Beyrouth, 6 septembre 2013. Devant l’ambassade
américaine. Trois
photos chocs, extraites d’une manifestation
contre l’intervention militaire en Syrie.
Photo du haut. Prise par Hussein Malla, Associated Press (AP). Zoom in. Il faut le
reconnaitre, elle est puissante. Au premier plan, une femme, que j’appellerais
Mona Lisa -heik talé3 3a bélé... wlak fiya
chi men Mona Lisa!- visage grave, portant des gants en vinyle, trempés dans
un colorant rouge. En arrière-plan, le drapeau de la Syrie. Le message est
clair. La Syrie qui n’en finit pas de saigner, n’a surement pas besoin d’une
intervention militaire américaine, qui la fera saigner davantage. Suis-je d’accord avec
ce massage simpliste ? Disons oui. Est-ce louable d’organiser une
manifestation devant l’ambassade américaine pour dénoncer les frappes programmées ? Faltakoun. Est-ce sincère ? Alors là, désolé, absolument pas. On nage
dans l’hypocrisie à 5 piastres. Jetez un coup d’œil à droite et à gauche de Mona Lisa, vous
verrez bien.
Photo du bas à gauche.
Prise par Anwar Amro de l’Agence France Press (AFP). Zoom out. Mona Lisa est en
débardeur, un marcel pour les intimes. On ne sait pas trop si elle sourit ou si
elle fait la gueule, si elle est décontractée ou soucieuse. En tout cas, il est
clair qu’elle était la star de la manif du weekend. Ah, tiens, tiens, qu’est-ce que je
vois au fond dans l’arrière-plan, une photo du dernier tyran de Damas ?
Mais si ! Bachar el-Assad en penseur, que j’intitulerai « Syrian
killer en Ray-Ban. » D’accord, on comprend mieux maintenant ce qui se
passe dans la tête de ces soi-disant « opposants » à l’intervention militaire en
Syrie. En fait, personnellement, je comprends parfaitement que Mona Lisa et ses friends soient opposés à cette intervention. Mais, voyons, ce n'était absolument pas nécessaire qu'ils mettent des gants! Franchement ! Foutaises. Deux semaines après le gazage odieux de
la population civile de Ghouta, dans la banlieue de Damas, qui aurait fait près de 1850 morts et 10 000 blessés en quelques minutes, ces
Libanais ont le culot de manifester leur soutien à Bachar el-Assad dans le cadre d'une
hypocrite manifestation d’opposition à une intervention en Syrie. On aura tout vu au Liban. Schizophrénie, mon amour !
Photo du bas à droite.
Prise par Hussein Malla, Associated Press. Zoom out. Là, aucun doute, notre
Joconde affiche un sourire franc. On note toujours ces gants de vinyle rouge, pour
dénoncer l’intervention militaire en Syrie et le bain de sang en perspective.
Et dans l’arrière-plan, surprise, le drapeau du Hezbollah, en jaune « immaculé ».
Etrange quand même. Mais bon, les teinturiers du Hezb font des miracles. Pas
doute, nous sommes dans le surréalisme le plus gore. Alors que la milice du
Hezbollah est impliquée massivement dans la guerre syrienne aux côtés de Bachar
el-Assad, à Damas, à Qusayr et à Homs, ces compatriotes manifestent leur
soutien au Hezbollah dans le cadre d'une hypocrite manifestation d’opposition à une
intervention en Syrie.
Morale
de l’histoire, ne vous fiez pas aux apparences mes cher(e)s ami(e)s. Tout est dans le cadrage !
Réf.
Obama expliqué aux nuls. Episode 1 : Et nous autres Libanais, qu’avons-nous fait, que faisons-nous et que ferons-nous ? (Art.177) par Bakhos Baalbaki
Obama expliqué aux nuls. Episode 2 : Ce que l’on sait sur le massacre d’al-Ghouta (Art.178) par Bakhos Baalbaki