lundi 4 avril 2016

« Poisson d’avril : l’Etat du Liban », la caricature d'Asharq al-Awsat ! (Art.349)



Etant occupé ces derniers jours sur un sujet beaucoup plus grave concernant un des chapitres sombres de la guerre civile libanaise, je n’ai pas eu le temps de commenter l’affaire de la caricature parue dans le journal « Asharq al-Awsat » le 1er avril 2016. Alors je rattrape mon retard avec ces trois réflexions.

Primo, il ne peut être question de remettre en cause le droit d'un caricaturiste et du quotidien Asharq al-Awsat à s’exprimer librement. Cela va sans dire. Rajoutons dans ce cadre, que rien ne peut justifier le saccage même soft, des locaux du journal à Beyrouth à cause d’une caricature. Quiconque n’est pas content de ce dessin, qu’il soit nationaliste sincère ou hypocrite, en estimant qu’il porte atteinte au Liban, n’a qu’à saisir les tribunaux ou ses neurones. Maintenant, s’il a des comptes à régler avec l’Arabie saoudite et la famille Al-Saoud, il y a d’autres manières plus civilisées pour le faire dans le respect des lois en vigueur au Liban. 

Secundo, il faut reconnaitre que la caricature en question est quand même réussie. Dire que « l’Etat du Liban » est un « poisson d’avril », c’est simple, efficace et drôle. Le but d’une caricature n’est pas d’être juste, encore moins de ménager l’objet de la caricature. Bien au contraire, une caricature doit exagérer un fait réel, sinon elle ne sera pas drôle, et faire sourire. Sur ce point, l’auteur de la caricature, Amjad Rasmi, a atteint son objectif.

Tertio, ce qu’on peut reprocher au caricaturiste et au quotidien saoudien, est ailleurs. Critiquer l’Etat libanais, allons bon, ce n’est pas bien compliqué, c’est un jeu d’enfant. Justement, nous, enfants de la patrie, on ne se gêne pas, on n’y va pas de main morte. Par contre, s’abstenir de caricaturer et de critiquer le Royaume saoudien, alors qu’il y a matière à s’en donner à cœur joie, quand on est caricaturiste ou quotidien d’information, est le moins qu’on puisse dire, lâche.

Pour revenir à l'introduction de cette note, une réflexion bonus. Qui a eu l'occasion de suivre le débat passionné sur ce mon mur concernant l'article que j'ai consacré au catalyseur du Samedi noir, doit se demander si dans la tête de certains compatriotes -pas les mêmes, attention!- non seulement l'Etat du Liban,
mais aussi la cohabitation fraternelle islamo-chrétienne, ne sont pas des poissons d'avril ! Eh bien là, croyez-moi, c'est beaucoup plus grave qu'une blague bon enfant d'un caricaturiste étranger.

Cela dit, place à la détente, voici quelques dessins du caricaturiste jordanien Amjad Rasmi sur l'Arabie saoudite, les pays du Golfe, le Liban, le Hezbollah, la Syrie, Daech et la politique des Etats-Unis, de l'Iran et de la Russie au Moyen-Orient. A vous de juger.