lundi 12 août 2013

Le kidnapping des pilotes turcs à Beyrouth et Miss Anonymous Source ! (Art.171)


Décidément, elle a vraiment la tête ailleurs ! La dernière fois, c’était le 12 juin. Alors que le Hezbollah venait de mater à coups de matraque, une manifestation pacifiste de Libanais chiites devant l’ambassade iranienne, ce qui a entrainé la mort de Hashem Salman, l’activiste de l’Option libanaise d’Ahmad el-Assaad, la Miss avait choisi de nous bercer, la lettre c peut être remplacée par la lettre n, au choix, avec la mythologie de la loyauté et de l’humanisme de la milice-star de la bataille de Qusayr. Délirium !

Aujourd’hui, la Miss récidive, et fait encore un choix indécent et suspect. Le pays est carrément en état de choc après l’enlèvement de deux pilotes turcs à la sortie de l’aéroport de Beyrouth le 9 août 2013. Dans un état de choc, au moins pour une moitié, car cet acte terroriste renvoie les 4,2 millions de Libanais au cauchemar des enlèvements des ressortissants étrangers par le Hezbollah dans les années 80, quand la milice chiite faisait du kidnapping, une stratégie de « résistance », que les amnésiques alliés aounistes zappent allégrement. Cet acte terroriste rappelle amèrement aux 4,2 millions de Libanais, la précarité de la sécurité dans laquelle ils vivent au pays du Cèdre. Pire, il les démoralise, démolit leur espérance, et leur prouve que l’Etat libanais est bel et bien en faillite, incapable d'imposer sa souveraineté sur un bout d'autoroute à Beyrouth. On se demande comment peut-on être responsable politique dans cet Etat nommé Liban, sachant que des citoyens comme Joseph Sader, se volatilisent même en 2009, à deux pas de l’aéroport, sans que l’on ait, quatre ans après, la moindre idée de ce qui s’est passé ! Un Etat malade dans un stade de dégénérescence avancée, dont la souveraineté est rongée par les milices et les bandes armées, ainsi que par la racaille organisée, du Hezbollah aux ailes militaires des familles Maqdad & Co.

Bass, betlawwilé albé hal mara ! Enno, mettons-nous à sa place, ce n’est facile. Malgré le fait que le parti est indéfendable et le religieux est infréquentable, le pacs de Michel Aoun avec Hassan Nasrallah tient toujours, et la Miss de l’Orient-Le Jour essaye encore et toujours, avec beaucoup de volonté, et de mauvaise foi surtout, de redorer le blason du Hezbollah et de son chef. Dans l’article de ce jour, « Un mot d’ordre au sein du Hezb : ne pas répondre aux provocations », elle nous sert comme à l’accoutumée ses habituelles « sources anonymes » wa mouchta2étoun. « Selon ses rares visiteurs (de Hassan Nasrallah)... Toujours selon ses visiteurs ». Chaque auteur a une signature ! Notez que dans cet article, la Miss n’a eu recours à cette ruse que deux fois seulement ! Comparée à la dernière fois où je l’ai lu (10 juillet), la journaliste avait utilisé à dix reprises ses « sources », ayons donc le courage de reconnaitre qu’il y a un certain progrès.

Toujours est-il, alors que les Libanais sont en état de choc après le kidnapping des deux ressortissants turcs, Miss Anonymous Source est préoccupée par l’image de marque du Hezbollah, gravement ternie par l’intervention armée de la milice chiite aux côtés de l’armée alaouite de Bachar el-Assad. Deux extraits marquants (réarrangés):
 
- « En Syrie, et en particulier à Qousseir, il (le Hezbollah) s’est transformé en attaquant, montrant de nouvelles capacités militaires qui inquiètent les Israéliens... Israël aurait ainsi modifié tous ses plans de défense. » Eh na3am ! Et pourquoi la Miss ? Car il parait que les Israéliens ont déduit que « le Hezbollah aurait des plans pour tenter de faire une incursion dans cette portion de territoire (Galilée) en cas de nouvelle confrontation. » Yé3né bel mchabra7, bel nésbé la scarlett, 3am béchékho batata el israéliyé ! Désolé la Miss, tu es prise en flagrant délire ! Tu aurais dû te contenter de repasser en boucle le discours du Président de la République, Michel Sleiman, haut commandant des forces armées du Liban : « Il est temps que l’État avec son armée et son haut commandement politique, soit le régulateur principal et le décideur de l’utilisation de cette capacité (de résister et de défendre le Liban exclusivement) ». 

- « À ceux qui critiquent cette intervention (en Syrie), le Hezbollah demande ce qui se serait passé si elle n’avait pas eu lieu : les groupes de l’opposition syrienne auraient continué à bombarder régulièrement le Hermel et ses environs, puis Baalbeck et ses environs... pour faire le lien entre Ersal et le nord du Liban assurant ainsi une large zone tampon à l’opposition syrienne, ensuite pour pousser la population chiite à se rebeller et à se lancer dans une riposte contre les opposants sunnites, plongeant ainsi le pays non seulement dans le prolongement de la guerre syrienne, mais aussi dans la discorde confessionnelle. » Tu es encore prise en flagrant délire la Miss. Que tu le veuilles ou non, le fond du problème réside dans l’implication injustifiée du Hezbollah dans la guerre civile syrienne, peu de temps après le déclenchement de la révolution syrienne en mars 2011! Le discours du Hezbollah et ses défenseurs est passé par trois phases. Dans un premier temps il fallait « mentir » aux Libanais : le Hezbollah n’intervient pas en Syrie. Dans un second temps, il fallait « duper » les Libanais : des chiites interviennent librement en Syrie mais pas le Hezbollah. Et dans un troisième temps, il fallait « assumer » devant les Libanais : le Hezbollah intervient en Syrie. La suite était toute tracée : justifier cette implication consternante aux côtés du dernier tyran des Assad. C’est à quoi s’est employée Scarlett Haddad, point final.

Le reste, n’est que de la littérature politique. Enfin, bientôt la Miss pourrait écrire un article sans s’inventer des sources et des visiteurs imaginaires, pour dire tout haut ce qu’elle pense tout bas. Enno bassita, ce n’est pas une honte d’être pro-Hezbollah, fi 7oriyét bel balad. En fin de journée, l’article n’a récolté que trois likes. Même les gens acquis à sa cause, n’y croit pas.

Revenons au kidnapping odieux des ressortissants turcs que Scarlett Haddad aurait préféré reléguer sans doute aux faits divers. Quatre remarques. 

1. Il n’y aurait pas eu de « pèlerins » chiites kidnappés, si le Hezbollah ne s’était pas mouillé dans la guerre civile syrienne. Donc la faute dans ce dossier revient principalement au Hezbollah.

2. Le kidnapping des deux civils turcs est un acte terroriste, qui doit être reconnu en tant que tel par le gouvernement démissionnaire de Najib Mikati et par le Premier ministre désigné, Tammam Salam. Le but de cet acte est de faire pression sur le gouvernement turc. Pas pour qu’il s’active dans la libération des otages, non. Croire que les Turcs ont une quelconque influence dans ce dossier relève de la pure naïveté. Le kidnapping, et toute la campagne anti-turque menée depuis plus d’un an, vise à pousser le gouvernement turc à limiter le champ d’action des rebelles syriens sur son sol. Tout cela, laisse penser que les auteurs du kidnapping ne font pas partie des familles des pèlerins, comme on veut faire croire, mais carrément du Hezbollah. En tout cas, le Hezbollah est le chef d’orchestre de cette opération. 

3. L’identité des auteurs du kidnapping est secondaire. Eh oui ! Je m’explique. Le kidnapping a eu lieu dans une zone contrôlé à 100% par le Hezbollah. Alors de deux choses l’une :
- soit c’est le Hezbollah qui l’a fait, ou l’a commandité, voire en a été informé, et se réfugie naïvement derrière les familles des pèlerins, ce qui est très grave;
- soit ce n’est pas le Hezbollah, ce qui serait tout aussi inquiétant, et fait poser des questions sur les capacités de cette milice à affronter Israël alors qu’elle n’est pas fichue de contrôler un « fief » de quelques kilomètres carrés!


4. Les forces politiques libanaises doivent mettre en demeure le gouvernement Mikati. Réclamer l’ouverture des aéroports de Hamat ou de Qle3at, à l’aviation civile, relève du fantasme. Outre les problèmes techniques et financiers, il est grotesque de vouloir tout délocaliser à chaque fois qu’il y a un problème quelque part dans une région libanaise ! A commencer par le festival de Baalbek qui se tient à Jdeidé comme si de rien n’était. Une mascarade. Mais quoi encore, on n’a plus qu’à demander la partition du Liban et qu’on en finisse alors ! Et puisqu'on y est, demandons dans la foulée la délocalisation des 4,2 millions de Libanais sur les îles grecques, en attendant de jours meilleurs. On fait fausse route. Nous devons réclamer la sécurisation complète de la route principale de l’Aéroport international de Rafic Hariri à Beyrouth par le déploiement de l’armée libanaise entre le centre-ville et l’aéroport, à supposer que la sécurité dans Beyrouth intramuros est garantie, mais aussi autour de l’aéroport et à l'intérieur de l'aéroport. Cela nécessitera peut être, l’installation d’un barrage par kilomètre, tous les cent mètres si nécessaire, et la mise en garde urbi et orbi, à tous acteurs de la scène loco-régionale, que toute intrusion sur cet « axe rouge », quelque soit sa forme et sa motivation, sera sévèrement réprimée, wou no2ta 3al sater. Wlak chou 3am nél3ab ghammida !