La description que fait un des activistes
qui dirigent Tol3et re7etkom, Lucien Bourjeily, de l’intervention des
forces de l’ordre au ministère de
l’Environnement, occupé pour quelques heures le 1re septembre par le
mouvement « Vous puez » ("You Stink"), fait froid dans le dos. « Ils (les agents de l'ordre) nous ont
d'abord bloqué l'accès aux toilettes. Ils ont ensuite interdit l'entrée de
la nourriture et de l'eau. Puis ils ont coupé la climatisation et fermé les
fenêtres » (L’Orient-Le Jour, 2 septembre). Couper la clim et fermer
les fenêtres à Beyrouth, le lendemain du dernier jour du mois d’août, ah les
sadiques ! « Lorsque les
policiers ont voulu nous déloger, ils ont chassé tous les journalistes et ont
même coupé les câbles électriques pour empêcher toute retransmission en direct.
Ils voulaient cacher les preuves de leur crime... On a tenté de me tuer ». L’accusation est grave, très
grave. « Je porterai plainte pour
cela contre ceux qui ont ordonné l'évacuation par la force et ceux qui l'ont
exécutée ». Il a parfaitement raison. Minute ! mais de quel droit
lui et ses friends ont-ils décidé d’occuper les locaux du ministère de l’Environnement ?
« Le
ministère est un lieu public qui appartient au peuple libanais tout
entier ». Ohlala, on
n’a pas encore fini avec le gavage du peuple libanais de leur populisme ! Peut-il nous dire depuis quand Lucien Bourjeily représente ce peuple ? L'activiste rajoute plus loin, « nous avons toutefois continué à
scander nos slogans de manière pacifique, tout en veillant à ne pas endommager
les lieux », comme si c’était suffisant pour donner de la légitimité à
une action illégale et irresponsable.
On sera d'autant plus rassuré et confiant que les revendications politiques de Tol3et re7etkom sont bidon. Il faut que les médias osent les dénoncer. Donner « au pouvoir libanais », c’est-à-dire au gouvernement légitime de la République libanaise, « un ultimatum de 72h pour répondre à nos revendications », de la part d’une bande d’activistes qui jouent aux "grands méchants loups" et qui ne respectent pas la Constitution et les lois libanaises, est un acte puéril infâme. Réclamer des élections législatives, en zappant l’élection présidentielle et sans dire un mot sur la nécessité d’adopter une nouvelle loi électorale, prouvent à la fois l’amateurisme de ce mouvement et son alignement sur les positions politiques du Hezbollah (Hassan Nasrallah) et du Courant patriotique libre (Michel Aoun). Considérer que le Parlement autoprorogé est « illégale et inconstitutionnel » relève de la propagande et de la désinformation puisque le Conseil constitutionnel a rejeté le recours en invalidation de cette autoprorogation, déposé par les députés aounistes. Que Tol3et re7etkom cesse de parler au nom du peuple. Le peuple libanais ne peut être représenté par des gens aussi irresponsables et amateurs, qu’ils soient de la société civile ou de la société politique. Les novices qui ne vont pas manquer de se déchainer sur mon mur sachent que je ne cesse de critiquer les dirigeants libanais dans mes écrits. Plus de 300 articles témoignent de ma lutte quotidienne pour la renaissance du Liban, celui sur les déchets en est la preuve. Je n’ai pas mâché mes mots à l'égard de la classe politique car les faits étaient accablants pour elle.
Je ne me prononcerai pas sur ce qui s’est
déroulé dans ce bâtiment public avant-hier. Il faudrait une enquête judiciaire pour vraiment discerner le vrai de la grande mise
en scène de cette journée, surtout lorsqu’on apprend que les activistes réclamaient une évacuation musclée alors que les forces de l’ordre leur signifiaient qu’elles ne
pouvaient pas satisfaire leur caprice de révolutionnaires, quand certaines journalistes
au professionnalisme de pacotille faisaient de ces enfantillages les
événements les plus graves depuis les protestations contre la guerre du Vietnam
(LBCI et New TV), que cette évacuation
s’est soldée par plus de blessés dans les rangs des forces de l’ordre que
dans ceux des manifestants (cinq en tout et pour tout, dont l’artiste Lucien
Bourjeily) et sachant qu’un activiste comme Imad Bazzi, un autre dirigeant du
mouvement, a tenté de retrouver les traces de la « brutalité policière »
sur son bras, sans jamais y parvenir. Enfin bref, cherchez l’erreur.
Mais, comme le dramaturge a annoncé que « les
organisateurs se réuniront sous peu pour décider des prochaines
démarches », je me suis dit qu’il
est temps de rappeler à nos jeunes chéguevaristes quelques évidences d’au-delà
de nos contrées.
Quand avec du bon sens, on ne parvient pas
à ramener la raison dans un débat passionné, il n’y a rien de mieux que de
passer à la comparaison. C’est d’autant
plus utile que ces activistes rejettent le « régime libanais ». En
matière de droits de l’homme, de démocratie, de liberté d’expression ou d’Etat
de droit, l’Occident reste le modèle incontesté pour la majorité des peuples du
monde. Deux pôles majeurs retiennent particulièrement l’attention, les Etats-Unis et l’Europe. Le 1er amendement de la Constitution américaine qui date de 1791 svp, sacralise les
libertés individuelles en décrétant que «
Le Congrès ne fera aucune loi... pour limiter la liberté d'expression, de la
presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement. » Notez bien
que cela est conditionné au caractère pacifique de l’expression citoyenne. C’est
à peu près la même chose de ce côté de l’Atlantique. Pour le besoin de
simplification, je me limiterai à la
France.
Au pays de la Révolution française, il faut
savoir que toute manifestation sur la
voie publique doit être déclarée au préalable aux autorités. Celle-ci peut
être interdite s’il existe un risque de trouble à l’ordre public ou si les mots
d’ordre sont contraires à la loi. Les auto-déclarés révolutionnaires du Liban,
qui citent parfois la France pour justifier la montée d’adrénaline dans leur
sang, devraient méditer longuement l’article 412-1 du Code pénal
français avant de se lancer à l’assaut du Grand Sérail et du Parlement la
prochaine fois : « Constitue un attentat le fait de
commettre un ou plusieurs actes de violence de nature à mettre en péril les
institutions de la République ». C’est un crime au sens de la loi.
Il est puni de 30 ans de prison et de 450 000 euros d’amende. C’est trop
fort ? Bon, l’article 412-3 qui est plus soft stipule quand même : « Constitue
un mouvement insurrectionnel toute violence collective de nature à mettre en
péril les institutions de la République. » On s’approche un peu plus des
actions des révolutionnaires libanais, qui ne veulent plus du "système", puisque l’article 412-4 précise « qu’en
occupant à force ouverte ou par ruse... tout édifice ou installation (de l'Etat) »,
revient à participer à un mouvement insurrectionnel. Il est donc clair que la
présence de Lucien Bourjeily et de ses amis de Tol3et re7etkom au ministère de
l’Environnement revêtait selon la législation française un caractère
insurrectionnel. Toujours est-il que nos protestataires devraient savoir que
cette lubie est vendue à demi-tarif, 15 ans de détention criminelle et
225 000 euros d’amende par personne. Mais attention, les chefs insurrectionnels
eux, comme Lucien Bourjeily et Imad Bazzi par exemple, encourent en théorie, la
perpétuité et 750 000 euros d’amende chacun. C’est toujours trop
fort ? Bon, j’ai quelque chose qui ira très bien aux gars. C’est l’article
431-3. « Constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la
voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l'ordre
public. » Avouez que c’est taillé sur mesure par rapport à ce qui
se passe actuellement à Beyrouth, et à la quasi paralysie de la vie économique dans le centre-ville de Beyrouyh et des commerces qui s'y trouvent. Tenez, j'ai autre chose qui devrait beaucoup intéresser Lucien,
Imad et leurs friends, la loi française nous dit dans cet article « qu’un
attroupement peut être dissipé par la force publique après deux sommations de
se disperser restées sans effet ». L’article L211-9 précise même
que « les représentants de la force
publique appelés en vue de dissiper un attroupement peuvent faire directement
usage de la force si des violences ou voies de fait sont exercées contre eux ou
s'ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu'ils occupent ». Ce
fut le cas de figure lors du weekend violent du 21 et du 22 août.
Et ce n’est pas fini. L’article 431-4
prévient que « continuer
volontairement à participer à un attroupement après les sommations (valable
pour les manifs devant le Grand Sérail et le Parlement, ainsi que pour l’occupation
des ministères) est puni d'un an
d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ». Au passage, il faut que
nos compatriotes du Hezbollah et d’Amal, qui s’invitent dans les manifs en
dissimulant leurs visages, prévoient de tout multiplier par trois. Eh oui, c’est un luxe qui se paie plus cher. A part ça, la pénétration illégale au ministère de l’Environnement,
en forçant les cordons de sécurité tombe aussi sous les articles 421-1 et 412-4,
cités précédemment. L’évacuation des occupants tombe sous le coup de l’article
431-4. La loi française précise aussi dans l’article 433-6 que « le
fait d'opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l'autorité
publique ou chargée d'une mission
de service public agissant, dans l'exercice de ses fonctions, pour l'exécution
des lois, des ordres de l'autorité publique », comme l’ont fait certains
activistes, Lucien Bourjeily compris, constitue « une rébellion...
punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » Et ce
n’est pas tout. Avant de proférer des insultes tous azimuts contre les forces
de l’ordre, comme ce fut le cas au ministère de l’Environnement, et autour des
bâtiments du Grand Sérail et du Parlement, les zozos devraient connaitre aussi
l’article 433-5 car « lorsqu'il (un outrage
par la parole, un geste, une menace, un écrit ou une image) est adressé à une
personne dépositaire de l'autorité publique (forces de l’ordre), l'outrage est puni de six mois
d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende », surtout que les deux
chiffres doublent lorsque les délits sont commis en réunion, comme c’était le
cas. En plus, avant de délirer grave sur les réseaux sociaux, comme l’ont fait
les activistes de Tol3et re7etkom en appelant leurs fans sur leur page Facebook
à les rejoindre sur place, il faut que les intéressés sachent également que
« La
provocation directe à la rébellion, manifestée soit par des cris ou des
discours publics, soit par des écrits affichés ou distribués, soit par tout
autre moyen de transmission de l'écrit, de la parole ou de l'image, est punie
de deux mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende », selon
les termes pas très drôles de l’article 433-10 du Code pénal français. Alors,
franchement, après une telle revue terrifiante, au lieu de demander des comptes au ministre
libanais de l’Intérieur, yitobbo yibouso
el2ared el chabibé, et qu’ils s’estiment chanceux d'être tombés sur un Nouhad Machnouk doux comme un gros nounours, puisqu’il négocie
leur évacuation pendant des heures et ne demande même pas de déclaration
préalable aux activistes de Tol3et re7etkom sur leurs actions et protestations. Rien que ce manquement, aurait
coûté aux organisateurs six mois de prison et 7 500 euros d’amende par
personne.
Si je me suis donné la peine de faire ce
survol juridique c’est dans le but de mettre
un terme à la désinformation et au populisme continus de Tol3et
re7etkom. NON, tout n’est absolument pas permis au Liban, pas plus qu’en
France. Les Libanais doivent savoir que les activistes de ce mouvement ne
pourraient pas faire 1/10e de ce qu’ils font actuellement à Beyrouth, ailleurs qu'au Liban. Si ce qui se passe actuellement au Liban se
déroulait en France, tous les dirigeants de ce mouvement seraient derrière les
barreaux pour un long moment, et nous serions obligés d’importer des oranges
pour étancher leur soif. OUI, le paragraphe D de la Constitution libanaise
affirme que « le peuple est la source des pouvoirs et le détenteur de la
souveraineté » -c’est le point qui fait délirer certains
activistes sur le trip « le Grand Sérail,
le Parlement et les ministères appartiennent au peuple », jamais la
présidence de la République comme par hasard- il précise quand même que la souveraineté doit s’exercer « à travers les institutions constitutionnelles ».
Les activistes devraient aussi apprendre par cœur l’article 13 de notre
Constitution et s’en souvenir avant de faire les zouaves et de prendre des
selfies, que « la liberté d’exprimer sa pensée par la parole ou par la plume,
la liberté de la presse, la liberté de réunion et la liberté d’association,
sont garanties dans les limites fixées par la loi ».
Indépendamment des revendications du
moment, qu’elles soient légitimes ou pas, qu’elles collent avec nos convictions
ou pas, tout « citoyen démocrate » est
en principe forcément du côté de toute protestation pacifique qui s’exprime
dans le respect de la Constitution et des lois libanaises. La violence ou
la répression à l'égard de manifestants pacifiques et légalistes, est
condamnable au plus haut degré. Néanmoins, forcer
les barbelés et attaquer les forces de l’ordre qui protègent les sièges des
hautes institutions de la République libanaise -la Présidence, le Conseil
des ministres et l’Assemblée nationale- et
occuper des ministères publics, comme le font les activistes de Tol3et re7etkom, ne rentrent pas dans ce cadre. Là,
il faut reconnaitre qu’on n’est plus ni en démocratie
ni dans un Etat de droit ni dans la liberté d’expression.
Cela relève en quelque sorte de l'hooliganisme pur et simple, qui est une forme de terrorisme, où des activistes utilisent la force et s’octroient le droit de violer la
législation, pour imposer leurs visions sur les autres. Dans ce cas de
figure, tout « citoyen responsable » ne
peut que se ranger derrière les représentants officiels de l’Etat libanais, le gouvernement Tammam Salam.
On sera d'autant plus rassuré et confiant que les revendications politiques de Tol3et re7etkom sont bidon. Il faut que les médias osent les dénoncer. Donner « au pouvoir libanais », c’est-à-dire au gouvernement légitime de la République libanaise, « un ultimatum de 72h pour répondre à nos revendications », de la part d’une bande d’activistes qui jouent aux "grands méchants loups" et qui ne respectent pas la Constitution et les lois libanaises, est un acte puéril infâme. Réclamer des élections législatives, en zappant l’élection présidentielle et sans dire un mot sur la nécessité d’adopter une nouvelle loi électorale, prouvent à la fois l’amateurisme de ce mouvement et son alignement sur les positions politiques du Hezbollah (Hassan Nasrallah) et du Courant patriotique libre (Michel Aoun). Considérer que le Parlement autoprorogé est « illégale et inconstitutionnel » relève de la propagande et de la désinformation puisque le Conseil constitutionnel a rejeté le recours en invalidation de cette autoprorogation, déposé par les députés aounistes. Que Tol3et re7etkom cesse de parler au nom du peuple. Le peuple libanais ne peut être représenté par des gens aussi irresponsables et amateurs, qu’ils soient de la société civile ou de la société politique. Les novices qui ne vont pas manquer de se déchainer sur mon mur sachent que je ne cesse de critiquer les dirigeants libanais dans mes écrits. Plus de 300 articles témoignent de ma lutte quotidienne pour la renaissance du Liban, celui sur les déchets en est la preuve. Je n’ai pas mâché mes mots à l'égard de la classe politique car les faits étaient accablants pour elle.
Je ne
suis pas là pour défendre les dirigeants politiques libanais, mais pour
protéger mon Liban et la République libanaise de certains enfantillages
irresponsables.
Assez de nivellement par le bas. Je
combats depuis longtemps cette hérésie qui consiste à faire croire que tout est
la faute des dirigeants et que nous sommes le plus merveilleux peuple de la Voie lactée. Foutaises. A force de parler du 8-Mars et du 14-Mars, nous avons fini par croire que nos
dirigeants viennent vraiment de la planète Mars. Le peuple est responsable de son destin à plusieurs égards : dans
le choix de ses représentants, dans l’abstention de choisir ses représentants, dans
l’exigence vis-à-vis de ses députés, dans son soutien à certains
révolutionnaires (de pacotille et de plateaux qui se désintéressent de la politique 364 j/an), dans sa
recherche à s’informer correctement ou à se désinformer volontairement, dans son implication en politique, j’en
passe et des meilleures. Ras-le-bol de ce nombrilisme stérile qui règne actuellement. Qui n’est pas satisfait de la situation, doit
« agir » sur tous ces points et tous les jours de l’année, dans le respect des
lois libanaises en vigueur. Basta cosi.
Réf.