mardi 26 septembre 2017

Je crains que Michel Aoun, ainsi que Saad Hariri et Samir Geagea aussi, ne soient très mal informés au sujet des visées du Hezbollah au Liban! L'interview choc du président libanais au Figaro (Art.469)


 1  MICHEL AOUN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, OUI MAIS...

Pas de chichi s'il vous plait. Je vous en prie, n'hésitez pas à rajouter Gebran Bassil au titre, au même titre et à titre de porte-drapeau et de porte-flambeau de la nouvelle alliance du Courant patriotique libre et du Hezbollah. Ne vous gênez surtout pas pour leur accoler Samir Geagea et Saad Hariri, deux leaders méritants qui se sont donnés beaucoup de mal pour offrir aux Libanais un président pro-Hezbollah et le choix entre Michel Aoun et Sleimane Frangié. On peut y mettre naturellement Nabih Berri, l'inséparable de la milice chiite et du perchoir, ainsi que Walid Joumblatt, la girouette déboussolée.

Ce n'est pas pour me vanter, il n'y a pas de quoi me diriez-vous, j'étais la première personne au Liban à suggérer l'idée que le camp dit du 14-Mars propose à Michel Aoun son élection comme président de la République. Je l'avais fait des lustres avant que le chef du parti des Forces libanaises, et plus tard, le chef du Courant du Futur, ne l'acceptent, respectivement en mai 2014, janvier 2016 et octobre 2016. A la différence de Geagea et de Hariri, j'avais conditionné ce virage révolutionnaire à la rupture de l'alliance entre Aoun et Nasrallah. Hélas, je n'ai pas été entendu.



 2  MICHEL AOUN JUSTIFIE ENCORE « L'ANOMALIE » DE LA SITUATION DU HEZBOLLAH

Dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro et publiée dans l'édition du weekend, la veille de sa visite en France, Michel Aoun s'est ingénié pour justifier « l'anomalie » que la situation de la milice chiite constitue au Liban depuis 1990. Ses déclarations posent trois problèmes aux Libanais et au reste du monde.

Le premier c'est que celles-ci semblent refléter des convictions ancrées profondément plutôt que des opinions superficielles passagères. Il serait fastidieux et inutile de dresser une liste exhaustive de tout ce que Michel Aoun a dit et fait depuis 2006 pour défendre son allié. Ce n'est pas la peine. Nous sommes au-delà. Depuis son élection en octobre 2016, certains, comme Geagea et Hariri justement, ont espéré que l'habit présidentiel fera de Michel Aoun un moine souverainiste et que la stature de la présidence lui permettra d'avoir du recul et de prendre de la hauteur, par rapport aux choix politiques erronés qu'il a pris en tant que chef du CPL, de 2005 à 2016. Hélas, ces personnes déchantent aujourd'hui, mais n'osent toujours pas faire le constat de leur échec.

A propos de l'accord conclu avec Hassan Nasrallah en février 2006, Michel Aoun précise aux lecteurs Français et Libanais du Figaro que les deux parties se sont engagés à « respecter en tout point la Constitution libanaise ». Ah bon et quid du déclenchement de la guerre de Juillet quelques mois après, de l'invasion de Beyrouth en 2008, du boycott de 44 séances électorales entre 2014 et 2016 et de l'existence même d'une milice armée évoluant en parallèle avec l'armée nationale depuis la fin de la guerre en 1990? Concernant la guerre de Juillet 2006 justement, Aoun déclare que « c'est un incident de frontière classique qui a dégénéré de la faute d'une surréaction israélienne (…) des incidents de ce genre (violation du territoire israélien), il y en a très fréquemment ». Peut-être bien sauf que l'incident de frontière a été déclenché par le Hezbollah, sans consultation de quiconque de l'Etat libanais, et qu'il a couté au Liban plus de 1 200 morts, 750 000 déplacés et l'équivalent de 50% du PIB de l'époque, une dizaine de milliards de dollars, dans le but de libérer un dénommé Samir Kuntar, un libanais ayant mené une opération palestinienne en Israël en 1979, condamné pour le meurtre d'une fillette israélienne de quatre ans avec la crosse de son fusil et mort en Syrie dans les bras de Bachar el-Assad. Sur le désarmement du Hezbollah comme les autres milices libanaises, le président prétend que « le Hezbollah n'utilise pas ses armes dans la politique intérieure, elles ne servent qu'à assurer notre résistance à l'Etat d'Israël ». C'est à croire que nous ne vivons pas dans le même pays. Et quid de la guerre fratricide avec la milice de Nabih Berri entre 1986 et 1990 (certaines sources parlent de 2 500 morts) pour le contrôle des régions chiites libanaises (Sud du Liban, Sud-Beyrouth et la Bekaa), de la mini guerre civile de 2008 à Beyrouth et au Mont-Liban, ou même de l'évacuation manu militari des jihadistes de Daech et de Nosra du mont Anti-Liban en 2017?

 3  LE PRÉSIDENT S'EXPRIME COMME SI LE LIBAN N'A NI ARMÉE NI CONSTITUTION

Pour le président de la République, « on ne peut pas priver le Hezbollah de ses armes tant qu'Israël ne respectera pas les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ». Et pour cause, « Israël aurait le droit de faire la guerre comme il veut et quand il veut, tandis que les autres n'auraient pas le droit de garder des armes pour se défendre? Non, ce n'est pas possible! » C'est la deuxième déclaration de ce genre publiée dans la presse internationale en moins d'une semaine. Michel Aoun n'essaie même pas d'esquiver la question, il dit et redit, haut et fort, urbi et orbi, que le Liban qu'il représente et qui est le leur, mais pas le mien ou le vôtre, ne mettra pas fin à « l'anomalie » que constitue le Hezbollah au Liban. Et il est là le deuxième problème. Michel Aoun s'exprime encore une fois, et pour la énième fois, comme si le Liban n'a ni armée ni diplomatie pour le défendre des menaces israéliennes, comme si la République libanaise n'a ni lois ni Constitution qui exigent le désarmement et la dissolution de la dernière des milices libanaises, conformément à l'accord de Taëf et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, 1559 et 1701, et comble du malheur, comme s'il n'est toujours pas président de la République libanaise, « commandant en chef des forces armées », en charge de veiller au « respect de la Constitution », qui a prêté serment de fidélité à la nation et devant le Parlement et qui a juré devant Dieu « d'observer la Constitution et les lois du peuple libanais ».

 4  MICHEL AOUN : LE HEZBOLLAH RESPECTE LA SOUVERAINETÉ LIBANAISE DEPUIS LA SIGNATURE DU DOCUMENT D'ENTENTE

Quant au troisième problème, il est beaucoup plus grave, il concerne l'appréciation de Michel Aoun des choix politiques du Hezbollah au Liban et en Syrie. A la question de savoir quelle est sa stratégie par rapport à la guerre en Syrie, Michel Aoun a affirmé que celle-ci consistera à « garder les frontières libanaises pour nous protéger du terrorisme » et à « distancier le Liban par rapport aux problèmes politiques internes à la Syrie ». Excellent mon général sauf que ce n'est ni ce qui s'est passé, depuis 2012, ni ce qui vient de se passer, en 2017. Après une écrasante victoire de l'armée libanaise sur l'organisation terroriste Etat islamique et la libération des territoires qu'elle occupait au Liban, le Hezbollah et le régime syrien se sont autorisés d'exfiltrer les jihadistes de Daech qui étaient installés au Liban et de les réinstaller à l'Est de la Syrie, à condition qu'ils se battent contre les forces rebelles syriennes arabo-kurdes et freinent leur progression dans la province de Deir Ez-Zor. Oublions l'exécution d'une douzaine de militaires libanais et oublions que cela fait plus de cinq ans que les mains du Hezbollah sont trempées dans le sang du peuple syrien, alors, voyons un peu, c'est comme ça qu'on garde les frontières du Liban et on se distancie des problèmes de la Syrie ?

Plus grave encore, à une autre question de savoir qu'a-t-il gagné par la signature du « Document d'entente » avec le Hezbollah, Michel Aoun prétend que depuis 2006, « le Hezbollah a modifié sa ligne politique et a respecté la souveraineté libanaise ». On dirait que ce respect n'a pas été très flagrant quand Hassan Nasrallah avait décidé d'engager le pays du Cèdre et le peuple libanais dans une guerre sans merci avec l'Etat hébreux et le peuple israélien, en s'attaquant au petit matin du 12 juillet 2006 à une patrouille israélienne en territoire israélien tuant dix soldats israéliens, que Michel Aoun qualifie 11 ans après les faits « d'incident de frontière classique et fréquent qui a dégénéré à cause de la surréaction israélienne ». On dirait que ce respect n'a pas été très flagrant non plus quand Hassan Nasrallah et Bachar el-Assad ont acheminé des bus climatisés pour évacuer les terroristes de Daech et de Nosra du Liban, soustrayant des criminels ayant exécuté des militaires libanais à la justice libanaise. Très sûr de lui, le président de la République libanaise a rajouté : « Nasrallah l'a dit dans un discours : le Hezbollah a renoncé à son projet d'instaurer une 'république islamique' au Liban. » Ah bon ! El-Baalbaki a dit le contraire une bonne quinzaine de fois dans ses articles.

 5  LE HEZBOLLAH ET L'ETABLISSEMENT D'UNE RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE CHIITE AU LIBAN. LE LIVRE DE RÉFÉRENCE DE CHEIKH NAIM QASSEM

Ce qui est bien avec les extrémistes religieux, c'est qu'ils ne peuvent pas mentir. Le mensonge est une trahison de Dieu où l'on court le risque d'être maudit pour l'éternité. Cheikh Naïm Kassem, le numéro deux du Hezbollah depuis 1991, ne déroge pas à la règle. Il précise dans son livre Le Hezbollah: la voie, l’expérience, l’avenir que « l’engagement du Hezbollah dans wilayat al-faqih (…) s’inscrit dans le cadre de l’islam (chiite) et de l’application de ses jugements, selon l’orientation et les règles fixées par wali al-faqih (actuellement c'est le Guide suprême de la République islamique chiite d'Iran, Ali Khameneï) ». C'est parfaitement son droit, sauf qu'il rajoute un peu plus loin, dans des termes on ne peut pas plus clairs : « Nous appelons à fonder un Etat islamique (au Liban) et nous encourageons les autres (communautés) à l’accepter en tant que source de bonheur pour l’être humain. » Mais enfin, il y a « Etat islamique » du Hezbollah et il y a « Etat islamique » de Daech, attention à la nuance. Et puis, il s'agit du « bonheur » de tous les enfants de la patrie, maronites, sunnites, orthodoxes, druzes, arméniens, alaouites, syriaques, ismaélites, coptes, chaldéens, protestants et juifs. Et même les laïcs pourraient trouver le leur. Mais que demande le peuple de plus ?

Trêve de plaisanteries, le sujet est grave et même beaucoup plus grave que vous ne le pensez. Hélas, je crains que le président de la République, ainsi que tous les autres noms cités dans l'introduction, ne soient très mal informés au sujet des visées du Hezbollah, qui appelle clairement dans la 7e édition de ce livre publié en juin 2010 (quatre ans après l'alliance conclue entre Michel Aoun et Hassan Nasrallah) à fonder un Etat islamique (chiite) au Liban. Pour celles et ceux qui pourraient être tentés de croire que c'est une bourde au mieux ou au pire, un vœu pieux, je vais allez plus loin, beaucoup plus loin, au risque de faire de cet article un long exposé sur la question, et de les choquer. Alors si comme l'a dit Victor Hugo, « la vérité est comme le soleil, elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder », mettez des lunettes noires et lisez la suite. C'est de la destinée de notre Liban dont il s'agit.

 6  TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR L'ETABLISSEMENT D'UNE RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE CHIITE AU LIBAN, SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER. LES INTERVIEWS SURRÉALISTES DU SECRETAIRE GÉNÉRALE ADJOINT DU HEZBOLLAH DEPUIS 1991

De ce livre de référence qui expose clairement l'univers du Hezbollah, passons maintenant à une série d'interviews accordées par cheikh Naïm Qassem à al-Mayadeen. Elles nous permettront de mieux cerner l'idéologie du parti chiite libanais.

Al-Mayadeen est une chaine satellite créée en 2012 par le journaliste libano-tunisien Ghassan Ben Jeddo. L'homme est pro-Assad et pro-Hezb. Il était favorable au printemps arabe jusqu'à l'aube du 15 mars 2011 et le déclenchement de la révolte syrienne. GBN a déclaré un jour que Samir Kuntar, que j'ai évoqué précédemment, était un « grand héros arabe », c'est pour vous dire où se situe ce journaliste tunisien sunnite, qui se serait converti au chiisme, de mère libanaise chrétienne et marié à une chiite ! Selon certaines sources, al-Mayadeen serait financée par des proches des régimes syrien et iranien, ainsi que par le parti chiite libanais. Voilà pour le décor.

Dans ce documentaire intitulé « Islamistes... Mais encore (Islamiyoun, wa ba3ed) », diffusé sur plusieurs épisodes au début de l'année 2016, et présenté par le journaliste Mohammad Allouch, le Secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, revient sur la création du Hezbollah en 1982. Il évoque l'influence des Gardiens iraniens de la Révolution islamique, les luttes fratricides pour le contrôle de la communauté chiite libanaise, l'opposition à l'accord de Taëf, la place de Wali el-Fakih (Guide suprême de la République islamique d'Iran) dans le fonctionnement du Hezbollah, l'établissement d'une république islamique (chiite) au Liban et un tas d'autres sujets. Pour le besoin de l'article, limitons-nous à ce qu'il a dit sur ces deux derniers points, qui font peut-être partie de la liberté d'expression, mais qui constituent des violations graves de la Constitution libanaise et menacent l'existence même du Liban.

Depuis sa création en 1982, le Hezbollah n'a annoncé et publié que deux manifestes, l'un le 16 février 1985, appelé « La lettre ouverte » (al-risalat al-maftou7a), et l'autre le 30 novembre 2009, désigné par « Le document, la doctrine (al-wasiqa) ». Alors que dans le manifeste de 1985, le parti affirme que « nous, les fils de la nation du parti d'Allah... nous nous engageons à obéir aux ordres d'un commandement unifié, sage et juste, représenté par wali el-fakih (Guide suprême de la République islamique d'Iran) » et appelle à « l'établissement d'une république islamique (chiite) au Liban », ces détails n'y figurent plus dans le manifeste de 2009. C'est sans doute à quoi le président de la République libanaise fait référence. Le problème c'est que contrairement à ce que semble croire Michel Aoun, et d'autres, cette absence de référence officielle ne signifie en rien le renoncement par le Hezb au rattachement à wilayat el-fakih (juridiction du Guide suprême iranien) et à l'établissement d'al-dawlat el-islamiyat (l'Etat islamique).

Pour s'en rendre compte, voici texto ce qu'a dit Naïm Qassem à ce sujet, au début de l'année 2016 svp dans les interviews d'Al-Mayadeen (17:14-20:10) : « Quand nous avons décidé de rédiger le document en 2009, nous nous sommes dit qu'il n'était pas nécessaire de reparler des sujets qui figuraient dans la Lettre ouverte (1985), qui sont toujours valides, mais qui relèvent des questions de principe, tant qu'ils n'ont pas de répercussions pratiques. Nous avons décider d'orienter le document plutôt dans une direction où nous pouvions le remplir par les exigences de la période dans laquelle nous vivions. » Et lorsque le journaliste lui demande si on peut considérer qu'il y a une évolution idéologique chez le Hezbollah, le numéro deux du Hezbollah tranche sans hésitation : « Non, non et non... Nous restons attacher à ce qui a figuré dans la Lettre ouverte (1985) à propos de l'Etat islamique... Le document de 2009 ne supprime pas ce qui a précédé. Personne n'a dit que le document de 2009 remplace celui de 1985. » Cheikh Naïm Qassem a deux qualités qu'il faut le lui reconnaître : c'est un homme intelligent et il est d'une grande clarté.

Toujours est-il que lorsque le journaliste d'al-Mayadeen tenta de creuser la question (32:26-36:55), Naïm Qassem a précisé, « nous faisons la distinction entre les principes et les convictions d'une part, et les capacités d'application pratique d'autre part ». Mais encore, « en tant qu'islamiste, je ne peux pas dire que je suis islamiste et je propose l'islam, et je n'appelle pas à établir un Etat islamique car cela fait partie du projet auquel nous croyons sur les plans idéologique et culturel ». Mais cheikh Naïm, éclairez-nous encore. « Nous croyons que l'application de l'islam est la solution aux problèmes des êtres humains, en tout temps et en tout lieux. » Mohammad Allouch est quelque peu choqué par la gravité de ce que son interlocuteur dit concernant un pays qui rappelons-le, reconnait 18 confessions. Il interrompt le religieux chiite et lui demande : « Y compris pour ceux qui ne sont pas musulmans? » Imperturbable, Naïm Qassem rajoute : « Moi je leur propose l'islam... Oui c'est une solution pour tout le monde ». Le journaliste n'en croit pas ses oreilles. Il avale sa salive et reformule sa question: « Pardon, votre éminence. En d'autres termes, si la possibilité vous est offerte ou dans le cas où les gens votent pour l'application de l'islam et considèrent que c'est la meilleure chose pour le Liban, est-ce vous croyez que ça sera dans l'intérêt de ceux qui ne sont pas musulmans, les chrétiens, les juifs, etc.? » Wlak ne serait-ce que pour les sunnites, les druzes et les alaouites, voire même les chiites non pratiquants ! Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, en essayant de se rattraper, Naïm Qassem s'est engouffré davantage dans les méandres du Moyen-Age. « Mais ce n'est pas en contradiction ni avec le christianisme ni avec le judaïsme, car ces religions ne se mêlent pas de la vie politique, mais de la vie religieuse. L'islam leur garantit leur vie religieuse. » Et le Hezbollah s'occupera de leur vie politique et culturel, hein, n'est-ce pas? Que Dieu soit loué, que son parti sur Terre soit glorifié et que son secrétaire générale adjoint soit sanctifié de son vivant, nous ne méritons pas tant de générosités. Allez, longue vie à Samir Geagea, Saad Hariri, Gebran Bassil, Nabih Berri, Walid Joumblatt et bien entendu, Michel Aoun.

« Aujourd'hui, qu'adoptent les chrétiens, les juifs et les musulmans en général? Ils adoptent le capitalisme, ils adoptent d'autres idées politiques... » Mohammad Allouch, qui a été excellent durant tout le documentaire, soit dit au passage, est vraiment effaré. On le voit sur son visage. Il tire une tronche ! Il tente quand même de ramener le débat vers plus de tolérance et de modération : « Mais ils peuvent adopter l'Etat civil basé sur la citoyenneté ! » Ah, qu'est-ce qu'il n'a pas dit le pauvre. Le cheikh le corrige sèchement: « un Etat civil basé sur le capitalisme ! » La 7awla wa la qouwata ella bellah, ya yésou3 dakhil esmak. Le journaliste lui fait remarquer alors que le capitalisme est est « un système économique ». Mais ce n'est pas de l'avis du cheikh: « Le capitalisme est un système économique et un système culturel. Et l'islam est un système économique et culturel. Nous, on appelle pour un autre système que le capitalisme... Si les gens n'acceptent pas le système que nous proposons dans leur écrasante majorité, nous ne les obligeront pas. » Que Dieu soit loué, etc., vous connaissez maintenant la formule. « Nous ferons avec eux un contrat social... C'est ce que le Hezbollah fait, il dit j'ai un projet qui s'appelle l'islam, je vous appelle à appliquer l'islam. Ils ont dit non mon frère, nous avons nos spécificités, nous ne sommes pas d'accord avec toi pour appliquer l'islam. Qu'est-ce que vous voulez alors? Nous voulons conclure un accord sur un régime confessionnel au Liban. D'accord, on s'entend avec vous sur le régime confessionnel. Mais nous continuerons à affirmer nos croyances, sans contraindre personne ». Incroyable mais vrai, il faut bien saisir à partir de cet échange surréaliste que le Liban, du temps biblique jusqu'en 1982, n'est qu'une parenthèse pour le Hezbollah.

 7  BONUS, TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR WALI EL-FAKIH, SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER

Tombant des nues, le journaliste interroge son interlocuteur sur le fait de savoir si cela n'est pas quand même en contradiction avec la Constitution de la République libanaise. « Moi quand je propose l'islam comme solution, c'est ma vision des choses. Pourquoi les autres veulent m'interdire de réfléchir? » Non mais, je t'assure ! Autre tentative du journaliste pour comprendre la logique du Hezbollah (36:55-45:55) : « Est-ce la notion de wilayat el-fakih n'a pas d'influence sur la citoyenneté (libanaise)? » Naïm Qassem s'étonne: « Mais pourquoi? ... On ne peut pas se lancer dans la (bataille de) défense où il y aura des blessés, des morts et des âmes qui périront, que si nous obtenons une autorisation légale du wali el-fakih (Guide suprême iranien). Est-ce que nous pouvons pousser ces jeunes dans cette bataille qui conduit à la mort? Je demande au wali el-fakih s'il m'autorise de risquer la mort? En quoi ça peut influencer la citoyenneté?... En tant que parti, j'ai mes convictions. Non mais, en quoi ça influence la citoyenneté? » Et patati et patata et blablabla.

La véritable réponse il faut la chercher dans le livre de Naïm Qassem plutôt. « L'étendue des prérogatives accordées au wali el-fakih est claire: il est celui qui préserve l'application des jugements islamiques et qui veille sur le système islamique, il prend les décisions politiques graves attachées aux intérêts de la nation (monde chiite), il décide de la guerre ou de la paix. » C'est déjà autre chose. « L'engagement du Hezbollah dans wilayat el-fakih représente un anneau dans cette chaine et s'inscrit dans le cadre de l'islam et de l'application de ses jugements. Il se fait dans le cadre des orientations et des règles fixées par wali el-fakih. » C'est déjà inquiétant, que dire de la suite. « Al-wali el-fakih n'a pas besoin de suivre quotidiennement la question. Lorsque le parti  (Hezbollah) fait face à de grandes décisions... c'est alors qu'il prend l'initiative de consulter son avis (Guide suprême iranien) et de réclamer son autorisation en vue de légitimer l'acte ou son absence ». En somme, c'est donc le Guide suprême de la République islamique d'Iran, Khameneï aujourd'hui, Khomeini hier, qui décide ou a décidé pour toutes les questions stratégiques ayant engagé le Hezbollah libanais: la lutte contre l'armée israélienne au Liban (1982-2000), la guerre fratricide contre les miliciens chiites libanais d'Amal (1986-1990), l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri par les cinq membres du Hezbollah recherchés par le Tribunal Spécial pour le Liban (2005), les attaques en territoire israélien (dont celle de juillet 2006), l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban du 7 mai (2008), la chute du gouvernement Hariri (2011), les engagements du Hezbollah dans la guerre civile syrienne (2012-2017), l'exfiltration des terroristes de Daech du Liban (2017), la guerre ou la paix pour le Liban, et j'en passe et des meilleurs et pour le pire. Dans tous les cas, pour le Secrétaire général adjoint du Hezbollah, « tout ce qui a été fait dans le cadre de wilayat el-fakih était dans l'intérêt des citoyens du pays concerné et de la nation (islamique chiite) ». La messe est dite, que Dieu soit loué et cetera, vous connaissez la suite.

N'étant pas à une contradiction près, Naïm Qassem avait déjà fait savoir dans son livre que « la décision de faire le jihad est lié au wali el-fakih... qui détermine les règles d'engagement ». Dans les interviews, il a tenu à préciser que « tout acte où le sang sera versé et où l'on tue, demande une autorisation... Moi je ne peux pas faire le jihad sans une autorisation légale car j'adhère à une idéologie et à l'islam et je suis lié au chef, c'est mon droit de prendre la légitimité de wali el-fakih... Je ne suis pas d'accord que c'est 'la tyrannie religieuse' (qualification attribuée par le cheikh chiite, Mohammad Mehdi Chamseddine, à wilayat el-fakih) ». Et poudre aux yeux, il a ajouté, « nous avons actuellement des alliances avec des forces chrétiennes (Courant patriotique libre, Michel Aoun/Gebran Bassil) et on croit à wilayat el-fakih. En quoi wliayat el-fakih a influencé négativement ces alliances ? Ça n'a pas d'influence négativement, au contraire, c'était positif. » Merci qui ?

 8  LE LIBAN SENS DESSUS DESSOUS POUR UNE DÉCLARATION DE NAIM QASSEM SUR LES FEMMES DIVORCÉES ET INDIFFÉRENT SUR SES DÉCLARATIONS CONCERNANT WILAYAT EL-FAKIH & AL-DAWLAT EL-ISLAMIYAT

Hélas, une des deux vidéos évoquées dans cet article, mises en ligne en janvier et en février 2016 par cheikh Naïm Qassem lui-même, sur sa propre chaine YouTube, société qui fait partie du "capitalisme américaine" que Naïm Qassem combat, n'a été visionnée que par 74 personnes de ce monde. On a mis le Liban sens dessus dessous parce que cet homme religieux chiite s'est exprimé sur les « femmes divorcées », une opinion qui est d'ailleurs partagée par les milieux conservateurs chrétiens et sunnites. Par contre, ses déclarations graves sur le rattachement du Hezbollah libanais à la sphère du Guide suprême de la République islamique d'Iran, wilayat el-fakih, et la volonté d'établir une République islamique chiite au Liban, al-dawlat el-islamiyat, passent et repassent dans l'indifférence générale, de beaucoup de citoyens et de leaders politiques, dont ceux qui prétendent être les gardiens du temple. Très lucide, Naïm Qassem a précisé dans son livre, « tant que la situation actuelle ne le permet pas (d'établir un Etat islamique au Liban)... nous sommes excusés (par Allah) car nous l'avons fait savoir et nous avons annoncé notre position, aux gens d'assumer leurs responsabilités ». Diable, mais qu'ils sortent de leur léthargie ! Et c'est encore plus valable, pour ceux qui sont contre cette idéologie. Ana kamena ballaghit. A bon entendeur, salut !

vendredi 8 septembre 2017

L'hommage manqué du Liban à ses militaires ou comment ne pas trahir pour la troisième fois les quatorze soldats libanais exécutés par Daech et Nosra (Art.463)


D'abord ils sont quatorze et non dix ! Il est déjà là le premier manquement. On a tout simplement oublié de joindre au cortège funèbre, même symboliquement, les deux militaires libanais décapités par les terroristes de Daech/Etat islamique, et les deux soldats libanais exécutés par balle par les terroristes de Fateh-Cham/Front al-Nosra, peu de temps après leur enlèvement en août 2014, les quatre tués avec barbarie en captivité aussi. En tout cas, le Liban rend aujourd'hui un dernier hommage à dix soldats libanais exécutés en captivité par l'organisation terroriste Daech, en février 2015 a priori, après leur enlèvement en août 2014, et dont les restes ont été ramenés aux familles et à la nation, au cours de l'opération menée par l'armée libanaise, Fajr el-Jouroud, qui s'est achevée le 27 août 2017. La cérémonie s'est déroulée au ministère de la Défense, en présence de Michel Aoun, Saad Hariri et Nabih Berri, respectivement président de la République, premier ministre et président du Parlement.

Dernier hommage du Liban aux soldats
de l'armée libanaise exécutés par Daech
Ministère de la Défense. Photo Marwan Assaf

On me le reprochera sans doute, mais j'y tiens quand même. Les quatorze militaires libanais exécutés en captivité par les deux organisations terroristes à dominante syrienne, sont tous de confession musulmane. Les militaires de confession chrétienne kidnappés le même jour, ont été libérés ultérieurement. Accordez à cette info l'importance que vous voulez, mais j'ai tenu à vous en faire part. Par les temps qui courent dans nos contrées d'Orient, ça pourrait mettre les pendules à l'heure dans certains esprits.

Les tests ADN étant formels, les familles des militaires kidnappés et exécutés pourront en conséquence enterrer leurs fils et commencer leur deuil. Certes, la nation les accompagnera, avec sincérité et des chaudes larmes pour les uns et hypocrisie et des larmes de crocodile pour les autres. Mais, pour les uns et les autres, le deuil de la nation ne durera que la journée, alors que celui des familles, une éternité.

En dépit de la solennité de l'événement et de l'affliction de circonstance, cet hommage est manqué car il n'est pas accompagné d'une réflexion profonde à la hauteur du sacrifice de ces jeunes militaires. On les tuera deux fois si nous ne posons pas aujourd'hui à chaud et dans l'émotion, les vraies questions qui dérangent et que le monde politique fait tout son possible pour les ignorer.

Sous l'impulsion du président de la République, le ministre de la Justice, Salim Jreissati a demandé au procureur général près de la Cour de cassation d'engager des poursuites contre X afin de déterminer les responsabilités de tous ceux qui ont participé et incité à l'enlèvement et à la mort des militaires libanais. On ne peut que s'en réjouir. Dans le collimateur de certains, on retrouve Tammam Salam, ex-Premier ministre, Jean Kahwagé, ex-commandant de l'armée libanaise, Nouhad Machnouk, actuel ministre de l'Intérieur, ainsi que les leaders du 14-Mars en général et ceux du Courant du Futur en particulier.

Il n'est pas dans mon intention de défendre particulièrement "ces accusés", mais force est de constater que cette enquête qui est soi-disant souhaitée et impartiale, prend des tournures politiciennes qui sont le moins qu'on puisse dire louches.

Disons d'emblée qu'il n'échappe à personne qu'une telle enquête sera longue, complexe et difficile. Sans se livrer à la divination, tout le monde sait aussi qu'elle ne conduira à aucune révélation fracassante au pays des consensus. Faut pas rêver. Par contre, il y a quatre certitudes basiques dans ce dossier que nul d'honnête et de sensé ne peut remettre en question.

. Primo, si l'armée libanaise était déployée à la frontière entre le Liban et la Syrie, la tenant d'une main de fer, interdisant aux hommes et aux armes de passer dans les deux sens depuis le début de la révolte syrienne en mars 2011, les deux organisations terroristes Daech et de Nosra, n'auraient pas pu s'installer sur la chaine de montagnes de l'Anti-Liban. On ne peut pas s'étonner d'avoir été volé et agressé quand on a laissé les portes et les fenêtres de sa maison grandes ouvertes. Qui est le coupable dans ce volet de l'histoire? Yé3né bel 3arabé el mchabra7, qui a laissé les portes et les fenêtres du Liban grandes ouvertes? Ce sont les forces politiques du 8-Mars et du 14-Mars. Qu'importe les justifications des uns et des autres, depuis le retrait du dernier soldat syrien le 26 avril 2005, les deux camps n'ont pas été capables quand ils ont gouverné seuls ou ensemble, d'atteindre cet objectif. Et pourtant, le 8-Mars porte une plus lourde responsabilité car du fait de son positionnement politique, pro-Assad et pro-Hezb, ce camp s'est toujours opposé à ce déploiement militaire et à ce mot d'ordre. Il ne voulait pas entraver la libre circulation du Hezbollah entre le Liban et la Syrie. D'ailleurs, rappelons-le encore une fois, l'essentiel des jihadistes se sont installés dans les Jouroud entre 2012 et 2014, à une époque où le Liban était exclusivement gouverné par les forces politiques du 8-Mars, le gouvernement Mikati (Hezbollah, Courant patriotique libre, Amal, Parti socialiste, etc.). Hélas, il a fallu attendre ce vendredi 8 septembre 2017, pour qu'enfin, « le Conseil supérieur de la défense (...) charge le commandement de l'armée libanaise de prendre les mesures nécessaires pour assurer le déploiement des troupes frontalières terrestres » à la frontière orientale du pays du Cèdre. Aucun (com)patriote libanais ne peut retenir sa joie aujourd'hui, sauf que cette décision historique arrive avec douze ans de retard, pour ne pas dire 71 ans même, et quatorze tragédies, pour ne pas dire davantage, qui auraient pu être parfaitement évitées, si la troupe s'était déployée au moins au moment du déclenchement de la guerre civile syrienne.

. Secundo, on peut palabrer sur cette affaire d'Etat encore longtemps et jusqu'au jour où les poules auront des dents. On peut aussi y mettre un terme en se plongeant dans les archives. Le Hezbollah a non seulement été un opposant farouche au déploiement de l'armée libanaise à la frontière syro-libanaise, mais il a toujours été contre toute négociation de l'Etat libanais avec les groupes terroristes, en vue de la libération de la trentaine de soldats kidnappés, alors que la milice chiite libanaise et le régime syrien se livraient à ces pratiques depuis des années en Syrie. Eh oui, des négociations auraient pu conduire à la libération des soldats libanais.

. Tertio, l'Etat libanais savait depuis février 2015 que les militaires enlevés par Daech ont été exécutés. On disposait même des photos des corps. Le chef de la Sureté générale libanaise, Abbas Ibrahim, l'a répété à trois reprises. Mais alors pourquoi un militaire de ce rang, chargé de ce dossier, commet cette bourde qui n'en est pas une bien évidemment? Sans doute pour soulager sa conscience, mais aussi et surtout, pour que ça se sache. Ainsi, des responsables ET des leaders libanais, en place depuis février 2015, ont décidé de ne pas révéler l'info aux familles et à la nation, et de garder le silence. Qui sont-ils et pourquoi ils l'ont fait?

. Quarto, qu'importe les justifications à cinq piastres avancées par ces défenseurs hypocrites et zélés de la troupe, et indépendamment de la libération héroïque de la terre par l'armée libanaise, les jihadistes de Daech et de Nosra ont été exfiltrés en Syrie sous la bonne garde du Hezbollah et des régimes syrien et iranien. Tout ce beau monde y tient tellement qu'il a appelé la communauté internationale à venir en aide aux terroristes bloqués au beau milieu du désert syrien par les avions américaines de la Coalition internationale. Alors résumons un peu ce cas surréaliste: on cherche à savoir qui au Liban a rendu l'enlèvement et la mort des militaires libanais possible (volet complexe et auteurs non identifiés), mais on s'en fout royalement de savoir qui a permis aux assassins des enfants de la patrie de se soustraire à la justice libanaise et de rentrer tranquillement chez eux (volet simple et auteurs principaux bien identifiés, le Hezbollah et le régime syrien). On croit rêver!

Du côté du Hezbollah, la situation est désespérée, du fait de l'engagement milicien auprès du régime de Bachar el-Assad. La communauté chiite libanaise et les miliciens hezbollahis ont été durement éprouvés par les six années de guerre en Syrie et les 2 000 combattants morts prématurément « dans l'accomplissement du devoir jihadiste » comme le disait la milice chiite. Ses opérations Anti-Liban 1 (contre al-Nosra au Liban au mois de juillet) et Anti-Liban 2 (contre Daech en Syrie au mois d'août) visaient deux objectifs principaux, qu'il n'arrive pas à atteindre complètement : remonter le moral de ses troupes et de ses partisans, et imposer le rétablissement de relations normales entre le gouvernement libanais et le régime syrien. Sa situation était si désespérée qu'il s'est précipité avec indécence pour fêter la « deuxième libération » du Liban de Daech etde Nosra, alors qu'il n'avait pas tiré une balle contre l'Etat islamique, que l'armée libanaise, les familles et la nation toute entière n'avaient pas encore enterré leurs héros et qu'une partie des Libanais étaient déjà à la « quatrième libération », après les libérations palestinienne (1982), israélienne (2000) et syrienne (2005).

De côté de l'Etat libanais, la situation est tout aussi désespérée, du fait de l'attention accordée aux jihadistes assassins des soldats libanais et leur exfiltration sains et saufs vers la Syrie, comme si de rien n'était. On ne sait plus comment détourner l'attention des Libanais et du monde de ce scandale abject. Dernière tentative en date, la déclaration du ministre libanais de la Défense, Yakoub Sarraf, prononcée hier soir sur la chaine LBCI : « Il n'y a eu aucune autorisation d'une quelconque partie libanaise pour permettre ne serait-ce qu'à un porteur de couteau de quitter jurd Ersal ». Pour être encore plus clair, il a rajouté : « Saad Hariri n'a pas l'info! » Cette déclaration est grave pour au moins trois raisons.
. D'abord, parce qu'elle signifie que les dirigeants de l'Etat libanais étaient passifs, alors qu'ils sont les principaux concernés. Ils se sont vraiment contentés comme je le disais avec sarcasme il y a quelques jours, d'assurer la sécurité et le bien-être des randonneurs et des retraités de Daech, pour qu'ils aillent rejoindre les bus climatisés la compagnie Hezb & Assad Tour et qu'ils aient leur part d'eau de Cologne et de glace à l'eau de rose.
. Ensuite, parce qu'elle signifie de facto que la souveraineté libanaise est effectivement privatisée et se trouve actuellement entre les mains de Hassan Nasrallah et Bachar el-Assad.
. Enfin, parce qu'elle contredit les déclarations du Premier ministre au journal Le Monde (1er septembre): « Moi-même et le président Michel Aoun, nous les avons laissé franchir la frontière (les jihadistes de Daech), mais leur transport en bus vers l’est de la Syrie a été décidé par le Hezbollah et les Syriens. » Si on croit Yacoub Sarraf, cela signifie que le chef du gouvernement libanais, qui selon la Constitution commande l'armée libanaise, n'a pas été mis au courant de ce qui allait se passer.

Rappelons à tout hasard que Yacoub Sarraf, le ministre de la Défense dont dépend l'armée libanaise et le tribunal militaire, qui était autrefois un proche d'Emile Lahoud, ainsi que Salim Jreissati, le ministre de la Justice, et Michel Aoun, le président de la République, initiateurs de l'enquête en cours, sont tous les trois issus du Courant patriotique libre, un parti qui a conclu le fameux « Document d'entente » avec le Hezbollah en 2006, et dont le président, Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères, avait déclaré texto le 31 août, à la fin de l'opération Fajr el-Jouroud : « Il n'est pas permis que le pays exempte tout responsable du sang des martyrs, mais j'ai le droit de demander au courant (patriotique libre) de ne pas attaquer certains dans les médias, afin de ne pas perdre l'objectif et que le grand responsable ne s'échappe ». Quelle impressionnante détermination ! Mais alors, qui est donc ce mystérieux « grand responsable » qui devrait trembler devant les 140 caractères tweetés par le gendre du président de la République ? A chacun son idée, mais ce n'est surement pas celui auquel nous pensons. Enfin, une couche de surréalisme de plus, ça ne fera de mal à personne. Au point où on est avec le ridicule, c'est encore la suite de la suite et ainsi de suite ! 

Alors, soder ra7et el 7alkoum lal hakim wou lal cheikh, un plateau de loukoums pour Geagea et Hariri qui ne méritent évidemment pas un plateau de baklawa. Ils ont soutenu des candidats à la présidentielle qui avaient une si bonne opinion du Hezbollah et de Bachar el-Assad, Michel Aoun et Sleiman Frangié, sans aucune contrepartie à un moment où rien ne les obligeait à le faire. On en payera le prix encore longtemps. A ce propos, sachez que le ministre d'Etat aux Affaires du Golfe d'Arabie saoudite, Samer al-Sabhane a prévenu il y a quelques jours: « Ce que fait le parti de Satan (Hezbollah) comme crimes inhumains dans notre nation (notamment en Syrie), se répercutera sur le Liban forcément. Les Libanais doivent donc choisir s'ils sont avec ou contre lui. Le sang des Arabes vaut cher. » On peut juger la déclaration odieuse, il n'empêche que les dirigeants libanais ne pourront pas l'ignorer. Ils sont prévenus. L'annulation du plan d'aide militaire saoudienne au Liban, en février 2016, d'un montant global de 4 milliards de dollars, initialement destiné à l'armée libanaise et aux forces de sécurité intérieure, était déjà un avertissement grave pour les chefs du parti des Forces libanaises et du Courant du Futur. En vain. En octobre 2016, les députés des deux formations ont élu comme si de rien n'était le chef du Courant patriotique libre, le fidèle allié du Hezbollah, comme président de la République. La situation peut s'aggraver dramatiquement si le Liban, sous la pression actuelle du parti chiite libanais, s'aligne davantage sur l'axe Téhéran-Damas. Plus de 400 000 expatriés libanais travaillent dans les pays du Golfe. Et c'est sans parler des investissements colossaux des pays du Golfe au pays du Cèdre. On pourrait s'en foutre comme de l'an quarante, sauf que le Liban n'est pas le Qatar !

Toujours est-il que l'hommage rendu aujourd'hui par les dirigeants et les politiciens de l'Etat libanais aux soldats enlevés et exécutés sauvagement par les terroristes de l'Etat islamique est un acte manqué. Il le restera tant que l'enquête qui sera menée ne répondra pas au scandale soulevé dans les quatre points évoqués précédemment. Et là nous sommes nombreux à nous demander si cette enquête qui s'annonce longue, complexe et difficile ne vise pas réellement, comme à l'accoutumée au pays du Cèdre, à noyer le poisson et faire oublier dans ce cas précis, le deal géo-politico-terroriste conclu entre quatre entités terroristes pour l'écrasante majorité des pays du monde, le Hezbollah et Bachar el-Assad d'une part, et Daech (Etat islamique) et Fateh el-Cham (Nosra) d'autre part. D'ailleurs, l'enquête ne concernera aucun de ces quatre points, comme par hasard. Aujourd'hui, et afin de ne pas trahir nos soldats, pour la troisième fois -après les négligences qui ont mené à leur enlèvement et les ratés qui ont conduit à leur exécution- les Libanais sont en droit d'exiger d'une part, de juger ceux qui se sont permis de conclure le deal de la honte qui a conduit à l'exfiltration des assassins de nos soldats en Syrie sans jugement, le Hezbollah et les régimes syrien et iranien, et d'autre part, de savoir si ces derniers ont des complices au sein de l'Etat libanais?

lundi 4 septembre 2017

Voici les familles et les retraités de Daech évacués par le Hezbollah et Assad du Liban, et défendus par la journaliste Dima Sadek, qui croit inventer l'eau tiède dans les domaines de l'humanitaire et de l'humanisme (Art.462)


Même pas peur du ridicule, la suite de la suite. Je m'astreins depuis que je suis actif sur les réseaux sociaux à avoir un rythme d'une publication tous les 5j en moyenne, pas plus, parce que je veux vous livrer des articles de qualité et la qualité demande du temps et du temps je n'en ai pas autant que je le souhaite et je souhaite tant ne pas encombrer votre fil d'actualité inutilement. Cela étant dit, il y a des exceptions à la règle et la note d'aujourd'hui en fait partie, elle s'impose par l'actualité du weekend au Proche-Orient.


Depuis lundi dernier et la révélation au grand jour de l'accord conclu entre Daech, le Hezbollah, le régime syrien et les mollahs, chaque jour nous amène de nouveaux éléments qui nous aident à mieux comprendre pourquoi ce « deal géo-politico-terroriste » est une honte pour ces protagonistes qui prétendent combattre cette organisation terroriste, et pourquoi l'Etat libanais a raté une belle occasion de se comporter comme un pays développé, mature, souverain, responsable et méritant de faire partie d'une société de nations en guerre avec l'Etat islamique. Les derniers en date concernent les communiqués du Hezbollah et de la Coalition internationale. Le contraste est tout simplement surréaliste.

*

- Hezbollah: « Les avions américains empêchent les autocars transportant les miliciens de Daech et leurs familles qui ont quitté la zone sous contrôle de l'autorité de l'État syrien de se déplacer, les encerclant au milieu du désert et empêchant toute personne de s'en approcher même pour offrir une aide humanitaire aux familles, aux malades, aux blessés et aux personnes âgées. » Mensonge sur toute la ligne. Comme elle est étrange cette insistance de la milice chiite libanaise à zapper la présence de plusieurs centaines de jihadistes à bord des bus climatisés mis à leur disposition et le fait que d'autres jihadistes en Syrie tentent, sous l'oeil bienveillante du régime d'Assad de les rejoindre au cours de leur transfert! C'est la partie secrète du deal. Et il y en a bien d'autres.
- Coalition internationale : « La Coalition a frappé des combattants et des véhicules de l'Etat islamique, y compris un char, des véhicules techniques armés et des véhicules de transport, cherchant à faciliter le mouvement des combattants de l'EI vers la zone frontalière de nos partenaires irakiens. » Tiens, tiens, mais que viennent faire un tank, des véhicules armés et des transports de troupes de Daech dans une région contrôlée par le régime d'Assad? En tout cas, assez de mensonges, que ça soit clair pour tous et une fois pour toutes, selon la Coalition, « des vivres et de l'eau ont été fournis au convoi ».

- Hezbollah: « L'État syrien et le Hezbollah ont rempli leur obligation de laisser les bus traverser les régions sous l'autorité du gouvernement syrien sans être attaqués. » Non mais le monde s'en moque comme de l'an quarante de ces arrangements conclus entre des entités considérées par la majorité des pays arabes, européens et occidentaux comme terroristes et il le fait savoir.
- Coalition internationale : « La Coalition a chargé les Russes de transmettre un message au régime syrien, à savoir que la Coalition ne tolérera pas que les combattants de Daech se déplacent plus à l'est vers la frontière irakienne. » Point à la ligne. Faire croire que le régime syrien trouvera une autre route pour conduire ses jihadistes à bon port, alors que la Coalition a la maîtrise de l'espace aérien syrien, est tout simplement ridicule.

- Hezbollah: « Si cela se poursuit, la mort inévitable attend ces familles, y compris certaines femmes enceintes. » Mensonge, malhonnêteté et manoeuvre médiocre pour apitoyer le monde sur le sort des jihadistes de Daech.
- Coalition internationale : « La Coalition attache de l'importance à la vie humaine et a proposé un plan d'action pour sauver les femmes et les enfants de toute autre souffrance causée par l'accord du régime syrien. » Sauf que les lâches d'aujourd'hui comme ceux d'hier, en Syrie comme au Liban, ont toujours une fâcheuse tendance à se cacher derrière les civils et à s'attaquer aux civils. Pour en savoir plus, demandez le mode d'emploi au terroriste en chef, Bachar el-Assad, il se fera un plaisir de vous montrer l'album de César, son ex-photographe, et ses 55 000 clichés de 11 000 Syriens torturés, affamés et assassinés dans ses geôles.

- Hezbollah : « L'objectif américain de cette action n'a rien à voir avec la lutte contre Daech. » Ah non, c'est l'exfiltration de centaines de jihadistes de Daech sous bonne garde dans des bus climatisés qui a plus à voir. Grotesque.
- Coalition internationale : « Daech est une menace mondiale. La relocalisation des terroristes d'un endroit à un autre pour que quelqu'un d'autre s'en occupe, n'est pas une solution durable. » Plus tard, le porte-parole de la Coalition, colonel Ryan Dillon, a précisé à propos du deal Hezbollah-Daech, que 85 jihadistes de l'organisation terroriste ont été tués et 40 véhicules de l'Etat islamique détruits. Le deal a foiré on dirait!

- Hezbollah : « Au cas où ces autobus sont bombardés, tuant inévitablement des civils, des femmes, des enfants et des personnes âgées ou les exposant à une mort inévitable suite à l'embargo qui leur est imposé et à l'interdiction imposée aux aides de leur parvenir, la responsabilité incombera aux Américains seuls. » Mensonge et piètre manœuvre pour faire diversion à propos de la fuite des jihadistes de Daech sous la protection du Hezbollah et du régime d'Assad.
- Coalition internationale : « La Coalition et nos partenaires irakiens ne font pas partie de l'accord entre le Hezbollah libanais, le régime syrien et l'Etat islamique pour permettre à ces combattants expérimentés de transiter par le territoire sous le contrôle du régime syrien jusqu'à la frontière irakienne. » De son côté le porte-parole de la Coalition, colonel Ryan Dillon, a rappelé aux humanistes de la dernière pluie, que « la Coalition internationale ne cible pas les civils et n'empêche pas les aides de leur parvenir ». Être obligé de le préciser, quand même !

- Hezbollah : « Face à ces possibilités, il revient à ce qu'on appelle la communauté internationale et les institutions internationales, d'intervenir pour prévenir un terrible massacre. » Jamais peur du ridicule. Le Hezbollah, entité classée terroriste par la majorité des pays arabes, européens et occidentaux, complice du régime terroriste de Damas des massacres avec des armes conventionnelles et non conventionnelles (barils d'explosifs et attaques chimiques au chlore et au gaz sarin), qui refuse de livrer ses cinq « saints » comme il les qualifie, accusés de l'assassinat de l'ancien PM du Liban Rafic Hariri et de 21 autres personnes au Tribunal Spécial pour le Liban, la plus haute juridiction internationale créée sous l'égide de l'ONU, appelle la communauté internationale pour venir en aide aux jihadistes. On aura tout vu et tout entendu avec le Hezbollah. Rien d'étonnant de la part d'une milice qui prétend combattre Israël à Damas !
- Coalition internationale : « Conformément au droit des conflits armés, la Coalition continuera de prendre des mesures contre Daech chaque fois que nous le pourrons et partout où nous pourrons le faire, sans nuire aux civils. » C'est ce qu'a confirmé le porte-parole de la Coalition, colonel Ryan Dillon. Aux adversaires de pacotille de Daech, il a précisé à tout hasard que « la mission de la Coalition est claire : vaincre Daech ».

Et comme le Hezbollah était en grande difficulté, pour faire passer le convoi terroriste de jihadistes pour un convoi humanitaire de familles et de retraités en excursion à Palmyre, le mentor iranien est venu à son secours, avec les mêmes arguments bidon et les mêmes mensonges grotesques. Le ministère iranien des Affaires étrangères s'est félicité de « l'initiative humanitaire » prise par le gouvernement libanais et le Hezbollah dans « le sauvetage des civils et des innocents » qui aurait renforcé la grandeur de la victoire réalisée. « Encercler un certain nombre de femmes et d'enfants dans le désert par les Américains n'a aucune valeur militaire... C'est normal pour les Américains en raison de leur coopération antérieure avec l'organisation ». Les Iraniens sont persuadés que les Américains cherchent à « affecter négativement la victoire du gouvernement et de la résistance libanais ». Ils appellent aussi les Nations Unies à « intervenir pour prévenir les massacres des innocents dans la région ». C'est c'là oui, je vous promets d'en dire un mot au colonel Ryan Dillon.

*

Il y a trois ans, pratiquement jour pour jour, une coalition a été créée par les Etats-Unis de Barack Obama pour détruire l'organisation terroriste Daech/Etat islamique. N'allez surtout pas, comme certains novices qui ont une mémoire de poisson rouge, donner une once de mérite au bouffon actuel de la Maison Blanche! La guerre contre Daech a commencé quand Donald Trump faisait de la télé-réalité. Aucun sarcasme, c'est véridique. Cette coalition englobe de nombreux pays arabes (qui font de la figuration soit dit au passage, mais ça reste entre nous!) et quelques pays occidentaux (France, Royaume Uni, Australie, Pays-Bas, Belgique, Danemark et Canada). Ainsi, n'en déplaise aux fans de Vlad et de notre mouména3a el wataniyé, la majorité des frappes contre Daech sont assurées par l'armée américaine, 69% en Irak et 96% en Syrie. Eh oui, c'est facile à retenir, 6 & 9. Montrons-nous donc reconnaissants et pas aussi ingrats que les autruches. Sans l'armée américaine, les usurpateurs de l'islam et du califat seraient confortablement installés à Bagdad depuis un bail. Quant aux interventions de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah en Syrie, elles visent essentiellement à sauver le régime syrien et à le présenter comme la seule alternative à l'Etat islamique. Leurs cibles prioritaires étaient depuis le début de la guerre civile syrienne, les groupes de rebelles modérés.

Le quatuor Poutine-Assad-Nasrallah-Khameneï font tout ce qu'ils peuvent depuis 2014 pour ne pas faire du combat contre l'organisation terroriste en Syrie une priorité. La bataille d'Alep était très révélatrice sur ce point, il n'y avait pas un seul combattant de Daech dans la ville depuis des années. Par contre, c'est grâce à près de 13 000 frappes aériennes contre Daech menées par la Coalition internationale en Irak, que l'armée irakienne (à dominante chiite) a libéré Mossoul (9 juillet), la plus grande ville de l'Etat islamique à son apogée, et Tel Afar, une ville située sur la route stratégique reliant la Syrie à l'Irak, le dernier bastion de Daech en Irak. Mais encore, c'est grâce aussi à plus de 9 000 frappes menées par la Coalition contre Daech en Syrie, que les « forces démocratiques syriennes », une coalition composée principalement de troupes kurdes sunnites, mais aussi de troupes arabes sunnites et des chrétiens syriaques, ont réussi à libérer complètement la veille ville de Raqqa, la capitale de l'Etat islamique en Irak et au Levant. C'est justement ce qu'a annoncé hier Brett McGurk, l'envoyé spécial du président américain auprès de la Coalition.

Acculée, l'organisation terroriste Daech est poussée dans ses derniers retranchements. Et comme par hasard, c'est donc au moment précis où 90% du territoire occupé autrefois par Daech viennent d'être libérés que le quatuor infernal a décidé d'exfiltrer près de 500 jihadistes aguerris du Liban, sans consulter la Coalition internationale bien entendu, de les parfumer à l'eau de Cologne et d'aller les conduire sous bonne garde et escorte dans des bus climatisés vers la zone la plus éloignée de Damas, le gouvernorat de Deir el-Zor, dans la ville d'al-Bukamal, un carrefour commercial important de l'Empire romaine, puis du royaume de Palmyre et de l'Empire ottoman, et qui se trouve aujourd'hui par la malédiction d'Assad sous les griffes de l'Etat islamique. Et ça prétend combattre Daech! Chapeau les gars. De la frontière syro-libanaise à la frontière syro-irakienne avec un timing digne des grands stratèges, ce moment précis où Daech est sur le point de s'effondrer en Irak! What else? Et c'est comme ça, au gré des mensonges, le Hezbollah fait de l'humanitaire, le Liban a vaincu le terrorisme, l'Irak est un pays ingrat et la Coalition internationale, ainsi que votre obligé, jouent constamment aux trouble-fêtes. Bienvenue dans le monde surréaliste d'Orient.


Le mot de la fin est pour ces personnes qui poussent des cris de vierges effarouchées, dès qu'on critique l'anomalie que constitue la situation du Hezbollah au Liban, et qui cachent leur pudeur de gazelle, comme leur sympathie pour la milice chiite libanaise, avec une feuille de vigne. Prenons à tout hasard Dima Sadek, ex-OTV et ex-Safir. La journaliste de la LBCI est plus prompte à gober « tout ce qui figure dans le communiqué du Hezbollah », qu'à se donner la peine de prendre connaissance des communiqués et des déclarations de la Coalition internationale. Pire encore, elle croit sérieusement qu'elle a inventé l'eau tiède dans les domaines de l'humanitaire et de l'humanisme avec « pour moi, tuer est une ligne rouge ». Plus grave encore, elle s'offusque que certains puissent comparer le Hezbollah à Daech, alors que tout ce que le parti chiite demande c'est « d'épargner les civils » et s'indigne qu'on puisse insulter « celui qui a défendu les civils pendant cinq ans » et j'en passe et des meilleures. Mamma mia ! Wallah, sans doute en Syrie aux côtés du tyran de Damas, et bien sûr au Liban un certain 14 février 2005, 22 personnes tuées, comme le 8 mai 2008 d'ailleurs, 75 morts! Incroyable cette obstination du Hezbollah et de ses partisans, déclarés ou refoulés, à jouer aux illusionnistes et ne plus savoir quoi inventer pour faire disparaître dans la nature plus de trois cents jihadistes de Daech, membres d'une organisation terroriste ayant assassiné en Orient et en Occident des milliers de personnes, dont dix soldats de l'armée libanaise, deux par décapitation.

Que les hypocrites humanistes se rassurent, personne de la Coalition internationale ne veut transformer les jihadistes en pâté pour crocodiles. Personne non plus ne veut les gracier des crimes qu'ils ont commis. Ils seront traités selon le droit de la guerre et les conventions internationales en vigueur. Ils ne sont pas les premiers monstres sur Terre et ils ne seront pas les derniers. Et c'est surement pas des gens du Hezbollah et des régimes syrien et iranien, qui viendront nous donner des leçons humanitaires et humanistes dans ce domaine. Quant aux civils, ils peuvent se mettre en sécurité à tout moment où ils le décident et quand le trio Daech-Hezb-Assad les laissera partir. S'ils restent auprès des jihadistes, c'est justement pour les protéger et assurer la bonne exécution du deal terroriste. Ils deviennent volontairement des « boucliers humains ». Alors, au lieu que Hassan Nasrallah et Bachar el-Assad jouent aux vierges effarouchées, ils auraient dû ne pas mêler les jihadistes aux civils dès le départ. Ils ont cru faire les malins. Raté. Comme c'est trop tard maintenant, ils feraient mieux de mettre leur energie pour les convaincre de cesser leur lâcheté légendaire et de laisser les civils partir à Deir el-Zor sans eux.

Une dernière chose, faire croire, laisser entendre, suggérer ou insinuer, que le Hezbollah libanais et le régime syrien de Bachar el-Assad seraient plus soucieux de la vie humaine que les pays de la Coalition internationale est non seulement risible, c'est aussi abject.