vendredi 4 mai 2018

L'arbre de décision : pour qui voter aux législatives au Liban dimanche ? Trilogie électorale : troisième volet (Art.524)


C'est un outil précieux d'aide à la décision. Et Dieu sait qu'on en aura besoin dimanche au Liban. Très appliqué en médecine, on retrouve le concept en géopolitique comme dans la fouille de données. De question en question et selon les réponses, on est orienté de branche en branche jusqu'à la décision finale.



Avec 597 candidats opportunistes dans la majorité des cas, 15 circonscriptions non-homogènes, 9 grands partis politiques aux alliances incongrues et une flopée de candidats de la société civile bien camouflés, il est impossible de faire un véritable arbre électoral de décision. Cependant, on peut appliquer ce principe pour trier les candidats et voir plus clair. Il est évident que cette méthode civique ne s'adresse pas aux partisans des démocraties bananières, ayant une approche primitive des élections, qui votent à l'aveugle en bloc pour un parti, un zaïm ou un candidat, et qui, pour rien au monde, ne changeront d'avis. Oubliez-les, ils sont irrécupérables.

En réfléchissant bien, j'ai identifié cinq sujets fondamentaux qui sont au centre de la problématique libanaise.

 1  Une dette publique abyssale : l'insoutenable légèreté des dirigeants libanais


• Notre dette publique est abyssale. Elle se situe à près de 80 milliards de dollars, soit près de 20 000 $ par personne, 80 000 $ par famille. Ils sont là tous, à promettre la lune, alors que ces chiffres effroyables laissent peu de marge aux projets, même pour acheter des crayons aux fonctionnaires. Si nous devons trier les candidats sur ce critère fondamental, nous voterons blanc. Mais voter blanc, c'est laisser des candidats encore plus incompétents aggraver la situation de notre pays.

• Ils parlent tous de la lutte contre la corruption. On a même inventé un ministre pour la tâche. Il est du Courant patriotique libre et il brille par son absence depuis un an et demi.

• Ils parlent tous de gaspillage de l'argent public. Et pourtant, notre assemblée nationale souffre d'une obésité morbide pour les finances publiques, 128 députés pour 4,5 millions d'habitants. Aucun parti ne propose de s'attaquer à ce surpoids parlementaire. Si la France avait notre boulimie parlementaire, elle aurait 1 906 députés au lieu de 577, soit 3 fois plus. Et si les Etats-Unis se décidaient de faire de même, alors là, ils auraient 9 273 représentants au lieu de 435, soit 21 fois plus. Nos dirigeants sont allés mendier une dizaine de milliards de dollars à la conférence Cedre (Paris IV), alors qu'ils ne sont pas fichus de faire des économies évidentes, sur ces députés au rendement médiocre et qui sont payés à vie.

• Le cumul du déficit dans le secteur électrique depuis la fin de la guerre dépasse les 30 milliards de dollars, et on nous promet encore un énième plan pour mettre un terme à cette hémorragie financière chronique.

• Et pour renflouer les caisses, vous avez cru qu'ils s'attaqueraient à la fraude et aux fraudeurs, comme par exemple à ceux qui ne paient pas l'électricité ou trafiquent leur compteur. Non, ils ont imposé de nouvelles taxes aux gentils contribuables. Vous avez cru qu'ils s'attaqueraient aux magouilles du port et de l'aéroport de Beyrouth. Non, ils se sont attaqués aux locations anciennes de Beyrouth, en votant une loi à l'unanimité pour expulser les natifs de la capitale et la classe moyenne de leurs appartements afin d'offrir les beaux quartiers de la ville aux promoteurs sans scrupules. Vous avez cru qu'ils relanceraient l'économie en encourageant les jeunes entrepreneurs. Non, ils ont rédigé l'article 50 de la loi de finances, qui donnera la résidence permanente à tout étranger qui achète un appartement de 500 000 $ à Beyrouth et de 330 000 dollars en dehors de Beyrouth, voté à l'unanimité (y compris par le Courant patriotique libre, signé par le président de la République lui-même, malgré la mascarade opposition populiste de Chamel Roukoz!), à l'exception des Kataeb, une disposition qui encouragera le blanchiment d'argent, ainsi que la spéculation immobilière, et rendra Beyrouth inaccessible aux Libanais.

• Alors, que pense Lucien Bourjeily et ses friends de cette problématique ? C'est là où le bât blesse, il n'en pense pas moins que ceux qui sont déjà au pouvoir depuis belle lurette, le Courant du Futur, le Courant patriotique libre, le Mouvement Amal et le Hezbollah, qui possèdent les plus grands blocs parlementaires et la majorité relative au Parlement depuis la seconde indépendance (2005), qui laissent filer la dette publique et qui poussent le Liban au bord de la faillite.

 2  L'électricité, le plus grand scandale depuis la proclamation du Grand Liban


• Avant la guerre de 1975, nous étions la Suisse de l'Orient. Nous avions l'électricité 24h/24. Nous vendions même notre excédent électrique à la Syrie. A la sortie de la guerre en 1990, nous étions dans le noir, près de 6h/jour. Voilà plus de 27 ans que la guerre est finie et nous n'avons toujours pas l'électricité 24h/24, les coupures sont quotidiennes, elles peuvent couvrir la moitié de la journée dans certaines régions, malgré les innombrables plans et promesses, et une trentaine de milliards de dollars d'argent public jeté par les fenêtres et dans les poches de certains. Il ne faut pas rêver, sans le courant alternatif en continu, le Liban restera un pays sous-développé.

• Tous les ministres libanais de l'Energie qui se sont succédés de 1990 à 2018, étaient ou sont liés d'une manière ou d'une autre au même camp politique, al-mouména3a. Depuis dix ans, le ministère de l'Energie est entre les mains du Bloc du Changement et de la Réforme, coalition parlementaire formée autour du Courant patriotique libre (CPL). Le parti qui a le plus contrôlé le ministère de l'Energie depuis 1990 est justement le CPL, celui de Michel Aoun et de Gebrane Bassil. Le ministre qui a passé le plus de temps au ministère de l'Energie est justement, l'actuel chef du CPL, le gendre de Michel Aoun, Gebrane Bassil. 4 ans et 3 mois au total.

Présentation du plan Gebrane Bassil au peuple libanais (2010-2011), via la campagne "Leban(off)on : Le Liban s'illuminera de nouveau 24h/24", le rétablissement du courant était prévu à l'horizon 2014, il y a plus de trois ans.

• Depuis une dizaine d'années, le bloc parlementaire formé autour du CPL détient une trentaine de députés, une vingtaine CPL pur et dur, une dizaine de ministres (CPL et part du président). C'est sans oublier que pendant trois ans, le CPL n'a gouverné qu'avec ses alliés du 8-Mars, sans le 14-Mars (2011-2014), et que depuis un an et demi, le président de la République n'est autre que l'ancien chef du CPL. Même dans des conditions aussi avantageuses, le Courant patriotique libre a échoué à ramener l'électricité 24h/24 pour les Libanais, à l'horizon 2014, comme il l'a promis à coup d'annonces et de pubs, depuis 2010.

• Selon des estimations officielles et privées, jusqu'à 78% de l'électricité distribuée est volée et 38% des factures ne sont pas payées au Liban. Et pourtant, les cinq derniers ministres de l'Energie (depuis 2005), appartenant au Hezbollah, au Courant patriotique libre et au bloc du Changement et de la réforme, n'ont jamais été capable d'exposer aux Libanais qui paient gentiment leurs factures, comment ils comptent s'y prendre pour lutter contre la fraude massive dans ce secteur au quatre coin du Liban.

• Et pour mieux camoufler leur gestion désastreuse du secteur électrique, Gebrane Bassil et César Abi Khalil, Courant patriotique libre, n'ont rien trouvé de mieux que de louer des centrales électriques flottantes. Et qui a marché dans la combine, le Courant du Futur. Les deux adeptes de ces centrales flottantes, le Courant patriotique libre et le Courant du Future, n'osent pas avouer aux Libanais que ces navires-générateurs d'électricité coutent 850 millions de dollars par an aux contribuables, soit 4,25 milliards de dollars sur 5 ans au budget de l'Etat, de l'argent jeté purement et simplement par les fenêtres. Les navires-générateurs sont une pure hérésie, pour un pays qui est endetté à hauteur de 80 milliards de dollars, où le vol du courant électrique atteint 78% dans certaines régions et qui croulent sous le poids de plus d'un million de réfugiés syriens qui ne paient pas l'électricité qu'ils consomment.

• Nous sommes partis en 2010 du plan de Gebrane Bassil pour avoir l'électricité 24h/24, on finit en 2018 par aller mendier quelques heures d'électricité au régime d'un pays plongé dans la guerre depuis sept ans ! Entre les deux courants, Patriotique libre et Futur, adeptes des navires-générateurs, et le tandem chiite, Amal et Hezbollah, partisans de l'achat d'électricité de la Syrie, les Libanais ne savent plus à quel projet sain ils peuvent se fier !

• Il est donc clair, que si les Libanais veulent avoir l'électricité 24h/24 rapidement dans cette vie, ils doivent changer de procédé. Primo, sanctionner ceux qui ont eu la charge du secteur électrique depuis 1990, à partir de 2005 notamment, et ont échoué lamentablement: le Hezbollah, le bloc du Changement et de la réforme et le Courant patriotique libre. Secundo, désapprouver les adeptes de l'hérésie des centrales électriques flottantes comme de l'achat d'électricité de la Syrie, le Courant patriotique libre et le Courant du Futur, ainsi qu'Amal et le Hezbollah. Tertio, faire pression pour que ce « ministère-vache à lait » et « gouffre financier » passe entre les mains de candidats d'autres couleurs politiques ou de technocrates. Basta cosi.

 3  Le casse-tête des réfugiés syriens au Liban


• L'afflux massif de réfugiés syriens au Liban depuis sept ans, fuyant la guerre et le double terrorisme du régime d'Assad et de Daech & Co, a mis tous les voyants du pays du Cèdre au rouge. Marché du travail, secteur immobilier, électricité, embouteillage, sécurité, tensions communautaires, environnement, secteur hospitalier, etc. Aucun pays au monde n'est préparé pour accueillir, en peu de temps, un million et demi de personnes d'une même nationalité, encore moins, pour une immigration qui équivaut un tiers de sa population.

L'arrivée massive de réfugiés syriens au Liban s'est fait essentiellement en 2012 et 2014, à une époque où le Liban était gouverné exclusivement par les forces politiques du 8-Mars, via le gouvernement de Najib Mikati (un ami personnel de Bachar el-Assad). Le Conseil des ministres, le pouvoir exécutif de l'époque, était composé de la manière suivante: part du Bloc du Changement et de la réforme de Michel Aoun (11 ministres, dont 6 CPL), part autour du duo chiite Amal-Hezbollah (7 ministres), part de Najib Mikati (5 ministres), part de Michel Sleimane (3 ministres), part de Joumblatt (3 ministres). Voilà donc les principaux responsables de l'afflux massif de réfugiés syriens au Liban.

• Sept ans plus tard, la tyrannie des Assad a réussi à s'imposer sur le terrain sans remporter la guerre pour autant, grâce au triple soutien politique, financier et militaire de l'Iran et de la Russie ; le Hezbollah est mouillé jusqu'au cou dans le bain de sang en Syrie ; Daech est anéanti grâce à la coalition internationale formée autour des Etats-Unis ; plus d'un million et demi de Syriens résident toujours au Liban (librement ou en tant que réfugiés).

• L'objet du déplacement de la population syrienne au Liban, fuir le régime syrien, est toujours là. La Syrie n'est que ruine et désolation, mais le tyran de Damas crie victoire. Pire encore, je l'ai dit et redit, je persiste et signe, Bachar el-Assad fait tout ce qui possible et inimaginable pour laisser les réfugiés syriens au Liban. Ce projet pernicieux lui permettra à la fois, de se débarrasser d'une population sunnite gênante qui constitue un risque potentiel pour le régime alaouite, et d'autre part, de réaliser ce que la tyrannie des Assad père et fils n'a pas réussi à faire militairement, la colonisation syrienne du Liban et l'annexion de facto du pays du Cèdre à la Grande Syrie.

• Aujourd'hui, le dossier des réfugiés syriens au Liban est devenu un casse-tête. Les principaux responsables sont tous ceux qui ont soutenu, de près ou de loin, officiellement ou officieusement, par conviction ou par omission, la tyrannie des Assad, et plus particulièrement, ceux qui ont composé le gouvernement de Najib Mikati : Najib Mikati, Michel Sleimane, le Tashnag, le Parti socialiste progressiste, Amal, le Courant patriotique libre et le Hezbollah.

 4  Le désastre environnemental au pays où coulaient jadis le lait et le miel


• Il n'y a pas d'autres mots pour décrire la situation, c'est un désastre. Urbanisation massive, nuisance sonore généralisée et continue, laideur architecturale, diminution des espaces verts, déforestation (pour les nouvelles constructions, comme pour le bois de chauffage), chaleur urbaine, pollution atmosphérique, disparition des espèces, hélas, la liste est bien longue. Toutes les études du genre le confirment, le pays où coulaient jadis le lait et le miel, s'enlise de nos jours dans la pire catégorie qui soit, un pays où la qualité de vie est basse et le coût de la vie est haut. L'environnement, un autre domaine relégué au second plan.

• Et alors que la situation est catastrophique et que le sujet est totalement absent de l'esprit des valeureux candidats aux législatives et des rares débats complaisants organisés par les chaines de télévision libanaises (qui se font payer d'ailleurs pour recevoir les candidats, quelle mascarade de démocratie!), tout ce que Joumana Haddad, une des journalistes de la société civile qui se présente à Beyrouth, trouve à proposer c'est de planter des arbres sur les rooftops de la capitale. Non mais, ho hé, on ne va quand même pas les planter au sol ces arbres! C'est complètement dépassé. Et allons-y pour un tour des projets les plus délirants, les toitures végétalisées, les murs végétaux et la piste de saut à ski nautique de Ouyoune el-Simane à Raouché. Enfin, pourquoi faire simple et pas cher, quand on peut faire cher et compliqué, hein?

Ces idées montrent à quel point la société civile peut être déconnectée de la réalité. La végétation, il faut la mettre au sol, là où elle est censée être en toute logique. Ni aux toits ni aux murs. C'est le plus simple et le moins cher. Il est évident qu'on parle de l'argent public, car sur le plan privé, chacun installe ce qu'il veut sur son toit, une piscine, un arbre ou un cirque. Là aussi, si on trie les candidats sur ce critère, il ne restera personne en lice pour qui voter. Toutefois, c'est un sujet sur lequel nous pouvons agir. Plus nous sommes nombreux à le réclamer, plus nous avons une chance d'être entendus.

• Comme on ne peut pas créer de nouveaux parcs-jardins-squares dans nos villes, à cause de la forte demande immobilière et du coût des terrains, il n'y a qu'une solution pour augmenter la surface des espaces verts, les arbres d'alignement. Il y a près de six ans, j'ai fait un rêve et je l'ai traduit en article : « De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth... Yes we can ! » L'idée commence à frayer son chemin. Mais nous sommes loin de toutes les rues, de toutes les villes et de toutes les routes du Liban, sans exception, et de grands arbres svp (comme des ficus, peupliers, platanes, chênes, noyers, cèdres... pas des arbustes à la con!). Et je ne cesserai de militer pour que la municipalité de Beyrouth arrête enfin de mutiler les arbres des trottoirs existants pour en faire de ridicules boules décoratives, dans un pays si pollué et si chaud, et dépourvu de grands espaces verts. Plus de verdure c'est bon pour le moral, la santé humaine (moins de pollution), l'environnement (moins d'émission de CO2, principal gaz à effet de serre), la consommation énergétique (moins de clim), etc.

 5  L'anomalie du Hezbollah : du Machreq au Maghreb !


• L'anomalie que constitue le Hezbollah du Machrek au Maghreb en général, et au Liban en particulier, c'est l'alpha et l'oméga de l'état de pourrissement qui affecte le pays du Cèdre. Même en se réfugiant derrière les fumeuses formulations du développement et de la croissance, du changement et de la réforme, personne n'investira un kopeck dans notre pays, tant que cette anomalie existe et pour diverses raisons.

. Primo, parce que ce parti illégal armé évolue en parallèle aux institutions de l'Etat, il est accusé d'assassinats politiques (Rafic Hariri, procès en cours à La Haye) et il est classé terroriste (par la majorité des pays arabes, européens et américains).
. Secundo, parce que cette milice utilise ses armes pour influencer les décisions politiques (2006-2008, 2011) et militaire (évacuation sous haute protection de Daech de l'Anti-Liban vers la Syrie en 2017).
. Tertio, parce que ce parti-milicien est capable de plonger le Liban dans une interminable guerre civile étrangère (Syrie, 2011-2018) et de déclencher une guerre avec Israël à tout moment sur ordre du Guide suprême de la République islamique d'Iran (2006), et revenir expliquer aux Libanais que c'est non seulement dans l'intérêt du Liban, mais que la dilapidation d'une dizaine de milliards de dollars (l'équivalent de la moitié du PIB de l'époque) pour libérer un prisonnier (Samir Kuntar) est une « victoire divine » (guerre de Juillet).

• Tout ce développement pour dire qu'aucun candidat, y compris de la société civile, ne peut se cacher derrière la feuille de vigne du développement et zapper les conséquences sociales, économiques et politiques que constitue l'anomalie du parti-milicien chiite au Liban, ou se contenter de quelques généralités vaseuses sur le sujet.

• Revenons à l'électricité, comme je l'ai expliqué dans mon dernier article, un des problèmes concernant ce secteur est le branchement illégal sur le réseau public. Des gens consomment et ne paient pas. Tout plan sérieux doit s'attaquer à la lutte contre la fraude et les fraudeurs. Est-il possible de le faire sur tout le territoire libanais sans que les agents de l'Etat ne risquent leur vie dans certaines régions? Actuellement, non. Ce qui nous amène au coeur du problème, l'extension de la souveraineté à tout le territoire libanais et l'édification d'un état de droit. C'est possible partout, sauf dans les régions contrôlées par le Hezbollah. Et pourquoi donc? A cause de ses armes et d'une ferme volonté de ce dernier de protéger les fraudeurs. On revient donc à l'anomalie que constitue le Hezbollah au Liban.

• Restons sur l'électricité. Comme je l'ai dit, pas d'électricité étatique en continu, pas de développement, le Liban restera un pays sous-développé. Il peut y avoir des projets privés ici et là, mais l'électricité au Liban doit rester une affaire d'Etat. Nulle part au monde ce sont les Assaad Nakad  qui contrôlent ce secteur, sauf dans les républiques bananières. Et c'est pour cette raison justement que ce le PDG d'Electricité de Zahlé, présenté pendant longtemps comme un symbole de la société civile, a décidé de faire tomber le masque, comme Ziad Baroud et Neemat Frem, et de se présenter sur la liste du Courant patriotique libre, afin de sauver son business lucratif et empêcher qu'il ne passe entre les mains de l'Etat libanais à l'expiration de la durée de la concession accordée à sa famille dans les années 1920, cette année justement quelques mois après les élections, comme par hasard.

• En tout cas, et si demain sur ordre de wali el-fakih, Ali Khameneï, le Hezbollah déclenchait une guerre contre Israël et que l'Etat hébreux décidait de bombarder les centrales électriques flambant neuves, qui paiera la facture de la reconstruction? Ah mais ils n'oseront pas, à cause de « l'équilibre de la terreur » imposé par le Hezbollah. C'est ce pense le général-retraité Chamel Roukoz. Foutaises. La milice libanaise n'a rien, absolument rien pu faire pour empêcher Tsahal de s'acharner sur le Liban pendant 33 jours en 2006. Ils oseront comme dans le passé et ça sera la dette publique, donc les Libanais, qui couvrira les nouveaux milliards dilapidés. Il est évident, tant que la décision de faire la guerre n'est pas entre les mains de l'Etat libanais, que le parti-milicien n'est pas désarmé et dissout, et ses miliciens renvoyés chez eux et non intégrés dans l'armée libanaise (nuance!), nous serons condamnés à un éternel recommencement et aux éternelles coupures électriques.

« La paix et la guerre sont des priorités. Mais nous nous sommes mis d'accord sur le fait que le modèle de la résistance (autodésignation du Hezbollah), et l'expérience paramilitaire, ces groupés armés capable de dissuader Israël d'attaquer, est une expérience réussie, de l'avis de tous les experts militaire dans le monde. » C'est de l'avis de Ziad Aabs surtout, le candidat au siège orthodoxe dans la première circonscription de Beyrouth, sur la liste de « Koullouna Watani », un collectif qui se présente dans plusieurs circonscriptions dans la région du Mont-Liban, sous l'étiquette d'une soi-disant « société civile ». Dans la capitale cette liste regroupe Lucien Bourjeily, Paula Yacoubian, Joumana Haddad, Yorghi Teyrouz, etc.

La journaliste l'interrompt et lui demande: « Alors, si je comprends bien, les 66 candidats de 'Koullouna Watani' sont d'accord sur le principe de la résistance (Hezbollah)? » Sûr de lui, l'ancien membre du Courant patriotique libre et grand défenseur du Document d'entente signé entre Michel Aoun et Hassan Nasrallah, reprend ses esprits et la formulation : « Nous sommes d'accord sur une stratégie de défense qui repose en partie sur le triptyque peuple-résistance(hezbollah)-armée ». La messe est dite, les masques sont tombés. Libre à Ziad Abs de fumer une moquette de mauvaise qualité, mais on voit bien que certains candidats de cette soi-disant société civile, ne sont au mieux que des « idiots utiles » d'un parti-milicien qui constitue une « anomalie » du Machreq au Maghreb.

Beyrouth. 8 mars 2005 ("Merci à la Syrie des Assad", place Riyad el-Solh) vs. 14 mars 2005 ("Syrie dehors", place des Martyrs)

Malgré certains éléments déroutants, les tendances générales sont parfaitement prévisibles. La société civile n'a aucune chance de percer dans les élections législatives libanaises. L'effet Macron au Liban? Il fera pschitt. Ses candidats sont au mieux immatures sur le plan politique, Paula Yacoubian compris, au pire, des « idiots utiles » du Hezbollah, comme Ziad Aabs. Pas de prix d'excellence pour les candidats politiques non plus. Des prestations politiques décevantes aux alliances électorales incongrues, il n'y a rien pour motiver les foules ce dimanche.

Et pourtant, les électeurs des grands partis voteront dans leur majorité sans surprise ni hésitation pour leurs parti, zaïm et candidat, malgré les réserves des uns et des autres, concernant telle ou telle décision :

. les électeurs du CPL ne tiendront pas compte du fiasco des ministres Bassil et Abi Khali dans le secteur électrique, de la mise à l'écart des candidats historiques du parti au profit des hommes d'affaires aux gros chéquiers, ni de l'enterrement de la hache de guerre avec le Futur, accusé pendant des années d'avoir surendetté et ruiné le Liban, ni des alliances avec el-Hebz el-Qawmé el-Souré, toujours aussi fier de l'assassinat de Bachir Gemayel, et al-Jamiaa el-Islamiyé, des islamistes dénoncés pendant des années pour leur extrémisme ;
. les électeurs FL ne tiendront pas compte du soutien sans contrepartie de Geagea à Aoun, accusé il y a peu de temps d'aligner les Chrétiens sur l'axe Damas-Téhéran ;
. les électeurs du Futur ne tiendront pas compte de l'appel de Hariri à voter pour Bassil, ni de la rupture de l'ancienne alliance avec les FL au profit de la nouvelle alliance avec le CPL, qui a pendant longtemps attaquer les Hariri, père et fils ;
. les électeurs du Hezb ne tiendront pas compte de l'erreur historique du parti-milicien d'avoir plongé la communauté chiite libanaise dans la guerre civile syrienne, qui lui a couté plus de mille cinq morts et une blessure avec la communauté sunnite qui mettra des siècles à cicatriser ;
. les électeurs des Kataeb, d'Amal, du Parti socialiste progressiste et de tous les autres feront de même.

La surprise de ces élections viendra d'ailleurs.

• Primo, de l'ampleur des mécontentements internes des partisans des uns et des autres, des découragements des fidèles non affiliés du 8-Mars et du 14-Mars, et de la mobilisation de cette majorité silencieuse qui ne vote pas d'habitude, notamment à Beyrouth (plus de la moitié des électeurs inscrits).

• Secundo, de cette loi électorale proportionnelle elle-même, compliquée et imprévisible, qui sera testée pour la première fois in vivo, le 6 mai.

• Tertio, du clivage 8-Mars / 14-Mars que certains sont allés vite en besogne pour l'enterrer. Dimanche, beaucoup d'électeurs se prononceront essentiellement sur « l'anomalie » que constitue le Hezbollah au Liban, qui entrave sa prospérité et l'édification d'un état de droit au pays du Cèdre, et sur le retour en force des candidats « Merci à la Syrie des Assad », une tyrannie qui n'en finit pas de martyriser les Syriens et les Libanais.

*

Réf.

Trilogie électorale, premier volet : que penser du millésime 2018 ? Au sujet des 976 candidats aux élections législatives au Liban et des alliances politiques (Art.519)

Au sujet des tactiques du Futur, du CPL et des FL, et d'une autre « mère de toutes les batailles législatives », celle de Batroun-Zgharta-Koura-Bcharré. Trilogie électorale, deuxième volet (Art.521)

Le Hezbollah lance la mère de toutes les batailles législatives du temple de Bacchus, le dieu romain du vin! Et c'est de très mauvais augure (Art.517)

Kesrouane et Jbeil méritent-t-ils Chamel Roukoz ? Et surtout, vice versa ! (Art.522)

Wlak weiniyé hal kahraba el charm**** 24/24 ya Gebrane, where is this fu***** electricity 24 hours a day ya Bassil, non mais, où est cette pu***** d'électricité 24h/24 ya Gebrane Bassil? (Art.523)