Ce qui est fascinant dans un événement de la vie personnelle ou politique, c'est son effet papillon. Le battement des ailes d'un papillon à Paris, peut déclencher un ouragan à Washington. Quelques mots peuvent avoir les mêmes effets d'ailleurs. Toute similitude avec une situation existante ou ayant existé n'est surement pas fortuite et nécessite un article à part. J'y reviendrai. En attendant, vous l'avez déjà constaté surement, il suffit parfois de changer un paramètre d'un événement, pour réécrire la fin de toute l'histoire.
Flashback. Beyrouth, aéroport Rafic Hariri, le 26 juillet 2005. Si Samir Geagea avait pris le téléphone portable qu'on lui avait tendu pour répondre au coup de fil de Sleimane Frangié, avant de monter dans l'avion qui l'emmenait à Paris pour effectuer des examens médicaux, la réconciliation bein el hakim wil beik aurait eu lieu il y a plus de 13 ans. C'est une certitude. Le positionnement politique de l'un et de l'autre n'aurait pas changé, c'est clair aussi. Jusqu'ici, fastoche.
Si la mousala7a hakim-beik avait eu lieu en 2005, tout se serait probablement passé de la même manière par la suite, à l'exception d'un point, un seul et c'est beaucoup pour certains. L'accord de Meerab conclu en 2016, entre Samir Geagea et Michel Aoun, n'aurait probablement pas vu le jour. Disons qu'il serait au moins différent.
Lorsqu'on a commencé à entendre parler du soutien de Saad Hariri à la candidature de Frangié à l'automne 2015, beaucoup de partisans du 14-Mars en général et du parti des Forces libanaises en particulier, ont vécu l'épisode comme un drame et une trahison, et ont bizarrement conseillé à Geagea d'annoncer sur le champ son désistement au profit d'Aoun, afin de barrer la route de Baabda à ce candidat pro-Hezbollah et pro-Assad. Le délire! Comme si ce dernier était anti-Hezb et anti-régime, enfin, comme s'il n'avait pas signé un document d'entente avec le premier et comme s'il n'était pas en très bon terme avec le second ! On croyaient d'abord se limiter aux manœuvres politiciennes pour faire tomber les deux. Que dalle. On a cru ensuite que l'habit présidentiel ferait vraiment du général le président du « Changement et de la réforme », l'étendard de son bloc parlementaire. Erreur sur toute la ligne.
Le soutien de hakim au général, annoncé en grande pompe au début de l'année 2016, était en partie motivé par le soutien du cheikh à la candidature du beik, avec qui il avait un contentieux politique et personnel non soldé. Si Geagea et Frangié étaient en paix de l'automne 2005 à l'automne 2015, nous aurions connu moins de brouilles politiques entre Hariri et Geagea, les négociations de ce dernier avec Aoun n'auraient probablement pas inclus le volet présidentiel, justement pour ne pas se brouiller avec Frangié, l'autre présidentiable, ce qui aurait poussé Aoun à rejeter tout accord avec Geagea. Ainsi, les négociations entre Meerab et Rabieh n'auraient pas débouché sur un accord politique.
Oh, nous aurions certainement assisté à une réconciliation bein el hakim wil général, comme celle que nous avons connu hier. Mais celle-ci n'aurait pas inclus un accord politique global, sur le soutien de Samir Geagea à Michel Aoun dans sa course présidentielle, et un volet secret, portant sur le partage du pouvoir entre le CPL et les FL. Au mieux, les deux hommes se seraient limités à ce dernier point.
Reste à savoir, si la réconciliation Geagea-Frangié avait précédé celle de Aoun-Geagea, est-ce que Frangié aurait eu plus de chance d'être élu président de la République? A mon avis, non. D'ailleurs rappelez-vous, à l'annonce de sa candidature fin 2015, le Hezbollah buvait du petit lait, en se cachant derrière son doigt, prétextant qu'il ne pouvait pas choisir entre ses deux alliés. En réalité, il ne voulait ni l'un ni l'autre. Il leur préférait Fantômas à l'époque. Aoun pouvait être élu début janvier 2016. Il ne l'a été que fin octobre 2016. Plus de neuf mois de gestation pour que le Courant du Futur, et surtout le Hezbollah, le voient comme président de la République, quand le vent régional venant de Damas rendait cette élection bénéfique pour le parti-milicien chiite.
La réconciliation entre Samir Geagea et Sleimane Frangié est une bonne nouvelle. Elle referme une blessure de guerre vieille de 40 ans. Elle a comme effet indésirable de compliquer la route de Baabda à beaucoup de prétendants, Gebrane Bassil en tête, qui y pense pas seulement devant son miroir en se rasant le matin. Entre Sleimane Frangié et Gebrane Bassil, le Hezb n'hésitera pas, il choisira le premier au second, qui enchaine les bourdes. Entre Sleimane Frangié et Chamel Roukouz, là ça se complique. Frangié est en pole position. Roukoz fait du zèle pour augmenter ses chances. Il ne sait plus quoi dire pour se faire adopter par le maitre de Dahiyé. Ce chrétien maronite ne rate plus une Aachoura et s'ingénie d'année en année pour expliquer la portée universelle de la bataille de Kerbala. Mais bon, il y a le poids du bloc parlementaire qui va peser dans la balance. Le Hezb ne peut pas se permettre de s'aliéner le Courant patriotique libre. Frangié est un poids plume, Roukoz est un poids lourd, à condition que les deux gendres s'entendent. A défaut, Frangié deviendra le candidat providentiel pour succéder à Aoun. Et Geagea dans tout cela? Ahhh c'est beaucoup plus compliqué pour lui. Mais bon, au Liban, mieux vaut être faiseur de roi que roi. La preuve? Aoun le président fort! On rigole dans les chaumières.
Toujours est-il que la réconciliation Geagea-Frangié est une vraie réconciliation, parce qu'elle est personnelle et non politique. Elle a des chances de perdurer (je ne dirai ni bonnes ni toutes les chances!), parce qu'elle est sincère et non intéressée. Les deux leaders sont des hommes de parole et des personnes reconnaissantes. La réconciliation Aoun-Geagea, avec Bassil caché dans le placard, était une fausse réconciliation, une fake, parce qu'elle était politique et non personnelle. Elle a échoué justement parce qu'elle n'était pas authentique, les trois hommes étaient intéressés et motivés principalement par le partage du pouvoir.
Enfin, terminons sur une réflexion tragi-comique.
المصالحة المسيحية، بيّ الكل، أوعا خيّك، ورقة التفاهم، الفتنة السنية الشيعية، التعايش الاسلامي المسيحي، الوحدة الوطنية، إلخ وإلى آخره
La réconciliation interchrétienne, le père de tous, attention à ton frère, le document d'entente, la discorde entre les sunnites et les chiites, la cohabitation islamo-chrétienne, l'union nationale, etcetera, etc. Wlak, si avec tout ça, ils n'arrivent ni à choisir un président dans les temps, ni à élire des députés dans les temps, ni à former un gouvernement dans les temps, ni même à proposer ne serait qu'une esquisse d'ébauche de procédure draconienne à ces trois problèmes récurrents, enno, qu'est-ce qu'il leur faut de plus ? A moins que tout cela ne soit que
كذبة كبيرة، تبويس لحي وضحك عل الدقون
gros mensonge, embrassade et tromperie !
Flashback. Beyrouth, aéroport Rafic Hariri, le 26 juillet 2005. Si Samir Geagea avait pris le téléphone portable qu'on lui avait tendu pour répondre au coup de fil de Sleimane Frangié, avant de monter dans l'avion qui l'emmenait à Paris pour effectuer des examens médicaux, la réconciliation bein el hakim wil beik aurait eu lieu il y a plus de 13 ans. C'est une certitude. Le positionnement politique de l'un et de l'autre n'aurait pas changé, c'est clair aussi. Jusqu'ici, fastoche.
Si la mousala7a hakim-beik avait eu lieu en 2005, tout se serait probablement passé de la même manière par la suite, à l'exception d'un point, un seul et c'est beaucoup pour certains. L'accord de Meerab conclu en 2016, entre Samir Geagea et Michel Aoun, n'aurait probablement pas vu le jour. Disons qu'il serait au moins différent.
Lorsqu'on a commencé à entendre parler du soutien de Saad Hariri à la candidature de Frangié à l'automne 2015, beaucoup de partisans du 14-Mars en général et du parti des Forces libanaises en particulier, ont vécu l'épisode comme un drame et une trahison, et ont bizarrement conseillé à Geagea d'annoncer sur le champ son désistement au profit d'Aoun, afin de barrer la route de Baabda à ce candidat pro-Hezbollah et pro-Assad. Le délire! Comme si ce dernier était anti-Hezb et anti-régime, enfin, comme s'il n'avait pas signé un document d'entente avec le premier et comme s'il n'était pas en très bon terme avec le second ! On croyaient d'abord se limiter aux manœuvres politiciennes pour faire tomber les deux. Que dalle. On a cru ensuite que l'habit présidentiel ferait vraiment du général le président du « Changement et de la réforme », l'étendard de son bloc parlementaire. Erreur sur toute la ligne.
Le soutien de hakim au général, annoncé en grande pompe au début de l'année 2016, était en partie motivé par le soutien du cheikh à la candidature du beik, avec qui il avait un contentieux politique et personnel non soldé. Si Geagea et Frangié étaient en paix de l'automne 2005 à l'automne 2015, nous aurions connu moins de brouilles politiques entre Hariri et Geagea, les négociations de ce dernier avec Aoun n'auraient probablement pas inclus le volet présidentiel, justement pour ne pas se brouiller avec Frangié, l'autre présidentiable, ce qui aurait poussé Aoun à rejeter tout accord avec Geagea. Ainsi, les négociations entre Meerab et Rabieh n'auraient pas débouché sur un accord politique.
Oh, nous aurions certainement assisté à une réconciliation bein el hakim wil général, comme celle que nous avons connu hier. Mais celle-ci n'aurait pas inclus un accord politique global, sur le soutien de Samir Geagea à Michel Aoun dans sa course présidentielle, et un volet secret, portant sur le partage du pouvoir entre le CPL et les FL. Au mieux, les deux hommes se seraient limités à ce dernier point.
Reste à savoir, si la réconciliation Geagea-Frangié avait précédé celle de Aoun-Geagea, est-ce que Frangié aurait eu plus de chance d'être élu président de la République? A mon avis, non. D'ailleurs rappelez-vous, à l'annonce de sa candidature fin 2015, le Hezbollah buvait du petit lait, en se cachant derrière son doigt, prétextant qu'il ne pouvait pas choisir entre ses deux alliés. En réalité, il ne voulait ni l'un ni l'autre. Il leur préférait Fantômas à l'époque. Aoun pouvait être élu début janvier 2016. Il ne l'a été que fin octobre 2016. Plus de neuf mois de gestation pour que le Courant du Futur, et surtout le Hezbollah, le voient comme président de la République, quand le vent régional venant de Damas rendait cette élection bénéfique pour le parti-milicien chiite.
La réconciliation entre Samir Geagea et Sleimane Frangié est une bonne nouvelle. Elle referme une blessure de guerre vieille de 40 ans. Elle a comme effet indésirable de compliquer la route de Baabda à beaucoup de prétendants, Gebrane Bassil en tête, qui y pense pas seulement devant son miroir en se rasant le matin. Entre Sleimane Frangié et Gebrane Bassil, le Hezb n'hésitera pas, il choisira le premier au second, qui enchaine les bourdes. Entre Sleimane Frangié et Chamel Roukouz, là ça se complique. Frangié est en pole position. Roukoz fait du zèle pour augmenter ses chances. Il ne sait plus quoi dire pour se faire adopter par le maitre de Dahiyé. Ce chrétien maronite ne rate plus une Aachoura et s'ingénie d'année en année pour expliquer la portée universelle de la bataille de Kerbala. Mais bon, il y a le poids du bloc parlementaire qui va peser dans la balance. Le Hezb ne peut pas se permettre de s'aliéner le Courant patriotique libre. Frangié est un poids plume, Roukoz est un poids lourd, à condition que les deux gendres s'entendent. A défaut, Frangié deviendra le candidat providentiel pour succéder à Aoun. Et Geagea dans tout cela? Ahhh c'est beaucoup plus compliqué pour lui. Mais bon, au Liban, mieux vaut être faiseur de roi que roi. La preuve? Aoun le président fort! On rigole dans les chaumières.
Toujours est-il que la réconciliation Geagea-Frangié est une vraie réconciliation, parce qu'elle est personnelle et non politique. Elle a des chances de perdurer (je ne dirai ni bonnes ni toutes les chances!), parce qu'elle est sincère et non intéressée. Les deux leaders sont des hommes de parole et des personnes reconnaissantes. La réconciliation Aoun-Geagea, avec Bassil caché dans le placard, était une fausse réconciliation, une fake, parce qu'elle était politique et non personnelle. Elle a échoué justement parce qu'elle n'était pas authentique, les trois hommes étaient intéressés et motivés principalement par le partage du pouvoir.
Enfin, terminons sur une réflexion tragi-comique.
المصالحة المسيحية، بيّ الكل، أوعا خيّك، ورقة التفاهم، الفتنة السنية الشيعية، التعايش الاسلامي المسيحي، الوحدة الوطنية، إلخ وإلى آخره
La réconciliation interchrétienne, le père de tous, attention à ton frère, le document d'entente, la discorde entre les sunnites et les chiites, la cohabitation islamo-chrétienne, l'union nationale, etcetera, etc. Wlak, si avec tout ça, ils n'arrivent ni à choisir un président dans les temps, ni à élire des députés dans les temps, ni à former un gouvernement dans les temps, ni même à proposer ne serait qu'une esquisse d'ébauche de procédure draconienne à ces trois problèmes récurrents, enno, qu'est-ce qu'il leur faut de plus ? A moins que tout cela ne soit que
كذبة كبيرة، تبويس لحي وضحك عل الدقون
gros mensonge, embrassade et tromperie !