jeudi 5 avril 2012

La tentative d’assassinat de Samir Geagea : les 7 leçons de « zahrit el-e7sénn » (Art.59)


Tout événement est porteur de leçons, aussi anodin qu'il soit. Que dire alors d'une tentative d'assassinat d'un politicien hors pair, homme d'Etat, grand leader arabe, chrétien d’Orient, opposant farouche à la tyrannie des Assad père et fils, haie infranchissable pour le Hezbollah et ses acolytes, cauchemar de Michel Aoun et mur porteur du 14 Mars (14M).

Ce matin j’ai comme une vague impression que la prophétie s'est accomplie, la boucle est bouclée car il n’y a jamais eu deux sans trois. Ce fut d'abord Saad Hariri, puis Samy Gemayel et voilà enfin le tour de Samir Geagea. Trois piliers du 14M et un même baptême, par un feu d’un nouveau genre.


Ce n'est pas la première fois que Hakim est la cible des forces des ténèbres. Beaucoup ont espéré raccourcir son espérance de vie. La plus célèbre tentative est sans doute celle de Jisr El-Bacha en février 1989. En route pour rencontrer Michel Aoun, son convoi est tombé dans une embuscade. Il fut criblé de balles. Alors que son garde du corps est tué sur le champ, et l'origine des tirs ne faisait pas l'ombre d'un doute, Samir Geagea décida de continuer son chemin, car il voulait éviter à tout prix l'embrasement des régions chrétiennes. A la sortie de sa réunion avec le général de Baabda il prononça sa célèbre phrase : « el-général bémounne ». Hélas cela n’a pas suffi à retarder le calvaire de la population chrétienne que de quelques mois!


Aussi tragique qu'elle soit, la nouvelle d’hier m’apaise. Comment expliquer ce sentiment paradoxal ? A bien y réfléchir, le paradoxe s'envole et les certitudes restent. J’en vois trois : l'homme est sain et sauf, il a un service de sécurité efficace (obligeant ses adversaires à recourir à deux francs-tireurs, postés à 2 km et aux calibres 12,7 et 14,5 mm!) et il saura réagir en temps et en heure. Cette quiétude ne m’a pas empêché de penser à la distribution insolente et indécente de baklawa par certains compatriotes le jour de l’assassinat de Gebran Tuéni ! Raté pour cette fois.

Mais en fin de compte, quelles leçons doit-on tirer de cette tentative d’assassinat?


1. Le 14M, encore et toujours le 14M, est plus que jamais menacé. Pas le 8M, jamais le 8M ! Il est essentiel que le peuple libanais se demande pourquoi un tel traitement de « faveur » depuis l’automne 2004 ? Force est de constater que le 14M demeure dérangeant pour un certain nombre d’acteurs locorégionaux.

2. La politique « commercialisée » par le 14M sous diverses appellations, main tendue, ouverture, table de dialogue, visites fraternelles, j'en passe et des meilleures, conduit dans l'impasse avec des esprits anti-démocratiques ! Il est grand temps de passer à autre chose.  

3. La naïveté n’a pas sa place en politique, surtout pas en Orient, encore moins avec des fascistes aux tendances mafieuses. L’accord de Doha avait autant de chance d’arrêter les assassinats politiques que Gebran Bassil de décrocher un prix Nobel, sauf celui du gaspillage de l’argent public!  

4. Le Liban est un pays maudit et le restera tant que le peuple libanais ne rejettera pas aussi bien la politique de l'autruche, que celles des sparadraps, des compromis et des tébwiss el-lé7é. Des décisions doivent être prises courageusement. Il ne sert à rien de repousser l’échéance.  

5. Grâce à nos 16 sinistres années de guerre civile, nous savons qu’en plein conflit, et nous y sommes, on ne peut pas être sur la ligne de démarcation, pire dans les 2 camps, il faut choisir son camp. Avis !  

6. Le soutien au Tribunal Spécial pour le Liban doit rester infaillible à toute épreuve. Pas de moussara7a ni de moussala7a, mais des jugements et des condamnations ! Au passage, il convient de noter que le nouveau modus operandi dans la tentative d’assassinat de Samir Geagea, le recours aux snipers professionnels pour la première fois au Liban, prouve que les criminels en puissance et en liberté tiennent déjà compte du « facteur TSL ».

7.
Le 14M ne doit jamais oublier que le Liban est un pays montagneux. Tous les alpinistes le savent, en haute montagne, le climat change en quelques secondes. Quand on est au pouvoir, on gouverne, on ne palabre pas ! Et quand on est dans l'opposition, on ne palabre pas non plus, on se prépare à revenir au pouvoir et à gouverner !

Vive le printemps, au sens propre comme au sens figuré...
Vive les âmes champêtres.
Vive zahrit el-e7sénn ! Au fait, connaissez-vous le nom de cette fleur ?