours en combattant aux côtés du régime syrien. Qu'importe que « sa victoire » soit honteuse. Le « jour glorieux » de mai 2008 a fauché la vie de près de 75 Libanais, saboter l'autorité de l'Etat et mis le Liban tout entier à deux doigts de la guerre civile. Qu'importe que « sa victoire » soit humiliante. La « deuxième libération » d'août 2017, que le Hezbollah fêtera aujourd'hui, a conduit au retrait sous bonne escorte des terroristes de Daech et de Nosra, de l'Anti-Liban vers la Syrie, alors qu'ils sont responsables de l'exécution d'une douzaine de soldats de l'armée libanaise, dont au moins deux par décapitation et deux par une balle dans la tête, photographiée et diffusée sur les réseaux sociaux. On voit bien bien que le Hezbollah n'a rien à foutre ni du Liban ni des Libanais ni de l'armée libanaise. On pourra rajouter, ni des combattants chiites ni de la communauté chiite toute entière d'ailleurs. Ce qui compte pour le Hezb ce sont les intérêts de l'Internationale Chiite tels qu'ils sont fixés par wali el-fakih, Ali Khameneï.

*

Tous les Libanais sans exception sont aujourd'hui reconnaissants et fiers du sacrifice et de l'exploit de l'armée libanaise. Par sa combativité, sa force de frappe et sa puissance de feu, elle a magistralement rempli sa mission : libérer le territoire libanais occupé par l'Etat islamique et ramener à leurs familles, les dépouilles des enfants de la patrie sauvagement exécutés par cette organisation terroriste multinationale agonisante à dominante syro-irakienne. Ce point ne fait pas débat.

C'est sur le reste de l'histoire que les Libanais se divisent. Aujourd'hui, une frange de Libanais, les partisans du Hezbollah et du Courant patriotique libre, se rendront dans la Bekaa, à la demande du parti et de la milice chiite, pour fêter la « deuxième libération ». D'autres y seront de tout cœur avec eux. C'est leur droit. El-Baalbaki fait partie de celles et ceux qui n'iront nulle part et ceci pour trois raisons.

. Primo, figurez-vous el chabibé el taïbé ne savent pas compter. Mais enfin, ce n'est pas la deuxième libération dont il s'agit, mais de la troisième, pardi! La deuxième libération a eu lieu le 26 avril 2005, quand les troupes syriennes de la tyrannie des Assad ont quitté le Liban, après 29 ans d'occupation et tant de bombardements, de massacres, d'assassinats et de répressions. On pourra même dire que c'est la quatrième en fait, en reconnaissant que la première correspond à celle où l'on a mis fin à l'Etat dans l'Etat, à l'anomalie de l'époque que constituait l'OLP, l'Organisation de la Libération de la Palestine, au Liban. Que le Hezbollah ait commis cette erreur de comptage historique grossière, c'est compréhensible. Il l'a fait exprès. Il vit dans sa bulle. Puis, rappelez-vous, il a crié haut et fort un certain 8 mars 2005 « Merci la Syrie des Assad » et tenter désespérément de perdurer l'occupation syrienne du Liban. Mais alors, que le Courant patriotique libre, ne se rend pas compte de ce mépris, et aille applaudir naïvement à Baalbek l'héros du jour, c'est aussi incompréhensible qu'impardonnable.

. Secundo, l'invitation émane du Hezbollah et de ce fait, elle pose problème à certains compatriotes comme moi. Avec ce parti-milice le passif est lourd, très lourd. On y trouve le maintien de sa milice et la détention d'armes en violation de la Constitution libanaise et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU 1701 et 1559 (27 ans après la fin de la guerre civile libanaise) ; les assassinats politiques dont celui de Rafic Hariri et de 21 autres personnes (mais diable, comment peut-on fêter quoi que ce soit avec le Hezb alors qu'en ce moment même, les victimes de l'attentat terroriste du 14 février 2005 sont à la barre du Tribunal Spécial pour le Liban à La Haye pour crier leur douleur!) ; la constitution d'un Etat dans l'Etat (armes, réseaux de télécommunication, contrôle du port de Beyrouth et de l'aéroport, zones de non droit, etc.) ; les violations de la souveraineté libanaise (les opérations Anti-Liban par exemple) ; l'implication du Liban dans la guerre civile en Syrie (qui est en partie responsable de l'afflux des réfugiés syriens et des jihadistes au Liban) ; sa classification comme entité terroriste par les pays arabes et européens (ainsi que les Etats-Unis) ; la volonté d'établir une république islamique chiite au Liban (comme l'affirment des dirigeants du Hezb régulièrement, la dernière fois c'était cheikh Naïm Qassem en 2016!) ; et j'en passe et des meilleures. Alors, ça va aller ou je continue ?



. Tertio, ce que le Hezbollah et le Courant patriotique libre, alliés depuis le 6 février 2006, fêtent aujourd'hui est totalement inacceptable. D'une part, la libération du territoire libanais de l'organisation terroriste Daech et le retour des dépouilles des militaires, c'est à l'armée libanaise que les Libanais le doivent. Ainsi, il revient à la troupe seule de le faire et sans aucun partage. Fêter quoi que ce soit avec une milice illégale alors que l'armée nationale est en deuil et n'a encore rien fêté en grande pompe, est tout simplement indécent! D'autre part, nous nous réjouissons bien entendu du fait que le Liban soit aujourd'hui débarrassé de l'autre organisation terroriste, Fateh el-Cham (ex-Nosra). Mais, nous n'avons rien demandé à la milice chiite, c'était à l'armée libanaise de le faire, et elle allait le faire si la milice chiite n'avait pas précipité son opération Anti-Liban 1. Pire encore, il n'a échappé qu'aux aveugles et aux autruches que le Hezbollah ne l'a fait que pour être sur le podium des vainqueurs justement, remonter le moral de ses troupes, ramener ses fidèles pour l'applaudir et tenter de convaincre les récalcitrants qu'il a apporté sa contribution à la libération du territoire libanais des jihadistes syriens et que de ce fait, « l'anomalie » qu'il constitue au Liban, est pleinement justifiée et doit perdurer ad vitam aeternam. Et puis au-delà de tout cela, comment n'éprouvent-ils aucune gêne à nous demander de fêter leur victoire, alors que la fin de l'histoire est tout simplement honteuse? Le Hezbollah et le régime d'Assad, des entités terroristes, ont négocié avec deux organisations terroristes, Daech et Nosra, qui ont attaqué l'armée libanaise, enlevé des militaires libanais et exécutés des enfants de la patrie, pour les laisser partir en Syrie, comme si de rien n'était. Non merci, c'est avec Gebran Bassil et le Courant patriotique libre peut-être, mais c'est sans nous. Comme l'affirme le colonel Ryan Dillon : « Leur prétention de combattre le terrorisme semble creuse lorsqu'ils permettent à des terroristes connus de transiter par le territoire qu'ils contrôlent. L'Etat islamique-Daech est une menace mondiale. La relocalisation d'un endroit à un autre, n'est pas une solution durable ». Et encore, il est très poli.

*

Parlons peu, parlons bien. Aujourd'hui, nous avons deux Liban irréconciliables. On a d'un côté, les Libanais qui gobent encore la mythologie du Hezbollah en 2017, comme en 2008 et en 2006, et de l'autre côté, les Libanais qui résistent à toute cette mascarade. Dans votre Liban, les assassins échappent à la justice, qu'ils aient tué un Premier ministre ou des soldats. Dans notre Liban, ils sont capturés, jugés, condamnés et emprisonnés. Dans votre Liban, vous fêterez la « deuxième libération » autour d'une milice illégale, dans la joie, la bonne humeur et l'amnésie générale. Dans notre Liban, nous fêterons la « quatrième libération », après avoir enterré dignement nos morts et une période décente de deuil, avec l'armée libanaise seule et sans partage.

lundi 28 août 2017

Chronique d'une mort annoncée : le martyre des familles des militaires enlevés, le sacrifice de l'armée, la barbarie de Daech, l'hypocrisie de l'Etat libanais et les manigances du Hezbollah (Art.458)


- Dimanche 27 août, 5h22 du matin. L'armée libanaise annonce dans un communiqué qu'elle effectuera une pause dans ses opérations menées sur la chaine de montagnes de l'Anti-Liban, Fajr el-Jouroud. Le cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur à 7h du matin est censé permettre à ceux qui sont impliqués dans ce dossier « d'engager la dernière étape des négociations (avec Daech) concernant le sort des militaires enlevés (en août 2014) ». Lueur d'espoir.


Hussein Youssef, père du soldat Mohammad Youssef,
porte-parole des familles des militaires libanais enlevés
par l'organisation terroriste Daech en août 2014

8h40. Le « média militaire » du Hezbollah annonce que « les tirs ont cessé à 7h du matin de ce dimanche, dans le cadre d'un accord global pour mettre fin à la bataille dans le Qalamoun de l'ouest (Syrie) contre l'organisation Daech ». Tiens, tiens, à « 7h » du matin aussi et « accord global », comme par hasard! Mais enfin, dans le Qalamoun libanais, l'armée libanaise a annoncé son cessez-le-feu 3 heures et 18 minutes avant celui de la milice chiite libanaise et du régime syrien. Il n'échappe à personne que le but de cette manœuvre basse du Hezbollah est de faire croire qu'il y a une « coordination » entre l'armée libanaise et l'armée syrienne. Ridicule et grotesque.

- Vers 9h30. Le ministre libanais de la Défense, Yakoub Sarraf, déclare de Ras Baalbek: « Comme nous avons préparé la bataille des Jouroud et nous l'avons gagné, l'armée prépare le retour des kidnappés et elle l'assurera ». Quant à Gebrane Bassil, ministre libanais des Affaires étrangères, qui était lui aussi sur place, pas loin du front, il a fait savoir : « Nous avons une pensée pour les militaires enlevés », ainsi que pour deux évêques orthodoxes syriens et un photographe libanais disparus en Syrie en 2013. Rayon d'espoir.

- Vers 10h, Abbas Ibrahim, le directeur général de la Sûreté générale, l'officier chargé par l'armée de suivre l'affaire, affirme devant les caméras de la chaine du Futur que « le dossier des militaires otages de l'organisation terroriste Daech sera refermé aujourd'hui ». Premier malaise.

- Vers 13h. Les familles des militaires enlevés s'activent et se rassemblent place Ryad el-Solh à Beyrouth. Malgré la tension, elles affirment qu'elles ont toujours une « lueur d'espoir » de revoir leurs fils sains et saufs. Le père de l'un d'entre eux, Hussein Youssef , porte-parole des familles des militaires, a résumé la situation en ces termes : « Nous vivons une tragédie et une douleur et nous nous attendons à une nouvelle horrible et cruelle, mais nous espérons que ça sera un mensonge ». Hussein Youssef est d'une noblesse et d'une dignité remarquables, qui contrastent avec l'hypocrisie incompréhensible de l'Etat libanais et les basses manigances du Hezbollah.

- Vers 16h. Des médias officiels syriens annoncent « qu'après les succès réalisés par nos forces armées (syriennes) en coopération avec la résistance nationale libanaise (milice chiite) dans les jouroud du Qalamoun de l'ouest (Syrie), l'accord conclu entre le Hezbollah et l'organisation terroriste Daech a été approuvé (par le régime alaouite syrien) ». Deuxième malaise. Tenez-vous bien, selon les termes de l'accord, le régime de Damas permettra aux jihadistes de Daech de se retirer des zones frontalières libano-syriennes pour aller s'installer dans l'Est de la Syrie, Deir el-Zorr. Comprenne qui pourra! Daech s'engage aussi à remettre au Hezbollah les dépouilles de cinq miliciens chiites libanais tués en Syrie. Quelle magnifique entente entre des gens civilisés, n'est-ce pas? Pour rappel, le régime de Bachar el-Assad, le Hezbollah et Daech, sont considérés par la quasi totalité de la communauté internationale, officiellement ou officieusement, comme des entités terroristes.

- Vers 16h30. Les habitants du village chrétien de Qaa, qui se situe à un jet de pierre de la frontière syro-libanaise et des combats menés par l'armée libanaise contre Daech et qui a été frappé par huit attentats-suicides le 27 juin 2016 (ayant fait cinq morts et une trentaine de blessés) dénoncent l'hypocrisie régnante et les manigances en cours, et déclarent : « Nous nous demandons étonnés, pourquoi on fait passer ces terroristes en Syrie, avant de les interroger et de les punir par des sanctions appropriées? Est-ce que le sang de nos héros innocents ne mérite pas une enquête pour connaître les circonstances de ce crime terroriste, qui l'a organisé et dans quel but? » Troisième malaise de la journée.

- Vers 17h, Abbas Ibrahim, annonce devant les familles des otages à bout de forces et de peine, que les militaires qui étaient otages de Daech sont probablement morts. « J'aurai souhaité que ce dossier soit clos comme les précédents. Malheureusement, il a été clos par une page noire. » Quatrième malaise.

- Vers 19h, l'armée libanaise annonce que « les dépouilles des huit personnes » découvertes dans la localité de Wadi el-Dib, qui se situe dans Jouroud Ersal, seront transférées à l'hôpital militaire afin d'effectuer des tests ADN et de les identifier. L'identification peut prendre des jours, voire des semaines, selon l'état des dépouilles. D'après les premières infos, il s'agirait probablement du corps des militaires (nombre, lieu, vêtements, chaussures, etc.) et leur mort serait ancienne. Cinquième malaise.

- Vers 21h30. Abbas Ibrahim déclare via la chaine NBN : « La Sûreté Générale avait des informations (depuis février 2015) sur l'exécution des militaires dans Wadi el-Dib ». Cet aveu sincère passe comme si de rien n'était, alors qu'il soulève beaucoup d'interrogations.

- Flashback. Jeudi 24 août. Hassan Nasrallah révèle l'existence de « négociations » entre le régime terroriste d'Assad et l'organisation terroriste de Daech, qui concernent entre autres, la libération des militaires libanais enlevés par les jihadistes de l'Etat islamique en aout 2014. Pour que les négociations aboutissent et y parvenir, le chef du Hezbollah fait savoir « qu'une coopération avec Damas et une demande officielles de la part du Liban sont nécessaires ».

Le 2 aout 2014, trente militaires ont été enlevés dans la région d'Ersal par les deux organisations terroristes, Daech et Al-Nosra (actuellement Fateh el-Cham): 4 seront exécutés rapidement (deux décapités/Daech et deux par balles/Nosra),  1 décédera de ses blessures, 1 rejoindra Daech, 16 seront libérés par Al-Nosra en 2015 et 8 auraient été exécutés par Daech en février 2015 (photo)

Entre le martyre des familles des militaires enlevés, le sacrifice de l'armée, la barbarie de Daech, l'hypocrisie de l'Etat libanais et les manigances du Hezbollah, vous venez de lire la chronique d'un dimanche qui restera dans les annales et les mémoires.

Les trois premiers points sont indiscutables.
. Rien qu'à regarder le visage digne de cet homme, Hussein Youssef, le père de Mohammad Youssef, on comprend que le martyre des familles des militaires libanais était immense. Leur calvaire a duré trois ans, plus de mille et une nuits d'affliction insoutenable. Et ce n'est pas fini.
. Le sacrifice de l'armée libanaise n'échappe à personne. Elle vient de réaliser deux choses : d'une part, libérer un territoire du Liban des jihadistes de Daech, et d'autre part, prouver aux yeux de tous, à l'exception des aveugles et des autruches, les limites militaires d'une milice-guérilla, incapable d'écraser une organisation terroriste comme Daech seule.
. Nul n'avait besoin de cet acte funeste pour découvrir la barbarie de Daech, une organisation terroriste, sans foi ni loi.

Ce qui pose problème pour une partie des Libanais ce matin, ce sont les deux autres points. Qui a suivi l'actualité libanaise de près ce dimanche, ne peut que parvenir à deux conclusions incontournables.

. D'un côté, il est clair que des responsables de l'Etat libanais savaient que les militaires libanais enlevés en août 2014 ont été exécutés par l'organisation terroriste Etat islamique en février 2015. Ils ne l'ont pas dit aux familles éplorées. On nous embobinera par une formule bidon du genre, on voulait les protéger. L'hypocrisie de certains dirigeants libanais est affligeante! Pire encore, ils ne l'ont pas dit aux Libanais attristés non plus. Eh oui, il ne faut pas oublier, cette affaire est aussi, celle de tous les citoyens qui ont encore une fibre humaniste et patriotique. Plus grave encore, ils ne l'ont pas dit aux braves soldats de l'armée libanaise engagés dans l'opération Fajr el-Jouroud, pour libérer la terre et les hommes. Comment je peux en être certain? Mais enfin, dans le cas contraire, il n'y aurait pas eu ni de cessez-le-feu ni de communiqué ni de tweet à 5h22 du matin!

Par conséquent, les familles, les Libanais et les soldats de l'armée libanaise sont aujourd'hui en droit d'exiger des responsables libanais trois réponses concrètes: qui savait que les militaires ont été exécutés, qui a décidé de ne pas révéler leur assassinat et pourquoi a-t-on gardé leur exécution secrète pendant deux ans et demi? Une commission d'enquête doit être créée et chargée de faire toute la lumière sur cette sombre affaire. D'ici là, le président de la République Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, doivent expliquer aux Libanais, au nom de quoi et de qui, l'Etat libanais laisse une milice accorder aux assassins des enfants de la patrie, le droit de partir en Syrie, comme si de rien n'était et sous bonne garde, du régime de Damas?

. D'un autre côté, dans sa précipitation, le Hezbollah, qui était à la recherche désespérée d'une victoire rapide et nette au Liban -pour remonter le moral de ses troupes, miliciennes et civiles, très éprouvées par six années de guerre en Syrie (ayant fait près de 2 000 morts dans leurs rangs)- a accumulé les erreurs ces derniers temps. Il a cru que la « coopération-coordination » entre le gouvernement libanais et le régime syrien était une chose acquise, grosse erreur. Il y travaille depuis plusieurs mois. Rappelez-vous, au début, on parlait de coopération au sujet du retour des réfugiés syriens du Liban en Syrie. Ça n'a pas marché. Le Hezb a été surpris par la résistance côté libanais. C'est à ce moment qu'il a précipité son opération milicienne contre al-Nosra, fin juillet, pour couper l'herbe sous le pied des soldats libanais et les forcer à coopérer. Echec aussi. L'armée libanaise lance son opération militaire contre Daech en ignorant le Hezbollah. Coincé, il décide alors de traverser la frontière de l'Anti-Liban pour aller se battre contre Daech aux côtés de l'armée syrienne, et faire croire qu'il y a coordination. La troupe libanaise écrase Daech plus vite que la milice libanaise ne le pensait. Cette dernière avait encore une fois, sous-estimé la rapidité, la réactivité et la puissance de l'armée libanaise. Les opérations militaires de l'armée libanaise étaient à leur fin et toujours pas de coopération réelle. Le Hezb décide alors de dépêcher des ministres pro-syriens à Damas et déclare qu'il y avait coopération, mais que du côté libanais, on ne veut pas l'avouer. En vain. Acculé, il s'est souvenu subitement du sort des militaires libanais retenus en otages par Daech. Belote et rebelote, si vous voulez les libérer, il faut coopérer avec Damas. Ça ne marche toujours pas. Fajr el-Jouroud entre dans sa dernière phase, Daech est pratiquement écrasée, l'armée libanaise annonce dimanche à 5h22 un cessez-le-feu pour 7h sur le versant ouest de l'Anti-Liban (Liban), afin de permettre à Abbas Ibrahim de faire la lumière sur le sort des militaires libanais enlevés. Précipitation du Hezb, qui annonce 3 heures et 18 minutes plus tard, à 8h40, qu'un cessez-le-feu est entré en vigueur à 7h du matin, côté syrien aussi. C'est c'là oui! C'est la dernière tentative en date pour faire croire aux naïfs de la dernière pluie, qu'il y a coopération et coordination des opérations militaires entre le Liban et la Syrie. 

La suite, nous la connaissons maintenant. Les militaires libanais auraient été exécutés par Daech vers le mois de février 2015. Le Hezbollah le savait forcément. Toutes ses manigances depuis le début de l'été jusqu'à ce dimanche inclus, n'avaient qu'un seul et unique but : forcer le gouvernement de Saad Hariri à coopérer avec le régime terroriste de Bachar el-Assad. Tout le reste n'est que poudre aux yeux. Ce soir, Hassan Nasrallah doit s'expliquer et répondre à deux questions fondamentales que se pose tout citoyen patriote et humaniste libanais : pourquoi a-t-il délibérément utiliser le dossier des militaires libanais enlevés par Daech à des fins politiciennes, et surtout, au nom de qui et pourquoi, la milice chiite du Hezbollah laisse filer les terroristes de Daech en Syrie, ceux qui ont assassiné les militaires libanais, sous la bonne garde du régime alaouite de Bachar el-Assad?

J'avais terminé mon article du 19 août « Liban vs. Daech : afin que le combat, l'effort et le sacrifice de l'armée libanaise ne soient pas vains », par le paragraphe suivante : « Si le pouvoir politique au Liban et le Hezbollah ne font pas ce que leur impose le devoir patriotique envers la nation (donner l'ordre à l'armée libanaise de tenir la frontière syro-libanaise d'une main de fer et la contrôler dans les deux sens; retirer tous les miliciens du Hezbollah de Syrie), le combat, l'effort et le sacrifice de l'armée libanaise seront vains. Hélas, ça ne sera pas la première fois dans l'histoire que des politiciens gaspillent les bénéfices d'une victoire durement gagné par les militaires. » C'est toujours vrai et plus que jamais.

samedi 19 août 2017

Liban vs. Daech : afin que le combat, l'effort et le sacrifice de l'armée libanaise ne soient pas vains (Art.456)


« Au nom du Liban, des soldats kidnappés, du sang des martyrs innocents et au nom des héros de la grande armée libanaise, je lance l'opération 'Fajr el-Jouroud' ». Après des semaines de préparation et d'intenses bombardements de la région, le chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, vient d'annoncer le déclenchement officiel des opérations militaires d'envergure, impliquant les armées de terre et de l'air, « L'aube des régions désertiques », pour déloger Daech-Etat islamique de la chaine de montagnes de l'Est du Liban. Cette bonne nouvelle nous conduit vers trois réflexions sur ce sujet.

Photo diffusée par l'armée libanaise

1. Pourquoi avoir attendu si longtemps?

Disons-le sans détour, parce que le Hezbollah n'en voulait pas pendant longtemps. Ah si. Et quand il s'est résigné à accepter l'idée, il voulait la mener comme et quand bon lui semblait, ce qui était inacceptable pour un Etat souverain. Eh oui. Ce n'est que lorsqu'il s'est rendu compte que le gouvernement Hariri nettoyera la chaine de montagnes de l'Est, et que la décision était irrévocable, qu'il a improvisé l'opération Anti-Liban il y a quelques semaines.

Pour le prouver rappelons-nous deux faits indiscutables. La présence de combattants syriens anti-régime en territoire libanais sur la frontière syro-libanaise est attestée depuis au moins le début de l'année 2013. Je l'ai dénoncé dans un article à l'époque. C'était des éléments de l'Armée syrienne libre, les rebelles dits modérés. Pas de Daech & Co encore. L'afflux et l'installation des jihadistes au Liban, comme ceux d'un million et demi de réfugiés et de déplacés syriens d'ailleurs, ont eu lieu essentiellement entre 2011 et 2014, à une période où le pays du Cèdre était dirigé par un gouvernement composé exclusivement des forces politiques du camp dit du 8-Mars (pro-Assad et pro-Hezb), le gouvernement Najib Mikati (Hezbollah, Courant patriotique libre, Amal, Parti socialiste, etc.). Et pourtant, ce n'est qu'à l'été 2017 que le Hezbollah a décidé de bouger et a soi-disant forcé l'Etat libanais à nettoyer le jurd. Comprenne qui pourra! En réalité, la milice chiite libanaise s'y opposait jusqu'à maintenant pour trois raisons principales.

. Primo, parce qu'elle ne voulait pas que l'armée libanaise le fasse seule. Non mais quoi encore, elle en sortira renforcée bien entendu, ce qui pourrait remettre en question la propagande du Hezb sur la faiblesse, l'incapacité et l'impuissance de la troupe libanaise à protéger le Liban, et du coup, remettre en cause l'utilité et l'existence même de cette milice chiite, auto-proclamée "La Résistance", qui combat Israël à Damas!

. Secundo, parce qu'elle voulait absolument y participer pour pouvoir en tirer bénéfice. Or, cette bataille n'était pas prioritaire pour le Hezb dans le passé. Elle pouvait mobiliser beaucoup d'hommes, pendant longtemps, alors que l'urgence était en Syrie, où l'existence de la tyrannie des Assad était sérieusement menacée.

. Tertio, parce que la neutralisation de la chaine de montagnes de l'Anti-Liban des éléments jihadistes, pose inévitablement la question qui fâche, depuis des décennies, tracer la frontière syro-libanaise et la contrôler dans les deux sens, le cauchemar absolu de Bachar el-Assad et du Hezbollah.

2. L'opération « L'Aube des régions désertiques » de l'armée libanaise et l'opération « Anti-Liban » du Hezbollah, sont-elles comparables?

Absolument pas, ni dans la forme ni dans le fond.

Dans la forme, la nature des protagonistes est totalement différente. L'opération Fajr el-Jouroud, qui a commencé ce matin, oppose les forces militaires de l'Etat libanais, contre les jihadistes d'une organisation terroriste multinationale à dominante syro-irakienne, Daech, appelée abusivement Etat islamique. Par contre, qu'on le veuille ou pas, que ça plaise ou non, à juste titre ou à tort, tous les protagonistes qui étaient impliqués dans l'opération que j'ai baptisée "Anti-Liban" (qui a eu lieu il y a quelques semaines), le régime syrien, le Hezbollah et Fateh el-Cham, sont qualifiés par une partie ou par la totalité de la communauté internationale de terroristes. Mais encore, le Hezbollah est une milice communautaire exclusivement chiite, qui évolue illégalement en parallèle avec les forces militaires légales, elle détient des armes en violation de la Constitution libanaise, des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU (1559 et 1701) et du droit international. L'armée libanaise elle, est composée de tous les enfants de la patrie, toutes appartenances communautaires confondues. Grande nuance et non des moindres.

Et ce n'est pas tout. Tous les experts savent que la bataille contre les jihadistes nécessite une force de frappe et une puissance de feu bien plus importantes que celles dont dispose le Hezbollah. Désolé de briser la romance de certains pour ce dernier, mais la milice chiite libanaise, une guérilla par excellence, est totalement incapable de vaincre des groupes jihadistes, des guérillas aussi, dans une région désertique comme le Jurd, seule. L'armée libanaise si, puisqu'elle seule en dispose, de la force de frappe et de la puissance de feu nécessaires. Comme pour Fateh el-Islam en 2007, elle écrasera Daech, sans l'ombre d'un doute. 

Mais puisqu'on y est, rappelons aux amnésiques admirateurs du drapeau jaune, qu'à l'époque, Hassan Nasrallah avait établi une « ligne rouge ». Il avait tenté d'empêcher la troupe de pénétrer dans le camp palestinien du Nord-Liban, pour déloger les terroristes. Il voulait bien faire pénétrer dans certains esprits prédisposés, la propagande selon laquelle l'armée libanaise serait faible, impuissante et incapable. Une façon de justifier l'anomalie que constitue la présence d'une milice communautaire armée au Liban, 26 ans après la fin de la guerre civile libanaise.

Dans le fond, les objectifs des deux opérations ne sont pas les mêmes, mais alors là, pas du tout. Ceux de l'armée libanaise ont été fixés conjointement par le président de la République, Michel Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise, le Conseil des ministres réuni autour du Premier ministre, Saad Hariri, commandant effectif de la troupe, et le chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, commandant des opérations militaires. L'armée libanaise est chargée d'étendre la souveraineté de l'Etat libanais sur le territoire libanais situé dans la zone frontalière syro-libanaise et de protéger le peuple libanais en général, et les populations locales en particulier, de la menace terroriste.

Par contre, les objectifs du Hezbollah ont été fixés par le Guide suprême de la République islamique chiite d'Iran, Ali Khameneï, al-wali el-fakih, le seul à même de se prononcer sur les questions stratégiques de ce que j'appelle l'Internationale Chiite. C'est de l'aveu même des dirigeants du parti chiite libanais! De plus, dans l'opération Anti-Liban, les intérêts du Liban étaient secondaires. Khameneï et Nasrallah visaient en premier à renforcer le « croissant chiite » au Moyen-Orient (via l'axe logistique Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth et préserver la continuité territoriale Iran-Irak-Syrie-Liban), remonter le moral de la communauté chiite libanaise et des miliciens chiites libanais très éprouvés par les six années de guerre en Syrie (plus de 2 000 combattants chiites libanais tués en Syrie), forcer le gouvernement libanais à intervenir pour amortir les effets des sanctions américaines contre le Hezbollah (qui seront renforcées prochainement), faire oublier son implication massive depuis six ans dans la guerre civile syrienne aux côtés du régime terroriste de Bachar el-Assad (responsable en partie de l'afflux de jihadistes et de réfugiés syriens au Liban) et se faufiler dans le train victorieux en marche, celui de la communauté internationale sur Daech/Etat islamique (pour redorer son blason à l'intérieur comme à l'extérieur).

3. Que faut-il faire pour que le combat, l'effort et le sacrifice de l'armée libanaise ne soient pas vains?

On peut palabrer de jour comme de nuit, de la pluie et du beau temps, de la recette du tiramisu et de l'origine de nos malheurs et de tout ce qu'il faut faire et ne pas faire pour sauver notre pays. Mais, personne de sensé, et patriote à ses heures perdues, ne peut nier le fait que la libération de la chaine de montagnes de l'Est du Liban des jihadistes par l'armée libanaise, doit impérativement être complétée par deux actions concrètes.

Des frontières de figuiers de Barbarie
عملية حدود من الصُبَّيْر
D'un côté, il est demandé au pouvoir politique tout entier, de charger l'armée libanaise de tenir la frontière syro-libanaise d'une main de fer, par une plantation serrée de 187 500 figuiers de Barbarie le long des 375 km qui séparent le Liban de la Syrie, en une ou plusieurs rangées, par le déploiement des troupes régulières ou de réserves avec ou sans l'aide des forces de l'ONU dans le cadre d'une décision gouvernementale ou de la résolution 1701, qu'importe. Ceci aurait dû avoir lieu le 26 avril 2005 à minuit, après le retrait du dernier soldat syrien du Liban. Nous avons douze ans de retard par la faute conjointe du 14-Mars et du 8-Mars. Cela implique un contrôle dans les deux sens, bien entendu. Ce qui signifie que quand l'armée libanaise contrôlera d'une main de fer la frontière entre le Liban et la Syrie, le Hezbollah ne doit plus avoir la possibilité de passer ses hommes et ses armes quand et comme bon lui semble, ni dans un sens, ni dans l'autre, évidemment.

D'un autre côté, il est demandé au Hezbollah de retirer tous ses miliciens de Syrie. Il est partie prenante de la guerre civile syrienne, donc du problème. Cela doit cesser car les répercussions de son intervention affectent tous les Libanais sans distinction. Le Liban n'a absolument rien à faire dans la guerre civile qui ravage son voisin et qui est loin de prendre fin. Sinon, le Hezb légitime le retour par la fenêtre des jihadistes chassés par la porte, et les actions terroristes qui seront menées au Liban. Il devrait donc en assumer les conséquences. Hélas, c'est mal barré. En ce moment même, la milice chiite libanaise se bat aux côtés des troupes syriennes du régime alaouite dans le Qalamoun, côté syrien. Maigre consolation, le porte-parole de l'armée libanaise a affirmé qu'il n'y a aucune coordination directe ou indirecte des deux côtés de l'Anti-Liban.

A défaut, si le pouvoir politique au Liban et le Hezbollah ne font pas ce que leur impose le devoir patriotique envers la nation, le combat, l'effort et le sacrifice de l'armée libanaise seront vains. Hélas, ça ne sera pas la première fois dans l'histoire que des politiciens gaspillent les bénéfices d'une victoire durement gagné par les militaires. 


« Les salutations de nos soldats qui affrontent
Daech dans les régions désertiques de Ras
Baalbeck aux victimes de l'Espagne
et du monde entier »
Armée libanaise