dimanche 30 juin 2013

Défendre le Hezbollah, c’est s’exposer au ridicule et à la vindicte de l’Histoire ! Démonstration par Hikmat Dib, député de « Michel Aoun » (Art.160)


Ce n’est pas pour me vanter -mais bon, je crois l’avoir prouvé en 159 articles- j’ai la capacité intellectuelle de défendre n’importe quelle cause. Je n’irai pas jusqu’à vendre des réfrigérateurs aux Eskimos. Quoique ! Je le dis en toute modestie et en tapant cette intro avec l’index droit, afin de libérer ma main gauche pour tenir fermement, el kherzé el zar2a, l’œil bienveillante de Fatima, pour me protéger du mauvais œil. Sans exagération aucune, je pourrais défendre un point de vue le jour et son contraire, la nuit. Mais, il y a bien une chose qui dépasse mes capacités intellectuelles : défendre le Hezbollah. Le Hezbollah est une cause tout simplement indéfendable. Qui le fait s’expose au ridicule. Et comme je le dis souvent, heureusement que le ridicule ne tue pas, pour qu’on puisse en rire. Hikmat Dib vient de l’apprendre à ses dépens.

Très cher(e)s compatriotes, mes cher(e)s ami(e)s, j’ai le plaisir de vous présenter « Monsieur Zéro Victime », alias Hikmat Dib, député de la nation, dans une performance exceptionnelle, comme on n’en fait plus, qui s’est déroulée sur la chaine LBC, dans l’émission « Nharkoum sa3id » avec la belle Dima Sadek, le 25 juin 2013. Comme vous le verrez, ce mec est affligeant ! En visionnant cette vidéo, je me suis demandé comment peut-on envisager construire un pays avec un député comme Hikmat Dib, ici présent, qui essaye avec beaucoup de mal et surtout de malhonnêteté de défendre l’indéfendable, son allié le Hezbollah, au point de sortir trois énormités invraisemblables en moins de sept minutes (je vous laisse imaginer la suite !), entrecoupées à six reprises par un piteux et désespéré « 7aram, de faire deux poids, deux mesures »! 2al chou, ma lézim « nkayill bé mikyélène ». Lol, magnéto Serge !

00:12-00:32 « Les manifestants chez nous dans la région à Mar Mikhael (Chiyah, le 27 janvier 2008), on (l’armée libanaise) a tiré. Des jeunes sont morts parce qu’ils manifestaient pour l’électricité... Alors, ce ne sont pas eux aussi des martyrs ? Personne (de l’armée libanaise) n’a rendu des comptes (pour ce qui s’est passé à Mar Mikhael) et personne n’a parlé. » Waouh !

Arrêtons-nous un instant sur la forme de cette déclaration fort intéressante. Tout le monde l’a compris, au plus grand regret de Hikmat Dib, l’armée libanaise n’a pas été jugée pour ses exactions (c’est totalement faux, mais j’en parlerai plus loin). Par cette déclaration, le député de Michel Aoun reconnait ainsi, que l’armée libanaise, ne bénéficie pas d’une immunité absolue, certains militaires eux aussi font des faux pas et par conséquent, ils doivent être sanctionnés pour cela. A l’heure où le général de Rabieh s’oppose à la prorogation du mandat du commandant de l’armée libanaise, Jean Kahwagé, pour imposer, là aussi, son gendre, le deuxième, le général Chamel Roukoz, à la tête de l’institution militaire, le moins qu’on puisse dire c’est que cette déclaration fait grand désordre dans les rangs des soi-disant défenseurs inconditionnels de l’armée libanaise. Elle n’est pas sans rappeler que quelques jours après les événements de Mar Mikhael, l’ancien commandant de l’armée libanaise, GMA, le général Michel Aoun himself, a tenu à s’afficher aux côtés de Hassan Nasrallah plutôt qu’aux côtés du commandement de l’armée libanaise lors d’une apparition télévisuelle sur l'OTV, le 6 février 2008. Tout un symbole !

Sur le fond, mais quelles foutaises, du début jusqu’à la fin ! Pour l’histoire, il faut savoir que le 27 janvier 2008, une manifestation « d’apparence populaire » de protestation contre les coupures électriques dégénère rapidement en affrontements violents et armés entre des sympathisants du Hezbollah (Hassan Nasrallah) et d’Amal (Nabih Berri) d’une part, et l’armée libanaise (Etat libanais) d’autre part : blocages des routes par les manifestants, incendies de pneus, attaques du barrage fixe de l’armée libanaise (avec des pierres et des bâtons !), tentatives d’encercler et de désarmer certains soldats, tentatives de prendre le contrôle de certains véhicules de l’armée libanaise, tirs massifs sur l’armée libanaise, tentatives des « manifestants chiites » de passer dans la « zone chrétienne » d’Ain el-Remeneh (avec un risque sérieux d’affrontements communautaires !) et riposte de l’armée libanaise pour mettre un terme à ces émeutes. Le bilan est lourd : 7 morts et des dizaines de blessés, civils et militaires. Aussitôt, le chef de la milice chiite du Hezbollah exige du commandant de l’armée libanaise de l’époque, le général Michel Sleiman, que les résultats de l’enquête en cours soient connus au plus vite, menaçant même l'Etat libanais: « les choses dépendent des résultats de l’enquête... le hezb retient son public mais il ne pourra pas le faire pour toujours ». Des officiers sont alors immédiatement arrêtés. Le tribunal militaire a poursuivi non moins de 68 personnes dans les événements de Mar Mikhael, des militaires et des civils, dont trois officiers. Alors, franchement, comment diable un député peut balancer « personne n’a rendu des comptes et personne n’a parlé » ? Ce pauvre député pédale dans le bourghoul ! Hikmat Dib sait très bien, comme Michel Aoun d’ailleurs et comme tous les députés du Bloc du changement et de la réforme, que ce « dimanche noir » a apporté la preuve absolue que le « document d’entente » signé entre le Courant patriotique libre et le Hezbollah, est caduc. Ignorer tous ces faits, pour un député de la nation, est particulièrement grave. Le faire sciemment, est tout simplement lamentable.

Au-delà des faits, mais quelle hypocrisie ! La surenchère des membres du Courant patriotique libre au sujet de l’armée libanaise ne trompe personne. Entre l’armée libanaise et la bande à Assir, ils choisissent l’armée. Rien d’étonnant, il ne manquait plus qu’ils choisissent le salafiste de Saïda ! Par contre, entre l’armée libanaise et la milice du Hezbollah, ils choisissent, sans hésitation et systématiquement, le Hezbollah. Consternant. Ils ont beau tenté de trouver des justifications à la mords-moi-le nœud, cause toujours, cause perdue. Telle est la triste réalité, illustrée ici même dans cet extrait sur les incidents de Mar Mikhael, qui n’est pas sans rappeler les déclarations de Michel Aoun qui voulait savoir qui donna l’ordre à l’hélicoptère de l’armée libanaise de se rendre au Sud-Liban le 28 août 2008, le jour où le lieutenant Samer Hanna a été abattu de sang-froid par des miliciens du Hezbollah. Eh oui, c’est la triste réalité des choses, le reste, n’est que palabres au pays des palabres.

01:35-2:49 Cinq ans plus tard. « Quelqu’un a tiré un coup de feu (sur Hachem Salman). L’enquête est en cours... C’est peut-être un sniper comme les snipers de Abra (QG de cheikh Ahmad el-Assir dans la région de Saïda). » Double waouh ! Lorsque l’ex-journaliste de l’OTV lui demande des détails sur l’identité de ceux qui portaient des « chemises noires » le 9 juin 2013 devant l’ambassade iranienne à Beyrouth, le député de Baabda trouve qu’il s’agit d’un « cliché » (en français svp), pas dans le sens photographique, mais dans le sens d’une « idée toute faite » ! Ce mec est hallucinant. Mais, quoi encore ! Et ceux qui tabassaient les manifestants, étaient eux aussi « sur les toits des immeubles et sur les fenêtres » ? Comment un député peut-il ne pas éprouver la moindre honte de dire une énormité de cette taille ? Mystère et boule de gomme. Rappelons que le 9 juin 2013, 300 miliciens du Hezbollah ont foncé sur des manifestants chiites venant protester pacifiquement devant l’ambassade de la République islamique d’Iran de Beyrouth contre l’intervention de la milice chiite libanaise dans les combats de Syrie aux côtés du dernier tyran des Assad. A leur sortie des véhicules qui les emmenaient sur place, ils ont été roués de coups. Dès le départ, les miliciens du Hezbollah ont repéré et poursuivi Hachem Salman, l’activiste chiite de l’Option libanaise de Ahmad el-Assad. Le responsable estudiantin a tenté de se réfugier dans une jeep de l’armée libanaise, mais il a été renvoyé dans la foule, où les miliciens du Hezbollah lui ont tiré trois balles dans le ventre et l’ont roué de coups à son tour. Les « chemises noires » l’ont laissé sur le sol pendant 30 minutes, avant d’autoriser l’ambulance de l’emmener à l’hôpital où il décédera des suites de ses blessures.

Non seulement, des dizaines de personnes ont été témoins de cette bastonnade funeste, des militants et des journalistes, mais en plus, il existe des dizaines de photos qui montrent clairement l’intervention barbare des miliciens du Hezbollah, à visage découvert svp, sans la moindre inquiétude, sans l'intervention de l'armée libanaise, et sans que le ministère public ne se saisisse de l'affaire de ces exactions. L’ironie de l’histoire, c’est que pour une fois, le député de Michel Aoun pouvait placer, « personne n’a rendu des comptes et personne n’a parlé », il ne l’a pas fait. Et pour cause. Au lieu que le député aouniste ne se désolidarise ouvertement de son allié et ne condamne fermement l’infamie de son comportement anti-démocratique, il a cherché à faire diversion et brouiller les faits. Là aussi, entre la démocratie libanaise et la milice du Hezbollah, ils choisissent, sans hésitation et systématiquement, le Hezbollah. Affligeant.

05:25-06:46 En cherchant à savoir si l’armée libanaise traitait tous les acteurs de la scène politique libanaise de la même façon, et si l’institution militaire était capable de frapper avec une main de fer le Hezbollah en cas de dépassement des limites -une possibilité déplacée, pour Hikmat Dib, la milice du Hezbollah en est incapable !- la discussion a dévié naturellement vers les événements tragiques du 7 mai 2008. Ce fut l’occasion pour le député de Baabda de nous sortir l’énormité du siècle, celle qui va lui valoir le surnom à vie de « Monsieur Zéro victime ». Avec un air ahuri, par le questionnement de la journaliste, Hikmat Dib trouve quand même le culot de balancer : « Ils (le Hezbollah) ont été visés (le 5 et le 7 mai). Et il y a eu une sorte de réaction. Une réaction qui s’est passée avec zéro victime (« zéro victime » en français svp!). » DS: « Le 7 mai, il y a eu zéro victime ? » HD: « Dans une large mesure... dans une large mesure ! » Triple waouh !

Le 7 mai 2008, sayyed Hassan Nasrallah a décidé de faire plier le pouvoir exécutif. Il protestait contre deux décisions prises par le gouvernement légitime et souverain de l’Etat libanais : démettre de ses fonctions le responsable de la sécurité à l’aéroport de Beyrouth (un proche du Hezbollah, après la découverte de caméras de surveillance « suspectes » appartenant à la milice chiite dans l’enceinte même de l’aéroport) et enquêter sur le réseau de communication illégal du Hezbollah au Liban (là aussi, découvert par hasard peu de temps avant). L’invasion de Beyrouth et d’une partie du Mont-Liban le 7 mai 2008 et les jours suivants, par les miliciens du Hezbollah est responsable de la mort de 71 personnes. Il fut qualifié par Hassan Nasrallah, comme « un jour glorieux des jours de la Résistance au Liban ». Là aussi, encore et toujours, entre le peuple libanais et la milice du Hezbollah, ils choisissent, sans hésitation et systématiquement, le Hezbollah.

Ceci étant, nul ne peut comprendre cette performance exceptionnelle de Hikmat Dib sans passer par lawéyi7 el chateb, les listes électorales. En effet, il faut savoir que Monsieur Zéro victime est député maronite de la région de Baabda, élu sur la liste du Courant patriotique libre. Les électeurs de ce caza du Mont-Liban sont composés de 57% de chrétiens (40% de maronites) et 43% de musulmans (22% de chiites et 16% de druzes). En d’autres termes, pour que Monsieur Zéro victime augmente ses chances d’être réélu, il faut évidemment qu’il s’assure les voix des 22 % des électeurs chiites. Grâce à la loi féodale de 1960, dont le père adoptif n’est autre que GMA, à l’esprit communautaire libanais, communauté chiite comprise, au pacs signé entre Hassan Nasrallah et Michel Aoun, qui résiste bien à l’épreuve du temps (8 ans déjà !), et à cette performance exceptionnelle de Monsieur Zéro victime, le Hezbollah n’en demande pas tant de ses alliés, les 22% des électeurs chiites de Baabda voteront sans l’ombre d’un doute pour Hikmat Dib aux prochaines élections législatives.

AU TOTAL, ces trois exemples, et tant d’autres, prouvent aux Saint-Thomassiens, ceux qui trouvent encore à douter là où les certitudes règnent, que le pacs de Michel Aoun avec Hassan Nasrallah, n’est pas une alliance superficielle et passagère, elle est profonde et solide. Et si j’ai décidé de vous en parler en long et en large des dernières déclarations du député de Michel Aoun pour le caza de Baabda, c’est parce que celles-ci illustrent merveilleusement bien, dans quel pétrin le général Michel Aoun a mis les militants du Courant patriotique libre, comme Hikmat Dib, « membre à la fois de l’Association des droits de l’Homme et du droit de l’individu au Liban, et de la Fédération internationale des droits de l’Homme de Paris », ainsi qu’une partie des chrétiens du Liban, notamment les maronites, en signant ce pacs ahurissant et invraisemblable avec Hassan Nasrallah, le 6 février 2006 : ils sont réduits à défendre l’indéfendable, quitte à s’exposer au ridicule et à la vindicte de l’Histoire.