lundi 25 février 2013

Après les succès de « Cheikh Assir fait du vélo » et « Cheikh Assir fait du ski », voilà « Cheikh Assir fait des embouteillages » (Art.118)


Dimanche 24 février. Les faits. A l’heure du hommos, des poulets rôtis et des batata mé2liyé, à l’ombre des Martyrs de la place des Canons, en signe de solidarité avec les familles des islamistes, cheikh Ahmad el-Assir, une graine de star en soutane, a paralysé le centre-ville de Beyrouth pendant quelques heures pour réclamer la libération, et non le jugement, des détenus de Nahr el-Bared. Certes, c’était un dommage collatéral, non prévu par les organisateurs, mais il n’empêche que l’hommage déplacé était bel et bien prévu par les organisateurs et cette paralysie était vivement souhaitée. Après les succès de « Cheikh Assir fait du vélo » et « Cheikh Assir fait du ski », voilà donc « Cheikh Assir fait des embouteillages ». Là où cheikh Assir et ses compagnons de voyage sont devenus moins drôles, c’est quand ils ont réclamé, ni plus ni moins qu’une amnistie générale pour ces détenus islamistes, refusant leur jugement : « nous n'avons guère confiance dans votre enquête, ni dans votre justice et ni dans votre tribunal militaire ». C’est du beau ça ! Mais enfin, sont-ils les seuls au Liban à n’avoir pas confiance dans « les enquêtes, la justice et les tribunaux » de l'Etat libanais ? Certainement pas. La triptyque-chimérique « armée - peuple - résistance » n’est-elle pas un camouflage hypocrite de l’absence totale de confiance de la milice du Hezbollah, autoproclamée « résistance », dans l’armée nationale et le peuple libanais ? Walao, qui peut feindre d'oublier que le Hezbollah est une milice exclusivement chiite, hermétiquement fermée aux autres communautés ? Personne, à part l'hypocrite justement.

Et puisqu’il en est question, alors parlons-en de ces islamistes et rappelons que la bataille de Nahr el-Bared a opposé entre le 20 mai et le 2 septembre 2007, l’armée libanaise à un groupe islamiste, Fateh el-Islam, après l’installation de ce groupe de 200 terroristes envoyés par le dernier tyran des Assad dans ce camp palestinien situé près de Tripoli. Malgré l’évacuation de la population civile palestinienne, le bilan humain est très lourd, 427 morts, dont 163 militaires libanais. Le groupe terroriste fut anéanti et le camp a été complétement détruit. Toutefois, le chef du groupe, Chaker el-Abssi, a réussi à s’enfuir au dernier moment avec une vingtaine d’islamistes. Il serait abattu mystérieusement en Syrie. D’autres ont été capturés. Ils sont actuellement emprisonnés à Roumié. C’est bien d’eux dont il a été question hier. Ils n’ont pas encore été jugés. Enfin, sachez que la bataille de Nahr el-Bared fut menée par le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleiman, l’actuel président de la République, et le général de division, François el-Hajj, assassiné le 12 décembre 2007.

On ne peut pas parler de Nahr el-Bared sans rappeler aussi et surtout que le chef du Hezbollah, sayyed Hassan Hassan, a tenté à l’époque d’empêcher par tous les moyens l’armée libanaise d’intervenir contre le groupe terroriste installé dans le camp palestinien. Pour éviter el 2al woul 2il, je reprendrais texto des extraits d’un discours du chef de la milice chiite du Hezbollah prononcé quelques jours après le début des combats. Il est très éloquent ! « Nous sommes face à une situation extrêmement sensible, grave et complexe... Dans cette affaire, il y a une opinion musulmane, une opinion chrétienne, il y a des susceptibilités confessionnelles, la question libanaise est entremêlée à la question palestinienne, la question régionale et internationale... Le camp (Nahr el Bared) est une ligne rouge... Que celui qui veut prendre la décision d’entrer dans le camp assume la responsabilité... Nous avons dès le début appelé à un arrêt des combats car cette question doit être traitée autrement... Il faut mettre en place une commission d’enquête pour définir comment cela s’est déroulé, pour le compte de qui, qui a commencé la bataille, les objectifs et ce qu’il y a derrière... Est-ce que nous avons réellement besoin d’entreprendre cette action et au profit de qui, avec quelles conséquences... Ce qui s’est passé dans le nord peut être réglé de façon politique, sécuritaire et juridique... ». En réalité, Hassan Nasrallah craignait que l’armée libanaise, qui sortirait forcément victorieuse de cette confrontation, ne se retournerait contre la milice chiite et imposerait son désarmement. Oui l’armée libanaise est sortie victorieuse, mais cela n’a pas découragé la milice du Hezbollah de défier le gouvernement libanais quelques mois plus tard, le 7 mai 2008.


Toujours est-il, pris dans les embouteillages, beaucoup de Libanais ont pesté hier, à juste raison, contre ce répugnant extrémiste salafiste, qui profite de la démocratie libanaise pour s’exprimer sans vergogne. Cependant, je suis dubitatif quant à l’honnêteté de certains de ceux qui ont râlé énergiquement hier, mais qui restent sourds et muets face aux menaces qui pèsent sur le pays du Cèdre à cause des choix du pendant chiite de ces salafistes, le Hezbollah, et des violations répétées de la souveraineté libanaise par le pendant chiite du cheikh Ahmad el-Assir, sayyed Hassan Nasrallah, chef d’une puissante milice armée dont quatre membres sont accusés par la plus haute juridiction internationale, le Tribunal Spécial pour le Liban, du meurtre de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri (assassiné le 14 février 2005) ; une milice co-responsable avec le Courant patriotique libre de la paralysie du centre-ville pendant un an et demi (décembre 2006- mai 2008) ; une milice coupable de l’invasion militaire de Beyrouth et du Mont-Liban (7 mai 2008), ainsi que du coup d’Etat démocratico-milicien (12 janvier 2011) ; une milice qui n’hésite pas à agir illicitement en Europe (attentat de Bulgarie, 18 juillet 2012) et intervient militairement en Syrie aux côtés du tyran de Damas, Bachar el-Assad (en cours et jusqu’à nouvel ordre).

Si Ahmad el-Assir et Hassan Nasrallah vivaient dans le désert de Gobi, on pourrait leur dire bél méchabra7 : fékhar yékasser ba3do. Hélas, ce ne sont pas des extraterrestres, ils sont parmi nous. Dans quelques mois, les Libanais auront l’occasion de les sanctionner, de les isoler, de les rejeter, de les écarter du pouvoir, de les envoyer dans un désert de Gobi électoral !

En attendant, je dirais à quiconque qui n’aime pas « Cheikh Assir fait du vélo » et qui ferme les yeux sur les auteurs des drames « Le Jour glorieux » et « La Victoire divine », tu es hypocrite ! Oui je dirais à quiconque qui n’aime pas « Cheikh Assir fait du ski » et qui prétend « défendre les intérêts chrétiens » mais qui épouse les thèses des dirigeants du Hezbollah, oui tu es hypocrite ! Vous ne me croyez pas ? Oh que si, je dirais à quiconque qui n’aime pas « Cheikh Assir fait des embouteillages » et qui ne dénonce pas le PACS contracté en bonne et due forme, par Michel Aoun avec Hassan Nasrallah -chef d’une milice qui affirme noir sur blanc, dans le livre de Naïm Qassem, le numéro 2 du Hezbollah (« La voie, l’expérience, l’avenir »), dépendre du Wali el-Fakih (guide suprême de la République islamique d’Iran) et que la « République islamique chiite » serait la meilleure solution au « bordel communautaire libanais »- je persiste et je signe, tu es hypocrite ! Et à l’hypocrite je ne dirais qu’une seule chose, ce que Jésus de Nazareth a dit il y a près de 2000 ans : « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère ». Wa man lahoum ouzounann sami3atann, et des yeux pour lire, falyasma3ou, et qu'ils lisent... et surtout qu'ils parlent, nous sommes tout ouïe et assoiffés de les lire !


Réf.
Sept ans déjà au document d’entente signé entre Michel Aoun et Hassan Nasrallah (Art.110) par Bakhos Baalbaki

vendredi 22 février 2013

« Forces Libanaises - Kataeb - 8 Mars VS Liban : 1 - 0 » (Art.117)


Essayez d’imaginer avec moi un instant, un couple de compatriotes qui aurait zappé l’actualité de ces dernières semaines, pour aller se marier civilement à Chypre. Joyeux, par la douceur des galipettes de sa lune de miel, il débarque un beau matin, le mercredi 20 février 2013 à 10h11 précise, à l’aéroport Rafic Hariri à Beyrouth. Curieux comme nous autres Facebookiens, soucieux de rattraper le temps perdu, impatient de se mettre dans le bain, il se rend aussitôt dans un kiosque à journaux et achète un quotidien qu’il apprécie bien, al-Moustaqbal. Pour un bain, notre couple tombera des nues : « 8 Mars - Kataeb - Forces Libanaises 1 - Liban 0 ». Ça alors ! Donc si notre couple a bien compris, au cours du match du mardi 19 février, les Forces libanaises et les Kataeb, les alliés du Futur -oublions un instant le 8 Mars, son adversaire- ont marqué un but contre le Liban ! Soit.

Plus grave est le sous-titre non visible à l’oeil nu et à peine voilé. Ce titre sous-entend que le Courant du Futur de Saad Hariri et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, qui se sont opposés au vote intracommunautaire, représentaient le Liban dans ce match, pas les autres, ses alliés, les Forces libanaises de Samir Geagea et les Kataeb d’Amine Gemayel, qui ont défendu ce projet ! Soit encore.

Le pire est à chercher dans la portée de ce message. Notre rédacteur en chef ne s’est sans doute pas rendu compte, que lorsqu’un quotidien comme al-Moustaqbal, organe de presse du Courant du Futur, parti considéré comme « sunnite » se permet de sous-entendre que deux leaders chrétiens, ses soi-disant alliés -qui se sont entendus avec deux autres leaders chrétiens, Michel Aoun et Sleiman Frangié, et un patriarche chrétien, Bechara Raï, sans quelques indépendants chrétiens, comme Boutros Harb et Dory Chamoun, d’où « l’unanimité chrétienne » sur cette loi électorale- ne sont pas patriotes, est le moins qu’on puisse dire, très arrogant, de bien mauvais goût et complètement irresponsable.

Je comprends parfaitement qu’on puisse être contre le vote intracommunautaire et attaquer avec virulence ce projet de loi électorale. Mais rien ne justifie l’agressivité des opposants à ce projet à l’encontre des défenseurs du projet. Mais bon Dieu, pourquoi dans ce pays faut-il toujours traiter la différence d’opinion avec autant de bassesse ? Mais pourquoi diable faut-il à chaque divergence de point de vue qualifier l’adversaire d’être traitre ? Mais bon sang, pourquoi n’arrive-t-on pas à sortir de ce manichéisme politique enfantin où les autres ne sont forcément pas patriotes s'ils ne partagent pas nos points de vue, même s'ils sont des alliés, même s'ils se nomment Samir Geagea et Amine Gemayel ?

Basta cosi ! Assez d’hypocrisie et de schizophrénie. Puisque c’est comme ça, voilà MA vérité, ma vision des choses. Le Courant du Futur refuse le vote intracommunautaire car il diminuera son poids électoral. Idem pour le Parti socialiste progressiste. Les Forces libanaises et les Kataeb acceptent le vote intracommunautaire parce qu’il augmentera leur poids électoral. Les indépendants du 14 Mars sont contre parce qu’ils auront de la concurrence. Le Hezbollah et Amal, sont pour car les régions chiites sont « verrouillées » manu militari. Le Courant patriotique libre est favorable car il espère garder son poids électoral. Désolé pour al-Moustaqbal, ni Saad Hariri, ni Walid Joumblatt, ne sont plus patriotes que Samir Geagea et Amine Gemayel. Le reste n’est que palabres et littérature. En politique mieux vaut contrôler ses instincts, ses impulsions et ses déclarations. Un vase cassé gardera toujours des traces, même s’il est bien restauré. Avis ! 


Réf.
Réflexions à froid après l'adoption du vote intracommunautaire par les commissions parlementaires (Art.116) par Bakhos Baalbaki.

mercredi 20 février 2013

Réflexions à froid après l'adoption du vote intracommunautaire par les commissions parlementaires (Art.116)


1. Comme l'indique le titre, le principe du « vote intracommunautaire » a été adopté par les commissions conjointes. Avant qu'il ne soit présenté au Parlement, il y a encore pas mal de chemin à parcourir et beaucoup d’obstacles à franchir. La bonne nouvelle, à considérer que celle-ci n’en était pas une, c’est qu’il reste plusieurs semaines encore aux gens de bonne volonté pour trouver un compromis (jusqu’au 11 mars pour pouvoir organiser des élections le 9 juin 2013).

2. Contrairement à tous les annonciateurs d’apocalypse, le 19 février 2013, pas plus que le 21 décembre 2012 et les prédictions foireuses des Mayas, ni toute autre date ultérieure, ce n’est pas la fin du monde. Ce que nous avons aujourd'hui ce n'est qu'une photographie d'un instant présent. Demain la lumière politique changera, pour le meilleur ou pour le pire, cela dépend de nos choix et toujours des gens de bonne volonté, pas des politiciens de petit esprit, des girouettes de circonstance et des insultants publics !

3. Une loi électorale est comme un gant en latex, c'est un produit adapté et à usage unique. Faut peut-être s'en souvenir, avant de publier les faire-part de décès du « Liban » et qu’ils ne pleuvent des « tfeh » et que certains compatriotes-plus-patriotes-que-nous-autres-compatriotes, ne présentent leurs condoléances sur le réseau. Tawlo bélkoun 3layna, ma3lé, un peu de modestie ne fera de mal à personne.

4. Si le Liban est là où il est aujourd’hui -et là je serais sans concession car je voyais cela venir- c’est à cause de l'amateurisme de certains hommes politiques et certains journalistes qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, dont certains députés et candidats à la députation qui se réveillent de leur torpeur après avoir passé près de deux ans les yeux braqués sur la Syrie. Ah, je ne vise pas que les distributeurs de lait ! Comme dirait Nadim Koteich, « désolé mais il y a des archives », et des archives, il y en a sur tout le monde. On avait d’un côté les « gens du vendredi » nous annonçant la chute de Bachar el-Assad chaque vendredi et les « gens du mardi » nous annonçant la fin de la révolution syrienne chaque mardi, les 2 camps prenant leur désir pour la réalité, persuadés depuis 707 jours, que tout va dans le sens qu'ils souhaitent, la nouvelle donne syrienne les aidera à prendre l’avantage sur leurs adversaires, et qu’ils auront largement le temps de penser aux élections. La politique autruchienne, toute une école. Comme c’est bien regrettable, comme le réveil est dur.

5. Cela fait deux ans que je répète inlassablement que tout laisse penser que le conflit syrien sera très long, que son issue ne bouleversera pas la donne au Liban, qu'en dehors des élections, tout est vanité et poursuite de vent, qu'il faut préparer ces fichues élections sérieusement au lieu d'appeler le bon Dieu à la rescousse, de tirer sur Samir Geagea et d'espérer des miracles divins, que tout cela implique une loi électorale juste et un programme politique commun au 14 Mars. En vain, nous n'avons eu ni l'un ni l'autre.

6. Rappelons pour l'histoire, une histoire que certains prétendus démocrates zappent allégrement, que les chrétiens du 14 Mars, Forces libanaises, Kataeb et Kétlé, ont tous proposés, des projets de loi électorale basés sur un découpage électoral privilégiant la petite circonscription (au nombre de 36 pour les Kataeb, comme pour le Futur ; mais surtout 50 pour les Forces libanaises et 128 pour la Kétlé) et/ou une dose de proportionnelle, pour améliorer la représentation parlementaire de toutes les communautés libanaises, notamment des communautés chrétiennes. Tous les autres partis politiques libanais sans exception -Courant du Futur (Saad Hariri), Parti socialiste (Walid Joumblatt), Courant patriotique libre (Michel Aoun), Amal (Nabih Berri) et Hezbollah (Hassan Nasrallah)- ainsi que le gouvernement (Nagib Mikati), ont tous refusé les projets des 50 circonscriptions (proposition des Forces libanaises) et des 128 circonscriptions (proposition de la Kétlé), chacun ses raisons propres, et une raison pour tous: la « petite circonscription » et la « proportionnelle » diminueraient leur poids électoral. Ceci doit être dit pour l'histoire. Qui est offusqué par le « projet du Rassemblement orthodoxe » n’a qu’à accepter les projets de la petite circonscription (50 ou 128) et la proportionnelle. Marre de la désinformation, des procès d'intention, de la mauvaise foi, des slogans creux, des propagandes à 5 piastres et surtout des insultes, qui le moins qu’on puisse dire, sont indignes de ceux qui les profèrent.

7. Rappelons aussi pour l’histoire, toujours cette histoire que certains prétendus démocrates zappent allégrement, que le vote intracommunautaire n'a vu le jour que parce que la pratique démocratique au Liban laisse beaucoup à désirer. Elle a fait en sorte que les « élections électorales » se sont transformées au fil du temps en « désignations électorales », à cause du confessionnalisme des esprits des Libanais qui se traduit par le vote en bloc des communautés libanaises. Chiites, sunnites, druzes et chrétiens ne votent que pour les candidats de leurs communautés -une situation aussi ironique qu'hypocrite puisque le « vote intracommunautaire » serait donc appliquée de facto !- et uniquement pour les candidats des autres communautés qui sont alliés avec leur communauté. Cet archaïsme politique biaise gravement la démocratie, mais nos prétendus démocrates n’en ont cure. Le hic c'est que le problème concerne essentiellement les communautés chrétiennes : tout candidat chrétien dans une région mixte, n'a aucune chance de se faire élire s'il n'a pas reçu l'agrément des forces politiques communautaires dominantes de la région, celui de Saad Hariri (dans les régions sunnites), de Walid Joumblatt (dans les régions druzes), de Nabih Berri ou de Hassan Nasrallah (dans les régions chiites)! Et personne ne trouve rien à redire. On fait comme si de rien n'était. N’ayant pas peur de dire les choses telles qu’elles sont. Un mauvais diagnostic conduit forcément à un mauvais traitement. Seules alternatives au « projet du Rassemblement orthodoxe » sont les projets de la petite circonscription associés ou non à la proportionnelle, rejetés actuellement par toutes les forces politiques libanaises à l’excepté des partis des Forces libanaises, des Kataeb et de la Ketlé ! Ma3lé.

8. Il ne suffit pas de recourir aux « mots forts » pour donner du poids à son argumentation. Rien ne justifie l'utilisation déplacée et abusive, du mot « apartheid » dans ce débat politique sur le vote intracommunautaire. Un Allemand de Berlin ne se sent pas en apartheid, parce il ne participe pas à certaines élections en Bavière alors qu’il est Allemand depuis des lustres. Idem, les étrangers de France, ne se sentent pas en apartheid parce les autorités françaises ne leur accordent pas la nationalité française ou leur refusent le droit de vote, alors qu'ils payent leurs impôts comme tout le monde et contribuent au rayonnement de leur pays d’accueil. Le vote intracommunautaire est une sorte de fédéralisme communautaire du vote. Je me joins en principe à tous ceux qui sont contre ce projet. Personnellement, je préfère de loin celui de Carlos Eddé ou de Dory Chamoun (128 ou 88 circonscriptions, scrutin uninominal, majoritaire à deux tours), mais de grâce, mieux vaut réfléchir à deux reprises avant de balancer à l’encontre d’autres compatriotes, non moins patriotes que les autres, des accusations inappropriées et déplacées.

9. « Ah mais pourquoi un député musulman ne peut-il pas représenter les communautés chrétiennes, à partir du moment où tout député représente tous les Libanais? ». L’argument choc. Dernière tentative naïve pour ridiculiser les défenseurs du vote intracommunautaire. Cet argument est fallacieux et se retourne aisément contre ceux qui l’avancent. Depuis que je milite sur le réseau, j'entends et je lis certains du 14 Mars expliquaient à longueur de journée, matin, midi et soir, que Michel Aoun est « syrien » et que Hassan Nasrallah est « iranien »! Déduction de cette logique implacable, les députés aounistes sont pro-syriens et les députés hezbollahi sont pro-iraniens. Alors, si dans le système politique actuel tout député représente tous les Libanais, et pas uniquement sa communauté, certains du 14 Mars devraient commencer par admettre que les députés aounistes et hezbollahi représentent tous les Libanais et qu'on arrête une fois pour toutes ces insultes quotidiennes, et qu'on fasse enfin de la politique, heik biyérté7o wou bérai7o !

10. Reste quand même une grande question qui vous taraude l’esprit : comment se fait-il qu’un homme comme Bakhos Baalbaki, BB himself, soutient ce projet « rétrograde » ? Il se fait, et je me suis exprimé au moins dans 5 articles sur le sujet, wou toulé3 3a lésséné cha3ér wou ana é7ké, et ça n’a pas beaucoup d’importance de toute façon. Mais alors pourquoi un homme « hakim » comme Samir Geagea a marché dans ce projet ? 4 199 999 Libanais se le demandent, et un seul a trouvé l'explication, mais hélas il n’est pas prophète en son pays. Oui c’est lui, maghayro, Fares Khachan himself, l’homme qui tire à côté de son ombre. Dernière trouvaille de notre tireur, dont les liens avec le Futur sont notoires, eh bien, figurez-vous que Samir Geagea compte établir une « Nouvelle alliance » ! Avec qui ? Avec le Hezbollah SVP, le parti divin, le parti d’Allah. Pas de quoi plaire à Yahvé ! La preuve ? « Qui vérifie les nombreuses prises de position de Geagea ces trois derniers mois, découvre qu’il y a un grand titre qui a été absent, c’est la question des armes du Hezb » ! Même Gérard de Villiers dans ses 191 « romans de gare », ne s’est pas permis de tels délires. Circonstances atténuantes ? Aucune, Samir Geagea le fait sachant que le 8 Mars gagnerait les élections. Kiss ékhta, la2ata el mal3oun, wou fada7o lal Hakim! Fares Khachan nous a habitué ces derniers temps d’être à côté de la plaque mais jamais à ce point. Pathétique. Faut-il rappeler au journaliste parisien, apparemment déconnecté de la réalité libanaise, que Samir Geagea, avec les Gemayel, Carlos Eddé, Dory Chamoun et une poignée d'hommes politiques chrétiens, sont les seuls leaders politiques libanais, qui n’ont jamais cédé devant le Hezbollah depuis sa naissance en 1982? Si cet argument est le seul que Fares Khachan ait trouvé pour nous faire oublier les propos polémiques il y a 3 jours de Hassan Nassrallah sur l’acceptation formulée par Rafic Hariri de l’armement de la milice chiite, disons que Saad Hariri a vraiment de quoi s’inquiéter ! Rappelons pour l’histoire, puisque Fares Khachan a bien voulu ouvrir cette porte, que si le Hezbollah a atteint la dimension qu’il a aujourd’hui, c’est parce que bien avant d’avoir la couverture chrétienne de Michel Aoun (depuis 2006), il a eu la couverture sunnite, notamment de Rafic Hariri, pendant plus de 20 ans ! Que Fares Khachan remballe sa haine contre Samir Geagea, sa mauvaise foi est flagrante. Je m’arrêterai là, car je n’ai nullement envie de descendre aussi bas que l’ancien journaliste d’al-Safir.

11. Il est impensable de terminer ce petit exposé sans préciser que l’opposant le plus farouche à la petite circonscription, qu’on retrouve dans les projets des partis politiques chrétiens du 14 Mars, se nomme Walid Joumblatt. C’est le problème, il est même le problème des problèmes. Voilà ce que pense cet « esprit socialiste progressiste » de la petite circonscription, notamment du projet des 50 circonscriptions présenté par les Forces libanaises : « ce n’est pas opportun pour les habitants de la Montagne et pour le PSP (Parti Socialiste Progressiste) ». Quant à la proportionnelle, le Bek est encore plus explicite, il se prend pour le nombril du monde : « Je ne veux pas de la proportionnelle, quelle que soit sa forme, parce qu’elle me prend pour cible ». Dans tous les pays démocratiques, il est admis que la petite circonscription et une dose de proportionnelle améliorent la représentativité parlementaire des électeurs, sauf au Liban, sauf pour Walid Joumblatt. Saad Hariri, et le Courant du Futur, ne peuvent pas ménager la chèvre et le chou encore longtemps. Ils ne pourront pas continuellement épargner celui qui a poignardé le 14 Mars dans le dos le 12 janvier 2011, en remettant les rênes du pouvoir à Hassan Nasrallah et à Michel Aoun, au détriment de ceux qui sont restés à leurs côtés dans les pires moments -14 février 2005, 14 mars 2005, 7 mai 2008, 7 juin 2009, 12 janvier 2011 ou 19 octobre 2012- comme Samir Geagea, Amine Gemayel et Carlos Eddé. Ils doivent trancher sachant que tout ce qui bâtit sur des sables mouvants s’écroulera. Avis !

12. Si nous voulons en finir avec la tare de la démocratie libanaise, le vote en bloc des communautés, il convient de procéder à la déconfessionnalisation des esprits. Encore une fois, ni la loi électorale, ni le mariage civil facultatif, ni un Sénat confessionnel, ne déconfessionnaliseront les esprits. Seuls des Codes « civils, uniques et obligatoires » le feront. Et tout ce qui est en dehors de ça, n’est que palabres, hypocrisie et schizophrénie.

13. On palabre à n’en plus finir, justement, à nous souler, à oublier jusqu’à nos prénoms et on passe à côté de l’essentiel, pourtant simple, l’élément de bon sens : pour gagner des élections il faut, je suis désolé d’avoir à le rappeler à certains, un programme électoral ! Eh oui, ça c’est très con. Si on a raté magistralement l’occasion d’élaborer tranquillement une loi électorale juste, il est encore temps pour tous les partis politiques libanais d’élaborer et d'offrir aux Libanais, des programmes électoraux ambitieux, concrets et réalistes, loin des slogans creux, populistes et insipides !

14. Dans une démocratie, chacun est libre de boycotter les élections ou pas, de voter blanc ou pas. Une chose est sure: qui ne choisit pas, d'autres choisiront à sa place car sans le moindre doute, en politique plus que partout ailleurs, la nature a horreur du vide !

Post-scriptum

Fares Khachan termine son article par « le 14 Mars est fini », sous-entendant que c’est Samir Geagea qui lui aurait donné le coup de grâce. Pour rafraichir « sa mémoire », justement, je lui conseillerais de lire « mon mémoire » écrit à l’occasion du 7e anniversaire de la manifestation historique du 14 mars 2005 : « 14-MARS 2005-2012: 14 erreurs, 14 conseils ! (Art.58) », dans l’espoir qu’il puisse retrouver un peu de précisions et d’arrêter de tirer à côté de son ombre ! Et qu’il sache que si cheikh Ahmad el-Assir s’est fait une place au soleil dans la ville natale des Hariri, ce n’est pas parce que Samir Geagea veut établir une « Nouvelle alliance », idée fantaisiste d’une imagination en faillite -heureusement que la rue sunnite sait parfaitement sur qui elle peut toujours compter dans les moments difficiles !- mais c'est plutôt à cause de la mollesse du Courant du Futur avec le Hezbollah, depuis la désastreuse initiative S-S (Syrie-Arabie saoudite) et cette farfelue idée de M-M (mousala7a-mousara7a). Wa éktada el tawdi7, comme on dit !

dimanche 17 février 2013

Hassan Nasrallah et le tweet inapproprié de Saad Hariri (Art.114)


Extraits marquants de la vidéoconférence de presse de sayyed Hassan Nasrallah le 16 février 2013.

1. « Depuis 2006, Israël y réfléchit à deux fois avant d'envisager une opération contre le Liban. »


Foutaise ! Le Hezbollah n’a même pas pu empêcher Israël durant  la guerre de juillet  2006 de bombarder toutes les régions libanaises sans exception, pendant 33 jours, provoquant des dégâts estimés à près de 50% du PIB du Liban de l’époque. Du côté israélien la guerre de juillet 2006, n’a coûté que 3% du PIB d’Israël. La ridicule « Victoire divine », terme utilisé par le Hezbollah, n'était en réalité qu'un désastre sur tous les plans notamment sur les plans humain (plus d'un millier de morts, des milliers de blessés, des centaines de milliers de déplacés, des millions de personnes terrorisées) et écologique (importante marée noire sur les côtes libanaises, plusieurs millions de bombes à sous-munitions larguées dans le pays, recours aux bombes à l'uranium appauvri). Ces chiffres résument bien le fiasco de l’opération « Promesse sincère » ("promesse" de libérer Samir Kantar, un criminel Libanais condamné pour la mort d'une fillette israélienne de 4 ans lors d'une opération "palestinienne" en Israël en 1979 à la demande du FLP d'Abou Abbas, Front de Libération de la Palestine!) et la mythologie du Hezbollah et ses capacités à protéger le Liban. La milice chiite constitue un danger pour le Liban et ses habitants, sur le plan humain, c’est une évidence, mais aussi, et surtout, sur le plan économique. La guerre de juillet 2006 constitue la meilleure illustration de ce constat.

2. « Si ce n'est pour combattre Israël, les armes pour nous n'ont aucune valeur. »

Foutaise ! Le Hezbollah n’a pas hésité une seconde à lancer ses miliciens dans Beyrouth et le Mont-Liban, le 7 mai 2008, pour empêcher le gouvernement souverain du Liban, celui du Premier ministre Fouad Siniora, de démettre de ses fonctions le chef de la sécurité de l’aéroport de Beyrouth, Wafic Choucair (proche du Hezbollah), et d’enquêter sur la découverte fortuite d’un réseau de communication illégal appartenant au Hezbollah. Cette mini-guerre civile a provoqué une centaine de morts, des centaines de blessés et des dégâts importants dont l’incendie des locaux de la chaine Futur TV. Elle fut qualifiée par Hassan Nasrallah comme étant « Un jour glorieux » !

3. « Nous avons accepté le projet orthodoxe par souci de véritable parité. »

Foutaise ! Le Hezbollah n’a accepté le principe du vote intracommunautaire que pour 4 raisons : la communauté chiite est concentrée sur le territoire libanais (contrairement aux communautés chrétiennes) ; la communauté chiite vote en bloc pour le tandem Hezbollah-Amal ; les régions chiites sont « verrouillées » mano militari (aucune diversité politique n’est tolérée, même au niveau chiite ; ce que confirme la persécution des personnalités chiites indépendantes comme Ahmad el-Assad, sayyed Ali el-Amine, etc.); pour nuire au Courant du Futur. Ainsi, le Hezbollah a accepté ce projet de loi, non pour faire plaisir à Michel Aoun comme le général de Rabié essaye de nous faire croire ou par souci de parité, une belle foutaise, mais parce qu’il n’a rien à perdre au niveau de la communauté chiite, les députés chrétiens qu’ils perdraient, seraient compensés par l’affaiblissement de son principal adversaire politique, le Courant du Futur (dans ses fiefs !). Notez que Hassan Nasrallah s’est quand même bien abstenu de préciser qu’il est farouchement opposé à tous les projets électoraux favorisant les petites circonscriptions qui lui feraient perdre les députés chrétiens sur ses listes au profit des partis chrétiens du 14 Mars (Forces libanaises et Kataeb... A propos, je profite de l'occasion pour adresser mes salutations distinguées à notre cher Emile Rahmé, député maronite de Baalbeck-Hermel !), notamment si ces projets sont combinés au scrutin proportionnel, qui lui ferait même perdre certains sièges chiites ! Rappelons que les projets favorisant les petites circonscriptions et le scrutin proportionnel, rejetés énergiquement par le Hezbollah, sont les seuls alternatifs au vote intracommunautaire pour corriger la tare de la démocratie libanaise et la mauvaise représentation chronique des communautés chrétiennes.

4. « Quand nous avons dit à votre père, avant février 2005, que la question de la Résistance est une priorité, il nous avait répondu qu'il soutenait les armes du Hezbollah. Votre père se serait-il également vu offrir un pot-de-vin ? »

Foutaise ! En tout cas, il est facile et commode de faire parler les morts. Bref, ce à quoi « Saad Hariri » a répondu par un tweet samedi : « Le protecteur des accusés de l'assassinat de Rafic Hariri n'a pas le droit de parler de l'histoire du président martyr. » J’ai le regret de rappeler à celui qui a rédigé ce tweet, je doute que ça soit Saad Hariri himself, que les 4 accusés de l'assassinat de Rafic Hariri, sont tous membres du Hezbollah, reconnu par Hassan Nasrallah himself. Désolé, mais nous n'avons absolument pas à faire à une bande de racailles que sayyed Hassan protège, des crapules qui s'ennuyaient dans une cage d'escalier de la Banlieue Sud en sirotant leur bière chaude et qui pour tuer leur ennui mortel ont décidé un beau matin d'assassiner le puissant ex-Premier ministre du Liban avec une charge explosive de 1800 kg d'équivalent TNT qu'ils ont achetés au rabais la veille à Souk El-A7ad (marché aux puces de Beyrouth)! Voilà pourquoi cette désignation, « protecteur des accusés », semble complètement inappropriée. Avis aux intéressés qui gèrent le compte Twitter de cheikh Saad Hariri, chef de l'opposition libanaise, pilier du 14 Mars, président du Courant du Futur : les mots ont leur importance.


Le reste de la conférence de presse de sayyed Hassan Nasrallah n’est que bavardage populiste sans grand intérêt politique.

mercredi 6 février 2013

Sept ans déjà au document d’entente signé entre Michel Aoun et Hassan Nasrallah (Art.110)


Il était une fois, à la surprise générale, deux hommes libanais contractaient une sorte de PACS, pour reprendre le sigle de cette disposition juridique du droit français, un PActe Civil de Solidarité, qui permet à deux personnes de bénéficier des droits qui découlent du mariage, même « contre-nature », sans avoir à assumer la lourdeur d’un mariage proprement dit. Bague et blague à part, en ce 7e anniversaire de la signature du « Document d’Entente Mutuelle entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre » à l’église Mar-Mikhael, par sayed Hassan Nasrallah et le général Michel Aoun, le 6 février 2006, j’ai voulu par curiosité relire la partie consacrée à l’armement de la milice du Hezbollah.

Voilà ce que prévoit précisément le document : « La protection du Liban et la consolidation de son indépendance et de sa souveraineté sont une responsabilité et un devoir nationaux... C’est pourquoi le port des armes n’est pas un objectif en soi, mais un moyen noble et sacré utilisé par un groupe dont le territoire est occupé, au même titre que la résistance politique. Dans ce contexte, les armes du Hezbollah s’inscrivent dans une approche exhaustive ainsi délimitée : Premièrement, le maintien des armes du Hezbollah doit se baser sur des justifications qui font l’unanimité nationale et qui constituent une source de force pour le Liban et les Libanais, et deuxièmement, définir les circonstances objectives qui aboutiraient à la suppression des raisons et des justifications de leur existence. »

Eurêka ! On cherche, on cherche et on cherche, comment en finir avec l’armement illégal de la milice du Hezbollah et pourtant la solution est là, sous notre nez. Il est clairement stipulé dans le document du 6 février 2006 que « le maintien des armes du Hezbollah doit se baser sur des justifications qui font l’unanimité nationale » ! Etant donné l’absence totale d’unanimité nationale autour de cet armement, il n'est alors tout simplement plus possible pour la milice du Hezbollah de maintenir son arsenal illégal en vertu du document d’entente signé par Michel Aoun et Hassan Nasrallah themselves ! J'en reviens pas, qui l'eût cru ! Quitte à être dans l'absurde, soyons-en jusqu'au bout.

Enfin, soyons plus sérieux que les pacsés. La « voie de la réconciliation » a été réellement ouverte aux Libanais le 14 mars 2005, quand le peuple du Liban tout entier, toutes communautés confondues, avec tous les partis politiques existants, Courant du Futur, Forces libanaises, Kataeb, Courant Patriotique Libre compris, à l’exclusion du Hezbollah & Co (qui eux avaient manifesté le 8 mars 2005, et rappelons-le, pour dire « Merci à la Syrie », la Syrie de la tyrannie des Assad !), sont descendus place des Martyrs réclamer deux choses : le retrait des forces syriennes d’occupation et que justice soit faite après l’assassinat odieux de notre ancien Premier ministre, Rafic Hariri.

Au lieu que la milice du Hezbollah saisisse l'opportunité et entame une procédure de réconciliation nationale à partir de cet événement historique qui rassembla un million de personnes, elle a décidé de continuer à faire cavalier seul comme si de rien n’était ! Il faut bien croire, qu’elle avait sans doute ses raisons ! Les assassinats politiques se sont enchainés. Samir Kassir, Georges Haoui et Gebran Tuéni. Après la mort de ce dernier, le Premier ministre Fouad Siniora et le Conseil des  ministres, connaissant la politisation de notre corps judiciaire (confirmée encore une fois il y a quelques jours, par la demande grotesque de levée de l’immunité parlementaire du député Boutros Harb qui ose reprocher au procureur sa lenteur dans l’enquête concernant sa tentative d’assassinat ; eh oui, le monde à l’envers !), décident de recourir à l’aide des Nations-Unies pour parvenir à cette justice, à travers le Tribunal Spécial pour le Liban. Aussitôt, les ministres chiites du Hezbollah (Hassan Nasrallah) et d’Amal (Nabih Berri), manifestent leur désapprobation et se retirent du gouvernement libanais, pour dénoncer l’internationalisation de l’assassinat de Rafic Hariri. Le Hezbollah n’a jamais été aussi isolé à cause de ces erreurs stratégiques à répétition. Eh hop, 2 mois plus tard, Michel Aoun offre une magnifique porte de sortie à la milice chiite pour briser son isolement. Ce fut une erreur monumentale car en ce début d’année 2006, la milice chiite était acculée dans ces derniers retranchements. A cet instant précise de l’histoire, il y avait une chance réelle d’obtenir son désarmement. En vain.

La suite est encore pire. Une seconde chance est offerte au Hezbollah. Une table de dialogue réunissant les leaders libanais se met rapidement en place au printemps 2006, avec la participation des nouveaux pacsés pour définir une « stratégie de défense » à notre pays. Le peuple libanais croyait naïvement que les choses allaient se décanter et qu'il aurait enfin droit au premier été prospère depuis le déclenchement de la guerre civile le 13 avril 1975 et sans l'occupant syrien. Quelques semaines plus tard, le rêve fut brisé ! Le 12 juillet 2006, la milice du Hezbollah décide sans consulter ni le président de la République, commandant en chef des forces armées, ni le commandant de l’armée libanaise, ni le Premier ministre, ni le Conseil des ministres, ni le ministre de la Défense, ni le président du Parlement, ni les députés de la Nation, ni le peuple libanais, ni même son allié le général Michel Aoun, de mener une opération militaire en territoire israélien, pour, tenez-vous bien, libérer trois prisonniers, dont le fameux Samir Kantar, un libanais de confession druze ayant mené une opération en Israël en 1979, commanditée par les milices palestiniennes présentes au Liban, au cours de laquelle il a tué une fillette israélienne de 4 ans avec la crosse de son fusil ! Tout le monde connait la suite, un affrontement entre la milice chiite et l’Etat hébreux. Le Hezbollah n’a rien pu faire pour empêcher Tsahal de s’acharner sur le Liban pendant 33 jours. Cette mésaventure a coûté au Liban près de 50% de son PIB, contre seulement 3% du PIB aux Israéliens, 1200 morts, 5000 blessés, destruction massive, malheur et dévastation partout au Liban, notamment dans le Sud et à Beyrouth.

Et dans les suites
, il y a l’occupation par les pacsés du centre-ville de Beyrouth pendant un an et demi (déc. 2006-mai 2008) avec en parallèle la fermeture du Parlement; l’invasion de Beyrouth et du Mont-Liban par le Hezbollah le 7 mai 2008, une journée baptisée par Nassan Nasrallah comme étant « un jour glorieux des Jours de la Résistance »; le coup d’Etat démocratico-milicien des pacsés le 12 janvier 2011 avec l'aide de Nabih Berri, Nagib Mikati et Walid Joumblatt; l'accusation par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL), la plus haute juridiction internationale, de quatre membres de la milice du Hezbollah de l'assassinat de Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre du Liban en juin 2011; l’envoie du drone Ayoub au-dessus du territoire israélien en octobre 2012; et cetera, etcétéra, etc., j’en passe et des meilleures. Et encore une fois, comme à chaque fois, au lieu que le Hezbollah soit isolée et acculée à rendre ses armes à l’Etat libanais, ce document d’entente, signé par le général Michel Aoun, brise l’isolement de la milice chiite, ce qui permet à cette dernière de garder son arsenal en toute illégalité ad vitam aeternam. Il semble que le PACS entre les deux hommes tient bon, aussi bon qu’un mariage. A la vie, comme à la mort, pour le meilleur et pour le pire. Hélas, mille fois hélas !

lundi 4 février 2013

« Je déplore ! » Réflexions sur l’événement tragique d’Ersal (Art.109)


1. Je déplore l’assassinat odieux de deux militaires de l’armée libanaise, un officier et un aspirant, au cours de l'événement tragique qui s'est déroulé le 1er février à Ersal (Békaa) -une localité sunnite de 40 000 habitants qui a déjà eu dans le passé des démêlés avec le Hezbollah et l'armée syrienne des Assad- ainsi que la torture de huit soldats blessés lors de cet affrontement armé.

2. Je déplore cette confusion qui entoure cette tragédie et l’existence de deux versions du même événement, celle de l'armée libanaise et celle des habitants, alors qu’il s’agit de faits tangibles et non de phénomènes paranormaux: à savoir l’arrestation d’un suspect par l’armée libanaise qui a dégénérée en un affrontement sanglant entre une unité de dix soldats des renseignements de l'armée et un groupe armé de la région -au cours duquel tous les membres de l'unité de l'armée ont été blessés ou morts et le suspect fut tué- suivi par la capture et la torture des militaires survivants. Le reste avec les détails pénibles, seront néanmoins révélés lors de l'enquête militaire en cours.

3. Je déplore que la majeure partie de notre pays reste hors-la-loi en 2013, et qu’il faille « prier les habitants de coopérer avec l’armée » pour appliquer les lois libanaises dans certaines régions.

4. Je déplore toute cette haine et toute cette rancune qui règnent dans le coeur et l'esprit de certains dans notre pays et qui se manifestent à la fois sur le terrain, mais aussi dans les médias (la NewTV à tout hasard !) et qui se reflète également dans les commentaires de quelques uns sur Facebook.

5. Je déplore la défense camouflée sous quelque prétexte que ce soit de meurtriers de soldats de l’armée libanaise.

6. Je déplore les généralisations grotesques (al-Qaïda serait installée à Ersal !), la récupération politique indécente (de plusieurs bords), les lèche-bottes incendiaires (qui coupent les routes et brûlent des pneus pour témoigner de leur solidarité avec l'armée libanaise!), ainsi que les appels au meurtre et à la vengeance lancés par certains défenseurs zélés et douteux de l’armée libanaise.

7. Je déplore que la souveraineté de l’Etat libanais, dans toutes ses institutions, soit encore et toujours violée par certains Libanais eux-mêmes avant de l’être par des forces étrangères

8. Je déplore la libre circulation des armes dans notre pays et qu’on ne soit pas fichu de les bannir complètement sous des prétextes bidon, comme celui de la « résistance ».

9. Je déplore que 22 ans après la fin de la guerre que des milices (Hezbollah), et des groupes armés libanais (à Tripoli, à Beyrouth, et ailleurs) et palestiniens (à l’intérieur et à l’extérieur des camps), puissent encore avoir pignon sur rue et fassent régner la terreur dans notre pays.

10. Après cette tragédie qui touche l’institution militaire, je ne peux ne pas penser à celle de Samer Hanna, un officier libanais abattu par un membre du Hezbollah (2008), et ne pas déplorer que cet assassin soit en liberté et se paye le luxe de ne pas répondre à deux convocations du tribunal militaire, alors que des officiers chrétiens ayant usé de leur droit à l’auto-défense lors des émeutes de Chiyah-Mar Mikhael (2008), aient croupi plusieurs mois en prison.

11. Je déplore enfin, que notre Liban devienne au fil du temps, un vaste territoire de non-droit et de non-justice, où par exemple quatre membres du Hezbollah accusés d'un crime aussi grave que l’assassinat de notre ancien Premier ministre Rafic Hariri, ne soient jamais inquiétés et ne soient toujours pas capturés et remis au Tribunal Spécial pour le Liban pour être jugés, et qu'un esprit aussi diabolique que Michel Samaha, un ancien ministre du 8 Mars qui projetait commettre divers assassinats politiques à la demande du président syrien Bachar el-Assad, ne soit pas inquiété pour l'instant -pas d'acte d'accusation alors que les faits aient été avérés et reconnus par le suspect!- et ne soit toujours pas jugé pour ses magouilles criminelles. Et dans ce vaste territoire de non-droit et de non-justice, le gouvernement Mikati continue à faire comme si de rien n’était !

Que justice soit faite pour tous nos martyrs.
Paix à leur âme.

dimanche 3 février 2013

Une loi électorale au Liban? Mais c’est « pastèque » pour des Libanais! (Art.108)


On dit qu'on n'arrête pas le progrès. Et comment ! Aujourd'hui, on sait cultiver des pastèques cubiques qui font le bonheur des transporteurs japonais et de toutes les ménagères du monde obsédées par le rangement de leur frigo. Dieu sait si elles sont légion ou pas ? Ahhhhh, minute mes amies, ne balancez pas tout de suite vos tomates mûres sur mon mur, attendez la suite. On sait même faire pousser une variété pyramidale, réservée aux Egyptiens et une variété cordiale, qui n’est mise sur le marché qu’à la Saint Valentin. On sait aussi créer des kiwis pyramidaux qui agacent les éplucheurs de tout poil et des deux sexes. On parvient également à obtenir des poires bouddha qui procurent la chance aux chinois les plus poisseux. On sait tout faire ! Je vous l'ai dit, on n’arrête pas le progrès. Ni la connerie d’ailleurs !

Toujours est-il -mais patience, vous allez voir où je vais en venir- il parait que le terme « pastèque » est utilisé dans le milieu du spectacle depuis le début des années 90. Il désigne une tâche fastidieuse à accomplir. Alors, disons que mon escapade dominicale frugivore a un but politique. Encourager nos députés et remonter le moral de nos citoyens qui se demandent s’il est possible de bien ranger notre frigo national et parvenir un jour à une loi électorale décente au Liban, au pays du Cèdre et des 17 communautés, au pays du hommos et du tabboulé, au pays qui se donne en spectacle depuis des siècles : mais oui on pourra, c’est pastèque pour des Libanais !

   وباينتنا ، بطيخ يكسر بعضو ، وعلسكين يا بطيخ ، وصحتين عقلب الجميع

vendredi 1 février 2013

Un Sénat au Liban ou l'aberration à la mode libanaise. Les propositions de Saad Hariri (Art.107)


L’homme est sympathique, cela ne fait aucun doute. Il est aimable, sincère, honnête, décontracté, ouvert et la liste est bien longue mais nous ne sommes pas là pour parler du caractère de Saad Hariri, l’ancien Premier ministre libanais, mais de politique et de son interview accordé à Marcel Ghanem sur la chaine LBC hier. Alors, attachez vos ceintures et en route.

Commençons dans la joie et la bonne humeur par ce qui nous rassemble ! Je salue les positions de Saad Hariri sur les points suivants :

1. D'accepter le projet des 50 circonscriptions (au scrutin majoritaire) présenté par les Forces libanaises.
2. D’accepter de recourir au principe du « vote intracommunautaire », tant décrié autrefois et par ailleurs !, pour l’élection du Sénat.
3. De participer aux prochaines élections même sous le « vote intracommunautaire ».
4. De refuser tout report des prochaines élections législatives prévues pour le 9 juin 2013.
5. D’insister sur la coexistence fraternelle islamo-chrétienne.
6. D’insister sur son attachement au 14 Mars avec les Forces libanaises et les Kataeb comme partenaires principaux.
7. D’adopter le principe de la décentralisation administrative élargie.
8. De refuser en cas de victoire aux législatives, les principes du « gouvernement d’union nationale » (à composer avec l’opposition) et du « tiers de blocage » (donner 1/3 du gouvernement à l’opposition), comme dans les années précédentes.
9. De regretter les visites en Syrie quand il était au pouvoir.
10. De refuser dorénavant béd3it « cha3éb - jaych - mou2éwamé », l’hérésie de la trinité inventée par le Hezbollah, « peuple - armée - résistance », pour « officialiser » sa milice, ses armes et son hégémonie sur le peuple libanais et sur l’armée libanaise.
11. De vouloir insérer la neutralité du Liban dans le préambule de la Constitution, et mentionner le refus d'installer définitivement les Palestiniens au Liban.
12. De rappeler au Hezbollah qu’il doit livrer les 4 accusés de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri au Tribunal Spécial pour le Liban.
13. De rejeter énergiquement la fatwa moyenâgeuse du mufti cheikh Mohammad Rachid Kabbani contre le « mariage civil » au Liban et les « apostats et traîtres à la religion musulmane ». « Ce discours est inacceptable !» pour Saad Hariri.
14. D’adopter courageusement le principe du mariage civil au Liban !

Passons maintenant aux choses qui fâchent ! Je déplore les positions de Saad Hariri sur les points suivants :

1. SENAT. Après nous avoir bassiné avec le fait que la « loi orthodoxe » nécessiterait une révision de la Constitution, et que celle-ci était parole d’Evangile, Saad Hariri propose de l’amender pour suspendre l'association de la création du Sénat avec l’abolition du confessionnalisme politique, pour créer illico presto ce dernier ! Là, j’avoue je suis tombé des nues ! Sur la forme, je me demande pourquoi le Futur a fait tout ce tintouin sur la « loi orthodoxe » pour finir par accepter son principe pour le Sénat ? Enfin, l’essentiel c’est d’avancer. Mais en avançant, on ne va pas bien loin. Mais pourquoi diable, se précipiter sur l’idée farfelue défendue surtout par le tandem confessionnel et féodal, Walid Joumblatt et Nabih Berri, la création rapide du Sénat ? Avant d’aller au fond du problème, trois détails.

Est-il besoin de rappeler à cheikh Saad et au Courant du Futur que l’accord de Taëf, notre Constitution, prévoit « Après la mise en place du premier Parlement national non-confessionnel, un sénat sera créé où seront représentées les différentes familles religieuses et dont les pouvoirs seront limités aux questions primordiales. » Mais enfin, il est où « le premier Parlement national non-confessionnel » ? On n’a même pas encore régler la « bonne représentation » des communautés chrétiennes ! D'ailleurs, l'accord de Taëf prévoit bien avant la création du Sénat de « constituer une instance nationale sous la présidence du chef de l'Etat composée, en plus des présidents du Parlement et du Conseil des ministres, de personnalités politiques, intellectuelles et sociales. La tâche de cette instance est d'étudier et de proposer les moyens susceptibles d'abolir le confessionnalisme, et de les soumettre au Parlement et Conseil des ministres, et de superviser l'exécution de la période transitoire. » Mais enfin encore, elle est où « cette instance nationale » ?

Est-il nécessaire de rappeler à cheikh Saad et au Courant du Futur, que Walid Joumblatt est si pressé de créer le Sénat parce qu’il sait que cette nouvelle institution, à elle seule, ne changerait strictement rien au problème confessionnelle du Liban, donc à son poids politique, bien au contraire, elle serait présidée par un druze ?

Enfin, qui ne sait pas que l’enthousiasme de Nabih Berri pour le Sénat, est uniquement motivé par son souhait d’abolir le confessionnalisme politique des textes et faire jouer à fond « l’arme démographique chiite », à défaut de dynamiter l'accord de Taëf et la parité islamo-chrétienne ?

Un Sénat, même après les élections de juin, est une erreur dans l'état actuel des choses ! Fausse route et gravement ! Non seulement les prérogatives « limitées aux questions primordiales » restent à déterminer, mais en plus, étant confessionnel, il ne changerait pas les esprits d’un iota, sauf s’il est précédé de multiples réformes. C’est l’esprit même de l’Accord de Taëf ! Préalablement à la création du Sénat confessionnel, il faudrait envisager plusieurs réformes :
- diviser par deux le nombre de députés (déjà l’accord de Taëf ne prévoyait que 108 députés, nous sommes actuellement à 128 députés en violation de la Constitution selon Taëf, et on parle de rajouter encore quelques sièges supplémentaires !), supprimer l’importante augmentation de salaires auto-octroyée sans aucune protestation politicienne par les députés récemment et supprimer les indemnisations à vie des députés (et des futurs sénateurs) : au moment où notre dette publique dépasse les 140% du PIB, on est à deux doigts d’une faillite économique, l’heure n’est vraiment pas aux dépenses superflues ;
- entreprendre les réformes pour déconfessionnaliser les esprits avec en tête de liste la rédaction d’un Code "civil" entre autres, qui établit un statut personnel unique, civil et laïc pour les 17 communautés libanaises.

Sans ces réformes, l’idée de la création du Sénat est rejetée en bloc. Pas question de déconfessionnaliser les textes avant d'entamer celle des esprits. « Mina el noufous qabla el nousous », disait si bien le patriarche Mar Nasrallah Boutros Sfeir, que tout le monde louait sa sagesse dans le temps. On n’est même pas fichu de voter le mariage civil et une loi ferme contre la violence conjugale, alors ma3lé, le Sénat attendra !

2. OBSESSIONS CHRETIENNES. Je déplore la qualification des revendications chrétiennes, pour une meilleure représentation au Parlement libanais, « d'obsessions chrétiennes » (hawéjiss) ! Certes, Saad Hariri l’a utilisé sans arrière-pensée. Il n'est d'ailleurs pas le seul, tout le monde le fait. Mais il n’empêche que ce mot qu’on ne retrouve jamais dans les démocraties occidentales doit être banni du langage politique libanais. Idem pour « rassurer les chrétiens ou les musulmans », comme s’il s’agissait de « phobies ». On parle politique et pas de troubles psychologiques ou d’hallucinations collectives.

3. TRAHISON. Je déplore aussi, que Saad Hariri, son équipe et ses conseillers, n’aient pas bien saisi le sens des revendications chrétiennes, notamment de ses partenaires. Enno chou, Samir Geagea, Samy Gemayel et Bakhos Baalbaki, entre autres, œuvrent pour « enterrer tout ce que nos ancêtres ont fait au sujet du Grand Liban et d’abandonner le Liban dans sa composante chrétienne et musulmane ? ». Ce genre d’argument n’a pas sa place entre des partenaires qui se respectent. Depuis 30 ans, l’école hezbollahienne qualifie toute divergence d’opinion comme de la « haute trahison ». Saad Hariri n’a rien à faire dans cette école. « L’extrémisme et le retour en 1840 » (allusion à la « loi orthodoxe » et au consensus des grands partis politiques chrétiens autour de ce projet électoral), c’est quand des individus d’une communauté, encore en 2009, toutes communautés confondues, votent uniquement pour les candidats de leur communauté et pour les candidats des autres communautés seulement s’ils sont alliés à leur communauté ! C’est la triste réalité de notre pays aujourd’hui. Il ne sert à rien de se voiler la face.

4. PROPORTIONNELLE. Je déplore également le refus de Saad Hariri de la proportionnelle. Je comprends que le leader sunnite craint qu’à travers la proportionnelle son parti risque de perdre des sièges électoraux à Saida comme à Tripoli et dans d’autres régions. Mais le Futur doit savoir aussi que seules la petite circonscription et la proportionnelle sont en mesure de constituer une alternative au projet de « vote intracommunautaire » et corriger au mieux, mais pas complétement, la tare de la démocratie libanaise (vote en bloc des communautés libanaises responsable de la mauvaise représentation des communautés chrétiennes au Parlement). Le chef du courant du Futur a entièrement raison d’évoquer l’absence de compétition libre dans les régions dominées par la milice du Hezbollah. L’expulsion de tous les opposants chiites à ce parti extrémiste (le pendant chiite des salafistes !), des régions du Sud et de la Bekaa, en est la preuve (les attentats contre Ahmad el-Assad, les attaques contre Sayyed Ali el-Amine, etc.). Mais soyons honnêtes et réalistes, le soutien massif de la communauté chiite au Hezbollah n’est pas obtenu avec les armes ! En tout cas, les armes resteront encore pour longtemps dans le paysage politique libanais. La chute de Bachar el-Assad, qui est non seulement lointaine, n’y changera rien en plus. Alors en attendant, qu’est-ce qu’on fait ?

5. WALID JOUMBLATT. Je regrette au plus haut degré l’indulgence de Saad Hariri à l’égard de Walid Joumblatt, toujours à l’épargner car c’est un « ami ». C’est c’la oui, il l’a surtout prouvé le 12 janvier 2011, en retirant les rênes du pouvoir à Saad Hariri pour les remettre à Hassan Nasrallah et à Michel Aoun. Et il l’a prouvé encore après l’assassinat de Wissam el-Hassan en gardant son soutien à Nagib Mikati, alors que le 14 Mars réclamait la démission du Premier ministre ! Allez, bonne chance cheikh Saad.

6. MARIAGE CIVIL. Il est incontestable que l’acceptation du plus grand leader politique de la communauté sunnite libanaise du principe du mariage civil au Liban fera date. Il devance par sa courageuse position les leaders chiites, druzes et chrétiens. Mais des dates mémorables, on en a connu des centaines. La mésaventure du mariage civil au Liban a commencé en 1950 ! Je regrette un peu que Saad Hariri soit resté tout de même vague sur la question. S’il accepte le principe, « moi personnellement je souhaite que le mariage civil passe », Saad Hariri a néanmoins tenu à préciser publiquement «  je ne me marierai pas civilement et je n’accepterai pas que mes enfants se marient civilement » ! Donc le mariage civil ne fait pas parti de ses convictions profondes. En tout cas, pour Fares Khachan, vous savez c'est ce maladroit qui se trompe parfois de cible, cette initiative aurait pu tomber dans le domaine théorique, « si Saad Hariri ne s’est pas engagé à faire passer ce projet dans le premier gouvernement qu’il pourrait diriger » ! Ah bon, que dalle, bonjour l’adaptation libre des propos de Saad Hariri par le journaliste libanais ! En tout cas, le président du Courant du Futur, a posé une condition : « Il faudrait qu'il y ait un vrai dialogue sur ce sujet ». On est loin de l’interprétation de Fares Khachan ! Mais qu’est-ce que veut dire précisément « un vrai dialogue »? Avec qui? Les autorités religieuses par exemple? Eh bien, bonne chance. Disons que les agences matrimoniales spécialisées dans l’organisation de mariages civils à Chypre n’ont pas de souci à se faire à moyen terme. Récapitulons, nous avons d’un côté, une opposition sociale et religieuse farouche des communautés libanaises, aussi bien chrétiennes que musulmanes, au mariage civil au Liban, et d’un autre côté un chef de l’opposition qui est contre le mariage civil pour lui-même et pour sa famille, mais le défendra pour les autres. En plus, aucun grand leader politique chrétien ou musulman ne s'est prononcé sur ce sujet alors que nous sommes à 4 mois des élections législatives. Génial ! Alors franchement, quelles sont nos chances de nous marier civilement au Liban prochainement ? Sincèrement, faible.

7. EN RESUME.

Je me demande comment peut-on se précipiter sur l’idée farfelue du Sénat, on l’envisage même avant les élections législatives du 9 juin 2013, une institution qui serait élue sur une base confessionnelle, et renvoyer aux calendes grecques le mariage civil au Liban ! Une incohérence à évaluer sachant que la 1re réforme ne déconfessionnalisera pas les esprits, alors que la seconde, créera un environnement favorable à l’évolution du cortex cérébral libanais ! Il est illogique de créer un Sénat avant l’établissement d’un Code civil, unique et laïc au Liban pour les 17 communautés libanaises.
Personnellement, le système confessionnel au Liban me dérange moins que le manque de bon sens qui règne au pays du Cèdre. Dans tous les cas, l'accord de Taëf est très clair à ce sujet: le Sénat constitue la dernière étape de la déconfessionnalisation politique du Liban. Certainement pas la première. Commencer par le Sénat serait une aberration à la mode libanaise! Une de plus, me diriez-vous.


Réf.
Extrait sur le mariage civil 1:37:00-1:45:00