mardi 27 novembre 2012

Initiative de Walid Joumblatt : comment tuer Wissam el-Hassan une deuxième fois (Art.88)


Contrairement à la locution populaire, il existe des politiciens qui ne font que dans la dentelle ! Walid Joumblatt en fait partie. Son initiative exposée lors de sa conférence de presse du 26 novembre se base sur trois points essentiels : l’importance du dialogue, la référence à l’Etat et la neutralité du Liban. Qui connait bien le Bek sait que son initiative n’a pas pour vocation de sortir le Liban de la crise, mais alors pas du tout. Le chef druze s’est contenté d’exposer des généralités politiques creuses et sans aucun intérêt réel, contradictoires et schizophréniques, et ceci dans un but bien déterminé. En réalité, cette soi-disant initiative s’est fixé trois objectifs : justifier pourquoi Walid Bey reste au gouvernement (il l'a répété à plusieurs reprises, il y reste alors que le 14 Mars réclame la démission de Nagib Mikati), légitimer ses bonnes relations avec le Hezbollah (contre vents et marées et en dépit de quelques critiques en trompe-l’œil) et ne pas rompre les liens avec le 14 Mars (à la veille des prochaines élections législatives d'où certaines généralités pro-14 marsiennes, en trompe l’œil aussi). Le reste n’est que de la broderie politique de salon, un grotesque trompe-l’œil sauf sur Wissam el-Hassan où il a tenu des propos inquiétants. En voici quelques fils conducteurs.

1. Défense du gouvernement Mikati.
Il est admirable de voir comment le Beg se présente, calmement, comme un centriste (avec l'increvable Nabih Berri !), reniant d'être du 8 Mars, et l’air de rien, donnant des conseils et faisant des remontrances aux uns et aux autres, comme si de rien n’était, et surtout comme si ce n’était pas lui et ses députés qui ont permis au Hezbollah de réussir leur coup d’Etat démocratico-milicien le 12 janvier 2011, avec l'aide de Michel Aoun, de Nabih Berri et de Nagib Mikati, et comme si ce n’était pas lui et lui seul qui permet au gouvernement de Nagib Mikati de rester au pouvoir.

2. Initiative S-S (Syrie-Arabie saoudite).
Il ne cesse de revenir dessus. Alors revenons-y. Cette initiative a été lancée par l’Arabie saoudite et la Syrie au cours de l’été 2010, à l’imminence de la publication de l’acte d’accusation par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) où tout le monde s’attendait à ce que des membres du « Hezbollah chiite » soient mis en examen dans l’assassinat du « sunnite Rafic Hariri » (l’acte d’accusation ne fut publié qu’un an plus tard). De gros moyens furent déployés pour amortir l’onde de choc d’une telle accusation. S-S fut une des erreurs notoires du 14 Mars, notamment de Saad Hariri, qui croyait naïvement que la « gentillesse politique » conduirait le Hezbollah à accepter l’acte d’accusation ! Mais l’échec de cette médiation revient exclusivement au Hezbollah et à Bachar el-Assad. Quelques jours seulement après la visite historique à Beyrouth du roi d’Arabie saoudite et du président syrien, à bord du même avion SVP !, le 30 juillet 2010, Hassan Nassrallah organise une longue conférence de presse, plus de 2 heures !, pour exposer la « piste israélienne » dans l’assassinat de Rafic Hariri. Le message du tandem Hezbollah-Syrie était clair et net : la « piste israélienne » et rien d’autre. Voilà pourquoi cette tentative de calmer les esprits est restée stérile. Que le Bek cesse de broder autour de l'initiative S-S. L’ironie de l’histoire, c’est que jusqu’à ce jour, le TSL n’a pas reçu les documents exposés au public par Hassan Nasrallah le 9 août 2010. J’y reviendrai plus loin.

3. Démission du gouvernement.
Non Walid Bek, il ne faut pas un consensus national pour cela. Il faut arrêter de se cacher derrière son doigt et assumer ses choix. Il n’y aura pas de vide constitutionnel et pas le moindre problème administratif si Mikati démissionne puisque la Constitution prévoit l’expédition des affaires courantes par le gouvernement démissionnaire, jusqu’aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu dans quelques mois seulement. Ma3lé, basta !

4. Révolution en Syrie.
Oui le 14 Mars a misé sur la chute rapide de Bachar el-Assad. C’est ce que je dénonce depuis le 15 mars 2011. Mais il faut peut-être se rappeler que pendant ce temps-là lui, la girouette de Moukhtara misait sur le contraire ! Ceci explique pourquoi il est resté en bon terme avec le dernier tyran des Assad, se rendant à trois reprises à Damas depuis le déclenchement de la Révolution syrienne, jusqu’à ce que le compteur des morts soit passé à cinq chiffres. Ma3lé kamén. Quant à sa diatribe contre les grandes puissances, la solution est aussi entre les mains des syriens eux-mêmes. La stratégie irresponsable des rebelles, basée essentiellement sur la guérilla, a montré son échec (40 000 morts en 20 mois d’affrontement !). Face à la barbarie du régime syrien, il revient aux rebelles de changer de stratégie. L’islamisation de la guerre en Syrie n’a rien à voir avec l’inaction occidentale. Arrêtons cette mauvaise habitude arabe, qui consiste à mettre toujours les problèmes sur les autres et attendre des miracles d’ailleurs.

5. « Projet occidentalo-israélien ».
Le Bek a battu le record national du délire ! Non, non et 1000 fois non, il n’y a pas de « projet occidentalo-israélien » pour pousser la région à une guerre confessionnelle entre les sunnites et les chiites (« qu’on voit en Irak, qu’on voit les débuts en Syrie, et qui peut affecter le Liban »). Pas la peine de mettre toujours la faute sur les autres, ma3lé, doud el khall ménno wou fi. Il est le mieux placé pour le savoir !


6. L’acte d’accusation du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Le Beg se demande « s’il est nécessaire qu'à tout moment, en tout lieu et de tout temps, de revenir sur l'acte d'accusation... de rappeler quotidiennement ce sujet. » Il a même le culot de prétendre « qu'on entend de certains leaders politiques, tous les jours, matin et soir, des accusations généralistes ». On croit rêver ! On en parle tous les jours des accusations généralistes ? Mais justement c’est ce qu’on peut reprocher au 14 Mars, c’est d’en parler peu, très peu, pas assez en tous cas, alors qu'il y a mort d'homme, d'un homme, puis un autre, et un autre et encore un autre, tous du même camp, le 14 Mars, des grands hommes de la Patrie, de Rafic Hariri à Gebran Tuéni, de Pierre Gemayel à Wissam el-Hassan. Il est clair, comme l'eau de source, que tout ce qui concerne le TSL dépasse la capacité de compréhension de la girouette de Moukhtara, lui qui s’est rendu moins de 40 jours après l’assassinat de son père, Kamal Joumblatt par les Syriens en 1977, chez le premier tyran des Assad pour établir une alliance avec la Syrie qui a duré jusqu’à 2011, avec une parenthèse entre 2004 et 2008.

En tout cas, oui il faut revenir incessamment sur l'acte d'accusation du TSL et cela pour au moins trois raisons essentielles, n’en déplaise aux Bek & Co. D’abord, parce que l’assassinat politique ne cessera au Liban que si et seulement si la justice est rendue. Et ce n’est pas avec l’amnésie, la banalisation et tébwiss el lé7é, qu’on rendra la justice dans ce pays. Ensuite, parce que les quatre accusés du TSL sont des membres du Hezbollah, de l'aveu même de Hassan Nasrallah, et non des pauvres nases désœuvrés qui s’ennuyaient dans une cage d’escalier en sirotant une bière chaude et qui pour briser leur ennui ont décidé un beau matin du 14 février 2005 de faire exploser la voiture de l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, avec l’équivalent de 2000 kg de TNT achetés au rabais la veille au marché du dimanche au bord du fleuve de Beyrouth ! Enfin, parce que Walid Bey oublie un peu vite, qu’il fait partie d’un gouvernement qui a l'obligation juridique d'arrêter ces quatre accusés et de les remettre à la plus haute juridiction internationale pour être jugés au mois de mars 2013; un gouvernement qui ne fait rien, absolument rien, dans ce sens.

Et voilà que le Bek revient sur l’hypothèse israélienne dans l’assassinat de Rafic Hariri. Niaiserie quand tu nous tiens ! Après l’affaire Ayoub, il est claire, disons plus que probable au moins, sauf aux endoctrinés au biberon, que les images présentées par Hassan Nasrallah lors de cette fameuse conférence, ne seraient ni codées, ni interceptées par le Hezb, ni provenant d’un drone israélien, mais proviendraient d’un drone appartenant au Hezbollah. D’ailleurs, malgré la solennité de la mise en scène de la conférence du mois d’aout 2010, la milice libanaise n’a jamais remis quoi que ce soit au TSL.

Quant à ses conseils et à sa métaphore déplacée, qu’il ne faut pas trop s’en faire, de toute façon, dans la vie il y a une « autre justice... hors des tribunaux » et « qu’un jour le cadavre de l'adversaire passera (devant nous) sur le fleuve », ma3lé yésma7élna fiya, nous, nous ne voulons pas de cadavre et pas de fleuve, nous voulons simplement la justice du TSL, terrestre et légale, loin de toute vengeance ou de je-ne-sais-quoi d’autre, et de rien d’autre.

7. On fait la guerre à l’Iran au Liban. Drôle de façon de voir les choses. Comme si la violation de la souveraineté libanaise par la République islamique d’Iran avec l’affaire Ayoub remontait à l’époque achéménide et comme si la protestation de Michel Sleimane à ce sujet il y a deux jours n’était qu’un vœu pieux. A l’heure actuelle, c’est surtout l’Iran qui utilise le Liban dans sa confrontation avec les pays arabes et les pays occidentaux et non l'inverse.

8. Assassinat de Wissam el-Hassan. Là, Walid Joumblatt a battu le record national de la désinformation et de l’ambiguïté. Le Bey « demande à la justice libanaise de publier l'acte d'accusation concernant l'assassinat du général Wissam el-Hassan, et contre l'accusé Michel Samaha. » Notez bien cette confusion extraordinaire. Alors qu'il s’agit de deux affaires bien distinctes, Walid Bey tente de les confondre ! Nous réclamons tous un acte d'accusation dans l'assassinat de Wissam el-Hassan, mais pour accuser qui au juste ? Comment publier un acte d'accusation, alors que l'enquête criminelle ne fait que commencer ? Il a fallu plus de six ans d’enquête, de procédure et d’entraves, à la plus haute juridiction internationale pour que l’acte d’accusation concernant l’assassinat de Rafic Hariri puisse enfin être publié, alors j’aimerai bien savoir « comment » le Beg peut demander à la justice libanaise, soumise à toutes sortes de pression et aux moyens limités, de publier un acte d’accusation concernant l’assassinat de Wissam el-Hassan en moins de six semaines ? Plus important que le « comment » c’est le « pourquoi » ? Pour avoir la réponse, il suffit d’écouter 4 minutes de plus ! Le Beg déclare vers la fin de sa conférence de presse, « Dès le premier instant, j’ai accusé le régime syrien... Je refuse l’accusation interne ». Toutes mes félicitations au peuple libanais, Walid Joumblatt vient d’inventer pour vous, la justice à la demande. Schizophrénie mon amour, comme tu peux être bien commode ! Il est clair et net que le chef de Moukhtara souhaite mettre l’assassinat du chef des services de renseignement des FSI, Wissam el-Hassan, sur le dos du régime syrien via Michel Samaha.

Comme je l’ai déjà dit dans le passé, cette fixation sur le régime syrien a d’énormes avantages, notamment celui de permettre à Walid Joumblatt de rester en bonne entente avec le Hezbollah et surtout de fuir la réalité libanaise. Cette mascarade a aussi pour but d’éviter à la population libanaise de se poser les vraies questions sur cet assassinat politico-mafieux particulièrement odieux. Une enquête sérieuse doit être menée, loin des pressions politiques, celle du Bek en tête, sinon nous tuerions Wissam el-Hassan une deuxième fois.


Réf.


jeudi 22 novembre 2012

Le Liban : l’indépendance d'une nation schizophrénique (Art.87)


A chaque fête ou anniversaire, je n’y peux rien, ma première pensée va toujours, non à l’événement lui-même, mais plutôt au plus grand poète arabe de tous les temps, Al-Mutanabbi!
عـيدٌ بِـأَيَّةِ حـالٍ عُـدتَ يا عيدُ
بِـما مَـضى أَم بِـأَمرٍ فيكَ تَجديد
L'anniversaire de notre 1re indépendance, en référence au 22 novembre 1943, suscite en moi des sentiments mitigés. Entre joie, tristesse et espoir, indépendance j'y suis, j'y reste et j'y pense.

Dans le temps, on avait coutume de blaguer en disant, « ah
 ! si nous étions encore sous mandat français, chou 3abélna !, le Liban serait aujourd'hui un paradis. » Nous aurions des regards au même niveau que la chaussée (mais nonnnnnnn, pas les expressions produites par les yeux, elles seraient au ras des cimes voyons, mais les ouvertures ménagées dans la chaussée pour accéder aux égouts et aux réseaux de télécommunications ; en tout cas, l'air de rien la voirie publique libanaise n'est même pas fichue de réaliser cet exploit autoroutier en 2012!), la cuisine libanaise serait inscrite au « patrimoine culturel de l'humanité » (on ne serait pas en train de se disputer la paternité du hommos et la maternité du falafel avec Israël !) et on vivrait la mythologie de la Suisse de l'Orient à plein temps et en toute saison (barbotant dans les eaux de la Méditerranée en chantant « 3a hadir el bosta » et en mangeant du festo2 7alabé).

Aujourd'hui, on ne fait plus ce genre de blague car elle ne fait plus rire personne tellement elle est véridique, tout le monde sait que ce fut une erreur. Nous aurions dû rester à l'école française encore un peu, même longtemps. L'indépendance ne convient pas à une nation schizophrénique aux 17 personnalités et aux innombrables hallucinations collectives ! Une hallucination étant une « perception fondée sur l'illusion », en voici des plus éloquentes. De la libération de Jérusalem qui devait passer par Jounieh (OLP-Mourabitoun-Joumblatt père 1976) à la Victoire divine sur les ruines de la mère patrie (Hezbollah 2006), du Liban fédéral (Forces libanaises 1986) à la République islamique chiite (Hezbollah, « La voie, l’expérience, l’avenir », dernière édition 2009 ), du « Merci la Syrie » (Hezbollah 2005) à la dissuasion avec Israël (Hezbollah 2012), de la Guerre d'élimination (Aoun 1990) aux Jours glorieux (Hezbollah 2008), de la transformation du Parlement en une boutique familiale pour raison
« démocratique » (Berri 1992-2012, soit 20 ans et ce n'est pas encore fini!) au coup d'Etat démocratico-milicien (Hezbollah-Joumblatt fils 2011), etc. Ce ne sont que quelques exemples d'hallucinations collectives qui confirment la nature schizophrénique de notre nation.

Et que voulez-vous mes cher(e)s ami(e)s, une nation schizophrénique produit forcément des individus et des leaders schizophréniques ! Comment expliquer alors que dans un pays religieux, les employés de maison soient aussi mal traités, qu’on admire la beauté des villes occidentales et qu’on transforme Beyrouth en une des villes les plus laides au monde, qu’on festoie à l’assassinat de son adversaire politique puis qu'on donne des leçons en démocratie, qu’on se gargarise du « Liban vert » alors que nos forêts se réduisent en peau de chagrin et nos villes manquent cruellement de verdure, que le plus communautaire de tous, estèz Nabih Berri, soit le champion de la laïcité au Liban, que Michel Aoun yalli bayto min ézez béréchi2 el nés bel 7jar, que Walid Joumblatt se présente comme un ami de Rafic Hariri mais s’allie au Hezbollah dont 4 membres sont accusés par le Tribunal Spécial du Liban d’avoir assassiné l’ancien Premier ministre libanais. Encore, toujours et plus que jamais, schizophrénie mon amour, comme tu peux être bien commode.

Si l’indépendance est l’acquisition de la totale souveraineté politique par un pays, nous sommes très loin du compte au Liban. Aujourd’hui la souveraineté nationale est violée à longueur d’année, par ordre crescendo de fréquence et de gravité, d’abord par Israël (avec ses survols de l’espace aérien libanais), ensuite, par le dernier tyran des Assad (comme l’attestent l’affaire Samaha et les incursions de l’armée syrienne en territoire libanais entre autres) et enfin, par la milice du Hezbollah (l’affaire Ayoub en est l’exemple le plus récent et le plus significatif). Tant que ces 3 violations ne font pas l’unanimité, notre nation demeurera schizophrénique corps et âme.

Au total, toute fête a une raison d’être. Si en ce 22 novembre nous fêtons l’indépendance du Liban par rapport à la France mandataire, on peut dire que ce fut une erreur. Et si aujourd’hui nous fêtons « symboliquement » l’indépendance du pays du Cèdre, disons que c’est une bien mauvaise blague. Il est clair, nous n'étions pas murs pour disposer de nous-mêmes en 1943. Nous ne le sommes toujours pas en 2012, hélas et 69 fois hélas! Affaire à suivre.

Réf.

نهر الكلب : من نبوخذ نصَّر الى بشار الاسد

dimanche 4 novembre 2012

« Ya sabrak ya Ayoub » face à l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah et des sympathisants du Hezbollah ! (Art.83)


Le 6 octobre dernier un drone non identifié est abattu dans l’espace aérien israélien. Quelques jours plus tard, Hassan Nasrallah défraye la chronique en annonçant aux libanais et au monde que c’est bien le Hezbollah qui a envoyé cet appareil dénommé Ayoub au-dessus de la « Palestine occupée ». Israël qui n’était pas très chaud de communiquer sur le sujet, et pour cause, confirma dans la foulée que l’appareil est de fabrication iranienne et publia trois semaines plus tard des images de sa destruction.  

REACTIONS. L’examen des réactions à l’annonce de la nouvelle permet de distinguer deux camps : d’un côté, les inquiets, de l’autre côté, les enthousiastes. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, estime que « cette provocation aurait pu engendrer une escalade dangereuse et menacer sérieusement la stabilité du Liban ». Il a demandé au gouvernement libanais et à l’armée libanaise de « prendre toutes les mesures nécessaires afin d’interdire au Hezbollah d’acquérir des armes en violation de la résolution 1559 ». Un vœu pieux ! Le président de la République, Michel Sleiman, ancien commandant de l’armée libanaise pense que « L’envoi d’un drone au-dessus du territoire de l’ennemi israélien montre à quel point nous avons besoin d’adopter une stratégie défensive. Il montre aussi la nécessité de mettre en place un mécanisme de prise de décision, conforme aux plans de l’armée et à ses besoins défensifs ainsi qu’à l’intérêt national considéré, en toutes circonstances, de façon exclusive ». De l’eau de source sauf que le Hezbollah ne veut point boire de cette source ! L’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, incisif comme à l’accoutumée, considère que « C’est plus qu’un exploit technique et militaire. C’est une violation de la résolution 1701 et un acte de provocation contre Israël ». Les leaders du 14 Mars, après 7 ans de tergiversation, souhaitent « Etablir un calendrier pour intégrer les armes du Hezbollah au sein de l’Etat libanais ».

Parmi les enthousiastes, on retrouve Michel Aoun, qui considère que « L’envoi du drone est une riposte du Hezbollah aux attaques israéliennes continuelles contre les territoires libanais. Notre logique souveraine exige de nous de mettre un terme aux violations israéliennes quotidiennes de la souveraineté du Liban ». Répondre aux violations extérieures de la souveraineté libanaise par des violations intérieures, qui de toute façon n’empêcheront jamais les premières de se produire, c’est d’une logique implacable ! Du côté des intéressés, les dirigeants du Hezbollah nagent entre le déni et le délire. Pour Cheikh Naïm Kassem l’opération « introduit une nouvelle équation dans l’équilibre de la terreur entre Israël et la Résistance ». Quant au député Nawaf Moussaoui, il estime que cela « aurait dû être proclamé une journée de gloire ». Tenez, la dernière fois c’était à propos de l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban par sa milice (7 mai 2008). Il conseille même aux parties politiques « d’oublier leurs divisions pour savourer cette victoire et relever la tête en signe de fierté parce que l’une d’elles a réussi à plonger la tête israélienne dans la boue ». Affligeant ! A défaut de frôler le delirium tremens, il frôle le ridicule.

EXPLOIT NATIONAL. L’affaire Ayoub fut d’abord présentée comme un exploit sur le plan national. Hassan Nasrallah insista dans son discours solennel, avec une fierté manifeste, sur le fait que l’appareil était « assemblé par des techniciens du Hezbollah » -l’esprit Ikea faisant des émules même chez les fabricants de la République islamique- et que « Les Libanais devraient être fiers de cette opération ». Il voulait sans doute que ses compatriotes oublient que cela ne change rien au fond du problème, les pièces ont été envoyées par les mollahs d’Iran à une milice libanaise et non à l’armée libanaise, ce qui constitue une violation flagrante de la souveraineté nationale. Toujours est-il et malheureusement pour lui, sa tentative de « libaniser » l’opération n’a duré que trois petites semaines seulement. Triste réalité de la sujétion ! Le président de la commission de défense du Parlement iranien, Esmaïl Kossari, vient tout juste de déclarer à qui voudrait l’entendre que « son pays est en possession d’images prises par le drone du Hezbollah de certaines zones interdites d’Israël ». Et pour s'assurer que tout le monde a bien compris le message du messager Ayoub, le porte-parole des Gardiens de la Révolution iranienne, le général Ramezan Sharif, s’est chargé deux jours plus tard de rappeler que « Le fait que nous ayons obtenu des images très nombreuses des zones qui sont importantes pour nous est la preuve que nous avons mené une mission réussie ». Noter bien le « nous » ! Vaine tentative du chef du Hezbollah de vendre son exploit aux libanais. Que l’opération soit commandée par les iraniens, on peut encore l’accepter, mais on ne peut éprouver que du mépris pour quiconque préfère transférer les clichés d’une opération d’espionnage à un pays étranger au lieu de les remettre à l’armée de son propre pays.

EXPLOIT TECHNIQUE. L’affaire Ayoub fut aussi présentée comme un exploit sur le plan technique. Le chef du Hezbollah tint à préciser à ses compatriotes que « le drone a décollé des territoires libanais, avait traversé des centaines de kilomètres au-dessus de la mer avant de franchir les lignes ennemies... et avait survolé des installations sensibles et importantes sur des dizaines de kilomètres jusqu'à ce que l'ennemi le repère près de Dimona ». Ce qui a échappé aux gamers libanais et iraniens, c’est que l’exploit technique l’est beaucoup moins sachant que même mon neveu de 16 ans est capable de faire voler un Parrot avec son iPhone pour mater sa voisine et ses copines du même âge allongées sur les transats autour de la piscine derrière la haie de buis ! Alors si le sacré coquin envisage un jour de ne plus jouer au cache-cache avec ses voisines consentantes et malicieuses, qui se laissent faire avec coquetterie, et décide de développer son Parrot et de l’envoyer sur les terres de Canaan, le Hezbollah pavoiserait beaucoup moins ! En tout cas, à supposer que l’exploit technique du « parti d’Allah » est réel et que mes propos sont caricaturaux, j’avoue qu’ils le sont un peu, celui-ci n’a strictement aucune valeur sans les applications pratiques. Que cherchait en réalité le Hezbollah dans cette opération de montage iranien ? Telle est la question, tel est le problème, tel est le désastre.

EXPLOIT STRATEGIQUE : LA VICTOIRE DIVINE 2. Pour y répondre zappons sur les bahwariyét wél 3antariyét gratuites à la libanaise. On voudrait nous présenter l’affaire Ayoub comme un exploit sur le plan stratégique, quelque chose qui pourrait selon les auteurs changer la donne de la confrontation avec l’ennemi israélien. Tel est le message du Hezbollah aux libanais et au monde. Deux infos d’emblée : selon certains experts, et malgré les déclarations tonitruantes hezbollahi-iraniennes, le drone Ayoub n’a pas transmis de photographies et ne peut pas transporter plus de 3 kg de charges explosives (ce qui est très faible pour provoquer des dégâts sérieux en cas d’attaques-suicide). Cela n’a pas empêché le secrétaire général du parti d’Allah d’affirmer que « cette opération est très importante dans l’histoire de la révolution libanaise contre l’État sioniste ». Il a même ajouté « qu’il (le drone Ayoub) n’est pas le premier que nous envoyons et ne sera pas le dernier... Nous pouvons parvenir à toutes les zones en Israël ». Soit, nous prenons acte. Pour bien mesurer la gravité de ce prétendu exploit stratégique et l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah, il faut établir le film des événements en ayant en tête un résumé des faits et quelques rappels utiles de circonstance.

Dans ce film, il y a tout d’abord l’acteur principal, un compatriote qui mène le jeu d’une cachette après le désastre qui s’est abattu sur la population libanaise en juillet 2006. Nous avons ensuite le producteur, un Etat religieux extrémiste qui est mis au ban des Nations, l’Iran, et qui risque bien davantage dans les mois et les années à venir pour ses recherches nucléaires. Enfin, sous la casquette du metteur en scène, on retrouve une milice armée, en toute illégalité, à l’idéologie religieuse et extrémiste, ayant des liens nombrilistes avec le producteur. La filmographie de cette équipe libano-iranienne est dominée par trois drames de grosses productions. 


- « La Victoire divine 1 » (2006). Le pitch. Une action militaire en territoire israélien le 12 juillet 2006 dans le but de libérer trois prisonniers dont Samir Kantar, un libanais condamné pour avoir tué une fillette israélienne de quatre ans avec la crosse de son fusil devant son père lors d’une opération « palestinienne » en 1979, dégénère gravement. Pour conséquences, nous avons une riposte hystérique de Tsahal et un affrontement entre la milice libanaise et l’armée israélien pendant 33 jours, où ni le peuple libanais ni l’armée libanaise n’ont eu leur mot à dire. Le bilan, c’est un désastre qui est à l’origine d’un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de personnes terrorisées et des milliards de dollars de dégâts matériels. L’excuse s’est résumée à un laconique « si j’avais su » de la part de sayyed Hassan Nasrallah qui découvrait sans doute la brutalité israélienne après 24 ans de « résistance »! Le délire dans l’histoire c’est la proclamation unilatérale de « La victoire divine » alors que le Liban s’est retrouvé littéralement anéanti par cette guerre qu’il n’avait pas décidée.

- « Les Jours glorieux » (2008). Le pitch. C’est l’histoire de l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban en mai 2008, afin de faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora, de conserver un réseau de télécommunications créé en toute illégalité et de garder le contrôle sécuritaire sur l’aéroport de Beyrouth. Plusieurs jours de combats de rues et un bilan très lourd, une centaine de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de libanais terrorisés, une chaine de télé brûlée, des dégâts divers ainsi que des pertes économiques et touristiques importantes.

- « Les Fugitifs » (2005-2012). C’est un film en cours de tournage. Le pitch. L’histoire commence par l’assassinat d’un ex-Premier ministre du Liban et se termine par un autre assassinat, celui du chef des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, qui enquêtait d’ailleurs sur le premier assassinat. Il s’agit d’un film interactif, le scénario est continuellement en cours de réécriture. Pour l’instant, on est arrivé au moment où l'enquête menée par les renseignements des FSI, et poursuivie par des enquêteurs internationaux mandatés par l’Organisation des Nations-Unies, conduit le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) à accuser quatre membres du Hezbollah de l’assassinat de l’ex-Premier ministre. Alors qu’ils sont fugitifs, un des accusés, Hussein Hassan Oneissi, a été photographié sur les lieux de l’assassinat du chef des renseignements des FSI à Achrafieh. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises !

Comme projet de film, on prépare « La Victoire divine 2 ». Pour le repérage, producteur et metteur en scène, ont encore une fois choisi le pays du Cèdre. Ils sont déjà en pré-production avancée du prochain drame. Le Hezbollah, le metteur en scène, est à pied d’œuvre pour que la storyboard soit prête en temps et en heure. Le directeur de production, la Force al-Qods, des spécialistes des pasdaran iraniens, est déjà sur place pour peaufiner le scénario. Sont sûrs d’y participer en tant que figurants : le président de la République libanaise, le commandant de l’armée libanaise, le gouvernement libanais, le ministre libanais de la Défense, le Parlement libanais, le producteur libanais des films du Hezbollah, Michel Aoun, et surtout la souveraineté libanaise ! Une bande-annonce a été dévoilée aux 3,5 millions de spectateurs libanais le 6 octobre, c’était l’affaire du drone Ayoub.

Le scénario. Le Hezbollah avec l’aide des conseillers du corps d’élite des Gardiens de la Révolution iranienne, la Force al-Qods, décide le 6 octobre 2012 de violer l’armistice signé entre l’Etat libanais et l’Etat hébreux le 23 mars 1949, en envoyant un drone dans l’espace aérien israélien. Dans quels buts ? Les producteurs de l’affaire Ayoub, ont été très clairs. Esmail Kossari, du Parlement iranien, prévient « C'est pourquoi nous disons que si Israël veut mener la moindre action contre nous, nous y répondrons sur le territoire de ce régime ». Ramezan Sharif, des pasdaran iraniens, avertit « les Israéliens doivent savoir que nous possédons les informations dont nous avons besoin sur les zones nécessaires pour une situation particulière ». Léghiz ! Dans les deux cas, notez bien cet infâme « nous » ! En d’autres termes, le message hezbollahi-iranien se résume ainsi : si le besoin se fait pressant, pour une raison hezbollahienne ou iranienne, le Hezbollah pourrait se trouver dans l’obligation d’envoyer des « drones suicidaires » chargés d’explosifs ou des missiles ciblés à partir des coordonnées balistiques obtenues soi-disant par le défunt Ayoub, sur les « installations sensibles et importantes », comprendre par-là, des installations pétrolières, gazières, militaires et nucléaires. Une légèreté terrifiante !

On n’en est pas encore là. Mais on risque d’y être très rapidement. Tic-tac, tic-tac, et plus le temps passe et plus les risques d’une déflagration transfrontalière se précisent. Tôt ou tard le Hezbollah est confronté à plusieurs épreuves décisives pour l’avenir de son organisation. Que fera la milice chiite en cas d’attaque des installations nucléaires iraniennes par les Etats-Unis ou par Israël, en cas de chute du régime syrien, en cas de victoire du 14 Mars aux élections législatives de 2013 et à la présidentielle de 2014, en cas de serrement de l’étau judiciaire sur le Hezbollah dans le dossier de l’assassinat de Rafic Hariri et dans d’autres assassinats commis entre 2004 et 2012, en cas de vote par le prochain Parlement libanais d’un calendrier de désarmement de sa branche armée comme l’ont demandé courageusement les leaders du 14 Mars il y a quelques jours ? Je ne vois qu’une seule réponse : un remake de « La Victoire divine », la guerre de juillet 2006, et dans une moindre mesure un remake des « Jours glorieux », l’invasion de Beyrouth de mai 2008. Déclencher une guerre est de tout temps, le meilleur moyen de contourner la démocratie et de rester au pouvoir !

EXPLOIT STRATEGIQUE : LA DISSUASION. Le Hezbollah tente désespérément, il faut le dire, et depuis toujours d’ailleurs, de « vendre » aux libanais l’idée que son arsenal sert non seulement à défendre le Liban mais aussi et surtout à dissuader les Israéliens d’attaquer le pays. Le drone Ayoub s’inscrirait dans cette stratégie. Foutaise ! La dissuasion repose sur un principe simple : empêcher l’adversaire d’attaquer par peur des représailles. Cet équilibre de la terreur, ne marche que si et seulement si les deux adversaires qui font face sont du même poids, si la menace mutuelle est du même ordre et surtout si la capacité de l’agressé de répliquer massivement est importante. Ceci n’a jamais été le cas entre le Hezbollah et Israël et ne le sera jamais. Certes, le Hezbollah a réussi à envoyer 6 000 missiles et roquettes sur Israël, mais cela n’a pas du tout empêché l’armée israélienne de s’acharner sur le Liban et de détruire ses infrastructures ! Un bilan succinct de « La Victoire divine 1 » est à ce sujet fort éloquent : 1/3 des projectiles lancés par le Hezbollah, soit près de 2 000 pièces, n’ont pas traversé la frontière et sont tombés en territoire libanais ; la « Résistance » n’en parle jamais, c’est un peu comme le footballeur pas trop fier de marquer contre son camp ; 9 000 raids aériens ; 175 000 projectiles déversés ; 1 800 bombes à sous-munitions contenant plus de 1,2 million de sous-munition ont été larguées sur le Liban ; des bombes au phosphore ont été utilisées ; 1 500 morts dont 1 200 civils ; plus de  4 000 blessés ; 1 000 000 déplacés (750 000 au Liban et 250 000 à l’étranger) ; 5,5 milliards de dollars de dégâts matériels (infrastructures et édifices) ; 3 milliards de dollars comme pertes touristiques ; 3,1 milliards de dollars comme pertes économiques (recul économique, investissements manqués) ; 15 000 logements détruits complètement, 15 000 logements détruits partiellement, 30 000 logements touchés ; bombardements des aéroports (Beyrouth, Klayat, Ryak), des ports (Beyrouth, Jounieh, Tripoli...), des routes, des ponts (77), des bus de transport, des camions (450), des centrales électriques, des stations-services, des dépôts de carburants (80), des antennes (de télévision, de radio et de téléphone), des bases militaires de l’armée libanaise, des stations radar, des usines (lait, gaz...), des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, du QG de la FINUL ; une catastrophe écologique, une marée noire (Jiyé), 15 000 tonnes de brut déversées dans la Méditerranée, 150 km de littoral souillé, pollution atmosphérique ; blocus aérien et naval, etc. Ainsi, il est parfaitement clair que la dissuasion et l’équilibre de la terreur est une mythologie entretenue par le parti d’Allah pour camoufler l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah dans sa stratégie avec Israël depuis le retrait des troupes israéliennes du Liban le 25 mai 2000.

NOTA BENE. L’affaire Ayoub ne peut pas être déconnectée des déclarations du général Mohammad Ali Jaafari, chef des pasdaran iraniens, le 16 septembre 2012. Pour la 1re fois depuis 1979, la République islamique d’Iran reconnaît officiellement que des militaires iraniens, des membres de la Force al-Qods, une unité d’élite des Gardiens de la Révolution, la milice prétorienne du régime iranien, est présente au Liban. Pour rappel, la Force al-Qods est chargée de toutes les opérations extérieures des pasdaran, qu’elles soient officielles ou clandestines. Signalons au passage, la visite secrète du général Qassem Souleimani, commandant de la Force al-Qods, au Liban au début du mois de mars 2012. Quel hasard ! Bon, on n’est pas à une violation près de la souveraineté libanaise dira le 8 Mars. L’affaire Ayoub rappelle aussi la longue conférence télévisuelle d’Hassan Nasrallah en août 2010 sur « la piste israélienne » dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, qui aurait été négligée par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Une info qui fait tilt aujourd'hui ! Et si les clichés aériens de la scène du crime, présentés par le chef du Hezbollah comme provenant de l’interception et le décodage des données d’un drone israélienne qui survolait Beyrouth dans la matinée de la funeste Saint Valentin de l’année 2005, n’étaient ni israéliens ni codés, mais provenaient d’un autre drone, d’un autre Ayoub, voire du même Ayoub abattu il y a quelques semaines ? C’est d’autant plus plausible qu’on sait que le Hezbollah possédait des drones à l’époque, un des siens, dénommé Mirsad, a été détruit par l’armée israélienne le 7 août 2006 lors de la guerre de juillet.

POUR CONCLURE. Nul n’a le droit de mettre la vie de 3,5 millions de personnes en danger en connaissance de cause sous quelque prétexte que ce soit. Aujourd’hui seul le Hezbollah le fait avec une légèreté insoutenable. Tout le monde connait la doctrine militaire israélienne, aussi bien au Liban, dans les Territoires occupés et lors des guerres israélo-arabes. Elle repose sur 2 éléments clés : l’attaque massive et la riposte disproportionnée. Du nombre des morts aux dégâts matériels, tous les chiffres sont multipliés par 2, 3, 5 ou 10, voire par 17 ! La guerre de juillet 2006 n’échappe pas à la règle. Le plus spectaculaire de tous est incontestablement le coût de la guerre, notamment pour un pays comme le Liban. Le conflit entre le Hezbollah et Israël durant l’été 2006 a couté entre 8,5 et 11,6 milliards de dollars au Liban. Sachant que le PIB (Produit Intérieur Brut) du pays du Cèdre en 2006 était de 22,6 milliards de dollars, cela représentait 38 à 51 % du PIB libanais. De l’autre côté, la guerre a coûté 4,4 milliards de dollars à Israël (coût des opérations militaires ainsi que les dégâts matériels, les pertes économiques et touristiques). Sachant que le PIB de l’Etat hébreux en 2006 était de 140,2 milliards de dollars, cela représentait seulement 3 % du PIB israélien. Et certains ont encore le culot de parler de « victoire divine » !

La guerre de juillet 2006 a démontré le fiasco de la stratégie du Hezbollah pour briser la doctrine militaire israélienne, pour protéger le Liban et pour dissuader Israël de l'attaquer, en dépit du courage et du sacrifice dont les miliciens du parti chiite ont fait preuve. Pour éviter de rendre des comptes devant le peuple libanais, le Hezbollah entretint la propagande sur la préméditation de la riposte israélienne. Argument absurde à partir du moment où toute armée sérieuse envisage toujours le pire. Pour faire oublier sa lourde responsabilité dans cette catastrophe infligée à la population libanaise, le Hezbollah se réfugia derrière la lâcheté d’un « Si j’avais su ». Argument encore plus absurde, connaissant la brutalité historique de l’armée israélienne, il aurait dû savoir. Pour empêcher ce peuple de se poser des questions -les plus importantes étant, pourquoi doit-il servir de chair à canon et jusqu’à quand sera-t-il pris en otage- le Hezbollah se retourna contre l’Intérieur (campement dans le centre-ville et fermeture du Parlement de décembre 2006 à mai 2008, suivis par l'invasion de Beyrouth et du Mont-Liban en mai 2008). Aujourd’hui, le peuple libanais doit être pleinement conscient de ce que l’Iran et le Hezbollah lui préparent en coulisse à travers l’affaire Ayoub : un remake de la guerre de juillet 2006, « La Victoire divine 2 » ! Tout n’est plus qu’une question d’opportunité, de nécessité et de timing. Eu égard à l’affaire Ayoub et aux déclarations du Hezbollah, l’insoutenable légèreté d’être du Hezbollah et des sympathisants du Hezbollah est non seulement dangereuse, mais elle coûte très chère au Liban. Le peuple libanais est prévenu. Lui non plus ne pourra pas dire « Si j’avais su ». Il aura l’occasion de changer de cap aux prochaines élections législatives du printemps 2013, en espérant qu’il ne sera pas trop tard !


Mises à jour


- 25 nov. 2012
Vive protestation du président de la République libanaise, Michel Sleimane, adressée au président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, sur l'envoi du drone Ayoub et sur le fait que les infos recueillies ont été remises à l'Iran sans en avoir informé ni le Président de la République libanaise, ni le gouvernement libanais. Cette démarche fut considérée par Michel Sleimane comme
« une ignorance des sentiments des libanais et de leur attachement à leur souveraineté nationale ». 

- 9 janv. 2013
في موضوع طائرة أيوب قال سليمان: "عند مراجعة هذا الملف يتبين الكثير من النقاط لكنني كنت أفضل أن يبقى عمل المقاومة سرياً، وإذا أعلن فيجب على الأقل إطلاع رئيس الجمهورية قبل إعلانه إذا لم نقل قبل إطلاق الطائرة المذكورة. ولا أرى أن كان يجب على إيران الدولة الصديقة والشقيقة أن تعلن عن حصولها على الصور في حين أن رئيس الجمهورية اللبنانية لا علم لديه بالموضوع. أما في كل ما يخص إسرائيل فموقفي واضح ولا لبس فيه".
الأنباء 9 كانون الثاني 2013