"Je vous promets la victoire toujours", Hassan Nasrallah Campagne publicitaire du Hezbollah en 2014 |
2. Pour le Hezbollah, la guerre de Juillet 2006 peut être considérée comme « Nasr
min Allah » (une victoire d'Allah). Soit. Mais, si on admet le principe que nous avons vaincu Israël en 2006, nous
devons, le Hezbollah en tête, admettre du coup que la résolution 1701 fait partie
de notre victoire. Pour les Libanais descendants des autruches, je rappelle
que la résolution 1701 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 11 août
2006, qui a mis un terme aux hostilités, envisage une solution à long terme
fondée sur « l’application intégrale
des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004)
et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban,
afin que, conformément à la décision du gouvernement libanais du 27 juillet
2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son
autorité au Liban ». Clair comme l’eau de source : l’Etat
libanais doit désarmer le Hezbollah. Ainsi, la persistance des candidats fétiches de Saad Hariri et de Samir
Geagea, Sleimane Frangié et Michel Aoun, à soutenir un Hezbollah armé, est un acte anticonstitutionnel et une violation flagrante du droit
international. Cela rend d’une part, les
deux derniers inéligibles au poste de président de la République libanaise
(qui de par la Constitution jure devant Dieu « d’observer la Constitution », ainsi que les lois libanaises
et les engagements du Liban), et d’autre part, les deux premiers incohérents avec leurs convictions politiques
affichées.
3. Autre chose. Si on admet le principe de la « victoire divine » lors de cette guerre au cours de laquelle Israël s’est déchainé sur le Liban pendant 33 jours, avec une hystérie militaire inouïe, nous sommes
dans l’obligation de nous poser une autre question cruciale : comment
doit-on imaginer une « Khasara min Allah », une défaite d'Allah,
sachant que Dieu ne peut pas être toujours satisfait de ses fidèles pour
les récompenser ? A bien y réfléchir, j’imagine la « défaite divine »
de plusieurs manières, selon l’image qu’on se fait de Dieu.
4. Si
Dieu est miséricordieux, je vois la « défaite divine » comme une malédiction
générale qui a pesé, pèse et pèsera sur tout le peuple libanais, toutes
tendances politiques et appartenances communautaires confondues, jusqu’à nouvel ordre, le jour où les
Libanais se montreront reconnaissants de la bonté divine qu’ils ont reçue et
méritant sa bénédiction à l’avenir. Et s’il en sera ainsi, c’est parce que tout
ce qui se passe au Liban n’est pas la faute du Hezbollah, loin de là. C’est la
faute de tout le monde, à des degrés différents, nuance. Le pays du Cèdre est
cité plus de cent fois dans la Bible. Pas la Syrie, ni les Seychelles ni les
Bahamas. Qu’avons-nous fait de ce beau pays
où coulaient jadis le lait et le miel, comme nous l’apprend la Bible ?
Qui détruit la plus belle vallée du
Liban, Nahr Ibrahim (du côté de
Jannet), pour y construire un stupide barrage, dans une zone inadaptée sur
le plan géologique et à haut risque sismique, alors que toute la tuyauterie
libanaise de Naqoura à Wadi Khaled et de Beyrouth à Baalbek fuit et qui
gaspille l’eau comme personne au monde (Fadia ma voisine, fait 3 machines/jour,
wlé ma3’2oul, sa machine tourne 6h/j!), méritent la malédiction divine pour le reste de ses jours !
Qui ne stoppe pas net les Fattouche dans
leur entreprise de défiguration de la dernière plus belle région verte du Mont-Liban
(du côté d’Ain Dara), pour y construire une cimenterie, mérite la
malédiction divine lui et ses descendants jusqu’à la 3e génération ! Qui veut construire un
hôpital dans le seul grand parc à Beyrouth, le Bois des Pins (Horch beirut) et
continue à couper les arbres des trottoirs de la capitale en boule décorative,
alors qu’hommes, chiens et chats de cette ville, crèvent de chaleur six mois
l’année, ira en enfer et n’aura pas d’air conditionné ! Problèmes d’eau et
d’électricité, d’environnement, de santé publique, d’insécurité, d’extrémisme
et afflux de réfugiés, la « défaite
divine » et la malédiction qui en découle, ne fait que commencer.
Lors de la signature du "Document d'entente" entre Hassan Nasrallah et Michel Aoun, le 6 février 2006 |
qu’ont-ils fait de cette merveilleuse idée de Pacte national, censé renforcer la confiance mutuelle des communautés libanaises ? Aujourd’hui, c’est fou comme la confiance règne au Liban ! Il ne faut pas se leurrer, qui continue à soutenir des candidats présidentiels qui ne se donnent même pas la peine de se présenter au Parlement, aura aussi sa part de la malédiction divine. Idem pour les dirigeants qui gaspilleront les richesses inespérées du Liban en verdure et en hydrocarbure, celles du peuple libanais et des générations futures, par conviction ou par omission, pour s’enrichir personnellement.
6. Si
Dieu est justicier, on peut dire que la « défaite divine » s’est
concentrée, se concentre et se concentrera sur le Hezbollah, qui croit que
la « victoire divine » lui donne plus de droits que de devoirs et l’autorise
à se comporter avec hégémonie au Liban. En survolant d’une manière accélérée le
cours des événements depuis la fin de la guerre de Juillet 2006, on peut dire que Dieu a bien regretté d’avoir
octroyé une « victoire divine » au Hezbollah. Vérifiez vous-mêmes :
. 2006-2008 : occupation du
centre-ville de Beyrouth par le trio Nasrallah-Berri-Aoun, pour faire tomber le
gouvernement Siniora, en vain ;
. 2008 : le Hezbollah fut
amené à utiliser ses armes à l’intérieur (près de 75 morts), une nouvelle fois (20 ans
après la guerre fratricide contre la milice de Nabih Berri, Amal, durant la
guerre civile libanaise) ;
. 2009 : victoire du 14-Mars dans les
élections législatives ;
. 2009-2016 : création du Tribunal Spécial
pour le Liban et mise en examen de cinq membres du Hezbollah accusés du meurtre
de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, et de 21 autres personnes ;
. 2011-2014 : c’est sous un
gouvernement du 8-Mars (Najib Mikati), qu’a eu lieu l’afflux massif de
réfugiés syriens au Liban (un quart de la population aujourd’hui) ;
. 2011-2014 : malgré le coup de force
qui a fait tomber le gouvernement Hariri, le Hezbollah fut contraint d’accepter
le retour d’un gouvernement présidé par un homme issu du 14-Mars (Tammam
Salam) ;
. 2013 : classement du Hezbollah sur
la liste des organisations terroristes par l’Union européenne ;
. 2008, 2015 et 2016 : la triple mort d’Imad
Moughnieh (le responsable des opérations militaires du Hezbollah depuis sa
création en 1982), de Samir Kuntar (l’objet de l’opération du 12 juillet 2006,
qui a déclenché la guerre de Juillet 2006) et de Moustafa Badreddine
(successeur de Moughniyé et principale accusé du TSL), tous les trois tués en
Syrie ;
. 2016 : sévères sanctions financières
prises par les Etats-Unis contre le Hezbollah, appliquées au Liban et dans le monde.
Et voilà
comment et pourquoi, la milice chiite est passée en l’espace de quelques années
du statut d’une organisation respectée par une grande partie des Libanais, au
statut de paria, en dehors des communautés chiites et de quelques alliés (le
régime syrien de Bachar el-Assad et du parti libanais de Michel Aoun). Dieu fut
donc sans pitié avec le Hezbollah. Et il le sera davantage vu les
circonstances.
Les "martyrs" du Hezbollah sur une route du Sud-Liban, derrière le portrait de l'ancien guide de la République islamique d'Iran, Rouhollah Khomeini |
Le déchainement militaire israélien sur le Liban lors des deux premières semaines de la guerre de Juillet 2006 |