Incinération sauvage des ordures ménagères à une quinzaine de kilomètres de Beyrouth (Photo : Maameltein, Jihad Harfouch) |
Beyrouth,
15 km au nord-est. Sur le pont de Maameltein,
en plein jour. Scène d’apocalypse au cours de l’incinération sauvage des ordures ménagères jetées sous le pont de
cette belle vallée du Mont-Liban. De quoi retourner dans leurs tombes nos ancêtres
gaillards qui ont façonné ce beau pays et les écrivains orientalistes qui en sont
tombés amoureux, et infliger à qui sabote la région où coulaient jadis le lait
et le miel, les pires malédictions.
Nous sommes entrés dans le 5e
mois de la « crise des déchets ». Beyrouth et la région du Mont-Liban
continuent de produire près de 3 000 000 kilogrammes d’ordures par jour. Et encore, c’était
avant l’arrivée d’un million et demi de réfugiés syriens dans notre pays. Faute
d’un plan de gestion de ces ordures, tout putréfie à l’air libre depuis le 17 juillet 2015. Le
pire c’est qu’il n’y a toujours aucune lueur d’espoir à l’horizon. Le peuple libanais est aujourd'hui coincé
entre des dirigeants qui gèrent le pays avec la même visibilité que celle de cette
photo apocalyptique, nauséabonde, et des représentants fainéants au Parlement, qui à leurs heures perdues, votent à la hâte, à la dérobée et par dizaines les lois de la République (1er avril 2014), décrètent la prorogation de leur mandat parlementaire d'un mandat-bonus (4 ans) et s'autorisent la violation de la Constitution sous le prétexte bidon de la « législation d'exception » pour voter le « bazar des nécessités », un ensemble de lois qui n'ont rien d'urgent par rapport à la grave crise des déchets qui pourrit la vie des citoyens de ce pays. Une distinction particulière est à réserver aux députés fantomatiques de la nation, au Kesrouan
(el cheikha Gilberte
Zouein, allah yitaowil 3omra, députée de la région de Maameltein svp ; présidente de la Commission parlementaire de la Femme et de l'Enfant ; bonjour les poumons des bambins après cette longue crise ; quasi personne ne connait le timbre de sa voix alors qu'elle est députée depuis plus de 10 ans !), comme à Beyrouth
(el ma7roussé Nayla Tuéni ; députée
de Beyrouth, l’une des quatre femmes du Parlement libanais, et la plus jeune des
128 parlementaires après Nadim Gemayel ; aussitôt élue, aussitôt disparue !), aux quatre coins du Liban (allez,
question pour un champion, qui a entendu parler de Badr Wannous de Tripoli ou de Pierrot
Serhal de Jezzine ?), et du monde (yi red el 3ein 3an
Okab Sakr, un fumiste de premier rang ; accusé d'être proche des rebelles syriens, il a failli se justifier en invoquant qu'il s'agissait d'un trafic de couvertures, de couche-culottes et de cure-dent). De ce fait, le peuple libanais se trouve en réalité pris en otage, puisque l’annulation
des élections législatives pendant quatre ans (2013-2017), l’empêche de
sanctionner ceux qui ne se sont pas montrés à la hauteur de la mission que le peuple libanais leur a confié en 2009.
Et alors que les résidus cancérigènes imprègnent
durablement les bronches pulmonaires des Libanais, le Premier ministre, Tammam Salam, nous annonce que « la résolution définitive de la crise des
déchets en est à sa dernière phase ». Faut pas se presser ! Et pourtant, son ministre de
l’Agriculture, Akram Chehayeb,
auteur d’un plan foireux pour résoudre la crise, nous
prévient au même moment, que «
l'exportation est actuellement la seule option sur le tapis parce que nous n'avons
pas d'autre choix », ce qui nous ramène à la case de départ, puisque cette
option délirante a été proposée il y a plus de 4 mois. En tout cas, il faut être complétement déconnecté de la
réalité, pour imaginer la moitié d’un quart de seconde que des pays comme la
Suède ou tout autre dans le monde, va se donner beaucoup de peine pour récupérer des ordures ménagères du
Moyen-Orient, s'il vous plaît, pour produire leur électricité ! Au passage cette solution utopiste pourra couter jusqu’à deux
fois plus chère que celle appliquée autrefois par Sukleen, près de 250 $/tonne,
à qui on n'a pas cessé de reprocher les prix exorbitants qu'elle pratiquait.
Toujours
est-il que pendant que certains politocards (fusion de politicards et de tocards, terme que j'ai inventé durant la crise) palabrent
encore sur les déchets, nous sommes entrés également et sans nous en rendre compte, à cause de la crise des déchets justement et d’un tas d’autres soucis
quotidiens, dans le 19e mois
de la « crise des politiciens », qui découle de la vacance
présidentielle qui a pris place le 25 mai 2014. Et voilà qu’en dépit de la
gravité de la situation, une partie du peuple est préoccupée par le fait de
connaitre si Sleimane Frangié, possède
le brevet des collèges ou pas, et une autre partie veut savoir si par
conséquent, Junior peut constituer un
compromis pour résoudre la crise politique. Ne me demandez pas pourquoi
mais partant de ces questionnements, j'ai comme une impression qu'il existe une franche similitude entre la « crise des déchets » et la « crise des politiciens ». C’est sans doute à cause du
pourrissement des deux situations, au point d’envisager pour la première,
l’exportation irréaliste des déchets, et de prévoir pour la seconde, l’élection
improbable du chef du parti des Marada ? Non mais, comment peut-on tomber si bas ?
Non
mais, là aussi, il faut être vraiment
déconnecté de la réalité, pour imaginer la moitié d’un quart de seconde que
l’homme qui n’a jamais caché son amitié avec Bachar el-Assad, avant la
révolution syrienne (« je suis l’ami du président Assad, je suis fier de cela... et quelles qu’en soient les circonstances »,
LBC 15.4.2010), comme après le 15 mars 2011, « le contact est quasi quotidien avec le président Assad » (Manar
30.1.2013), peut devenir président de la
République libanaise « symbole
de l’unité de la Patrie » et qui a, selon l’article 49 de la
Constitution libanaise, l’obligation de veiller « au respect de la Constitution et à la sauvegarde de
l’indépendance du Liban, de son unité et de l’intégrité de son
territoire » ? Allez comprendre !
Et avant que je n’oublie, et surtout, avant que Saad Hariri n’aille trop loin dans cette idée délirante que certains conseillers amnésiques lui ont soufflé à l’oreille, je voudrais que le président du courant du Futur se remémore le témoignage de Walid Joumblatt au Tribunal Spécial pour le Liban, il y a seulement quelque mois. Le chef du Parti socialiste a rappelé le 6 mai 2015 à La Haye, les faits d’armes de l’ancien ministre de l’Intérieur au moment de l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Liban (Rafic Hariri, père de Saad Hariri). « (Sleimane) Frangié a menacé, nous agirons à notre façon (camp des pro-régime syrien) et nous serons amenés à recourir à des méthodes non constitutionnelles et illégales... Il s’est exprimé comme un chef de gang, alors qu’il était ministre... Alors, qu’est-ce qu’il voulait dire par ça ? Nous étions accusés de traitrise et considérés comme des agents des Israéliens, ce qui signifie selon le concept syrien, que nous étions admissible à la liquidation politique et physique ». Sans commentaire. Enfin, si. Non mais, franchement, le Courant du Futur, qui ne peut qu’être sévèrement désavoué par sa base sur la candidature farfelue de Sleimane Frangié, peut surement trouver d’autres moyens plus éthiques, d’envoyer des messages politiques aux candidats forts à la magistrature suprême, Samir Geagea et Michel Aoun (respectivement président du parti des Forces libanaises et ancien chef du Courant patriotique libre), dont l’insistance récente sur la nécessité de voter une nouvelle loi électorale et une loi permettant la récupération de la nationalité libanaise par les descendants de Libanais, a dû heurter la sensibilité de certains ténors du parti de Saad Hariri.
Et avant que je n’oublie, et surtout, avant que Saad Hariri n’aille trop loin dans cette idée délirante que certains conseillers amnésiques lui ont soufflé à l’oreille, je voudrais que le président du courant du Futur se remémore le témoignage de Walid Joumblatt au Tribunal Spécial pour le Liban, il y a seulement quelque mois. Le chef du Parti socialiste a rappelé le 6 mai 2015 à La Haye, les faits d’armes de l’ancien ministre de l’Intérieur au moment de l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Liban (Rafic Hariri, père de Saad Hariri). « (Sleimane) Frangié a menacé, nous agirons à notre façon (camp des pro-régime syrien) et nous serons amenés à recourir à des méthodes non constitutionnelles et illégales... Il s’est exprimé comme un chef de gang, alors qu’il était ministre... Alors, qu’est-ce qu’il voulait dire par ça ? Nous étions accusés de traitrise et considérés comme des agents des Israéliens, ce qui signifie selon le concept syrien, que nous étions admissible à la liquidation politique et physique ». Sans commentaire. Enfin, si. Non mais, franchement, le Courant du Futur, qui ne peut qu’être sévèrement désavoué par sa base sur la candidature farfelue de Sleimane Frangié, peut surement trouver d’autres moyens plus éthiques, d’envoyer des messages politiques aux candidats forts à la magistrature suprême, Samir Geagea et Michel Aoun (respectivement président du parti des Forces libanaises et ancien chef du Courant patriotique libre), dont l’insistance récente sur la nécessité de voter une nouvelle loi électorale et une loi permettant la récupération de la nationalité libanaise par les descendants de Libanais, a dû heurter la sensibilité de certains ténors du parti de Saad Hariri.
Encore
une fois, les Libanais doivent se rendre à l’évidence, dans l’état actuel des choses
et jusqu’à nouvel ordre, il n’y a rien à
attendre des politiciens au Liban à tous les niveaux. Oui je sais, ce n'est pas juste de mettre tout le monde dans le même sac. Mais enfin, savoir qu'il y existe des politiques mieux que d'autres ne change rien au résultat final, sans parler du fait que le peuple libanais a d'autres choses à faire que de trouver encore et toujours des excuses aux uns et aux autres. La « crise des politiciens »
perdurera encore longtemps. La marge de manœuvre
est étroite. Le jour viendra où le peuple pourra et devra, juger la performance de la
classe politique via les élections législatives. D’ici là, il faut militer continuellement et s’impliquer activement en politique, notamment pour
obtenir une loi électorale moderne qui permettra une bonne représentativité du
peuple, à travers la circonscription uninominale à deux tours ou le tirage au sort dans les listes électorales. Sur ce dernier point, je ne suis pas d'humeur à plaisanter, je le dis avec beaucoup de sérieux. En ces jours sombres, on a toutes les
raisons d’être écœurés, mais il faut savoir, qui se désintéresse de la
politique peut être sûr d’une chose, d’autres s’intéresseront à sa place et
pour lui (elle).
Pour
la « crise des déchets »,
depuis le début de cette crise j’ai rédigé trois grands
articles sur le sujet pour expliquer comment nous en sommes arrivés là, les
responsabilités de ce scandale et surtout, comment s'en sortir. Je les
remets à disposition de tous car je le dis de nouveau, même si lundi prochain à huit
heures tapantes, la solution miracle est trouvée, elle ne sera pas pleinement
mise en œuvre avant 2017. Les actions
individuelles et privées sont aujourd’hui incontournables et vitales, pour éviter vraiment l'apocalypse en laissant ce dossier de santé publique entre les mains de gouvernants impuissants, de parlementaires paresseux
et de dirigeants municipaux incapables. Vous m'avez très bien compris, en comparant les adjectifs, je suis encore plus remonté contre ces derniers, car ils peuvent s'ils le veulent, remédier à la crise ou au moins, en atténuer les méfaits sur la santé des gens et sur l'environnement, avec peu de moyens, comme je l'ai démontré dans mon article 317. Et des moyens, croyez-moi, ils en ont.
Réf.
Un
article pour comprendre COMMENT nous en sommes arrivés là au Liban et découvrir
quelques pistes réalistes pour s’en sortir.
Un
article qui établit la liste des responsabilités dans la crise des déchets au
Liban, d’une manière chronologique, et explique aux Libanais POURQUOI depuis la
mi-juillet la situation va de mal en pis.
Cet
article dresse un ensemble de mesures faciles à mettre en œuvre, sans attendre
l’Etat, mais qui constituent néanmoins, une révolution des modes de
consommation. C’est valable pour le Liban, où la crise des déchets est aigüe,
mais aussi pour le reste du monde où la crise des ordures est latente. Ces
mesures dépendent des individus, des municipalités et des Etats. Elles visent à
donner des idées pratiques pour résoudre la crise des déchets au Liban d’une
manière intelligente, rendre les individus dans le monde plus
écologiques, aider les habitants de la Terre à aller vers le noble objectif de « zéro
poubelle », préserver les ressources de la Planète bleue et lutter efficacement
contre la pollution et le réchauffement climatique de cette belle perle de l'Univers.